samedi 31 août 2013

La vie après la mort

Queen "Made in Heaven" (1995)
ou "Même mort, il chante encore !"


Par ici amis nécrophiles et nécrophages, venez vous délecter des restes de Freddie Mercury accommodés, complétés par ses trois condisciples habituels. Made in Heaven... Même le titre ressemble au label d'origine d'un vulgaire produit...

Allez, on se calme ! Il y a tout de même de bonnes choses sur ce Fait au Paradis et, après tout, Freddie ayant donné de son âme et de ses trippes jusque son dernier souffle, il aurait été indigne de ne pas l'honorer de cette ultime galette royale (ultime étant donné l'exclusion de The Cosmos Rocks avec Paul Rodgers pour de bien évidentes raisons à commencer par le retrait du loyaliste John Deacon). Après le procédé, racler les fonds de tiroir voire carrément puiser dans les enregistrements solitaires du sieur Mercury, a quelque chose de charognard qui n'engage pas franchement à la retenue critique mais bon, seul le résultat compte, parait-il, alors regardons-en le contenu.

Et constatons d'emblée que moult éléments sont en fait des recyclages de sessions remontant jusqu'au début des années 80. Ca fait un peu raclage des fonds de tiroirs, bref, passons. Ensuite il y a la substance même de ce qui est proposé et là, surprise !, on se retrouve avec un tout presque enjoué et définitivement optimiste... Une sortie par le haut, en somme, The Show Must Go On, qu'ils disaient. Et après tout pourquoi pas ? Faire dans le larmoyant, le pathos à excès n'aurait pas été servir le frontman haut en couleur et entertainer hors-pair qu'était Mercury. On ne s'étonnera donc pas (plus) de la teneur souriante (It's a Beautiful Day, Let Me Live, My Life Has Been Saved, etc.) que contrebalancent d'autres comme Too Much Love Will Kill You déjà entendu sur le premier opus solitaire de Brian May qui lui même l'avait recyclé des sessions de The Miracle pour lequel il n'avait finalement pas été retenu et dont la base est ici retravaillée... Un beau bordel, quoi mais, paradoxalement, un album avec une unité de son et de style (le Queen le plus ambient et cotonneux notamment par l'usage massif de synthétiseurs "en nappes" et de chœurs chorales aériens). D'ailleurs la "mise en son" et le parti-pris des arrangements n'est pas sans effet, adoucissant grandement jusque les salves les plus hard-rockantes comme, par exemple, I Was Born to Love You, qui ne sont d'ailleurs qu'un élément marginale de la tracklist.

Côté bonus EP, pas grand chose de substantiel à se mettre sous la dent. C'est même, dans l'impeccable série des remasters deluxe de 2011, le plus pauvre avec tout juste une version piano/voix d'I Was Born to Love You et un live repiqué d'un vieux concert, le reste sentant fortement le réchauffé... Pas lourd.

Album au ton, donc, incroyablement positif et enjoué étant donné les circonstances de son enregistrement, pour ce qui y fut enregistré spécialement, et de sa sortie, Made in Heaven n'est pas le départ en beauté qu'on aurait pu souhaiter (on accordera cette palme à l'impeccable Innuendo).  Quelques bonnes chansons donc, quelques autres claudicantes, presque gênantes pour, au final, un résultat inégal mais néanmoins sympathique. Fallait-il le faire ? Probablement. Était-il possible de le faire mieux ? On peut en douter. En bons artisans, May, Taylor, Deacon et le producteur David Richards, réussissent presque l'impossible en exploitant des sources improbables. A partir de là, l'appréciation du tout dépendra grandement de l'amour que chacun porte à la Reine, les fans ne bouderont pas, les autres ne pourront s'empêcher de renâcler à certains "trucs". A chacun de voir où il se situe pour décider s'il souhaite tenter l'expérience...


Cd 1
Album

1. It's a Beautiful Day 2:32
2. Made in Heaven 5:25
3. Let Me Live 4:45
4. Mother Love 4:49
5. My Life Has Been Saved 3:15
6. I Was Born to Love You 4:49
7. Heaven for Everyone 5:36
8. Too Much Love Will Kill You 4:20
9. You Don't Fool Me 5:24
10. A Winter's Tale 3:49
11. It's a Beautiful Day (Reprise) 3:01
12. Yeah 0:04
13. [Untitled Hidden Track] 22:32

Cd 2
Bonus

1. Heaven for Everyone (Single version) 4:39
2. It's a Beautiful Day (B-Side version) 3:58
3. My Life Has Been Saved (1989 B-Side version) 3:16
4. I Was Born to Love You (Vocal and piano version) 2:55
5. Rock in Rio Blues (Live B-Side) 4:33
6. A Winter's Tale (Cosy Fireside mix) 3:49


Freddie Mercury – lead vocals, piano, keyboards
Brian May – guitars, keyboards, backing vocals, lead vocals on "Let Me Live" and the last verse of "Mother Love"
Roger Taylor – drums, percussion, keyboards, backing vocals, lead vocals on "Let Me Live"
John Deacon – bass guitar, guitars, keyboards
&
Rebecca Leigh-White
– backing vocals on "Let Me Live"
Gary Martin – backing vocals on "Let Me Live"
Catherine Porter – backing vocals on "Let Me Live"
Miriam Stockley – backing vocals on "Let Me Live"
David Richards – co-production, engineering, mixing supervision


Récapitulons :

- Queen (1973)
- Queen II (1974)
- Sheer Heart Attack (1974)
- A Night at the Opera (1975)
- A Day at the Races (1976)
- News of the World (1977)
- Jazz (1978)
- The Game (1980)
- Flash Gordon (1980)
- Hot Space (1982)
- The Works (1984)
- A Kind of Magic (1986)
- The Miracle (1989)
- Innuendo (1991)
- Brian May "Back to the Light" (1992)
- Brian May "Live at the Brixton Academy" (1994)

vendredi 30 août 2013

Dans l'intervale...

Brian May "Back to the Light" (1992)
ou "Détrôné mais pas vaincu"


Brian May le dit lui-même, Back to the Light était sa façon de ne pas sombrer dans une fatale dépression suite aux disparitions successives de son père (qui conçut avec lui sa "signature guitar") et de Freddie Mercury. Se plonger dans le travail pour éviter de se noyer dans les larmes : un exutoire efficace pour l'élégant axeman de Queen.

Et, il faut avouer, l'album n'est pas mal du tout. Pas exempt de ressemblances avec son groupe historique non plus. Ce qui n'est que logique, me direz-vous, l'importance de la "touche May" chez la Reine n'ayant échappé à personne. Ainsi, outre les rifferies et soli habituels, retrouve-t-on d'autres éléments marquants du "son Queen" : refrains chorales quasi-opératiques, mélodies accrocheuses entre pop, hard rock et stadium rock, arrangements au cordeau enrichissant la performance, etc. Evidemment, il y a aussi des différences parce May n'est pas Mercury vocalement mais aussi parce que, guitariste de son état, il centre sa musique sur son instrument et sa capacité de le rendre émouvant et toujours supra-mélodique, ça va sans dire mais disons-le quand même.

Côté compositions, ça se traduit par une jolie collection où aucun titre ne déçoit même si certains convainquent plus que d'autres. Des exemples ? Back to the Light, rocker mid tempo au refrain si Queenesque qu'on s'y croirait presque. Resurrection, puissant et racé où May nous désosse les feuilles à grands coups de guitares tranchantes qui, pour le coup, rappellerait plus le Rainbow du début des 80s. Too Much Love Will Kill You, repiqué version Mercury pour Made in Heaven (et initialement prévu pour The Miracle), ballade péri-orchestrale toute en émotion. Driven by You et I'm Scared, deux hard rock mid-tempo comme savait en faire qui vous savez. Last Horizon, instrumental où May démontre, entre prodiges instrumentaux et émotion, le fantastique six-cordiste qu'il est et combien son "trademark sound" est inimitable. Let Your Love Rule Your Head et ses effluves country rock du meilleur effet. Oui, vraiment, une belle collection d'autant que le reste, plus anecdotique mais néanmoins éminemment sympathique, s'écoute avec un vrai plaisir.

Evidemment, le fantôme de Freddie est souvent présent sur la galette tant et si bien qu'on se demande régulièrement ce qu'il serait advenu de ces titres traités par la Reine. Ca n'en amoindri nullement le plaisir d'un album salvateur pour son compositeur et fondamentalement très réussi.


1. The Dark 2:20
2. Back to the Light 4:59
3. Love Token 5:55
4. Resurrection 5:27
5. Too Much Love Will Kill You 4:28
6. Driven by You 4:11
7. Nothin' But Blue 3:31
8. I'm Scared 4:00
9. Last Horizon 4:10
10. Let Your Heart Rule Your Head 3:51
11. Just One Life 3:38
12. Rollin' Over 4:36


Brian May - tout sauf...
Cozy Powell - batterie (2, 3, 4, 7, 8)
Goeff Dugmore - batterie (10, 12)
Gary Tibbs - basse (2, 10, 11, 12)
Neil Murray - basse (3, 8)
John Deacon - basse (7)
Suzie O'List, Gill O'Donovan - chœurs (10)
Mike Moran - piano (3, 12), claviers (9)
Don Airey - claviers additionnels (4, 7)



Brian May "Live at the Brixton Academy" (1994)
ou "In vivo veritas"


Compagnon live du Back to the Light paru à peine deux ans plus tôt (on y retrouve en effet 7 des 12 titres de l'album), Live at the Brixton Academy, et la tournée pendant laquelle il fut enregistré, étaient surtout, pour Brian May, l'occasion de reprendre sa profession de "stage rocker" abandonnée suite au Magic Tour de la Reine du fait des problèmes de santé de Freddie Mercury.

