lundi 27 avril 2015

Going to Ireland

Mange Mes Disques ferme jusque début mai et le Zornophage file à Dublin pour de bien mérités congés. Mais je ne vous laisse pas comme ça et, l'occasion faisant le larron, vous emmène dans l'univers du rock (au sens large) irlandais des années 70 et 80 avec quelques albums qui méritent largement le détour. Enjoie !

FoLK My PRoG 1
Dr. Strangely Strange "Heavy Petting" (1970)
ou "Hippie Trip"

Probablement le plus imprévisible, et le plus hippie, des groupes de folk psyché rock/prog de la République d'Eire, Dr. Strangely Strange, les Incredible String Band de Dublin diraient certains, ils en sont assurément les plus proches cousins irlandais, est surtout sa propre voix/voie comme on le constat sur leur second long-jeu, l'excellent Heavy Petting.
La première chose qui frappe, dès The Ballad of Wasps, l'ouverture de l'album, est que Dr. Strangely Strange ne se force pas à être irlandais, c'est l'évidence, ces dublinois ne cherchent pas à composer de la folk, il y a du prog, du rock psychédélique à gogo dans leur musique, mais voilà, irlandais ils sont et ça s'entend dans la mélodie de chant, dans de petits décrochages solo, dans un esprit qui ne peut être que d'Eire. Ainsi, tout l'album, même sa pochette !, débordant de trouvailles et de fantaisie, a tout de ce à quoi on imagine qu'un amalgame naturel de l'Irlande éternelle et de l'explosion flower power de la fin des années soixante et débuts des années soixante-dix ressemblerait.
Dans le détail, le trio et ses nombreux invités (qui deviendra d'ailleurs quatuor dès son album suivant avec l'adjonction de Linus Greville en tant que membre de plein droit), nous propose 11 titres pour une quarantaine de minutes de musique, les compositions sont plutôt courtes mais toujours développées (ça bouillonne là-dedans, on vous a dit), allant de tentations folk bien naturelles (Jove Was at Home, When Adam Delved) à un psychédélisme de bon ton (Ballad of the Wasps) en passant par un peu de prog rock (Gave My Love an Apple), de pop (Kilmanoyadd Stomp) et même un petit coup de presque hard rock (Mary Malone of Moscow au riff quand même très hard). C'est varié et cohérent, excellemment bien joué par des instrumentistes certifiés (à noter la présence de Gary Moore, d'Andy Irvine de Planxty et de Dave Mattacks de Fairport Convention dans les guests).
Toujours suffisamment léger, dans le bon sens du terme, pour ne pas aliéner les plus sensibles, Heavy Petting est une belle réussite pour Dr. Strangely Strange qui, eussent-ils été des poulains d'une contrée moins éloignée de l'épicentre commercial qu'ils auraient probablement connu un tout autre destin que se retrouver plonger aujourd'hui dans un quasi-complet anonymat. Mais dans ces seventies débutantes, peu de groupes ou d'artistes parvenaient à transiter avec succès de leur verte Irlande vers la perfide Albion, et encore plus difficilement dans un Londres surpeuplé de toutes les tendances possibles et imaginables. Reste cette musique, chaudement recommandée.

1. Ballad of the Wasps 3:22
2. Summer Breeze 3:35
3. Kilmanoyadd Stomp 2:41
4. I Will Lift up my Eyes 1:50
5. Sign on my Mind 8:19
6. Gave my Love an Apple 6:05
7. Jove Was at Home 2:30
8. When Adam Delved 2:10
9. Ashling 4:40
10. Mary Malone of Moscow 3:52
11. Goodnight my Friends 1:12

Tim Booth - vocals, banjo, bass, guitar, keyboards
Tim Goulding - vocals, keyboards, recorder, violin
Ivan Pawle - bass, guitar, keyboards, Mandolin, tin whistle, vocals, whistle
&
Caroline "Linus" Greville - autoharp, percussion, vocals, whistle
Dave Mattacks - drums, percussion
Johnny Moynihan - bazouki
Heather Wood - vocals
Brendan Shields - bass guitar
Johnny Mounthay - bazouki
Brush Shiels - bass
Johanna - vocals, keyboards
Annie Christmas - keyboards, vocals
Gary Moore - guitar
Andy Irvine - mandolin

DR. STRANGELY STRANGE

TRue FoLK
Planxty "Planxty" (1973)
ou "La tradition a du bon"

Ils sont des ces traditionalistes du celtic folk irlandais, des gars simples qui ont simplement amplifié leurs instruments pour passer des pubs à la scène sans vraiment changer autre chose si ce n'est, peut être, le taux d'ébriété... De vrais bons irlandais qui sont capables de faire danser ou chialer dans sa Guiness, c'est aussi simple que ça Planxty.
Vous me direz qu'il y avait déjà les Dubliners voire les Chieftains pour ce genre de chose. Sauf que nos Planxty combinent, justement, le meilleur des deux sans aucuns des défauts. Des Dubliners, ils conservent une authentique "irlandité" mais pas les voix avinées et les interprétations parfois presque trop roots et, en vérité, un peu approximatives. Des Chieftains, ils conservent un certain esprit aventureux sans cependant glisser dans un faux-folk mainstream (pré-Corrs, quoi), qui a parfois entaché la carrière de ce groupe seulement épisodiquement recommandable. Planxty, eux, menés par la voix sûre et franche de Christy Moore, ne font pas d'épate ou de touristique, il font du vrai, reprennent surtout (une seule composition originale, The West Coast of Clare signée Andy Irvine) mais reprennent surtout excellemment des titres qui sont suffisamment rares, obscurs sauf à être un spécialiste du tradi-irish, pour qu'on les découvre jouées par des virtuoses du genre qu'on imagine, bien que ce soit leur premier album, largement roués à l'exercice pour avoir écumé pubs, kermesses et autres maison de la culture et de la jeunesse (ou leur équivalent d'Eire) et avoir ainsi su parfaire leurs techniques individuelles mais aussi leur interaction.
Sans avoir besoin de trop rentrer dans le détail parce que des chansons douces à fendre l'âme à celles plus directement destinées à faire danser, ou au moins chanter en chœur, tout est bon ici. Et ça nous donne, simplement, un des tous meilleurs albums de folk irlandaise de tous les temps. Qu'est-ce qu'on dit ? Merci et bravo Planxty !

1. Raggle Taggle Gypsy/Tabhair Dom Do Lámh 4:31
2. Arthur McBride 2:56
3. Planxty Irwin 2:19
4. Sweet Thames Flow Softly 4:15
5. Junior Crehan's Favourite/Corney is Coming 2:41
6. The West Coast of Clare 5:36
7. The Jolly Beggar/The Wise Maid 4:26
8. Only Our Rivers 4:08
9. Sí Bheag, Sí Mhór 3:36
10. Follow Me Up to Carlow 2:24
11. Merrily Kissed the Quaker 2:43
12. The Blacksmith 4:11

Christy Moore - vocals, guitar, bodhrán
Andy Irvine - vocals, mandolin, bouzouki, harmonica
Dónal Lunny - synthesizer, bouzouki, vocals
Liam O'Flynn - uilleann pipes, tin whistle

PLANXTY

Le PaRRaiN
Van Morrison "...It's Too Late to Stop Now..." (1974)
ou "Le Grand Live"

Si Van Morrison a déjà la réputation d'une bête de scène, et d'un sale caractère accessoirement, il a sagement attendu qu'il soit temps, que le groupe rassemblé réponde parfaitement à sa vision, que les enregistrements soient vraiment de la qualité souhaitée, d'avoir le répertoire pour remplir un bon gros double live d'exception, ce qu'est indéniablement It's Too Late to Stop Now.
Parce qu'en 1973, avec sept albums sous la ceinture, sans compter les Them avec qui il a quand même enregistré deux beaux albums de blues nerveux, au meilleur de sa forme vocale, compositionnelle, artiste qui prend la scène à bras le corps comme jamais auparavant (pourtant, il a toujours été bon dans le domaine), Van Morrison, le petit nord-irlandais devenu si grand, en impose carrément.
Dans les faits, compilant des enregistrements de plusieurs provenance, le Troubadour à L.A., le Civic Auditorium de Santa Monica et, presque à la maison, le Rainbow de Londres, est un live qui pourrait manquer d'unité. Oui, mais, avec un groupe "aux petits oignons", le Caledonian Soul Orchestra dont il se séparera sans qu'on sache pourquoi dès la fin du tour (sans doute encore ce foutu caractère !) qui sait parfaitement habiter chaque aspect du parcours de Van, et un répertoire piochant avec intelligence et goût dans le catalogue du chanteur, avec même deux morceaux des Them, une belle unité de ton et de son, et même un détour bienvenu par la case reprise (de Ray Charles, John Lee Hooker, Sonny Boy Williamson, Muddy Waters et Sam Cooke, excusez du peu !), on ne peut qu'être conquis par cette impeccable sélection balançant entre rock, folk, blues et même soul ô combien magistralement interprétée devant un public médusé par tant de talent et de classe.
It's Too Late to Stop Now demeure, à raison, un des albums live les plus révérés de tous les temps. Si vous l'avez raté, il est plus que temps de vous rattraper !

