samedi 27 mai 2017

P comme...


Toujours adepte de la diversité, le Zornophage vous propose une sélection qui vous promènera du jazz, au rock en passant par d'la chanson bien d'chez nous (mais revisitée !), de la folk, du funk ou du heavy metal ! Bref, pour tous les goûts et toutes les P-riples ! Enjoie.

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PASTORIUS, JACO "Jaco Pastorius" (1976)
Le Roi de la Fusion

Membre d'une authentique légende du jazz fusion, Weather Report évidemment, instrumentiste d'exception comme chacun le sait, grand espoir détruit par des addictions autodestructrices à un beaucoup trop jeune âge hélas, Jaco Pastorius ne connut qu'une trop brève et peu productive carrière solo dont cet éponyme inaugural est assurément le "crown jewel". Au programme, pour ceux qui ne connaitraient pas encore ce vrai beau classique, évidemment une énorme démonstration de guitare basse, c'est son album après tout, mais pas seulement parce que Jaco est aussi un compositeur et arrangeur (le Donna Lee de Bird en intro de l'opus est une splendeur tout en ascèse et délicatesse). C'est aussi un fantastique vulgarisateur n'hésitant pas à élargir le spectre (de la funk/soul de Come On Come Over, avec Sam & Dave aux vocaux, à des morceaux d'inspiration quasiment classique, Okonkole Y Trompa ou Speak Like a Child) ce créateur vorace et touche-à-tout ne se refuse rien, n'oubliant évidemment pas sa base fusion, et, plus fort encore !, réussit tout. Et dire qu'il n'a alors que 24 ans ! On sait l'immense gâchis que fut sa déchéance physique et mentale, et l'impact que tout ceci eut sur sa musique mais, en 1976, Jaco Pastorius est simplement le jazzman de l'année !, et son album un immanquable indispensable à toute collection qui se respecte.

1. Donna Lee 2:27
2. Come On, Come Over 3:54
3. Continuum 4:33
4. Kuru/Speak Like A Child 7:43
5. Portrait Of Tracy 2:22
6. Opus Pocus 5:30
7. Okonkolé Y Trompa 4:25
8. (Used to Be A) Cha-Cha 8:57
9. Forgotten Love 2:14

- "Donna Lee"
Jaco Pastorius - electric bass
Don Alias - congas

- "Come On, Come Over"
Jaco Pastorius - electric bass
Don Alias - congas
Herbie Hancock - clavinet, Fender Rhodes electric piano
Narada Michael Walden - drums
Sam Moore - vocals
Dave Prater - vocals
Randy Brecker - trumpet
Ron Tooley - trumpet
Peter Graves - bass trombone
David Sanborn - alto sax
Michael Brecker - tenor sax
Howard Johnson - baritone sax

- "Continuum"
Jaco Pastorius - electric bass
Herbie Hancock - Fender Rhodes electric piano
Alex Darqui - Fender Rhodes electric piano
Lenny White - drums
Don Alias - congas

- "Kuru/Speak Like A Child"
Jaco Pastorius - electric bass
Herbie Hancock - piano
Don Alias - congas, bongos
Bobby Economou - drums
David Nadien - violin
Harry Lookofsky - violin
Paul Gershman - violin
Joe Malin - violin
Harry Cykman - violin
Harold Kohon - violin
Stewart Clarke - viola
Manny Vardi - viola
Julian Barber - viola
Charles McCracken - cello
Kermit Moore - cello
Beverly Lauridsen - cello
Michael Gibbs - string arrangement

- "Portrait of Tracy"
Jaco Pastorius - electric bass

- "Opus Pocus"
Jaco Pastorius - electric bass
Wayne Shorter - soprano sax
Herbie Hancock - Fender Rhodes electric piano
Othello Molineaux - steel drums
Leroy Williams - steel drums
Lenny White - drums
Don Alias - percussion

- "Okonkole Y Trompa"
Jaco Pastorius - electric bass
Peter Gordon - French horn
Don Alias - okonkoko iya, congas, afuche

- "(Used To Be A) Cha Cha"
Jaco Pastorius - electric bass
Hubert Laws - piccolo, flute
Herbie Hancock - piano
Lenny White - drums
Don Alias - congas

- "Forgotten Love"
Herbie Hancock - piano
David Nadien - violin
Harry Lookofsky - violin
Paul Gershman - violin
Joe Malin - violin
Harry Cykman - violin
Harold Kohon - violin
Matthew Raimondi - violin
Max Pollinkoff - violin
Arnold Black - violin
Stewart Clarke - viola
Manny Vardi - viola
Julian Barber - viola
Al Brown - viola
Charles McCracken - cello
Kermit Moore - cello
Beverly Lauridsen - cello
Alan Shulman - cello
Richard Davis - bass
Homer Mensch - bass
Michael Gibbs - string arrangement, conductor


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PEARL JAM "No Code" (1996)
Classic Rock

Pearl Jam change, Pearl Jam évolue, Pearl Jam surprend... Mais seulement ceux qui n'avaient pas prêté attention aux racines bien implantées de cinq de Seattle, et de leur quasi-inamovible producteur, Brendan O'Brien. Les racines en question sont celles qui relient Vedder et ses amis à Bruce Springsteen, Neil Young et plus généralement à toute la tradition du rock américain blue collar concerné. Il y avait déjà de très présents indices sur Ten, Vs. et Vitalogy, de plus en plus évidents à chaque album, sur No Code, la transition est accomplie. Ce n'est pas à dire que toute trace d'agressivité électrique punkoïde ait disparue, non, encore cette fois, depuis Vitalogy en fait, ces gars-là savent faire parler la poudre dans de courtes saillies cure-tympans de première bourre (Hail Hail, Habit, Lukin, tous très réussis) mais, cette fois, ils s'aventurent aussi très souvent dans de territoires qu'ils n'avaient précédemment qu'effleuré d'une folk rock plus que convaincante (Who You Are et ses flaveurs indiennes, Off He Goes ou le Boss romantique bien revisité, l'aérien Present Tense ou la magnifique ballade "à la Neil" de clôture, Around the Bend) à un rock mesuré encore bouseux sous les semelles (un Sometimes rampant d'ouverture, un Smile ou un Red Mosquito qui doivent beaucoup au Loner). Et donc, fidèle à lui-même et malgré tout en constante évolution, avec cette fois une production "normale" (contrairement aux délires de Vitalogy) qui met parfaitement en valeur les qualités d'auteurs de Gossard, Ament & Cie, mais surtout d'Eddie Vedder qui s'y impose, encore plus que le coup d'avant où il dominait pourtant, comme l'aiguillon d'une formation qui sait où elle va, directement au Panthéon des grands rockers étatsuniens !

1. Sometimes 2:40
2. Hail, Hail 3:41
3. Who You Are 3:50
4. In My Tree 3:59
5. Smile 3:52
6. Off He Goes 6:02
7. Habit 3:35
8. Red Mosquito 4:03
9. Lukin 1:02
10. Present Tense 5:46
11. Mankind 3:28
12. I'm Open 2:57
13. Around the Bend 4:35

Jeff Ament – bass guitar, guitar, Chapman, vocals
Stone Gossard – guitar, vocals, piano, lead vocals on "Mankind"
Jack Irons – drums
Mike McCready – guitar
Eddie Vedder – lead vocals, guitar, harmonica
&
Brendan O'Brien – piano


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PENTANGLE "Open the Door" (1985)
Retour d'affection

L'album du retour pour les folk-rockers anglais de Pentangle, avec un line-up quasiment inchangé, seul le guitariste John Renbourn manque remplacé par le guitariste et violoniste Mike Piggott, Open the Door est tout sauf une surprise reprenant les choses exactement là où le quintet les avaient laissés, 13 ans plus tôt, avec le mi-cuit Salomon's Seal... L'inspiration en plus !
On y retrouve donc cette folk typiquement anglaise où quelques bruns de jazz viennent se glisser, moins que pendant le premier run de Pentangle mais toujours bien présents, salutairement. Parce que sans leur edge, sans ces soli à la marge d'un Mike Piggott digne remplaçant du Renbourn manquant, violoniste inspiré en plus de guitariste, il est fort à parier que ce groupe n'aurait pas départi des nombreuses formations d'un genre plus ou moins similaire et, du coup, probablement sombré dans la masse. Mais il y a ce particularisme et des chansons, toutes composées par le groupe outre une belle reprise de Milton Nascimento (Mother Earth), qui continue donc, là où certains de leurs collègues favorisent l'adoption d'un répertoire séculaire, de créer son propre morceau d'histoire entre passé et présent. Parce qu'il y a indéniablement un lien fort avec une tradition musicale britannique dans l'art consommé de Pentangle et de son songwriter en chef, Bert Jansch, d'accommoder ce style fondamentalement ancien à sa verve compositionnelle.
En chansons, ça donne 9 originaux plein de sensibilité et de nuance où voix masculines et féminine s'épousent pour le meilleur et où, forcément, les performances instrumentales, Jansch et Piggott, l'un acoustique l'autre électrique, sont deux fameux six-cordistes tout sauf outrancièrement démonstratifs, qui plus est. Parfois, on pense presque au Fleetwood Mac de Rumours débarrassé de ses oripeaux américains (Dragonfly, Sad Lady), d'autre fois, on plonge dans une merveille de petit instrumental mélodieux et délicat (The Dolphin), parfois encore, on flirte avec le blues avec talent (Lost Love) ou une folk jazzée et progressive avec doigté (Street Song et un mémorable solo de contrebasse de Danny Thompson), ou ailleurs on plonge dans de belles ballades hors du temps où la voix caressante de Jacqui McShee fait fureur (Child of the Winter,  Yarrow), toujours avec talent, avec une qualité d'écriture et d'interprétation qui fait qu'on ne peut que fêter ce retour aux affaires en forme de triomphe créatif.
Open the Door, longtemps indisponible en format CD avant un salutaire retour en 2006 sur le label revivaliste Talking Elephant, relance réussie d'une formation trop longtemps absente est tout simplement un petit bijou de folk d'aujourd'hui, même 30 ans après sa sortie.

