mercredi 28 octobre 2015

Aux Mages... (hommage)

Aujourd'hui, c'est "Tributes" à gogo ! Bon, l'exercice est assez rarement couronné de succès, surtout quand il est multi-artistes et visiblement opportuniste, mais pas de ça ici, que le haut du panier, la crème de la crème avec une belle série d'œuvres (plus ou moins) à la marge que ce soit par leur sujet ou leur interprètes. Enjoie !

PiNK Floyd
Gov't Mule "Dark Side of the Mule" (2014)
ou "Gov't Floyd"

Quand un jam band largement influencé par le Grateful Dead et le Allman Brothers Band s'attaque, en live !, au monument progressif et psychédélique qu'est Pink Floyd, ça donne ? Dark Side of the Mule, pardi !
A l'origine, un concert de le soir d'halloween 2008 au Orpheum Theatre de Boston, dont la présente galette n'est que portion congrue*, est oubliée la première partie du set et le rappel final tous deux dédiés à d'autres horizons musicaux, où Warren Hayes et ses petits gars, alias Gov't Mule, osent, ils ont de l'estomac, reprendre cette référence pourtant quelque peu éloignée de leurs habituelles préoccupations. On pouvait donc, en toute logique, avoir quelques doutes sur la viabilité d'un tel projet, doutes vite balayés par le talent d'une formation avant tout dédiée à ses fans ô combien fidèles et souhaitant, donc, toujours leur offrir de nouvelles expériences en plus de repousser ses propres limites supposées.
Au programme, une douzaine de chansons de la période post-Barrett du Floyd issus de Meddle, Wish You Were Here, Animals et, comme le titre de la galette le laisse deviner, Dark Side of the Moon avec rien moins que six extraits, que du lourd, quoi avec, comme c'est pratique, deux choristes ayant pris part aux grand-messes publiques du groupe hommagé (Machan Taylor et Durga McBroom). Le groupe, sans forcément tenter de réinventer la roue, c'est heureux, infuse sa personnalité dans le répertoire amenant, à minima, des petits machins qu'on accueille avec plaisir et rendent l'ensemble moins dérivatif qu'il n'y parait. On a ainsi droit, par exemple, à un Have a Cigar nettement plus bluesy et groovy que sa version originale, à un Fearless joliment électrifié, à un Shine on You Crazy Diamond bordant souvent la paranoïa. Pas une révolution en soi mais d'aptes versions permettant de jouir pleinement de la performance sans avoir l'impression d'écouter un bête tribute band.
Dark Side of the Mule ? Un bel hommage si imparfait (live, quoi !) qui plaira autant aux fans de Pink Floyd qu'à ceux de Gov't Mule. Mission accomplie.
* à noter qu'il existe une version complète du concert sur quatre cd.

1. One of These Days 6:15  
2. Fearless 5:37  
3. Pigs on the Wing, Pt. 2 1:37  
4. Shine on You Crazy Diamond, Pt. 1-5 13:57  
5. Have a Cigar 6:27  
6. Breathe (In the Air) 3:20  
7. Time 6:48  
8. Money 7:15  
9. Comfortably Numb 6:10  
10. Shine on Your Crazy Diamond, Pt. 6-9 13:59  
11. Wish You Were Here 6:02

Warren Haynes - guitar, producer, vocals 
Danny Louis - guitar, keyboards, backing vocals
Jörgen Carlsson - bass
Matt Abts - drums, percussion, vocals 
Ron Holloway - saxophone 
Machan Taylor - background vocals 
Durga McBroom - background vocals 
Sophia Ramos - background vocals 
Leslie Bloome - sound effects

(le noyau dur de)
GOV'T MULE

ToWNeS VaN ZaNDT
Scott Kelly, Steve Von Till, Wino "Songs of Townes Van Zandt" (2012)
 ou "this Townes is big enough for the three of us"
 
Pour ceux connaissant les exactions des trois hommes ayant joint leurs forces pour rendre hommage à l'immense et regretté Townes Van Zandt (aucune relation avec les frères chantants, mort et vivant, de Lynyrd Skynyrd), ce court tribute n'est pas vraiment une surprise considérant que Kelly, Von Till et Scott Weinrich (Wino) - malgré l'appartenance post-metal et stoner/doom de leurs projets principaux- avaient déjà montré leur amour de l'idiome folk via divers side-projects ou aventures solitaires, c'est aussi parce que Townes est sans aucun doute le plus proche, dans son domaine de prédilection, de leurs capacités vocales et de leurs sensibilités artistiques.
Ceci dit, l'amour affiché par nombre de metalleux et musiciens de metal pour Townes et le magnifique et habité matériel qu'il écrivit lors de sa chaotique et sous-estimée carrière continue de me surprendre. En vérité, il n'y a pas grand chose dans la musique de Van Zandt pour satisfaire l'amoureux de rythmes lourds, de chant agressif, de guitares aiguisées... En fait, il n'y a rien d'autre que l'évident talent d'un mec capable de déverser ses tripes sur la page et de chanter si justement ses états d'âmes, ses histoires, qu'il est difficile d'y résister. Les versions de Scott, Steve et Wino rendent justice à une sélection composée dans sa grande majorité de classiques du répertoire Townsien, sélection fidèle, avec les trois vocalistes empruntant largement au style vocal de Van Zandt à tel point qu'on finit parfois par les y oublier nous permettant de nous concentrer d'autant plus intensément sur la musique, et les paroles bien sûr.
Des trois, Kelly est celui qui réussit le mieux son affaire s'éloignant suffisamment des versions originales pour affirmer sa propre voix tout en restant fidèle à l'esprit des chansons. Steve Von Till remplit son contrat aussi et nous rappelle, au passage ô combien joliment inspiré par l'approche désespéré qu'avait Townes de la Country/Folk son album A Grave Is A Grim Horse était déjà et combien sa belle voix basse colle à ces compositions si intensément émotionnelles. Wino, le plus zélote des trois, est aussi le moins impressionnant. Si ses versions sont indéniablement agréables à écouter, il parait trop vouloir imiter le maître pour produire autre chose que de convaincantes imitations/copies carbone des chansons dans leur versions les plus "nues" (comme sur le toujours très recommandé Live at the Old Quarter Houston Texas).
C'est uniquement sur le cv des trois intervenants et le vrai génie d'un auteur/compositeur encore trop peu reconnu qu'on conseillera cet album aux metalleux, au plus ouverts d'esprit d'entre eux en tout cas. Concrètement, sur l'échelle de valeur des tribute albums, Songs of Townes Van Zandt appartient à la crème, le haut de l'affiche simplement parce que c'est une (re)création confiée à des gens qui s'en sont profondément soucié et s'investirent conséquemment. Ca aide, indubitablement.