En l'occurrence, entouré d'un groupe solide comprenant, entre autre, l'immense et regretté Cozy Powell à la batterie, le bassiste "qu'on a déjà vu partout" Neil Murray, le claviériste additionnel des dernières tournées de Queen (Spike Edney), May chante à s'en époumoner, gratte à s'en râper les doigts avec une conviction et une énergie qui font plaisir à entendre. Et puisqu'on parle du chant de Brian évacuons pronto l'éléphant dans la pièce : indéniablement, Brian n'est pas Freddie, ses capacités vocales sont infiniment moindres ce que regretteront certains à l'écoute du live. Fi ! Ce que le guitariste perd en puissance et clarté, il le rattrape aisément dans l'émotion palpable avec laquelle il délivre ses lignes bien secondé, il faut dire, par deux choristes particulièrement efficaces.

Côté répertoire, forcément, outre les morceaux de son album solo, May emprunte au catalogue de sa formation historique avec des résultats qui, encore une fois, sont loin de l'indignité malgré une performance vocale "à l'arrache". Et pas que des hard rockers en plus puisque, hommage ultime à son défunt compagnon, il entonne avec l'assistance transie d'un public gagné d'avance la belle ballade Love of My Life. Ou accouple un '39 au très compatible Let Your Love Rule Your Head en une sympathique doublette roots'n'rock. Il nous offre aussi la première version live du Headlong d'Innuendo.

Dispensable ce Live at the Brixton Academy ? Aucunement ! Un vrai plaisir même que de retrouver Brian dans son élément avec une tracklist équilibrée entre passé et présent. Pas parfait certes (c'est du live !) mais vraiment vraiment (oui, deux fois !) sympathique et donc chaudement recommandé aux adorateurs de l'homme à la guitare rouge et de son Royal groupe.


1. Back to the Light
2. Driven by You
3. Tie Your Mother Down
4. Love Token
5. Headlong
6. Love of My Life
7. '39/Let Your Heart Rule Your Head
8. Too Much Love Will Kill You
9. Since You've Been Gone
10. Now I'm Here
11. Guitar Extravagance
12. Resurrection
13. Last Horizon
14. We Will Rock You
15. Hammer to Fall


Brian May - chant, guitare
Cozy Powell - batterie
Neil Murray - basse
Spike Edney - claviers, chœurs
Jamie Moses - guitare, chœurs
Cathy Porter, Shelley Preston - chœurs

jeudi 29 août 2013

Fin de règne

Queen "The Miracle" (1989)
ou "La bonne surprise"


1989. Freddy est déjà malade mais on ne le sait pas encore. Qui plus est, cette triste nouvelle (ou non-nouvelle quand sort l'album) s'accompagne d'une autre : l'arrêt des performances scéniques du groupe, pourtant un de leurs haut-faits.

Quoiqu'il en soit, Queen continue. On ne peut que s'en féliciter à l'écoute d'un Miracle qui, pour ne pas être tout à fait aussi miraculeux que son titre le suggère, est une bonne nouvelle et une galette contenant tout ce qu'il faut pour contenter les fans du quatuor... Dans son acceptation "pop-o-compatible" moderne.

Evidemment, les traces d'affreusetés "années-quatre-vingtisantes" n'ont pas totalement disparues, elles ont cependant nettement reculées cédant la place à une mise en son plus organique qui sied nettement plus à l'écriture du quatuor.

Et justement, niveau écriture, c'est un beau retour en forme, pas un morceau qui fasse tâche même si tout n'est pas, évidemment, d'une égale qualité. Mais bon, le doublé d'ouverture (un We Will Rock You/We Are the Champions revu et corrigé ? Pas loin.), le single stadium rock qui tue bien (I Want It All), le morceau titre irrésistible et, bien sûr le Show Must Go On avant The Show Must Go On, morceau épique et testamentaire d'une rare beauté et d'une palpable émotion (Was It All Worth It) font tous mouche.  A vrai dire, même ce qui est relativement accessoire s'écoute avec un vrai plaisir sauf, éventuellement, et encore la chanson est amusante, le Invisible Man de Roger Taylor, plus anecdotique que raté finalement.

Et le bonheur ne s'arrête pas là avec un bonus EP pour une fois richement fourni (le meilleur de la série des remasterisations deluxe de 2011) avec, notamment, trois faces B qui n'ont pas à pâlir de la comparaison avec les titres mineurs de l'album, et les deux suppléments originellement uniquement disponible sur l'édition CD et ici désolidarisé de l'album et relègués en fin du disque 2.

On notera enfin que, conçu pour le format, ce n'était pas l'album le plus urgemment en besoin d'une correction sonique qu'on accepte cepandant sans bouder.

The Miracle ? Pas tout à fait miraculeux mais presque.


CD 1
Album
1. Party 2:24
2. Khashoggi's Ship 2:47
3. The Miracle 5:02
4. I Want It All 4:41
5. The Invisible Man 3:55
6. Breakthru 4:07
7. Rain Must Fall 4:20
8. Scandal 4:42
9. My Baby Does Me 3:22
10. Was It All Worth It 5:45

CD 2
Bonus
1. I Want It All (Single version) 4:03
2. The Invisible Man (Demo version with guide vocal, August 1988) 5:03
3. Hang On in There (B-Side) 3:47
4. Hijack My Heart (B-Side) 4:13
5. Stealin' (B-Side) 4:00
6. Chinese Torture (Instrumental) 1:45
7. The Invisible Man (12" Version) 5:30


Freddie Mercury: lead and backing vocals, piano, keyboards, synthesisers, programming
Brian May: electric and acoustic guitars, backing vocals, co-lead vocals on "Party" and "I Want It All", synthesisers, programming
Roger Taylor: drums, electronic drums, backing vocals, lead vocals on "The Invisible Man", synthesiser, programming
John Deacon: bass guitar, electric guitars, backing vocals on "The Miracle", "I Want It All" and "Breakthru", keyboards, synthesisers, programming
&
David Richards - additional keyboards



Queen "Innuendo" (1991)
ou "Jusqu'à son dernier souffle"


Vous savez ce que c'est d'avoir la vocation ? Freddie lui savait et, jusqu'à son dernier souffle, consacra la majorité de son temps (de son temps disponible étant donné les contraintes de sa maladie) à chanter, composer... Et bien sûr enregistrer ! Et le moins qu'on puisse dire c'est que, accompagné de ses inséparables acolytes, il est en belle forme créatrice pour cet Innuendo femant le bal "vivant" d'une riche et variée discographie.

Présentement, il y a tout ce qu'un fan de Queen peut désirer sur ce 14ème long-jeu. Du Queen quasi-prog ? Innuendo, le titre, avec en special guest Steve Howe (Yes) venu gratter l'acoustique en compagnie de Brian May. Du single à la mélodie entêtante ? I Can't Live with You ou These Are the Days of Our Lives font idéalement l'affaire. Du hard rock bien en riffs ? Ne cherchez pas plus loin qu'Headlong ou The Hitman deux morceaux typiques des exactions de Mr May. Etc. Tout, je vous dit, il y a tout ! De la fantaisie, de l'humour, d'enjôleuses figures harmoniques et, bien sûr !, des larmes avec un Show Must Go On en guise d'émouvant épitaphe.

Les pauvres suppléments du bonus EP et un remastering accessoire, l'album n'en ayant pas vraiment besoin, ne gâchent en rien la fête à défaut de lui donner ce petit plus qu'on attend de ce genre d'édition. L'essentiel est dans une ultime salve bourrée de vie et d'inspiration d'un groupe et d'un chanteur qui manquent encore aujourd'hui.


1. Innuendo 6:29
2. I'm Going Slightly Mad 4:22
3. Headlong 4:39
4. I Can't Live With You 4:35
5. Don't Try So Hard 3:39
6. Ride the Wild Wind 4:41
7. All God's People 4:19
8. These Are the Days of Our Lives 4:12
9. Delilah 3:32
10. The Hitman 4:52
11. Bijou 3:37
12. The Show Must Go On 4:24

bonus
1. I Can't Live with You (1997 Rocks Retake) 4:50
2. Lost Opportunity (B-Side) 3:53
3. Ride the Wild Wind (Early Version with Guide Vocal) 4:14
4. I'm Going Slightly Mad (Mad Mix) 4:37
5. Headlong (Embryo with Guide Vocal) 4:44


Freddie Mercury - lead and backing vocals, piano, keyboards, synthesisers, programming
Brian May - backing vocals, electric, slide and classical guitars, keyboards, synthesisers, programming
Roger Taylor - backing vocals, drums, percussion, keyboards, programming
John Deacon - bass guitar, keyboards, synthesisers, programming
&
Steve Howe - classical guitar on "Innuendo"
Mike Moran - piano, synthesisers, programming on "All God's People"
David Richards - synthesisers, programming

mercredi 28 août 2013

Un royal tour de magie

Queen "A Kind of Magic" (1986)
ou "La tête bien sur les épaules"


Sur la lancée d'un The Works commercialement triomphal et artistiquement accompli (quoiqu'en pensent les nostalgiques des septantes), Queen ne cherche pas bien loin la formule à appliquer, il reconduit !