1. Open the Door 4:20
2. Dragonfly 3:14
3. Mother Earth 2:43
4. Child of the Winter 5:08
5. The Dolphin 2:45
6. Lost Love 3:42
7. Sad Lady 3:48
8. Taste of Love 4:11
9. Yarrow 4:38
10. Street Song 5:31

Terry Cox - drums, percussion, vocals
Bert Jansch - acoustic guitar,vocals
Jacqui McShee - vocals
Mike Piggott - violin, acoustic and electric guitar
Danny Thompson - double bass


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PIGALLE "Regards affligés sur la morne et pitoyable existence de Benjamin Tremblay, personnage falot mais ô combien attachant" (1990)
Regards Admiratifs sur la gracieuse et palpitante œuvre de François Hadji-Lazaro, personnage rondelet mais ô combien talentueux

Le second album de Pigalle. Avec son titre à rallonge, son écriture reliée au quotidien sans perdre un iota de sa qualité littéraire, sa pochette quasi-légendaire (signée Tardi), Regards affligés sur la morne et pitoyable existence de Benjamin Tremblay, personnage falot mais ô combien attachant est le triomphe de François Hadji-Lazaro pourtant également membre/leader des Carayos et des Garçons Bouchers, le triomphe d'une certaine idée de la musique de chez nous, aussi.
Pour qui connaît le parcours de François, un folkeux à l'origine, un amoureux de la chanson réaliste des Mmes Damia, Fréhel et Piaf aussi, ce second album de son Pigalle, parce que s'il y a d'autres musiciens avec lui ils ne sont que de simples exécutants ici, est tout sauf une surprise. Contrairement à ce que son titre pourrait laisser entendre, ce n'est pas d'une histoire, pas d'un concept album dont il s'agit même si une vraie thématique d'ensemble relie toutes les créations en un tout cohérent absolument satisfaisant. Hybride des goûts de son leader, Regards Affligés est donc, avant tout, une fantastique collection de chansons néo-réalistes comme la nouvelle chanson française s'y essaiera quelques années plus tard.
Musicalement, cependant, on est loin de rester uniquement dans ce petit domaine avec de vraies traces du punk du premier album (Dans les Prisons, En bas en haut), de la folk en veux-tu en voilà (Marie la Rouquine, Les Lettres de l'Autoroute, Eternel Salaud, Sophie de Nantes), un vrai bel héritage de la chanson française classique (Dans la Salle du Bar Tabac de la Rue des Martyrs, Chez Rascal et Ronan, Le Chaland, Renaître) et même d'autres choses qu'on n'attendait pas forcément là (l'érotique Une Nuit, le funk camembert d'Angèle, un décrochage "rapoïde" sur Un Petit Paradis) qui viennent agréablement épicer la galette.
Evidemment, sans l'écriture du chef, sans son esprit mélodique, sa voix immédiatement reconnaissable, ses incroyables capacités de multi-instrumentiste, sans les parti-pris de production aussi (pas de batterie, remplacée par une boîte à rythmes qui sévit aussi chez ses Garçons Bouchers), le triomphe n'aurait pas pu être le même. Parce que triomphe il y a dans cette collection de 18 titres où rien n'est à jeter, tout satisfait, entraînant l'auditeur dans une ambiance souvent nostalgique, toujours écorchée vive qui fonctionne au-delà des plus folles espérances d'un Hadji-Lazaro en état de grâce compositionnel.
Grâce à son emblématique single, Dans la Salle du Bar Tabac de la Rue des Martyrs évidemment, l'album se vendra exceptionnellement bien pour une production indépendante (rappelons que François est encore le boss de son propre label Boucherie Productions), c'est mérité. 25 ans plus tard, déjà !,  Regards affligés sur la morne et pitoyable existence de Benjamin Tremblay, personnage falot mais ô combien attachant demeure un incontournable jalon du rock alternatif de chez nous, d'une nouvelle chanson qui n'a plus honte d'assumer son héritage hexagonal. Un triomphe, vous dis-je et une galette éminemment recommandée, tout simplement.

1. Écris-moi 2:53
2. Marie la rouquine 2:17
3. Une nuit 3:01
4. Le tourbillon 2:08
5. Y a l'aventure 1:38
6. Premières fois 1:35
7. Les lettres de l'autoroute 4:37
8. Dans la salle du bar-tabac de la rue des Martyrs 3:02
9. Sophie de Nantes 2:08
10. Éternel salaud 2:56
11. Chez Rascal et Ronan 3:13
12. Dans les prisons 2:03
13. Angèle 1:49
14. En bas, en haut 2:38
15. Le chaland 2:02
16. Un petit paradis 2:28
17. Paris le soir 2:51
18. Renaître 3:39

François Hadji-Lazaro - accordéon, banjo, basse, claviers, cornemuse, dobro, flûte traversière, guimbarde, guitares, harmonica, mandoline, piccolo, vielle, violon, violoncelle, voix
Riton Mitsouko - basse
Stefff - saxo baryton
Toto - trombone
&
Alain Wampas - contrebasse
Gepetto - saxos soprano, alto et basse, clarinette


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PORTISHEAD "Portishead" (1994)
Et hop !, quel trip !

Ce son ! Quel énorme choc quand, en 1994, un trio de Bristol balance sa musique à la fois absolument nouvelle mais, dans un même temps, totalement revivaliste. Un exercice d'équilibriste tout en grâce, et des chansons... Ha, ces chansons !
Nouveau, Dummy l'est, dans l'accaparation electro-sensuelle d'un héritage où l'on croise aussi bien John Barry qu'Henry Mancini ou qu'Ennio Morricone, et donc vintage il l'est aussi, dans les sources auxquelles il se réfère, rétro-moderniste dira t-on. Le reste, la magie qui fait d'un album un vrai phénomène de société, une référence sur laquelle se construisent de nombreuses autres carrières (de Morcheeba à Hooverphonic en passant par Neneh Cherry et j'en passe, ils se reconnaîtront), tient à l'équilibre entre les deux tendances, à la transformation réussie d'une vieille grammaire en rutilant nouveau style littéraire. Et à la qualité des chansons, évidemment !, onze merveilles de grâce ouatée avec le tube, l'énorme, implacable, impeccable tube, ce Glory Box si totalement inusable, si hors du temps qu'il continue d'hanter les ondes aujourd'hui sans paraître plus vieux d'un jour du moment de sa sortie.
Elle est là la magie de Portishead, avoir su marier un groove électronique délicat à une faconde compositionnelle d'un extrême classicisme, avoir su créer des ambiances où le rêve peut se muer à tout instant en cauchemar (parce que Dummy n'est pas que lumière, certainement pas !), réussir à communiquer une sensualité d'un autre monde par la voix magnifiquement habitée de Beth Gibbons, parfaite partenaire des arrangements précieux de Geoff Barrow et d'Adrian Utley en une intemporalité autant bienvenue que rarement aussi totale.
Dummy est un immense album, tout le monde le sait alors, si vous n'en avez pas eu l'occasion, emparez-vous de ce petit moment de l'Histoire de la Musique, vous ne le regretterez pas.

