mardi 7 octobre 2014

RétroRama

Sept albums d'aujourd'hui avec un son d'hier, sept façons d'accommoder les restes avec talent et assurance. C'est la proposition du jour et y en a pour presque tous les goûts ! Enjoyez, comme dirait l'autre...
 
40 aNS PLuS TaRD (au MiNiMuM!)
Blue Pills "Blue Pills" (2014)
ou "La petite pilule bleue du bonheur"

C'est la sensation revivaliste de la rentrée, le nec plus ultra du rétro hard rock psychédélique qu'on se croirait quelque part en 1969 et 1971... Une vraie machine à remonter le temps en musique. Mais est-ce que ça vaut le coup au moins ? Ou n'est- ce qu'un énième coup marketing qui finira par exploser comme une baudruche trop gonflée ?
A la vérité, on souhaite surtout que les quatre membres de cette jeune formation suédoise ne soient pas trop vite brûlés au feux médiatiques qui commencent sérieusement à leur chauffer la couenne. Parce que Blue Pills a quelque chose, qui vient indéniablement du passé mais qu'ils possèdent avec un naturel, une impression que rien de tout ça n'est forcé, qu'il fait bon entendre.
Il faut dire que dès l'inaugural High Class Woman, High Class Man, on est pris par ce rock au riffs accrocheurs et aux soli trippés (gros boulot de Dorian Sorraux), aux ambiances indéniablement rétro, à la chanteuse dont on lit partout qu'elle évoque une Janis Jopin sobre (il y a quelque chose), à la production juste parfaite entre précision moderne et chaleur ancienne. Dans les fantômes musicaux visités par Blue Pills, on citera volontiers Cream, Ten Years After, le Spirit de Randy California, l'Edgar Broughton Band, Black Sabbath ou Blue Cheer de temps en temps, et plein d'autres choses rappelant l'explosion originelle d'un hard rock encore profondément attaché à ses racines blues, encore grandement influencé par le psychédélisme qui vient de triompher (Sgt. Pepper, le Floyd, San Francisco...).
Suspect ? Certainement, parce qu'on ne fait pas de la musique si revivaliste sans l'avoir sérieusement calculé. Mais c'est présentement si bien fait, si immédiatement accrocheur tout en tenant la distance de quelques écoutes intensives (bon signe, ça), qu'on peine à garder son cynisme intact et tombe rapidement dans la combine... En appréciant plus précisément les morceaux sachant ne pas être que de frontales saillies hard-rockantes (le morceau d'ouverture précité, Black Smoke, River, Astralplane, etc.) où la voix d'Elin Larrson, moins obligée de "pousser" y gagne nettement en nuance et en émotion. Sans doute une piste à creuser, un possible à considérer quand le temps viendra de donner un successeur à l'impeccable éponyme.
Un éponyme, premier cri d'une formation extrêmement prometteuse, dont on peut d'ors et déjà se repaître sans restriction, parce qu'à défaut d'inventer quoique ce soit, de faire avancer quelque hypothétique schmilblick, il fait magnifiquement ce qu'il promet dès son artwork référencé : il rocke comme si les quarante dernières années n'avaient jamais existé. Bluffant.

1. High Class Woman, High Class Man 4:28
2. Ain't No Change 4:58
3. Jupiter 4:06
4. Black Smoke 5:09
5. River 4:23
6. No Hope Left for Me 3:53
7. Devil Man 3:06
8. Astralplane 4:39
9. Gypsy 3:09
10. Little Sun 4:50

Elin Larsson - vocals
Dorian Sorraux - guitar
Zack Anderson - bass
Cory Berry - drums
 
BLUE PILLS
 
Néo-NWoBHM
Amulet "The First" (2014)
ou "Le Metal à Papa"

