samedi 28 novembre 2015

Au Pif ! (Volume 3)

Au pif mais avec de l'aide. C'est en peu de mots la description de ce qui vous attend dans le billet du jour : une sélection d'albums choisis au total hasard dans ma collection d'obsédé musical, quelques chroniques maison et quelques autres empruntées parce qu'elles exprimaient quasi-intégralement mon avis pour une sélection qui, franchement, a de la gueule, de l'esprit et de la diversité. Et à par ça ? Enjoie !

CaBaReT TRiSTe
Antony & the Johnsons "The Crying Light" (2009)
ou "Clair Obscur"

Est-il encore besoin de faire l'article sur la désespérance ouateuse et mélodique d'Antony and the Johnsons quand se présente le troisième album des New-Yorkais ? Certes pas. Faut-il, pour autant, se priver du détail d'une œuvre, la troisième, confirmant tout le bien que l'on pensait de la formation en général et de son lunaire frontman en particulier ? Ho que non !
Evidemment, l'effet de surprise d'un éponyme qui prit le monde musical de court n'est plus au rendez-vous d'une œuvre dans la directe ligne de ce à quoi nous ont habitué Hegarty et ses compagnons sur deux précédents opus toujours très chaudement recommandés, ça n'enlève rien à la grâce fragile d'un collectif redonnant ses lettres de noblesse à la tristesse harmonique. Parce que sur The Crying Light, presque un concept album tant il est concerné et habité par les désastres écologiques nous pendant au nez, on retrouve encore et toujours la voix d'un autre monde d'Antony et l'ensemble baroque de ses acolytes dans des compositions emmenant l'auditeur dans les tréfonds du désespoir où, c'est bien connu, subsiste une lueur d'optimisme, fut-elle mourante. C'est ainsi qu'à peine quarante minute durant, vous vous retrouverez entraînés dans un univers en clair obscur, à la splendeur si évanescente qu'elle appelle au silence d'écoutes recueillies et émues, et souvent répétées.
Troisième long-jeu d'Antony and the JohnsonsThe Crying Light prolonge la magie à défaut de la faire évoluer ce qui, en d'autres circonstances, avec d'autres artistes moins viscéralement prenants, pourraient être un problème. Pas ici, pas avec ceux-ci et leur pop baroque et aérienne à nulle autre pareille.

1. Her Eyes Are Underneath the Ground 4:24
2. Epilepsy Is Dancing 2:42
3. One Dove 5:34
4. Kiss My Name 2:48
5. The Crying Light 3:18
6. Another World 4:00
7. Daylight and the Sun 6:21
8. Aeon 4:35
9. Dust and Water 2:50
10. Everglade 2:58

Antony Hegarty – lead vocals, piano
Julia Kent – cello
Parker Kindred – drums
Jeff Langston – bass
Doug Wieselman – horns
Maxim Moston – violin, arrangement
Rob Moose – guitar, violin
Thomas Bartlett – piano

ANTONY & THE JOHNSONS
(Antony Hegarty)

SouLSiLK
Terry Callier "Hidden Conversations" (2009)
ou "L'ancien donne la leçon"

