dimanche 31 août 2014

AfricaZen (et suite d'hier)

Ballaké Sissoko, Vincent Ségal "Chamber Music" (2009)
ou "Chambre noire et rêve éveillé"


A première vue, l'album d'un joueur de kora et d'un violoncelliste et de leurs sub-sahariens invités, on pourrait se dire que le titre de l'album est trompeur. Chamber Music pour la rencontre de l'Afrique et de l'Europe, quelle drôle d'idée !
 
Et puis non, parce que le coup fomenté par Ballaké Sissoko et Vincent Ségal (de chez Bumcello, etc.) ne fonctionne jamais aussi bien qu'en une écoute recueillie et solitaire, retirée du monde et profondément contemplative... De la musique de chambre donc, une autre définition que celle habituellement accolée au terme mais finalement tout à fait juste.
La kora y vibrionne, y papillonne de ses suaves et exotiques sonorités, le violoncelle y ajoute une gravité, une profondeur qui lui sied parfaitement au teint. C'est magique. Ni tout à fait africain ni complètement européen, quoiqu'ayant quelques résonnances avec un certain jazz et une musique classique décomplexée et décentrée de son occidentalisme forcené, c'est une croisée des chemins pour et par deux musiciens particulièrement avides de rencontres, de l'entrelacement de deux univers qu'on pensait opposé, la vérité tribale de l'un, la science établie de l'autre qui, finalement, se recoupent, se regroupent sur des émotions simples et un identique goût de la mélodie libre. Le résultat est zen en diable, précieux parce qu'atypique, confortable parce que d'une beauté où on se plonge sans la moindre difficulté, un vrai tour de force pour moments calmes. De ceux, si chers parce que si rares, où on se retrouve en un ailleurs où seuls comptent l'harmonie et le recueillement qui va avec.
 
Aussi approprié pour une écoute attentive qu'en musique de fond d'un bon bouquin ou en bande-son d'un rêve éveillé, Chamber Music, loué en soit le label No Format qui n'a jamais aussi bien porté son nom, est une œuvre riche, à la fois complexe et évidente dans laquelle il fait bon plonger et se perdre, encore et encore.


1. Chamber Music 5:31
2. Oscarine 5:41
3. Houdesti 8:52
4. Wo Yé N'Gnougobine 5:51
5. Histoire de Molly 5:31
6. 'Ma-Ma' FC 5:12
7. Regret (à Kader Barry) 3:45
8. Halinkata Djoubé 5:08
9. Future 3:15
10. Mako Mady 6:06


Ballaké Sissoko – Kora
Vincent Ségal – violoncelle
&
Awa Sanagho - Chant sur "Regret"
Mahamadou Kamissoko - N'goni sur "Houdesti"
Fassery Diabaté - Balafon sur "Houdesti"
Demba Camara - Bolon sur "Oscarine", "Halinkata Djoubé", "Mako Mady"; karignan sur "'Ma-Ma' FC", "Regret-À Kader Barry"


Ballaké Sissoko "At Peace" (2012)
ou "La grâce et la paix"


On ne dira jamais assez de bien des formations hybrides et métissées avec lesquelles nous transporte régulièrement l'impeccable label parisien No Format. Ballaké Sissoko, justement, y avait plongé dans un magnifique album en duo avec le violoncelliste Vincent Ségal, album toujours aussi recommandé aujourd'hui et dont At Peace apparait comme la suite logique, si indirecte.
 
Ballaké Sissoko se présente ici en solo (mais pas toujours solitaire, voir line-up) et, sous la bienveillante direction de son compère d'hier mais toujours partenaire d'aujourd'hui, Vincent Ségal, il produit une musique qui, pour plus se rapprocher de ses racines maliennes que ce que Chamber Music nous avait offert, n'en développe pas moins sa propre grammaire, son propre univers dans un panorama sonore rêveur où les notes de sa kora scintillent telles des étoiles filantes.
Intimistes, spirituelles et, évidemment, profondément ancrées dans leurs racines africaines, les compositions d'At Peace déroulent l'apaisée et vivifiante expérience d'une musique poussant à la contemplation et au recueillement. Une proposition rare que les citadins sur-stressés ne manqueront pas de saisir. Et une superbe surprise supplémentaire en provenance du décidément essentiel label No Format !
 
Très chaudement recommandé.


1. Maimouna 3:34
2. Boubalaka 4:43
3. Badjourou 4:00
4. Kabou 4:18
5. Nalésonko 5:53
6. Kalata diata 5:22
7. N'tomikorobougou 10:23
8. Asa branca 3:11
9. Kalanso 3:17


Ballaké Sissoko - kora
&
Aboubacar "Badian" Diabaté
- guitare acoustique 12 cordes (2, 3, 6, 7), guitare (8)
Moussa Diabaté - guitare (3, 6)
Fassery Diabaté - balafon (3, 6)
Vincent Ségal - violoncelle (3, 4, 6, 8), production

7 commentaires:

  1. Un gros merci, j'avais uniquement l'album enregistré avec Simon Goubert. Je sais que je vais me régaler - surtout que j'adore le violoncelle...

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  2. Me suis gouré de Cissoko, le mien, il se prénomme Ablaye!

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    1. Ca te fait tout de même un, ou deux si tu prends le tout, album de très belle qualité. Enjoie.

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  3. ça m'en fait même trois car je me suis également goinfré le précédent post, m'en vais écouter tout ça au boulot, cette nuit. Grand Merci.

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    1. Un bien beau programme, ma foi. J'espère que tu l'apprécieras autant que moi.
      N'hésite pas à revenir commenter sur ton expérience.

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  4. ... dans le même ordre)
    Déjà et au moins pour le Kora. Ce petit instrument, petit de taille mais au coeur gros comme un piano. Je me demande ce qu'en pense un Pascal Comelade? C'est cet album que je vais pas tarder à m'écouter le temps de charger, taguer et Ipmixer

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    1. Enjoie, donc. Et n'hésite pas à revenir partager ton expérience d'icelui.

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