Enfin, musicalement, parce que, B.O.F. du Highlander de Russell Mulcahy pour deux tiers de sa tracklist, l'affaire A Kind of Magic est, évidemment, un brin plus compliquée que ça... Et ne se présente pas, en particulier, sous les auspices les plus favorables à une unité artistique ou une liberté compositionnelle souvent vitales à la réussite d'un album de la Reine.

Bref, nous sommes en 1986 et ça s'entend. Si la guitare de Brian May surnage souvent (encore heureux !), les synthétiseurs, batteries électroniques et autres boîtes à rythmes dominent outrageusement le mix d'une œuvre totalement de son temps. Ceci dit, la tentation synthétique ne date pas d'hier chez Mercury & Co, dès le fiasco Hot Space on était en plein dedans. Sauf que depuis, nos quatre preux guerriers ont appris à domestiquer l'outil. C'était déjà évident sur The Works, ça l'est encore plus sur A Kind of Magic.

A partir de là, la réussite repose sur la seule qualité des compositions et, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on a été gâté même si tout n'est parfait ici. Côté "up", ça commence dès l'ouverture avec le hard-rocker One Vision, composition de Roger Taylor updatant avec talent le trademark sound de Queen à l'aulne de nouvelles technologies utilisées massivement mais sans lourdeur. La suite propose quelques très beaux moments (l'irrésistible single éponyme, le mid-tempo si typiquement Queenesque Friends Will Be Friends, la ballade épique Who Want to Live Forever, le rocker "soundbité Highlander" Gimme the Prize et, évidemment, la salve finale qu'est Princes of the Universe) et d'autres moins glorieux (un One Year of Love ramollo au saxo baveux, le rétro/raté Pain Is So Close to Pleasure, ou l'agaçant technoïde Don't Lose Your Head), le côté "down" quoi. Enfin, trois titres moyens sur 9, la proportion n'est pas dramatique, loin s'en faut.

Edition 2011 "deluxe" oblige, il y a forcément des suppléments mais, pour le coup, si le bonus EP est un des plus richement dotés en nombre de pistes et en durée de la série, il se caractérise aussi par sa totale absence de vrais inédits. On se contentera cependant de ces mixes, versions alternatives, lives et démos qui complètent finalement bien l'album.

Pas de révélation tardive donc mais la satisfaction d'un remaster de qualité pour un album mineur mais pas désagréable de la discographie de la Reine. Un album sans doute un poil trop marqué 80s qu'on ne conseillera qu'à ceux qui ne sont pas allergiques à ce genre de chose.


Cd 1
Album
1. One Vision 5:10
2. A Kind of Magic 4:24
3. One Year of Love 4:26
4. Pain Is So Close to Pleasure 4:21
5. Friends Will Be Friends 4:07
6. Who Wants to Live Forever 5:15
7. Gimme the Prize 4:34
8. Don't Lose Your Head 4:38
9. Princes of the Universe 3:32

Cd 2
Bonus
1. A Kind of Magic (Highlander version) 4:22
2. One Vision (Single version) 4:00
3. Pain Is So Close to Pleasure (Single remix) 3:57
4. Forever (Piano version) 3:20
5. A Kind of Vision (Demo, August 1985) 3:23
6. One Vision (Live at Wembley Stadium, 11 July 1986) 5:12
7. Friends Will Be Friends Will Be Friends 5:59


Freddie Mercury - lead and backing vocals, piano, synthesisers, programming
Brian May - electric guitars, backing vocals, lead vocals on "Who Wants to Live Forever?", synthesisers, programming
Roger Taylor - drums, electronic drums, backing vocals, synthesisers, programming
John Deacon - bass guitar, electric guitars, synthesisers, programming
&
Spike Edney
- additional keyboards
Joan Armatrading - incidental vocals on "Don't Lose Your Head"
Steve Gregory - alto saxophone on "One Year of Love"
Lynton Naiff - string section direction & arrangement on "One Year of Love"
National Philharmonic Orchestra on "Who Wants to Live Forever?"
Michael Kamen - orchestral direction & arrangement on "Who Wants to Live Forever?"

mardi 27 août 2013

Cri primal

Stiff Little Fingers "Inflammable Material" (1979)
ou "Des petits doigts énervés"


Comme leur origine l'indique, il y a du celtic dans l'esprit punk de ces petits doigts raides. C'est même la composante qui sépare cette machine de guerre du trèfle de ses cousines de la prude Albion (ce satané fighting spirit duquel on nous rabat les oreilles à chaque tournoi des 5 nations !). Sinon ? C'est le même déluge de riffs serrés, de rythmiques bastonnantes, de voix scandées, du punk d'école en somme. Côté paroles, socio-conscients et politiquement engagés, les Stiff Little Fingers ne mâchent pas leurs mots, Jake Burns, chanteur et guitariste, à la communicative colère en tête.

Inflammable Material, péché originel, présente une formation possédant toute l'énergie de sa jeunesse mais déjà quelques trucs pas piqués des vers dans les manches de ses perfectos crasseux, à l'image des référentiels Clash et honteusement sous-estimés Ruts (Ha ! The Crack ! Quelle tuerie !), les nord-irlandais injectent une dose de reggae (la reprise, présentement duement punkifiée, du Johnny Was de Bob Marley) à leur blanche colère, et le font admirablement bien !

Pas la formation la plus citée de l'explosion punk des îles britanniques de la fin des années 70, les Stiff Little Fingers (toujours en activité même si le dernier album en date, Guitar and Drum, a déjà presque 10 ans) méritent qu'on se penche sur leur cas, au moins autant que les Damned, Sex Pistols et autres Slits (en plus des précités) et à ce succulent Inflammable Material, cri primal, en priorité.


1. Suspect Device 2:35
2. State Of Emergency 2:28
3. Here We Are Nowhere 0:58
4. Wasted Life 3:09
5. No More Of That 2:03
6. Barbed Wire Love 3:32
7. White Noise 1:57
8. Breakout 3:02
9. Law And Order 3:13
10. Rough Trade 2:38
11. Johnny Was 8:10
12. Alternative Ulster 2:43
13. Closed Groove 4:21
Bonus
14. Suspect Device (Single Version) 2:43
15. 78 R.P.M. 2:38
16. Jake Burns Interview Part One 17:41


Jake Burns: chant, guitare
Henry Cluney: guitare, choeurs
Ali McMordie: basse, choeurs
Brian Faloon: batterie

.CECI EST UN RECYCLAGE DE L'ANNEE DU DRAGON.

lundi 26 août 2013

Il est fou Ennio, il est fou !

Ennio Morricone "Crime and Dissonance" (2005)
ou "L'autre Morricone"


Les compilations du grand Ennio Morricone sont trop souvent d'affreux objets rassemblant des thèmes, certes sublimes, mais sans la moindre cohérence thématique ou direction artistique. La conséquence est fâcheuse, le maître y apparait comme un "pop compositeur" alors que son œuvre est diablement plus profonde... Souvent étrange aussi.

Balayons d'un revers de main les doutes sur la qualité du présent florilège, Ipecac (label de Mike Patton) est une maison sérieuse. De fait, le choix n'a pas été celui de la facilité et le packaging (magnifique livret photo) est particulièrement soigné, ceci dit pour ceux qu'un objet "bien fait" émeut encore et ne sont pas passé au tout dématérialisé...

Une première constatation quand à la sélection ici proposée, alors qu'Ennio a commencé sa carrière discographique en 1959 et la poursuit toujours plus de 50 (!) après, les enregistrements de Crime and Dissonance ne couvrent qu'une période relativement brève, 13 ans de 1968 à 1981. Certes, il reste encore plus de 200 (!) bandes originales à couvrir (sur la cinq-centaine à mettre au crédit d'Il Signore Morricone, un travail de titan !) mais ayant ainsi dégrossi le travail, les compilateurs se sont tout de même facilité la tâche en plus de s'assurer d'une harmonie sonique parfaite. C'est intelligent et ne retire rien à leur mérite d'examinateurs patients et pointilleux.

En l'occurrence - et vu le choix de morceaux relativement obscurs de films qui ne le sont pas moins - on a l'impression de découvrir un nouvel Ennio Morricone, un qu'on nous aurait caché et qu'on est ravi de rencontrer. Car il faut bien le dire, ce catalogue de bizarreries - souvent orientées vers une certaine idée du psychédélisme, du jazz, de la world music ou du classique contemporain dit d'avant-garde - ne fait que confirmer tout le bien qu'on pensait de lui et le statut de légende vivante ô combien mérité d'un compositeur non seulement habile mais aussi versatile et habité. De fait, les mélodies sont souvent ici moins accrocheuses que les « grands airs » connus de tous mais, ce que Crime and Dissonance perd en immédiateté, il le gagne en texture, en profondeur, en étrangeté... En richesse.