CD 1
1. Ain't Nothin' You Can Do 3:44
2. Warm Love 3:04
3. Into the Mystic 4:33
4. These Dreams of You 3:37
5. I Believe to My Soul 4:09
6. I've Been Working 3:56
7. Help Me 3:25
8. Wild Children 5:04
9. Domino 4:48
10. I Just Want to Make Love to You 5:16

CD 2
1. Bring It On Home to Me 4:42
2. Saint Dominic's Preview 6:18
3. Take Your Hand Out of My Pocket 4:04
4. Listen to the Lion 8:43
5. Here Comes the Night 3:14
6. Gloria 4:16
7. Caravan 9:20
8. Cyprus Avenue 10:20
Bonus
9. Brown Eyed Girl 3:24

Van Morrison – vocal
Nathan Rubin – first violin
Tom Halpin, Tim Kovatch – violins
Nancy Ellis – viola
Teressa Adams – cello
Bill Atwood – trumpet, backing vocals
Jack Schroer – alto, tenor and baritone saxophones, tambourine, backing vocals
Jef Labes – piano, organ
John Platania – guitar, backing vocals
David Hayes – bass guitar, backing vocals
Dahaud Shaar (David Shaw) – drums, backing vocals

VAN MORRISON

FoLK My PRoG 2
Horslips "The Táin" (1974)
ou "War!...the Irish progressive way"

Un concept album de prog' folk d'Irlande ? Horslips vous dites ? En 1974 ? C'est à peu près la réponse que vous aurez même chez les amateurs de rock progressif qui ont sans doute atteint leur dose avec Jethro Tull, Fairport Convention et Steeleye Span, ce n'est pas une raison pour éviter cet exceptionnel The Táin qui fait plus que rivaliser avec ses collègues de la grande île.
Ceux qui ont écouté l'album sans vraiment le détailler compareront probablement. Horslips au combo d'Ian Anderson, c'est un complet résumé d'une immense fainéantise intellectuelle. Parce que là où l'agronome parfume son blues/hard/prog de flaveurs folkisantes, en grande partie grâce à la flûte tape-à-l'œil et la voix de gentleman farmer un peu braque d'Ian, Horslips inclut leur tradition séculaire (la folk irlandaise, donc) comme une composante fondamentale de le progressisme triomphant. Oui, triomphant !, parce que The Táin est un vrai concept album, où les chansons s'enchainent pour n'en faire qu'une, avec une vraie histoire (la retranscription d'une folk legend de la verte contrée) et un savoir-faire instrumental et compositionnel qui laisse littéralement baba.
Si on entre un peu dans le détail, qu'entend-on ? Un quintet en total contrôle de son art, pour ce qui n'est pourtant que leur second long-jeu et une œuvre ambitieuse qui plus est, qui, passé une intro un peu nimportnawesque (mais instrumentalement bluffante, déjà) enchainent heureusement sur un bel instrumental aux profondes racines celtiques explicitant, en 3 grosses minutes, ce que sera l'opus, un album absolument dantesque qui sait vraiment rocker (John Fean, est une fine gâchette de la six-cordes), ce qui était plus que nécessaire, obligatoire !, vu le thème guerrier du concept, sait aussi se perdre dans quelques glissements bienvenus (tous ces soli plus convaincants et trippants les uns que les autres) avant, bien sûr, de se retrouver sur de belles mélodies et des fondamentaux qui ne peuvent décemment être qu'irlandais.
Ceux qui pensent que Thick as a Brick est l'ultime concept album prog-folk feraient bien de se pencher sur The Táin est, il n'est pas impossible qu'ils changent d'avis... C'est dire s'ils sont bons, ces Horslips aujourd'hui presque oubliés.

1. Setanta 1:52
2. Maeve's Court 1:41
3. Charolais 4:03
4. The March 1:34
5. You Can't Fool The Beast 3:40
6. Dearg Doom 3:05
7. Ferdia's Song 2:44
8. Gae Bolga 1:12
9. Cu Chulainn's Lament 3:02
10. Faster Than The Hound 5:37
11. The Silver Spear 2:01
12. More Than You Can Chew 3:15
13. The Morrigan's Dream 3:25
14. Time To Kill 5:07
Bonus
15. Extended Live Sequence 16:37

Charles O'Connor - vocal, fiddle, mandolin
John Fean - guitar, vocals
Jim Lockhart - flute, keyboards
Barry Devlin - bass, vocals
Eamon Carr - drums, percussion

HORSLIPS

MiSTeR BLueS
Rory Gallagher "Against the Grain" (1975)
ou "Donegal Blues"

Vous roulez peinard sur une large route rectiligne cernée de paysages désertiques, Rory Gallagher tonne dans le sound system et c'est bon.
Oui, il y a comme une errance, comme une pulsion nomadique dans le blues rock de l'irlandais. Ca sent la route, la sueur, le sang, la galère et les petits triomphes, tout ce qu'à connu Rory en fait.
Ca donne un paquet de chansons succulentes à commencer par le boogie plein d'allant d'ouverture, Let Me In, parsemé des performances guitaristiques pleines d'âme du lumineux père Gallagher pour qui même Hendrix ne tarissait pas de louanges. Passé le morceau d'ouverture, une bombe soit dit en passant, il y a d'excellentes choses et pas mal de variété sur Against the Grain. Du beat blues (Cross Me Off Your List), de la belle ballade électroacoustique (Ain't Too Good), du furieux shufflin' blues (Souped-Up Ford), de l'up-tempo "badaboumant" plein de sève (I Take What I Want), du gros blues binaire au piano western (All Around Man), de la splendeur folk acoustique (Out on the Western Plain), au country-blues final de l'album d'origine (At the Bottom), et à deux bonus absolument essentiels, une fois n'est pas coutume, Rory fait le métier, déroule tout le spectre de ses capacités instrumentales et compositionnelles, avec une classe folle évidemment !
Parce qu'en 1975, Gallagher est certes un professionnel roué, quelques années en leader du power trio Taste et quatre précédents albums solo studio ayant fait leur œuvre, mais toujours aussi inspiré et investi qu'en ses premières heures. Il aime ça le bougre, et il faut dire que, secondé par un quatuor désormais bien installé, celui-là même qui ravage tout sur le fameux Irish Tour de 1974, il a l'écrin idéal pour poser sa voix, faire pleurer ou frétiller les six cordes de sa vieille Stratocaster élimée.
Certains vous diront que Rory est déjà en phase d'essoufflement sur Against the Grain, que ses plus belles années sont derrière lui. Ne les croyez surtout pas ! Car on tient ici un fameux album de blues rock d'un fameux interprète de la chose. Garanti sur facture, satisfait ou remboursé !

1. Let Me In 4:03
2. Cross Me Off Your List 4:26
3. Ain't Too Good 3:54
4. Souped-Up Ford 6:24
5. Bought and Sold 3:24
6. I Take What I Want 4:22
7. Lost at Sea 4:06
8. All Around Man 6:14
9. Out on the Western Plain 3:53
10. At the Bottom 3:18
Bonus
11. Cluney Blues 2:12
12. My Baby, Sure 2:55

Rory Gallagher – guitars, vocals
Gerry McAvoy – bass guitar
Lou Martin – keyboards
Rod de'Ath – drums, percussion


RORY GALLAGHER

SoMMeT iRLaNDaiS
Thin Lizzy "Black Rose: A Rock Legend" (1979)
ou "Legendary"

Un classique ? Non ! LE classique, le magnum opus, l'album de référence, la cerise sur le gâteau, etc. On n'a de cesse de se répandre en compliments quand on en vient à évoquer le cru 79 de Thin Lizzy, l'énorme et aptement sous-titré, Black Rose: A Rock Legend.
Dans les faits, l'album voit le retour d'un de ses anciens guitaristes, un vieux compagnon de route de Phil Lynott et Brian Downey, Gary Moore. Renforcés par cet authentique guitar-hero, les petits gars en sortent tout boostés avec une galette où rien, rien !, ne déçoit, loin de là ! Parce qu'il a tout, ce Thin Lizzy là, du rock qui rentre dedans (Toughest Street in Town, Got to Give It Up, Get Out of Here), du qui funke juste ce qu'il faut (S & M), du single qui tue (Do Anything You Want to, Waiting for an Alibi), de la ballade jazzy (Sarah, pour la fille de Phil), du solide mid-tempo (With Love) et même, bonheur ultime, de l'épique celtique de compétition (Róisín Dubh (Black Rose): A Rock Legend)... Tout vous dit-on !
Et encore plus dans la version Deluxe, qui pour une fois porte bien son nom, où on retrouve, pêle-mêle, une face B prouvant que Thin Lizzy avait le choix, en plus (Just the Two of Us), du blues des mêmes sessions qui n'était pas encore arrivé jusque nos oreilles et qu'on ne savait pas ce qu'on perdait (A Night in the Life of a Blues Singer avec un solo de Gary, j'vous raconte pas !), du bon rock dans la provenance nous échappe (Rockula, ce titre !, sympathique si anecdotique), la version lente, avec le chant partagé entre Lynott et Moore, de Don't Believe a Word (qui ne vaut pas la rapide mais mérite quand même le détour, une version légèrement différente de Toughest Street in Town (avec un solo "branle ton manche" probablement de Gorham), et, la pièce de résistance, les sessions avortées à Nassau où on entend, ce qui est d'autant plus intéressant qu'on a quand même l'album, le vrai !, des versions légères où harmonica, percussions, des sons de guitare nettement plus légers viennent interférer avec l'énergie du groupe, sans doute l'influence climatique de ce ratage bahamien si loin des rudesses de leur verte patrie. Dire qu'on est heureux que ces sessions ne fussent pas jugées concluantes parce que, si on n'a rien contre Huey Lewis et son harmonica, ça ne fonctionne pas au-delà du plaisir presque voyeur de voir ce qu'on a évité, ouf ! Toujours est-il que ça fait de ce Deluxe une sorte de caverne d'Ali Baba tout à fait réjouissante qui fera probablement repiquer ceux qui avaient pourtant déjà le légendaire album.
Black Rose: A Rock Legend, est un immense album, le pinacle artistique de la carrière de Thin Lizzy, la plus belle formation irlandaise de hard rock de tous les temps. Une œuvre majeure qu'on recommande à tous ceux qui aiment le rock quelque soit la chapelle où ils prient. Oui, à ce point !