Dans la genre "on fait du neuf avec du vieux", les londoniens d'Amulet se posent un peu là. Nouveaux venus dans la scène, formés en 2010 et auteurs l'année suivante d'une prometteuse démo (dont aucun titre n'est pourtant repris ici, avis aux collectionneurs !), ils sortent en cette rentrée 2014 leur déclaration d'intention originelle, un premier opus gorgé de références métalliques venues d'un temps que les moins de 20 ans, etc.
Leur musique ? Un heavy metal traditionnaliste en diable clairement figé vers la fin des années 70 et le tout début des années 80 soit, pour une formation de sa Gracieuse Majesté Elizabeth II, en l'ère de gloire de la fameuse New Wave of British Heavy Metal, une explosion ayant vu les premiers ébats d'Iron Maiden, de Saxon, de Def Leppard, de Diamond Head, d'Angel Witch, etc., la renaissance d'un genre qu'on pensait dépassé par les évènements (le punk, la new wave, toussa...) mais qui refusa tant de mourir qu'il revint en force, à la surprise médusée d'une intelligentsia médiatique qui ne souscrivait pas mais ne put rien face à la vague.
C'est donc à cette scène, à cette période dorée que se réfèrent les jeunes pousses d'Amulet, des petits gars qui n'étaient même pas nés quand tout ce tintamarre se produisit ! Ils s'inscrivent, ce faisant, dans le courant rétro-metal qui nous a donné Slough Feg, Enforcer, Katana et de nombreux autres. Une nouvelle explosion pour ce qui demeure, fondamentalement, une musique de niche n'intéressant que quelques vieux nostalgiques (j'y étais, c'était bien) et quelques jeunes désireux de revivre aujourd'hui les frissons d'hier (j'aurais bien aimé y être, je le revis avec qui je peux).
Franchement, quitte à vivre de pis-allés, on peut nettement plus mal tomber que sur ce quintet à la crédibilité sonique dépassant l'entendement. Parce qu'on s'y croirait et qu'il faut se pincer pour être sûr qu'on a pas rêvé et que The First, sobre !, est bien une production du 3ème millénaire et pas un trésor caché retrouvé quelque part par quelqu'un, ou dans une malle longtemps remisée au grenier, par exemple.
Concrètement, ces jeunes-là ont un faible pour Angel Witch et Judas Priest (les Parrains), et ça s'entend vachement. Mais comme les compositions sont bonnes, possèdent tous les attributs nécessaires à l'exercice, de galopades rythmiques à doubles guitares, en riffs acérés typiquement rétro, d'un vocaliste pas trop les "oups" coincé dans la porte comme on en entendait alors beaucoup plus que maintenant, en refrains qu'on peut reprendre à tue-tête parce que c'est bon comme ça et tant pis si les textes sont un peu idiots (c'est le genre qui veut ça), on marche sans le moindre soucis dans la combine en se disant, tout de même, que ce n'est pas bien clair de sonner si vieux quand on est si jeune mais, bref, si ça leur plait et comme ils le font bien, qui serions nous pour avoir quoique ce soit à y redire ?
A la fin de la galette (après l'excellente reprise des obscurs Coven, formation proto-metal de la fin des sixties), on se demande tout de même ce que le futur pourra bien réserver à une musique si revivaliste, si totalement anachronique. Pas de gloire planétaire en tout cas, de nombreux gigs dans de nombreux clubs enfumés, plus probablement... Comme à l'époque de la NWOBHM, tiens, c'est bien fait !

1. Evil Cathedral 2:44
2. Glint of the Knife 3:12
3. The Gauntlet 4:36
4. Bloody Night 2:55
5. Heathen Castle 3:16
6. The Flight 2:27
7. Talisman 2:37
8. The Sacrifice 3:22
9. Mark of Evil 3:01
10. Wicked 'n Cruel 3:05
11. Black Candle 2:48
12. Trip Forever 2:29
13. Nightmare 4:38 
14. Wicked Woman (Coven cover) 2:49

Bill Dozer - bass 
Dave Sherwood - drums
Heathen Steven - rhythm guitars
Jamie Elton - vocals
'Nip' Blackford - lead guitars

AMULET

 GaRaGe France
KitchenMen "What's Cookin'?" (2011)
ou "RétroRunner"