Pas à mettre entre toutes les oreilles, Crime and Dissonance - qui porte diablement bien son nom - l'est. Chaudement recommandé aussi mais - et vous ne direz pas que je ne vous aurai pas prévenu - pour ceux qui réduisent cet olibrius à sa collaboration avec Sergio Leone, quelques thèmes de Western spaghettis et autres musiques mille fois entendues dans des spots publicitaires - la surprise sera définitivement au rendez-vous, la satisfaction probablement aussi.


Disque 1
1. Giorno Di Notte 4:43
2. Astratto 3 1:48
3. Corsa Sui Tetti 5:00
4. Ric Happening 3:23
5. Memento 2:38
6. Ricreazione Divertita 2:59 
7. Studio Di Colore 1:13
8. Forza G (Quella Donna) 2:32
9. Placcaggio 2:33
10. Seguita 3:15
11. Postludio Alla Terza Moglie 2:43
12. L'Uccello Con Le Piume Di Cristallo 1:25
13. Il Buio 4:00
14. Rapimento In Campo Aperto 1:24
15. Le Fotografie 1:01
16. Spiriti 2:12
17. Ninna Nanna Per Adulteri 3:06
18. Astrazione Con Ritmo 4:19

Disque 2
1. Trafelato 2:30
2. Sensi 2:45
3. Gli Intoccabili (Titoli) 1:39
4. Fondate Paure 2:45
5. L'Attentato (Alternate Version 1) 2:38
6. Fumeria D'Oppio 5:54
7. 1970 8:39
8. Esplicitamete Sospeso 4:42
9. Sequenza 10 2:51
10. Paura E Aggressione (Short Version) 1:54
11. Folle Folle 3:43
12. Un Uomo Da Rispettare (Titoli) 11:39

 CECI EST UN RECYCLAGE DE L'ANNEE DU DRAGON 

dimanche 25 août 2013

Retour en Grâce

Van der Graaf Generator "Godbluff" (1975)
ou "L'Œuvre au Noir"


Décidément un groupe qui ne fait rien comme les autres, Van der Graaf Generator avait décidé de se séparer après ce que beaucoup considèrent toujours comme leur meilleur album (Pawn Hearts) pour aller vaquer à d'autres activités, d'autres projets (Hammill en solo, etc.), la faute à l'assourdissante indifférence ayant accueilli leur si particulière et si personnelle conception du rock progressif.

4 ans plus tard, la formation, qu'on n'attendait plus alors que l'essoufflement de la scène rock progressive commençait à devenir tangible, revient aux affaires pour un album sans compromis composé de quatre longues pièces (on ne dit pas chanson, ici) complexes et passionnées. En l'occurrence, premier volume d'une trilogie précédant une nouvelle et aussi inattendue séparation, Godbluff montre qu'au delà d'idées d'exploitation d'un nom acquérant doucement mais sûrement un statut culte, ce sont pour des raisons musicales, artistiques que VdGG aura décidé de reprendre son activité.

En vérité, jamais le groupe n'avait sonné si sombre, si habité que sur ce magistral Godbluff annonçant on ne peut plus dignement la tonalité que suivront scrupuleusement ses successeurs (les non moins recommandés Still Life et World Record, tous deux de 1976), celle d'une musique qui ne cherche pas à gagner les faveurs de l'auditeur par autre chose que son propre mérite, la décisive imagination de quatre instrumentistes/compositeurs dont le plus remarquable reste indubitablement Peter Hammill dont la voix écorchée vive, les textes ciselés et l'aura domine franchement le débat. Evidemment, Banton, Jackson, Evans et Hammill sont tous d'excellents instrumentistes, des virtuoses à leur façon même, et nul doute que les soli qu'ils distillent ici en esbaudiront beaucoup. Ceci dit, exemplairement, aucun ne cherche à tirer la couverture à lui état de fait dont la résultante est cette indéniable et admirable capacité à être aussi heavy, torturé et jazzy qu'un King Crimson seconde mouture (de Lark's Tongues in Aspic à Red) en plus jammy et imprévisible encore.

Trop souvent oublié quand on en vient à évoquer les formations les plus essentielles de la vague progressive britannique ayant débuté à la fin des années 60 (Genesis, Yes, ELP, King Crimson, Jethro Tull et quelques autres) , Van der Graaf Generator s'avère, rétrospectivement, au moins aussi nécessaire à la compréhension de ladite scène avec, qui plus est, des attributs de radicalité, une réelle unicité et une originalité sonique rarement entendue. Autant de critères confortant que l'attrait d'un remaster aux petits oignons présentement bonussée de deux accessoires pistes live handicapées par une captation digne d'un bootleg de qualité très moyenne qui ne raviront que les fans les plus hardcore.

Pas de quoi gâcher le plaisir d'un immense opus d'un immense groupe dont on ne saurait trop recommander l'écoute attentive et répétée.


1. The Undercover Man 7:32
2. Scorched Earth 9:43
3. Arrow 9:47
4. The Sleepwalkers 10:41
bonus   
5. Forsaken Garden's (Live) 7:58
6. A Louse Is Not A Home (Live) 12:47


Huh Banton - orgue, basse
Guy Evans - batterie, percussions
Peter Hammill - chant, piano, guitare
David Jackson - saxophone, flute

 CECI EST UN RECYCLAGE DE L'ANNEE DU DRAGON  

samedi 24 août 2013

Ca marche pas ? Ca marche !

Queen "Hot Space" (1982)
ou "Mais qu'est ce que tu fous Doudou dis donc ?"


Après un Flash Gordon franchement dispensable, on attendait Queen au tournant. Ce premier faux-pas de la carrière du groupe étant dévolu à illustrer un film, il avait été démis par beaucoup comme n'étant pas un véritable album du groupe. Considérant ceci, Hot Space succédait donc à l'excellent The Game, album extrêmement réussi même si il laissait préfigurer l'écriture plus pop qui allait suivre.

On ne pourra pas reprocher leur immobilisme aux quatre membres de Queen et, toujours prompts à se renouveler, c'est à un nouvel exercice de style qu'ils nous convient ici. Au programme, un genre de funk pop blanc pas désagréable au demeurant mais trop éloigné des préoccupations des fans du groupe pour réellement satisfaire. Il faut dire que la section rythmique quasiment totalement synthétisée n'est pas du meilleur augure et comme les compos ne sont, dans l'ensemble, pas mauvaises mais notablement moins marquantes que ce qui nous avait été offert jusque là, c'est à une amère déception que nous sommes confrontés. Tout juste relèvera-t-on le single en duo avec David Bowie et sa ligne de basse qui tue. Le reste oscille entre le peu mémorable et le franchement gênant... Sans doute attendait-on trop de Queen.

Dans l'absolu, Hot Space, n'est pas un mauvais album et, eût-il été attribué à une autre formation que celle à laquelle nous devions des moments de bravoure tels que Bohemian Rhapsody, Save Me, Now I'm Here (et j'en passe), que les motifs de satisfaction n'auraient pas manqués. Hélas, c'est bien d'un album de Queen dont il s'agit et, mis à part Flash Gordon, force est de constater que c'est le plus faible de leur discographie.

Le remaster, quelque soit sa qualité (excellente en l'occurrence), ne peut pas sauver ce Hot Space de son naufrage créatif. Et ce ne sont pas les titres du cd bonus (3 lives, 1 remix et une face B) qui relèveront le niveau.

Tout ceci fait de Hot Space un album que les fans hardcore voudront sans doute posséder malgré sa faible qualité mais sur lequel les autres peuvent sans crainte faire l'impasse... On ne leur en voudra absolument pas.


CD 1
Album
1. Staying Power 4:10
2. Dancer 3:46
3. Back Chat 4:31
4. Body Language 4:29
5. Action This Day 3:33
6. Put Out the Fire 3:15
7. Life Is Real (Song for Lennon) 3:39
8. Calling All Girls 3:53
9. Las Palabras de Amor (The Words of Love) 4:26
10. Cool Cat 3:26
11. Under Pressure (with David Bowie) 4:02

CD 2
Bonus
1. Staying Power (Live in Milton Keynes, June 1982) 3:57
2. Soul Brother (B-Side) 3:36
3. Back Chat (Single Remix) 4:12
4. Action This Day (Live in Tokyo, November 1982) 6:25
5. Calling All Girls (Live in Tokyo, November 1982) 4:45


Freddie Mercury - lead vocals, piano, synthesisers, synth bass on "Staying Power", keyboards
Brian May - lead guitar, synthesisers, piano, backing vocals, synth bass on "Dancer", lead vocals (falsetto lines on "Put Out the Fire" and lead harmony on "Las Palabras de Amor")
Roger Taylor - drums, drum computer, programming, backing vocals, lead vocals on "Action This Day", keyboards and rhythm guitar on "Calling All Girls"
John Deacon - bass guitar, synthesisers, rhythm guitar, drums, electric piano, programming
&
David Bowie - lead vocals on "Under Pressure"
Arif Mardin - "hot and spacey" horn arrangement and production on "Staying Power"
Mack - production, keyboard programming on "Action This Day"


Queen "The Works" (1984)
ou "La moustache triomphante !"


