lundi 7 août 2017

Z comme...

This is the End? Pas vraiment comme vous le verrez dans les semaines à venir... Mais alphabétiquement, indéniablement, oui, c'est la fin, une fin en fanfare avec, forcément !, l'obsession de votre serviteur pour un certain compositeur de la Grosse Pomme mais toujours une belle variété où, souhaitons, chacun trouvera son bonheur... Bref.. Vite !, la suite !, mais, en attendant... Enjoie !

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ZAMIR, DANIEL "Redemption Songs" (2015)
Ethnojazzism

Un des plus beaux représentants du jazz israélien, une musique entre traditions (jazz et juives), transe et communion, c'est Redemption Songs, cru 2015 de Daniel Zamir pour le label de John Zorn, Tzadik. En fait, Zamir, c'est un peu le Coltrane israélien. Aussi à son aise à l'alto qu'au soprano (à quand le ténor ?), il déverse des torrents de notes qui, venant d'un autre, auraient tout de l'onanisme instrumental mais qui, par le feu sacré qui semble l'habiter ne ratent jamais leur cible. Évidemment, le monsieur sait aussi se faire plus sensuel, ralentir le tempo, chatoyer juste ce qu'il faut sans tomber dans le racolage, et brandir fièrement ses racines via l'implantation durable des divers folklores juifs dans son jazz à la fois hybride et traditionnel. En ceci, Redemption Songs n'est pas bien différent des nombreux albums qui l'ont précédé sauf que, est-ce l'équipe présentement réunie ?, une sélection de compositions encore plus inspirées qu'à l'accoutumée, il est encore meilleur. Du coup, on le recommande chaudement à ceux qui connaissent déjà le bel animal, qui ne seront fatalement pas déçus, comme aux nouveaux venus qui découvriront une des plus belles forces continuant de donner vie à un jazz qui naquit à la fin des années cinquante et qu'on est bien content de voir ainsi perdurer, si bien représenté.

1. Eleven 5:29
2. Forty One 7:06
3. Twenty Three 9:22
4. New Five 9:16
5. Forty 5:39
6. New Thirteen 4:59
7. Seventy Seven 7:07
8. Seventeen Eight 4:26
9. Twelve B 4:45

Daniel Zamir: Alto and Soprano Saxes
Gilad Abro: Bass
Amir Bresle: Drums
Mark Guiliana: Drums
NitaI Hershkowits: Piano
ShaI Maestro: Piano
Haggai Cohen Milo: Bass


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ZAPPA, FRANK "Zoot Allures" (1976)
Frank's Rock'n'Roll

Prévu pour être un nouveau double opus sur DisCreet Records, Zoot Allures finit simple et chez Warner Bros. La raison ? Un Zappa en bisbille avec son manager/cogérant du label déjà, une volonté d'ascèse, aussi ? Ce serait sans doute mal connaître un Frank toujours prompt à trop en faire (c'est aussi pour ça qu'on l'aime). Bref, album studio (avec un peu de live dedans comme d'habitude chez Zappa), Zoot Allures est surtout un quasi-album solo pour lui qui semble lui permettre de tester les musiciens de sa prochaine formation (pas celle qu'on voit sur la pochette où Patrick O'Hearn et Eddie Jobson sont bien présents alors qu'ils n'ont pas joué la moindre note sur l'opus) dans un contexte plus rock que à quoi Frank avait habitué son auditoire. Ce n'est pas à dire qu'on ait ici un album simpliste pour autant, ce serait mal connaître le bonhomme qui, forcément, glisse moult de ses idées étranges et iconoclastes dès Wind Up Workin' in a Gas Station qui aurait l'air presque normal s'il n'y avait la voix possédée de Davey Moiré. Et ça continue sur Black Napkins et The Torture Never Stops (le premier servant en quelque sorte d'intro au second) qui bluese bien mais toujours avec ce petit éclat dans l'œil, cette posture de sale gosse irrespectueux qui fait la différence. Alors certes, et la suite de l'album ne fait que le confirmer, ce Zappa là est notablement plus "focus" mais c'est un Zappa immédiatement reconnaissable malgré tout avec de vrais grands moments de transe (Friendly Little Finger et sa guitare tourbillonnante par exemple) et d'humour (parce qu'il ne doit jamais en être autrement sur un album du fameux moustachu qui est aussi un authentique rigolo). Tout ça ne fait peut-être pas de Zoot Allures le plus essentiel des albums d'un impressionnant catalogue, ça en fait, par contre, une excellente porte d'entrée à l'art du monsieur pour tout ceux qui ne sauraient pas trop par où commencer. Rien que pour ça, c'est un album utile, et aux fans de Zappa aussi qui n'y retrouveront pas leur chouchou typique mais bel et bien leur chouchou quand même qui, c'est bien connu, ne peut pas se tromper et réussit par conséquent son pari rock à lui. Recommandé... à toutes et à tous !