1. Mysterons 5:02
2. Sour Times 4:11
3. Strangers 3:55
4. It Could Be Sweet 4:16
5. Wandering Star 4:51
6. It's a Fire 3:48
7. Numb 3:54
8. Roads 5:02
9. Pedestal 3:39
10. Biscuit 5:01
11. Glory Box 5:06

Beth Gibbons - vocals, production
Geoff Barrow - drums, Rhodes piano, string arrangements, production, programming
Adrian Utley - guitar, bass guitar, theremin, hammond organ, string arrangements, production
&
Gary Baldwin – Hammond organ
Clive Deamer – drums
Andy Hague – trumpet
Dave McDonald - nose flute
Richard Newell – drum programming
Neil Solman – rhodes piano, hammond organ
Strings Unlimited – strings


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PRIDE & GLORY "Pride & Glory" (1994)
New Direction

Découvert par Ozzy Osbourne qu'il vient de quitter, Zakk Wylde n'a pas été long pour trouver sa nouvelle voix (et voie) comme on l'entend dans le premier et unique album de Pride & Glory, celle d'un aggro metal flirtant avec des racines rock, blues et country qui lui va, en vérité, merveilleusement au teint. Parce qu'ici, Zakk assume d'être un plouc et d'aimer ça, et ça s'entend parce que d'un Losin' Your Mind, sorte de country hard'n'heavy avec son petit banjo et sa lourde rythmique, à la country rigolarde de l'excellent Hate Your Guts final, c'est un Wylde audiblement content d'être là, si bien acccompagné (la section rythmique, composée du polyvalent bassiste James LoMenzo, ex-White Lion et futur Megadeth, tu parles d'un grand écart, et Brian Tichy qu'on aura remarqué chez Stevie Salas, Gilby Clarke ou Billy Idol, font l'excellent travail dont ces deux grand professionnels sont capables). Si bien accompagné qu'il se laisse même aller à des ambitions le rapprochant de Led Zeppelin (The Chosen One) ou à une ballade avec piano et cordes qu'il réussit d'ailleurs fort bien (Sweet Jesus). Parce que si Zakk a de bonnes chansons, une excellente maîtrise de son instrument évidemment, tout ça on le savait de son passage chez l'affreux de Birmimgham, il a aussi une bonne voix bien rocailleuse aussi apte à blueser, rocker, crooner que de faire s'activer les glandes lacrymales. Bref, si Pride & Glory s'arrêtera là, avant de quelque part renaître en Black Label Society, c'est bien d'un album de toute première bourre dont il s'agit, un album qu'on recommande chaudement au amateur de metal infusé roots.

1. Losin' Your Mind 5:28
2. Horse Called War 5:00
3. Shine On 6:44
4. Lovin' Woman 3:46
5. Harvester of Pain 5:06
6. The Chosen One 6:49
7. Sweet Jesus 3:48
8. Troubled Wine 5:39
9. Machine Gun Man 4:56
10. Cry Me a River 4:37
11. Toe'n the Line 5:19
12. Found a Friend 6:03
13. Fadin' Away 4:56
14. Hate Your Guts 4:36

Zakk Wylde – lead and backing vocals, guitars, piano, mandolin, banjo, harmonica
James LoMenzo – bass, backing vocals, double bass, twelve-string guitar on "Fadin' Away"
Brian Tichy – drums, percussion
&
Paul Buckmaster – musical arrangements on "The Chosen One", "Sweet Jesus", and "Fadin' Away"
Featuring the Seattle Symphony conducted by Paul Buckmaster


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PRINCE "Dirty Mind" (1980)
Prince and the (First) Revolution

S'il fallait décrire en quelques mots la transformation de Prince pour ce Dirty Mind ? Prince libéré, Prince déniaisé mais, surtout !, Prince à la pointe, Prince qui ose ! Parce qu'en se permettant une fusion funky qui en emprunte à la new wave (plus blanc, tu meurs !) et à la pop (on le sait, Prince, adore les Beatles auxquels il rendra d'ailleurs un hommage appuyé, quelques années plus tard, sur l'inégal Arount the World in a Day), le petit homme de Minneapolis tombe sur un mirifique filon. Du coup, il désale salement son écriture transformant l'aimable et assez standard chanteur soul/funk en implacable machine de guerre groovy et sexuée qui n'a peur de rien, pas même d'une androgynie, d'un doute plus qu'entièrement assumé, revendiqué. Provocation ? Sans doute un peu, mais quelle claque aussi ! Parce qu'en plus il a exactement les chansons qui vont bien, le bougre !, avec le funk robotique (merci Kraftwerk) d'un Dirty Mind d'ouverture, les atours new wave d'un glorieusement troussé When You Were Mine et même du vrai rock'n'roll sur le très réussi si beaucoup trop court Sister, ce sans oublier les plus "black moments" du moite Gotta Break Heart Again ou des très "shake your booty" Uptown et Partyup. Une collection d'anthologie, quoi, que, c'est à noter, Prince n'est pour la première fois pas le seul à enfanter avec les guests que sont les deux futurs The Revolution, Lisa Coleman et Doctor Fink, ce dernier étant même participé à la composition de la chanson-titre. Évidemment, Prince faisant le reste, soit presque tout, on reste encore près de ses habitudes débutantes mais, déjà, l'avenir semble se préparer. Et ça tombe bien parce que Dirty Mind c'était l'avenir en 1980, une fusion inédite qui fera florès et influencera chez les afro-américains comme chez les WASP, c'est dire l'astronomique portée du machin ! En fait, si vraiment vous m'y poussez, je ne vois qu'un défaut à cette troisième livraison, son extrême brièveté parce que, enfin, quand c'est aussi bon que ça, on en voudrait quand même plus que cette minuscule demie-heure. Sinon ? Obligatoire !

1. Dirty Mind 4:14
2. When You Were Mine 3:47
3. Do It All Night 3:42
4. Gotta Broken Heart Again 2:16
5. Uptown 5:32
6. Head 4:44
7. Sister 1:31
8. Partyup 4:24

Lisa Coleman – vocals on "Head"
Doctor Fink – synthesizer on "Dirty Mind" and "Head"
Prince – all other vocals and instruments


vendredi 19 mai 2017

O comme...

O! le beau grand huit ! O! La belle sélection ! Et tout ça pour vous, petits chanceux ! Alors n'attendez plus et picorez dans la sélection hebdomadaire et vous pousserez des Ah!, et vous pousserez des O! Enjoie.

O comme...
OCEAN "God's Clown" (1976)
70's Hard Rock d'chez nous !

Formé en 1974, séparé en 1983, auteur de 2 albums aussi stylistiquement distants que possible, l'un mariant le hard rock de Led Zeppelin et le rock progressif de Yes en 1977 (celui-ci, oui), l'autre se rapprochant d'AC/DC et de Trust en 1980 (l'éponyme), l'un en anglais, l'autre en français, il n'est pas étonnant que le destin d'Océan fut aussi contrarié les reléguant dans les oubliettes de l'histoire de la musique rock, internationale comme française d'ailleurs.
Présentement, misant tout sur une technique individuelle impeccable au profit d'alambiquées compositions, Océan produit un album qu'on aime à ressortir pour épater les potes qui, à tous les coups, restent comme deux ronds de flan devant cette musique fine et complexe, à la fois si totalement typique de son époque et si crédible qu'ils ne devinent que rarement, complexe d'infériorité typiquement hexagonal jouant, sa provenance. Parce que, quel album mes aïeux, quel album que ce God's Clown ! Dès l'introductif Sunny Day, une composition à tiroir où les deux figures de proue du groupe (le chanteur Robert Belmonte et le guitariste Georges Bodossian) s'y donnent à cœur-joie dans leurs domaines respectifs pour un résultat aussi attractif que satisfaisant, on est happé par le son, le style et la merveilleuse cohésion d'ensemble qui en ressort. Qui plus est, la face A enchainant les compositions sans la moindre pause, il est facile de n'y entendre qu'une longue symphonie psychédélico-progressivo-hard rockante nous entrainant, 20 minutes durant, dans les méandres d'un style qui n'appartient fondamentalement qu'à eux. Là ou c'est encore plus fort c'est que, en retournant la galette de cire noire, on tombe sur un haut-fait du même calibre, où guitares planantes, riffs incisifs, patterns rythmiques complexes, et la voix androgyne de Robert évidemment, nous amène dans des paysages aliens doucement déstabilisants. Sans trop savoir les circonstances de la création et de l'enregistrement d'une telle œuvre, on parierait bien que quelques substances psychotropes furent d'usage tant tout ceci sent le trip à plein nez.
Las, sans doute motivé par l'appât du gain et de la renommée, et le désir de sa maison de disque d'un retour sur investissement, Océan changera radicalement son fusil d'épaule, simplifiera à outrance son approche, pour un second album certes sympathique mais à mille lieues de l'originalité et de la classe de cet inaugural tour de force. Reste donc ce God's Clown, opus brillant, sauvage et libre qu'on prend le même plaisir à écouter maintenant que quatre décennies en arrière, quand il fut conçu et réalisé. Recommandé si vous arrivez à mettre la main dessus seul ou dans le coffret dédié au groupe sorti il y a quelques années.(...)

1. Sunny Day 7:43
2. Strange Rain 4:46
3. Love Is Blind 3:02
4. The Loneliness Of The Long Distance Runner 5:08
5. From Death To Life 4:01
6. Fields Of Pain 7:25
7. The Juggler 3:31
8. With The Sound I Can Escape 4:51

Robert Belmonte - vocals
Georges Bodossian - guitars
Noel Alberola - bass
Bernard Leroy - drums


O comme...
O'CONNOR, SINEAD "I Do Not Want What I Haven't Got" (1990)
Chauve qui peut !