Saab, withmusicinmymind.blogspot.fr
"Je suis admirative, je suis même fan de Terry Callier, je vous en ai déjà parlé à trois reprises ici. Ce grand monsieur de la folk/soul music est en quelque sorte mon héros musical. Après avoir sorti plusieurs chef d'oeuvre dans les années 60's/70's, il a du se résoudre à abandonner la musique dans les années 80's car cela ne payait plus les factures. Il est redécouvert par miracle à la fin des années 90's et obtient l'opportunité de ressortir des albums folk/jazz plus qu'intéressants Timepeace (1998), Lifetime (1999), Alive (live, 2001), Speak Your Peace (2002), Lookin' Out (2004) Welcome Home (live, 2008) et enfin le dernier venu attendu depuis près d'un an : Hidden Conversations (2009). Après une collaboration plus que fructueuse avec Massive Attack sur le bouleversant Live With Me (qui se trouve sur le Best Of Collected du groupe de trip hop) une nouvelle collaboration s'est imposée peut à peu dans l'esprit de l'artiste afin, peut être, de renouveler l'univers musical du maître musical qui était toujours resté dans un format assez classique.
Le changement de sonorités apportées sur Hidden Conversations par Massive Attack et le duo Grabowski/Hardy est assez spectaculaire, alors que d'habitude le son de Terry Callier est assez épuré, le voici affublé de couches sonores urbaines, sophistiquées et caressantes. Un virage que je constate de façon positive contrairement aux Inrocks et critiques anglais qui ont été aussi cinglants qu'injustes. Bien entendu, au départ, je n'étais pas aussi enthousiaste car après avoir écouté des extraits d'Hidden Conversations, j'ai été déçue, je n'avais pas retrouvé le Terry Callier de mes rêves, celui qui me fait rêver sur sa somptueuse voix de velours, je trouvais qu'il se basait beaucoup sur le style de chant façon Spoken Word (qui n'en est pas vraiment un mais plutôt une forme de poésie orale) intronisé par Gil Scott-Heron. Mais, il ne faut jamais se baser sur des extraits (et sur des critiques frustrés) au risque de passer à côté de merveilles insoupçonnées. En effet, j'ai tout de même acheté l'album il y a un mois (alors que l'album est sorti depuis juin 2009) et depuis, je l'écoute en boucle. En effet, Terry Callier se montre toujours aussi inspiré, charismatique, intense, il n'a rien perdu de sa verve ni de sa fabuleuse voix car finalement il dose savamment spoken word et chant dans les refrains ce qui donne encore plus d'impact à l'intelligence à ses textes.
Le meilleur exemple est le morceau d'ouverture Wings qui mêle gospel aérien et trip hop de façon fantastique. Ce morceau me donne toujours des frissons à son écoute. Subliminal. Sunset Boulevard (qui apparaît déjà sur l'album Lifetime) s'offre une sublime petite cure de jouvence atmosphérique/lounge. Plus terre à terre, Hidden Conversations dénonce de façon juste et subtile la société de voyeurisme dans laquelle nous évoluons tandis que le velouté de la voix de Terry réapparaît sur le magnifiquement nostalgique The Hood I Left Behind. Sur Once I Dreamed of Heaven, nous sommes plongés en plein trip des plus étranges et envoûtants. Une merveille hypnotique. Dans ma même lignée, la belle production élaborée et foisonnante de Fool Me Fool You ne fait pas d'ombre au discours des plus avisés de Terry Callier, jamais dépassé par la modernité. En effet, Rice and Beans met en exergue le drame Katrina et ses conséquences. Un peu de douceur passée en compagnie du couple Jessie and Alice, portait émouvant décrit par un Terry Callier profondément touchant. John Lee Hooker est sans conteste l'un des grands highlights de l'album. Un mélande d'électro/blues hypnotique avec des paroles très fortes et un superbe refrain. L'album se clôture sur une nouvelle version plus épurée et spirituelle de Live With Me. Toujours aussi prenante.
Album médiocre pour certains, petit chef d'œuvre
 selon moi. A vous de vous forger une opinion. Un fait certain : Terry Callier est un artiste indispensable à découvrir. Il a des choses à raconter, et elle sont dignes d'intérêt."

1. Wings 6:06
2. Sunset Boulevard 5:05
3. Hidden Conversations 3:54
4. The Hood I Left Behind 5:38
5. Once I Dreamed Of Heaven 5:21
6. Fool Me Fool You 3:34
7. Rice And Beans 4:06
8. Jessie And Alice 3:59
9. John Lee Hooker 5:01
10. Live With Me 6:05

Terry Callier - vocals, guitar
Rich Fudoli - saxophone 
Chris Grabowski - keyboards
Mark Hardy - keyboards
Chris Harvey - keyboards 
Eric Hochberg - bass 
Penn McGee - percussion, vocals 
David Onderdonk - guitar

TERRY CALLIER

KoLLeKTioN
Einstürzende Neubauten "The Jewels" (2008)
ou "le Cabinet des Curiosités"