1. Wind Up Workin' in a Gas Station 2:29
2. Black Napkins 4:15
3. The Torture Never Stops 9:45
4. Ms. Pinky 3:40
5. Find Her Finer 4:07
6. Friendly Little Finger 4:17
7. Wonderful Wino 3:38
8. Zoot Allures 4:12
9. Disco Boy 5:11

Frank Zappa – guitar (all tracks), bass (1, 3–7, 9), lead vocals (1, 3, 4, 5, 7, 9), synthesizer (1, 4, 5, 9), keyboards (3, 5, 7, 9), director of recreational activities (3)
Terry Bozzio – drums (all tracks), backing vocals (5, 9)
&
Davey Moiré – lead vocals (1), backing vocals (1, 9), engineer
Andre Lewis – organ (2), vocals (2), backing vocals (5, 9)
Roy Estrada – bass (2), vocals (2), backing vocals (4, 5, 9), drone bass (6)
Napoleon Murphy Brock – vocals (2)
Ruth Underwood – synthesizer (4, 6, 7), marimba (6, 8)
Captain Beefheart – harmonica (4, 5)
Ruben Ladron de Guevara – backing vocals (5)
Ian Underwood – saxophone (6, 7)
Bruce Fowler – trombone (6, 7)
Sal Marquez – trumpet (6, 7)
Dave Parlato – bass (8)
Lu Ann Neil – harp (8)
Sparky Parker – backing vocals (9)


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ZAWINUL, JOE "Di.a.lects" (1986)
One Man Show

Le one man show de Joe Zawinul ? Avec le concours de quelques utiles guests cependant mais, oui, c'est bien ça Di.a.lects, un opus qui suit la cessation d'activité de Weather Report de quelque mois, un preuve que ce monsieur-là n'avait finalement pas tant besoin que ça de ses talentueux comparses.
Parce qu'ici, simplement armé de ses synthétiseurs et de sa voix, et supporté par quelques voix invitées dont l'immense Bobby McFerrin, Joe Zawinul fait essentiellement tout. Il y en a qui douteront, pas de basse ? pas de batterie ? pas de cuivres, de la pérennité de la chose, autant le dire immédiatement, ils ont totalement, absolument, définitivement tort. Parce que Di.a.lects, tout accoutré d'électronique qu'il soit, est un authentique album de jazz, de jazz moderne mais de jazz tout de même, et un bon avec ça. De fait, il ne manque rien à l'opus qui ne lui soit préjudiciable et, au contraire, par la limitation d'un unique performer instrumental, il y développe une esthétique, une personnalité à nulle autre pareille. Avec une impeccable sélection de titres plus réussis les uns que les autres à commencer par Zeebop frontal et énergique, tout de percussions électroniques vêtu. Ailleurs, entre latin-jazzeries rondement menées (Waiting for the Rain, Carnavalito), synthétisme tout sauf handicapant (le court et planant The Great Empire), Zawinul épate et prouve que, essentiellement seul, il peut faire de la très bonne musique prenant ses libertés avec l'idiome sans jamais le trahir.
Qui aurait parié, au milieu de funestes années 80, alors que sa formation récemment séparée a trop longtemps tiré l'écheveau, que Zawinul nous convierait à une telle fête ? Pas grand monde mais les faits sont là et Di.a.lects, petit chef d'œuvre largement méconnu, continuation inattendue et bienvenue d'un Weather Report sorti de l'actualité, est disponible pour tous ceux qui en doutait, une galette hautement recommandable.

1. The Harvest 6:04
2. Waiting for the Rain 7:38
3. Zeebop 4:50
4. The Great Empire 3:57
5. Carnavalito 6:18
6. 6 A.M./Walking on the Nile 7:06
7. Peace 6:49

Joe Zawinul – Synthesizers, Vocals
Bobby McFerrin – Improvised Vocals
Carl Anderson – Ensemble Voices
Dee Dee Bellson – Ensemble Voices
Alfie Silas – Ensemble Voices


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ZION 80 "Adramelech: Book of Angels Volume 22" (2014)
Masada on the (afro)Beat

