samedi 28 février 2015

Les Extases Tardives

Si les quatre albums qui suivent constituent, pour le moment, la fin de carrière de XTC, ils n'en sont pas moins parmi les plus décisives pages de leur carrière, pour trois d'entre eux au moins, et une ultime preuve de l'excellence de cette formation. Revue d'effectif.

De TouTeS LeS CouLeuRS

XTC "Oranges and Lemons" (1989)
ou "Perfect Pop Beauty"

Trois ans après le décisif Skylarking, deux après le second intermède psychédélique des Dukes of Stratosphear, XTC, toujours en trio, toujours concentré sur ses travaux studio depuis leur retraite scénique, revient avec un album qui, dès sa pochette, explicite la tendance pop multicolore prise par la meilleure descendance des Beatles, ce n'est pas rien.
Commençons par évacuer la critique principale qui fut faite à l'album, oui, contrairement à Skylarking, ce n'est pas une œuvre d'une folle cohésion artistique, plus une collection de chansons mais, quelles chansons ! Parce qu'en cette fin des années 80, XTC, Andy Partridge, leur principal compositeur, en tête, semble directement téter le sein d'Euterpe, celui là même auquel les quatre garçons dans le vent précités mais aussi leurs directs concurrents américains, vous savez, les Garçons de Plage, biberonnèrent à leurs plus belles heures, oui, carrément !
En chansons, ça donne 15 adorables vignettes pop multicolores convoquant le meilleur et le plus malin d'un genre qui, s'il a fini par se mordre la queue, se présente dans sa plus entière plénitude. Et des favorites parce qu'il faut bien : Garden of Earthly Delights un brin psychédélique et orientalisant, The Mayor of Simpleton, simple et addictif, King for a Day, qu'on chante longtemps sous la douche, dans la rue après l'avoir dégusté (merci Colin Moulding dont c'est une des trois créations), Here Comes President Kill Again dont on apprécie le petit gimmick cuivré et l'intelligence textuelle, The Loving, hymne à l'amour post-hippie, le All You Need Is Love des finissantes années 80, Scrarecrow People, une chanson bio, tiens donc, Pink Thing, chanson pénienne et onaniste de référence au délicieux petit solo jazzy, Chalkhills and Children à l'élégiaque splendeur en rêveuse conclusion... Mais ce ne sont que quelques exemples parce que, honnêtement, même en cherchant vraiment vraiment bien, on ne trouve pas ici la moindre faille, la moindre chanson qui, prise individuellement, n'atteigne pas son but et qui, dans un ensemble "perfect pop", n'apporte pas sa petite pierre respective à ce majestueux mur du son si finement composé, arrangé et produit.
Oranges and Lemons ? Un triomphe pour XTC et pour la pop music, indispensable, tout simplement.

1. Garden of Earthly Delights 5:02
2. The Mayor of Simpleton 3:58
3. King for a Day 3:35
4. Here Comes President Kill Again 3:33
5. The Loving 4:11
6. Poor Skeleton Steps Out 3:27
7. One of the Millions 4:42
8. Scarecrow People 4:12
9. Merely a Man 3:26
10. Cynical Days 3:17
11. Across This Antheap 4:49
12. Hold Me My Daddy 3:47
13. Pink Thing 3:48
14. Miniature Sun 3:49
15. Chalkhills and Children 4:59

Colin Moulding – vocals, bass
Andy Partridge – guitar, vocals
Dave Gregory – guitars, vocals, keyboards
&
Pat Mastelotto – drums
Mark Isham – horns
Paul Fox – keyboards
Franne Golde – backing vocals

Andy Partridge

CHâTeau De SoNS
XTC "Nonsuch" (1992)
ou "Un château dans les Etoiles"

Oranges and Lemons avait été un triomphe de pop fine et intelligente, c'est dire si la pression était intense sur les épaules des trois membres de XTC quand vint le temps de lui donner un successeur... Et puis Nonsuch, et le choc dont nous, amateur du genre, ne nous sommes toujours pas remis.
Parce que là où son prédécesseur n'affichait qu'une tracklist de qualité (très) supérieure, c'était le seul petit défaut qu'on pouvait d'ailleurs y trouver, Nonsuch y ajoute une cohérence d'ensemble qui offre une satisfaction encore plus intense et une longueur en tête indéniablement décisive, un panorama si absolument immanquable. Si on rentre dans le détail, il est d'abord impossible de ne pas évoquer le titre, hommage au label Nonesuch, une excellente maison connue non pour ses artistes pop mais pour sa continuelle volonté de recherche de talents hors-norme qu'ils appartiennent à la sphère des singer/songwriters, de la world music, du jazz ou de la musique contemporaine, à moins qu'il ne s'agisse d'une clin d'œil à la dernière chanson de leur précédent album, Chalkhills and Children ((I'm skating over thin ice, while some nonesuch net holds me aloft) qui annonçait le caractère "chamber pop" ici pleinement développé ou, encore, au palais Tudor du même nom à la si grandiloquente et impressionnante architecture. Quoiqu'il en soit, un choix d'appellation tout sauf innocent pour un album affichant fièrement une pop music d'exception. Et une tracklist parfaite où, une fois encore, une habitude depuis l'exceptionnel Skylarking, le trio, Andy Partridge auteur de 13 des 17 titres proposés (les quatre autres pour Colin Moulding en très utile complément créatif) combine mélodie, grâce et intelligence comme seuls les plus beaux fleurons du genres surent précédemment le faire. Des exemples ? The Ballad of Peter Pumpkinhead parfaite ouverture au dynamisme communicatif, My Bird Performs (de Colin) tout en nuance magnifié par une maline trompette, Humble Daisy aux charmes surannés et délicats si addictifs, The Smartest Monkeys (Colin itou) pop song évolutionniste parfaite, The Disappointed en single qui vient si immédiatement se loger dans l'occiput de l'auditeur, Rook aux arrangements virant vers la musique classique contemporaine et le faisant si bien, Omnibus au groove si étonnant, presque africanisant ou latinisant, et à la promeneuse trompette si bien vue, War Dance (Colin encore !) si anglais et réussi, Wrapped in Grey à la nostalgie si accueillante et aux cordes délicates, et, évidemment, le délicat et si sensé final Books Are Burning. Et comme le reste est du même divin tonneau, que l'album est, qui plus est, si parfaitement mis en son (Gus Dudgeon connu pour avoir, de nombreuses fois, collaboré aux albums de Sir Elton John), il n'en faut pas plus pour céder aux charmes décisifs d'une galette en état de grâce.
Skylarking avait été un triomphe, Oranges and Lemons avait reconduit l'exploit, Nonsuch, aussi incroyable que cela puisse paraître, le dépasse encore et constitue donc, tout "simplement", le sommet de la très belle carrière d'une formation d'exception. On appelle ça un immanquable.

1. The Ballad of Peter Pumpkinhead 5:02
2. My Bird Performs 3:51
3. Dear Madam Barnum 2:48
4. Humble Daisy 3:36
5. The Smartest Monkeys 4:18
6. The Disappointed 3:23
7. Holly Up on Poppy 3:04
8. Crocodile 3:56
9. Rook 3:47
10. Omnibus 3:20
11. That Wave 3:34
12. Then She Appeared 3:51
13. War Dance 3:22
14. Wrapped in Grey 3:46
15. The Ugly Underneath 3:50
16. Bungalow 2:49
17. Books Are Burning 4:52

Andy Partridge – vocals, electric guitar, acoustic guitar, harmonica, tambourine, percussion, Shaker, keyboard programming, bell tree
Colin Moulding – vocals, bass guitar, electric guitar, acoustic guitar
Dave Gregory – electric guitar, electric 12-string guitar, acoustic guitar, piano, synthesisers, Hammond organ, backing vocals, church bell
&
Dave Mattacks – drums, tambourine, drum & sitar samples, shaker, percussion
Gus Dudgeon – "ringmaster," tambourine, percussion, chorus
Guy Barker – flugelhorns, trumpet
Florence Lovegrove – viola
Rose Hull – cello
Stuart Gordon – violin
Gina Griffin – violin
Neville Farmer – chorus

Colin Moulding

PoP DeLuXe 1
XTC "Apple Venus Volume 1" (1999)
ou "Toujours au Top de la Pop"

Sept ans c'est long, une éternité même considérant que, retiré des scènes, XTC est une formation entièrement dévouée au travail en studio, l'attente s'explique par une formation entrée en rébellion contre un label, Virgin, ne lui offrant pas l'attention qu'il souhaitait et qui, d'ailleurs, inaugure ici un nouveau contrat avec Cooking Vinyl. Sept ans c'est long mais le jeu en valait la chandelle.
Evidemment, à l'impossible nul n'est tenu, Apple Venus Volume 1 n'égale pas tout à fait son glorieux prédécesseur, le magistral Nonsuch dont il est tout de même le digne et logique successeur. Factuellement, c'est un album étonnamment court, à la tracklist resserrée (11 petites pistes là où XTC nous avait habitué à toujours largement dépasser la douzaine) ce qui s'explique sans doute par son indexation, volume 1, et donc le choix de l'encore trio, mais plus pour très longtemps, de se concentrer sur une tendance avant de développer la suivante sur les conseils avisés du nouveau label pour qui ils enregistrent désormais. Présentement, c'est de pop orchestrale, pop de chambre dont il s'agit et d'une vraie fête du genre. Parce qu'il y a moult raisons de s'enthousiasmer à l'écoute d'un opus reconduisant la part la plus douce-amère et introspective de Nonsuch, un aspect qui avait particulièrement séduit et qu'on est donc heureux de retrouver que ce soit sur les compositions les plus orchestrales (River of Orchids, Easter Theatre, Greenman, I Can't Own Her, Harvest Festival) ou sur celles plus classiquement pop (le reste). Evidemment, ça donne un album globalement plus calme que la moyenne des travaux passés de la formation mais qui ne manque pas, épisodiquement, juste ce qu'il faut pour relancer la machine, d'une fantaisie et d'un dynamisme bienvenu (I'd Like That, le supra-Beatles Frivolous Tonight, le rigolo Fruit Nut ces deux dernières les seules compositions d'un Colin Moulding toujours largement dominé par la verve semble-t'il inépuisable d'Andy Partridge).
Et comme il n'y a, une bonne habitude, strictement rien à jeter sur cet Apple Venus, il n'y a qu'un pas pour le recommander à tous les amateurs de pop intelligente, c'est fait.