CD 1 - Album
1. Do Anything You Want To 3:53
2. Toughest Street in Town 4:01
3. S & M 4:05
4. Waiting for an Alibi 3:30
5. Sarah 3:33
6. Got to Give It Up 4:24
7. Get Out of Here 3:37
8. With Love 4:38
9. Róisín Dubh (Black Rose): A Rock Legend 7:06

CD 2 - Bonus
1. Just the Two of Us (B-side) 2:47
2. A Night in the Life of a Blues Singer (Longer version) 5:44
3. Rockula (Rock Your Love) 4:16
4. Don't Believe a Word (Slow version - Lynott/Moore vocals) 3:19
5. Toughest Street in Town (Different version) 3:58
6. S&M (Nassau, 1978) 3:18
7. Got to Give It Up (Nassau, 1978) 3:25
8. Cold Black Night (Nassau, 1978) 3:37
9. With Love (Nassau, 1978) 4:33
10. Black Rose (Nassau, 1978) 4:04

Phil Lynott – bass guitar, lead vocals, twelve-string guitar
Scott Gorham – lead guitar, rhythm guitar, backing vocals
Gary Moore – lead and rhythm guitar, backing vocals
Brian Downey – drums, percussion
&
Jimmy Bain – bass guitar on "With Love"
Huey Lewis – harmonica on "Sarah" and "With Love"
Mark Nauseef – drums on "Sarah"

THIN LIZZY

PuNK eN TRèFLe
Stiff Little Fingers "Nobody's Heroes" (1980)
ou "Héros malgré eux"

Etre nord-irlandais et punk, ça t'a une cohérence, j'te raconte pas. Alors ne nous étonnons pas qu'une des plus belles réussites de la vague punk britannique vienne de Belfast, Ulster. Ce sont des Stiff Little Fingers dont il s'agit, évidemment.
Bon, ils arrivent un peu tard ces petits doigts gourds, un peu comme une autre excellente formation qu'on regrettera vite, les Ruts. Parce que Jake Burns et ses amis, apparus en 1979 avec un impeccable Inflammable Material, disparaitront en 1982 après un quatrième album, Now Then..., le seul ratage de leur run initial, qui gachera un peu la fête.
Mais pas de ça en 1980 où, malgré un punk rock passé de mode et remplacé, au choix, par un post-punk/new wave qui tournera bientôt synthpop ou les élucubrations 2Tone de quelques groupes passionnés de musique jamaïcaine qui se sont mis dans l'idée de faire renaître le ska d'antan. Au milieu de tout ça, les Stiff Little Fingers , le chaînon manquant entre les initiateurs et les héritiers de la seconde vague (comme les Ruts, tiens !), font mieux que résister, jusque dans leur hommage aux Specials (la reprise de Doesn't Make It Alright), ils sortent un album de vrai punk (avec un peu de reggae dedans, c'est souvent de coutume et ils ont repris Marley sur leur premier album, en plus) et en sont fiers ! Et ils ont toutes les raisons pour ça parce que, franchement, Nobody's Heroes, album de punk pas que politique, mais souvent politique quand même, est une immense déclaration d'intentions hargneuse à souhait mais pas idiot comme trop souvent chez les punks "par mode", dont il ne sont donc pas.
Il faut dire qu'avec un nouveau batteur bien meilleur que le précédent, Jim Reilly remplace Brian Faloon, un songwriting qui s'est affiné via les progrès de la collaboration entre Jake Burns et leur manager mais aussi journaliste Gordon Ogilvie, et une production qui rend la rage audible sans la castrer, ils ont le bon package, les belfastiens. Et d'excellentes chansons comme s'il en pleuvait donc avec, pour ne citer qu'eux, un Gotta Gettaway nerveux et mélodique, un At the Edge qui influencera tout la vague américaine punk dite mélodique (Green Day et tout ça), un Bloody Dub qui porte admirablement son nom et constitue un excellent break de mi-parcours, l'excellente reprise des Specials précitée, bien punkisées mais pas méconnaissable pour autant, et évidemment un Tin Soldiers aux relents presque celtic folk (dans la mélodie, l'énergie) qui demeurera un des plus grands classique du groupe, forcément, mais de tout le punk rock tout court.
Nobody's Heroes, comme ce qui le précède et le suit (Go for It, 1981) est une excellente galette de punk rock intelligent, racé, varié et mélodique, tout ce qu'on devrait attendre du genre, en somme, la fougue et le talent de ces agités nord-irlandais en plus.

1. Gotta Gettaway 3:37
2. Wait and See 4:28
3. Fly the Flag 3:46
4. At the Edge 2:59
5. Nobody's Hero 4:11
6. Bloody Dub 3:47
7. Doesn't Make It All Right 5:50
8. I Don't Like You 2:44
9. No Change 1:56
10. Tin Soldiers 4:46
Bonus
11. Bloody Sunday 3:24
12. Straw Dogs 3:30
13. You Can't Say Crap On The Radio 2:50
14. Jake Burns Interview by Alan Parker (13/6/01) Part Two 15:08

Jake Burns – vocals/guitar
Jim Reilly – drums
Henry Cluney – guitar
Ali McMordie – bass

STIFF LITTLE FINGERS

STReeT FiGHTiNG yeaRS
U2 "War" (1983)
ou "Irish Bloody Irish"

Ce n'est pas encore le U2 Hollywoodien qui remplit les stades, fait du charity business, des apparitions en invité de luxe, sa diva, quoi !, c'est encore le U2 de la banlieue de Dublin, déjà une formation à l'excellente réputation, c'est le U2 de War, 1983.
Et pour le coup, je fais mon coming out, parce que je n'aime pas U2 que je considère, au mieux, comme un bon groupe à singles (Sunday Bloody Sunday et New Years Day ici... et le désert), je m'en vais céder la parole à Twilight du recommandé webzine Guts of Darkness, qui, lui, ne risque pas de vous gâcher le plaisir (si vous en prenez avec ce genre de choses...) :
"Si 'Boy' avait permis à U2 d'exploser, l'inachevé 'October' avait stoppé cette progression; pour ce troisième album, nos quatre Dublinois savent qu'ils n'ont pas droit à l'erreur. Et erreur il n'y aura pas. Finis les doutes spirituels: les Russes ont envahi l'Afghanistan, Margaret Thatcher a pris le pouvoir en Grande-Bretagne, Ronald Reagan aux USA; les violences se poursuivent en Irlande du Nord, l'IRA revendique nombre d'attentats, le chômage frappe durement...Pour Bono et sa bande, il faut passer à l'action, l'écriture s'en ressent, le groupe n'a pas peur de prendre position sur certains thèmes (la guerre, le terrorisme,...). 'War' est un disque de colère mais également d'espoir, ce qui lui confère sa touche flamboyante. Des hymnes, il en regorge: 'Sunday bloody Sunday', 'New year's day', 'Like a song'...Leur efficacité mélodique est totale mais nous sommes loin du post punk écorché de 'Boy', le combo a gagné en maturité ce qu'il a perdu en spontanéité. A l'image de sa pochette (extraordinaire de mon point de vue), voilà également un opus plus subtile dans ses arrangements et ses nuances, les musiciens n'ont pas peur de s'aventurer dans des pièces plus tranquilles ('40', 'The drowning man') qui s'avèrent de véritables réussites. 'War' est clairement un album post punk malgré tout, 'The refugee' avec son bon travail des percussions le prouve, pareil pour 'Two hearts beat as one'Adam Clayton s'éclate sur sa basse en complément des accords rapides et acérés de The Edge (lequel fait réellement des merveilles avec sa guitare au son si typique). U2 a donc réussi son pari et prouvé que l'on avait raison de croire en lui; 'War' boucle d'une manière inconsciente une trilogie, celle de l'ère la plus post punk; si divers éléments laissent à supposer que nos Irlandais tournent progressivement le dos à leurs racines punk, ce n'est pourtant que 'Unforgettable fire' qui le confirmera ouvertement. Personnellement, je lui préfère 'Boy' mais comment résister à la vaillance de cet album ?"
Je répondrais bien "MOI JE PEUX !" mais ce serait faire du mauvais esprit... Et vous, vous en pensez quoi ?

1. Sunday Bloody Sunday 4:38
2. Seconds 3:09
3. New Year's Day 5:38
4. Like a Song… 4:48
5. Drowning Man 4:12
6. The Refugee 3:40
7. Two Hearts Beat as One 4:00
8. Red Light 3:46
9. Surrender 5:34
10. "40" 2:36

Bono – lead vocals, additional guitar
The Edge – guitar, piano, lap steel, backing vocals, lead vocals on "Seconds," bass and guitar on "40"
Adam Clayton – bass, except on "40"
Larry Mullen, Jr. – drums
&
Kenny Fradley – trumpet on "Red Light"
Steve Wickham – electric violin on "Sunday Bloody Sunday" and "Drowning Man"
The Coconuts: Cheryl Poirier, Adriana Kaegi, Taryn Hagey, Jessica Felton – backing vocals on "Like A Song…", "Red Light", and "Surrender"

U2

THe WeiRD iRiSH
Virgin Prunes "Over the Rainbow" (1985)
ou "Vive les Fous !"

Si la bonne dose d'étrangeté figurant sur leurs albums ne vous suffisait pas, voici une compilation des irlandais déments des Virgin Prunes. Ca va loin !
Et tous azimuts ! D'ambient minimaliste à la Eno (Red Nettle, Mad Bird in the Wood, Jigsawmentallama, Greylight), d'étrangetés punk ou new wave déstructurées et angulaires (Twenty Tens, Moments 'N' Mine, White History Book, Faculties of a Broken Heart), de tribalisme post-punk déjanté (Pagan Lovesong Vibe - Akimbo), de contines post-apocalyptiques (Children Are Crying), de sautillantes chansons synthpop dévoyées (King of Junk), à de totales bizarreries (Happy Dead et ses presque 14 minutes où on se demande souvent où Gavin Friday & Cie vont, un Revenge de douleur), les Virgin Prunes ont indéniablement de l'imagination et une capacité à ne finalement ressembler à personne tout en produisant, à quelques exceptions rencontrées vers la fin de la présente sélection, une musique qui s'écoute avec le bonheur de découvrir un étrange animal dans son milieu d'origine, une jungle urbaine malfamée, peuplée de créatures de tous sexes et de toutes apparences, un cirque des monstres qui n'a rien à envier à celui de Brownin.
Tout ça fait d'Over the Rainbow une addition bienvenue à la collection d'albums de ces irlandais pas comme les autres.