A l'aulne de leurs catalogues respectifs, il n'est pas incorrect de comparer le Works de la Reine à l’Invisible Touch de Genesis. Pas que les musiques y soient particulièrement cousines, sauf à appartenir à la vaste sphère du pop rock grand public de ces 80s pour beaucoup maudites, mais ils participent indéniablement de la même démarche de "mainstreamisation" de formations jadis plus ambitieuses avec des résultats, commerciaux et artistiques, pas si dissemblables.

Oui mais, Queen a une rouerie et un sens de l'humour qui feront toujours défaut au progueux de Collins (qui y met pourtant du sien à dérider ses psychorigides collègues). Outre ce second degré si nécessaire, Queen part aussi d'une base musicale plus facilement adaptable à la "popisation" de leur œuvre. Et puis, sur The Works, il y a surtout un catalogue d'imparables chansons dont un paquet de singles que vous avez forcément tous entendu : Radio Gaga, It's a Hard Life, I Want to Break Free et Hammer to Fall, soit quatre chansons sur les neufs composant l'opus, on peut dire que la moisson fut riche et résonne encore régulièrement sur les stations radiophoniques nostalgiques... Plus de trente ans après la sortie de l'album.

Mais est-ce du bon Queen ? Evidemment la réponse dépendra d'où l'on se place et ce qu'on attend, espère de la formation de Mercury & Co... Ceux qui vénèrent, chez la Reine, cette propension à "pondre du single" seront éblouis par l'incroyable redressement du groupe après le fadasse et raté Hot Space et son white funk si peu convaincant, ceux qui souhaiteraient y retrouver un combo prospectif et opératique, tel que le fut le groupe en ses triomphales septantes, ne pourront par contre que se chagriner de ce brûlot audiblement conçu pour plaire aux masses. Ceci dit, et quelque soit le camp où vous vous placez, il est une évidence en ce Works, c'est que Queen a retrouvé une verve mélodique, une efficacité qu'il avait fini par progressivement perdre après News of the World. Le break de l'année précédente, et les subséquents projets solo qui en découlèrent ne sont sans doute pas étrangers à cette revigoration créative, d'ailleurs.

Par snobisme, il est de bon ton de dénigrer The Works, enfin, de dénigrer tout ce que Queen sortit après News of the World... Je ne me joindrai pas au cortège des mauvais-chagrins parce que, franchement, The Works, album inséparable de triomphantes 80s, est simplement un petit bijou certes pas exactement de bon goût mais, néanmoins, tout à fait réussi. Et qu'importe, donc, des bonus pas exactement affolants (une constante de la série des remasters de 2011), le son y est impeccablement restauré... C'est l'essentiel !


CD 1
Album
1. Radio Ga Ga 5:44
2. Tear It Up 3:28
3. It's a Hard Life 4:08
4. Man on the Prowl 3:28
5. Machines (Or 'Back to Humans') 5:10
6. I Want to Break Free 3:20
7. Keep Passing the Open Windows 5:21
8. Hammer to Fall 4:28
9. Is This the World We Created...? 2:13

CD 2
Bonus
1. I Go Crazy (B-Side) 3:44
2. I Want to Break Free (Single remix) 4:19
3. Hammer to Fall (Headbanger's mix) 5:19
4. Is This the World We Created...? (Live in Rio, January 1985) 3:02
5. It's a Hard Life (Live in Rio, January 1985) 4:27
6. Thank God It's Christmas (Non-album single) 4:21


Freddie Mercury: lead and backing vocals, piano, keyboards, programming
Brian May: lead and acoustic guitars, backing vocals, keyboards, lead vocals on bridge of "I Go Crazy", programming
Roger Taylor: drums, electronic drums, backing vocals, keyboards, Vocoder, programming
John Deacon: bass guitar, rhythm and acoustic guitars, keyboards, programming, backing vocals on "Radio Ga Ga"
&
Fred Mandel
: keyboards, piano, programming, keyboard solo on "I Want to Break Free"
Mack: Fairlight CMI programming on "Machines"

 
RENDEZ-VOUS DU
28 AU 31 AOÛT
POUR L'EMBALLAGE FINAL !

vendredi 23 août 2013

Le banquet des loqueteux

The Rolling Stones "Beggars Banquet" (1968)
ou "Légendaire !"


Il y a des albums qu'on pense ne plus avoir à présenter, et puis, en faisant sa petite enquête, on se rend compte que finalement, si. On est surpris parce qu'on se disait que, tout de même, on était là sur un classique, mais c'est comme ça : les albums des Rolling Stones, même les plus incontournables, sont relativement moins connu qu'on n'aurait pu l'escompter...

Historiquement, Beggars Banquet est le « Ouf de soulagement » après le douloureux épisode psychédélique de Their Satanic Majesties Request, qui est loin d'être mauvais soit dit en passant. C'est aussi celui du début de l'effacement de Brian Jones qui ne participe qu'épisodiquement aux sessions et quittera bientôt le groupe avant de connaitre le sombre destin qu'on sait. Musicalement, c'est l'album du repli sur les bases, du retour à un blues de sales gosses qui ne respectent rien et s'en amusent... Dans une version plus raffinée que celles des premières années mais pas moins énergique. Evidemment, on ne présente pas l'introductif et jammy Sympathy for the Devil, le reste, par contre, est surprenamment assez méconnu des « masses ». Il faut dire que le compromis est ici totalement absent, les Stones sont en mode blues de chez blues... Et qu'est-ce qu'ils font ça bien !

Allez, pour chipoter, on dira juste que Jigsaw Puzzle est un tout petit peu trop long et que Keith aurait bien pu se passer de chanter sur le début de Salt of the Earth... Mais c'est bien pour trouver quelque chose de négatif à dire parce que, sinon, wow, quelle disque ! Un machin à faire rougir de jalousie tous les McKingley Morganfield et autres Chester Burnett de la terre où quelques petits blancs natifs de la prude Albion explorent toutes les facettes de l'idiome bleu avec une égale maîtrise et un constant bonheur.

Au bout du compte, on se retrouve avec un album tout simplement légendaire, une tuerie absolue (et c'est un fan des Beatles qui le dit !) que tout un chacun se doit de posséder, potasser, décortiquer encore, encore et encore. Oui, da !


1. Sympathy for the Devil 6:18
2. No Expectations 3:56
3. Dear Doctor 3:28
4. Parachute Woman 2:20
5. Jigsaw Puzzle 6:06
6. Street Fighting Man 3:16
7. Prodigal Son 2:51
8. Stray Cat Blues 4:38
9. Factory Girl 2:09
10. Salt of the Earth 4:48


The Rolling Stones
Mick Jagger: chant, choeurs, harmonica sur "Parachute Woman"
Keith Richards: guitare electrique, acoustique et slide, basse sur "Sympathy for the Devil" et "Street Fighting Man", chant sur le début de "Salt of the Earth", choeurs
Brian Jones: guitare slide sur "No Expectations", mellotron sur "Jigsaw Puzzle" et "Stray Cat Blues", harmonica sur "Dear Doctor" et "Prodigal Son", sitar et tambura sur "Street Fighting Man", choeurs sur "Sympathy for the Devil"
Charlie Watts: batterie, tabla sur "Factory Girl", choeurs sur "Sympathy for the Devil"
Bill Wyman: basse , choeurs et maracas on "Sympathy for the Devil"
&
Nicky Hopkins: piano
Rocky Dijon: congas sur "Sympathy for the Devil", "Stray Cat Blues" et "Factory Girl"
Ric Grech: violon sur "Factory Girl"
Dave Mason: mellotron sur "Factory Girl", shehnai sur "Street Fighting Man"
Jimmy Miller: choeurs on "Sympathy for the Devil"
Watts Street Gospel Choir: choeurs sur "Salt of the Earth"

 CECI EST UN RECYCLAGE DE L'ANNEE DU DRAGON 

jeudi 22 août 2013

Un trio de rêve

Duke Ellington "Money Jungle" (1963)
ou "Trois gars en or"


La fine équipe que voici !

Nous sommes en 1962 et le Duke profite de son statut (mérité) de légende vivante pour assembler de petites formations avec la fine fleur de la jeune génération, et il a bien raison !

Avec l'exceptionnel batteur qu'est Max Roach (révéré, à raison, jusqu'aujourd'hui) et le turbulent et talentueux bassiste (mais pas seulement même s'il est ici "relégué" à ce rôle) qu'est Charles Mingus, ont peut dire que l'expérimenté pianiste/compositeur a visé juste.

Money Jungle est un délice, c'est un fait. Non seulement c'est un album de jazz gracieux et mélodique et, forcément !, expertement joué, c'est aussi une sorte de passage de témoin d'une génération à une autre, un bilan avant travaux (et quels travaux !).