1. River of Orchids 5:53
2. I'd Like That 3:50
3. Easter Theatre 4:37
4. Knights in Shining Karma 3:39
5. Frivolous Tonight 3:10
6. Greenman 6:17
7. Your Dictionary 3:14
8. Fruit Nut 3:01
9. I Can't Own Her 5:26
10. Harvest Festival 4:15
11. The Last Balloon 6:40

Dave Gregory – piano, keyboards, keyboard programming, guitars, backing vocals
Colin Moulding – vocals, bass guitar
Andy Partridge – vocals, guitars, keyboard programming
&
Mike Batt – orchestral arrangements for "Greenman" and "I Can't Own Her"
Haydn Bendall – keyboards
Guy Barker – trumpet and flugelhorn solo on "The Last Balloon"
Nick Davis – keyboards
Prairie Prince – drums, percussion
Steve Sidwell – trumpet solo on "Easter Theatre"
All arrangements played by The London Sessions Orchestra under their leader Gavin Wright

Dave Gregory

PoP DeLuXe 2
XTC "Wasp Star (Apple Venus Volume 2)" (2000)
ou "La dernière salve... hélas"

C'est le yang électrique et dynamique de l'intimiste et orchestral yin que fut Apple Venus Volume 1. Un an après, réduit à un duo suite au départ d'un Dave Gregory peut-être lassé de ne jouer que les compléments de ses deux compositeurs de comparses, Wasp Star venait enfoncer le clou d'une doublette d'excellence. C'est aussi, pour le moment, croisons les doigts, l'ultime salve d'une des plus belles formations que la perfide Albion offrit au monde en matière de musique pop parce que XTC, ce n'est pas rien quand même.
Ceci dit, il ne faut pas s'attendre à retrouver la divine alliance de mélodies pop et d'arrangements orchestraux qui avait fait la force du Volume 1 mais aussi de quelques unes des plus belles plages de Nonsuch, là n'est clairement pas le propos. On y entend, en l'occurrence, un XTC pop et rock jouant plus avec l'électricité qu'ils le firent depuis près de 20 ans et, comme de bien entendu, une collection de chansons moins introspectives, plus directes. Ce n'est pas à dire que l'album est raté, il n'en est rien, simplement qu'y chercher la profondeur qui a marqué leur art depuis Skylarking est une vaine quête. On n'y retrouve pas moins de bien belles chansons, 11 signées Partridge, 3 pour Moulding, qui feraient le bonheur de toute formation du genre : Playground en excellente introduction avec, en prime, la fille d'Andy aux chœurs, Stupidly Happy qui porte admirablement son titre, l'étonnamment riffu My Brown Guitar, I'm the Man Who Murdered Love et son refrain accrocheur, We're All Right à l'optimisme béat bienvenu, ou un You and the Clouds Will Still Be Beautiful rappelant, rythmiquement, une autre excellente formation aujourd'hui disparue, les Talking Heads. Comme, en plus, les autres, certes un peu moins marquantes, sont loin de l'indignité et donneront à l'auditeur attentif de nombreuses heures de ravissement concernant l'intelligence compositionnelle et la délicatesse d'arrangements millimétrés et malins, démettre l'opus serait une erreur, un crime contre la bonne musique même.
Dans l'absolu, dans le canon de l'œuvre de ces talentueux messieurs, Wasp Star n'est qu'un album moyen de XTC mais, comme tous ceux qui ont creusé le catalogue du groupe le savent, un album moyen de XTC constituerait une excellente galette pour l'extrême majorité de leurs collègues. A partir de là, il est impossible de ne pas recommander cette ultime salve d'une valeur sûre qui manque beaucoup aujourd'hui.

1. Playground 4:17
2. Stupidly Happy 4:13
3. In Another Life 3:35
4. My Brown Guitar 3:51
5. Boarded Up 3:23
6. I'm the Man Who Murdered Love 3:44
7. We're All Light 4:39
8. Standing in for Joe 3:42
9. Wounded Horse 4:11
10. You and the Clouds Will Still be Beautiful 4:18
11. Church of Women 5:06
12. The Wheel and the Maypole 5:55

Colin Moulding – vocals, bass guitar, harmonica on "In Another Life", guitar on "Boarded Up"
Andy Partridge – vocals, guitar
&
Caroline Dale – cello
Nick Davis – keyboards
Simon Gardner – flugelhorn
Patrick Kiernan – violin
Peter Lale – viola
Holly Partridge – backing vocals on "Playground"
Prairie Prince – drums (2, 3, 4, 12)
Chuck Sabo – drums (1, 6, 7, 8, 9, 10, 11)
Kate St. John – oboe
Matt Vaughn – programming
Gavin Wright – violin

XTC (1979-1999)
XTC (1999-2005)

...à suivre !

mercredi 25 février 2015

Le Retour des Anciens

Des vieux ! Encore des vieux ! Rien que des vieux ! Mais des vieux qui ont tenu la distance et continuent, malgré l'adversité et les ans, de créer. Revue d'effectif de deux formations légendaires et deux successeurs (plus ou moins) légitimes.

uLi DaNS Le NiD
Uli Jon Roth "Scorpions Revisited" (2015)
ou "Opportunisme ou Réappropriation ?"

On ne peut pas dire qu'Uli Jon Roth ait exploité son passé dans une des formations les plus marquantes du hard rock européen, c'est à son honneur. Mais, l'âge venant, l'heure des bilans, de se retourner sur de glorieux et distants souvenirs est semble-t'il venue, autant en profiter et écouter avec toute l'attention que requiert un authentique évènement ce Scorpions Revisited au titre qui a, au moins, le mérite d'être clair.
Forcément, le guitariste (et de temps en temps chanteur, ce qui n'est pas son fort mais lui fait tellement plaisir) se concentre sur les classiques du groupe quand il en était, sans oublier, bien sûr d'y glisser la plupart des chansons qu'il composât pour les vénérables Scorpions (qui justement sortent un album le même mois, hasard du calendrier sans doute). Comme le bougre est un fin six-cordistes, vénérant pêle-mêle Jimi Hendrix et Johann Sebastian Bach, il ne se prive pas d'en faire des caisses, de rajouter des soli, d'étirer, parfois plus que de raison, la sauce à l'arthropode. Mais pas sans panache, hein, parce que ce n'est pas ce qui manque à Uli, le panache. Là où ses anciens comparses se contentent de répliquer fidèlement, lui développe, détourne (à minima, mais détourne tout de même), et le fait généreusement avec deux Cds et 105 minutes, rien que ça ! Et un groupe spécialement concocté pour l'occasion et la tournée qui ne tardera pas à venir avec, puisque c'est d'une réelle importance, un chanteur qui, sans être un clone de Klaus Meine, se glisse sans difficulté dans les habits de son modèle eu y ajoutant une sensibilité américaine exempte des teutoniques intonations du précité. En détail, ça nous donne une collection de hard rock 70s glorieusement dépoussiérée par une production moderne bénéficiant des avancées technologiques sans perdre de vue l'essentiel et évitant, donc, les effets lourdauds, une sélection de chansons qui rappelleront aux plus anciens la fantastique machine qu'était alors Scorpions et donnera, sans doute, envie aux plus jeunes de plonger dans des albums finalement assez rarement loués. Et, forcément, des classiques comme s'il en pleuvait, de Sails of Charon à Fly to the Rainbow, d'In Trance à We'll Burn the Sky (etc.) où la star est évidemment Uli mais surtout les chansons intelligemment choisies et excellemment interprétées dans un ensemble forcément régressif et nostalgique qu'on n'aurait, en vérité, pas voulu autrement.
Là où il aurait été si simple qu'Uli s'auto-congratule à coup de guests fameuses (dont son carnet d'adresse déborde) en se concentrant sur les compositions avec lesquelles il participât à la grand histoire des Scorpions, le germain six-cordiste a choisi d'honorer une époque, un style et un groupe dans lequel il était tout sauf portion congrue. Ce faisant, il tire un joli bilan dont on imagine mal avoir une suite vu son ampleur et qu'on accueille donc, bras grands ouverts, comme la célébration d'un homme qui aura préféré être un créateur dans l'ombre qu'une star ennuyée, si peu opportuniste est-il. C'est tout à son honneur et tout à notre bénéfice. Bravo.

CD 1
1. The Sails of Charon 8:50
2. Longing For Fire 2:50
3. Crying Days 3:33
4. Virgin Killer 3:58
5. In Trance 6:44
6. Sun In My Hand 4:48
7. Yellow Raven 4:30
8. Polar Nights 7:33
9. Dark Lady 8:19

CD 2
1. Catch Your Train 3:16
2. Evening Wind 5:39
3. All Night Long 3:11
4. We’ll Burn The Sky 8:33
5. Pictured Life 3:12
6. Hell-Cat 3:00
7. Life’s Like A River 3:03
8. Drifting Sun 6:40
9. Rainbow Dream Prelude 4:00
10. Fly To The Rainbow 11:36

Uli Jon Roth - guitars & vocals
Nathan James - vocals
Jamie Little - drums
Ule W. Ritgen - bass
Niklas Turmann - guitars & vocals
Corvin Bahn - keyboards
David Klosinski - guitars
&
Liz Vandall - vocals (Pictured Life)

Uli Jon Roth

L'éTeRNeL ReTouR...
Scorpions "Return to Forever" (2015)
ou "On les croyait parti..."

