lundi 19 octobre 2015

Les Cauchemars d'Alice

Dans la carrière d'Alice Cooper, le maître incontesté du shock rock, cette dérivation grand-guignolesque du glam le plus riffu, il est un album un peu plus essentiel que les autres, celui qui lança sa carrière solo et marqua tellement son public qu'il connut 3 suites. C'est à cette saga que le billet du jour s'intéresse. Enjoie !

oRiGiNaL NiGHTMaRe
Alice Cooper "Welcome to My Nightmare" (1975)
ou "Cooper de têtes"

Le cauchemar originel de Vincent Furnier quand, soldant pour de bon son groupe il en assume l'identité patronymique, est un concept album qui marqua tellement la carrière d'Alice Cooper qu'il connut rien moins que trois suites plus ou moins officielles, plus ou moins récentes... La raison de tout ce tintouin ? Un foutu bon concept de shock rock, évidemment !
Parce qu'il a sa petite idée, Alice, celle d'un show total, d'une rencontre entre l'hémoglobine, l'électricité et le sexe, un machin à faire s'étrangler ses plus vertueux compatriotes même si, musicalement, la messe est nettement plus tempérée qu'elle ne le fut avec son groupe. Parce qu'ici, sous, toujours, la bienveillante et inspirée supervision de Bob Ezrin, qui ayant travaillé sur les quatre premiers albums classiques du groupe Alice Cooper (ne manquant que Muscle of Love pour des raisons de divergences artistiques avec les musiciens de la formation, le guitariste Michael Bruce aux premiers d'iceux) fait figure de recours logique quand le vocaliste reprend seul le flambeau.
Musicalement, Welcome to My Nightmare n'est pas exactement une rupture avec le son classique d'Alice Cooper, ce hard/glam rock théâtral et braillard sachant mixer hooks pop irrésistibles à une énergie provocatrice salutaire, plus une évolution avec, concept oblige, un supplément de pompe qui, en vérité, va bien au teint du référentiel shock-rocker. Et donc, avec un producteur à l'importance centrale et un groupe largement emprunté à Lou Reed, Vincent "Alice Cooper" Furnier crée-t-il sa collection la plus variée et réussie prouvant également qu'il a une vie, un potentiel, sans les musiciens qui l'accompagnaient depuis toujours. Voyage dans les cauchemars du petit Steven (une réinvention de Vincent quand il était encore le fils d'un pasteur de Detroit, Michigan relocalisé dans le désert arizonien ? y a de ça), Welcome to My Nightmare est aussi, surtout !, une sacrément bien troussée collection de chansons où Alice va parfois très loin dans la théâtralisation de son art (l'enchaînement Devil's Flood/The Black Widow avec l'excellente participation du légendaire Vincent Price en récitant cinématique) mais, plus important encore, sait élargir la palette sonore vers quelques bienvenues fantaisies (le cabaret rock de Some Folks, la power-ballad épique et pas idiote Only Women Bleed, la comptine flippante Years Ago, un presque progressif Steven hommageant l'encore tout récent Tubular Bells de Mike Oldfield, et le transitionnel et habité The Awakening, tout en ambiance claustrophobe) tout en conservant sa crédibilité de scary-clown électrique (Welcome to My Nightmare, Department of Youth, Cold Ethyl et Escape).
Tout ça nous fait un album aujourd'hui justement entré dans la légende, la plus magistrale réussite de l'Alice Cooper solo aussi et une œuvre donc forcément recommandée à toutes celles et tous ceux qui ne s'y seraient pas encore penché, il n'est pas trop tard mais largement temps de se rattraper parce que Welcome to My Nightmare, c'est quelque chose !

1. Welcome to My Nightmare 5:19
2. Devil's Food 3:38
3. The Black Widow 3:37
4. Some Folks 4:19
5. Only Women Bleed 5:49
6. Department of Youth 3:18
7. Cold Ethyl 2:51
8. Years Ago 2:51
9. Steven 5:52
10. The Awakening 2:25
11. Escape 3:20

Alice Cooper - vocals
Bob Ezrin - synthesizer, arranger, keyboards, vocals, producer
Jozef Chirowski - keyboards, clavinet, vocals, Fender Rhodes
Dick Wagner - electric and acoustic guitar, vocals
Steve Hunter - electric and acoustic guitar
Prakash John - bass
Tony Levin - bass
Pentti "Whitey" Glan - drums
Johnny "Bee" Badanjek - drums
Gerry Lyons - vocals
Vincent Price - the curator

ALICE COOPER 1975

(FoRGoTTeN) SeQueL
Alice Cooper "Alice Cooper Goes to Hell" (1976)
ou "The Infernal Show"

Un an après le triomphe de Welcome to My Nightmare, Alice Cooper remet le couvert avec la même équipe mais resserrée (celle de la tournée, en substance), d'immenses ambitions, et, déjà, des dollars pleins les yeux. Résultat ? Un bon album finalement pas si opportuniste qu'on aurait pu le craindre.
De là à reproduire l'exploit du coup d'avant, faudrait voir à ne pas pousser trop haute la note de l'enthousiasme délirant type "fan de base"... Parce que si Alice Cooper Goes to Hell est une indéniable réussite, il n'a ni la divine inspiration, ni la variété qualitative de son glorieux devancier ou, plutôt, il tente trop de reproduire les schémas du coup d'avant pour réellement surprendre. Ceci dit, il n'y a pas de composition indigne ici et, même, quelques une qu'on aimerait entre plus souvent des les setlists revivaliste de Vincent Furnier et son alter-égo grand-guignolesque ce qui, outre un Go to Hell régulièrement joué, n'est pas le cas. Quel dommage alors de se priver d'un You Gotta Dance à la Chorus Line, de solide rockers admirablement troussés (Didn't We Meet, Guilty, Wish You Were Here), de jolies ballades permettant à Alice d'explorer sa part féminine, sensible (I Never Cry, I'm Going Home), d'une bonne composition épiques boostée par de très utiles arrangements orchestraux (Wake Me Gently) ou de petites bulles de nostalgie tout à fait réjouissantes (le rhythm'n'blues à l'ancienne de Give the Kid a Break ou la variété revisitée d'I'm Always Chasing Rainbows), autant de raison de penser et dire du bien d'un opus qui, certes, n'est ni aussi réussi, ni aussi surprenant que Welcome to My Nightmare mais loin des ratages qui ne tarderont hélas pas à venir au catalogue du natif de Detroit, Lace & Whiskey et Flush the Fashion aux premiers d'iceux, symptômes d'une descente aux enfers d'un Cooper de plus en plus intoxiqué.
Desservi il est vrai pas une pochette peu avenante et n'ayant pas été suivi d'une tournée promotionnelle du fait des problèmes d'anémie du vocaliste, Alice Cooper Goes to Hell n'en demeure pas moins une galette très recommandable à tous les amateurs de théâtralité dans le rock en général et d'Alice Cooper en particulier, évidemment, une belle réussite d'autant plus essentielle qu'il faudra attendre longtemps pour retrouver le shock-rocker à pareille fête.