Quelques mois seulement après un exceptionnel volume 21 de son Livre des Anges, John Zorn confie à une bande de têtes connues le numéro 22, et c'est une excellente nouvelle !
Pour ceux qui ont l'occasion d'écouter l'opus inaugural de Zion80, paru chez Tzadik en décembre 2012, Andramelech ne sera pas une surprise. On y retrouve en effet la fusion d'Afrobeat et de klezmer qui avait si bien fonctionnée la fois précédente. Forcément, les compositions de John Zorn en sont toutes chamboulées, c'est une bonne chose et le sel d'une série où chaque interprète/arrangeur amène sa sauce, sa vision à ce qui commence sérieusement à ressembler à un impressionnant édifice. On y retrouve forcément la patte compositionnelle du maître mais aussi l'influence ô combien bienvenue d'un autre immense artiste : Fela Anikulapo Kuti. A la différence près et fort compréhensible que, le chef de bande, qui n'est pas le neveu du bandit de la finance du même patronyme, étant un guitariste (qui plus est secondé par un autre six-cordiste radically jewish, Yoshie Fruchter), on y retrouve aussi moult rifferies et soli lui permettant de s'exprimer, ce qu'il fait excellemment bien. Rajoutez à ça un groove qui n'en finit pas de nous faire nous trémousser, des cuivres qui pulsent une énergie à peine croyable et vous obtiendrez, bien sûr !, un brillant opus plutôt très abordable si vous appréciez les tendances et styles précités.
Andramelech, Book of Angels Volume 22... Et toujours la même envie d'entendre la suite, qui arrive bientôt (septembre !) et s'annonce passionnante (Roberto Rodriguez promettant de cubo-latiniser furieusement le joujou Zornien) tout en goutant au tour de force présentement proposé. Tout simplement.

1. Araziel 7:14
2. Sheviel 5:48
3. Metatron 9:05
4. Shamdan 7:16
5. Kenunit 10:37
6. Caila 4:21
7. Lelahiah 6:00
8. Nehinah 5:55

John Zorn - composition, executive producer
Jon Madof - guitar, producer
Matt Darriau - alto sax, kaval, clarinet
Greg Wall - tenor sax
Frank London - trumpet
Jessica Lurie - baritone sax, flute
Zach Mayer - baritone sax
Yoshie Fruchter - guitar
Shanir Ezra Blumenkranz - bass
Brian Marsella - keyboard
Marlon Sobol - percussion
Yuval Lion - drums
&
Mauro Refosco - percussion (7)


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ZO2 "Tuesdays & Thursdays" (2004)
Rockin' Hard!

Un trio méconnu ayant récemment plié les gaules, un destin tragique dans le lot (celui de leur excellent bassiste/chanteur David Z récemment décédé il y a quelques semaines dans un accident de circulation lors d'une tournée, R.I.P.) mais, surtout un hard rock moderne d'excellente facture. C'est le programme du Tuesdays & Thursdays des New Yorkais de ZO2.
Les élément marquants du groupe et de la galette ? Un vocaliste, déjà, frère de cordes vocales d'un autre regretté, Chris Cornell, qui par sa puissance et sa polyvalence en impose carrément. Un songwriting efficace ensuite où blues, post-grunge, groove et tradition hard-rockante s'épousent harmonieusement. Une production nickel qui met tout ça en valeur, enfin, parce que le flacon, quoiqu'on en dise, on le préfère bien roulé (à l'image de la playmate de la pochette !).
Bref, voici une galette chaudement recommandé à ceux qui aiment leur hard rock encore vivant, ouvert sur tous ses possibles, mené par une grande voix moteur d'une belle machine à chansons. Impeccable !

1. Takin' Me Down 3:47
2. Temptation 4:47
3. Living Now 3:52
4. Dirty Water 4:05
5. Radio 3:30
6. Fly On Your Wings 4:17
7. Breakdown 3:34
8. Liar 3:56
9. Paper Breakup 3:49
10. Wait 3:41
11. Head Up 4:36
12. Sweet Lover 4:02

Paulie Z - Chant, Guitare    
David Z - Chant, Basse
Joey Cassata - Batterie, Choeurs


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ZORN, JOHN "Kristallnacht" "Kristallnacht" (1993)
Devoir de Mémoire