Les industrieux teutons ayant, depuis toujours, cultivé une image de franc-tireur, il n'est pas surprenant de les voir se livrer à d'expérimentaux exercices comme sur la collection présente, ce que va nous expliquer Catherine Thieron de pointculture.be :
"Le nouvel album de Einstürzende Neubauten, groupe mythique de Berlin, n’en est pas vraiment un: sorti très discrètement et sans battage médiatique en avril 2008, Jewels regroupe quinze « miniatures » parues sur le site internet du groupe. Chaque mois, la bande à Blixa met un nouveau titre en ligne, téléchargeable pour peu que l’on ait le statut de « supporter » officiel.
Les autres peuvent désormais se rattraper avec cet album qui risque de décevoir les fans de la première heure mais fera peut-être découvrir le groupe à quelques sceptiques.
Ici, on est loin des marteaux-piqueurs d’antan– les instrumentations sont plutôt calmes et discrètes, les textes restant, comme d’habitude, d’excellente facture.
Le travail de composition, quant à lui, est parti d’un jeu: après avoir passé en revue plus de 25 ans de création musicale, Blixa Bargeld a mis au point un système de 600 cartes comprenant chacune un mot-clé. Appelé DAVE, cet ensemble de cartes regroupe des thèmes et mots récurrents, chers aux Berlinois, tels que « caisse de résonance », « cri » ou « vibromasseur » (!). Pour chaque titre, chacun des musiciens a pioché trois cartes et composé en fonction des mot tirés au sort.
Expliquant le principe de ce petit jeu sur le documentaire Acht Lösungen, qui accompagne le CD, Blixa et ses complices vont probablement donner des idées aux aspirants musiciens et autres musiciens sans inspiration.
Si cette dernière n’était certainement pas toujours au rendez-vous sur ce Jewels, il s’agit là d’un album plutôt accessible des Einstürzende Neubauten, à l’image de leurs productions de ces dernières années.
Pas de quoi réjouir les fans d’indus pur et dur, mais peut-être une bonne porte d’entrée pour celles et ceux qui connaissent mal ou peu le genre et souhaitent y entrer à tous petits pas…
"
C'est carrément ça et j'irai même plus loin : parrfaite introduction à toutes celles et tous ceux qui souhaitent "attaquer la bête" sans bien savoir par quel bout commencer, The Jewels sera idéal pour juger si, en gardant à l'esprit que c'est de la face "facile" d'Einstürzende Neubauten dont il s'agit,  aller plus avant dans leur bizarroide discographie mérite l'effort. La réponse est oui, évidemment.

1. Ich komme davon 2:34
2. Mei Ro 2:03
3. 26 Riesen 3:28
4. Hawcubite 1:30
5. Die Libellen 1:44
6. Jeder Satz mit ihr hallt nach 3:45
7. Epharisto 2:23
8. Robert Fuzzo 2:37
9. Magyar energia 3:01
10. Vicki 1:44
11. Ansonsten Dostojevsky 3:00
12. Die Ebenen werden nicht vermischt 6:26
13. Am I only Jesus 3:30
14. Bleib 3:23
15. I kissed Glen Gould 2:44

Blixa Bargeld: lead vocals, guitar, keyboards
N.U. Unruh: special built instruments, percussion, vocals
Alexander Hacke: bass, guitar, vocals
Jochen Arbeit: guitar, vocals
Rudolf Moser: special built instruments, percussion, vocals

EINSTÜRZENDE NEUBAUTEN

RoCK oF LiFe
The Godfathers "Birth, School, Work, Death" (1988)
ou "Blue Collar Rock"