Ce jazz, bien sûr, jazz de salon au sens noble du terme, adoubé, domestiqué mais pas moins agréable quand il est fait "comme il faut", existera évidemment toujours quand la jeune génération ira pousser l'idiome toujours plus loin, toujours plus prospectivement "ailleurs"... Quitte à faire passez les Ellington, Basie & Co pour des dinosaures (le free jazz est un peu, beaucoup !, le punk du jazz). Qui eux-mêmes, en leur temps firent passer, etc. L'histoire est un éternel recommencement.

Et dire que 9 jours plus tard (la présente session date du 17 septembre 1962) le Duke rencontrera Coltrane ! Imaginez le quatuor potentiel si le calendrier avait été favorable ! Mais bon, Money Jungle avec le piano en star et le pianiste en maître incontesté, accompagné élégamment par une section rythmique "boostante" et boostée... Quel pied, quoi ! Parce qu'Ellington est un compositeur qui impose le respect, un instrumentiste qui sait se mouvoir en toutes circonstances et que les jeunes loups qui l'accompagnent ont l'air bien content d'être là, avec la légende, et de la pousser dans ses retranchements à coups de prodiges rythmiques discrets mais avérés. La mayonnaise prend aisément et le setting en trio, avec la place que ça suppose et les réadaptations qui s'imposent, fait le reste... Enorme, vous dis-je !

Et puis y a des bonus. Différents dans chaque édition de l'album, on s'y retrouve difficilement, il faut faire un choix alors, celui-ci ou un autre... Avec de belles alternate takes et une piqûre de rappel orchestrale, ça le fait.

L'album est essentiel à toute collection jazz qui se respecte, quelque soit l'édition choisie. Un point c'est tout !


1. Money Jungle 5:29
2. Fleurette Africaine (African Flower) 3:36
3. Very Special 4:26
4. Warm Valley 3:32
5. Wig Wise 3:20
6. Caravan 4:12
7. Solitude 5:33
Bonus
8. Switch Blade 5:24
9. A Little Max (Parfait) 2:58
10. REM Blues 4:18
11. Backward Country Boy Blues 6:33
12. Solitude (alternate take) 4:44
13. Solitude (orchestral version 1) 4:43
14. Solitude (orchestral version 2) 6:27
15. Caravan (orchestral version) 6:08


Duke Ellington – piano
Charles Mingus – bass
Max Roach – drums

mercredi 21 août 2013

La classe "rock prolo"

The Godfathers "Birth School Rock Death" (1988)
ou "La vie du rock"


Qu'un duo de frères forme, au cœur de Londres en 1985, un groupe de rock'n'roll (oui, de rock'n'roll) est preuve d'un amour total de cette musique et d'un total désintérêt pour un quelconque plan de carrière ou une hypothétique réussite commerciale.

De fait, ces Parrains sonnent plus australiens qu'anglais dans leur binaire suant et direct (on pense au Saints, Angels). Birth, School, Work, Death, leur second album au titre si primesautier, est une perfection de simplicité riffesque, du rock prolétaire comme on en fait plus assez.

Tout ici parait simple, évident, c'est la force de cette bande qui ne dérape que quand elle se prend pour ce qu'elle n'est pas (comme le sur la ballade It's So Hard ou le stadium rocker insipide The Strangest Boy), ce qu'elle ne fait heureusement qu'exceptionnellement. Le reste est hautement recommandable à qui aime les bons riffs tranchants, les solos (courtesy of extraordinaire Kris Dollimore) qui dépotent, les rythmiques qui bastonnent sans agresser et un chant mâle et habité infusant souvent une note punkoïde à l'ensemble.

Oui, c'est de la musique d'hommes, de la qui a voyagé dans un van pourri pour relier un bar glauque à un préau d'école improbablement augmenté d'une scène pour y faire saigner sa foi pour Saint Fender et Saint Marshall. Pas de quoi engranger un prix Nobel, largement de quoi s'attirer la sympathie de hordes vêtues de cuir.

Le succès, comme pour Dr. Feelgood - figure tutélaire (mais pas envahissante) s'il en fut et autre anachronisme britannique -, fut modeste mais la réputation solide. Ce que démontre parfaitement ce second opus de qualité ici bonussé de deux jolies b'sides (dont le "Born-to-Be-Wildesque" I Can Only Give You Everything) et d'un live bien cru, juste comme il faut... Dois-je rajouter que c'est aussi leur meilleur album ?

Que du bonheur, vous dis-je !


1. Birth, School, Work, Death 4:08
2. If I Only Had Time 2:29
3. Tell Me Why 2:51
4. It's So Hard 3:39
5. When Am I Coming Down 4:59
6. Cause I Said So 2:46
7. The Strangest Boy 3:57
8. S.T.B. 2:32
9. Just Like You 3:10
10. Obsession 3:48
11. Love is Dead 2:44
Bonus
12. Miss That Girl (B'Side) 2:52
13. I Can Only Give You Everything (B'Side) 3:04
Live at Cabaret Metron Chicago, IL: March 26, 1988
14. When Am I Coming Down 4:19
15. Cold Turkey 4:30
16. Those Days Are Over 3:32
17. I'm Unsatisfied 3:18


Chris Coyne: basse, chant
Peter Coyne: chant
Kris Dollimore: guitare, chant
Michael Gibson: guitare, chant
George Mazur: batterie, percussions, chant
Bobby Valentino: violon

mardi 20 août 2013

Des hauts, des bas...

Queen "The Game" (1980)
ou "Transformation réussie"


Quand The Game débarque, Queen est un groupe établi qui "bouge les foules" aux quatres coins du globe (oui, je sais les coins d'une sphère, bref), vend des tombereaux d'albums, se hisse régulièrement dans les charts à coup de hits imparables... Des stars quoi ! Pourtant, deux ans plus tôt, le groupe a écorné l'excellence de sa discographie par un album - oh ! excellent bien sûr - mais moins essentiel. En restait une certaine amertume, une crainte larvée de voir la couronne vaciller sur les quatre chefs royaux. Mécréants que nous étions et ô combien magistralement ce carré d'as remit les points sur les « i ».

Dès le délicieux Play the Game, single si typiquement Queenien, on sent que la mayonnaise va prendre et ce n'est pas le (hard) rock presque funk qu'est Dragon Attack ou l'exercice de white funk d'Another One Bites the Dust qui démentiront cette favorable impression. Queen is back in full force et ça fait un bien fou. Bien sûr, les esprits chagrins ne manqueront pas de noter, pinailleurs qu'ils sont, le glissement vers des chansons plus simples et une orientation radio friendly incluant le fameux son de batterie qui pourrira les productions de bien des artistes en ces funestes 80s. Qu'importe ! Ici l'équilibre est admirable et rien dans la production (brillamment restaurée sur le présent remaster) ou les arrangements ne vient troubler le plaisir de l'auditeur comblé. Evidemment, c'est un album léger - primesautier presque - auquel nous avons ici affaire. Et ? Essentiellement, le rock - dont Queen est alors un des plus dignes représentant sur la face commerciale de la montagne - est une musique de fête et l'époque est à l'optimisme et justement, nos britons s'y entendent comme sur l'admirable hommage au rock des origines qu'est Crazy Little Thing Called Love. Le climat est tellement au beau fixe que Taylor y va même d'un rock carré solide ajouté d'amusants synthétiseurs qui - sans être la tuerie que pût être un Sheer Heart Attack - fait son petit effet. Et pourtant...

Sans que l'enthousiasme que produit l'écoute de The Game en soit amoindri, il ne faut pas oublier les nombreux signes avant-coureurs du glissement qui conduira aux fiascos que seront Flash Gordon et Hot Space : Queen trouve ici un filon et s'y complaira jusqu'à l'écœurement avec quelques fulgurances, certes, mais plus jamais avec une aussi parfaite mixture que sur ce renversant Jeu... En ceci, The Game peut être considéré comme le dernier grand classique du groupe en déplaise aux Ayatollahs qui ont déïfés Saint Freddie et ses Apôtres jusqu'à rendre impossible quelque critique que ce soit. Ce faisant, ils nivellent par le bas le catalogue du groupe minorant l'immense qualité de cette période ô combien faste de leur histoire. Queen sort en 1980 son 8ème album en 7 petites années pour autant de perles (certaines plus immaculées que d'autres, j'en conviens) et le couronne par un Save Me d'anthologie. Façon élégante et magistrale de nous rappeler sa royale grandeur et sa classe absolue.

A noter que, comme pour les autres éditions deluxe de la présente série de remasters, vous retrouverez un petit disque bonus avec deux bons lives, un face B (chantée par Roger Taylor), une petite démo qu'ils développeront plus tard (sur l'album post-mortem Made in Heaven) et une copie de travail sans grand intérêt. Ce n'est pas riche, mais c'est toujours mieux que rien.