1. Steve Von Till "If I Needed You" 3:57
2. Scott Kelly "St. John the Gambler" 4:43
3. Steve Von Till "Black Crow Blues" 3:21
4. Scott Kelly "Lungs" 3:20
5. Wino "Rake" 2:44
6. Steve Von Till "The Snake Song" 3:35
7. Wino "Nothing" 3:51
8. Scott Kelly "Tecumseh Valley" 7:09
9. Wino "A Song for" 4:25

Steve Von Till: chant, guitare (1, 3, 6), electronics (6)
Scott Kelly: chant, guitare (2, 4, 8)
Wino: chant, guitare (5, 7, 9)
&
Jesse Baldwin
: lap steel (2)

SCOTT KELLY

PiNK Floyd
Nguyên Lê with Michael Gibbs & NDR Bigband "Celebrating The Dark Side of the Moon" (2014)
ou "Jazz Floyd"

Alors que ce qui reste de Pink Floyd se vautre dans le revivalisme le plus commercialement intéressé revisitant de vieilles bandes en un douteux hommage à leur décédé claviériste, il est encore des instrumentistes qui font vivre la musique référentielle que nous connaissons tous. Voici Nguyên Lê et son tribute au légendaire Dark Side of the Moon, une célébration, comme son titre l'indique, une vraie !
On y trouve une relecture respectant son sujet sans oublier cependant de prendre quelques libertés, de pousser l'enveloppe d'une partition connue par cœur. Et il fallait oser !, oser transcrire une pièce ô combien révérée pour big band, gonflé ! Alors, certes, on ne niera pas l'opportunité calendaire qu'a su saisir le label ACT en commissionnant la création dudit tribute - en même temps que le piteux The Endless River et l'anniversaire du demi-siècle de la formation honorée - mais c'est, fondamentalement, d'Art dont il s'agit, et d'une exceptionnelle mais finalement pas surprenante réussite. Pas surprenante parce que Nguyen Lê n'en est pas à ses premiers faits d'armes lui qui a déjà hommagé, et bien !, Jimi Hendrix, Led Zeppelin, les Beatles ou Bob Marley et sait donc transformer, s'approprier le matériau d'autrui avec brio. Pas surprenante parce que NDR Bigband , l'orchestre jazz de la radio/télévision publique du même nom, est un bel ensemble de professionnels accomplis bien dirigé par un chef talentueux, Jörg Achim Keller, et doté de solistes de qualité, on citera Christof Lauer dont les explorations saxophoniques libres enluminent Time de nouveaux atours ô combien attrayants.
Y reconnaît-on l'œuvre originelle de Pink Floyd ?  Oui. Triturée, déconstruite, reconstruite, manipulée mais toujours mélodiquement vivace et même, et là est peut-être le réel tour de force de la galette, dans les interludes originaux augmentant la tracklist canonique que créa Nguyên  Lê pour l'occasion, c'est fort, et qui plus est souvent fun. Les fans s'y retrouveront-ils ? Ceux ayant un minimum le goût de la chose jazz et l'oreille aventureuse certainement, les intégristes, zélotes de la chose floydienne plus difficilement, forcément, quoique l'emballage technique et émotionnel du guitariste/leader ne devrait pas les laisser indifférents, pas plus que la performance, c'est le mot !, de la vocaliste sud-coréenne Youn Sun Nah en parfaite adéquation avec l'excellence de l'ensemble.
En l'espèce, dans un domaine différent mais avec d'égales volontés transformatrices, Celebrating the Dark Side of the Moon égale le désormais culte Dub Side of the Moon d'Easy-Star All Stars. C'est un compliment et une façon comme une autre de vous dire à quel point le fait est haut et chaudement recommandé. Bravo !

1. Speak to Me 1:56
2. Inspire 2:54
3. Breathe 2:33
4. On the Run 2:41
5. Time 9:51
6. Magic 2:20
7. Hear This Whispering 2:01
8. Great Gig in the Sky 2:16
9. Gotta Go Sometime 3:14
10. Money 6:12
11. Us and Them 7:51
12. Purple or Blue 2:53
13. Any Colour You Like 5:17
14. Brain Damage 4:13
15. Eclipse 2:34

Nguyên Lê - electric guitar, electronics
Youn Sun Nah - vocals
Gary Husband - drums
Jürgen Attig - electric fretless bass
&
NDR Bigband