On les croyait parti, rangé des voitures, ayant plié les gaules mais non, les increvables teutons ne lâchent pas prise et reviennent avec un 20ème album studio, et le 50ème anniversaire de la toute première mouture de la formation (dont seul l'indéboulonnable Rudolf Schenker demeure), un album dont le titre laisse augurer qu'on est pas près de trouver le poison pour ces sales bestioles qui piquent : Return to Forever.
Pour dire l'entière vérité, peu avaient été convaincus par leurs précédentes exactions, Comeblack, mélange de reprises accessoires et de réenregistrements qui ne l'étaient pas moins, et Sting of the Tail, tentative un peu quelconque de recoller avec le son qui avait fait leur gloire dans la première moitié des 80s n'étaient pas exactement des chefs d'œuvres même s'ils se laissaient écouter (surtout Sting of the Tail). C'est dire si on attendait les Scorpions au tournant surtout quand ils annoncèrent que cet album comprenait pas mal de chansons jamais totalement finies par le passé jusqu'à cette double autocélébration de circonstance. Conséquemment, la peur d'un recyclage honteux et embarrassant était dans toutes les têtes, têtes qui n'avaient pas tout à fait tort même si le résultat est tout sauf pathétique (ouf !).
Concrètement, si on pourra reprocher aux Scorpions de se contenter de faire du Scorpions (vous vous attendiez à quoi ?), il le font plutôt bien. Evidemment, quand on dit "font du Scorpions" on pense aux albums des années 80, pas aux excellentes galettes des seventies dont le groupe ne s'est plus jamais rapproché depuis le départ du spatial Uli Jon Roth (qui d'ailleurs rend hommage à cette période sur le tout récent et réussi Scorpions Revisited, elle est pas belle la vie ?), soit un hard rock racé, accrocheur qui ne cherche, substantiellement, pas autre chose que de faire passer un bon moment à l'auditeur avec une musique absolument sans prise de tête. Alors certes, tout ceci n'est pas exactement affolant mais tient la route ce qui, quarante-deux ans après l'excellent mais souvent négligé Lonesome Crow (Scorps on Kraut !), n'est pas rien. Evidemment, bis, avec 16 titres et 62 minutes (diable !) dans son édition spéciale et "limitée", plus chère donc, y a pas de petit profit, ça traîne un peu en longueur, sans surprise surtout vers la fin où sont, en toute logique, relégués les morceaux supplémentaires, un petit tri ne sera donc pas inutile pour que la galette tienne la distance. Evidemment, ter !, il ne faudra pas trop plonger dans les paroles "fun et rock'n'roll" qui, si elles collent bien à la musique légère de la formation, n'ont qu'un maigre (pour rester positif) intérêt littéraire. Pas de surprise ? Certes mais quelques excellentes chansons :  l'entraînant rock Going Out With a Bang en ouverture, pas une révélation mais une sympathique entrée en matière, le relativement soft et très 80s We Built This House qui n'aurait pas fait tâche sur Savage Amusement ou Crazy World, un All for One mordant et bien troussé, Eye of the Storm ou Gypsy Life où les germains nous rappellent qu'ils savent encore pondre de la power ballad à faire pleurer le chevelu dans sa bière, The Scratch tout en shuffle nerveux et guitares accrocheuses ou le bonus Dancing with the Moonlight aux riffs différents et efficaces qui produisent leur petit effet parce qu'ils se démarquent un chouia de leurs habitudes compositionnelles. Autour de ces quelques indéniables highlights, tout n'est pas rose, quelques rockers automatiques et un peu bêtas et franchement pas indispensables (Rock My Car, Rock'n'roll BandHard Rockin' This Place, que des titres d'une folle imagination) viennent ternir le tableau alors que le reste, pas désagréable, loin s'en faut, sent tout de même un petit peu le remplissage. Mais, l'un dans l'autre, le groupe, avec un état d'esprit bourré de bonne humeur étonnement similaire à celui qui l'habitait sur sa précédente offrande originale, Sting of the Tail donc, est loin de l'indignité de Pure Instinct ou, surtout, d'Eye II Eye, deux albums qu'on préfèrera oublier.
Alors, Scorpions en 2015, un vieux cheval sur le retour ou un fier destrier certes âgé mais encore fringant ? Les deux mon général !, mais tout dépend d'où l'on se place et ce qu'on recherchait dans Return to Forever. Les fans seront ravis de retrouver un groupe fidèle à son idiome, les autres n'y verront qu'une fin de règne certes pleine de pompe et d'énergie mais aucunement décisive. En un mot comme en mille, choisis ton camp, camarade !

1. Going Out with a Bang 3:47
2. We Built This House 3:53
3. Rock My Car 3:20
4. House of Cards 5:05
5. All for One 2:58
6. Rock 'n' Roll Band 3:54
7. Catch Your Luck and Play 3:33
8. Rollin' Home 4:03
9. Hard Rockin' the Place 4:06
10. Eye of the Storm 4:27
11. The Scratch 3:41
12. Gypsy Life 4:51
Bonus
13. The World We Used to Know 3:51
14. Dancing with the Moonlight 3:42
15. When the Truth Is a Lie 4:27
16. Who We Are 2:33

Klaus Meine - lead vocals
Rudolf Schenker - rhythm & lead guitars, backing vocals
Matthias Jabs - lead & rhythm guitars, backing vocals
James Kottak - drums, backing vocals
Paweł Mąciwoda - bass, backing vocals

Scorpions

BLaCK LiZZy aGaiN
Black Star Riders "The Killer Instinct" (2015)
ou "Passée la surprise..."

Leur premier opus, à défaut d'être une révélation, avait été une bonne surprise. Du coup, on attendait avec une certaine impatience la suite des aventures de ce post-Thin Lizzy au hard rock sympathique et entraînant, la voici.
Côté line-up, on reprend quasiment les mêmes et on recommence, seul le bassiste Marco Mendoza manque à l'appel, remplacé par Robbie Crane, un autre américain déjà aperçu dans le Vince Neil Band, chez Ratt ou Lynch Mob, un garçon roué à l'exercice hard-rockant, donc. Côté musique, pas de surprise non plus, on retrouve bien ce hard rock simple et efficace, d'où surnagent quelques sympathiques réminiscences du groupe à qui il succède, Thin Lizzy, particulièrement quelques guitares à la tierce qui firent la réputation du combo de feu Phil Lynott et un style, des intonations chant directement empruntées du même par un Ricky Warwick (The Almighty) qui le fait d'ailleurs bien.
Bref, passée la surprise d'un All Hell Breaks Loose sympathiquement troussé vient le temps du second album du fils illégitime de Thin Lizzy. Qu'y entend-on ? La même chose, pardi ! Un hard rock ultra référencé qui trouve, par conséquent, ses mérites à la qualité de ses compositions. En l'occurrence, quand le groupe se rapproche le plus de son modèle, l'évoque sans fard et sans honte (The Killer Instinct, Bullet Blues, Soldierstown ou Turn in Your Arms et leurs effluves celtic rock bienvenues, où tous les artifices des légendaires irlandais sont clairement détectables) il convoque des fantômes qu'on est bien content de retrouver si l'on n'est pas pour autant dupe de la motivation un poil opportuniste de Scott Gorham, seul membre présent du vrai Thin Lizzy, et de ses partenaires. Mais l'inspiration est là, aussi quand nos Black Star Riders se distancient du modèle (Charlie I Gotta Go, la ballade Blindsided, Sex Guns & Gasoline et son riff zeppelinien, You Little Liar) voire semblent remonter encore plus loin, période Eric Bell, dans l'historique des irlandais de référence (Through the Motions) ou s'adonnent à l'acoustique sur un cd bonus plus accessoire qu'autre chose (deux inédits et quatre versions unplugged de titres de l'album) mais néanmoins sympathique où seule une chanson fait parler la poudre (The Reckoning Day). A la comparaison, c'est à un album encore plus solide que son devancier auquel nous avons affaire signe qu'on tient là un vrai groupe qui, s'il évoluera probablement toujours dans l'ombre de qui vous savez, a tout de même des choses à dire et les dit bien.
En bref, si Thin Lizzy et le hard rock classique sont votre dada, montez en croupe de la demoiselle de la pochette, vous ne serez pas déçus.
 
CD 1 - Album
1. The Killer Instinct 3:32
2. Bullet Blues 4:54
3. Finest Hour 3:56
4. Soldierstown 4:49
5. Charlie I Gotta Go 4:13
6. Blindsided 5:59
7. Through The Motions 3:47
8. Sex, Guns & Gasoline 3:59
9. Turn In Your Arms 3:50
10. You Little Liar 7:07

CD 2 - Bonus
1. Gabrielle 3:21
2. The Reckoning Day 3:38
3. The Killer Instinct (Acoustic) 3:18
4. Blindsided (Acoustic) 5:14
5. Charlie I Gotta Go (Acoustic) 4:05
6. Finest Hour (Acoustic) 3:43

Ricky Warwick – vocals, guitar
Scott Gorham – lead guitar
Damon Johnson – lead guitar
Robbie Crane – bass guitar
Jimmy DeGrasso – drums

Black Star Riders

TouJouRS PLuS VieuX!
AC/DC "Rock or Bust" (2014)
ou "Le chant du Cygne ?"

