dimanche 16 juin 2013

Grand Jeu 6ème Edition, 4ème Tour : R.I.P.

R.I.P.
A la demande de Jimmy, cette épreuve ne prendra pas de caractère morbide, nous acceptons les disparus par arrêt de carrière, split, manque de succès, les "chanteurs morts" comme disaient les Nuls.
 
Vu l'élargissement contre-nature du thème (à mon avis plus c'est large moins c'est stimulant), j'ai décidé de faire une trilogie.
 
 
EPISODE 1 : CESSATION D'ACTIVITE
Bobbie Gentry "Patchwork" (1971)
ou "l'inexplicable disparition"

Elle avait tout pour elle, Bobbie. Un vrai talent de plume, un physique plutôt avantageux, un beau filet de voix, un caractère affirmé de femme forte à la tête froide mais à l'émotion tout de même à fleur de peau et l'avenir devant elle, semblait-il. Rien, en fait, ne laissait présager que Patchwork serait son dernier long-jeu.

Présentement, productrice, compositrice, auteure, interprète et même, selon la rumeur, à créditer de la pochette (et de celle de Fancy, l'album qui précède) elle s'impose comme le seul capitaine de son propre navire. Y a pas à dire, Bobbie Gentry est un drôle d'animal dans un music business alors (encore maintenant ?) aux fortes tendances machistes qui aime bien les chanteuses qui font où on leur dit de faire, comme on leur dit de faire... pas le genre de la maison Gentry. On se doute que les batailles furent rudes pour ainsi s'imposer et que, chemin faisant, Bobbie ne se fit pas que des amis... Allez savoir si ça n'expliquerait pas premièrement le long quasi-silence discographique (quelques pauvres singles) et les rares apparitions  qui suivirent pour aboutir, deuxièmement, à une retraite ô combien anticipée.

Bref, c'est à une artiste en contrôle à laquelle nous avons affaire ici. En contrôle mais un peu, aussi, en perte de repères sur un album de bonnes chansons trop lourdement empesées par la kitcherie d'arrangements pas forcément toujours de bon gout... De bonnes chansons qui, sauf deux (Beverly et But I Can't Get Back), sont signées des seules blanches mains de Mlle Gentry. A partir de là, si je vous dit que la sauce easy-listening prend d'autant mieux que la composition est substantiellement légère, vous ne serez pas surpris. C'est le cas sur Billy the Kid, délicieuse "Bacharacherie", sur le western revisité Broadway Miss Clara/Azusa Sue, sur le bluesy et tout en cuivres Mean Stepmama Blues ou sur le suranné foxtrottant Your Number One Fan. Le reste aurait demandé plus de retenue pour vraiment mettre en valeur l'instrument lyrique et compositionnel de la Dame qui, ceci dit en passant, méritait mieux. Mais bon, tels furent les choix de Bobbie qui les assuma comme elle dut assumer les abyssaux résultats commerciaux d'un album qui se défendait pourtant bien mais faillit à accrocher le large auditoire blanc américain qu'il semblait viser.

Avec une météorique carrière de 4 petites années pour 7 albums, Bobbie Gentry reste une énigme dans le monde de la musique, une étrange affaire où une dame se retire d'un système auquel elle n'adhère pas et qui ne la comprend de tout façon pas. Restent des chansons, un beau bouquet d'icelles, à écouter jusqu'à plus soif. Alors Patchwork n'est peut-être pas le plus essentiel des opus de Bobbie, c'est un indispensable quoiqu'il en soit d'une artiste dont la spontanéité, l'intelligence et la grâce manquent toujours aujourd'hui.

1. Benjamin (Interlude) 4:22
2. Marigolds And Tangerines 2:43
3. Billy The Kid (Interlude) 2:40
4. Beverly (Interlude) 3:49
5. Miss Clara / Azusa Sue (Interlude) 4:42
6. But I Can't Get Back 3:34
7. Jeremiah (Interlude) 6:15
8. Belinda 4:05
9. Mean Stepmama Blues 3:58
10. Your Number One Fan (Interlude) 2:54
11. Somebody Like Me 3:25
12. Lookin' In 4:39

(NB: le séquençage de l'édition RAVEN ici proposée soude les divers interludes aux chansons, ces derniers sont mentionnés entre parenthèses.)