Conductor: Jörg Achim Keller
Trumpets: Thorsten Benkenstein , Benny Brown , Ingolf Burkhardt , Claus Stötter (solo on 12) & Reiner Winterschladen
Saxophones/reeds: Fiete Felsch (alto & flute/solo on 11), Peter Bolte (alto & flute), Christof Lauer (tenor & soprano/solo on 4), Lutz Büchner (tenor & soprano/solo on 14), Sebastian Gille (tenor & soprano), Marcus Bartelt (baritone & bass clarinet)
Trombones: Dan Gottshall , Klaus Heidenreich , Stefan Lottermann , Ingo Lahme (tuba & bass trombone)
Percussion: Marcio Doctor
Piano & synths: Vladyslav Sendecki (solo on 8)

NGUYÊN LÊ

KiNG Crimson
Médéric Collignon et le Jus de Bocse "A la Recherche du Roi Frippé" (2012)
ou "Le Roi bien honoré"

S'il y a un instrumentiste jazz français qu'on imaginait pouvoir se frotter à l'œuvre de King Crimson, c'est bien Médéric Collignon et le moins qu'on puisse dire, à l'écoute de ce "Roi Frippé", c'est que nos attentes sont satisfaites.
On connaissait la passion de Collignon pour Miles Davis qu'il hommagea ô combien aptement (et doublement) via les deux précédents opus de son Jus de Bocse: Porgy And Bess pour la phase "cool jazz" et un second pour la période fusion (Shangri-Tunkashi-La), tous deux toujours chaudement recommandées. Cette fois, glissant encore un peu plus dans le temps et s'éloignant stylistiquement de fondamentaux jazz, c'est à un monument du rock progressif que le furieux multi-instrumentiste et vocaliste s'attaque sans oublier, comme il le fit déjà sur Shangri-Tunkashi-La, de glisser quelques traits de sa propre inspiration (ce dont il aurait, à l'écoute, bien eu tort de se priver). Concrètement, 12 titres et 76 minutes durant, avec un luxe de musiciens additionnels (deux quatuors à cordes en la circonstance) auquel Miles n'avait pas eu droit, Collignon et le Jus de Bocse font plus que rendre un simple hommage au Roi Cramoisi, ils parviennent, sans la moindre trahison, à véritablement se réapproprier des thèmes du groupe.
Et ça fonctionne du tonnerre de Zeus ! Parce que les instrumentistes ici présents ne sont pas (loin de là !) des bras cassés, parce que l'imagination de leur leader semble une source inépuisable de merveilleuses petites trouvailles et autres brillantes idées, parce que ces compositions sont, dans leur conception même, ce qu'il est convenu d'appeler de la Grande Musique aussi et, ultimement, parce que ce matériau laisse place à l'interprétation, ce dont le line-up réuni ici ne s'est nullement privé. Ainsi, sur l'introductif Red (monstre de lourdeur et de précision dans son acceptation originelle s'il en fut) entend-on, du cornet vibrionnant de Collignon, d'une impeccable section rythmique à ces cordes puissantes et gracieuses soutenant parfaitement l'édifice, à quelle sauce le Roi Frippé va être mangé. Et on en redemande ! Une constatation pas inutile cependant, si l'élément jazz (fusion) se retrouve ici plus poussé et plus évident que ce à quoi l'auditeur habituel de King Crimson a été habitué, il n'en prend toutefois aucunement le pas sur l'esprit jadis développé par cette exquise et changeante formation ici parfaitement retranscrit par un Médéric visiblement trop fan pour s'en éloigner drastiquement (et c'est très bien comme ça).
Au final, majoritairement instrumental (mais loin de l'indignité quand Médéric y vocalise comme sur Frame by Frame) s'adressant tout aussi bien à ses fans, à ceux de King Crimson qu'à tous ceux qui apprécient un jazz fusionnant, prospectif, moderne, progressif (évidemment) même s'il se conclut, en toute étrangeté, par une apaisante reprise de Nick Drake (River Man) dont on se demande un peu ce qu'elle vient faire ici, A la Recherche du Roi Frippé est exactement ce qu'on attendait de Collignon et ses complices : une complète réussite. Recommandé !

1. Red
2. Lark's Tongues in Aspic II
3. Lark's Tongues in Aspic III
4. Vrooom
5. Vrooom Vrooom
6. Frame by Frame
7. Intrudicsion/Indiscipline
8. 21st Century Schizoid Man
9. Facts of Life
10. Krim 3
11. Dangerous Curves/Incursion
12. River man
aux "Victoires de la Musique 2013"

Médéric Collignon - cornet, voix, b3, effets, percussions
Frank Woeste - Fender rhodes, effets, b3
Frédéric Chiffoleau - contrebasse, basse
Philippe Gleizes - batterie
 &
Youri Bessières
, Anne Le Pape, Widad Abdessemed, Marius Pibarot - violon
Olivier Bartissol, Cécile Pruvot - alto
Valentin Ceccaldi, Matias Riquelme - violoncelle

MEDERIC COLLIGNON

SoNNy CLaRK
The Sonny Clark Memorial Quartet "Voodoo" (1986)
ou "Ce cher disparu"