Le début de la fin ou la fin du début ? AC/DC, avec le départ forcé de grand frère Malcolm, ce si précieux guitariste rythmique, et tout ça, est forcément à un croisement, vers la voie de garage ou l'autoroute de l'enfer ? On n'en sait rien.
Première bonne nouvelle de l'exercice, les leçons du demi-ratage Black Ice ont été retenues, là où son prédécesseur affichait "fièrement" 15 titres et plus de 50 minutes, le bon grain et l'ivraie, Rock or Bust revient aux fondamentaux avec tout juste 11 chansons pour 35 petites minutes (l'album le plus court de leur carrière !), certains le regretteront mais ça nous donne, au bout du compte, une tracklist nettement plus dynamique. Et justement, seconde bonne nouvelle, les vieux australiens semblent avoir retrouvé un peu de vigueur, de niaque là ou, encore cette pauvre ambulance, Black Ice était notablement mou du genou. Et la voix de Brian, vous interrogerez-vous légitimement, elle va bien, merci, on a toujours un peu mal à la gorge en l'entendant mais elle est plutôt joliment mise en valeur, patinée qu'elle est par des hectolitres de stout et quelques vieux whiskies, par une production qui, justement, est la troisième bonne nouvelle de Rock or Bust. Nettement plus sèche et séminale que ce que tout ce qu'à enregistré AC/DC depuis Stiff Upper Lip et, plus loin, Back in Black ou Highway to Hell (pourtant confié au perfectionniste pointilleux qu'est Robert John "Mutt" Lange), elle colle comme une seconde peau au hard'n'blues de la formation, on s'étonne même de découvrir que c'est toujours Brendan O'Brien (Black Ice, donc, mais aussi, surtout, presque tout Pearl Jam) aux manettes, un O'Brien qui, du coup, efface sa peu enthousiasmante performance passée avec nos Aussies d'adoption préférés, bravo.
Et les chansons ? Evidemment, ceux qui s'attendent exactement à du Highway to Hell ou du Back in Black en seront pour leurs frais, définitivement, ces temps sont révolus. Ca ne veut pas dire qu'Angus, présentement esseulé à la création même s'il recycle quelques idées enregistrées par son frère absent (ce pauvre Malcolm !), ne sache pas encore pondre du bon gros riff de base qu'on se demande comment il fait encore pour en trouver dans un panorama musical finalement assez limité, que Brian Johnson ne s'époumone pas aux mieux de ses actuelles capacités (qui font encore blêmir pas mal de vocalistes éraillés), que la section rythmique n'est pas, encore et toujours, cette machine implacable que nous avons appris à connaître et aimer, clairement, et on ne voudrait d'ailleurs pas autre chose, ça reste du pur (et dur !) AC/DC servi par quelques "douceurs" un peu plus efficaces que leurs voisines : du bon gros hard bluesy qui fait secouer la crinière et remuer du popotin (Get Some Rock'n'roll Thunder, Hard Times), du puissant riffu qui vous rentre direct dans le gras (Dogs of War), du qu'on ne serait pas surpris de voir repris en chœur dans quelque arène sportive surchauffée à l'électricité supportrice (Play Ball), ou du plus bluesy comme le groupe le fait si bien (Miss Adventure).  Autant de raisons de se réjouir et pas grand chose à jeter autour, on se pince presque pour le croire.
Evidemment, l'impact n'est plus aussi immédiat mais, avec le temps de la réflexion, ce qui manque souvent aux chroniques "automatiques" livrées fissa, cet AC/DC est bon, et que l'absence au jeu de Malcolm n'y est pas préjudiciable parce qu'il est encore là à la composition quoique filtrée par le nabot écolier cornu, que cette sécheresse de ton sied idéalement à un (hard) rock qui n'aurait jamais dû prendre tout ce gras inutile, encombrant de ses albums les plus hollywoodiens. L'avenir dira si Rock or Bust sera, ou pas (pas !, on le souhaite), le chant du cygne des aussies, c'est déjà une galette qu'on écoute avec un réel plaisir... On n'en attendait pas plus et sûrement pas autant.

1. Rock or Bust 3:03
2. Play Ball 2:47
3. Rock the Blues Away 3:24
4. Miss Adventure 2:57
5. Dogs of War 3:35
6. Got Some Rock & Roll Thunder 3:22
7. Hard Times 2:44
8. Baptism by Fire 3:30
9. Rock the House 2:42
10. Sweet Candy 3:09
11. Emission Control 3:41

Brian Johnson – vocals
Angus Young – lead guitar, backing vocals
Stevie Young – rhythm guitar
Cliff Williams – bass guitar, backing vocals
Phil Rudd – drums

AC/DC

dimanche 22 février 2015

Quand John rêve...

Ha ! Les Dreamers ! C'est le rêve de tous ceux qui trouvent la musique de John Zorn trop peu accessible et radicale pour leurs délicates petites oreilles. Parce que là, la mélodie est très nettement mise en avant dans un ensemble qu'on peut aisément taxer d'Easy Listening sans qu'on y perde jamais la faconde compositionnelle du prolifique new yorkais. Allez, c'est parti pour une exploration du pays des rêves avec, en plus, deux jolis billets empruntés à deux excellentes maisons, vous en avez de la chance !

PaQueT CaDeau
John Zorn "The Gift" (2001)
ou "Le Rêve avant les Rêveurs"

Pour commencer, laissons la parole à l'excelent blog Tzadikology et à son analyse critique de The Gift, album qui, tout en n'étant pas des Dreamers, en est définitivement l'origine :
"32eme référence de la section Archival Series, qui classifie tous les travaux de John Zorn, de ses début en 1973 jusqu'à aujourd'hui. troisième et dernier opus de la série trilogie "Music Romance", dédié à la face accessible de la musique, et qui bénéficie d'un packaging de haute volée avec double pochette et artwork de qualité (certainement d'ailleurs le plus réussi pour le coup)
L'un des plus beaux disques d’easy listening jamais composé, et l’un des meilleur disque de l’immense discographie de Zorn. 10 titres, 10 merveilles, 10 beautés étincelantes. Un grand défi pour l’une des figures de proue de l’avant-garde américaine que de composer des musiques somme toute très accessibles pour le coup. Ce disque est avant tout un cadeau de John à ses fans, qui le réclamait depuis longtemps, en réclamation à un général contrecoup de toute son oeuvre passée qui demeurait exigeante. On le croyait incapable de le faire, c'était sans compter sur l'immense talent du compositeur New Yorkais.
Ce disque est une véritable hymne à la relaxation, un point d’orgue de la détente, un St Graal de la musique contemporaine en générale. A disque exceptionnel, line up exceptionnel, tous les grands sont la : Marc Ribot et sa guitare magique, Jamie Saft et son talent, Trevor Dunn et sa basse ronflante, Cyro baptista et ses formidable percus, Joey Baron et son touché incroyable. Des guests à n’en plus finir, toute l’équipe Masada, et bien sur le disciple de Zorn, Mike Patton.
Plus belle réussite de la série "Music Romance", une des meilleures ventes de l'œuvre de Zorn, La suite s'offre à vous avec la formation The Dreamers, suite estampillé de "The Gift" officiant dans la même veine."

1. Makahaa 5:18
2. The Quiet Surf 3:15
3. Samarkan 6:39
4. Train To Thiensan 3:52
5. Snake Catcher 6:30
6. Mao's Moon 5:17
7. Cutting Stone 7:08
8. La Flor Del Barrio 3:10
9. Bridge To The Beyond 5:30
10. Makahaa (Reprise) 4:20

Cyro Baptista - percussions (1-7, 9, 10)
Joey Baron - batterie (3, 4, 6, 8, 10)
Trevor Dunn - basse (1-5, 8-10)
Marc Ribot - guitare (2, 5, 7, 9)
Jamie Saft - piano, orgue, claviers (1-7, 10)
&
Jennifer Choi
- violon (2, 6)
Greg Cohen - basse (6)
Dave Douglas - trompette (6)
Mike Patton - voix (9)
Raman Ramakishna - violoncelle (6)
Masumi Rostad - alto (6)
Ned Rothenberg - shakuhachi (3)
John Zorn - piano, theremin (9)

Cyro Baptista, brésilien un peu fou et percussionniste d'exception

i HaVe a DReaM
John Zorn/The Dreamers "The Dreamers" (2008)
ou "Doux songe en Zornie"

Ca faisait longtemps que ça lui pendait au nez, tôt ou tard le trublion de la Grosse Pomme devait s'assagir. Il était dit, aussi, qu'un projet en serait le reflet le plus criant, ce projet, c'est The Dreamers dont la première des (pour le moment) quatre galettes apparut en 2008.
Ceci dit, on comprit vite qu'assagissement ne rimerait ni avec reniement, ni avec changement complet de ton ou de "grille mélodique". Clairement, les Dreamers ont leurs racines quelque part vers Bar Kokhba dont ils conservent la langoureuse luminosité, et dans le voisinage du pourtant énervé Electric Masada dont ils empruntent une bonne part du line-up également (il n'y manque en fait qu'Ikue Mori et un Zorn plus instrumentalement présent que sur le seul Toys de ce Dreamers).
Donc le propos n'est pas éloigné du jazz de chambre modernisé de Bar Kokhba presque défait, ici, de sa judaïté. Débarrassé de la plupart de ses aspérités et de ses tentations classisantes aussi. On en trouve en fait la source dès Naked City, sur l'excellent Sunset Surfer du très recommandé Radio (1992) par exemple. Droit au but donc, un but de douceur et d'harmonie ceci dit. Où la guitare chaude de Marc Ribot ne part que très rarement dans les soli débridés dont on sait le six-cordiste habitué, où le claviers de Jamie Saft viennent doucement caresser l'oreille de leurs nappes et figures harmoniques, où le vibraphone rêveur de Kenny Wollesen vient habiter les interstices de ses douces résonnances, où les percussion chaudes du brésilien Cyro Baptista viennent complémenter et complimenter les grooves et patterns tout en délicatesse du divin chauve et irremplaçable batteur Joey Baron, et où, enfin, Trevor Dunn, bassiste de son état, fait exactement ce qu'il faut quand il faut avec la discrétion et la dextérité qui sied à la nature du projet.
Il faut dire qu'entre jazz finalement très classique (A Ride on Cottonfair, qui pourrait être du Dave Brubeck), lounge-klezmer sauce exotica bien troussé (l'irrésistible et inaugural Mow Mow, l'également très réussi Nekashim), rêveries plus mystiques d'admirable facture (Anulikwutsayl, Mystic Circles), c'est un John Zorn avant tout concerné par l'ambiance et la mélodie, particulièrement pointilleux et attentifs d'icelles donc, qui dirige son petit monde sur des pièces dûment sélectionnées pour l'occasion. Ce qui n'empêche pas quelques bienvenues sorties de routes, quelques jolis dérapages, évidemment discret mais épice indispensable à l'élaboration de la recette.
Le résultat est du pur Zorn... en mode easy. A se demander si ce Dreamers premier (les trois autres étant, par ailleurs, également chaudement recommandés, en particulier un O'o en état de grâce exotique), ne serait pas le sésame idéal à qui veut entrer en Zornie sans prendre trop de risques...