Une évocation de la Nuit de Cristal par John Zorn ? Un objet musical violent et non identifié pour un devoir de mémoire douloureux.
Evidemment, vu le thème, il y a beaucoup de bruit et de chaos dans l'œuvre créée par le stakhanoviste de la Downtown Scene, ça commence pourtant tout en douceur par un Shtetl, belle pièce de klezmer introductive où la tension (contenue) se manifeste déjà, qui, petit à petit, se voit envahie des diatribes nazies annonçant la déferlante bruitiste qui suit pour laquelle Zorn nous prévient dans le livret qu'elle "contient de hautes fréquences à la limite et au-delà de l'ouïe humaine pouvant causer des nausées, maux de têtes et des acouphènes"" c'est dire l'extrémité de la chose.
De fait, ce diable de Zorn ne nous a pas menti et les presque douze minutes de Never Again sont quasiment insoutenables, inécoutables, expression du déluge d'horreur s'abattant sur les pauvres juifs martyrisés comme sur l'auditeur subissant cette avant-garde industrielle sans le moindre compromis. La suite, les conséquences de la haine primale qui mut les partisans les plus zélotes du petit caporal, est plus tempérée, pas exactement accessible mais nettement plus écoutable, allant d'un minimalisme tendu, lugubre presque (Gahelet), d'une composition contemporaine typique de ce que Zorn sait faire infusée d'un violon yiddish bienvenu (Tikkun), d'un assemblage de "sound bites", de minimalisme et de noise jusqu'au-boutiste (Tzfia), d'une nouvelle virgule de pure ultraviolence (Barzel), à une ultime pièce, Gariin, typique des improvisations jazzo-avant-gardo-bruitiste ici particulièrement menaçante avec sa guitare (by Marc Ribot !) toute en sorties de routes et cris de douleurs (vu ce qui se passera ensuite, historiquement, on comprend pourquoi).
Si ce que vous attendez d'une œuvre musicale comprend de jolies mélodies, un sentiment de confort et d'harmonie, fuyez !, là n'est pas le propos d'une proposition aussi radicale et dérangeante que possible, un outil mémoriel au même titre que Nuit et Brouillard ou La Liste de Schindler, un album nécessaire mais en aucun cas aisé, vous aurez été prévenu. Cela fait-il de Kritallnacht un opus recommandable ? Assurément, mais pas pour ceux qui ont l'estomac, et les oreilles !, trop sensibles.

1. Shtetl (Ghetto Life) 5:55
2. Never Again 11:46
3. Gahelet (Embers) 3:27
4. Tikkun (Rectification) 3:02
5. Tzfia (Looking Ahead) 8:49
6. Barzel (Iron Fist) 2:02
7. Gariin (Nucleus - The New Settlement) 7:59

Anthony Coleman - keyboards
Mark Dresser - bass
Mark Feldman - violin
David Krakauer - clarinet, bass clarinet
Frank London - trumpet
Marc Ribot - guitar
William Winant - percussion
John Zorn - composition, direction, arrangements et production


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ZZ TOP "Antenna" (1994)
Nouveaux Poils

En quête de rachat après un Afterburner mi-cuit et un Recycler peu inspiré, les trois texans de ZZ Top changent de label, modifient l'équipe de mise en son (Billy partageant la barre avec l'historique Bill Ham) et produisent leur meilleur album depuis Eliminator en plus d'un clair retour vers des racines plus épurées, sans tout à fait abandonner les acquis moderniste des années 80 cependant, qui leur vont bien au teint. Et donc, ce numéro 11, cet Antenna qui n'a définitivement pas la réputation qu'il mérite, est une sacrée bonne galette de blues rock texan de référence. De référence historique serait-on tenter de dire parce que présentement, ce qui justifie sa promotion au rang de coproducteur, le sieur Gibbons a retrouvé la folie furieuse, la grinta de ses jeunes années plaquant riffs gras bien bleus et soli inspirés avec une classe et un aisance qui laissent pantois. Il faut dire aussi que les Tres Hombres, une équipe immuable se connaissant par cœur, ont le chic pour réemballer leur art de nouveaux oripeaux, restant toujours familiers de l'auditeur qui ne voudrait de toute façon pas autre chose (des Pincushion au goût du jour, single supra-efficace s'il en fut, des Breakaway en ballade larvée, des Fuzzbox Voodoo en bon gros blues qui tape et groove, de beaux blues lent à guitare qui peure comme Cover Your Rig, on en a déjà entendu et on en redemande !). A partir de là, la marge d'ajustement, ce qui fait qu'un Fandango est si supérieur à un Tejas alors que, fondamentalement, c'est de la même musique dont il s'agit, tient dans la qualité des chansons (excellente ici) et ce petit quelque chose de magique et si fugace qu'on appelle l'inspiration, un machin qui ne s'explique pas mais est présentement au rendez-vous. Original cet Antenna ? Certes non ! Glorieusement troussé par d'excellents artisans en mode "back to the roots", ça oui ! Recommandé.

1. Pincushion 4:33
2. Breakaway 4:58
3. World of Swirl 4:08
4. Fuzzbox Voodoo 4:42
5. Girl in a T-Shirt 4:10
6. Antenna Head 4:43
7. PCH 3:57
8. Cherry Red 4:38
9. Cover Your Rig 5:50
10. Lizard Life 5:09
11. Deal Goin' Down 4:06
12. Everything 3:54

Billy Gibbons – guitar, lead (1, 2, 4, 5, 7-10, 12) and backing vocals
Dusty Hill – bass guitar, keyboards, backing and lead (3, 6, 11) vocals
Frank Beard – drums, percussion