Après deux albums solo largement satisfaisants mais n'ayant malheureusement pas, comme on dit, rencontré leur public (Oulipop et Double Fond), Frandol revient sur des terres qu'il a jadis longuement arpenté avec ses délicieux Roadrunners: celles d'un (pub) garage rock gorgé d'influences sixties qui va droit au but sans se soucier d'être taxé de revivalisme à outrance (ce qu'il revendique fièrement de toute façon).
Et c'est en définitive une bonne nouvelle même si on aurait bien voulu quelques prolongations de Frandol en solo et en français (à l'avenir, qui sait ?). Une bonne nouvelle parce que la verve qui habitait les Roadrunners dans les années 80 est ici restaurée tant par des compositions inspirées qu'une production tout à fait appropriée (old school, quoi). Et il n'en faut pas plus pour que ces 41 minutes de rock simple et franc du collier, aux mélodies entêtantes et aux arrangements gorgés de références temporelles et d'un orgue si typique et omniprésent (sans parler du chant Frandol évidemment immédiatement identifiable quoiqu'il le partage avec l'organiste Fredovitch) s'avèrent la réussite qu'on attendait d'autant moins qu'il faut un petit bout de chance pour ne serait-ce qu'avoir entendu parler des KitchenMen honteusement sous-médiatisés. Allez, pour faire la fine bouche, on regrettera juste un léger essoufflement sur la fin de parcours mais rien qui n'empêche de pleinement goûter à ce retour des Roadru...à ce premier jet des KitchenMen, pardon, en lui souhaitant une nombreuse et saine descendance.
En résumé, les KitchenMen, c'est simple, c'est efficace, ça ne paye pas de mine mais ce n'est pas loin d'être ce qui se fait le mieux, dans le genre, en notre beau pays. Certes, ça ne fait pas avancer le schmilblick mais on n'en attendait de toute façon pas ça, et du coup, on recommande !
 
1. Digitalin 2:29
2. Philicorda 2:57
3. Hey Pretty Girl 3:14
4. Pheromones 3:19
5. Shakin' Hands 2:42
6. Welcome to Your Land 3:38
7. Le Jardin des Délices 2:00
8. B-Side of My Life 3:22
9. Thru With You 3:47
10. The Killing Kind 3:41
11. Eye of the Cyclone 1:47
12. Another Bite 3:19
13. Evil Alive 4:30

Frandol - chant, guitare
Fredovitch - orgue, chant
Maître Sylvain -basse
Mister Marshall - batterie
&
Nicolas Pludwinski
- batterie (3, 4, 11, 12)

KITCHENMEN

PRoG D'aNTaN
Astra "The Black Chord" (2012)
ou "à l'ancienne !"

Originaires de San Diego, en Californie, les membres du groupe Astra, dont s'avance le second opus, The Black Chord, n'ont fort heureusement rien à voir avec les poisseuses gesticulations radiophoniques d'Asia et de leur second opus (Astra, donc).
Présentement, dépositaire d'un heavy prog à l'ancienne, soit comme il se faisait à la fin des années 60 et au début des septantes - avec force de mellotrons et autres attributs typiquement vintage - la formation évoquerait plus volontiers The Nice (featuring extraordinaire Keith Emerson), les débuts de Yes (avec Peter Banks à la guitare et Tony Kaye au piano et à l'orgue), Procol Harum, etc. De leur prometteur mais un poil longuet premier long-jeu, les californiens ont retenu le style, la quintessentielle moelle de ce qui, audiblement, les meut, le dégraissant si radicalement qu'une demi-heure manque cette fois à l'appel (48 minutes là où The weirding en affichait 78). L'album y gagne en efficacité.
Côté originalité, par contre, il faudra repasser. Astra est définitivement une formation revivaliste et l'assume. Ainsi, il n'est pas rare que, jusque dans les tics de productions et autres effets sonores, quelque Grand Ancien soit épisodiquement (et souvent lourdement) rappelé à nos mémoire pas si défaillantes (de Mike Oldfield à Pink Floyd en passant par King Crimson, Genesis, et j'en passe). L'expérience aurait pu être désagréable, si lourdement référencée que le plaisir en eût été terni, il n'en est rien. Si on a, effectivement, l'impression d'écouter une musique d'hier (ce que sont Astra et son Black Chord, ne nous le cachons pas), c'est plus avec le sentiment de découvrir une fort agréable vieillerie que la malchance aurait trop longtemps remisée sur les étagères de quelque producteur indélicat... A ce point !
Ceux qui, comme s'est mon cas, ne refusent pas de se repaître de si dérivatives expériences en sortiront ravis, les autres, ceux que seule la pointe du progrès émeut, attire, peuvent toujours tenter l'expérience étant donné que, fondamentalement, c'est de bonne musique (rock progressive) dont il s'agit et que la qualité, finalement, n'a ni âge ni époque d'appartenance obligatoire.