I Do Not Whant What I Haven't Got (je ne veux pas ce que je n'ai pas, si ce n'est pas de la déclaration d'intention, ça !), est le second album de Sinéad O'Connor, celui de son explosion commerciale après un frémissant, violent et (relativement) expérimental The Lion & the Cobra. I Do Not Want What I Haven't Got est un sacré bon album.
Evidemment, il y a la locomotive, LE tube, une reprise (transcendée !) de The Family composée par Prince, ce désespéré Nothing Compares to U et le clip qui l'accompagne dont l'impact ne doit pas être négligé (la larme et toussa). Mais c'est l'ensemble de l'album qui épate de maturité, d'assurance, de talent aussi. Parce que Sinéad est beaucoup plus qu'une chanteuse lambda, multi-instrumentiste, compositrice, arrangeuse, productrice de sa propre musique également, c'est une artiste complète qui sait, qui plus est, s'entourer, en engageant les services de Nellee Hooper (Soul II Soul, Massive Attack, Björk, etc.) venu trip-hopper un peu le son de la présente galette, ou de Karl Wallinger (World Party, The Waterboys) assistant Sinead de son savoir-faire d'arrangeur. Mais c'est bel et bien Sinéad qui est la capitaine de son bateau même quand elle s'empare et transforme un morceau des obscures folkeux irlandais de Scullion, I Am Stretched on Your Grave qu'elle transcende aussi, d'ailleurs, en mode electro celte, il fallait oser. Le reste du matériau est original et n'a aucun mal à rivaliser avec les deux emprunts choisis. Parce que la dame a aussi un joli talent de plume et une belle inspiration mélodique comme directement démontré par un Feel So Different orchestral qui, certes, évoque Kate Bush mais a aussi sa propre voix, ou plus tard par le supra-efficace The Emperor's New Clothes (qui sonne un peu comme du Cranberries avant les Cranberries sans l'agaçante Dolores O'Riordan en plus !), les caresses folk de Black Boys on Mopeds, You Cause as Much Sorrow ou The Last Day of Our Acquaintance, un Jump in the River pas sans évoquer U2 dans son emphase "heroic rock", et bien sûr, habité par sa seule voix, I Do Not Want What I Haven't Got en subtil bouquet final.
Et comme pour une fois le talent fut récompensé, Sinéad se fit un nom, mondial ! Bien sûr, sa carrière a depuis connu des hauts et des bas, des polémiques un peu inutiles parfois (avec Sinatra, remember ?), elle reste cependant, et encore un peu plus sur le présent trésor, une artiste qu'on suit sachant qu'elle sera toujours capable de nous surprendre, et sur I Do Not Want What I Haven't Go, de nous ravir.

1. Feel So Different 6:47
2. I Am Stretched on Your Grave 5:33
3. Three Babies 4:47
4. The Emperor's New Clothes 5:16
5. Black Boys on Mopeds 3:53
6. Nothing Compares 2 U 5:10
7. Jump in the River 4:12
8. You Cause as Much Sorrow 5:04
9. The Last Day of Our Acquaintance 4:40
10. I Do Not Want What I Haven't Got 5:47

Sinéad O'Connor: vocals, acoustic and electric guitars, keyboards, percussion, drum programming, arranger, producer, string arrangements
Marco Pirroni: electric guitar
David Munday: acoustic guitar, piano
Andy Rourke: acoustic guitar, bass
Jah Wobble: bass
John Reynolds: drums
Steve Wickham: fiddle
Philip King: vocals, melody arrangement
Nick Ingman: conductor, orchestra director, string arrangements
Karl Wallinger: arranger


O comme...
ODETTA "Odetta Sings Dylan" (1965)
Hommage majeur

Attention, ceci est un album historique. Non seulement parce qu'il fut l'un des premiers, et le premier avec une réelle importance, hommage à Bob Dylan mais aussi parce qu'il représente une sorte de validation de l'excellence du songwriting d'une jeune pousse par une dame l'ayant précédé de presque 10 ans et ayant été, entres autres, l'une des influences déterminantes de sa débutante carrière.
Originaire de Birmimgham Alabama, Odetta (née Holmes, 1930-2008) a donc une dizaine d'années de carrière, quelques albums plutôt bien reçus ainsi que quelques apparitions sur le grand et le petit écran quand elle s'attaque au répertoire du jeune Bob, c'est donc une figure établie et respectée de la scène folk, blues et jazz. Militante infatigable des droits civils, révérée par Rosa Parks ou Martin Luther King, qui la surnomma la Reine de la Musique Folk Américaine, elle deviendra une référence pour quelques jeunes artistes plein d'avenir tels que Joan Baez, Janis Joplin, Mavis Staples ou, oui, évidemment !, Bob Dylan a qui elle renvoie présentement l'ascenseur. Bien sûr, tout ceci se produit avant la transformation électrique du Zim', quand il n'est encore vu que comme le plus bel héritier des Woody Guthrie, Pete Seeger et autres chantres d'un traditionalisme étatsunien progressiste, c'est donc un répertoire revu à minima, juste un peu plus hanté d'une gravité afro-américaine faisant la différence. Les chansons ? Vous les connaissez sans doute tous et il n'en sera que plus intéressant de comparer le blanc au noir, le juif récalcitrant au l'ébène libéré. Odetta y met toute sa passion, celle d'une voix à nulle autre pareille, forte et franche et habitée par le lourd héritage d'un passé de souffrances et s'y trouve bien entourée par trois sidemen intégralement dévoués à son entreprise relectrice.
Odetta Sings Dylan, tellement typique de son époque et de sa scène et donc un peu vieilli, patiné, reste, cinquante ans après sa sortie, une addition on ne peut plus recommandée à la collection de ceux qui aiment la musique roots américaine, et Bob Dylan, et Odetta évidemment !

1. Baby, I'm in the Mood for You 2:50
2. Long Ago, Far Away 2:50
3. Don't Think Twice, It's All Right 5:42
4. Tomorrow is a Long Time 6:20
5. Masters of War 6:18
6. Walkin' Down the Line 4:01
7. The Times They Are A-Changin' 4:39
8. With God on Our Side 5:13
9. Long Time Gone 3:44
10. Mr. Tambourine Man 10:44
Bonus
11. Blowin' in the Wind 4:11
12. Paths of Victory 2:24

Odetta – vocals, guitar
Bruce Langhorne – guitar, tambourine
Peter Childs – guitar
Les Grinage – bass


O comme...
OFFRE SPECIALE "Preum's" (1996)
Fun'n'Blues

En voilà un dont je suis sûr que vous n'avez jamais entendu parler, et pour cause !, il s'agit d'un album vendu sous souscription par un groupe francilien amateur, il fallait donc connaître l'un des membres du groupe (Octave, l'harmoniciste, en ce qui me concerne) pour avoir la chance de tomber dessus.
Au programme ? Du rock penchant vers le blues, le boogie et la rigolade, parce que ces garçons-là, qui, rappelons-le, ne sont qu'une bande d'amateurs enthousiastes, sont bien là pour s'amuser, mais s'amuser à faire de la bonne musique, sans autre intérêt que d'arriver à un produit fini qu'il n'auraient pas honte de présenter dans leurs concerts et à leur amis. Ca nous donne une douzaine de chansons pleine de bonne humeur et d'envie. Rien de bien exceptionnel, rien qui révolutionnera le monde de la musique, juste cinq potes appliqués à reproduire en studio des morceaux maintes fois répétés, maintes fois joués sur scène qu'ils possèdent donc totalement (ça s'entend). Mes préférées ? Les deux instrumentaux déjà, qui portent bien leurs titres d'ailleurs, Jour de Fête et Jogging mais aussi le rock franc et direct d'ouverture (Pour Séduire),  Sado Maso Boogie ses paroles et ses guitares et harmo bien gras, J'ai dit bon qui tabasse bien tout en laissant la paire de six-cordiste s'exprimer, La monnaie et son bon gros groove, ou Marre avec ses allures 60s bien troussées comme autant d'exemples qu'entre amateurisme éclairé et professionnalisme roué, il n'y a pas une si grande différence.
Voilà, cet unique album d'Offre Spéciale, qui changera ensuite de nom, de line-up et de direction, je vous l'offre en espérant que vous apprécierez autant que moi les exactions de ces franciliens pleins de sève et d'électricité sympatoche. Enjoie.

1. Pour séduire 3:01
2. Sado maso boogie 2:52
3. Tas de féraille 5:01
4. J'ai dit bon 4:32
5. Jour de fête 2:38
6. Belle 3:41
7. La monnaie 4:29
8. Trop dure 4:21
9. Jogging 3:45
10. Marre 3:20
11. Trente-huit tonnes 4:51
12. La poudre d'escampette 4:12
(pas d'extrait mais, faites moi confiance, vous ne le regretterez pas !)