Vous ne connaissez pas Sonny Clark, vous ne vous en souvenez plus bien ? Laissez donc John Zorn, Wayne Horvitz, Bobby Previte et Ray Drummond vous rafraichir la mémoire, ou vous le présenter.
Ho le beau quatuor que voici, et le bel hommage, aussi. A un pianiste et compositeur de Hard Bop ayant croisé la route de, entre autres cadors, Billie Holiday, Dexter Gordon, Dinah Washington, Oscar Pettiford, Philly Joe Jones, etc. Mort à 31 ans d'une crise cardiaque probablement occasionnée par des abus de substances en tous genres, c'est une carrière prometteuse qui fut fauchée, aux premiers jours de 1963.
On y retrouve donc ce beau quatuor qui, composé de membre de la scène de Downtown NYC, n'en sert pas moins des versions très traditionnelles, très proches, en fait, des créations de Clark. Bobby Previte et Ray Drummond y forment une belle section rythmique, tout en groove et en finesse tandis que Wayne Horvitz se glisse dans les habits de Sonny sans la moindre difficulté. La vraie surprise, de fait, est d'entendre un John Zorn en vrai saxophoniste de jazz (avec quelques micro-rappels de qui il est, tout de même) lui qui nous avait habitué à des exactions souvent avant-gardistes et bruitistes est ici d'une sagesse, et d'un maîtrise !, admirable, soufflant dans son alto à la manière d'un hard-bopper plus vrai que nature.
Zorn, en compagnie, cette fois, du guitariste Bill Frisell et du tromboniste George Lewis, rendra encore hommage à Sonny Clark (sur News for Lulu et More News for Lulu, 1988/92), c'est dire si le bonhomme lui tenait à cœur. Et c'est sans doute exactement pour ça que l'iconoclaste et souvent destructeur compositeur New Yorkais est, présentement, si respectueux de l'œuvre du pianiste. Et ça nous donne un magnifique hommage, une jolie porte d'entrée vers un musicien un peu oublié aujourd'hui et, donc, une galette chaudement recommandée.

1. Cool Struttin' 5:27
2. Minor Meeting 4:36
3. Nicely 5:34
4. Something Special 4:45
5. Voodoo 10:57
6. Sonia 4:02
7. Sonny's Crib 7:40

Ray Drummond - basse
Wayne Horvitz - piano
Bobby Previte - batterie
John Zorn - saxophone alto

WAYNE HORVITZ

eLViS PReSLey
Barb Jungr "Love Me Tender" (2005)
ou "Elvis transformé"

Elvis Presley comme vous ne l'avez jamais entendu ! C'est, en bref, le programme que nous propose l'anglaise Barb Jungr sur Love Me Tender , tribute au King du Rock'n'Roll pour le moins surprenant (euphémisme !).
La première surprise est de voir combien le répertoire d'une pop icône peut être retranscrite avec succès dans une conception si diamétralement opposée à son intention originelle. parce que ce jazz fin et nuancé, presque ambient, donne à des mélodies déjà très réussies une toute autre ampleur tant et si bien qu'on ne peut que louer les travaux d'arrangeurs et d'interprètes de la doublette créatrice d'un tel tour de force : Adrian York et Jonathan Cooper, partenaires réguliers de Dame Jungr ici en exceptionnelle forme (re)créatrice.
La seconde surprise est d'entendre une voix féminine se glisser aussi facilement dans les habits d'un sex-symbol si typiquement mâle. En l'espèce Barb Jungr ne tente jamais de s'approcher de l'artiste qu'elle a choisi d'honorer y préférant une sensibilité nettement plus contrastée et, en toute logique, extrêmement féminine. Ce faisant, vocalement, elle crée un toute autre univers, débarrassé de toute testostérone. Et c'est en définitive une excellente nouvelle qui permet d'apprécier à leur juste valeur, sans vouloir à tout prix comparer la reprise à son modèle, des compositions qu'on aurait pu croire à jamais figé en une immuable image d’Épinal rock'n'rollesque.
Certes, les puristes, les fans hardcore d'Elvis the Pelvis ne s'y retrouveront pas forcément, conservateurs qu'ils sont. Pour les autres, ceux qui cherchent avant tout le frisson d'une bonne musique expertement conçue et vectrice d'émotions fortes, Love Me Tender est indéniablement un immanquable. Et ça, ce sera tout sauf une surprise pour qui a gouté aux deux tributes à Bob Dylan commis par une artiste rare et hélas trop méconnue. Love Me Tender est un hommage de grande classe, vous aurez été prévenus.

1. Love Letters (Straight From Your Heart) 3:14
2. Heartbreak Hotel 4:04
3. Long Black Limousine 4:22
4. Wooden Heart 3:07
5. Are You Lonesome Tonight 7:59
6. Kentucky Rain 4:49
7. In The Ghetto 3:40
8. Love Me Tender 5:26
9. Always On My Mind 5:05
10. I Shall Be Released 5:32
11. Tomorrow Is A Long Time 5:58
12. Looking For Elvis 3:44
13. Peace In The Valley 2:58

Barb Jungr - Vocals
Adrian York - Bells, Celeste, Electronics, Organ, Piano, Synthesizer, Backing Vocals, Vocoder, Waterphone
Jonathan Cooper - Clarinet, Main Piano, Sampling
Mario Castronari - Bass, Double Bass
Rebecca Brown - Viola, Violin
Thangam Debbonaire - Cello
William Jackson - Harp
Ian Shaw - Backing Vocals
Mari Wilson - Backing Vocals

BARB JUNGR

FRaNK ZaPPa
Jean-Luc Ponty "Electric Connection/King Kong" (1969/70)
ou "Violon dingue !"