1. Cocoon 8:45
2. The Black Chord 14:59
3. Quake Meat 6:41
4. Drift 4:39
5. Bull Torpis 2:56
6. Barefoot In The Head 9:13

Richard Vaughan - guitare, mellotron, Moog, chant
Conor Riley - mellotron, Moog, orgue, grand piano, chant
Brian Ellis - guitare
David Hurley - batterie, percussions, flute
Stuart Sclater - basse

ASTRA

yeSTeRDay ToDay!
Slough Feg "Digital Resistance" (2014)
ou "Dans les pas des géants"

Métallurgistes traditionnalistes forcenés s'il y en eût, Slough Feg, toujours mené par la main de fer dans le gant de velours de son omnipotent leader, Mike Scalzi, reviennent avec leur, déjà !, 9ème album, le premier depuis l'impeccable Animal Spirits de 2010. Youpi !
Celui-ci s'appelle Digital Resistance, propose le même personnel que sur ses trois devanciers et, en toute logique, continue de creuser le sillon d'un "rétro-metal-seventisé" toujours aussi gouteux... Avec quelques nuances, cependant.
Déjà, que les suiveurs enthousiasme de la formation nord-américaine ne s'inquiètent pas, Slough Feg reste indéniablement Slough Feg, parangon d'un Heavy Metal quasi-antédiluvien où l'on croise Thin Lizzy, Black Sabbath, Iron Maiden, Deep Purple et quelques autres (dont Queen ici !). Ce qui différencie Slough Feg de la masse de rétro-metalleux qui surpeuplent actuellement la scène ? Leur antériorité en premier lieu, leur capacité à infuser leur propre personnalité dans leur brouet en fusion, surtout.
Parce que Slough Feg, Mike Scalzi en fait, a souvent des envies celtiques, des tentations progressives, des penchants épiques, on n'est (presque) pas surpris par l'introduction à l'orgue dominant, un morceau, Analogue Avengers/Bertrand Russell's Sex Den (ce titre !) entre Deep Purple, Jethro Tull et Queen, bien éloigné des préoccupations habituelles de ces métallurgistes convaincus mais finalement bien "dans la ligne", et une sacré bonne composition aussi, une entrée en matière alléchante au possible. La suite confirme l'impression d'origine, dans un esprit similaire au Thin Lizzy en trio, Digital Resistance est une composition d'immense qualité qui tire plus vers le hard rock que le heavy habituellement déployé par la formation. De fait, le metal pur et dur, qui constituait l'essentiel du répertoire du groupe jusque là, se fait plus discret et cède même, en nombre, à un hard rock 70s réinventé, versant plus doux, mais pas dégriffé, de la faconde compositionnelle d'un Scalzi, dont la voix colle bien à pareil exercice, telle que nous avions l'entendue lorsque il honorait Hammers of Misfortune de sa présence. Ca ne veut pas dire que la composante heavy ait totalement disparue, il reste bien évidemment 2/3 bons "bourrinages" qui, du coup, de part leur voisinage avec des créations plus allégées, n'en frappent qu'avec plus d'efficacité. C'est donc tout bénéfice pour le groupe qui revigore son répertoire, et pour son public qui a la joie de gouter à de nouvelles saillies particulièrement bien mises en valeur.
Slough Feg n'était déjà pas un groupe de metal comme les autres, avec Digital Resistance il n'est plus seulement un groupe de metal tout en réussissant à ne pas céder un pouce de sa personnalité dans son bienvenu élargissement stylistique. Avec un Scalzi audiblement très inspiré nous ayant pondu une de ses plus belles collections de chansons, avec une production old-school comme il se doit mais ne manquant nullement de dynamisme et de clarté, Slough Feg semble prêt à conquérir le monde. Reste à savoir ce que le monde, qui lui a pour le moment été particulièrement indifférent, en pense mais la qualité est là, indéniablement, dans une immanquable galette qui marche sans peur et sans reproche dans les pas des géants. Recommandé !
 