CD 1
1. Red Nettle 2:18
2. Twenty Tens 2:27
3. Pagan Lovesong Vibe - Akimbo 6:52
4. Moments 'N' Mine 4:27
5. Mad Bird In the Wood 4:20
6. Children Are Crying 5:12
7. Jigsawmentallama 6:20
8. King of Junk 2:50
9. War 2:06
10. Greylight 4:23

CD 2
1. White History Book 3:43
2. Faculties of a Broken Heart 5:05
3. In the Greylight 2:50
4. Happy Dead 13:41
5. Revenge 3:36
6. Third Secret 4:19
7. Love Lasts Forever 11:26

Gavin Friday - vocals
Guggi - vocals
Dave-id Busarus - vocals
Dik Evans - guitar
Strongman - bass
Mary D'Nellon - drums

VIRGIN PRUNES

CHauVe Qui PeuT !
Sinéad O'Connor "I Do Not Want What I Haven't Got" (1990)
ou "Breakthrough"

I Do Not Whant What I Haven't Got (je ne veux pas ce que je n'ai pas, si ce n'est pas de la déclaration d'intention, ça !), est le second album de Sinéad O'Connor, celui de son explosion commerciale après un frémissant, violent et (relativement) expérimental The Lion & the Cobra. I Do Not Want What I Haven't Got est un sacré bon album.
Evidemment, il y a la locomotive, LE tube, une reprise (transcendée !) de The Family composée par Prince, ce désespéré Nothing Compares to U et le clip qui l'accompagne dont l'impact ne doit pas être négligé (la larme et toussa). Mais c'est l'ensemble de l'album qui épate de maturité, d'assurance, de talent aussi. Parce que Sinéad est beaucoup plus qu'une chanteuse lambda, multi-instrumentiste, compositrice, arrangeuse, productrice de sa propre musique également, c'est une artiste complète qui sait, qui plus est, s'entourer, en engageant les services de Nellee Hooper (Soul II Soul, Massive Attack, Björk, etc.) venu trip-hopper un peu le son de la présente galette, ou de Karl Wallinger (World Party, The Waterboys) assistant Sinead de son savoir-faire d'arrangeur. Mais c'est bel et bien Sinéad qui est la capitaine de son bateau même quand elle s'empare et transforme un morceau des obscures folkeux irlandais de Scullion, I Am Stretched on Your Grave qu'elle transcende aussi, d'ailleurs, en mode electro celte, il fallait oser. Le reste du matériau est original et n'a aucun mal à rivaliser avec les deux emprunts choisis. Parce que la dame a aussi un joli talent de plume et une belle inspiration mélodique comme directement démontré par un Feel So Different orchestral qui, certes, évoque Kate Bush mais a aussi sa propre voix, ou plus tard par le supra-efficace The Emperor's New Clothes (qui sonne un peu comme du Cranberries avant les Cranberries sans l'agaçante Dolores O'Riordan en plus !), les caresses folk de Black Boys on Mopeds, You Cause as Much Sorrow ou The Last Day of Our Acquaintance, un Jump in the River pas sans évoquer U2 dans son emphase "heroic rock", et bien sûr, habité par sa seule voix, I Do Not Want What I Haven't Got en subtil bouquet final.
Et comme pour une fois le talent fut récompensé, Sinéad se fit un nom, mondial ! Bien sûr, sa carrière a depuis connu des hauts et des bas, des polémiques un peu inutiles parfois (avec Sinatra, remember ?), elle reste cependant, et encore un peu plus sur le présent trésor, une artiste qu'on suit sachant qu'elle sera toujours capable de nous surprendre, et sur I Do Not Want What I Haven't Go, de nous ravir.
 

1. Feel So Different 6:47
2. I Am Stretched on Your Grave 5:33
3. Three Babies 4:47
4. The Emperor's New Clothes 5:16
5. Black Boys on Mopeds 3:53
6. Nothing Compares 2 U 5:10
7. Jump in the River 4:12
8. You Cause as Much Sorrow 5:04
9. The Last Day of Our Acquaintance 4:40
10. I Do Not Want What I Haven't Got 5:47

Sinéad O'Connor: vocals, acoustic and electric guitars, keyboards, percussion, drum programming, arranger, producer, string arrangements
Marco Pirroni: electric guitar
David Munday: acoustic guitar, piano
Andy Rourke: acoustic guitar, bass
Jah Wobble: bass
John Reynolds: drums
Steve Wickham: fiddle
Philip King: vocals, melody arrangement
Nick Ingman: conductor, orchestra director, string arrangements
Karl Wallinger: arranger

SINEAD O'CONNOR


vendredi 24 avril 2015

Démos d'Extases

Andy Partridge "The Official Fuzzy Warbles Collector's Album" (2006)
ou "Andy's Studio"

Au départ prévu pour être un examen des archives de XTC, The Official Fuzzy Warbles Collector's Album, après le retrait de Colin Moulding (qui n'est pourtant pas totalement absent du projet) suite à une brouille avec Andy, l'énorme projet devint celui de ce que Mr. Partridge avait dans ses armoires, considérant qu'il est l'auteur de 80% des chansons des fameux popsters, ça ne change presque rien.
Or donc, Fuzzy Warbles, dans sa version coffretée, est une somme d'impressionnante dimension. Avec les 8 volumes originels, tous sortis entre 2002 et 2006, un rythme imposant, s'ajoute un neuvième qu'on n'attendait pas (Hinges). Essentiellement, c'est l'œuvre avant l'œuvre d'un seul homme, Partridge donc, qui y compose tout, y joue presque tout et peut par conséquent en assumer pleinement la paternité. Ce faisant, le pudique Andy dévoile beaucoup de lui, de son process et du chemin qu'il restait à parcourir pour concrétiser tout ça en forme de XTC.
Evidemment, s'agissant, en grande majorité, d'une collection de démos, il ne faut pas s'attendre au même luxe d'arrangement que ce dont nous avait habitué XTC. Ceci dit, Partridge ayant plus d'un tour dans son sac à malice et étant tout de même un artisan maniaque et précis, ce n'est pas non plus à une collection d'approximations, de brouillons à laquelle nous avons affaire, pas plus qu'à de bêtes versions "avant studio" d'autant que de nombreux inédits, gags et impromptus viennent habiter chacune des galettes proposées. C'est, en fait, un peu une vue de l'intérieur du crâne d'un grand compositeur de pop music qui nous est ultimement proposée, en long, en large et en travers, une collection qu'on ne détaillera pas présentement pour éviter de trop redonder sur le génie tout sauf supposé de l'auteur.
Alors, évidemment, on conseillera avant tout le gros lot aux inconditionnels de XTC et de Partridge qui y trouveront une mine d'or ornée de quelques flamboyants diamants mais, vraiment, au-delà du petit cercle très limité précité, The Official Fuzzy Warbles Collector's Album pourra aussi contenter tous ceux qui, ne pensant pas avoir grand intérêt pour le compositeur et sa défunte formation, se verront glorieusement confrontés à une collection pop de tout premier ordre.

Fuzzy Warbles Volume 1 (2002)
1. Dame Fortune 2:40
2. Born out of Your Mouth 2:48
3. Howlin' Burston 0:36
4. Don't Let Us Bug Ya 2:43
5. That Wag 4:52
6. That Wave 3:43
7. Ocean's Daughter 1:13
8. Everything 3:17
9. MOGO 2:16
10. Goosey Goosey 3:54
11. Merely a Man 2:49
12. EPNS 2:40
13. Summer Hot As This 4:15
14. Miniature Sun 4:22
15. I Bought Myself a Liarbird 3:03
16. Complicated Game 2:42
17. Wonder Annual 4:03
18. Space Wray 1:46
19. Rocket 5:21

Andy Partridge – instruments and vocals on all tracks
Dave Gregory – guitar on 5, 13, bass on 13
Colin Moulding – bass on 5
Dave Mattacks – drums on 5

Fuzzy Warbles Volume 2 (2002)
1. Ridgeway Path 0:57
2. I Don't Want to Be Here (Aids Benefit Version) 4:02
3. Young Marrieds 3:23
4. No One Here Available 0:18
5. Obscene Procession 4:13
6. Miller Time 1:10
7. You're the Wish You Are I Had 3:21
8. Ra Ra Rehearsal 2:15
9. Ra Ra For Red Rocking Horse 3:43
10. Everything'll Be Alright 3:02
11. 25 O'Clock 2:22
12. Goom 1:59
13. Chain of Command 2:41
14. All of a Sudden (It's Too Late) 1:10
15. Summer's Cauldron 5:33
16. Then She Appeared 2:59
17. It's Snowing Angels 3:18
18. Ship Trapped in the Ice 3:11

Andy Partridge – instruments and vocals on all tracks
Colin Moulding – bass on 2, 13, 15 and vocal on 2
Dave Gregory – piano on 8, guitar on 13 and 15, synth and drum programming on 15
Terry Chambers – drums on 13

Fuzzy Warbles Volume 3 (2003)
1. My Train Is Coming 2:43
2. Lightheaded 3:29
3. Goodbye Humanosaurus 3:11
4. Humble Daisy 3:15
5. You Like Me? 4:45
6. Great Fire 3:38
7. Work 3:03
8. Mopti Fake 1 0:58
9. Collideascope 3:00
10. Mopti Fake 2 1:03
11. When We Get to England 2:17
12. Train Running Low on Soul Coal 4:18
13. Holly Up on Poppy 3:02
14. Strawberry Fields Forever 4:01
15. Autumn Comes Around 1:05
16. Child's Crusade 2:38
17. Little Lighthouse 5:15
18. This Is the End 5:05
19. Put It on Again 0:55

Andy Partridge – instruments and vocals on all tracks
Dave Gregory – All instrument and backing vocals on 14
Erica Wexler – Suzy Wong voice on 5

Fuzzy Warbles Volume 4 (2003)
1. Tunes 0:24
2. Bumpercars 3:59
3. The Art Song (Something Good with Your Life) 2:51
4. I'm Playing My Fano 1:11
5. Zonked Right out on Life 5:17
6. All I Dream of Is a Friend 3:43
7. Peck the Ground Like a Chicken 1:26
8. That's Really Super Supergirl 3:40
9. Brainiac's Daughter 1:48
10. Blue Beret 3:07
11. Gangway, Electric Guitar Is Coming Through 1:50
12. Mechanical Planet 3:54
13. Helicopter 3:51
14. The Ugly Underneath 3:13
15. OMGO 2:03
16. Where Is Your Heart? 2:57
17. Hey, It's Alan Burston! 0:22
18. Season Cycle 4:51
19. Countdown to Christmas Partytime 5:36

Andy Partridge – instruments and vocals on all tracks
Dave Gregory – Synth guitar on 12, recording engineer on 12, guitar and backing vocal on 13
Colin Moulding – bass and backing vocal on 13
Terry Chambers – drums on 13
Dave Morgan - psychedelic pensioner on 18

Fuzzy Warbles Volume 5 (2004)
1. Welcome to Volume 5 0:25
2. Young Cleopatra 3:51
3. Defy You Gravity 4:18
4. Ice Jet Kiss 0:36
5. Broomstick Rhythm 3:37
6. Earn Enough for Us 3:03
7. Dear God (Skiffle Version) 1:00
8. Crocodile 3:49
9. Motorcycle Landscape 4:38
10. Rook 3:44
11. Don't You Ever Dare Call Me Chickenhead 2:12
12. Mermaid Explanation 1:05
13. Mermaid Smiled 2:26
14. Aqua Deum 2:36
15. Me and the Wind 4:19
16. Smalltown 4:01
17. Blue Overall 3:09
18. Red Brick Dream 1:22
19. Jacob's Ladder 6:14
20. My Land Is Burning 6:55