1. Mow Mow 3:03
2. Uluwati 3:37
3. A Ride On Cottonfair 4:22
4. Anulikwutsayl 9:02
5. Toys 2:44
6. Of Wonder And Certainty (For Lou Reed) 4:30
7. Mystic Circles 6:07
8. Nekashim 3:56
9. Exodus 7:02
10. Forbidden Tears 3:07
11. Raksasa 5:15

Joey Baron, le divin chauve

CHaNTS D'oiSeauX
John Zorn/The Dreamers "O'o" (2009)
ou "Le ciel, le soleil et la mer"

On poursuit le catalogue de rêve avec une référence chopée sur l'excellent webzine Guts of Darkness et un second Dreamers qui, personnellement, reste mon préféré, ce qui n'est pas peu dire vu la qualité de la série :
"Tout au long de sa très prolifique carrière, John Zorn n'a cessé de proposer des albums et des styles très différents, avec plus ou moins de réussite. Il y a une dizaine d'années, il nous avait sorti quelques disques dans ce qui doit être le style musical le plus étonnant de la part du new-yorkais.
Après avoir joué de styles musicaux tels que le free jazz, le bruitiste, le hardcore, le grind jazz, l'expérimental improvisé, le voilà qui se mettait à faire de l'easy listening ! J'avais déjà beaucoup aimé "The Gift" avec ses rythmes dansants comme la bossa-nova, cela donnait un p'tit côté frais et décalé et c'était surtout extrêmement bien interprété. Il avait remis le couvert avec "The Dreamers" en 2007 et j'avais été totalement conquis. L'année suivante, il était venu en concert une semaine à Paris et la soirée consacrée à ces projets avait été celle que j'avais préférée, avec notamment le line-up d'Electric Masada que l'on retrouve encore une fois ici avec ce nouveau chapitre intitulé "O'o".
Au programme ici, de l'ambiance hawaïenne, mais pas seulement... Tout le concept de l'album est autour des oiseaux présents dans l'état paradisiaque américain. On a même un livret très bien fourni de croquis d'oiseaux très classe. Musicalement, il n'y a pas à dire, c'est tout aussi classieux, on a un peu l'impression qu'avec un tel groupe, ils pourraient jouer n'importe quoi, ça sera toujours fabuleux. Ces musiciens se connaissent et ça se ressent. L'interprétation est aux p'tits oignons, la musique est loin d'être simpliste, c'est feutré, forcément on ressent le style qui avait fait la réussite de "The Dreamers" (on peut d'ailleurs noté les pochettes relativement proches ou en tout cas dans une même vision) avec ici un côté un peu plus prononcé des années 70 avec notamment un "Little Bittern" de folie, répétitif mais tout en montée en puissance avec des sonorités 70's implacable. Ce clavier et ces guitares sont tout simplement magiques ! Dans sa globalité, l'album reste encré dans l'easy listening, John Zorn n'en oublie pas d'ailleurs ces parties de bossa-nova exotiques qui avait fait le bonheur de ceux qui avaient acheté "The Gift", mais propose de beaux morceaux avec des mélodies qui restent dans la tête et une homogénéité qui fait que l'album passe tout seul et sans aucun sentiment d'ennui. On sent bien la patte zornesque dans les compositions et surtout dans le son. La guitare est très fortement influencée par Ennio Morricone ou par Neil Young sur sa B.O. de "Dead Man" et c'est vrai que par moments, je me dis que le lien avec certains "Filmworks" est très fort.
Encore une fois, Zorn réussit à la fois à proposer une musique addictive, très riche, bien que posée et douce, avec des interprètes phénoménaux. Une très belle pièce de la part du new-yorkais."

1. Miller's Crake 4:18
2. Akialoa 4:47
3. Po'o'uli 5:41
4. Little Bittern 6:30
5. Mysterious Starling 4:32
6. Laughing Owl 4:44
7. Archaeopteryx 5:06
8. Solitaire 2:11
9. Piopio 5:13
10. The Zapata Rail 2:53
11. Kakawahie 4:14
12. Magdalena 5:07

Trevor Dunn, le bassiste taciturne sait aussi (presque) sourire

eaSy MaSaDa
John Zorn/The Dreamers "Ipos: Book of Angels Volume 14" (2010)
ou "Le Rêve des Anges"

Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec la formation, The Dreamers est, pour imager, le domptage de furieux instrumentistes par un furieux compositeur pour une musique mariant exotica, surf rock, mellow jazz et easy listening. Surprenant, et réussi comme le prouvent les trois autres galettes sorties par le line-up, en particulier l'essentiel O'o.
Ceci dit, les retrouver dans la série des Book of Angels est une vraie surprise. Parce que le Klezmer, référence stylistique de base de la série, n'est que rarement (et furtivement) effleuré en leur répertoire habituel. Parce qu'on n'imaginait pas un Book of Angels "sage" aussi et que c'est ce que ce mariage nous laisse à penser... Est-ce que Zorn, alors dans la préparation d'une colossale année 2010 où il sortit un album par mois, se laissa, en l'occurrence, aller à une quelque facilité, caractéristique qu'on ne lui connait pourtant habituellement pas ? Que nenni ! Certes, on ne niera pas qu'il y a un côté pépère rarement entrevu dans les autres albums du Second Livre de Masada, mais, des compositions béton, des interprétations qui ne le sont pas moins et une prise de son experte sont trop de facteurs concordant pour qu'on ne salue pas la réussite. Et puis, pépère pour Zorn, ce sont tout de même quelques furieux soli de Marc Ribot (qui envoie quand même le bois, comme dirait l'autre), quelques jonglages experts du percussif Cyro Baptista (etc.). On pourrait même dire qu'en mettant la pédale douce sur la folie, qu'en se concentrant plus que coutume sur un flow harmonieux, Zorn trouve des trésors de profondeur et cerise sur le gâteau, offre une porte d'entrée idéale, étant donné l'exemplaire accessibilité du présent opus, à un public potentiellement plus grand que celui que les habituelles (et passionnantes) circonvolutions du stakhanoviste new yorkais attire.
Ipos est donc une merveille de petit album précieux, doux mais jamais mièvre, qu'on écoute volontiers quand on a un peu de "bleu à l'âme"... Il réchauffe !

1. Tirtael 3:55
2. Hashul 3:51
3. Galizur 7:33
4. Oriel 5:23
5. Zavebe 4:40
6. Qalbam 8:02
7. Hagai 4:15
8. Zortek 5:35
9. Ezriel 7:26
10. Kutiel 3:36

Marc Ribot, guitar god

MoN Beau SaPiN
John Zorn/The Dreamers "A Dreamers Christmas" (2011)
ou "Un charmant petit Noël"

Quand la nouvelle qu'un nouvel album des Dreamers (la formation la plus easy-listening de toute la galaxie Zornienne) consacré à des chants de Noël s'était faite jour, c'est avant tout à de la confusion qu'on avait été confronté. Il faut dire que l'univers (judaïquement influencé) de John Zorn ne nous préparait pas à ca. La surprise de voir un chantre de l'avant-garde s'adonner à tel exercice n'est toutefois totale qu'à l'écoute d'un l'album où, si vous vous attendez à de l'irrévérencieux ou du bizarre, vous allez être déçus !
Rien de tout ça dans les 48 minutes offertes par une formation dont la visée est nettement plus de nous câliner l'oreille qu'autre chose. En l'occurrence, ce jazz chantant et mélodique tirant parfois sur le surf rock n'a pas pour but de vous vriller les neurones, ça n'empêche pas les musiciens de briller ou la performance d'être de qualité. Il est à noter que chaque instrumentiste, dévotion au projet et vigilance de l'arrangeur/patron oblige, s'exprime ici avec une retenue et une économie tout à fait louables quand on connait les prodiges et déviances dont chacun est capable. Du coup, la mélodie est largement privilégiée ce qui pourra en décevoir certains mais s'applique parfaitement à l'exercice ici pratiqué. C'est dire, même ce diable de Mike Patton (Faith No More, Mr. Bungle, Fantômas, Tomahawk, etc.) a été dompté pour l'occasion et nous offre une performance croonesque sur l'ultime piste de l'album, la délicieuse Christmas Song.
Evidemment, sauf à vouloir s'attaquer par la Face Nord à quelque indécrottable persuadé que Zorn n'est qu'un apôtre du bruit abscons, ce n'est pas l'album introductif qu'on conseillera à celui désirant s'aventurer dans les méandres de l'himalayesque discographie du maître. C'est toutefois une preuve supplémentaire de son extraordinaire versatilité et, puisque c'est ce qui importe ici, un album charmant et parfaitement à sa place au pied du sapin. Une réussite, donc.