1. Analogue Avengers/Bertrand Russell's Sex Den 3:50
2. Digital Resistance 2:52
3. Habeas Corpsus 5:08
4. Magic Hooligan 3:50
5. Ghastly Appendage 3:20
6. Laser Enforcer 4:11
7. The Price Is Nice 4:36
8. Curriculum Vitae 5:01
9. The Luddite 3:21
10. Warrior's Dusk 4:34

Mike Scalzi - Guitars, Organ, Piano, Vocals
Angelo Tringali - Guitars
Adrian Maestas - Bass
Harry Cantwell - Drums

SLOUGH FEG

THe TRiPPiN' DuTCHMeN
DeWolff "Strange Fruits and Undiscovered Plants" (2009)
ou "Psychédéliquement votre"

Trois bataves qui proposent de vous embarquer dans leur machine à remonter le temps psychédélique vers 1967/72, ça vous tente ? C'est, en résumé, ce qu'on pourrait dire du cru 2009 de DeWolff, un album d'un autre temps par trois jeune-gens pourtant bien de leur époque. Etrange...
Parce qu'on y retrouve tout, sur cet album, tout ce qui fit le charme d'une certaine esthétique psyché mâtinée de sueur proto-hardeuse, d'un blues virant vers les substances psychotropes, d'une transe un peu plus cuir que flower power. Et dire que, au moment de l'enregistrement, le plus âgé des trois musiciens à réussir ce régressif tour de force avait tout juste 18 ans ! Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années, c'est certainement vrai pour les rejetons de la famille Van Poel (Pablo et Lucas) et leur copain Robin, petits prodiges capables de faire revivre le plus blues'n'rockant des Doors (avec un bon farfisa, ça aide !),  de vous balancer des gros riffs plein de fuzz à faire pâlir de jalousie un Blue Cheer circa 1968, avec un guitariste à donner aux Yardbirds des envies de reformation pour compléter leur galaxie (après Clapton, Page et Beck, Pablo Van Poel ça en jetterait !), ou un beau petit cousin des Amboy Dukes de Ted the Nuge, ça marche aussi !, enfin, avec le concours d'une qualité de songwriting bien au-delà de leur jeunes années.
Parce qu'il y a un côté prodige chez ces (encore) illustres inconnus chez nous. D'un Mountain d'ouverture qui rappelerait presque les jeunes années de Deep Purple (Mark I) accouplé au Crazy World d'Arthur Brown, un rock tout en Hammond rugissant, d'un blues paisible et bien trouvé (Medecine), d'un blues où Morrison veille au grain (Desert Night), d'une belle grosse ballade bien trippante (Birth of the Ninth Sun et ses 8 minutes), à un épique Silver Lovemachine (un peu Doors, un peu Purple, un peu Hawkwind, un peu Quicksilver Messenger Service... mais ça se tient !), ou une "acoustic-Stonerie" en petit final sympathique (Leather God, un peu Strokes aussi), il y a moult ébahissements qui saisiront le primo-auditeur, et qui tiennent la distance preuve que ces chansons, au-delà de la "poudre aux yeux" d'une production bourrée d'effets rétro, ont une vraie résistance à l'usure du temps et d'écoutes répétées.
DeWolff ne sont pas encore des stars, peut-être, leur style n'étant pas si commercialement porteur que ça, ne le deviendront-ils d'ailleurs jamais. Mais ils le méritent et offrent avec Strange Fruits and Undiscovered Plants, leur tout premier album (trois autres suivront, tous recommandables), une jolie galette savamment régressive.

1. Mountain 4:40
2. Medicine 4:45
3. Don't You Go Up the Sky 4:28
4. Desert Night 3:00
5. Wicked Moon 3:24
6. Birth of the Ninth Sun 7:59
7. Parloscope 5:09
8. Fire Fills the Sky 4:18
9. Red Sparks of the Morning Dusk 3:35
10. Silver Lovemachine 10:34
11. Leather God 1:55

Pablo van de Poel - vocals, guitar
Luka van de Poel - drums, percussion, siren, backing vocals
Robin Piso - Hammond organ, Fender Rhodes, piano, bass guitar, backing vocals

DEWOLFF

FuNNy FoLKS' TRiBe
Circulus "Clocks Are Like People" (2006)
ou "Le Manège (Folk) Enchanté"