1. Go to Hell 5:15
2. You Gotta Dance 2:45
3. I'm the Coolest 3:57
4. Didn't We Meet 4:16
5. I Never Cry 3:44
6. Give the Kid a Break 4:14
7. Guilty 3:22
8. Wake Me Gently 5:03
9. Wish You Were Here 4:36
10. I'm Always Chasing Rainbows 2:08
11. Going Home 3:47

Alice Cooper – vocals
Dick Wagner – acoustic & electric guitar, vocals
Steve Hunter – guitar
Bob Babbitt – bass
Jimmy Maelen – percussion
Jim Gordon – drums (tracks 3, 10, 11)
Tony Levin – bass
Allan Schwartzberg – drums
Bob Ezrin - synthesizers, arrangements, production

ALICE COOPER 1976

uNoFiCiaL SeQueL
Alice Cooper "The Last Temptation" (1994)
ou "The New Nightmare"

Au milieu des années 90, en recherche d'un troisième souffle suite à l'échec commercial d'un Hey Stoopid ayant, comme ses contemporains équivalents stylistiques (ce hair metal de sinistre ou tendre mémoire selon d'où vous vous placez), souffert de la déferlante grunge, et à une envie de retourner à des bases moins putassières, Alice Cooper commet le volume 3 (le seul à ne pas être officiel) de cauchemars commencés 19 ans plus tôt, presque un anniversaire mais, surtout, un retour à des préoccupations musicales plus dans la tradition de sa gloires des 70s.
Là où l'album est fort, cessons de suite le suspense, c'est une pleine et entière réussite, c'est qu'il parvient à moderniser la formule vintage sans jamais sembler vouloir absolument coller à quelque wagon que ce soit. Evidemment, on ne saurait ne pas noter la présence d'une guest-star alors particulièrement "hot" en la personne d'un Chris Cornell tout auréolé du succès sans précédent engrangé par sa formation, Soundgarden, mais, encore une fois, c'est plus d'un hommage vibrant du jeune, qui participe à la composition d'une (Stolen Prayer) et amène carrément l'autre sur un plateau (Unholy War) à un Alice qui lui ouvre bien volontiers les portes du studio, d'autant que la voix de Chris complément joliment celle de Vincent. Et comme en plus ce sont deux excellentes chansons, une power ballad à l'ancienne pour la première, une solide rifferie pour la seconde, on apprécie grandement la contribution du "jeune" au catalogue du "vieux".
Le reste de la tracklist ? Il n'est pas en reste puisque d'un Sideshow mettant bien en place le fait que c'est le retour du VRAI Alice Cooper ce qu'exprime merveilleusement ce rocker accrocheur et énergique au refrain juste pop comme il faut. La suite montre un Cooper cochant toute les cases sous-stylistiques de ce qu'on attend d'un album dans une veine traditionnaliste, du gros rock qui tache (le larvé Nothing's Free, le frontal Lost in America, ), du plus tempéré à refrain presque cabaret (Bad Place Alone), du mid-tempo vicieux typique de l'affreux (You're My Temptation, qui ne résiste cependant pas à la tentation, justement, de glisser vers Aerosmith et Led Zeppelin), une petite chanson au couplet acoustique débouchant sur un théâtral pont et "bombastique" refrain (Lullaby), ou de la douceur pop parce qu'il sait faire aussi, l'Alice (It's Me), et un petit coup de rock théâtral de compétition pour conclure (Cleansed by Fire) parce qu'il fallait bien ça, bref tout ce que ce diable d'homme sait faire et qu'il accomplit, présentement, avec une classe  et une inspiration qui laissent pantois parce que, franchement, on ne s'y attendait pas.
Il faut dire qu'avec un groupe de grands professionnels - de Derek Sherinian de chez Dream Theater au session man Greg Smith (dont les crédits sont trop longs pour être ici énoncés) au batteur des Hooters (David Uosikkinen) à un guitariste certes moins coté mais qui fait de l'excellent travail (Stef Burns qui est passé ou passera par chez Huey Lewis & the News ou les soft-rockers de Pablo Cruise) - Alice Cooper s'était bien entouré, n'oubliant pas quelques invités supplémentaires histoire d'épicer sa petite entreprise à son (bon) goût. Comme en plus l'équipe de producteurs (Don Fleming, Duane Baron, John Purdell et Andy Wallace... rien que ça !) audiblement dévouée à la tâche réussit à suivre l'élan de modernisation de la formule classique de l'artiste, il n'en faut pas plus pour, chaudement, recommander un album hélas trop peu souvent cité quand on en vient à évoquer les grandes heures du maître incontesté du Shock Rock, dont il est indéniablement.

1. Sideshow 6:39
2. Nothing's Free 5:01
3. Lost in America 3:54
4. Bad Place Alone 5:04
5. You're My Temptation 5:09
6. Stolen Prayer 5:37
7. Unholy War 4:10
8. Lullaby 4:28
9. It's Me 4:39
10. Cleansed by Fire 6:12

Alice Cooper – vocals
Stef Burns – guitar, background vocals
Greg Smith – bass, background vocals
Derek Sherinian – keyboards, background vocals
David Uosikkinen – drums
&
Chris Cornell – vocals on "Stolen Prayer" and "Unholy War"
Dan Wexler – guitar on "Lost In America"
Rick Marty – guitar overlays
John Purdell – keyboards on "You're My Temptation", "Lullaby" and "It's Me"
Lou Merlino – background vocals
Mark Hudson – background vocals
Craig Copeland – background vocals
Brett Hudson – background vocals

ALICE COOPER 1994

oPPoRTuNiSTiC SeQueL
Alice Cooper "Welcome 2 My Nightmare" (2011)
ou "Cash Cow"