1. Winter Wonderland 4:13
2. Snowfall 5:10
3. Christmas Time Is Here 4:38
4. Santa's Workshop 5:21
5. Have Yourself a Merry Little Christmas 5:16
6. Let It Snow! Let It Snow! Let It Snow! 4:03
7. Santa Claus Is Coming To Town 6:29
8. Magical Sleigh Ride 6:23
9. The Christmas Song 6:33

The Dreamers
Cyro Baptista - percussion
Joey Baron - batterie
Trevor Dunn - basse
Marc Ribot - guitare
Jamie Saft - piano, orgue
Kenny Wollesen - vibraphone
&
John Zorn
- alto saxophone (Toys)
Mike Patton - vocals (The Christmas Song)

Jamie Saft (au second plan),
a une aussi belle barbe qu'il joue bien de ses claviers...

BooTLeG BoNuS
John Zorn/The Dreamers "Live" (2008)
ou "Vous en reprendrez bien une tranche ?"

Et un petit bonus, ça vous tente ? Du live, du bootleg vrai de vrai qui montre les Dreamers dans leurs œuvres scéniques peu après la sortie de leur inaugural long-jeu.
Pour ce qui est de la provenance exacte dudit bootleg j'avoue, si je l'ai jamais connu, l'avoir totalement oublié (si quelqu'un sait le situer, d'ailleurs...). Mais ce n'est pas ce qui importe présentement mais bel et bien la prestation fidèle des titres du premier album de la formation, fidèle avec ce petit supplément d'âme, cette rouerie gagnée à remettre sur l'ouvrage inhérente au live.
Il n'y a pas autre chose à dire que de vous conseiller de vous plonger dans l'entièreté de ce théma de rêve et donc de ce joli live par d'excellents musiciens, par un excellent compositeur... Un Rolls pour les oreilles ! Et enjoyez ! Et vive John Zorn, évidemment !

1. Mow Mow 3:24
2. Ulawati 4:07
3. A Ride on Cottonfair 5:12
4. Anulikwutsayl 8:25
5. Toys 2:51
6. Of Wonder and Certainty 5:54
7. Nekashim 5:26
8. Exodus 6:04

Cyro Baptista - percussion
Joey Baron - batterie
Trevor Dunn - basse
Marc Ribot - guitare
Jamie Saft - piano, orgue
Kenny Wollesen - vibraphone
John Zorn - alto saxophone, direction

Kenny Wollesen, le vibraphone c'est son dada

jeudi 19 février 2015

Tire le Fil #2



SCoTSMaN'S PRoG
Fish "Internal Exile" (1991)
ou "Poisson géant"

Pour son deuxième album solo, l'ex-vocaliste des néo-progsters de Marillion change de label mais pas (tellement) de formule... Tant mieux.
On précisera tout de même que la variété qu'on trouvait sur son premier opus solo, Vigil in a Wildnerness of Mirrors, est ici nettement amoindrie sur l'album sans doute le plus colérique de Fish depuis ses débuts. C'est aussi l'occasion pour le grand écossais de concrétiser l'adjonction d'un vrai groupe là où son devancier proposait une collection de musiciens ce qui explique la cohérence de ton de cet Exile Interne. C'est d'ailleurs la force et la faiblesse de l'opus qui, ne nous mentons pas, n'égale pas son glorieux prédécesseur. Certes, on y retrouve toujours ce rock progressif moderne (pour son époque) et racé, notamment sur les épiques chansons que sont Shadowplay, Credo et Tongues, d'agréables inflexions celtiques (Lucky et Internal Exile, surtout, qui vous rappellera un certain Soldat Louis avec qui elle partage l'emprunt du même Anatole celtique), ou de jolies chansons douces-amères (Just Good FriendsDear Friend) pour seulement un petit ratage (Favourite Stranger, moyen moyen), mais pas un ensemble aussi décisif et qualitatif que celui de son initial long-jeu, donc. Ca n'en reste pas moins un bon album bien produit et bien joué et, dans la présente édition, joliment complémenté de deux face B d'époque (Poet's Moon et Carnival Man, deux bonne chansons) ainsi que la reprise modernisée du One Hit Wonder Thunderclap Newman (Something in the Air, également repris par, en vrac, Eurythmics, Herbie Mann, Tom Petty ou les UK Subs), bonus cd de l'édition vinyl originelle. Bref, largement de quoi contenter les fans du Poisson mais, probablement, pas de quoi lui voir gagner de nouvelles têtes et, par conséquent, déjà une légère baisse de popularité dans une carrière qui, comme nous le savons désormais, connaîtra pas mal de hauts (artistiques) et de bas (commerciaux).
Quasiment 25 ans après son lancement, Internal Exile n'en demeure pas moins une galette joliment troussée et une addition quasi-obligatoire à la collection des amateurs du genre mais ratant la marche de la célébrité grand-public qui semblait lui tendre les bras deux petites années plus tôt. Recommandé, donc, si pas tout à fait aussi essentiel que les plus belles galettes du catalogue du grand écossais (2 mètres, beau bestiau !) que sont Vigil et Sunsets on Empire.

1. Shadowplay 6:23
2. Credo 6:40
3. Just Good Friends (Close) 6:00
4. Favourite Stranger 5:58
5. Lucky 4:50
6. Dear Friend 4:08
7. Tongues 6:22
8. Internal Exile 4:45
Bonus
9. Poet's Moon 4:26
10. Something In The Air 5:08
11. Carnival Man 6:25

Derek W Dick (Fish) - vocals
Mickey Simmonds - keyboards
Robin Boult - guitars, backing vocals
Frank Usher - guitars
David Paton - bass, backing vocals
Ethan Johns - drums, percussion
&
Ted McKenna - drums, percussion (7, 8)
Maryen Cairns - backing vocals
Charlie McKerron - fiddle (8)
Marc Duff - whistles
Donald Shaw - box accordion

David Paton - basse

PoP PRoG
The Alan Parsons Project "Eye in the Sky" (1982)
ou "Aller plus haut"

Une chose est absolument certaine concernant l'Alan Parsons Project : le groupe est une créature de studio à nulle autre pareille menée qu'elle est par un ingénieur du son d'exception. En 1982, année de parution d'Eye in the Sky, c'est la sixième fois que ce fait est avéré, la sixième fois depuis 1976 et le désormais légendaire Tales of Mystery and Imagination.
Celui-ci, selon d'où vous vous placez, ce que vous appréciez dans le rock progressif, est un triomphe ou un renoncement. Un triomphe parce que, de la production à la somme des compositions, c'est une galette d'une implacable efficacité qui nous est offerte. Un renoncement parce que c'est, indénablement, l'album le plus commercial alors produit par une formation toujours menée par la paire Eric Woolfson, Alan Parsons, c'est en tout cas ce qu'en diront les intégriste de la chose progressive, et un peu une injustice aussi. Certes la musique s'est simplifiée, a perdu de son ambition diraient les précités, mais regorge encore et toujours d'arrangements et de mélodies d'absolue première bourre. Des exemples ? L'intro planante Sirius qui débouche sur la très bonne chanson et l'énorme hit qu'est Eye in the Sky, les jolies chansonnettes prog-pop que sont Children of the Moon (chantée par David Paton, également guitariste et bassiste de l'exercice), Old and Wise, l'étourdissante doublette Psychobabble/Mammagamma que vous connaissez sans doute tant elle servit à illustrer de belles images sportives, etc. Et cetera parce que, fondamentalement, il n'y a pas de ratage sur l'opus. Et même de vrais motifs d'hébétude dans la réédition qui, si elle souffre légèrement de la Guerre du Son (toujours plus fort !) bénéficie de généreux bonus qu'on gobe sans coup férir.
Eye in the Sky ? Un album à cheval entre soft rock et prog rock et qui le fait très bien. Recommandé ? Oui da !

1. Sirius 1:54
2. Eye in the Sky 4:36
3. Children of the Moon 4:51
4. Gemini 2:11
5. Silence and I 7:19
6. You're Gonna Get Your Fingers Burned 4:22
7. Psychobabble 4:51
8. Mammagamma 3:34
9. Step by Step 3:54
10. Old and Wise 4:55
Bonus
11. Sirius (Demo) 1:56
12. Old and Wise 4:43
13. Any Other Day (Studio demo) 1:42
14. Silence and I 7:33
15. The Naked Eye 10:49
16. Eye Pieces (Classical Naked Eye) 7:51

Eric Woolfson: keyboards, main vocal on tracks 2 & 5
Alan Parsons: keyboards, fairlight programming, vocals
David Paton: acoustic, electric & bass guitars, main vocal on track 3
Ian Bairnson: acoustic & electric guitars
Mel Collins: saxophone
Stuart Elliott: drums, percussion
&
Chris Rainbow: main vocal on track 4
Lenny Zakatek: main vocal on tracks 6 & 9
Dave Terry: main vocal on track 7
Colin Blunstone: main vocal on track 10
The English Chorale: choir vocals

Mel Collins - Saxophone

KaoTiC PRoG
Roger Waters "Radio K.A.O.S." (1987)
ou "Roger's Chaos"