Cd 1
Album
1. Play the Game 3:30
2. Dragon Attack 4:18
3. Another One Bites the Dust 3:35
4. Need Your Loving Tonight 2:50
5. Crazy Little Thing Called Love 2:44
6. Rock It (Prime Jive) 4:33
7. Don't Try Suicide 3:52
8. Sail Away Sweet Sister 3:33
9. Coming Soon 2:51
10. Save Me 3:50

Cd 2
Bonus
1. Save Me (Live in Montreal, November 1981) 4:18
2. A Human Body (B-side) 3:44
3. Sail Away Sweet Sister (Take 1 with guide vocal, February 1980) 2:34
4. It's a Beautiful Day (Original spontaneous idea, April 1980) 1:31
5. Dragon Attack (Live in Milton Keynes, June 1982) 5:15


Freddie Mercury – lead and backing vocals, intro vocals on "Rock It (Prime Jive)", bridge vocals on "Sail Away Sweet Sister", piano, rhythm guitar on "Crazy Little Thing Called Love", synthesiser
Brian May – electric, acoustic and twelve-string guitars, backing vocals, piano, lead vocals on "Sail Away Sweet Sister", synthesiser
Roger Taylor – drums, electronic drums, backing vocals, rhythm guitar, lead vocals on "Rock It (Prime Jive)", synthesiser
John Deacon – bass guitar, electric and acoustic guitars, piano, percussion, tape effects
&
Mack - Additional synthesisers


Bonus
Queen "Flash Gordon" (1980)
ou "B-O ou laid"


Que dire de la bande originale de Flash Gordon qui n'ait pas encore été dit ? Que c'est un album mineur (au mieux) de la discographie de Queen ? Que l'ensemble, à part quelques moments intéressants, demeure kitsch et mal foutu ? Oui, tout ça.

On concèdera bien volontiers que Flash Gordon (le film) n'est pas un chef d'œuvre et que, par conséquent, la musique de Queen (qui n'en est pas un non plus) est tout à fait au niveau. De fait, outre deux chansons de correcte qualité (qui ouvrent et concluent l'album), c'est à un machin assez médiocre auquel nous sommes confrontés.

Evidemment, les interventions de Brian May sont de qualité et sans doute une des seules raisons de s'enthousiasmer ici. Le reste oscille entre ridicule et le superflu. Il faut croire que Mercury & Co n'étaient pas fait pour ce genre d'exercice et, d'ailleurs, ils le géreront différemment pour Highlander où ils se contenteront de livrer ce qu'ils savent faire le mieux : des chansons.

Les bonus de la présente édition deluxe n'apportent pas grand chose. On appréciera cependant la version revampée de The Hero ou celle de The Kiss (early version en l'occurrence) qui se tiennent plutôt mieux que leurs équivalents de l'album. Les deux singles de l'album (The Hero et Flash) sont même repris en live (Montreal, 1981) histoire de rallonger la sauce.

Bien entendu, comme pour toutes les autres références de cette série de remasters, le son est parfait et restaure l'album à la perfection, dommage simplement que le flacon soit plus attractif que son contenu.


Cd 1
Album
1. Flash's Theme 3:30
2. In the Space Capsule (The Love Theme) 2:21
3. Ming's Theme (In the Court of Ming the Merciless) 2:53
4. The Ring (Hypnotic Seduction of Dale) 0:58
5. Football Fight 1:29
6. In the Death Cell (Love Theme Reprise) 2:26
7. Execution of Flash 1:06
8. The Kiss (Aura Resurrects Flash) 1:47
9. Arboria (Planet of the Tree Men) 1:41
10. Escape from the Swamp 1:44
11. Flash to the Rescue 2:47
12. Vultan's Theme (Attack of the Hawk Men) 1:15
13. Battle Theme 2:20
14. The Wedding March May 0:56
15. Marriage of Dale and Ming (And Flash Approaching) 2:04
16. Crash Dive on Mingo City 1:01
17. Flash's Theme Reprise (Victory Celebrations) 1:39
18. The Hero 3:31
 
Cd 2
Bonus
1. Flash (Single version) 2:48
2. The Hero (October 1980... Revisited) 2:55
3. The Kiss (Early version, March 1980) 1:11
4. Football Fight (Early version, No Synths! – February 1980) 1:55
5. Flash (Live in Montreal, November 1981) 2:12
6. The Hero (Live in Montreal, November 1981) 1:48


Freddie Mercury - lead vocals, synthesiser, piano, keyboards
Brian May - lead guitar, backing vocals, synthesiser, piano on "Flash's Theme" and "The Hero", co-lead vocals on "Flash's Theme", guitar orchestration on "The Wedding March"
Roger Taylor - drums, timpani, backing vocals, synthesiser
John Deacon - bass guitar, rhythm guitar, synthesiser

lundi 19 août 2013

Tous poils dehors !

ZZ Top "Degüello" (1979)ou "Qu'on leur tranche la tête !"


De tous les albums de ZZ Top, c'est celui que je préfère. Pas le plus souvent cité (Tres Hombres et Tejas dominent les sondages), pas le plus archétypique du son du groupe (c'est peut-être pour ça, d'ailleurs...), c'est l'album qui se démarque et sûrement le plus richement doté de toute la carrière de l'infâme trio.

En 1979, ZZ Top revient d'un long break de 90 jours, un break bien mérité après la tournée marathon qui suivit Tejas. C'est donc un groupe ragaillardi qui revient en ses terres texannes et retrouve son proverbial producteur/manageur, Bill Ham. Rien que de très normal en somme et la routine pourrait continuer si les trois larrons n'avaient décidé d'en découdre tous azimuts.

Evidemment, ça reste fondamentalement du ZZ Top soit une musique rock fermement ancrée sur des bases blues, bien ancrée même. Sauf qu'ils ont des envies de rythm'n'blues (les cuivrés She Loves My Automobile et Hi Fi Mama, en plus d'une reprise de Sam & Dave/Isaac Hayes, I Thank You, à la sauce "ZZ") et de bizzareries (Manic Mechanic... on croirait presque, presque j'ai dit, du Frank Zappa ou du Rush, excusez du peu !). Et des blues laidback d'une beauté à pleurer (I Thank You, A Fool for Your Stockings, Esther Be the One) même si pas forcément textuellement très fins (le sous-entendu sexuel reste la marque de fabrique la prose Gibbonsienne). Et ce n'est pas fini ! Parce qu'on sent bien ce petit côté jazzy de l'excellent Cheap Sunglasses. On a même droit à un pur blues électrifié pur sucre avec la reprise du Dust My Broom de Robert Johnson. Finalement, de typiquement ZZ Topien, correspondant à l'image d'Epinal du rock blues à nanas et bagnoles, il n'y a que I'm Bad I'm Nationwide (un classque !) et Lowdown of the Street, et encore !, ça ne déborde que modérément d'électricité.

Ce n'est pas à dire que l'album est molasson, tout le contraire ! Cette variété, cette versatilité instrumentale, cette experstise à instiller sa marque dans tous les genres aussi, participent grandement au dynamisme communicatif de la galette.

Pour la petite histoire, c'est avec cet album que Dusty Hill et Billy Gibbons apparaissent pour la première fois avec leurs longues barbes (qui, avant, restaient relativement discrètes). Frank Beard (barbe en anglais) restera glabre hormis une splendide "'stache qui va bien" (mère nature ne l'avait pas pileusement doté pour imiter ses complices, et imaginez-le se prendre les baguettes dans la barbe !). Et à ceux qui se demanderait ce que cet étrange titre veut dire, allez donc "wikipédier" ! L'important ici est la musique et elle, vraiment !, est rudement bonne !

Essentiel !


1. I Thank You 3:23
2. She Loves My Automobile 2:24
3. I'm Bad, I'm Nationwide 4:46
4. A Fool for Your Stockings 4:15
5. Manic Mechanic 2:37
6. Dust My Broom 3:06
7. Lowdown in the Street 2:49
8. Hi Fi Mama 2:23
9. Cheap Sunglasses 4:48
10. Esther Be the One 3:31


Billy Gibbons – guitar, vocals
Dusty Hill – bass, keyboards, vocals
Frank Beard – drums, percussion


Merci à Chris Damned pour le LIEN avec un vidéo période Degüello, à ne pas rater !

dimanche 18 août 2013

Viva Etta!

Etta James "Heart & Soul: A Retrospective" (2011)
ou "Guts'n'tears of a Lady"


Si, de part son affiliation au label Chess et son comeback des années 90, on a tendance à limiter Etta James au côté blues (and soul) de son art, cette gargantuesque rétrospective sera parfaite pour se souvenir quelle vocaliste passionnée et versatile cette petite bonne-femme (immense dame par le talent) était et ainsi constater le vide qu'elle laisse.

Née en 1938 d'une mère trop jeune qu'elle ne verra que ponctuellement, ballottée de famille d'accueil en famille d'accueil, la vie d'Etta est un roman. Un heureux hasard lui fera découvrir le chant, à tout juste cinq ans, par le biais d'une chorale baptiste dont elle deviendra bientôt la star. La suite, forcément, est plus connue : ses débuts doo-wop avec les Creolettes, sa rencontre avec Johnny Otis, ses premiers singles et, bien sûr, sa signature chez Chess, dynamiteur de la carrière d'une artiste déjà accomplie malgré son jeune âge (22 ans).