Vendu comme LA suite de Welcome to My Nightmare, alors qu'on en avait déjà eu deux dont la directe Alice Cooper Goes to Hell, Welcome 2 My Nightmare, comme c'est fin !, est l'album "cash-cow" d'Alice Cooper, celui où, profitant de hasards un peu forcés, il ressort la vielle formule, les vieux partenaires... mais pour une nouvelle génération d'auditeurs.
Ceci dit, on peut reconnaître à Alice Cooper le mérite de ne pas s'être simplement contenté de reprendre l'album originel avec de prestigieux invités, on apprécie donc l'effort créatif pour intéressé qu'il soit. Et puis, comme les chansons sont plutôt bien troussées, avec une batterie de compositeurs et d'invités qui cachent la misère créatrice d'un Alice Cooper qui peine à retrouver son souffle depuis le miraculeux The Last Tempation de 1994, qu'on est tout de même bien content de revoir/réentendre quelques vieilles gloires (l'essentiel de l'Alice Cooper Band originel étant invité à la fête, Bob Ezrin est bien fidèle au poste de producteur/arrangeur) et la voix toujours si caractéristique du sieur Furnier qui se maintient d'autant plus admirablement qu'on sait les excès qu'elle a dû subir, on aurait mauvaise grâce à bouder son plaisir d'entendre un opus sans dramatique faiblesse et, même !, quelques authentiques vrais beaux moments.
Mais, en vérité, l'affaire commence plutôt mal avec un Alice Cooper "autotuné" à mort sur une introduction qu'il faudra vite oublier. Heureusement, la suite du même morceau, I Am Made of You, s'avère nettement plus digeste et digne si pas aussi enthousiasmant qu'on aurait souhaité la pièce introductrice du Cauchemar², mais bon ça le fait grâce, notamment, à une jolie envolée guitaristique du revenant Steve Hunter (qui n'avait plus collaboré avec Alice depuis Lace & Whiskey en 1977). La suite, une succession de passages obligatoires en forme de copie carbone plus ou moins réussie du Cauchemar originel avec, donc, du rock qui dépote juste ce qu'il faut (Caffeine, A Runaway Train, The Congregation, I'll Bite Your Face Off , What Baby Wants, I Gotta Get Outta Here, desquels on aura une nette préférence pour le gros shuffle d'A Runaway Train, la théâtralité de The Congregation et le vice électrique d'I'll Bite Your Face Off), du rock de comédie musicale (pensez Rocky Horror Show) qui va si bien au teint du vieux qu'il aurait tort de se priver (l'interlude The Nightmare Returns, le rampant When Hell Comes Down, l'orchestral et réussie conclusion, The Underture qui hommage justement l'illustre galette de 1975), du qu'on se demande bien ce qu'il fait là (une sorte de digression de Kurt Weill sur le très réussi Last Man on Earth, l'infect dance rock jeuniste de Disco Bloodbath Boogie Fever que même au millième degré je vous défie d'apprécier, le teenage glam réjouissant de Ghouls Gone Wild) et, évidemment, de la belle ballade parce qu'il en faut, pas le choix (Something to Remember Me By qui fait son petit effet, on ne le niera pas, avec encore une jolie intervention d'Hunter, c'est à noter).
Alors, non, tout ça ne fait pas Welcome 2 My Nightmare l'égal de son modèle, mais un retour en forme où, une fois le bon grain trié de l'ivraie, on se retrouve avec une dizaine de plages réussies... Plus qu'on n'en attendait d'une séquelle aux atours si opportunistes. La vache à donné du bon lait, on le boit jusque à la lie. 

1. I Am Made of You 5:32
2. Caffeine 3:23
3. The Nightmare Returns 1:14
4. A Runaway Train 3:51
5. Last Man on Earth 3:47
6. The Congregation 3:59
7. I'll Bite Your Face Off 4:25
8. Disco Bloodbath Boogie Fever 3:35
9. Ghouls Gone Wild 2:33
10. Something to Remember Me By 3:16
11. When Hell Comes Home 4:29
12. What Baby Wants 3:43
13. I Gotta Get Outta Here 4:20
14. The Underture 4:37

Alice Cooper – vocals, harmonica
Bob Ezrin – producer
&
Tommy Henriksen
– guitars, bass, keyboards, vocals, programming
Michael Bruce – guitars, keyboards, backing vocals on "A Runaway Train", "I'll Bite Your Face Off" and "When Hell Comes Home"
Dennis Dunaway – bass, backing vocals on "A Runaway Train", "I'll Bite Your Face Off" and "When Hell Comes Home"
Neal Smith – drums, percussion, backing vocals on "A Runaway Train", "I'll Bite Your Face Off" and "When Hell Comes Home"
Steve Hunter – guitars on "I Am Made Of You", "Something To Remember Me By", "When Hell Comes Home", "What Baby Wants" and "The Underture"
Keith Nelson – guitars, backing vocals on "Caffeine"
Dick Wagner – lead guitar on "The Underture"
Tommy Denander – guitars on "I Am Made of You"
Vince Gill – lead guitar on "A Runaway Train" and "Gotta Get Outta Here"
Ke$ha – guest vocals on "What Baby Wants"
Rob Zombie – backing vocals on "The Congregation"
John 5 – guitar on "Disco Bloodbath Boogie Fever"
Chuck Garric – bass
Piggy D – bass on "Last Man On Earth"
David Spreng – drums on "Last Man On Earth"
Kip Winger – backing vocals on "Ghouls Gone Wild" & "The Congregation"
Patterson Hood – guitar on "Gotta Get Outta Here"
Damon Johnson – guitar on "We Gotta Get Out of This Place"
Keri Kelli – guitar on "We Gotta Get Out of This Place"
Jimmy DeGrasso – drums on "We Gotta Get Out of This Place" & "I Gotta Get Outta Here"
Pat Buchanan – guitars
Vicki Hampton – backing vocals
Wendy Moten – backing vocals
Scott Williamson – drums
Jimmie Lee Sloas – bass

ALICE COOPER 2011
 
BoNuS
Alice Cooper "The Life and Crimes of Alice Cooper" (1999)
ou "Résumé 1965-1999"

Comme Alankazane l'a fait et bien fait pour Nightfall in Metal Earth, je vous livre tel quel son long et détaillé billet auquel j'agrée :
"Trente ans. En 1999, cela faisait trente ans que Vincent Furnier sévissait sous le pseudonyme d'ALICE COOPER. Et il s'en est passé des choses, depuis tout ce temps. Vingt albums, des centaines de concerts, autant d'interviews, autant de scandales, de succès et d'emmerdes. C'est le lot quotidien de cette icône du rock qu'est devenu au fil des ans ALICE COOPER. Groupe jusqu'en 1973, artiste solo depuis lors, le Coop' n'est autre que l'inventeur du shock rock et l'un des fers de lance du hard rock classique. Sa force : une voix hors du commun, des spectacle sanglants, dramatiques et grandiloquents maintes fois copiés mais dont il est le seul inventeur, et un éclectisme musical à toute épreuve. ALICE COOPER, ça n'est pas un style, ça n'est pas un genre, non, ALICE COOPER, c'est ALICE COOPER, un point c'est tout. Et comme ça fait trente ans que ça dure, il était plus que temps de fêter cela dignement.
Replaçons tout d'abord les choses dans leur contexte. Ce coffret paraît en 1999, quelques mois avant la sortie de « Brutal Planet », un des albums les plus controversés de COOPER, qui sera l'occasion d'un énième virage artistique spectaculaire. Ça fait aussi un certain temps qu'aucun album studio n'est paru : il faut en effet remonter jusqu'en 1994 pour trouver « The Last temptation », dernière vague du raz-de-marée commercial engendré par « Trash », l'autre album très controversé de la carrière du Coop'. Après un quasi-break entre 1995 et 1999, au mieux marqué par quelques concerts et une petite tournée avec SCORPIONS, Furnier reprend du service en entamant une nouvelle grande tournée internationale et en s'attelant enfin à la composition d'un nouvel album, avec un line-up totalement renouvelé et une nouvelle équipe de production. Une page se tourne. C'est l'occasion d'une bonne rétrospective, et c'est bien ce qu'a dû penser Brian Nelson, le producteur de « The Life and Crimes of Alice Cooper », qui n'est autre que l'assistant personnel de l'artiste, ce dernier considérant que Nelson en sait plus sur son parcours que lui-même. On pouvait dès lors raisonnablement s'attendre à tout, sauf à un vulgaire produit commercial. A ce titre, bien que pouvant faire office de best-of très, très exhaustif, ce coffret est avant tout un cadeau fait aux fans, avec un paquet de titres rares ou inédits et un livret bien fourni, riche en photos et témoignages croustillants. Mais fort heureusement, il ne s'agit pas non plus d'une bête pièce de collection vouée à orner la cheminée. Je vais donc traiter les quatre disques composant ce coffret au cas par cas... Attachez vos ceintures !
 