Andy Partridge – instruments and vocals on all tracks

Fuzzy Warbles Volume 6 (2004)
1. Last Laugh Track 2:46
2. The Stinking Rich Song 2:53
3. I Can't Tell What Truth Is Anymore 2:47
4. Candle Dance 1:57
5. The Tiny Circus of Life 3:10
6. The Man Who Sailed Around His Soul 2:57
7. In My Hand 2:49
8. Difficult Age 3:43
9. Pink Thing 3:17
10. Shaking Skin House 4:24
11. Bike Ride to the Moon 1:30
12. My Love Explodes 1:55
13. Omnibus 3:13
14. Across the Antheap (Skylarking Demo) 2:49
15. Across This Antheap (Oranges & Lemons Demo) 5:36
16. Human Alchemy 5:58
17. Moonlit Drive 3:12
18. Prince of Orange 2:54
19. End of the Pier 4:14

Andy Partridge – instruments and vocals on all tracks

Fuzzy Warbles Volume 7 (2006)
1. 2 Rainbeau Melt 3:36
2. Thrill Pill 0:46
3. Sonic Boom 2:50
4. I'm Unbecome 4:04
5. Ballet for a Rainy Day 3:12
6. 1000 Umbrellas 1:39
7. Ejac in a Box (MGOO) 3:08
8. C Side 0:20
9. Seagulls Screaming Kiss Her Kiss Her 3:38
10. Ladybird 5:15
11. Candymine 2:24
12. Visit to the Doctor 3:29
13. Cherry In Your Tree 2:53
14. Desert Island 5:14
15. Scarecrow People 4:17
16. Hold Me My Daddy 4:13
17. Books are Burning 4:23
18. Bobba De Boop De Ba De Boobay 0:31
19. Open a Can of Human Beans 4:44

Andy Partridge – instruments and vocals on all tracks
Dave Gregory - sitar guitar and Mellotron on 19
Ian Gregory - drums on 19
Colin Moulding - bass on 19

Fuzzy Warbles Volume 8 (2006)
1. Through Electric Gardens 4:59
2. Skate Dreams Wet Cat 2:04
3. The Bland Leading The Bland 4:08
4. Sliverstar 1:22
5. I Gave My Suitcase Away 3:21
6. Extrovert 3:38
7. Another Satellite 5:12
8. These Voices 1:02
9. Song For Wes Long 0:56
10. Happy Birthday Karen 1:04
11. REM Producer Enquiry 2:36
12. The Loving 4:18
13. Shalloween 3:22
14. Was A Yes 2:24
15. Genie In A Bottle 1:37
16. Disque Bleu 3:17
17. Poor Skeleton Steps Out 2:21
18. I Don't Want To Be Here (original demo) 4:16
19. Chalkhills & Children 5:00

Andy Partridge – instruments and vocals on all tracks


Hinges (2006)
1.Gold 3:31
2.Now We All Dead (It Doesn't Matter) 3:16
3.Rain Of Blows (early version) 1:44
4.Reign Of Blows 5:06
5.Jump 5:35
6.Shake You Donkey Up 3:27
7.Happy Families 2:30
8.Here Comes President Kill Again 3:31
9.Beating Of Hearts 4:16

Andy Partridge – instruments and vocals on all tracks

mardi 21 avril 2015

Recyclage Tricolore (d'hier et d'aujourd'hui)

Pour tous les gouts, de toutes les époques et de toutes les couleurs, c'est le programme tous azimuts d'un recyclage intégralement consacré à notre cher pays. Du 18ème siècle à aujourd'hui, la France n'a peut-être pas de pétrole mais elle a du talent ! Enjoie !

BaRoCCo CoCo !
Pancrace Royer "Pièces de Clavecin" (1981)
ou "Musique étonnante"

On ne dira jamais assez à quel point le patrimoine musical français se perd dans les limbes. Prenez Joseph-Nicolas-Pancrace Royer (1705-1755), savoyard de Turin de naissance, devenu musicien autant par passion que par nécessité et opportunité, maitre de musique de la progéniture de Louis le XVème mais surtout compositeur et claveciniste, demandez voir autour de vous si quelqu'un a entendu parler de cet oiseau là. Las, sorti de Rameau, Lully, Couperin, et quelques autres plus temporellement proches de nous, c'est un assourdissant silence qui vous revient.
Il y a pourtant matière à enthousiasme dans les Pièces de Clavecin, œuvre la plus couramment disponible et la plus régulièrement jouée de ce compositeur trop méconnu, enfin, ce qu'il en reste (15 partitions dont 14 interprétées ici) beaucoup s'étant perdues depuis leur composition, dans la première moitié du XVIIIème siècle. On y trouve un Pancrace Royer indéniablement de son temps et très influencé par son aîné Couperin mais pas sans personnalité ni sans un certain esprit frondeur lui permettant d'élargir les lignes, d'évoluer à la marge.
Déjà il y a le choix de l'instrument, le précieux et fragile clavecin à cordes pincées si immédiatement reconnaissable, instrument dominant dans les cours européennes de l'époque bientôt supplanté par l'invention du florentin Bartolomeo Cristofori, le piano-forte, à la résonnance tellement plus importante et à la polyphonie si pratique pour une interprétation solitaire. Dans le contexte baroque, ceci dit, on n'imagine pas meilleur vecteur que cet instrument à la sonorité peut-être désuète aujourd'hui mais au charme définitivement intact... Quand la musique est bonne ! Et elle l'est présentement, et que William Christie, chef évidemment mais surtout virtuose de l'harpsichord comme on dit dans son pays natal, ne s'est pas trompé en sélectionnant Royer. Parce que c'est audible, les Pièces de Clavecin ont été composées pour l'instrument de choix et en exploite la richesse et les particularismes harmoniques avec science et goût y dénichant même une puissance sonique insoupçonnée. Et ce n'est pas la captation naturaliste et chaude (on y entend même les joyeux ébats sonores de quelques zozios ou je délire ?) ou l'interprétation passionnée et passionnante de William Christie qui viendront ternir ce luxuriant tableau.
Au final, alors qu'on s'attendait à aborder une œuvre rigoriste, religieuse presque, on se retrouve avec 14 pièces débordantes de vie qui sauront, nul doute !, transporter l'auditeur d'allégresse. Magnifique ! Et chaudement recommandé, et pas qu'aux amateurs de musique baroque et de clavecin, à celles et ceux qui aiment la musique qui vient du cerveau, du cœur et de l'âme.

1. La Majestueuse (courante) 5:14
2. La Zaïde (rondeau, tendrement) 6:26
3. Les Matelots (modérément) 2:32
4. Premier & Deuxième Tambourins 1:14
5. L'Incertaine (marqué) 3:08
6. L'aimable (gracieux) 4:21
7. La Bagatelle 1:55
8. Suite de la Bagatelle 1:32
9. La Rémouleuse (rondeau, modérément) 2:46
10. Les Tendres sentiments (rondeau) 5:55
11. Le Vertigo (rondeau, modérément) 6:31
12. Allemande 5:54
13. La Sensible (rondeau) 5:02
14. La Marche des Scythes (fièrement) 7:10

William Christie - clavecin

WILLIAM CHRISTIE - JOSEPH-NICOLAS-PANCRACE ROYER

CHaNSoN RéaLiSTe
Fréhel "Fréhel" (1997)
ou "Madame Fréhel"

J'aurais pu appeler ça "Mémoire de la Chanson Française", ou bien "Une Grande Dame de la Chanson Réaliste", ou encore "Un Autre Monde" en raccourci inter-générationnel amusant, et puis non. Madame Fréhel, ça lui va bien à Marguerite Boulc'h, titi parisien d'origine finistérienne (d'où son nom de scène), née 9 ans avant la fin du siècle d'avant, une paille !, et décédée 59 ans plus tard, ruinée financièrement tant que physiquement, ayant brûlé la chandelle par les deux bouts, dirait-on. tragique certainement.
Sa vie est un drame, ses chansons, réalistes !, jouant toujours sur la corde des sentiments, savaient aussi être drôles, voire carrément crues, si bien qu'on est régulièrement surpris par la liberté de ton par rapport au politiquement correct d'aujourd'hui (sur l'emblématique La Coco , le Lady Is a Tramp français, pas moins !, mais aussi Maison Louche, par exemple).
Drôle aussi donc, comme dans les historiettes ou énumérations que sont Tel Qu'Il Est, Ohé ! les Copains, La Môme Catch Catch où la gouaille toute parigote de cette enfant du pavé fait merveille. (Mélo)dramatique aussi quand, grande tragédienne, Fréhel prend des accents désespérés pour chanter les temps qui changent déjà (Où Est-Il Donc ?), un drame familial (Pauvre Grand), l'histoire d'une femme qui a été mais n'est plus (Où Sont Tous Mes Amants), etc.
Etc., Parce que le catalogue de la Dame est riche et que même ce double cd généreux, 36 titres et plus de 100 minutes, de 1931 à 1939 (sa période de gloire), ne peut se targuer de faire figure d'anthologie définitive, tout meilleur du marché avec son son bien restauré soit-il, il en manque !
C'est néanmoins, avant d'attaquer Damia, Berthe Silva, voire Aristide Bruant, une excellente introduction à une musique d'une autre époque, une vignette d'un autre temps où la musique qu'on entendait dans la rue provenait d'un orgue de barbarie, d'un accordéon, pas du casque de l'"ipaude" vissé dans nos oreilles. Un autre monde, ni bon ni meilleur, différent. Dépaysant, donc, historique aussi, celui de Fréhel.