Ladies and gentlemen, le nouveau Ponty est arrivé ! C'est en substance ainsi que pourrait se résumer la période charnière dans la carrière du violoniste de jazz français qui glisse alors vers le jazz électrique, dit fusion, ou "rock" chez nous (sans qu'on sache exactement pourquoi).
C'est aussi la période d'une relocalisation outre-Atlantique et de line-ups qui font venir l'eau à la bouche : Bud Shank, George Duke, Ernie Watts, Ian Underwood, Art Tripp, Frank Zappa... Ha oui, parce que moitié de ce couplage discographique est dédié à Mr. Zappa, repris, adapté et même composant pour Jean-Luc et ses musiciens (dont quelques collaborateurs habituels de Frankie Moustache).
Deux albums, donc. 1969, Electric Connection ou l'apprentissage accéléré et réussi d'un nouveau vocabulaire, d'un nouvel univers sonore où Ponty, violoniste caméléon s'il en fut, se glisse sans effort et, même !, avec une grâce certaine. On n'est pas encore tout à fait dans le jazz fusion, alors tout juste commençant, mais on s'en approche. D'ailleurs, on crédite même l'album d'une véritable influence stylistique de part sa façon de "vulgariser" le jazz pour une nouvelle génération amatrice du secouage de tête au son de la guitare électrique psychédélique qui trouve ici quelques bienvenus ponts vers ses préoccupations tout en restant, fondamentalement, un album de jazz avec une guitare encore timide mais il faut dire que le violon de Ponty prend, logiquement puisque il est le leader, beaucoup de place. Et puis il y a moult cuivres (des sections tour à tour proto-funkées ou big-bandisantes) qui, rythmant, enjolivant la musique méritaient aussi d'être mis en valeur par le mix.
1970, King Kong, c'est tout autre chose ! Déjà parce que le matériau de base (4 reprises du répertoire de Frank Zappa, et un original pour chaque star du disque), en majorité du Zappa donc, s'écarte notablement des canons du jazz classique qu'Electric Connection choyait encore. Ici les amarres sont définitivement larguées ce que Ponty et son violon dingue, et son seul compagnon sur tous les titres qu'il faudrait voir à ne pas oublier d'autant qu'il s'agit du regretté George Duke, ont l'air de particulièrement apprécier. Tout comme les fans du divin moustachu apprécieront la lecture surjazzée et ludique des standards de leur idole ainsi que le solo de Frank, sa seule apparition instrumentale de l'album... Sur la seule composition qu'il ne signe pas ! On mentionnera évidemment la grosse pièce de l'album, Music for Electric Violin and Low-Budget Orchestra et ses presque 20 minutes, où, entre improvisation jazz et classique contemporain prouve la versatilité exceptionnelle tant du compositeur que de son interprète de l'occasion.
Phase exploratoire et démarrage d'une carrière américaine riche qui le verra aussi frayer avec un John McLaughlin et son Mahavishnu Orchestra, la présente doublette, si un peu artificiellement accolée vu l'écart de style, est une réussite à conseiller à tous ceux que le violon jazz meut.

Electric Connection (1969)
1. Summit Soul 4:55
2. Hypomode del Sol 6:27
3. Scarborough Fair/Canticle 3:02
4. The Name of the Game 5:27
5. The Loner 4:29
6. Waltz for Clara 5:09
7. Forget 4:25
8. Eighty-One 6:35

Jean-Luc Ponty – violin
Bud Shank – alto saxophone
Richard Aplan – baritone saxophone
Bob West – bass
Paul Humphrey – drums
Tony Ortega – flute
Wilbert Longmire – guitar
George Duke – piano
Frank Strong, Thurman Green – trombone
Mike Wimberly – bass trombone
William Peterson, Tony Rusch, Larry McGuire, Paul Hubinon – trumpet

King Kong: Plays the Music of Frank Zappa (1970)
1. King Kong 4:54
2. Idiot Bastard Son 4:00
3. Twenty Small Cigars 5:35
4. How Would You Like to Have a Head Like That 7:14
5. Music for Electric Violin and Low-Budget Orchestra 19:20
6. America Drinks and Goes Home 2:39

Jean-Luc Ponty – electric violin, baritone violectra
Frank Zappa – guitar
George Duke – piano, electric piano
Ernie Watts – alto and tenor sax
Ian Underwood – tenor sax
Buell Neidlinger – bass
Wilton Felder – Fender bass
Gene Estes – vibraphone, percussion
John Guerin – drums
Art Tripp – drums
Donald Christlieb – bassoon
Gene Cipriano – oboe, English horn
Vincent DeRosa – French horn, descant
Arthur Maebe – French horn, tuben
Jonathan Meyer – flute
Harold Bemko – cello
Milton Thomas – viola

JEAN-LUC PONTY

HeiToR Villa-Lobos
Cyro Baptista "Vira Loucos" (1997)
ou "Villa-Lobos en mode explosif"

Si on n'attendait pas forcément ce grand malade (et grand talent) de Cyro Baptista sur les terres d'uns des plus fameux compositeurs classiques brésiliens, Heitor Villa-Lobos, force est de constater que la rencontre, plus qu'anecdotique, a produit un album d'une rare préciosité, d'une vraie beauté.
Malin comme un singe, Baptista y choisit, plutôt que de bêtement reprendre approximativement des compositions savantes et complexes, de s'intéresser aux racines de la musique de Villa-Lobos et donc aux mélodies traditionnelles et contemporaines ayant inspiré le compositeur détournant ainsi le propos sans amoindrir l'hommage. Pour parvenir à ses fins, le percussionniste/vocaliste s'est, il faut dire, particulièrement bien entouré avec quelques trublions de la galaxie zornienne (dont Zorn lui-même au saxophone sur quelques pistes !) augmentés de performers brésiliens qu'on imagine acquis d'avant sa relocation à New York City. En résulte un album intelligent, fidèle à l'esprit de Villa-Lobos mais pas outre mesure révérant, une galette colorée, chamarrée, jouée par des musiciens experts s'y amusant visiblement beaucoup (et nous avec !) en explorant un tribalisme percussif et festif sous-jacent chez Villa-Lobos et ici pleinement révélé.
Vibrant et réussi, Vira Loucos est évidemment chaudement recommandé même s'il risque de surprendre ceux qui, simplement attiré par l'identité de « l'hommagé », y découvriront une relecture aussi décapante que divertissante, irrévérencieuse que passionnée de son univers.