Disc 1 : années 60-70
Sur ce disque la rétrospective va très loin, jusque dans les années 1960, bien avant que Vincent Furnier ne devienne ALICE COOPER. On retrouve donc logiquement trois titres de son premier groupe, THE SPIDERS, et un titre du groupe qui deviendra plus tard le ALICE COOPER GROUP, THE NAZZ. Ça reste dans l'ensemble assez proche des compos des deux premiers albums du AC GROUP, on a donc affaire à un rock un peu psychédélique, pas vraiment pop mais pas vraiment hard non plus. Une sorte de LED ZEP' soft, en gros. Le passage aux quatre titres issus de « Easy action » et « Pretties for you » se fait d'ailleurs tout naturellement, les neuf premiers titres formant du coup un ensemble homogène marqué par une forte continuité. C'est plutôt sympa, mais niveau intérêt ça reste quand même un cran nettement en dessous de ce que fera le groupe par la suite, on sent qu'il n'exploite pas encore tout son immense potentiel. La voix de Furnier est tout de suite reconnaissable, bien qu'il ne soit pas encore dans le registre qui le rendra célèbre. On s'intéressera donc à cette première partie plus par curiosité qu'autre chose, la plupart des pistes ne présentant qu'un intérêt limité. De quoi parfaire sa culture de l'artiste, en somme.
On entre ensuite réellement dans le vif du sujet avec les titres issus des deux albums qui marqueront la conversion d'ALICE COOPER au hard rock, « Love it to death » et « Killer ». Quatre titres pour le premier, cinq pour le second, tous très intelligemment sélectionnés : si on m'avait demandé de le faire moi-même, mes choix n'auraient pas été différents. Je suis par contre assez mécontent du traitement qui a été réservé au premier grand succès commercial de l'artiste, « School's out », qui n'est ici représenté que par deux titres. Outre l'incontournable titre éponyme, véritable tube interplanétaire qu'on ne présente plus, j'aurais préféré que la production opte un second titre plus transcendant que le tout juste sympathique « Gutter Cat Vs. The Jets ». Les jazzy « Luney Tune » et « Blue Turk », ou encore l'ovni « My stars » auraient été, je pense, de bien meilleurs choix. Le premier disque prend fin sur une note optimiste. Le ALICE underground cède la place au ALICE commercial, celui qui fera la une des journaux et caracolera en tête des charts.
 
Disc 2 : années 70
Ce disque est qualitativement le meilleur, pour la simple et bonne raison qu'y figurent les plus grands succès d'ALICE COOPER, alors au sommet de son art dans tous les domaines. Les albums sortaient à l'époque à un rythme effréné, ce qui contribue, cela va de soi, à raréfier les titres inédits qu'on pourrait tirer de cette période.
Il a donc sans doutes fallu creuser pour dénicher « Slick black limousine », distribué au Royaume-Uni uniquement, sur un flexi-disc vendu avec le magazine « New musical express » du 17 février 1973. Produit par Bob Erzin, il ne nous dépayse pas vraiment d'avec les classiques d'alors, s'inscrivant dans la droite lignée des compo de « Muscle of love », avec un piano omniprésent. Outre un chant particulièrement agressif de la part de Furnier et un rythme allant crescendo qui aboutit vers le milieu du titre à gros bordel musical généralisé, on relève une courte imitation d'Elvis par Cooper (qui récidivera 28 ans plus tard sur « Dragontown ») et des chants tribaux. Un titre expérimental assez déconcertant, qui ne manquera pas de plaire aux fans. On retrouve un peu plus loin « I'm Flash », un titre plutôt heavy composé pour une adaptation opéra-rock de Flash Gordon et sur lequel on a demandé à Furnier d'assurer le chant. C'est plutôt pas mal, assez proche de l'esprit de « Welcome to my nightmare », même si niveau compo c'est un cran nettement en dessous d'un « Cold Ethyl », par exemple. Le truc hallucinant, tout de même, c'est que même sur un titre qu'il n'a pas composé, ALICE COOPER parvient à se l'approprier tout entier. Ce titre figure sur l'album « Flash Fearless Vs. The Zorg Women, Parts 5 & 6 », tout comme le gentillet « Space Pirates », proche dans l'esprit d'un « School's out » aseptisé. Ça passe comme une lettre à la poste mais ça ne reste malheureusement pas dans les mémoires.
Reste le seul titre vraiment inédit de ce disc 2, « Respect for the sleepers », qui est en réalité une demo du titre « Muscle of love ». D'apparence bâclée, elle ne diffère en rien, musicalement parlant, de la version finalisée, et n'a donc absolument aucun intérêt, d'autant plus que Cooper y chante abominablement faux. Il l'admet d'ailleurs lui-même dans le livret, où il ne parle de cette chanson que des lyrics, constituant à un hommage à ses icônes cultes, Janis Joplin et Jimi Hendrix, terrassés par l'alcool. Là aussi ça n'a pas grand intérêt, ce titre clairement dispensable a en plus le tort d'être placé juste avant ce qui deviendra par la suite sa version finale, qui lui est supérieure à tous points de vue.
Ce disque est donc plus intéressant pour sa dimension best of, avec 16 titres issus de quatre albums studio. Sans surprises, les deux plus grands succès de la carrière d'ALICE COOPER, « Billion dollar babies » et « Welcome to my nightmare » occupent à eux seuls la moitié de la galette, avec cinq titres chacun. Le choix des titres a là encore été globalement judicieux, mais j'ai vraiment été abasourdi de constater que « Steven », titre emblématique des délires théâtraux du Coop' s'il en est un, n'ait pas fait partie de la sélection. C'est d'autant plus impardonnable que « Escape », le titre le plus faible de WTMN, a lui eu sa part du gâteau. Si ça ne tenait qu'à moi j'aurais aussi remplacé le très expérimental « I love the dead » de BDB par un bon vieux « Rapped and Freezin' », mais passons. Aussi surprenant que cela puisse paraître, on retrouve aussi quatre titres de « Muscle of love », album injustement passé sous silence malgré son succès commercial et l'excellence de ses compositions. C'est le dernier disque du ALICE COOPER GROUP, le plus jazzy de tous. Les pistes ont là aussi été plutôt bien choisies, mais j'aurai sans doute préféré le délirant « Crazy little child » au trop convenu « Teenage Lament '74 ». Reste enfin deux titres de « Alice Cooper goes to hell ». Là je ne vais certainement pas me plaindre, puisque la ballade « I Never cry » et le cultissime « Go to hell » sont sans aucun doute les deux seuls titres véritablement intéressants qu'on puisse extraire de cet album.
 