En collectant pour la première fois des traces de toute la longue (56 ans) et riche carrière d'Etta (excepté l'album The Dreamer paru en 2011), Hip-O-Selection, nous propose un extraordinaire panorama allant du rock'n'roll au jazz en passant par la soul, la pop, le gospel, la country et évidemment le blues. Comme Etta pouvait tout chanter, y versait à chaque fois son caeur et son âme, et ne vocalisait pas à excès comme ça semble dorénavant être la norme dans la black music, le festin est total, d'autant plus que d'expertes mains (et oreilles) se sont penchées sur les vieilles bandes pour leur donner un salutaire dépoussiérage. Vous vous en doutez, tous les classiques sont là, augmentés de nombreux autres titres nettement moins connus mais également savoureux.

Au bout de ces 84 et près de cinq heures - énorme ! - on se dit qu'Etta est bel et bien l'une des (la ?) plus grandes chanteuses d'amour (entre autres choses mais c'est tout de même la préoccupation principale de son répertoire) de tous les temps... Et une extraordinaire artiste qu'on n'est pas près de voir remplacée.


Disque 1
1955-1962
1. The Wallflower (Aka Roll With Me Henry) 3:04
2. Good Rockin' Daddy 2:25
3. Crazy Feeling 3:16
4. W.O.M.A.N. 2:44
5. Tough Lover 2:08
6. The Pick Up 2:20
7. Every Night (A.K.A. Baby Baby Every Night) 2:22
8. Sunshine Of Love 2:24
9. Strange Things Happening Every Day 2:29
10. All I Could Do Was Cry 2:55
11. My Dearest Darling 3:02
12. If I Can't Have You 2:50
13. I Just Want To Make Love To You 3:06
14. My Heart Cries 2:34
15. Spoonful 2:48
16. A Sunday Kind Of Love 3:16
17. At Last 2:59
18. Stormy Weather 3:07
19. Trust In Me 2:58
20. Don't Cry Baby 2:25
21. Fool That I Am 2:56
22. Waiting For Charlie (To Come Home) 2:05
23. Next Door To The Blues 2:48
24. Something's Got A Hold On Me 2:49
25. These Foolish Things (Remind Me Of You) 3:59

Disque 2
1962-1969
1. Stop The Wedding 2:50
2. Pushover 2:55
3. Would It Make Any Difference To You 2:39
4. Pay Back 2:39
5. Two Sides (To Every Story) 3:01
6. Baby, What You Want Me To Do 4:16
7. Lovin' You More Every Day 3:20
8. I Wish Someone Would Care 2:36
9. Breaking Point 2:25
10. Only Time Will Tell 3:22
11. It's Here For You 3:04
12. Do I Make Myself Clear 3:00
13. Lover Man (Oh Where Can He Be?) 3:52
14. In The Basement, Part One 2:21
15. I Prefer You 3:03
16. It Must Be Your Love 2:58
17. 842-3089 (Call My Name) 2:59
18. I'd Rather Go Blind 2:33
19. Tell Mama 2:21
20. Do Right Woman, Do Right Man 2:58
21. The Same Rope 2:38
22. Security 2:28
23. Almost Persuaded 3:20
24. You Got It 2:24
25. The Soul Of A Man 3:13

Disque 3
1969-1987
1. Miss Pitiful 2:24
2. Losers Weepers, Part One 3:00
3. I Found A Love 3:28
4. Never My Love 3:52
5. Sail Away 3:59
6. Down So Low 3:42
7. All The Way Down 5:36
8. God's Song (That's Why I Love Mankind) 3:39
9. Feelin' Uneasy 2:46
10. St. Louis Blues 4:31
11. Let's Burn Down The Cornfield 3:43
12. Lovin' Arms 3:50
13. Only Women Bleed 4:10
14. Take It To The Limit 4:07
15. Please Send Me Someone To Love 5:07
16. How Strong Is A Woman 3:25
17. Damn Your Eyes 4:10
18. Higher Ground 3:54

Disque 4
1987-2007
1. What's Wrong 4:03
2. I've Got Dreams To Remember 4:28
3. Whatever Gets You Through The Night 3:48
4. Out Of The Rain 4:34
5. A Lover Is Forever 3:18
6. There's Something On Your Mind 5:59
7. The Man I Love 4:24
8. Don't Explain 5:14
9. Don't Go To Strangers 4:59
10. If I Had Any Pride Left At All 3:48
11. Love Letters 3:58
12. The Blues Is My Business 3:31
13. On The 7th Day 4:57
14. The Sky Is Crying 3:57
15. I Believe I Can Fly 5:07
16. Ashes By Now 3:17
 
 CECI EST UN RECYCLAGE DE L'ANNEE DU DRAGON 

vendredi 16 août 2013

Allen Lanier (Blue Öyster Cult): 1946-2013

ALLEN LANIER
25 JUIN 1946 - 14 AOÛT 2013
R.I.P.

Claviériste, guitariste rythmique et, plus rarement, vocaliste des hard rockers américains de Blue Öyster Cult dont il était l'un des membres fondateurs, Allen Lanier nous a quitté a seulement 67 ans des suites de complications pulmonaires aigües.
 
Afin de lui rendre l'hommage qu'il mérite, je vous propose donc un album de Blue Oyster Cult, celui où sa performance est la plus remarquable et qui se trouve, aussi, être un album en rupture pour la formation, en l'occurrence :

 
Blue Öyster Cult
"Agents of Fortune" (1976)
 

Ayant, consciemment ou non, refermé un chapitre de son histoire avec le double album live On Your Feet On Your Knees, accessoirement le meilleur classement album de la carrière du groupe, c'est un Blue Oyster Cult avec de nouvelles ambitions qui nous propose Agents of Fortune en 1976.

S'il y a toujours, dans les paroles, l'inclinaison horrifique/science-fictonnesque de l'incarnation précédente du groupe, musicalement, c'est à une assez différente affaire à laquelle nous sommes confrontés. Les guitares plus en retrait, moins agressivement hard-rockantes, les claviers d'Allen Lanier plus présents aussi, contribuent à donner une touche plus aérienne, presque progressive (FM diront les mauvais esprits), au groupe. Presque parce qu'un Blue Oyster Cult même attendri reste une belle machine de guerre. Mais le propos n'est plus ici de pilonner à coups de riffs tranchants "proto-metal" électrifiant un blues qui n'est jamais bien loin....

Non, Agents of Fortune a d'autres visées, imposer un son plus "slick" qui colle, il faut dire,  à des compos également en voie de "mainstreamisation". Evidemment, l'archétype de cette évolution est (Don't Fear) The Reaper, plus gros succès de toute la carrière du groupe ceci dit en passant, mais tout l'album est à l'avenant... Ce dont le morceau d'ouverture, This Ain't the Summer of Love, pourrait presque nous faire douter avec ses allures de rocker agressif, mais ce n'est qu'un fugitif coup de semonce sans doute dû à ne pas faire trop peur au fans déjà acquis. Ce n'est pas non plus l'incursion vocale et textuelle d'une Patti Smith alors débutante (petite-amie d'Allen Lanier un temps considéré pour prendre le micro au sein de BÖC) qui changera cette transformation de la chenille en papillon, bien au contraire ! La demoiselle, en l'occurrence, rajoute juste encore un peu à la variété et la richesse d'un album pourtant déjà richement doté (Don't Fear the Reaper, E.T.I., Sinful Love, Tattoo Vampire, Morning Final... tous de bombes destinées à passer à la postérité). Cerise sur ce gâteau d'extrême variété (mais pas de dispersement !), si Eric Bloom reste le vocaliste "leader", la tâche n'a jamais été autant partagée, CHAQUE membre se voyant offert au moins un titre en tant que vocaliste.

Certes, Agents of Fortune présente un Blue Öyster Cult assagi, domestiqué diront certains, c'est aussi, et surtout !, l'album d'une formation en pleine possession de son art, en grande forme compositionnelle et à la maîtrise instrumentale sans faille pris dans une évolution naturelle et, présentement, salvatrice. Un beau bolide, quoi ! Embarquement immédiat !

 
1. This Ain't the Summer of Love 2:21
2. True Confessions 2:57
3. (Don't Fear) The Reaper 5:08
4. E.T.I. (Extra Terrestrial Intelligence) 3:43
5. The Revenge of Vera Gemini 3:52
6. Sinful Love 3:29
7. Tattoo Vampire 2:41
8. Morning Final 4:30
9. Tenderloin 3:40
10. Debbie Denise 4:13
Bonus
11. Fire of Unknown Origin (original version) 3:30
12. Sally (demo version) 2:40
13. (Don't Fear) The Reaper (demo version) 6:20
14. Dance the Night Away (demo version) 2:37
 
 
Eric Bloom – guitar, percussion, lead vocals on tracks 1, 4, 7, 9, 11 & 12
Donald "Buck Dharma" Roeser – guitar, synthesizer, percussion, lead vocals on tracks 3 & 13
Allen Lanier – keyboards, guitar, bass, lead vocals on tracks 2 & 14
Joe Bouchard – bass, piano, lead vocals on track 8
Albert Bouchard – drums, acoustic guitar, percussion, harmonica, lead vocals on tracks 5, 6 & 10
&
Patti Smith
– vocals on "The Revenge of Vera Gemini"
Randy Brecker – horns
Michael Brecker – horns
David Lucas – vocals, keyboards, percussion