Christian - chant, guitare
François - chant, guitare
Daniel - batterie
Philippe - basse
Octave - harmonica


O comme...
OGRE "The Last Neanderthal" (2014)
Bestial retour

Ogre is back, et ça fait un bien fou ! Ben oui, on était sans nouvelle du secret le mieux gardé du hard'n'heavy étasunien depuis leur excellent concept album de 2008, Plague of the Planet, suite auquel le groupe, sans doute usé par le peu de retentissement de leurs impeccables galettes passé un underground spécialisé, avait débranché les amplis, empaqueté le drumkit et fait ses adieux en bonne et due forme.
Mais donc Ogre is back, tudiou !, et la vraie surprise c'est qu'en vérité rien ne change, ni dans le style, ni dans la supérieure inspiration d'un trio encore jamais pris en faute de ce côté là. On retrouve donc avec bonheur un hard rock régressif métallisé à sauce Black Sabbath, un beau petit monstre qui, c'est acquis, n'invente rien mais sert avec une telle vérité, une telle conviction, son cocktail revivaliste qu'on y croit... Dur comme fer !
On y croit d'autant plus facilement que, passée une tonitruante introduction instrumentale, on entre dans le vif du sujet avec le costaud et très réussi Nine Princes in Amber, impeccable démonstration de lourdeur riffée et racée filant droit au but et ne faisant aucun prisonnier, guerrier, quoi, et accessoirement, morceau le plus frontalement rentre-dedans de l'album. Parce que la suite, sans jamais perdre les éléments distinctifs du style Ogre, est plus nuancée avec, notamment, une belle place laissée aux exactions six-cordées d'un Ross Markonish aussi à l'aise dans le troussage d'un riff que l'emballage d'un long solo trippé comme, par exemple, sur le baobab final, The Hermit et ses 11 minutes bien remplies. Le trio se permet même un petit instrumental tranquillou (White Plume Mountain) et la reprise d'un homonyme inconnu originaire des Etats-Unis et du cœur des 70s (Soulless Woman), en l'occurrence, deux respirations bienvenues dans leur implacable brouet en fusion.
Bref, si vous cherchiez un bon gros power trio traditionnaliste et inspiré pour vous ramoner les cages à miel à grands coups de saillies électriques échevelées, ne cherchez plus, Ogre est de retour et The Last Neanderthal répondra à toutes les attentes des amateurs du genre... Carrément !

1. Shadow Earth 0:46
2. Nine Princes in Amber 4:17
3. Bad Trip 8:16
4. Son of Sisyphus 7:20
5. Soulless Woman (Ogre cover) 5:16
6. Warpath 8:28
7. White Plume Mountain 2:20
8. The Hermit 11:00

Ed Cunningham - bass, vocals
Will Broadbent - drums, percussion
Ross Markonish - guitars, synths
&
The Moron Tallywhacker Choir (5)


O comme...
OLDFIELD, MIKE "Crises" (1983)
Crises, what crises?

De la révélation Tubular Bells au grand classique Ommadawn, il a connu bien des sommets, le taciturne grand-breton, il a régalé les masses progressives de poèmes instrumentaux expressionnistes où ses qualités de multi-instrumentiste, d'arrangeur maniaque et de compositeur toujours mélodique ont fait merveille. Oui, mais, il y a des creux dans l'œuvre et une décennie pas très reluisante, les 80s, comme pour beaucoup me direz-vous... Ha !, il n'est pas toujours facile d'être Mike Oldfield.
Mais avant la grande cagade (ça ira de mal en pis jusqu'à un insane Earth Moving empêtré dans une pop new-ageuse du plus nauséeux effet), et surnageant du marasme précédent, il y a Five Miles Out forcément mais aussi celui qui nous intéresse : Crises. Ho !, pas forcément pour son tube, le finalement agaçant une fois passée l'attrait d'une folk celtique popisée à outrance mais tout de même accrocheuse (Moonlight Shadow, bien sûr), mais bien pour sa portion instrumentale et symphonique, soit précisément là où on l'attendait, où il continue la tradition lancée avec son inaugural long-jeu à l'entêtante mélodie, le territoire où il peut le plus à son aise développer son goût d'une certaine préciosité musicale, d'une expérimentation dans l'harmonie. Très rêveuse, la longue pièce occupant la première face de la galette noire, Crises donc, est pour certain le pas de trop d'Oldfield dans la facilité, la muzak quasiment, j'y entends d'apaisantes vagues réminiscences des premiers pas de Mike mais enrichies d'une nouvelle curiosité pour les "Musiques du Monde". Et si la face 2 est largement constituée de chansons "pop" (le tube, oui, mais aussi un réussi In High Places avec Jon Anderson de Yes), il y a aussi un joyeux, rapide et entraînant instrumental, Taurus 3, pour relever la sauce, distraire le palais.
Un chef d'œuvre Crises ? Certes pas. Mais un vrai bon album avec une face supérieurement intéressante, à savoir la plus belle création instrumentale d'Oldfield avant un Amarok hélas un peu longuet en 1990, et une face pop plutôt meilleure que ce qui suivra dans les 3 albums à venir, le dernier sursaut d'une bête qui aurait dû suivre l'exemple de pas mal de ses collègues seventisants et hiberner ou, au moins, rester ancré dans son son habituel en n'essayant surtout pas de coller à la mode, deux idées qui ne viendront malheureusement pas à Mike avec les conséquences que l'on connaît. Mais pas ici, pas encore, ici, Oldfield a encore quelque chose à dire et comme d'habitude pour ce notoire taiseux, il ne le fait jamais mieux qu'en musique.

1. Crises 20:40
2. Moonlight Shadow 3:34
3. In High Places 3:33
4. Foreign Affair 3:53
5. Taurus 3 2:25
6. Shadow on the Wall 3:09

Mike Oldfield – guitars on all tracks except "Foreign Affair" (including Ovation Adamus electroacoustic guitar, Ramirez Spanish guitar & Manson acoustic guitar on "Taurus 3"); Fairlight CMI on all tracks except "Taurus 3"; Roland string synthesizer (probably the RS-202) on "Crises", "In High Places", "Foreign Affair" & "Shadow on the Wall", Oberheim OB-Xa synthesizer on "Crises" & "In High Places"; Farfisa organ & piano & Prophet 5 synthesizer on "Crises"; bass guitar on "Crises" & "Shadow on the Wall"; acoustic bass guitar on "Taurus 3"; harp on "Crises"; mandolin on "Crises" & "Taurus 3"; banjo on "Taurus 3" & "Shadow on the Wall"; Simmons electronic drums on "Crises"; bells & tambourine & shaker on "Taurus 3"; Oberheim DMX drum machine & Oberheim DSX digital polyphonic sequencer & Quantec Room Simulator reverb unit on "Crises"; vocals on "Crises".
&
Maggie Reilly – vocals on "Moonlight Shadow" & "Foreign Affair"
Jon Anderson – vocals on "In High Places"
Roger Chapman – vocals on "Shadow on the Wall"
Simon Phillips – acoustic Tama drums, co-production, special effects, shaker on "Foreign Affair" & "Taurus 3", finger-snaps & bells & tambourine & boots on "Taurus 3"
Ant (Anthony Glynne) – guitars on "Crises" & "Shadow on the Wall"
Rick Fenn – guitar on "Crises"
Phil Spalding – bass guitar on "Crises" & "Moonlight Shadow"
Pierre Moerlen – vibraphone on "In High Places"


O comme...
OSBOURNE, OZZY "The Ultimate Sin" (1986)
Ozz'FM

Tout juste sorti de désintox, toujours mené d'une poigne de fer dans un gant d'acier par son manager de femme, Sharon, toujours secondé par la pépite qu'il a dégotté quelques années plus tôt, Jake E. Lee, c'est un Ozzy Osbourne tout revigoré qui dépose un amour d'album de heavy metal mélodique :  The Ultimate Sin.
Mais Ultimate Sin est aussi l'album d'une victoire, celle d'un Jake E. Lee qui, spolié de ses crédits sur son précédent opus avec l'ex-Black Sabbath, Bark at the Moon, s'est cette fois imposé exigeant un contrat en bonne et due forme avant de dévoiler ce que lui-même et Bob Daisley (absent des enregistrements mais qui reviendra) ont concocté pour le retour en force d'un artiste en régulière perte de vitesse, même s'il reste un très très gros vendeur, depuis son très réussi premier opus, Blizzard of Ozz.
Ce que la doublette a concocté pour l'étêteur de chauve-souris ? Son album le plus immédiatement accrocheur, le plus radicalement ear-friendly aussi parce que, en substance, Ultimate Sin est un triomphe de pop metal avec même un vrai sommet dedans... Mais il y a d'abord deux singles glorieusement troussés, celui qui donne son titre à l'album, Ultimate Sin, un bon rocker bien carré, et Shot in the Dark, seule composition de l'album à ne pas être signée de Daisley et Lee mais du nouveau bassiste, Phil Soussan, et qui ressemble à s'y méprendre à un morceau du premier album d'Asia (ce refrain surtout !), la voix d'Ozzy et l'emballage plus heavy en sus pour un hard FM, osons !, de belle facture. Le reste est nettement plus traditionnellement proche du répertoire de l'Osbourne solo, en plus mélodique et accrocheur. Parce que d'un bien bâti Secret Loser, d'un rocker puissant et fédérateur tel que Never Know Why (we rock, rock, rock, reprennent-ils en chœur !), à un Lightning Strikes si typiquement Ozzy qu'on y croise une approximation du riff de Crazy Train, c'est de vrai bon boulot dont il s'agit même s'il manque la petite étincelle... Etincelle qui nous pète à la tronche des deux Himalaya de l'opus, d'abord le rocker passe partout Thank God for the Bomb boosté par un refrain tout bête mais extrêmement bien trouvé et interprété par un Ozzy tout en passion, et, le majestueux baobab, le morceau pour lequel l'album vaut d'être possédé, la très très réussie balade épique Killer of Giants où un vocaliste au sommet de sa forme habite passionnément un texte tout sauf idiot (sur la guerre froide qui bat alors son plein et fiche les miquettes à pas mal de monde) gracieusement déposé sur une musique digne du tout meilleur de la carrière solo du bonhomme. Fort.
Allez savoir pourquoi, après une aussi éclatante réussite, Jake E. Lee fut saqué de la plus cavalière des façons, par un simple télégramme ! L'histoire du contrat ? Sharon ne serait pas si mesquine, voyons... Toujours est-il qu'Ozzy mettra quelques années à faire presque aussi bien (No More Tears) sans, cependant, retrouver le charme si particulier de cet Ultimate Sin chaudement recommandé.