CD 1
1. Comme un moineau 3:00
2. Pauvre grand 3:04
3. Sous la blafarde 3:18
4. L'obsédé 2:29
5. La chanson du vieux marin 2:54
6. Comme une fleur 3:20
7. La coco 3:02
8. A la dérive 3:09
9. Quand on a trop de cœur 2:21
10. Musette 2:38
11. Le grand Léon 3:05
12. C'est un mâle 2:58
13. Rien ne vaut l'accordéon 2:25
14. Il encaisse tout 2:33
15. Sous les ponts 3:21
16. La peur (un chat qui miaule) 3:12
17. Où sont tous mes amants 3:23
18. Il est trop tard 3:20

CD 2
1. Le fils de la femme poisson 3:11
2. La valse à tout le monde 2:45
3. Maison louche 3:09
4. Pleure 2:54
5. Tel qu'il est 2:47
6. Sous la flotte 2:43
7. Tout change dans la vie 2:32
8. Où est il donc ? 3:12
9. Et V'là pourquoi 2:33
10. Les filles qui la nuit 3:09
11. La môme catch catch 2:58
12. La chanson des fortifs 3:02
13. L'amour des hommes 2:57
14. Derrière la clique 3:19
15. Sans lendemain 3:17
16. La der des der 2:49
17. Ohé les copains ! 2:23
18. La java bleue 2:45

FREHEL

eN RouGe eT NoiR
Marc Ogeret "Chansons "Contre"" (1968/88)
ou "C'est la lutte finale"

Vous ne le connaissez probablement pas alors, avant de parler de l'album, commençons par une petite biographie empruntée au site du Centre National de Documentation Pédagogique (je sais, ça fait un peu peur) : "Marc Ogeret naît à Paris en 1932. Son père travaille au service santé du ministère de la Guerre et sa mère est couturière. Il suit sa scolarité aux lycées Montaigne et Louis Le Grand. À 17 ans, il abandonne ses études et devient apprenti dans une fonderie. Puis il travaille chez IBM et chez Renault. Poussé par une bande d'amis qui montent une troupe de comédiens, il abandonne son poste. En 1950, il entre au Centre dramatique de la rue Blanche. Il y reste trois ans tout en faisant la manche avec sa guitare aux terrasses des cafés. Il interprète Léo Ferré, Félix Leclerc et Jacques Douai. Pierre Prévert le remarque et lui donne sa chance. Il le fait passer en 1956 dans son cabaret La Fontaine des Quatre Saisons, dans le programme de Philippe Clay. En 1957, Marc Ogeret chante chez Agnès Capri. Il devient l'un des interprètes majeurs de la chanson poétique. Il consacre ses premiers enregistrements à partir de 1960 aux poètes Marc Alyn, Pierre Seghers, Louis Aragon, Luc Bérimont, André Salmon, Paul Gilson... En 1962, il reçoit Le Grand Prix de l'Académie Charles Cros. En 1965, il chante à Bobino en première partie de Georges Brassens. Il interprète Aragon aux Trois Baudets en 1966. Marc Ogeret a consacré de nombreux disques à des oeuvres : Louis Aragon (1966, 1974, 1992), Jean Genet (Le Condamné à mort, 1971), Aristide Bruant (1978), Jean Vasca (1990), Léo Ferré (1999)... Il a aussi chanté la Commune (1968), des chansons contestataires (1968, avec notamment Le Métingue du Métropolitain, Gloire au 17e), la Révolution (1988, La Carmagnole, La Complainte de Louis XVI aux Français, La Liberté des nègres...), la Résistance (1990), et la mer et les marins (1970, 1996)." Voilà, ça situe le personnage, dans les grandes lignes en tout cas. Nous sommes donc clairement dans le côté gaucho-lettré pré puis soixante-huitard. Rien de mal là dedans, à mon avis et ce n'est pas Lenny Escudero qui dira le contraire.
En l'occurrence, ce Chanson "Contre", originellement prévu pour une sortie en avril 1968 sera repoussé... du fait des évènements naissants et de leur suite bien connue de toute la population française, ses pavés, ses barricades, ses jeunes gens et ouvriers prêts à en découdre avec une intelligentsia sourde à leurs requêtes pourtant pas si excessives que ça. Une France paralysée, une France à la charnière entre hier et demain. Mais donc, Chanson "Contre" ne verra le jour officiellement que quelques mois plus tard, 9 chansons traditionnelles ou historiques, 9 chansons de rébellion et d'insoumission ici supplémentées par 9 autres enregistrées en 1973 et 1980 qui couvrent évidemment les mêmes préoccupations, le même univers frondeur et résistant.
Musicalement, la facture de l'ensemble des sessions, quelque soit leur date, tend vers un extrême classicisme de la chanson française à texte, à texte résistant, bien sûr ! Le chant est donc l'atout principal de la galette et, dans le genre, Marc Ogeret se pose un peu là avec sa voix franche et ses interprétations millimétrées et passionnées mais sans emphase excessive, bien supportées par quelques orchestrations discrètes typiques de la chanson "à texte" si chère à l'exception culturelle française. Si la voix d'Ogeret est indéniablement l'atout de Chansons "Contre", c'est bel et bien le matériau sélectionné qui en est la vedette absolue.
Evidemment, une petite connaissance de la période à laquelle les chansons ont été composées ne nuira pas à l'appréciation de leur parfaite interprétation. En l'occurrence, datant d'après la commune et d'avant la Première Guerre Mondiale, elles sont le reflet d'une France en changement, une France encore largement rurale mais où l'industrie et la prospection minière créent des pôles de concentration humaine, et des concentrations de mécontentement, de grogne, forcément. Parce que la "Belle Epoque" est aussi une période de scandales politico-financiers, le début d'un certain capitalisme triomphant brulant inconsidérément son combustible humain, et Monsieur le Curé, complice implicite de l'ordre établi comme de l'ordre s'établissant, et de l'état qui veut que des frères humains se battent pour des intérêts qui ne les touchent pas. On trouve tout ça dans Chansons "Contre", collection rouge et noire résonnant plus qu'on ne le penserait avec les maux modernes.
Un vrai bel album à la facture classique lui ayant permis de ne pas prendre trop de rides avec de bons bouts du patrimoine historique français ? Ca ne se refuse pas. Merci M. Ogeret.

1. Le Déserteur 3:40
2. Nos vingt ans 4:40*
3. Le Conscrit 4:39*
4. Révision 4:18*
5. Les conscrits insoumis 3:20
6. J'avions reçu commandement 2:06**
7. Gloire au 17e 3:15
8. Faut plus de gouvernement 2:40
9. Plus de patron 1:20
10. Le Triomphe de l'Anarchie 5:45
11. La Marseillaise anticléricale 6:15
12. La Carmagnole 3:33**
13. L'Expulsion 3:25
14. 1er mai 2:27*
15. La Chanson du Père Duchesne 2:54*
16. Le père Lapurge 3:15*
17. Fille d'ouvriers 3:40*
18. Le métingue du métropolitain 3:20
* bonus, enregistrement 1980
**bonus, enregistrement 1973

Marc Ogeret - chant
Michel Villard - arrangements, direction d'orchestre
André Clergeat - réalisation artistique

OGERET (avec ARAGON)

DRaMaRaMa
Léo Ferré "Il n'y a plus rien" (1973)
"...plus plus rien"

Ho ! La violence du machin, son immense, profonde, définitive tristesse aussi, sa puissance dramatique en plus... Le choc, immense !
Peu importe quand vous avez découvert, découvrez, découvrirez Il n'y a plus rien, opus le plus radical du génial Léo Ferré probablement, c'est toujours une expérience unique, un tremblement tellurique de l'âme qui vous prend.
Musicalement, Léo est loin de ses envies de fusion avec la musique rock psychédélique de la nouvelle génération, ce qu'il a fait très bien aussi d'ailleurs. Recentré sur une expression purement orchestrale, où il joue le chef qui plus est, il donne sur les cordes sensibles, les apaisements salvateurs et les crescendos ravageurs pour construire son orageux déluge de larmes. Il invite simplement Danièle Licari (la voix du Concerto pour une voix de Saint Preux) a venir donner de son bel organe sur la Préface de l'album et Il n'y a plus rien, comme elle l'avait déjà fait sur Amour Anarchie (chanson L'Amour Fou) trois ans plus tôt.
Concrètement, on peut diviser les titres de l'album en deux catégories : les ténébreuses chansons (pistes 2 à 5), et les diatribes enragées (la Préface, et le morceau titre), c'est certes un peu schématique, parce que les lignes se brouillent, mais plus ou moins l'intention. De toute manière, quelque soit la portion, la perfection, se dit-on, est de ce monde. Une perfection faite de dépression (les chansons) et de colère (les diatribes), là encore c'est un raccourci, sur des constructions orchestrales, je pèse mes mots, magistrales.
Evidemment, l'énorme, l'incontournable, le définitif titre final donnant son nom à l'album est la figure de proue obligatoire, un exercice de misanthropie textuelle de 16 étonnamment courtes minutes à couper le souffle déclamé avec théâtralité par un Ferré au sommet de son interprétation sur une composition du même divin tonneau. Mais comme le reste est également aussi confondant de beauté si, tout de même, nettement plombé, cafardeux, on se dit que l'injustice de ce titre monstrueux faisant de l'ombre à ses dignes camarades est vraiment insupportable et qu'il nous faut vanter le magnifique texte de Caussimon (Ne Chantez pas la mort) ô combien grandement chevroté par l'ami Léo, le spleen presque doux porté par les cordes magiques de Night & Day, la nostalgie dépressive de Richard, la révolte tranquille de l'inéluctable soulèvement de l'Oppression. Tout, tout vous dis-je est à se pâmer. Et quand, en plus, en phase avec l'interprète, l'auteur de génie, on vit l'expérience presque en acteur... Les frissons, quoi !
Et après ça ? Il n'y a plus rien, plus, plus rien. Et surtout pas, surtout pas !, à résister à l'œuvre d'exception qui s'offre à vous.