EPISODE 2 : LA SEPARATION
Faraquet "The View from This Tower" (2000)
ou "Un p'tit tour et puis s'en va"

En voici un auquel vous ne pouviez pas échapper tant il est cher à mon cœur. J'ai donc l'honneur et l'avantage de vous présenter l'unique album du groupe de Washington DC, Faraquet.

A la base, et si on en croit leur appartenance à la scène (post) hardcore de leur ville, Faraquet pourraient n'apparaître que comme une référence de plus dans la longue, et parfois ennuyeuse, histoire du math-rock. C'est sans compter sur l'incroyable habileté à ciseler des chansons qui, pour ne pas être immédiatement accessibles, n'en demeurent pas moins des pépites pour qui sait prendre le temps de laisser cette musique l'amadouer.

La base, comme je viens de le préciser, est math-rock. C'est donc à une formation techniquement impeccable à laquelle nous avons affaire. Sauf que, contrairement à la plupart de leurs petits camarades, Faraquet y ajoute du chant et c'est ce qui fait toute la différence. En effet, là où on est trop souvent confronté avec de simples exhibitions techniques, Faraquet nous propose des vraies chansons qu'on se surprendra à fredonner à l'occasion. A vrai dire, chaque fois que j'ai dû décrire cette musique, j'ai employé les mêmes comparaisons à savoir d'imaginer ce qu'une fusion de Police période Synchronicity et d'un King Crimson à l'époque de Red non sans y ajouter une bonne rasade d'esprit indie pourrait donner. Je sais, ce n'est pas simple et c'est pourtant, après réflexion, la meilleure description que je puisse faire de la musique contenue sur ce The View from This Tower.

Evidemment, les musiciens sont exceptionnels, en particulier le batteur, mais il faut dire qu'ils sont magnifiquement mis en valeur par la production claire et précise de J Robbins (Jawbox, Burning Airlines, Channels) qui a su donner la dynamique nécessaire à cette musique (qu'on pourrait hâtivement taxer de Rock Progressif).

Et donc, sur 36 minutes et une grosse poignée de titres en état de grâce, voici un album qui ravira ceux qui pensent que la musique est un peu plus qu'un simple enchaînement couplet/refrain/couplet. Une galette unique en son genre et totalement indispensable !
(recyclé de La Caverne d'Ali Baba)


1. Cut Self Not 2:54
2. Carefully Planned 3:40
3. The Fourth Introduction 3:18
4. Song for Friends to Me 1:38
5. Conceptual Separation Of Self 6:43
6. Study in Complacency 5:05
7. Sea Song 4:10
8. The View from this Tower 5:56
9. The Missing Piece 3:29


Jeff Boswell - Bass, Guitar
Chad Molter - Drums, Keyboards, Percussion, Piccolo Bass, Vocals
Devin Ocampo - Banjo, Drums, Guitars, Keyboards, Percussion, Trumpet, Vocals
&
Amy Domingues
 - Cello (5)



EPISODE 3 : LA VIE APRES LA MORT
Alain Bashung "L'Homme à la Tête de Chou" (2011)
ou "Un hommage à un hommage à un hommage..."

Un hommage publié à titre posthume, c'est un peu le serpent qui se mord la queue... Pour le thème du jour, ceci dit... Bref. J'avais publié ça chez Warf, je vous le livre comme tel :

"Avec des modifications mineures à l'oeuvre originale, Bashung reprend l'intégralité du grand classique de Gainsbourg de 1976 : L'Homme à la Tête de Chou.

Quand aux circonstances de cet enregistrement, je ne sais rien. Sa sortie posthume m'a, je dois l'avouer, cueilli. Mais, à vrai dire, on se fout des circonstances, l'important est ailleurs. En l'occurrence dans l'interprétation qui, pour être réussie, n'en demeure pas moins trop fidèle pour réellement se démarquer, malgré de mineurs changements apportés aux arrangements. Il n'y a, ici, quasi-rien qui permette de considérer cette version comme autre chose qu'une relecture appliquée (preque scolaire) de son modèle. Le résultat n'est pas désagréable, loin s'en faut, et tournera probablement régulièrement sur les platines de ceux qui l'auront acheté, on eût simplement espéré une approche radicale, plus déviante... C'est donc un album agréable, troussé par une bande de musiciens révérents et talentueux où Bashung (comme un poisson dans l'eau) n'a qu'à poser sa voix (ce qu'il fait avec succès).