Disc 3 : années 70-80
Ce disque est probablement le plus intéressant des trois puisqu'en plus de couvrir une la période la plus riche d'ALICE COOPER (fin des années 1970 et début des années 1980), celle durant laquelle l'artiste aura été le plus prolifique, il propose pas moins de dix titres qui ne proviennent d'aucun album du Coop', dont cinq sont totalement inédits. Et là, la production a vraiment fait un excellent boulot, car ces titres rares sont sans conteste le clou du spectacle. Pour commencer, « I miss you », titre des BILLION DOLLAR BABIES, le groupe formé par les musiciens démissionnaires du Alice group, constitue un petit encart vraiment très intéressant. Malgré l'absence de Furnier au micro, ce titre énergique démontre que les gaillards n'ont perdu ni leur pêche, ni leur inventivité, ni leur talent de composition avec ce brulot à mi-chemin entre le son de « Billion dollar babies » (l'album) et celui du « Constrictor » de Furnier. Ça donne envie de se pencher sur le reste de leur œuvre en tout cas.
Changement de décor avec la ballade « No time for tears », titre jusque là inédit. Franchement orientée jazz, avec un excellent piano, elle met en scène un Alice très sentimental, plus mélancolique encore que sur « Only woomen bleed ». On passe encore à autre chose avec la déconcertante « Because », reprise des BEATLES en collaboration avec... Les BEE GEES (si si) ! Musicalement parlant, c'est sensiblement la même chose que la version d'origine : une ballade plutôt sombre à l'ambiance pessimiste. Mais le ton bizarre de la voix d'Alice lui donne en plus une dimension un peu malsaine, qui fait que cette expérience vaut clairement le détour.
Quelques titres plus loin, on tombe nez-à-nez avec l'excellent « No Tricks », en collaboration avec BETTY WRIGHT : un titre très intéressant qui applique à la lettre la recette du calme avant la tempête : on commence calmement avant de partir dans de franches envolées rock'n'roll. Les deux voix se complètent parfaitement, Furnier est au sommet de son art, et les compo ne sont pas en reste. Très en phase avec l'ambiance de la période 80's du Coop', ce titre est, à mon avis, à inclure dans n'importe quel bon best-of qui se veut un tant soit peu exhaustif. On est en terrain plus connu avec le délirant « Road Rats », très proche des compos de de l'album « Zipper catches skin », mais incluant des éléments qui font plutôt penser à « Flush the fashion ». Un bon titre, pas forcément inoubliable mais qui reste un bon cran au dessus de pas mal de morceaux figurant sur les albums cooperiens de l'époque. La démo « Look at You over There, Ripping the Sawdust from My Teddybear », qui s'inscrit dans l'ambiance de « Special forces », énergique sans être agressive, est un autre excellent choix. Le chant de Furnier, clair et très travaillé et la musique, pas soupeuse pour un sou, y sont tellement excellents que j'en viens à me demander pour quelles raisons ce titre n'a pas eu sa place sur un album. Dans le livret, Brian Nelson nous révèle qu'il s'agit effectivement bien d'une chute de « Special forces », que Frunier a décidé au tout dernier moment de retirer de la tracklist parce qu'elle ne collait pas à l'esprit des autres titres de l'album. Effectivement, et c'est bien ça le problème. Si tous les titres de « Special forces » avaient été de cette trempe, ce disque n'aurait certainement pas été aussi mauvais...
On enchaîne avec le délirant « For Britain Only », un single distribué uniquement, comme son nom l'indique évidemment, au Royaume-Uni. C'est plutôt pas mal, bien dans l'esprit des titres les plus rocks de « Welcome to my nightmare », bien qu'on soit plus proche du son de « Goes to hell ». On retrouve d'ailleurs un petit bout du titre « Guilty » vers le milieu de la chanson. Le disque 3 se termine avec trois titres jusque là totalement inédits. « Identity crisis », issu de la BO du film « Monster dog » est une réussite totale, ça ne ressemble à aucun titre d'ALICE COOPER. Particulièrement froid, ce titre évoque l'acier, avec un son glacial et un Furnier optant pour une voix grave particulièrement grisante. Ambiance glaciale en perspective. « See Me in the Mirror », issue de la même BO, est une ballade très proche de l'esprit de « Dada », mais malheureusement gâchée par un son pop fadasse alors dans l'air du temps et un Furnier qui chante de manière bien superficielle. Dommage. Rien à redire en revanche au sujet du très rock'n'roll « Hard rock summer », issu de la BO de « Friday the 13th, Part VI : Jason Lives », qui aurait pu prétendre faire partie de la trackliste de « Constrictor », et qui vient mettre un terme à ce troisième disque de la manière la plus efficace qui soit.
Niveau albums du Coop' il y en a ici pour tous les goûts. Il faut dire que cette période est artistique parlant - et c'est là tout le paradoxe - probablement la plus pauvre de toute la carrière de Furnier, alors miné par l'alcoolisme. De 1977 à 1982, il n'a sorti que des albums très moyens, voir carrément mauvais, jusqu'à ce qu'il soit frappé d'un éclair de génie en 1983 avec « Dada », avant de partir en cure de désintox', ce après quoi il passera de manière assez radicale à autre chose. Sur les douze titres dont il est ici question, deux sont issus de « Lace and whiskey », trois de « From the inside », deux de « Flush the fashion », un de « Special forces », deux de « Zipper catches skin » et enfin deux de « Dada ». Vu le contexte de l'époque, il y a à boire et à manger. On retrouve ainsi d'excellents titres, comme le tube « It's hot tonight », seul rescapé du naufrage « Lace and whiskey ». Excellent choix également au niveau des trois titres issus de « From the inside », le survolté « Serious » et la ballade « How You Gonna See Me Now » venant intelligemment compléter le bizarroïde titre éponyme. Il aurait en revanche été de bonne augure de nous épargner la sirupeuse ballade « You and me », bien représentative des grosses bouses de « Lace and whiskey ». Même chose pour l'ennuyeuse « I Am the Future », qui représente bien mal de délirant « Zipper catches skin » ce que fait heureusement plus honorablement « Tag, You're It ». Je suis assez sceptique également quant à la sélection qui a été opérée parmi les titres de « Dada ». Si la ballade « Former Lee Warmer » et le grand n'importe quoi généralisé « I Love America » ne sont pas inintéressantes, elles n'ont à mon avis pas leur place sur une compilation de ce type. Quant au fadasse « Who Do You Think We Are », il est hélas tout ce qu'on peut tirer du médiocre « Special forces ». Je ne cracherais toutefois pas sur les deux titres issus de « Flush the fashion », à peine meilleur que son successeur soit, mais dont le style irrésistiblement eighties ne peut vraiment pas laisser indifférents ceux qui ont bien connu cette période de l'histoire du rock.
 