1. Préface 3:20
2. Ne chantez pas la mort 7:31
3. Night And Day 6:40
4. Richard 5:08
5. L'oppression 6:28
6. Il N'Y A Plus Rien 16:07

Léo Ferré - voix, compositions, paroles, arrangements, direction d'orchestre
Danièle Licari - voix
Jean-Roger Caussimon - paroles (2)
Richard Marsan - production artistique

LEO FERRE

L'iNCoNNu
Jean-François Coen "J.F. Coen" (1993)
ou "Une petite Tour et puis s'en va"

C'était pourtant fort bien parti. Un malin clip de Michel Gondry en heavy rotation sur les musicales françaises, la chanson dudit en airplay régulier sur quelques stations radiophoniques de grande écoutes. Une bonne chanson, il faut dire, une jolie mélodie, une voix soufflée, intime.
Jean-François Coen ? Un oranais de 1959 rapatrié avec tant d'autres au soixante gaulliennes vers la capitale où il apprend la guitare classique. En 1978 il rejoint à la basse Modern Guy dont l'album aujourd'hui introuvable sera produit par John Cale, suite à la séparation desquels il disparaît de l'industrie musicale ne se signalant que par quelques sessions de basse (pour Mirwais par exemple) ou comme compositeur d'un morceau pour Luna Parker, La Tour de Londres qu'il adaptera d'ailleurs pour son tube en Tour de Pise, l'incontournable.
C'est peut-être là le drame de Jean-François Coen et de son premier opus, une belle collection de chansons pop aux arrangements malins qui compensent la voix un peu désincarnée de l'interprète, ce tube qui casse tout (enfin, au niveau de ce genre de production, c'est pas The Final Countdown non plus !) et ne s'enchaine pas sur une autre réussite commerciale, la malédiction du One Hit Wonder... Peut-être que le second single, l'efficace western Roy Bean, reposant aussi sur une sorte de boucle mélodique et d'une voix parlée/chantée, était trop dérivatif du coup de grâce originel, peut-être aussi que, sans le support promotionnel d'une vidéo à la revoyure agréable (en plus de la musique) le coup ne prit pas aussi bien. C'était pourtant une belle composition avec des cordes, un banjo, une guitare harmonieusement mêlés, les gens ne surent probablement pas ce qu'ils perdaient.
Dire que tout l'album reproduit la doublette originale serait exagéré mais la qualité est là, indubitablement. D'un Camille tout doux au chant supporté par une douce voix mutine et féminine (Sonia Bonne), du funky/bluesy tout au fond aux guitares Bensoniennes en diable (Tout au fond), aux tentations synthpop qui rappelleront Rennes à certains (Pépita), à une trompette jazz et la chanteuse Robert qui nous saluent en générique de fin (Clair comme l'eau pure), il y a matière à se réjouir des propositions. Tout n'est pas exactement parfait (Poème à Lou XXXIX , oui, d'Apollinaire, et Un Film Snob pour Martien ont des ficelles un peu épaisses et des mélodies un peu faibles), mais la tenue de l'ensemble, les détails qu'on y trouve, le soin qui y a été audiblement apporté rendent l'album éminemment sympathique...
Mais le succès ne sera pas là, et Coen disparaitra. Avant de reparaitre en 2004 pour un second album (Vive L'Amour, que je ne connais pas) et sur une compilation hommage à Etienne Daho (Tombés Pour Daho où il reprend Bleu Comme Toi) en 2008. Et puis plus rien. Reviendra, reviendra pas ? A l'ère où l'autoproduction digitale et sa diffusion à très correcte échelle est possible pour des instrumentistes et compositeurs doués, rien ne s'y oppose. Sauf peut-être sa volonté... Reste ce premier album, que j'aime beaucoup et que je réécoute de temps en temps avec un vrai plaisir. Une valeur sûre, selon moi, que je vous engage à découvrir.

1. La Tour De Pise 3:37
2. Roy Bean 3:32
3. Poème A Lou XXXIX 3:33
4. Camille 4:24
5. Tout Au Fond 3:42
6. Un Film Snob Pour Martien 3:35
7. Ton Marin 3:53
8. A Présent Le Futur 2:59
9. Pepita 3:20
10. L'Esturgeon De La Mer Caspienne 1:52
11. Clair Comme L'Eau Pure 1:47

Jean-François Coen - chant, guitare, basse, programmations, arrangements
&
Hervé Zenouda
, Laurent Beignier - batterie
Michel Coeuriot - cordes, piano
Claude Samard - banjo
Eric Naquet - percussions
Peter Leonard, Yann Leker, Nicolas Kristy - guitare
Christophe Guiot - violon
Frank Eulry - orgue
Gnafron - piano
Frédéric Saumagne - saxophone
Stéphane Baudet, Jean Gobinet - trompette
Glenn Ferris - trombone
Mickey Blow - harmonica
Laurent Gueneau - claves électroniques
Sonia Bonne, Marie-Anne Andréani, Elisabeth Tensorer, Robert, Leïla Vigné - chœurs

JEAN-FRANCOIS COEN

PaS Du VeRLaN !
Nicolas Repac "La Vile" (1997)
ou "Chanson Industrielle"

Tout premier album solitaire du sideman préféré d'Arthur H, La Vile voit Nicolas Repac, guitariste et chanteur mais tellement plus encore, se tracer un improbable chemin...
 Parce que la collision de la chanson rock et du rock industriel n'était pas vraiment un pari gagné d'avance. Un peu de Gainsbourg épicé au Nine Inch Nails ? Y a de quoi avoir peur, avouez.
De Gainsbourg, Repac retient un chant presque pas chanté mais surtout un goût des mots avec lesquels il joue avec une audible délectation si un maniérisme un peu systématique et parfois maladroit (comparé à son modèle), mais finalement charmant et tellement au-dessus de la mêlée qu'on aurait mauvaise grâce à faire la fine bouche.
De Nine Inch Nails, Repac reprend (ou cousine) un art de texturer la musique d'électricité et d'électronique, de concasser les sons jusqu'à les rendre méconnaissables et pourtant étrangement organiques, on notera aussi ce qui le différencie fondamentalement de la formation de Trent Reznor à savoir que musicalement, c'est tout de même nettement moins agressif, et beaucoup plus musical empruntant à de nombreux folklores sans en avoir jamais vraiment l'air, signe indéniable d'un vrai beau talent d'arrangeur et d'explorateur musical débridé. D'ailleurs, ce goût des mariages improbables se retrouvera dans ses deux excellents opus pour No Format, Swing Swing et Black Box mais déjà, ici, on pouvait entrevoir le potentiel d'assembleur malin même si le contexte est éminemment différent. On y retrouve même la source africaine (via l'usage du balafon ou du sanza) mais aussi des approches rythmiques tribales qui lui seront si utiles dans sa double collaboration avec Mamani Keita.
Parce que c'est de chansons dont il s'agit ici, de bonnes chansons. Où la voix souffreteuse de Repac fait merveille, des chansons sales, urbaines, souvent désespérées, hantées. Clairement, il n'y a pas beaucoup de lumière dans ce brouet inhabituel et attirant non dénuée d'une certaine sensualité trip-hoppante. Globalement, la collection est très belle et forme un tout quasi-indissociable dont on ne retirerait rien si tout n'y est pas d'une égale réussite mais où les grands hauts (le ludique Madame Desastre, la beauté ambient blues de Le Ciel Aigri, le talking jazz indus de Le Fric, le tribalisme délicat et discret de Prier, etc.) compensent largement les petits bas (le passage difficile de deux titres mélodiquement mineurs que sont Le Moribond et Bordel à Queue avant le redémarrage gothique du Grand Corbeau Noir en final réussi). 
Après un si beau succès, artistique parce que commercialement..., il fallut attendre 10 ans pour retrouver Repac chanteur sur le recommandé La Grande Roue. C'est long mais, évidemment, moult autres projets occupèrent le lascar dans l'intervalle. Et depuis ? Plus rien et c'est bien dommage parce que Repac compositeur et interprète de ses propres chansons est presque aussi savoureux que Repac monteur sonore de génie ou Repac accompagnateur et co-créateur de grande classe (voir L'Or Noir avec Arthur H). La Vile est, vous l'aurez compris, un album qu'il est chaudement conseillé d'écouter... Si vous parvenez à mettre la main (l'oreille) dessus !

1. Madame Desastre 4:30
2. Ego 5:02
3. Dans Le Ghetto 3:39
4. Le Ciel Aigri 4:48
5. Le Fric 4:34
6. Metropolis 5:22
7. La Vile 4:48
8. Prier 3:53
9. Le Moribond 4:10
10. Bordel à Queue 3:34
11. Le Grand Corbeau Noir 3:34

Nicolas Repac - voix, guitares, flûte, balafon, sanza, programmation, samples, arrangements
Pierre Fruchard - guitares, illustrations, arrangements
Laurent Robin - batterie
David Coulter - violon, mandoline, didjeridoo
&
Najette - prières (8)
Stéphane Hervé - samples additionnels, prières (8), photos, coproduction artistique
Philippe Teissier du Cros - zen cymbales (11), production, enregistrement, mixage
Pierre Guinot - samples additionnels

NICOLAS REPAC

Le PoèTe
Michel Houellebecq "Présence Humaine" (2000)
ou "Poésie ordinaire d'un humain extraordinaire"

Outre le simple et un peu vain plaisir de trouver un titre rappelant vaguement son Extension du Domaine de la Lutte, enfin, en possédant plus ou moins la faconde littéraire, il faut avouer qu'il y a, dans la poésie mise en musique de Michel Houellebecq, une perception extrêmement distanciée du quotidien, un détachement quasi-inhumain qui fout un tout petit peu les jetons sur ce qu'il se passe à l'intérieur de la cabosse compliquée de ce sociopathe notoire (à en croire ses différents écrits, apparitions télévisuelles et interviews diverses en tout cas), un bien étrange personnage quoiqu'il en soit.
Et donc, un jour, Houellebecq, qui n'est pas encore le phénomène littéraire que l'on connaît aujourd'hui, le Houellebecq d'avant la gloire quoi, rencontre Bertrand Burgalat, compositeur, arrangeur, instrumentiste, patron de son propre label (Tricatel) et découvreur d'éventuels talents à ses heures perdues (qui sont peu nombreuses). Et l'idée germe de mettre en musique quelque poèmes issus de recueils forcément passés inaperçus, parce que la poésie, quoi !
Les deux hommes sélectionnent alors lesdits textes, que Burgalat met en musique, puis, entouré de quelques musiciens du "cercle Tricatel" s'en vont en studio pour mettre tout ça sur bande. Et ça s'appelle Présence Humaine. Evidemment, la concrétisation du projet dans la lancée de l'explosion populaire du romancier, avec ses Particules Elémentaires, n'est pas tout à fait innocent, et l'album n'aurait pas été de ce niveau d'excellence qu'il se serait probablement fait sévèrement dézinguer dans un pays où il ne fait pas bon franchir trop de frontières (ce que Houellebecq finira par apprendre avec sa malheureuse incartade dans le monde du 7ème Art). Mais voilà, il est excellent.
Textuellement et vocalement déjà où on retrouve la plume d'un Houellebecq peintre du quelconque, baladin de l'ennui absolu, d'une normalité assez inquiétante et déclamant, susurrant, parlant, et ne chantant pas dieu merci, d'un ton détaché, presque dédaigneux pour le commun des mortels s'affairant à des tâches et activités sans objet, sans volonté d'autre chose que d'occuper le néant.
Musicalement ensuite où le cocktail de psyché pop rock "sixtisant" avec son orgue omniprésent et ses chaloupes aguichantes contrebalance, complète parfaitement la taciturne performance du "vocaliste". Il faut dire que ce genre, Burgalat sait faire, s'est montré particulièrement inspiré et a su s'entourer de musiciens au même état d'esprit dont la futur "star" Peter Von Poehl ou d'un invite de marque tel que le très sous-estimé Richard Pinhas compagnon de luminaires tel que le japonais Merzbow ou le catalan Pascal Comelade. Une bien belle équipe, donc, bien produite par Bertrand Burgalat, bien sûr, qui a concocté un son tout en rondeurs chaleureuses en l'occurrence ad hoc.
Et donc Présence Humaine, album aussi improbable sur le papier que réussit au final, séduit au-delà des plus folles espérances. Et puis, plus d'une décennie après sa sortie, il n'a pas pris une ride... de l'avantage du son rétro ? Quoiqu'il en soit, on recommande !