Au-delà de la réussite, cette version, complément plus qu'acceptable 35ans après, nous permet de célébrer le grand talent de Serge Gainsbourg et de son arrangeur d'alors (Alan Hawkshaw), et l'inusable efficacité d'un légendaire opus. Ce n'est pas rien."


1. L'Homme à tête de chou 2:42
2. Chez Max coiffeur pour hommes 1:12
3. Marilou Reggae 2:35
4. Transit à Marilou 1:31
5. Flash Forward 2:18
6. Aéroplanes 2:09
7. Premiers symptômes 2:25
8. Ma Lou Marilou 3:06
9. Variations sur Marilou 8:59
10. Meurtre à l'extincteur 3:16
11. Marilou sous la neige 2:38
12. Lunatic Asylum 3:21


Chant : Alain Bashung
Orchestration, arrangements : Denis Clavaizolle
Claviers, piano, programmations, guitares, basses : Denis Clavaizolle
Programmations : Jean Lamoot
Trompette : Erik Truffaz
Guitare : Frédéric Havet
Percussions : Pierre Valéry Lobé et Mamadou Koné
Batterie : Yann Clavaizolle
Violon : Aurélie Chenille
Violoncelle : Guillaume Bongiraud
Chœurs : Morgane Imbeaud

26 commentaires:

  1. J'ai un ou deux morceaux de la belle sur une compil' d'Easy. Je suis jamais allé voir plus loin, peut-être l'occaz'.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui même si ce n'est pas son meilleur album...

      Surtout n'hésite pas à requérir d'autres choses d'elle, j'ai tout ou presque en stock. ;-)

      Supprimer
  2. J'ai lu les 3 mais mon choix s'est porté sur Bobbie Gentry! J'aime les chanteuses, surtout quand elles sont femmes fortes et que fleure leur sensibilité... J'adore.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Y avait pas à choisir mais, enfin, puisque c'est ainsi, enjoie ! ^_^

      Supprimer
  3. Faraquet superbe choix et très bonne chronique du groupe et de sa musique. Je dois reconnaître ta qualité d'écriture. Une question au Zorn, vu la taille de ton lien sur ZS c'est du 192 ? parce que si c'est de meilleure qualité je DL. Je détiens en 192 également le Split EP. Si tu veux je peux te déposer dans quelques jours un link sur ton blog.
    Pour le Bashung ok avec toi également. Bonne reprise honnête c'est vrai, mais étant hyper fan des deux "grands hommes" j'en espérais un peu plus. Pour être tout à fait franc si quelqu'un d'autre avait livré ce travail à la place de Bashung j'aurai crié au scandale !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai tout de Faraquet donc merci Rooster mais je suis servi (d'ailleurs tu peux regarder sur l'Anthologie parue chez Dischord s'il te manque quelque chose, je peux mettre ça à ta disposition). Concernant la qualité du RIP, c'est du VBR HQ soit ce que j'utilisais avant l'Année du Dragon. A mon avis, ça vaut le 320 ou pas loin.

      Rien à redire pour AB, nous sommes d'accord.

      Supprimer
  4. OK Zorn, merci pour ta réponse je DL immédiatement ton lien.

    RépondreSupprimer
  5. Je vote Faraquet sans hésitation !

    RépondreSupprimer
  6. La Booby j'adore et pas que pour sa superbe chanson reprise par le Jo. Sa collaboration avec Glen Campbell L'autre Cow-Boy au sourire Colgate certes... Mais ses chansons (Webb of course)
    Merci en tout cas

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Comme je le dis dans son billet, ce n'est pas son meilleur, mais un bon album tout de même. J'ai toujours trouvé dommage que Bobbie Gentry ne soit connue que pour Ode to Billy Joe alors qu'elle a un beau répertoire par ailleurs.

      Supprimer
  7. faraquet? Dis donc, c'est que exauces mon voeu! Et si King Crimson - Fripp en fait - avait conservé la ligne dessinée et évolué avec? cela aurait donné en tout cas le premier titre (cause du jeu, je ne fais que écouter un titre, sorry)C'est à dire un fond de chaleur qui me manque dans les dernières oeuvres. Merci*2

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu pourras y revenir après le jeu, qui déborde des plannings de chacun n'en doutons pas. C'est un excellent album que je "vends" depuis sa sortie dès que l'occasion se présente !