Disc 4 : années 80-90
Arrive enfin le dernier disque, couvrant essentiellement la période nineties de la carrière de l'artiste. C'est sans conteste le moins intéressant des quatre pour diverses raisons, « évidemment » dirons certains, cette période étant la plus commerciale de toute l'histoire d'ALICE COOPER. Niveau titres inédits, c'est pas franchement folichon. Le disque débute ainsi avec la démo de « He's Back », qui reprend les même lyrics que la version finale, mais avec la musique de ce qui deviendra « Trick Bag », un titre de l'album « Constrictor ». On a l'impression d'avoir affaire à « Trick Bag » mais avec un autre refrain. Mouais, c'est rigolo, mais à part ça... Autre titre issu d'une énième bande originale de film, une version remise au goût du jour de « Under my wheels », avec en guest Axl Rose, Slash et Izzy de GUNS N' ROSES. Là encore c'est sympa, mais ça n'apporte pas grand chose par rapport à la version d'origine : pas de prouesses techniques à signaler du côté de Rose comme de Slash, par exemple. On passe aux choses sérieuses avec « I got A Line On You », issu de la bande originale du film « Iron Eagle 2 », que je situerai à mi chemin entre les compo de « Constrictor » et celles de « Trash ». Un titre hard fm pas désagréable, qui ne casse pas trois pattes à un canard mais se laisse gentiment écouter. Reste enfin l'inédit « Hands of death », titre indus-rock composé avec ROB ZOMBIE, pas franchement folichon et bien plus zombiesque qu'il n'est cooperien. Faut aimer quoi... Bref vous l'aurez sans doute compris, niveau titres rares ou inédits, ce quatrième disque m'a plutôt laissé sur ma faim.
Niveau albums, il est ici question de la période post-alcoolique, celle durant laquelle un Furnier ragaillardi et enfin sobre fera preuve d'un éclectisme à la limite du compulsif. On retrouve donc deux titres issus de « Constrictor », « Teenage Frankenstein », qui représente bien le nouveau style du chanteur désacoolisé, et le tube pop « He's back (The man behind the mask) », thème du ridicule film d'horreur américain « Friday the 13th Part VI: Jason Lives ». Rien à redire sur le second, qui était de toutes manière indispensable. Quant au premier, comme tous les autres titres de « Constrictor » se valent, après tout, pourquoi pas lui... L'excellent « Raise your fist and yell » est certainement l'album le plus mal traité sur cette compilation. Deux titres, c'est bien peu pour le disque le plus technique et le plus agressif de toute la carrière du Coop'. On doit donc se contenter des indispensables singles « Freedom » et « Prince fo darkness » (qui apparaît, est il besoin de le rappeler, dans le film du même nom de John Carpenter), et des titres aussi géniaux que « Lock me up » et « Step on you » restent, o combien hélas, sur la touche. La machine à fric « Trash » est elle aussi bien maltraitée, mais vu la qualité plus qu'inégale du truc c'est plutôt une bonne nouvelle. Outre le tube interplanétaire « Poison » et l'excellente titre éponyme, on doit quand même se taper la soupeuse ballade « Only My Heart Talkin' », sur laquelle chantent en chœur Cooper et un Steven Tyler (AEROSMITH) vraiment pas inspiré dans la mièvrerie la plus totale. Nul doute qu'un autre titre que « Trash », comme l'explosif « Why trust » ou le délicieusement disco « This maniac's in love with you » aurait put bien mieux faire l'affaire. Mais voulez-vous, Furnier semble tellement heureux d'avoir poussé la chansonnette avec son copain Tyler...
« Hey Stoopid », le digne successeur de « Trash », a droit au strict minimum avec son titre éponyme et le tube « Feed my Frankenstein ». J'aurai peut-être également ajouté le délirant « Hurricane Years » à cette maigre sélection, mais ça aurait peut être été sur-représenter un album qui reste plutôt mineur dans la discographie d'ALICE COOPER. Reste enfin trois titres pour le dernier né en date, le très bon « The last temptation », et là je suis de l'avis que la sélection a été franchement mauvaise. Si l'indispensable hit « Lost in America » a fort heureusement obtenu une place, on se demande quelle mouche à bien pu piquer le producteur pour qu'il opte en plus pour les très commerciales ballades « It's me » et « Stolen prayer », auxquelles j'aurais sans hésitation préféré les brûlots « Sideshow » et « You're my temptation », bien meilleurs à tous points de vue. Cette erreur impardonnable, additionnée aux quelques oublis et autres choix discutables évoqués précédemment, plombe un bon coup la crédibilité de ce quatrième disque et c'est bien dommage. Restent pour finir la toujours aussi efficace reprise de « Fire » de JIMI HENDRIX, ressucé à la sauce « Constrictor » et déjà éditée en 1995 sur le best-of « Classicks », ainsi que le sympathique mais dispensable « Is anyone home? », titre pop déjà offert en guise de bonus sur le live « A fistful of Alice », au travers duquel Furnier revient sur l'addiction que peut engendrer Internet. Ainsi se referme cette rétrospective, avec un dernier volet plutôt correct dans l'ensemble mais qu'on aurait aimé plus conséquent et mieux ficelé. Impossible, en revanche, de nier que toute la carrière de Vincent Furnier jusqu'en 1999 à été couverte de bout en bout. Pour ça, c'est une réussite totale.
 
Un petit mot sur le livret, enfin, qui est en ce qui me concerne le clou du spectacle. On y retrouve de nombreuses photos, pour la plupart peu ou pas popularisées, et surtout une foule de témoignages provenant de grands noms de la musique et de l'art en général. On tombe ainsi nez-à-nez avec un hommage de deux pages de la part de John Lydon lui-même (chanteur des SEX PISTOLS pour les incultes), mais aussi avec quelques petits mots de David Cassidy, John Carpenter, Bono (de U2), Joe Perry (d'AEROSMITH), Nikki Sixx, Vince Neil (tous deux de MÖTLEY CRÜE), Elton John, Dave Mustaine (de MEGADETH), Lemmy (de MOTÖRHEAD), Slash, Brian Johnson (AC/DC), Bob Erzin... Tous d'accord pour affirmer que ALICE COOPER fait définitivement partie des légendes vivantes du rock. Même la Pravda, journla officiel du gouvernement russe, a apporté sa petite contribution ! Ces photos et témoignages ponctuent une biographie particulièrement fournie de Jeffrey Morgan. Le livret se conclut par une discographie exhaustive et des commentaires de Furnier, de membres du Alice Group ou des divers producteurs qu'a connu l'artiste sur les 81 titres composant cette énorme compilation. Petit délire additionnel, une page est réservée à un pot pourri de clichés d'ALICE avec ses amis du monde de l'art, entre autres Salvador Dali, Groucho Marx ou Andy Warhol. A noter également que ce coffret est dédié à Glen Buxton, lead-guitariste du Alice Group, terrassé par une pneumonie, en 1997, à l'âge de 49 ans.
Il est maintenant temps de conclure. Gros cadeau pour les inconditionnels du Coop' ou best-of au sens large couvrant idéalement la carrière de l'artiste depuis ses balbutiements ? Libre à vous d'en juger, mais quoiqu'il arrive on à ici à faire à du globalement très bon. S'il y a bien quelques moments de faiblesse, ça reste du COOPER, et ceux qui souhaitent découvrir l'artiste en faisant connaissance avec ses multiples facettes jusqu'en 1999 y trouveront tout autant leur compte que les fans. Un bien bel hommage, comme on aimerait en trouver plus souvent pour nos artistes cultes. Un exemple à suivre, comme d'habitude...
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Voilà, les goûts et le couleurs étant ce qu'ils sont, je ne suis pas d'accord sur tout, je ne suis par exemple pas aussi critique du choix des titres qui, à mon avis, représentent bien le parcours d'Alice Cooper, mais on ne louera jamais assez les travaux pointillistes de chroniqueurs webziniques bénévoles donnant de leur temps et de leur énergie à parler de leur passion, dont acte. Et sur ce, bonnes écoutes !!!