C'est le vilain petit canard de la discographie de l'ex-Pink Floyd, un album fraichement accueilli à sa sortie, voire carrément démoli par certains critiques qui n'attendait pas mieux qu'un relatif faux-pas pour se payer la carcasse d'une icône progressive telle que l'ex-bassiste et vocaliste de Pink Floyd, un album partiellement racheté depuis mais demeurant, malgré tout, un étrange animal qu'on ne dompte pas aussi facilement que ce qui précède (The Pros and Cons of Hitch Hiking) ou suit (Amused to Death).
Plus d'un quart de siècle après sa parution, quand on y revient avec un minimum d'honnêteté intellectuelle, c'est une affaire plus nuancée que la bérézina perçue par les plus critiques ou le nouveau triomphe artistique loué par les zélotes du ténébreux Waters. De fait si Radio K.A.O.S. n'est pas exempt de certaines maladresses et souffre, en particulier, d'un son trop eighties pour être aujourd'hui aisément digérable mais, si l'on parvient à passer ce véritable obstacle, il déploie quelques beautés qui, si elles auraient mérité un traitement plus nuancé, ont un certain impact (l'enchainement Sunset Strip/Home est excellent). Evidemment, c'est un habitude avec Roger, c'est d'un concept album dont il s'agit, un concept bien de son temps où passent à la moulinette de l'écriture du Waters, en vrac, la guerre froide, Maggie Thatcher et le monétarisme, la maladie mentale, le Live Aid (pour lequel Roger s'était proposé sans qu'on l'y retienne)... Le chaos, quoi ! Et c'est sans doute là que le bat blesse parce qu'à vouloir trop en faire, trop en dire sur un galette finalement assez brève (à peine plus de 40 minutes) Roger nous plonge dans la confusion et se perd un peu lui-même.
Heureusement, même un peu perdu, Roger Waters demeure quelques franches coudées au-dessus de la mêlée des laborieux et Radio K.A.O.S., album mi-raté mais ultimement sympathique (et peut-être sympathique parce mi-raté, d'ailleurs), une œuvre dans laquelle on replonge avec étonnement et sans déplaisir. Le mieux, à partir de là, est de s'en faire sa propre opinion tant il est vrai que les avis sur sa qualité (ou son absence de...) sont partagés. Une chose est sûre, il ne vous laissera pas indifférent ce qui est déjà beaucoup.

1. Radio Waves 4:58
2. Who Needs Information 5:55
3. Me or Him 5:23
4. The Powers That Be 4:36
5. Sunset Strip 4:45
6. Home 6:00
7. Four Minutes 4:00
8. The Tide Is Turning (After Live Aid) 5:43

Roger Waters – vocals, guitars, bass guitar, shakuhachi, keyboards
Graham Broad – percussion, drums
Mel Collins – saxophones
Nick Glennie-Smith – DX7 and Emu on "Powers That Be"
Matt Irving – Hammond organ on "Powers That Be"
John Lingwood – drums on "Powers That Be"
Andy Fairweather Low – electric guitars
Suzanne Rhatigan – main background vocals on "Radio Waves", "Me or Him", "Sunset Strip" and "The Tide Is Turning"
Ian Ritchie – piano, keyboards, tenor saxophone, Fairlight programming, drum programming
Jay Stapley – electric guitars
John Phirkell – trumpet
Peter Thoms – trombone
Katie Kissoon, Doreen Chanter, Madeline Bell, Steve Langer & Vicki Brown – background vocals on "Who Needs Information", "Powers That Be" and "Radio Waves"
Clare Torry – vocals on "Home" and "Four Minutes"
Paul Carrack – vocals on "The Powers That Be"

Andy Fairweather Low - Guitare Rythmique


CooL Joe
Joe Satriani "Joe Satriani" (1995)
 
Connu pour ses supersoniques et ébouriffantes descentes de manche, et donc son impeccable technique, Joe Satriani est aussi un artiste ayant besoin de se renouveler, de chercher ailleurs les munitions qui feront évoluer son esthétique ou, plus prosaïquement, ayant besoin, pour éviter l'ennui, de se risquer à de risqués paris... Comme sur l'éponyme de 1995 ou, franchement, on peine à reconnaître l'auteur de Satch Boogie ou de Summer Song.
En vérité, c'est l'album  que les suiveurs consciencieux du volubile guitar-hero n'attendait pas, un album où Joe se démarque tellement de ce qui a fait sa gloire qu'il devait, forcément, décevoir ses fans les plus zélés. Pourquoi ? Parce que la pyrotechnie habituelle du six-cordiste est remisée en faveur d'un blues un poil jazzé plutôt bien troussé. On sent cependant qu'en sortant de sa zone de confort, ce qui est louable, Satriani se perd un peu en ne convaincant que partiellement. S'il y a d'excellentes choses sur cet album (Cool #9, If, Home, Moroccan Sunset, Killer Bee Bop) il y a aussi quelques plages où l'ennui guette (Look My Way, chantée par Satriani, jamais une bonne idée, Slow Down Blues qui n'est pas intrinsèquement mauvais mais n'en finit pas de s'étirer, Sittin' Around franchement peu inspiré) ce qui n'est pas dans les habitudes de la maison. Mais, avec d'excellents musiciens (la triplette Andy Fairweather Low, Nathan East, Manu Katché en tête) et un reste de tracklist plutôt réussi, on est loin du ratage intégral que certain voulurent dénoncer.
En testant d'autres eaux, une idée qui lui reviendra bientôt en tête sur le versant électronique (Engines of Creation), Satriani a au moins le mérite de tenter, et de globalement réussir sur ce qui reste un album alien (mais pas surfant !) de sa discographie, un album qui ne demande qu'à être réécouté aujourd'hui et séduira ceux à qui les effets de manche tapageurs de Joe déplaisent, ils seront présentement agréablement surpris.
 
1. Cool #9 6:00
2. If 4:49
3. Down, Down, Down 6:13
4. Luminous Flesh Giants 5:55
5. S.M.F. 6:43
6. Look My Way 4:01
7. Home 3:27
8. Moroccan Sunset 4:23
9. Killer Bee Bop 3:48
10. Slow Down Blues 7:25
11. (You're) My World 3:56
12. Sittin' 'Round 3:38

Joe Satriani – vocals, guitar, dobro, harp, bass (track 11)
&
Andy Fairweather Low – guitar (tracks 1–5, 7–10, 12)
Eric Valentine – keyboard, piano, percussion (track 4), bass (track 4)
Manu Katché – drums (tracks 1–3, 5, 7–10, 12)
Ethan Johns – drums (track 4)
Jeff Campitelli – drums (track 11)
Greg Bissonette – percussion (track 6)
Nathan East – bass (tracks 1–3, 5, 7–10, 12)
Matt Bissonette – bass (track 6)
 
Manu Katché - batterie
 
DeuXièMe PiQûRe
Sting "Nothing Like the Sun" (1987)
ou "Du neuf sous le soleil"

Après un excellent premier album solo, The Dream of the Blue Turtles qui nous ferait presque fêter la mort de sa brigade antérieure, et un live (à Paris !) qui ne l'était pas moins, Bring on the Night, Sting revient avec un second album où, semble-t'il, il n'a d'autres motivations que d'écrire des chansons bien arrangées avec le gratin des musiciens de studio d'alors et quelques amis invités pour bonne mesure... Voici Nothing Like the Sun.
Stylistiquement, l'ex The Police reprend les choses où il les a laissées y ajoutant, c'est alors dans l'air du temps, des flaveurs world music bienvenues et finement distillées. Evidemment, il y a des tubes qui méritaient largement l'exposition massive qu'ils reçurent (Englishman in New York, bien sûr mais aussi le dynamique We'll Be Together ou l'émouvant They Dance Alone sur les mères chiliennes dansant et pleurant l'absence de leurs maris, fils fauchés par le régime tyrannique d'Augusto Pinochet) mais ce n'est que la partie immergé d'un iceberg de qualité qui ne se démentit jamais. Il faut dire que pour réussir ce tour de force, puisque c'en est un, Sting a su s'entourer d'un casting de musiciens assez phénoménal de Gil Evans et son orchestre sur la belle reprise du Little Wing de Jimi Hendrix au saxophone vibrant Branford Marsalis, d'un Manu Katché emprunté à Peter Gabriel  à Kenny Kirkland venu promener ses doigts agiles sur ses claviers, à quelques guitaristes de haute volée (de Clapton à Knopfler en passant par son ancien compagnon Andy Summers), énorme !
Malheureusement, Sting ne réussira pas tous ses albums avec la même classe, la même inspiration que sur cet excellent Nothing Like the Sun qui, bonne nouvelle !, a admirablement résisté à l'usure des ans et demeure, en toute logique, extrêmement recommandé.

1. The Lazarus Heart 4:34
2. Be Still My Beating Heart 5:32
3. Englishman in New York 4:25
4. History Will Teach Us Nothing 4:58
6. Fragile 3:54
7. We'll Be Together 4:52
8. Straight to My Heart 3:54
9. Rock Steady 4:27
10. Sister Moon 3:46
12. The Secret Marriage 2:03
 
Sting – lead vocals, bass guitar, guitar on "History Will Teach Us Nothing" and "Fragile"
Renée Geyer – background vocals
Dollette McDonald – background vocals
Janice Pendarvis – background vocals
Vesta Williams – background vocals
Kenwood Dennard – drums on "Little Wing"
Manu Katché – drums
Andy Newmark – drums
Gil Evans & His Orchestra on "Little Wing"
Mino Cinelu – percussion, vocoder
Rubén Blades – spoken word (on "They Dance Alone (Cueca Solo)")
Mark Egan – bass guitar on "Little Wing"
Hiram Bullock – guitar on "Little Wing"
Eric Clapton – guitar on "They Dance Alone (Cueca Solo)"
Fareed Haque – guitar on "They Dance Alone (Cueca Solo)"
Mark Knopfler – guitar on "They Dance Alone (Cueca Solo)"
Andy Summers – guitar on "The Lazarus Heart" and "Be Still My Beating Heart"
Kenny Kirkland – keyboards
Ken Helman – piano on "The Secret Marriage"
Branford Marsalis – saxophone

Mino Cinelu - percussions
 
Le RéGioNaL De L'éTaPe
Alain Bashung "L'imprudence" (2002)
ou "Free Alain"