1. The Ultimate Sin 3:45
2. Secret Loser 4:08
3. Never Know Why 4:27
4. Thank God for the Bomb 3:53
5. Never 4:17
6. Lightning Strikes 5:16
7. Killer of Giants 5:41
8. Fool Like You 5:18
9. Shot in the Dark 4:16

Ozzy Osbourne – vocals
Jake E. Lee – guitar
Phil Soussan – bass
Randy Castillo – drums
&
Mike Moran – keyboards


O comme...
OSCAR PETERSON TRIO + CLARK TERRY "Oscar Peterson Trio + One" (1964)
Oscar winners

D'égal à égal, avec le diable de pianiste en face n'est pas une maigre performance, Clark Terry rencontrait Oscar Peterson pour un album qui demeure une des plus belles références des co-leaders de circonstance, diantre ! Album joueur et varie, + One démarre très fort avec une entêtante et entraînante ritournelle, Brotherhood of Man, où les deux compères se renvoient joyeusement la balle sur l'impeccable rythmique de Ray Brown et Ed Thigpen, épatant ! Epatant comme le reste d'une galette qui de d'émotionels blues (Jim, I Want a Little Girl), d'autres nettement plus rythmés et joyeux (Blues for Smedley, Squeaky's Blues et, évidemment le foutraque Incoherent Blues signé Terry), de belles pièces de jazz classique comme Oscar savait si bien les faire (le groovy Roundalay, le caressant They Didn't Believe Me) à de purs exercices de fun (le Mumbles de Terry encore, ou l'homme scat comme un grand, la reprise de Mack the Knife glorieusement troussée), c'est un festival de tous les instants qui s'offre à l'amateur de jazz mélodique et imaginatif, classique mais encore totalement frais. Oscar nous a quitté en 2007, Clark en 2015, ces deux géants jouent encore pour vous, sur cet excellent cru de 1964, ne manquez pas l'aubaine !

1. Brotherhood of Man 3:32
2. Jim 3:01
3. Blues for Smedley 6:56
4. Roundalay 3:55
5. Mumbles 2:01
6. Mack the Knife 5:16
7. They Didn't Believe Me 4:21
8. Squeaky's Blues 3:28
9. I Want a Little Girl 5:10
10. Incoherent Blues 2:42

Clark Terry – trumpet, flugelhorn, vocal
Oscar Peterson – piano
Ray Brown – double bass
Ed Thigpen – drums


samedi 13 mai 2017

N comme...

On a eu trop de "N" dernièrement, non, vous ne trouvez-pas ? Aussi a-je décidé de ne pas trop en proposer cette fois, sauf alphabétiquement puisque telle est la jeu de la série. Et à part ça ? Enjoie !

N comme...
NAZARETH "The Naz Box" (2011) 
Pas si Naz !

Et s'il était temps de réévaluer le statut de Nazareth, courageuse, terrienne et travailleuse formation de Hard Rock from Scotland à la belle consistance discographique ?
A l'instar d'Atomic Rooster, de Foghat, d'Uriah Heep, de Budgie (et j'en passe), Nazareth n'a que très épisodiquement connu le succès qu'il méritait et ne reste gravé dans l'inconscient collectif quasiment que pour sa power-ballad et mégatube, Love Hurts. Pourtant, comme le prouve ce généreux et bien foutu coffret, le répertoire de la formation mérite plus que l'anonymat où il se trouve plongé. Découpé en 3 parties (et quatre CDs), la sélection offre une introduction compréhensive et intelligemment agencée (même si incomplète vu l'impressionnante discographie de Nazareth).
Les deux premiers disques se concentrent sur la carrière studio de la formation. Aucun album n'ayant été remisé (sauf le très moyen The Fool Circle de 1981 et ce qui suit la date de parution du coffret, évidemment), on y entend l'évolution du groupe et son adaptation aux changements ébranlant la scène rock. Solides et inspirés dans les 70s, un peu moins intéressants dans les 80s (comme beaucoup de leurs collègues), remontant progressivement la pente depuis, ils finiront par retrouver des couleurs et sortir deux belles galettes dans ce nouveau millénium. Le troisième et la moitié du 4ème CDs sont constitués d'archives live de la BBC datant de 1972 à 1977 permettant d'apprécier le groupe au sommet de sa gloire scénique dans des captations de belle qualité. Et Comme il en faut toujours un peu dans ce genre d'exercice, quelques raretés viennent compléter la tracklist et sont autant de petits plus, pas forcément essentiels mais majoritairement bien sympathiques, que l'auditeur appréciera. Ajoutons que tous ces enregistrements ont été dûment remasterisés pour que la fête soit plus belle.
Alors évidemment, Nazareth n'a jamais rien révolutionné (ni prétendu le faire d'ailleurs) et certains titres ici présents sentent un peu la naphtaline, pas forcément les plus anciens d'ailleurs. Reste que cette formation, trop peu souvent évoquée, demeure une des rares à n'avoir jamais baissé la garde, rendu les armes, sûre qu'elle était de son destin. S'il en était besoin, ce coffret démontre qu'ils avaient bien raison.

CD 1
Studio 1971-1978
1. Dear John 3:47
2. Friends (B-side) 3:40
3. Woke U p This Morning 3:12
4. If You See My Baby (single) 3:00
5. Razamanaz 3:50
6. Bad Bad Boy 3:58
7. Broken Down Angel 3:45
8. Go Down Fighting 3:06
9. This Flight Tonight 3:24
10. Shanghai d in Shanghai 3:44
11. Loved and Lost 5:12
12. Hair of the Dog 4:11
13. Love Hurts 3:53
14. My White Bicycle 3:26
15. Vancouver Shakedown 4:05
16. I Want To Do Everything For You 4:19
17. Expect No Mercy 3:26
18. Place In Your Heart 3:00
19. New York Broken Toy 3:36
20. Star 4:54

CD 2
Studio 1977-2011
1. May The Sunshine (single mix) 3:31
2. Holiday 3:37
3. Hearts Grown Cold 4:14
4. Every Young Man s Dream 3:17
5. Crazy (A Suitable Case For Treatment) 3:25
6. Boys In the Band 3:05
7. Dream On 3:26
8. Whippin Boy 4:42
9. Where Are You Now 3:55
10. Sweetheart Tree 3:02
11. Cinema 4:43
12. Hit the Fan 3:37
13. Piece Of My Heart 4:26
14. Hire and Fire 5:12
15. Every Time It Rains 4:12
16. Cry Wolf 4:14
17. Cant' Shake Those Shakes 3:22
18. Light Comes Down 3:29
19. Day At the Beach 4:56
20. Big Dogz Gonna Howl 4:00

CD 3
1972-1976
1. Turn On Your Receiver (Bob Harris jingle) 1:11
BBC live tracks
2. Called Her Name 4:31
3. Country Girl 4:19
4. Black Hearted Woman 9:59
5. Goin Down 4:29
6. Alactaraz 4:56
7. Vigilante Man 4:51
8. Ruby Baby 4:41
9. Woke Up This Morning/Boogie 9:46
10. Changing Times 6:12
11. Honky Tonk Downstairs 4:07
12. What You Gonna Do About It 5:09
13. You Got Me Hummin 4:22
14. Guilty 4:14

CD 4
BBC live tracks
1. Telegram 5:59
2. Night Woman 7:32
3. Born To Love 4:35
4. Gone Dead Train 3:59
5. Kentucky Fried Blues 4:05
6. Teenage Nervous Breakdown 3:40
Previously unreleased tracks
7. Paper Sun 5:22
8. Storm Warning 3:48
9. Mexico (demo) 2:45
Outtakes from Sound Elixir
10. Laid To Wasted 3:42
11. Read the Book 3:22
12. SOS 4:11
Outtakes from Snakes N Ladders
13. Sunshine Of Your Love 4:41
14. See You See Me 4:35
15. Heatwave 2:32

Chant: Dan McCafferty (1968-2013)
Basse: Pete Agnew (1968-present)
Guitare: Manny Charlton (1968-1990), Zal Cleminson (1978-1980), Billy Rankin (1981-1983, 1990-1994), Jimmy Murrison (1994-present)
Batterie: Darrell Sweet (1968-1999; décédé), Lee Agnew (1999-present)
Claviers: John Locke (1980-1982; décédé), Ronnie Leahy (1994-2002)