Folk, prog, pop et psyché (oui, tout ça a la fois), le collectif Circulus est une belle bande de mabouls ayant dédié son art à faire revivre des temps immémoriaux et d'autres plus contemporains... Si on considère les années 70 comme contemporaines. Parce que voilà, quelque part dans les limbes, entre les ménestrels moyenâgeux et Steeleye Span, entre raout tribal autour du feu et prog folk typiquement seventies, il y a Circulus, et c'est très bien comme ça.
Ce joyeux rassemblement de rigolos, parce que tout ça n'est pas bien sérieux comme le prouvent les accoutrements dont il se revêtent, a évidemment tous les atouts instrumentaux pour alimenter son inspiration, et quelle inspiration ! Des chansons légères comme des bulles remontant à la surface d'un liquide ambré, un hydromel probablement, qui vous monte un peu à la tête mais vous ravit le palais. Des mélopées sans âge si leurs arrangements trahissent une inclinaison pour la période de gloire des Amazing Blondel, Jethro Tull, Horselips, Malicorne, etc. Des pièces musicales où les instruments rock classiques se voient supplémentés de flute, de saxophone, de moogs, de percussions, rien que de très classique dans le genre mais si bien conçu, si finement réalisé avec son lot de chansons douces et sa portion de dance music d'un autre âge. Et un emprunt malin comme tout à un chef d'œuvre d'étrangeté avec Bourée, précédemment entendu dans la scène d'ouverture de The Devils (Les Diables) de ce grand malade de Ken Russell (dans un arrangement de Peter Maxwell Davies d'un anatole folk).
Au total ? 42 minutes de pur bonheur régressif , de folk anglaise un poil progressive mais surtout jouissive (progojouissive ?) et un opus, Clocks Are Like People, le meilleur des trois mis au jour par Circulus, qu'on ne pourra décemment que recommander à tous les amateurs du genre mais aussi à tous ceux qui, archéologues de l'oreille, aiment à explorer un improbable passé, fut-il produit aujourd'hui.

1. Dragon's Dance 3:20
2. Song of Our Despair 4:57
3. Willow Tree 4:56
4. Wherever She Goes 4:18
5. Velocity Races 4:03
6. To the Fields 3:22
7. Bourée 3:17
8. This Is the Way 5:34
9. Reality's a Fantasy 8:22

Michael Tyack - vocals, guitars, saxophone, cittern
Lo Polidoro - vocals
Sam Kelly - drums, vocals
Ollie Parfitt - Moog, synthesizers
George Parfitt - bass
Will Summers - flutes, recorders, crumhorn, shawm
Victor Hugo Llamas - bongos, percussion

CIRCULUS

8 commentaires:

  1. RétroRama

    Blue Pills "Blues Pills" (2014)
    - http://www15.zippyshare.com/v/79479322/file.html

    Amulet "The First" (2014)
    - http://www15.zippyshare.com/v/31431638/file.html

    KitchenMen "What's Cookin'?" (2011)
    - http://www15.zippyshare.com/v/80397529/file.html

    Astra "The Black Chord" (2012)
    - http://www15.zippyshare.com/v/42818549/file.html

    Slough Feg "Digital Resistance" (2014)
    - http://www15.zippyshare.com/v/33612886/file.html

    DeWolff "Strange Fruits and Undiscovered Plants" (2009)
    - http://www15.zippyshare.com/v/59339073/file.html

    Circulis "Clocks Are People" (2006)
    - http://www15.zippyshare.com/v/16115164/file.html

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  2. 2 ou 3 choses que je ne connais pas !

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  3. Je m'empresse dès maintenant d'essayer Les hommes de la cuisine car tu me mets en appétit, et comme c'est l'heure, je m'empresse aussi d'aller concocter un petit graillon ! J'ai faim ...
    Je me pencherai pendant ma digestion sur le reste, qui m'intrigue également.
    Merci !

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    1. Hé bien bon appétit, bonne digestion rock'n'roll et à bientôt pour la suite ! ^_^

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  4. jolie sélection rétro. et merci, parce que pour frandol, je m'étais arrêté aux roadrunners, sans savoir qu'il y avait des suites!!

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    1. J'avais déjà fait un post où je présentais l'EP et les deux albums solo de Frandol, tout de belle qualité d'ailleurs. Si ça te tente...
      Et merci de ton passage.

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    2. ok, je vais chercher ça, merci!

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