Si le Bashung de 2002 est toujours, clairement, un membre de la grande famille de la chanson française, c'est aussi un esthète qui cherche plutôt que de se contenter d'appliquer la formule qui a fait son (ses) succès. Ha, L'imprudence, c'est quelque chose !
Quatre ans après l'acclamé et prospectif Fantaisie Militaire, qui vit Bashung largement larguer les amares avec la chanson rock traditionnelle qui était son précédent domaine, L'Imprudence poursuit l'aventure. Une aventure sombre, l'absolu opposé d'un Patrick Sébastien pouet-pouetant à tout va, parce qu'Alain n'est pas un rigolo et que, en tout logique, il ne s'entoure pas de rigolos non plus. En chansons, majoritairement composées par Bashung et écrites par son précieux partenaire Jean Fauque, avec l'assistance, cette fois, de Ludovic Bource, Arnaud Devos ou Christophe Miossec, ça donne une collection servie par d'exceptionnels instrumentistes, de Marc Ribot à Arto Lindsay en passant par Mino Cinelu (que des pointures !), usités avec goût, nuance et intelligence. Les meilleurs moments ? Tous voyons mais encore un peu plus Tel, Mes Bras, Le Dimanche à Tchernobyl et la chanson titre refermant le bal, L'Imprudence où les sommets atteints sont étourdissants de noire grâce brillant juste un petit peu plus que leurs sombres et excellents voisins.
Egal de Fantaisie Militaire, ce qui n'est pas rien !, L'Imprudence demeure l'une des plus belles pages du catalogue du regretté Alain Bashung, un album qui, de part sa noirceur désespéré ne plaira pas à tous mais qu'on recommande tout de même de tester parce que, si vous rentrez dans la combine, vous n'en ressortirez ni intact ni de sitôt.

1. Tel 5:39
2. Faites monter 4:21
3. Je me dore 5:05
5. La Ficelle 4:37
6. Noir de monde 4:22
7. L'Irréel 3:36
8. Jamais d'autre que toi 2:00
9. Est-ce aimer 3:59
11. Dans la foulée 5:22
12. Faisons envie 3:44
13. L'Imprudence 9:38

Alain Bashung: vocals, harmonica
Marc Ribot: electric guitar, acoustic guitar
Martyn Barker: drums, percussions
Steve Nieve: organ, piano, tubular bells
Simon Edwards: bass guitar, double bass, bendir
Arto Lindsay: electric guitar
Mino Cinelu: percussions, udu, chimes
Ludovic Bource: accordion wurlitzer, memory moog, glockenspielen, strings arrangements
Arnaud Devos: electric guitar, vibraphone, percussions
Mark Steylaerts : strings direction

Marc Ribot - guitare solo
 
FoLK Duo
Robert Plant & Alison Krauss "Raising Sand" (2007)
ou "La belle et le beau"

Là où on ne l'attendait à priori pas. Robert Plant cultive, outre une relative rareté, le goût pour le pas de côté. Mais si, souvenez-vous, les Honeydrippers, il y a 30 ans déjà ! Bref, là ce n'est plus de sixties memorabilia dont il s'agit mais de folk, avec Alison Krauss, star confirmée de la nouvelle country/folk américaine. Là où on ne l'attendait pas, vous dis-je.
Et c'est, en plus, toujours une bonne nouvelle, une divine surprise avec, donc, cette fois, des atours qu'on n'avait que subrepticement entendus accolés au timbre de Robert, un panorama par contre tout à fait familier pour Alison Krauss. Il aussi absolument essentiel de citer T. Bone Burnett, producteur expert de la galette, véritable chef d'orchestre de sa réalisation également (dixit Plant). Un choix tout sauf innocent tant l'homme Burnett, musicien qui plus est, a acquis une belle réputation dans le genre élu pour la circonstance et y étale donc toute son utile expérience. On ne peut évidemment pas terminer cette revue des effectifs cruciaux sans mentionner une belle bande d'instrumentistes qui, totalement dévouée à la tâche à accomplir, ne manque pas de finesse ou d'une parfaite maîtrise technique mais reste, sans être assimilable à un conglomérat de simples requins de studio donc, admirablement au service de... Plant et Krauss, présentement.
A vrai dire la façon et l'ambiance de Raising Sand sont si convaincants, qu'on en oublierait presque qu'il ne s'agit, finalement, que d'un album de reprises, mais de reprises si intimement revisitées qu'elles n'appartiennent, pour le coup, plus tout à fait à leur auteur originel. Et même d'auto-reprise dans le cas de Please Read the Letter composée pour l'album Walking into Clarksdale enregistré avec son vieux complice zeppelinien, Jimmy Page, composition réappropriée par le nouveau duo en une version, j'ose !, largement plus réussie. Tout le reste est à l'avenant, pas une chanson qui ne rate son but, qu'elle ait été originalement créée par Gene Clark, Allen Toussaint, Townes Van Zandt ou les Everly Brothers, c'est un égal bonheur d'arrangements roots, de belles mélodies délivrées avec classe et cœur et d'un son clair, chaud, intime... ha !, ce son !
Album au triomphe tout sauf modeste (5 Grammy remportés, tout de même), petite perle de douceur gentiment entraînante, belle, très belle réussite de deux artistes s'étant bien trouvé (quoique que de successives sessions furent avortées car ne fonctionnant pas, dixit Plant encore) chapeautés qu'ils furent par le bon producteur, Raising Sand fut un immense succès sur lequel les rares à avoir loupé le coche se doivent de se rattraper, et vite !
 
1. Rich Woman 4:04
2. Killing the Blues 4:16
3. Sister Rosetta Goes Before Us 3:26
4. Polly Come Home 5:36
5. Gone Gone Gone (Done Moved On) 3:33
6. Through the Morning, Through the Night 4:01
7. Please Read the Letter 5:53
8. Trampled Rose 5:34
9. Fortune Teller  4:30
10. Stick With Me Baby 2:50
11. Nothin' 5:33
12. Let Your Loss Be Your Lesson 4:02
13. Your Long Journey 3:55

Robert Plant – vocals
Alison Krauss – vocals, fiddle
&
Riley Baugus – banjo
Jay Bellerose – drums
Norman Blake – acoustic guitar
T-Bone Burnett – acoustic and electric guitar, six-string bass guitar
Dennis Crouch – acoustic bass
Greg Leisz – pedal steel guitar
Marc Ribot – acoustic guitar, banjo, dobro, electric guitar
Mike Seeger – autoharp
Patrick Warren – Keyboards, pump organ, toy piano

Alison Krauss - chant, violon
 
THe GRaSS iS BLue
Alison Krauss & Union Station "Paper Airplane" (2011)
ou "Belle de Nature"

L'album du retour à la normalité après l'énormissime succès d'un Raising Sand ayant vu une superbe, et surprenante, rencontre avec la légende du (hard) rock que vous savez ? Oui. Mais un petit évènement en soi puisque fêtant les retrouvailles d'Alison Krauss et d'Union Station 7 ans après leur dernière collaboration, mais ça c'est pour les américains parce qu'en France...
C'est un fait qui ne pourra être nié, la France est imperméable à la musique country quelque soit son inclinaison (parce que la country est un ensemble de sous-genres) ou sa valeur. Parlez à un de nos nationaux de contemporary bluegrass, ce dont il s'agit ici, et vous obtiendrez, au mieux, un roulement d'yeux circonspect, presque moqueur. Sans doute les cliché de la country traditionnelle, ou au moins de celle qui se vend massivement outre-Atlantique, chapeaux de cowboys et américanisme triomphant, sont il en grande partie responsables de cette désaffection parce que, franchement, à l'écoute de ce Paper Airplane, 5ème album avec d'Alison Krauss avec Union Station (6ème en comptant le Live at the Louisville Palace de 2002), il y a moult motifs de satisfaction. Déjà parce que la voix douce et caressante d'Alison, au chant lead sur 8 des 11 compositions, y est l'indéniable star servie qu'elle est par les instrumentations essentiellement acoustiques qu'elle produit avec ses camarades de jeu. Ensuite parce qu'il y a, dans ce panorama roots voguant entre chansons entraînantes et douces-amères, on trouve une variété qui, ne nuisant nullement à la cohérence de l'ensemble, vous promène dans une Amérique rurale mais pas attardée. Enfin parce que, outre la qualité de l'ensemble de la tracklist, on découvre les interprétations joueuses d'instrumentistes précieux s'amusant visiblement beaucoup à habiter le répertoire de petits tours savoureux mais jamais, merci !, envahissants.
Paper Airplane, c'est l'évidence, est une galette qu'on aimera posséder ne serait-ce que pour prouver, en plus du réel plaisir d'écoutes solitaires, aux méchants esprits que la musique country, et bluegrass présentement, peut aisément dépasser le cadre clicheteux où on a trop souvent tendance à la remiser. Recommandé.

2. Dust Bowl Children 3:06
3. Lie Awake 3:55
4. Lay My Burden Down 3:52
5. My Love Follows You Where You Go 4:03
7. On the Outside Looking In 3:35
8. Miles to Go 2:54
9. Sinking Stone 4:42
10. Bonita and Bill Butler 4:03
11. My Opening Farewell 4:08

Barry Bales - bass, vocal harmony 
Ron Block - banjo, guitar 
Jerry Douglas - dobro, vocal harmony 
Alison Krauss - fiddle, vocals, harmony, vocals 
Dan Tyminski - guitar, mandolin, vocal harmony, vocals
 
L'étrange groupe, pour cette fois, se compose de:
Alison Krauss - chant, violon, Marc Ribot - guitare solo
Andy Fairweather Low - Guitare Rythmique, Mel Collins - Saxophone
David Patton - Basse, Mino Cinelu - percussions, Manu Katché - batterie

vous en pensez quoi ?