      Supprimer
  8. Et le bashung? Déjà pris chez Warfleloup... Pas encore écouté vraiment. Allez au moins un, histoire de venir dire kekchose: Dommage, un seul titre et tant à découvrir. Dommage car le Bashung sait s'approprier un titre, j'avoue, et pourtant ce Gainsbourg a toujours été mon préféré mais je ne suis pas un auditeur exclusif

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bashung fait vraiment du bon boulot dans son interprétation. Vraiment !
      Reviens-y, Antoine, c'est un bon album qui gagne encore plus à être écouté dans la foulée de l'original, les détails qui les séparent n'en sont que plus audibles.

      Supprimer
  9. Le Bashung je crois bien ne l'avoir écouter qu'une fois et encore, pas en entier. L’œuvre originelle est somptueuse, Bashung est très très grand mais, comme tu le dis, pourquoi autant de respect ? Reprendre l'album complet pour ne rien lui apporter, passée la curiosité de l'aventure, je suis vite revenu au Bashung jouant Bashung, c'est là qu'il est le meilleur.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Comme je viens de l'écrire à Devant, et qui contredis ma chronique qui date un peu, l'album est vraiment intéressant par tous les détails instrumentaux qui divergent de l'original. Et l'interprétation de Bashung y colle parfaitement. Du bon boulot qui mérite que tu t'y repenches.

      Supprimer
  10. Hello.
    La douche écossaise : on était bien là, avec la Miss Bobbie, et tu me balances Synchronicity et King Crimson dans la même phrase sans prévenir, je suis parti loin j'ai même pas lu le troisième...
    Hooligan va !
    EWG

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. LOL
      Ha ce que c'est d'avoir des gouts bien tranchés, hein !
      C'est dommage, tu y perds qq chose... ;-)

      Supprimer
  11. Peu de temps en ce jour de fête, mais je voulais tout de même saluer ce triple post. Surtout que je n'ai pas ce Bobbie et que je ne connais pas ce Faraquet qui semble excellent.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci de ton passage (le mien viendra mais j'écoute un minimum avant de commenter, ça prend du temps).

      Pour Bobbie, tout avait été posté sur Brand New Moods puis l'année du Dragon, tu as dû les rater.

      Le Faraquet, je suis curieux d'en connaitre ton avis, n'hésite pas à repasser.

      Supprimer
  12. Moi je dis 3 disques c'est pas du jeu surtout si on ne peut pas choisir (comme Sadaya)... En plus je n'est plus de joker... Pour le Bashung je reviendrais dans 10 ans (il faudrait d'abord que j'écoute l'original de Gainsbourg -même ça c'est pas gagné-)...

    Ensuite Faraquet... brrr On est chez Dishord ça devrait le faire et bin même pas... Faraquet je les ai découvert en même temps que l'intégralité de ce qui se trouve chez Dischord (grace à Spoty) du coup, j'ai fait mon marché avec deux piles et Faraquet est dans la mauvaise pile... tellement d'autres trucs passent avant : par ordre alphabétique ça commence par Andalusians, Antelope, Artificial peace... et ça se termine par The Warmers... La voix du chanteur de Faraquet... trop jeune, trop pop, trop propre.

    reste Bobbie Gentry... ouf là ça marche... d'une part je ne connaissais pas et d'autre part c'est parfait.

    euh merci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Marrant, le Bobbie Gentry est super easy-listening, j'imaginais pas que ça te plairait...

      Pour le reste, tiens, je sors un joker. :-P

      Supprimer
    2. et moi c'est drôle je n'entends pas de "kitcherie d'arrangements pas forcément toujours de bon gout"...
      Le côté Wonder Woman ?
      en 1971 pour moi il n'y pas encore de Kitcherie... Ici on est Davantage du côté de Janis Joplin... N'oublie pas que je suis un fan de Pentangle...
      Et puis demain je propose de la variété... un truc qui passe à Taratata (en fait j'ai failli écrire que c’était pas le genre à passer à Taratata mais j'ai vérifié sur internet et c'est déjà passé plusieurs fois) du coup j'assume, (pas le choix j'suis fan).

      Supprimer
  13. Je viens faire un peu de mon retard et je ne trouve pas les liens (on devient bigleux avec l'âge!)... Merci d'avance pour ta réponse.

    RépondreSupprimer