CD 1
1. Don't Blow Your Mind (The Spiders, 1966) 2:36
2. Hitch Hike (The Spiders, 1965) 2:01
3. Why Don't You Love Me (The Spiders, 1965) 1:57
4. Lay Down And Die, Goodbye (Original Version) (The Nazz, 1967) 2:07
5. Nobody Likes Me (demo version - 1968) 3:23
6. Levity Ball (studio version - 1968) 4:45
7. Reflected (Pretties for You - 1969) 3:14
8. Mr. and Misdemeanor (Easy Action - 1970) 3:00
9. Refrigerator Heaven (Easy Action - 1970) 1:54
10. Caught in a Dream (single version - 1971) 2:55
11. I'm Eighteen (Love It to Death - 1971) 2:58
12. Is It My Body? (Love It to Death - 1971) 2:39
13. Ballad of Dwight Fry (Love It to Death - 1971) 6:34
14. Under My Wheels (Killer - 1971) 2:47
15. Be My Lover (Killer - 1971) 3:21
16. Desperado (Killer - 1971) 3:29
17. Dead Babies (Killer - 1971) 5:42
18. Killer (Killer - 1971) 7:05
19. Call It Evil (demo - 1971) 3:28
20. Gutter Cat vs. the Jets (School's Out - 1972) 4:39
21. School's Out (School's Out, single version - 1972) 3:31
 
CD 2
1. Hello Hooray (Billion Dollar Babies - 1973) 4:15
2. Elected (Billion Dollar Babies, single version - 1973) 3:43
3. Billion Dollar Babies (Billion Dollar Babies - 1973) 3:39
4. No More Mr. Nice Guy (Billion Dollar Babies - 1973) 3:07
5. I Love the Dead (Billion Dollar Babies - 1973) 5:07
6. Slick Black Limousine (Flexi-disc from New Musical Express - 1973) 4:27
7. Respect for the Sleepers (demo - 1973) 3:48
8. Muscle of Love (Muscle of Love - 1973) 3:45
9. Teenage Lament '74 (Muscle of Love - 1973) 3:52
10. Working Up a Sweat (Muscle of Love - 1973) 3:31
11. Man with the Golden Gun (Muscle of Love - 1973) 3:13
12. I'm Flash (Flash Fearless Versus the Zorg Women - 1975) 2:47
13. Space Pirates (Flash Fearless Versus the Zorg Women - 1975) 3:30
14. Welcome to My Nightmare (Welcome to My Nightmare, single version - 1975) 2:45
15. Only Women Bleed (Welcome to My Nightmare, single version - 1975) 3:17
16. Cold Ethyl (Welcome to My Nightmare - 1975) 2:54
17. Department of Youth (Welcome to My Nightmare - 1975) 3:17
18. Escape (Welcome to My Nightmare - 1975) 3:14
19. I Never Cry (Alice Cooper Goes to Hell - 1976) 3:43
20. Go to Hell (Alice Cooper Goes to Hell - 1976) 5:11
 
CD 3
1. It's Hot Tonight (Lace and Whiskey - 1977) 3:21
2. You and Me (Lace and Whiskey, single version - 1977) 3:25
3. I Miss You (Billion Dollar Babies - Battle Axe - 1977) 3:31
4. No Time for Tears (Sextette film outtake - 1977) 2:59
5. Because (with The Bee Gees) (Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band soundtrack - 1978) 2:45
6. From the Inside (From the Inside, single version - 1979) 3:30
7. How You Gonna See Me Now (From the Inside - 1978) 3:53
8. Serious (From the Inside - 1978) 2:41
9. No Tricks (single B-side - 1978) 4:15
10. Road Rats (Roadie film - 1980) 2:43
11. Clones (We're All) (Flush the Fashion, single version - 1980) 2:51
12. Pain (Flush the Fashion - 1980) 4:10
13. Who Do You Think We Are (Special Forces, single version - 1981) 3:05
14. Look at You Over There, Ripping the Sawdust from My Teddybear (demo - 1981) 3:18
15. For Britain Only (UK-only single - 1982) 3:02
16. I Am the Future (Zipper Catches Skin, single version - 1982) 3:45
17. Tag, You're It (Zipper Catches Skin - 1982) 2:52
18. Former Lee Warmer (DaDa - 1983) 4:07
19. I Love America (DaDa - 1983) 3:47
20. Identity Crisis (Monster Dog film - 1984) 2:50
21. See Me in the Mirror (Monster Dog film - 1984) 3:12
22. Hard Rock Summer (Friday the 13th Part VI: Jason Lives film - 1986) 2:30
 
CD 4
1. He's Back (The Man Behind the Mask) (Demo - 1986) 3:20
2. He's Back (The Man Behind the Mask) (Movie Mix) (Friday the 13th Part VI: Jason Lives film - 1986) 3:44
3. Teenage Frankenstein (Constrictor - 1986) 3:32
4. Freedom (Raise Your Fist and Yell - 1987) 4:04
5. Prince of Darkness (Raise Your Fist and Yell - 1987) 5:09
6. Under My Wheels (The Decline of Western Civilization II film - 1988) 3:10
7. I Got a Line on You (Iron Eagle II film - 1988) 2:59
8. Poison (Trash - 1989) 4:27
9. Trash (Trash - 1989) 3:58
10. Only My Heart Talkin' (Trash - 1989) 4:44
11. Hey Stoopid (Hey Stoopid, single version - 1991) 4:15
12. Feed My Frankenstein (Hey Stoopid - 1991) 4:42
13. Fire (single b-side - 1991) 3:00
14. Lost in America (The Last Temptation - 1994) 3:54
15. It's Me (The Last Temptation - 1994) 4:40
16. Hands of Death (Spookshow 2000 Mix) (with Rob Zombie) (Songs in the Key of X soundtrack, remix version - 1996) 3:53
17. Is Anyone Home? (A Fistful of Alice - 1997) 4:10
18. Stolen Prayer (The Last Temptation - 1994) 5:35