1. Dansa 3:33
2. Passion In The Basement 3:31
3. Cantiga 5:47
4. Ama/Teresinha De Jesus 4:52
5. Complaint/Sabia 3:12
6. Choro/Renzinho Caipira 6:40
7. Choros Number 8 3:51
8. Dansa Do Indo Branco 3:31
9. Ciranda 5:09
10. Sapo Cururu 5:02

Cyro Baptista: percussions, voix
Romero Lubambo: guitare, cavaquinho
Marc Ribot: guitare, banjo
Greg Cohen: basse
John Zorn: saxophone
Chango Spasiuk: accordéon
Vanessa Fallabella, Nana Vasconcelos: voix
Akiko Matsumoto, Alessandro Ciari, Carolina Teizeria, Healey Gabison, Kaleb Moreau, Lauren Melquiond, Lira Teizeria, Moran Broza, Roman Broza, Sabina Ciari, Stepanie Teixeira, Tessa Fernandes: chorale

CYRO BAPTISTA

DMiTRi SHoSTaKoViCH
Michael Bates "Acrobat: Music for, and by, Dmitri Shostakovich" (2011)
ou "Welcome to the Shostashow"

Album inspiré par Dmitri Shostakovich, avec un vrai bout de Dmitri Shostakovich dedans, Acrobat est le vibrant hommage d'un contrebassiste canadien, Michael Bates, bien entouré à un compositeur russe ayant dû moyenner, toute sa longue, prolifique et passionnante carrière, avec les sbires et autres apparatchiks du peu fréquentable parti communiste soviétique de la période de glaciation politique dont vous vous souvenez probablement tous (ce n'est pas si vieux après tout).
Présentement, tout commence avec la reprise du piano trio n°2 en mi mineur dit "La Danse de la Mort" admirablement retranscrite pour jazz quintet où Chris Speed, Russ Johnson er Russ Lossing, respectivement à la clarinette, à la trompette et au piano, entrelacent leurs interventions sous la bienveillante supervision de leur leader de la circonstance... Et ça marche si bien que la barre est d'emblée placée très haut. C'est d'ailleurs, en tant que seule composition signée Shostakovich, le reste étant l'œuvre de Bates, une sorte de mètre étalon de ce à quoi on s'attend de l'album. Le reste, entre jazz contemporain et hard bop échevelé, ne décevra heureusement pas. Et si, certes, on a parfois un peu de mal à entendre le Dmitri qui les habite, on est facilement emporté par leur qualité compositionnelle et, forcément, par l'interprétation que ce soit sur les thèmes rêveurs (Talking Bird, Some Wounds, Yurodivy) ou sur ceux plus emportés (Strong Arm, The Given Day). Le tour de force est d'autant plus notable que, de grilles mélodiques en arrangements inattendus, ce n'est pas exactement de musique facile dont il s'agit... Mais pas exactement de musique difficile non plus grâce à la palette mélodique ici offerte.
Recommandé aux amateurs de "jazz qui cherche", aux admirateurs de l'œuvre de Shostakovich aussi, Acrobat : Music for, and by, Dmitri Shostakovich est une vraie belle réussite qui, si elle demande l'attention et l'investissement de l'auditeur pour être parfaitement goûtée, le repaiera au centuple par sa grâce et son intelligence... Un album rare.

1. Dance Of Death 6:24
2. Talking Bird 8:05
3. Strong Arm 7:07
4. Some Wounds 6:59
5. Fugitive Pieces 8:07
6. Silent Witness 9:36
7. The Given Day 7:53
8. Yurodivy 5:19
9. Arcangela 7:02

Chris Speed - saxophone, clarinet
Russ Johnson - trumpet
Russ Lossing - piano, rhodes
Tom Rainey - drums
Michael Bates - double bass

MICHAEL BATES

NiCK Drake
Misja Fitzgerald Michel "Time of No Reply" (2011)
ou "For Nick..."

Sept ans après un premier album remarquable mais pas assez remarqué, le guitariste Misja Fitzgerald Michel revient (toujours chez No Format) avec un hommage à Nick Drake et c'est une surprise après la tendance nettement jazz qu'il avait jadis affiché.
De fait, il suffit de jeter un œil à ceux qui on joué sur l'album pour avoir la certitude que l'œuvre sera folk cette fois, intimiste aussi. Pas que Misja y ait abandonné toute tentation jazzy. Par exemple, la piste éponyme jette un pont gracieux entre Drake et (pour la description) Marc Ribot quand il s'essaye avec réussite à l'acoustique en solitaire.
Forcément, hommage vibrant et révérant, Time of No Reply ne pouvait décemment pas défigurer l'esprit originel de cette musique douce-amère, fragile et MFM y colle parfaitement et n'a souvent pas besoin de plus que d'une guitare pour faire vivre des mélodies dont on redécouvre toute la richesse.
Les pistes plus élaborées ne sont pas en reste pour autant. Pink Moon (chanté ici pas Me'Shell Ngédéocello) est de ces vraies réussites qu'on aimerait entendre plus souvent : une reprise à la fois fidèle et créative, qui respecte sans copie-carbonner. Et que dire de Things Behind the Sun où l'addition de Thibaut Mullings (e-bow et lapsteel) et de Nicolas Repac (programmations) crée le parfait écrin pour la délicate guitare de Misja Fitzgerald Michel...
Le tour de force, évidemment, serait de tenir la distance, ce qui est parfaitement accompli. Il faut dire qu'il y a du talent à revendre ici. Et un audible amour pour l'artiste hommagé. De la grâce. De l'intelligence aussi.
Une réussite, tout simplement.