1. Présence Humaine 4:06
2. Sejour-Club 3:55
3. Paris-Dourdan 4:42
4. Playa Blanca 2:48
5. Les Pics de pollution 4:51
6. On se réveillait tôt 5:15
7. Plein été 8:32
8. Célibataires 4:08
9. Crépuscule 3:25
10. Derniers temps 3:15

Michel Houellebecq - voix
+
- Titres 1-7 et 9

Bertrand Burgalat - claviers, chœurs, guitare lead (2, 3)
Romain Humeau - guitare lead
Peter Von Poehl - guitare rythmique
Damien Lefevre - basse
Nicolas Courret - batterie, percussions
&
Richar Pinhas
- guitare (1)
- Titres 8 et 10
Bertrand Burgalat - instruments
Peter Von Poehl - guitare

MICHEL HOUELLEBECQ

LiVe SaNS PuBLiC
Jean-Louis Murat "Parfum d'Acacia au Jardin" (2004)
ou "Jean-Louis en toute intimité"

Quelque part entre le massif et excellent Lilith et le petit, précieux, pop et recommandé aussi A Bird on a Poire (collaboration avec son bassiste également membre d'AS Dragon, Fred Jimenez compositeur, et la vocaliste d'Elysian Fields, Jennifer Charles), Jean-Louis Murat réunit une petite équipe habituelle et joue, live en studio le 3 décembre 2003, quelques compositions inédites de son cru sous l'œil du réalisateur Don Kent.
Quant on le questionne à l'époque sur sa frénésie d'enregistrement, seulement six mois s'étant écoulés depuis son précédent opus et le suivant étant déjà annoncé, Jean-Louis Murat répond qu'il ne fait que son métier qui se trouve être aussi, surtout !, sa passion. De fait, on entend la passion du musicien dans ces interprétations brutes de décoffrages d'un projet vite bouclé puisque n'ayant pas, non plus, nécessité un énorme travail de répétition.
A l'instinct, cette équipe se trouve bien parce qu'elle se connaît parfaitement, et ce n'est pas l'addition d'une petite nouvelle, Camille qui a fait la carrière que l'on sait depuis mais n'avait alors qu'un album à son actif, qui viendra troubler cet état de fait, instinctive justement, la demoiselle s'intègre sans soucis et apporte même clairement sa pierre à un édifice de (fausse ?) simplicité qu'on qualifiera de chanson rock (base rock mais avec les paroles et la voix...) avec un Murat de plus en plus éloigné de son image de dandy désespéré un peu trop bellâtre pour être honnête, de plus en plus proche de  quelques grands anciens dont on sait depuis longtemps qu'ils font partie de son panthéon musical (Springsteen ou Neil Young). C'est le meilleur Murat justement, ça tombe bien !
A l'image de la musique, le filmage choisi par Kent ne déploie pas d'effets de manche excessifs et se contente d'être là, au milieu de musiciens en plein exercice créatif, petit espion vite oublié témoignant de l'expérience. Pour le coup, c'est parfait. Et encore plus dans l'édition limitée avec CD audio bonus proposant quelques morceaux qui n'ont pas passé le "cut" tout en étant de belle qualité et inspiration ou des versions alternatives pas inutiles.
Parfum d'Acacia au Jardin ? C'est Jean-Louis Murat en toute intimité, l'expression d'un auteur, compositeur et interprète unique du PaMF (paysage musical français), artisan passionné et passionnant dont chaque apparition mérite le détour, ici aussi, évidemment.

DVD (audio rip)
1. Parfum d’acacia au jardin 6:01
2. La petite idée derrière la tête 6:59
3. Ce qui n’est pas donné est perdu 6:32
4. Au cabaret 4:15
5. Call baby call 4:11
6. Fille d’or sur le chemin 3:35
7. Ton pire ennemi 7:13
8. Elle avait le béguin pour moi 4:22
9. En souvenir de Jade 7:16
10. Dix mille (Jean) Louis d’or 5:05
11. Plus vu de femmes 5:56
12. On se découvre en regardant 2:35
13.Qu’entends-tu de moi que je n’entends pas 6:24

CD (bonus audio)
01. On se découvre en regardant 6:04
02. La petite idée derrière la tête (guiatre-voix) 3:36
03. En souvenir de Jade 8:07
04. Elle avait le béguin pour moi 5:55
05. Chappaquiddick 3:41
06. La petite idée derrière la tête 7:04
07. Marquis 5:02

Jean-Louis Murat - chant, guitare, piano, harmonica
Fred Jimenez - basse
Stéphane Reynaud - batterie
Camille - chœurs
Christophe Pie - claviers, guitare

JEAN-LOUIS MURAT

SouVeNiRS, SouVeNiRS
HK "Les Déserteurs" (2014)
ou "Chanson revisited"

De la chanson française de référence orientalisée ? La formule n'est pas exactement nouvelle mais le cœur et l'énergie que HK et ses Déserteurs y mettent fait plaisir à entendre.
Autant l'avouer, Les Déserteurs est ma première expérience avec le vocaliste Kaddour Hadadi alias HK. Je dis vocaliste parce qu'il chante ici, exclusivement, n'en déplaise à son passé hip-hopper au sein du Ministère des Affaire Populaires, la reconversion semble évidente. L'ayant "wikipédié", je vois que l'homme est également romancer, a dédié son album précédent à l'admirable Stéphane Hessel, bref, que des points qui donnent envie de s'intéresser à l'homme et à "sa" musique, qu'on aurait presque pas besoin des recommandations de cette adorable folle de Brigitte Fontaine...
Et donc, l'album, HK présente Les Déserteurs. 15 pistes pour 16 titres (il a planqué son Reggiani, le bougre !), près de 70 minutes de standards de la chanson française d'hier, et même d'avant hier souvent, revisités à la sauce "franco-beur". Très sympathique ! Pas du tout surprenant mais très sympathique. Sur le choix des titres déjà, du relativement convenu qui nous promène de Brel à Montand, de Gainsbourg à Piaf, de Nougaro à... quelques improbables tels que Zachary Richards (Travailler c'est trop dur), Renaud (Dès que le vent soufflera), ou Maxime Le Forestier (Né quelque part), juste ce qu'il faut pour une sélection confortable mais pas trop routinière. Sur la façon de faire, ensuite, d'ailleurs bien décrite par la pochette, sorte de résumé, entre le Sahara algérien et la capitale où le chti semble tenté de "monter". C'est ainsi que Kaddour a voulu son cocktail, entre l'Algérie de ses ancêtres et la France de sa culture, deux mondes qui se rencontrent et s'accouplent avec alégresse et sensualité. En fait, il n'y a que sur la voix que certains risquent de tiquer parce que, avouons-le, il sonne quand même un peu variétoche, le chant de Kaddour. avec cependant un petit voile qui fait la différence, et s'accorde fort bien aux instrumentations orientalistes d'ailleurs fort bien arrangées.
Des musts sur l'album ? Dans l'ordre d'apparition à l'oreille : Vesoul de Brel, Les passantes de Brassens qu'on avait rarement entendu aussi imaginativement repris, Le déserteur de Boris Vian, Les p'tis papiers que Gainsbourg avait composé pour Régine, Travailler c'est trop dur du cajun Zachary Richards qui supporte particulièrement ses épices orientaux, En groupe en ligue en procession de Jean Ferrat qui peut donc groover, Le plat pays de Brel encore qui gagne en chaloupement mais pas en joie (tant mieux !), et l'emballage final (en live !) d'une Affiche Rouge de Léo Ferré/Louis Aragon et des Loups sont entrés dans Paris de Reggiani.
Un bon bilan avec des réussites moins éclatantes (les morceaux non-cités) mais rien de désagréable, de honteux. Certes, il y a un certain systématisme dans la méthode d'arrangement choisie, un rythme percussif qui semble ne jamais s'arrêter, c'est sans doute la limitation du genre, limitation qui n'empêche aucunement de gouter à l'ensemble de la galette avec un plaisir non feint.
Les Déserteurs n'est pas l'album de l'année, juste une jolie réussite et un bel hommage par un homme (et ses musiciens !) qui aime la culture de ses pays, les partage avec cœur et talent et peut en être fier à écouter le résultat. Que demander de plus ?

1. Vesoul (Jacques Brel) 4:26
2. Demain demain (Fabulous Trobadors) 3:56
3. Sous le ciel de paris (Yves Montand) 3:42
4. Les passantes (Georges Brassens) 5:10
5. Les vieux amants (Jacques Brel) 4:45
6. Le déserteur (Boris Vian) 3:33
7. P'tits papiers (Régine/Serge Gainsbourg) 3:08
8. Travailler c'est trop dur (Zachary Richards) 3:47
9. Dès que le vent soufflera (Renaud) 4:18
10. En groupe, en ligue, en procession (Jean Ferrat) 3:50
11. Padam padam (Piaf) 3:34
12. Le plat pays (Jacques Brel) 3:54
13. Toulouse (Claude Nougaro) 5:06
14. Né quelque part (Maxime Le Forestier) 3:49
15. L'affiche rouge (Léo Ferré) 5:38
(ghost track)
16. Les loups sont entrés dans paris (Serge Reggiani) 5:26

Kaddour Hadadi - chant
Amar Chaoui - batterie, percussions, tar, bendir, cajon, derbouka
Erik Rakotoarivoni - basse
Hacène Khelifa - violons, chœurs
Meddhy Ziouche - piano, accordéon, basse, batterie, kawala, chœurs
Mehdi Dalil - guitare, banjo, mandole, flûte, tbila, chœurs
Mohamed Abdennour - mandole, chœurs
Rabah Khalifa - derbouka, tar, bendir, chœurs, chant
Louis-Henry Chambat - guitare, chœurs
Zahir Amoura - bendir, chœurs

HK