Il en faut du monde pour faire tout ça :

1965-1968
The Spiders/
The Nazz
Vincent Furnier (vocals, harmonica)
Dennis Dunaway (bass)
Glen Buxton (guitar)
John Tatum (guitar)
John Speer (drums)
Michael Bruce (guitar)
Neal Smith (drums)

1969-1974
Alice Cooper Band
Vincent Furnier (vocals, harmonica)
Glen Buxton (lead guitar)
Michael Bruce (rhythm guitar and keyboards)
Dennis Dunaway (bass)
Neal Smith (drums)
Additional members 1973–74
Mick Mashbir (guitar)
Bob Dolin (keyboards)

1974–1979
Alice Cooper (solo)
Alice Cooper (vocals)
Dick Wagner (guitar)
Steve Hunter (guitar)
Prakash John (bass)
Pentti "Whitey" Glan (drums)
Josef Chirowski (keyboards)
Bob Ezrin (keyboards, Fender Rhodes)
Sheryl Cooper (stage actor/dancer)
Tony Levin (bass)
Allan Schwartzberg (drums)
Bob Babbitt (bass)
Jim Gordon (drums)
Bob Kulick (guitar)
Jim Gannon (guitar)
Mark Stein (keyboards)
Johnny "Bee" Badanjek (drums)
Fred Mandel (keyboards, guitar)
Davey Johnstone (guitar)
Jefferson Kewley (guitar)
Dee Murray (bass)
Dennis Conway (drums)

1980–1983
Alice Cooper (vocals)
Davey Johnstone (guitar)
Fred Mandel (guitar, keyboards)
Dennis Conway (drums)
"Cocker" John LoPresti (bass)
Duane Hitchings (keyboards)
Erik Scott (bass)
Mike Pinera (guitar)
Ross Salomone (drums)
Sheryl Cooper (stage actor/dancer)
Danny Johnson (guitar)
Craig Krampf (drums)
John Nitzinger (guitar)
Jan Uvena (drums)
Wayne Cook (keyboards)
Dick Wagner (guitar)
Bob Ezrin (Fairlight, keyboards, drums)
Graham Shaw (OBX-8, Roland Jupiter)
Richard Kolinka (drums)

1985–1988
Alice Cooper (vocals)
Kane Roberts (lead guitar)
Kip Winger (bass)
Paul "Horowitz/Horrors" Taylor (keyboards)
Ken Mary (drums)
Arthur "Devlin 7/Johnny Dime" Funaro (guitar)
Steve Steele (bass)

1989–1995
Alice Cooper (vocals/harmonica)
Al Pitrelli (guitar)
Joe Satriani (guitar)
Steve Vai (guitar)
Pete Friesen (guitar)
Tommy Carradonna (bass)
Jonathan Mover (drums)
Derek Sherinian (keyboards)
Eric Singer (drums)
Stef Burns (guitar)
Vinnie Moore (guitar)
Greg Smith (bass)
Paul Taylor (guitar)
Rick Marty (guitar)
Jimmy Degrasso (drums)
Sheryl Cooper (stage actor/dancer)

1996–2002
Alice Cooper (vocals, guitar)
Phil X (guitar)
Ryan Roxie (guitar)
Reb Beach (guitar)
Mark Francis (guitar)
Todd Jensen (bass)
Jimmy DeGrasso (drums)
Paul Taylor (keyboards)
Chris Delorme (keyboards)
Pete Friesen (guitar)
Damon Johnson (guitar)
Greg Smith (bass)
T-Bone Carradona (bass)
Rob Nicholson (bass)
Teddy "Zig Zag" Andreadis (keyboards)
Eric Singer (drums)
Calico Cooper (stage actor/dancer)
Eric Dover (guitar)
Rick Marty (guitar)
Nate McDonald (drums)
Paul Taylor (keyboards)
Chuck Wright (bass)

 

14 commentaires:

  1. Les Cauchemars d'Alice

    Alice Cooper "Welcome to My Nightmare" (1975)
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    Alice Cooper "Alice Cooper Goes to Hell" (1976)
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    Alice Cooper "The Last Temptation" (1994)
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    Alice Cooper "Welcome 2 My Nightmare" (2011)
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    Alice Cooper "The Life and Crimes of Alice Cooper" (1999)
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  2. T'es un grand malade.. un billet fleuve. Je reste assez brouillon sur Cooper pour en avoir essayé qquns sans me rappeler lesquels, ni les avoir sauvegarder. Je me souviens par contre d'un morceau folk, une ballade terrible écouté sur Nova il y a qq années, jamais je n'aurai pensé à A.Cooper.. qu'est ce que j'aimerai bien la retrouver, ainsi que l'album qui va avec. Peut être dans ce coffret ?? va falloir que je m'y plonge qq temps.

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    1. Ballade folk ? Je dirais "The Saga of Jesse Jane" sur l'album Dirty Diamonds de 2005.

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    2. @ Charlu,
      Je te conseille vivement de tester The Last Temptation et le vrai Welcome to My Nightmare.
      Pour ta ballade folk, je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler, j'espère que ce n'est pas celle que mentionne Keith parce que, franchement, je ne la trouve pas terrible...
      Tu me diras si tu retrouves.

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    3. Merci Kif..je viens de l'écouter.. eh j'aime bien moi.. par contre c'est pas celle là, c'était une ancienne.. moins country, plus triste ;D
      Bon, va falloir que je plonge grave.

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    4. A mon avis, c'est You & Me
      https://www.youtube.com/watch?v=sfAkNfovamk

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    5. Sauf si c'est I Never Cry, bien sûr...
      https://www.youtube.com/watch?v=Pmy2JOB5T7w

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    6. Peut-être "Desperado" tiré de Killer (1971) ou "Ballad of Dwight Fry" de Love It to Death (1971)

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  3. Je ne suis pas un grand fan, par contre le box set 4CD est tentant donc je le prends. A toutes fins utiles j'ai pu écouter son dernier opus (+ guests) "Hollywood Vampires" et c'est pas mal, certaines bonnes "couvertures" !
    Merci en tout cas,
    Vincent

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    1. On verra si le coffret te donne envie d'aller plus loin, si c'est le cas, je réitère le conseil à Charlu que tu trouveras plus haut.
      Bonne(s) écoute(s).

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    2. Pendant longtemps je n'ai viu que la caricature que je trouvais excessive et ridicule. Sans être experte, j'ai découvert qu'il y avait un vrai artiste, avec une démarche bien moins superficielle qu'il ne parait.
      Je connais principalement ce qu'il a fait jusqu'à WTTN.
      Je tenterais bien l'enfer selon St ALICE, et pour ses Tentations.... on verra selon mon humeur.

      Merci pour ces quelques cauchemars qui font du bien.

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    3. La carrière d'Alice Cooper est certes chaotique, indéniablement inégale mais, comme tu l'as dit, c'est tout sauf un produit manufacturé par quelque malin manager. Enjoie ce Goes to Hell et n'hésite pas à revenir dire ce que ça t'a fait.

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