1. Black Eyed Dog 1:19
2. Time Of No Reply 3:17
3. Riverman 1:30
4. Pink Moon 3:31
5. Things Behind The Sun 3:30
6. One Of These Things First 5:50
7. Way To Blue 4:30
8. Horn 1:12
9. Which Will 3:13
10. Fruit Tree 4:28
11. Know 5:44

Misja Fitzgerald Michel: guitare acoustique 6 et 12 cordes
Olivier Koundoung: violoncelle (2, 6, 7, 11)
Nicolas Repac: programmations (4, 5)
Me'Shell Ngedeocello: chant (4)
Hugh Coltman: harmonica, chant (11)
Florian Monchatre: effets (5)
Thibaut Mullings: e-bow, lapsteel (5)

MISJA FITZGERALD MICHEL

PeTeR GaBRieL
Peter Gabriel/VA "Scratch My Back... And I'll Scratch Yours" (2010/13)
ou "The Great Cover Show"

Scratch My Back (2010)
Sorti en 2010, si Scratch My Back est un album de reprise c'est surtout, du fait du parti-pris ambiento-orchestral de l'instrumentation et des arrangements et de la grande liberté mélodique souvent prise avec les originaux, avant tout un album de Peter Gabriel faisant siennes les chansons d'autres.
C'est aussi un projet double au (double aussi) délai, pour une fois, pas à imputer au perfectionnisme extrême voire excessif de l'ex-frontman de Genesis, Peter ayant attendu que viennent les réponses de ceux qu'il avait choisi de reprendre avant de lancer Scratch My Back en "stand-alone" en attendant la suite (et 2013 avec And I'll Scratch Yours).
Dès Heroes, d'après David Bowie, le setting est établi, ceux qui veulent du pouêt-pouêt, du qui met la banane repasseront, Peter, en mode Reichien dirait-on, susurre un Bowie qu'on n'avait jamais entendu comme ça... Allez, on reconnait le texte mais, sinon, la chanson est méconnaissable et, à vrai dire, un peu ennuyante. Ce que n'est heureusement pas tout l'album qui possède de très bons moments comme le Boy in the Bubble de Paul Simon parfaitement retranscrit. The Power of the Heart de Lou Reed qui, tout en retenue et en tristesse contenue, vous atteint en plein cœur. The Book of Cole, adapté des Magnetic Fields de Stephin Merritt, qui marche formidablement bien en sa zen "cotonosité. Après-Moi de la russo-new yorkaise Regina Spektor, le plus upbeat de l'album, c'est dire !, et aussi une des plus évidentes réussites, où Gabriel se glisse tel un caméléon funambule. Ou, enfin, Street Spirit (Fade Out) de Radiohead, qui n'auraient pas apprécié se retirant du coup du projet And I'll Scratch Yours, pourtant très réussi dans sa dépressive beauté orchestrale. Bref, de quoi se sustenter et faire passer la pilule de versions moins réussies. Loin du désastre que certains se plurent à décrire à sa sortie.
L'occasion de la sortie de son compagnon est trop belle pour ne pas en appeler solennellement à la réévaluation d'une œuvre, comme d'habitude chez le flegmatique mais sensible Gabriel, profondément humaine, à fleur de peau.

And I'll Scratch Yours (2013)
La suite de Scratch My Back... A peine si on s'attendait à la voir atterrir un jour... Et puis voilà, avec quelques variables d'ajustement suite à la défection de quelques participants (nommément Neil Young, David Bowie et Radiohead) le voici ce "Peter Gabriel par les autres".
A l'exemple des libertés que repris a pris avec les chansons d'origine, la tonalité d'ensemble est plus à l'adaptation, la réappropriation qu'à la religieuse fidélité... Avec des bonheurs évidemment divers.
Côté réussites, au petit jeu du contre-pied, les champions sont David Byrne et Stephin Merritt qui ont grosso-modo eut l'idée de transposer Gabriel en électro-pop bien balancée. Byrne garde une petite tête d'avance, il ose plus et chante mieux, mais Merritt gagne la prime à l'humour avec le refrain "chipmonkisé" de Not One of Us... Irrésistible.
Plus fidèles, Bon Iver, Regina Spektor, Arcade Fire, Elbow et Feist réussissent tous leurs versions en gardant la mélodie du maître et la transposant des attributs habituels de leur "trademark sound". Ce n'est pas chavirant mais c'est du bon boulot qu'on écoute avec un grand plaisir.
Sans surprise, Paul Simon a choisi Biko et, sans surprise, il fait dans la délicatesse et le bon goût... Beau final.
Et puis il y a Lou et Solsbury Hill... Alien, définitivement. Vous aimerez ou vous détesterez... Du vrai Lou Reed en tout cas avec la guitare qui "drone", la voix à côté de la plaque et parfaite à la fois. Sauf que la colline qu'on imaginait verdoyante chez le Gab' devient une décharge industrielle lugubre chez Lou... J'ai aimé, mais j'aime me faire mal, parfois...
Côté "oui, mais non", Joseph Arthur ne choque que le Monkey, sa version minimaliste pseudo-éthérée fonctionne mais n'évolue pas, ne s'élève pas... Et finit par lasser. Ennuyeux donc le remplaçant. L'arrangement du Big Time by Randy Newman est sympathique mais Randy chante définitivement de plus en plus mal et casse l'effet de ses couaquements agaçants. Mother of Violence par Brian Eno (qui remplace Bowie en tant que co-compositeur du Heroes repris par Gabriel sur Scratch My Back), ne plait ni ne déplait... On l'oublie vite, ce n'est jamais bon signe... Et c'est tout !
Comme toujours dans les tribute albums, c'est inégal mais plutôt réussi dans l'ensemble, un bel hommage, donc. Les amateurs les plus zélotes de Gabriel grinceront parfois des dents, ceux qui y espéraient une aventure musicale apprécieront.