N comme...
NEARLY GOD "Nearly God" (1996)
Down and Up

Nearly God est le second album qui ne veut pas dire son nom d'un ex-Massive Attack, Tricky, présentement à son plus étouffant, claustrophobe même. Et un sacré contre pied au Maxinquaye qui l'avait vu se faire un nom dans un trip-hop qui a le vent en poupe prouvant qu'Adrian Thaws, son vrai nom, a d'autres envies musicales et une autre ambition que d'être un artiste fédérateur, vendeur. Dans les faits, albums de démos selon son auteur et collection polyphonique passionnante pour l'auditeur, Nearly God n'est pas l'album le plus confortable qui soit. C'est évident dès un Tattoo qui, reprise ô combien ré-imaginée d'un titre de Siouxsie and the Banshees, sur le papier, réunit tous les prérequis du Trip-Hop, beat dub-voisin, cordes éthérées, voix parlée/rappée aucunement agressive, mais s'avère un étouffant petit machin qui vous prend aux tripes pour ne plus vous lâcher et établit, d'un même élan, la feuille de route d'un album tout sauf putassier. De fait, la suite est à l'avenant et dépasse même souvent ce coup de semonce originel particulièrement quand Tricky invite d'autres vocalistes à enrichir ses névroses (Björk et Terry Hall sur deux titres chacun, la bonne copine Martina Topley Bird sur quatre mais aussi Neneh Cherry et Alison Moyet sur une piste chacune).  Et donc, entre état de grâce maladif (Poems, Black Coffee, I Sing for You), ambiance ouvertement dépressives (I Be the Prophet) et éclairs de lumières salvateurs (un peu partout et c'est très bien comme ça) Tricky fait beaucoup plus que d'asseoir sa domination sur un genre, il s'ouvre à de nouveaux possibles et emmène avec lui un auditoire qui, up d'être tenu si down, se délecte d'un exercice d'équilibriste aussi savant que réussi. Nearly God ? C'est peut-être encore, 20 ans après sa surprenante apparition, le plus beau moment de la carrière d'un artiste qui n'en manque pourtant pas, et un opus chaudement recommandé donc, comme vous l'aurez compris.

1. Tattoo 5:31
2. Poems 6:54
3. Together Now 3:10
4. Keep Your Mouth Shut 6:02
5. I Be the Prophet 4:55
6. Make a Change 6:01
7. Black Coffee 4:50
8. Bubbles 3:26
9. I Sing for You 6:21
10. Yoga 4:33

Producer – Tricky
Vocals – Bjork (tracks: 4, 10), Martina Topley Bird (tracks: 2, 5, 7), Terry Hall (tracks: 2, 8), Tricky (tracks: 1 to 5, 7, 8, 10), Neneh Cherry (3), Alison Moyet (6), Cath Coffey (9), Dedi Madden (9)
Songwriting – Bjork (tracks: 4, 10), Terry Hall (tracks: 2, 8), Tricky (tracks: 2 to 6, 8 to 10)


N comme...
NELSON, OLIVER "The Blues and the Abstract Truth" (1961)
Elémentaire, mon cher Nelson !

La richesse du catalogue du légendaire label de jazz Impulse! n'est plus à démontrer. De Mingus à Pharoah Sanders, d'Archie Shepp aux Coltranes (Alice et John) et à tous ceux que j'oublie, tous ont contribué à faire de ce label une des sources favorites de l'amateur de jazz "qui cherche". Il est cependant un artiste, et un album, qu'on a trop souvent tendance à négliger: The Blues and the Abstract Truth du saxophoniste/arrangeur Oliver Nelson.
Et pourtant, quelle merveille d'album ! Et quel line-up aussi ! D'ailleurs, je vous laisse vous référer plus bas, les noms parlent d'eux-mêmes. Et donc, The Blues and the Abstract Truth, sorti chez Impulse! en 1961 et mis en son par un des producteurs maison, Creed Taylor est un gargantuesque festin !
Rien que de très normal vu le prestigieux casting, me direz-vous (ou pas d'ailleurs, vous faites ce que vous voulez, ça ne regarde que vous mais, pour l'exemple, faisons comme si vous me le disiez. Merci et désolé de ce long intermède...). Oui et non parce que, sans Mr. Oliver Nelson à la baguette, nous n'aurions probablement pas eu ce jazz ludique et échevelé qui sait onduler entre classicisme et fine expérimentation tout en restant admirablement mélodique.
Sachant que ces sessions sont, comme c'était presque toujours le cas à l'époque, du live en studio. On se doute alors que les arrangements, attribués au leader de la formation donc, ont dû être finement calibrés et que les répétitions, en vue de l'enregistrement, n'on pu être que studieuse.
Et je tire donc mon chapeau à Oliver Nelson, nom trop souvent et injustement confiné dans un semi-oubli ou dans un semi-culte (selon qu'on ait, ou pas déjà entendu son album culte), pour avoir réussi ici une œuvre de très haute tenue tout en demeurant étonnamment accessible.
C'est donc, à mon humble avis, un de ces albums essentiels à qui à encore du mal à franchir la limite entre ce que le jazz propose de plus mélodique et les répertoires, au hasard, d'Ornette Coleman ou de John Coltrane. Un pont vers un monde meilleur... Un immanquable !

1. Stolen Moments 8:46
2. Hoe-Down 4:43
3. Cascades 5:32
4. Yearnin' 6:24
5. Butch and Butch 4:35
6. Teenie's Blues 6:33

Oliver Nelson – alto saxophone, tenor saxophone
Eric Dolphy – flute, alto saxophone
George Barrow – baritone saxophone
Freddie Hubbard – trumpet
Bill Evans – piano
Paul Chambers – bass
Roy Haynes – drums


N comme...
NICKS, STEVIE "In your dreams" (2011)
Nicks en Rêve

Quand la moitié mâle d'Eurythmics s'occupe de la destiné de la voix de Fleetwood Mac deuxième période, ça donne In Your Dreams, septième album solo de Stevie Nicks, et c'est plutôt pas mal du tout.
Sans doute le fait que l'album sonne beaucoup comme du Fleetwood Mac avec Stevie, avec une chanson récupérée dans un lointain passé (Secret Love) et même la présence de Lindsey Buckingham sur une autre (Soldier's Angel), soit quelque part entre folk, pop et soft rock, contribue-t-il largement à sa réussite. Peut-être aussi parce que Dave Stewart a su parfaitement tisser une toile qui sied si bien à la personnalité vocale de la dame, et cosigner 7 des 13 compositions avec elle prouvant qu'il est, avant tout, un très apte caméléon musical en plus d'un excellent metteur en son. Surtout parce que l'ensemble, d'une rare cohérence est, donc, la plus proche version de son groupe historique de toute sa carrière solo, et coule comme un long et majestueux fleuve dans un paysage luxuriant, et conséquemment flatte l'oreille plus qu'aucune autre de ses apparitions solitaires.
Alors certes, les mauvais esprits iront taxer tout ceci d'hautement dérivatif (ce qui n'est pas tout à fait faux) mais, pour toutes ces raisons, si vous appréciez Stevie et Fleetwood Mac, il vous est recommandé de vous précipiter sur cet In Your Dreams qui porte si bien son titre et vous comblera... Au-delà de vos rêves les plus fous. En un mot comme en mille, une réussite.

1. Secret Love 3:15
2. For What It's Worth 4:32
3. In Your Dreams 3:58
4. Wide Sargasso Sea 5:36
5. New Orleans 5:34
6. Moonlight (A Vampire's Dream) 5:26
7. Annabel Lee 5:58
8. Soldier's Angel 5:16
9. Everybody Loves You 5:16
10. Ghosts Are Gone 6:06
11. You May Be The One 5:26
12. Italian Summer 4:38
13. Cheaper Than Free 3:38

Stevie Nicks - vocal, keyboards, percussion
David Stewart - guitar, production, vocals
Ned Douglas - keyboards and programming
Ricky Peterson, Mike Rojas - Hammond organ, piano
Zac Rae - Hammond organ
Mike Rowe - keyboards, Hammond organ
Glen Ballard - guitars, keyboards and piano
Lindsey Buckingham - guitars, vocal
Tom Bukovac, Rob Cavallo, Neale Heywood, Waddy Wachtel - guitars
Greg Leisz - mandolin
Mike Campbell - electric, acoustic and lap steel guitars, bass, keyboards, drums, percussion
Mike Bradford, Simon Smith, Michael Rhodes - bass
Al Ortiz - electric, acoustic and bass guitars
Chad Cromwell, Steve Ferrone, Mick Fleetwood, Blair Sinta - drums
Scott Campbell - drum programming and additional percussion
Lenny Castro, Mike Fasano - percussion
Sharon Celani, Lori Nicks - backing vocals
Ann Marie Calhoun, Torrey DeVitto - violins


N comme...
NIRVANA "Bleach" (1989)
Au commencement...