Scratch My Back (2010)
1. Heroes (David Bowie) 4:10
2. The Boy in the Bubble (Paul Simon) 4:28
3. Mirrorball (Elbow) 4:48
4. Flume (Bon Iver) 3:01
5. Listening Wind (Talking Heads) 4:23
6. The Power of the Heart (Lou Reed) 5:52
7. My Body Is a Cage (Arcade Fire) 6:13
8. The Book of Love (The Magnetic Fields) 3:53
9. I Think It's Going to Rain Today (Randy Newman) 2:34
10. Après moi (Regina Spektor) 5:13
11. Philadelphia (Neil Young) 3:46
12. Street Spirit (Fade Out) (Radiohead) 5:06

And I'll Scratch Yours (2013)
1. I Don't Remember (David Byrne) 3:38
2. Come Talk to Me (Bon Iver) 6:20
3. Blood of Eden (Regina Spektor) 4:39
4. Not One of Us (Stephin Merritt) 3:49
5. Shock the Monkey (Joseph Arthur) 5:49
6. Big Time (Randy Newman) 3:29
7. Games Without Frontiers (Arcade Fire) 3:22
8. Mercy Street (Elbow) 5:28
9. Mother of Violence (Brian Eno) 3:00
10. Don't Give Up (Feist feat. Timber Timbre) 5:28
11. Solsbury Hill (Lou Reed) 5:24
12. Biko (Paul Simon) 4:19

PETER GABRIEL

9 commentaires:

  1. Aux Mages... (hommage)

    Gov't Mule "Dark Side of the Mule" (2014)
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    Scott Kelly, Steve Von Till, Wino "Songs of Townes Van Zandt" (2012)
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    Nguyên Lê with Michael Gibbs & NDR Bigband "Celebrating The Dark Side of the Moon" (2014)
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    Médéric Collignon et le Jus de Bocse "A la Recherche du Roi Frippé" (2012)
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    The Sonny Clark Memorial Quartet "Voodoo" (1986)
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    Barb Jungr "Love Me Tender" (2005)
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    Jean-Luc Ponty "Electric Connection/King Kong" (1969/70)
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    Cyro Baptista "Vira Loucos" (1997)
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    Michael Bates "Acrobat: Music for, and by, Dmitri Shostakovich" (2011)
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    Peter Gabriel/VA "Scratch My Back... And I'll Scratch Yours" (2010/13)
    Scratch My Back (2010)
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    And I'll Scratch Yours (2013)
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  2. C'est vrai que c'est un genre qui ne m'excite pas trop. Et paradoxalement, c'est le diptyque de Peter Gabriel qui me tente le plus alors que c'est certainement l'artiste que j'apprécie le moins du lot. Mais je suis intrigué par les artistes qui ont été repris ou qui y ont participé. Et peut-être le Gov't the Mule.

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    1. Ha ben, on ne peut pas toujours bien tomber.
      Si tu plonges sur le Gov't Mule et le diptyque du Gab', n'hésite pas à revenir commenter.
      Merci de ton passage.

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    2. J'ai écouté les deux Gabriel. Je regrette un peu le partie pris très intiliste, un peu arty, qu'a pris le chanteur. Individuellement, il y a certainement de belles choses, mais l'impression d'ensemble est... ennuyant. Sans m'e^tre immergée dans la musique, en te relisant, j'en arrivais aux mêmes impressions. Mais il y a cette impression d'ensemble que Peter Gabriel cherche à être crédible en privilégiant la lenteur. Sauf qu'à la longue, le disque en devient lourdingue. Par contre, je le trouve très judicieux dans ses choix de chansons.

      Quant à l'album de reprises, n'étant pas une grande fan de son oeuvre, je trouve que les versions retirent un peu ce côté trop contrôlé qui me dérange. La seule chanson (ou l'une des seules) que j'ai toujours bien aimé est Salsburry Hill, et là, elle est méconnaissable. J'étais très curieuse d'entendre l'approche de Lou Reed, mais je trouve qu'il a dénaturé ce que j'aimais le plus, à savoir cette mélodie. Du coup, j'ai surtout limpression d'entendre du Lou Reed qui s'amuse avec le son de sa guitare comme il l'a (un peu trop) fait sur ses derniers albums au détriment d'une légèreté des arrangements. Cela dit, en une écoute rapide, je ne jugerai pas du résultat.

      J'ai bien aimé le version de Byrne. Et j'ai bien aimé Elbow, surtout parce qu'ils m'ont fait réaliser que Peter Gabriel écrivait aussi de très belle chanson (là où sa production m'ennuie la plupart du temps).

      De toute façon, la reprise la plus réussie que je connaisse est Biko par Wyatt (oui, je suis peut-être de auvaise foi).

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  3. Comme Audrey, pas trop fan de ce genre d'exercice.
    Ponty, bien sur.
    Mais j'ai un faible pour le Gov' the Mule.
    Ils sont habituer à cela. Le"Hendrix show", ""Halloween concert" et "Stoned Side of the Mule" pour les Stone, Led Zeppelin…
    Je vais ouvrir une oreille pour les autres…

    Jean-Paul

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    1. Mais ouvres donc ! Et pense à repasser dire ce que ça t'a fait.
      Merci de ton passage.

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  4. "Recommandé aux amateurs de "jazz qui cherche", aux admirateurs de l'œuvre de Shostakovich aussi"... mais c'est moi ça ! Je vais écouter ça avec grand intérêt, merci ! Et merci de signaler à nos chers z' auditeurs le talentueux Médéric Colignon, qui auparavant avait réinventé la musique de Miles...

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    1. Ha oui, c'est quelque chose ce Michael Bates, tu me diras ce que tu en as pensé.
      Shangri La (etc.) et Porgy & Bess par Collignon, sont tous les deux des hommages à Miles, duquel parlais-tu ?
      Et merci de ton commentaire, bien-sûr !

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  5. The best album by Baptista: grazieeeeee! And what about the beautiful Collignon? So hard to find here in Italy. Thanks again...

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