Si Nevermind sera l'explosion commerciale et l'affirmation d'une nouvelle scène destinée à "tuer" ces années 80 sur-gonflées au fric et à la frime, c'est bel et bien avec Bleach, sur le label chez qui tout commença, Sub Pop, que la toute la première banderille est plantée, peut-être la toute meilleure création du Nirvana de Kurt Cobain... Parce que si Nevermind est l'impressionnante machine à charts que nous connaissons, un album qui doit beaucoup à la cohérence que lui a insufflé son producteur, le futur Garbage Butch Vig, c'est bien sur Bleach que toute la sève, toute la substance d'un trio revenant aux fondamentaux d'un (punk) rock qu'on a trop domestiqué et qui retrouve, de fait, toutes les griffes nécessaires à une juste excitation post-adolescente, mais pas illettrée pour autant. Parce qu'il est indéniable que ces trois-là, leur leader et principal compositeur en particulier, Kurt Cobain bien sûr, on une vraie culture de la musique qu'ils revisitent, une musique qui a beaucoup à voir avec certains Stooges, certains MC5 et même, moins loin d'eux que ça, d'Hüsker Dü et de Sonic Youth. Et donc présentement, sans Dave Grohl qui arrivera plus tard, sous la direction du légendaire Jack Endino, Nirvana balance sa première salve de bombes électriques avec, en ouverture typique (tout Nirvana y est ou presque) un Blew triste et colérique particulièrement bien senti bientôt suivi d'un Floyd the Barber qui doit beaucoup aux Melvins (une influence assumée de Kurt), d'un About a Girl qui montre que ces gars-là s'y entendent aussi pour pondre de la petite chanson pop désabusée, d'une reprise de Shocking Blue énergétiquement exécutée (l'orientalisant Love Buzz), d'un Negative Creep hautement colérique et du coup très impressionnant de rageuse dépression, d'un Sifting rampant, lourd et menaçant, ou d'un Big Cheese, seule composition partagée par Cobain avec son bassiste, Krist Novolesic, bruyant, maladif et pourtant distrayant... Et le reste n'est pas non plus, aussi ! Parce qu'il est indiscipliné, cru, direct, et d'une sincérité qu'il est impossible de contester, parce qu'il n'est pas de ceux qui brossent l'auditeur dans le sens du poil mais pas plus de ceux qui le violentent avec un plaisir sadique, parce qu'il est un des détonateurs d'une résurgence rock primale nécessaire, Bleach est un immanquable, tout simplement.

1. Blew 2:55
2. Floyd the Barber 2:18
3. About a Girl 2:48
4. School 2:42
5. Love Buzz 3:35
6. Paper Cuts 4:06
7. Negative Creep 2:56
8. Scoff 4:10
9. Swap Meet 3:03
10. Mr. Moustache 3:24
11. Sifting 5:22
12. Big Cheese 3:42
13. Downer 1:43

Kurt Cobain - vocals, guitar (20/02/1967-05/04/1994)
Krist Novoselic - bass
Chad Channing - drums
&
Dale Crover - drums on "Floyd the Barber", "Paper Cuts", and "Downer"


N comme...
NLF3 TRIO "Music For 'Que Viva Mexico!'" (2006)
Futur antérieur

C'est sur les cendres des excellents Prohibition (écoutez donc 14 Ups and Downs de 1998 si vous ne me croyez pas), avec seulement un membre évanoui dans la nature, Quentin Rollet, que se forme ce NLF3 Trio (ou NLF3 tout court) groupe de musique expérimentale accessible, entre post rock et musiques électroniques, qui tente sur son troisième long-jeu le pari de créer une nouvelle bande son au méconnu et inachevé Que Viva Mexico! (dont une version sortira finalement en 1979) de Sergueï Eisenstein, un triomphe ceci dit en passant.
Concrètement, le projet remonte à 2004 quand, à l'initiative de la Fondation Cartier qui commissionna le projet, eut lieu une série de ciné-concerts où le trio interpréta sa musique sur les images d'un maître russe, le Cuirassé Potemkine c'est lui !, parti tester ses capacités à Hollywood. Musicalement, il y a l'évidente influence du légendaire Ennio Morricone (influence d'ailleurs totalement assumée par le groupe) mais aussi celles du jazz ou de l'ambient sans que ça n'en soit jamais vraiment. A partir de là, comme c'est d'ailleurs toujours le cas des musiques de films, on peut légitimement se poser la question de savoir si la musique, conçue comme une illustration sonore d'images absentes de la version audio peut se suffire à elle-même. Présentement, la réponse est un franc et massif oui. Franc et massif parce que la musique du trio, expressive autant qu'expressionniste, sait véhiculer de belles émotions à l'auditeur même privée de ses images qui bougent. Il n'y a pourtant rien de fondamentalement nouveau dans le cocktail rétro-moderniste élaboré par le trio, de petites mélodies entêtantes, d'autres plus éthérées, une instrumentation navigant entre les époques, les continents aussi (il y a forcément quelques échos latinos dans cette musique, vu le thème impossible de faire autrement) le tout passé au filtre post-rockant de musiciens aussi polyvalents que doués, pas exactement des prodiges de technique (quoique...) mais sachant texturer leur musique de moult instruments donnant une ampleur, une richesse assez inouïe à leur création.
Le mieux sera évidemment, parce que ce genre de musique se vit plus qu'elle ne se décrit, de se confronter à la chose et d'ainsi apprécier le talent de messieurs Laureau frères et Morillon parce que NLF3 est un secret trop bien gardé qu'on n'a de cesse de recommander aux amateurs de musique instrumentale de qualité très supérieure.

1. Tema principal 3:30
2. Prologo (el entierro del trabajador) 3:06
3. Sandunga 2:34
4. La boda 2:54
5. Abundio y concepcion 2:28
6. Las campanas 3:34
7. La fiesta terrible 4:38
8. La corrida 4:23
9. Bourgeoisie 1:00
10. Maguey 3:26
11. Adversidad 2:49
12. Tension en la camara lenta 3:15
13. Martires en la tierra 6:15
14. La soldadera 2:02
15. Epilogo 4:46

Nicolas Laureau - Fender Rhodes, guitars, synthesizers, glokenspiel, piano, microkorg, Theremin, melodica, dulcimer, bows, violin, ukulele
Fabrice Laureau - bass, voice, percussion, microkorg, casiotone, ukulele, guitars, drum machine
Ludovic Morillon - acoustic guitar, drums, bontempi, percussion


N comme...
NO DOUBT "Tragic Kingdom" (1995)
Le ver est dans le fruit

Y en a qui vous diront que c'est de la musique pour adolescents à l'esgourde encore mal dégrossie ou, pire, pour adolescentes en recherche d'un illusoire modèle en la personne de la charmante Gwen Stefani, Tragic Kingdom, premier album chez une major des ska-punk-poppeux de No Doubt est, avant tout, une galette fraiche et dynamique, efficace et distrayante comme on en a, plus souvent qu'on le croit, besoin.
Enfin, ça c'est si on se contente du son parce que, comme l'exprime la pochette, le ver est souvent dans le fruit et les thèmes abordés un peu moins légers que ne le laisserait paraître la sautillante décharge mélodique. Concrètement, c'est 3ème album du groupe, celui où, avec un peu de compromission radiophonique, il booste son ska-punk d'atmosphères pop et new-waveuse qui lui vont parfaitement au teint. C'est aussi un album riche en tubes (Just a Girl pour la bonne humeur, Don't Speak pour le cœur brisé, Spiderwebs pour danser Jamaica style ou presque, Excuse Me Mr. pour un pogo soft) entourés d'excellentes chansons (le groovy Different People, le classic rock The Climb, le ska-punk entraînant Sixteen, ou le ska-rock qui le suit immédiatement, Sunday Morning, et même un discoïde You Can Do It taillé pour le dance-floor) qui donnent, au final, une tracklist d'une rare consistance. Evidemment, la star incontestable de la galette est Gwen Stefani et sa voix immédiatement reconnaissable mais, vraiment, la partie offerte par des musiciens talentueux mérite d'être explorée avec un peu plus d'attention que pour la moyenne des albums du genre.
Et dire que l'album a 20 ans, et pas une ride ! On appelle ça un classique, non ? Alors laissez vos préjugés de côté et plongez dans la musique d'un No Doubt sachant faire dans le festif sans perdre toute substance.

1. Spiderwebs 4:28
2. Excuse Me Mr. 3:04
3. Just a Girl 3:29
4. Happy Now? 3:43
5. Different People 4:34
6. Hey You! 3:34
7. The Climb 6:37
8. Sixteen 3:21
9. Sunday Morning 4:33
10. Don't Speak 4:23
11. You Can Do It 4:13
12. World Go 'Round 4:09
13. End It on This 3:45
14. Tragic Kingdom 5:31

Gwen Stefani – vocals
Tom Dumont – guitar
Tony Kanal – bass
Adrian Young – drums, percussion
Eric Stefani – keyboards, piano
Phil Jordan – trumpet
&
Bill Bergman – saxophone (11, 12)
Gerard Boisse – saxophone (5, 7, 14)
Stephen Bradley – keyboards, trumpet
Aloke Dasgupta – sitar (6)
Melissa Hasin – cello (8, 10)
Nick Lane – trombone (11, 12)
Les Lovitt – trumpet (11, 12)
Gabrial McNair – additional percussion, trombone
Stephen Perkins – steel drums (1)
Greg Smith – baritone saxophone (11, 12)
Matthew Wilder – additional keyboards (3, 6)