Qu'un duo de frères forme, au cœur
 de Londres en 1985, un groupe de rock'n'roll (oui, de rock'n'roll) est preuve d'un amour total de cette musique et d'un total désintérêt pour un quelconque plan de carrière ou une hypothétique réussite commerciale.
De fait, ces Parrains sonnent plus australiens qu'anglais dans leur binaire suant et direct (on pense au Saints, Angels). Birth, School, Work, Death, leur second album au titre si primesautier, est une perfection de simplicité riffesque, du rock prolétaire comme on en fait plus assez.
Tout ici parait simple, évident, c'est la force de cette bande qui ne dérape que quand elle se prend pour ce qu'elle n'est pas (comme le sur la ballade It's So Hard ou le stadium rocker insipide The Strangest Boy), ce qu'elle ne fait heureusement qu'exceptionnellement. Le reste est hautement recommandable à qui aime les bons riffs tranchants, les solos (courtesy of extraordinaire Kris Dollimore) qui dépotent, les rythmiques qui bastonnent sans agresser et un chant mâle et habité infusant souvent une note punkoïde à l'ensemble.
Oui, c'est de la musique d'hommes, de la qui a voyagé dans un van pourri pour relier un bar glauque à un préau d'école improbablement augmenté d'une scène pour y faire saigner sa foi pour Saint Fender et Saint Marshall. Pas de quoi engranger un prix Nobel, largement de quoi s'attirer la sympathie de hordes vêtues de cuir.
Le succès, comme pour Dr. Feelgood - figure tutélaire (mais pas envahissante) s'il en fut et autre anachronisme britannique -, fut modeste mais la réputation solide. Ce que démontre parfaitement ce second opus de qualité ici bonussé de deux jolies b'sides (dont le "Born-to-Be-Wildesque I Can Only Give You Everything) et d'un live bien cru, juste comme il faut... Dois-je rajouter que c'est aussi leur meilleur album ?
Que du bonheur, vous dis-je !

1. Birth, School, Work, Death 4:08
2. If I Only Had Time 2:29
3. Tell Me Why 2:50
4. It's So Hard 3:39
5. When Am I Coming Down 4:55
6. Cause I Said So 2:46
7. The Strangest Boy 3:58
8. S.T.B. 2:32
9. Just Like You 3:10
10. Obsession 3:48
11. Love is Dead 2:42
Bonus
12. Miss That Girl 2:52
13. I Can Only Give You Everything 3:04
14. When Am I Coming Down (live) 4:19
15. Cold Turkey (live) 4:30
16. Those Days Are Over (live) 3:32
17. I'm Unsatisfied (live) 3:18

Chris Coyne - bass, vocals
Peter Coyne - vocals
Kris Dollimore - guitar, vocals
Michael Gibson - guitar, vocals
George Mazur - drums, percussion, vocals
&
Bobby Valentino - violin

GODFATHERS

CeLTiC PuNKS
Levellers "Zeitgeist" (1995)
ou "The New Levellers"

Alors que sur leur précédent opus (l'éponyme de 1993), les ajouts de nouvelles sonorités, de grosses guitares principalement, apparaissaient presque contre nature, artificiellement intégrées qu'elles étaient, Zeitgeist, 4ème album des britanniques, rectifie le tir et propose en gros la même chose que la fois d'avant mais en plus naturel, plus organique.
Pas que le groupe, notez, se soit mué en bête formation de hard rock ou de punk rock ou autre genre privilégiant trop souvent l'électricité à la nuance, ça non, libertaires et celtiques jusqu'aux bouts de leurs ongles sales de travelers patentés, les Levellers continue de taquiner du violon et du banjo autant que de la guitare et de la batterie. Le résultat, entre l'heroic rock d'un Mission débutant et une tradition folk britannique immémoriale, fonctionne d'autant plus que tout ceci, varié et malin, accroche aisément l'oreille. Côté chansons, ça nous donne quelques morceaux de bravoure tels que Hope St au gros riff qui tache avant un décrochage folk réussi, un Maid of the River emprunté au pote Rev Hammer en belle ballade, 4am qui envoie du bois punkant avec une indéniable crédibilité, ou un PC Keen qui évoquerait presque la lourdeur de Black Sabbath s'il n'y avait la mélodie et la voix passionnées de Mark Chadwick pour faire la différence.
Favoris d'une jeunesse anglaise dépenaillée, tatouée et piercée, avec New Model Army, Ozric Tentacles et quelques autres, pas étonnant quand on considère le pouvoir hymnique et fédérateur de la formation, les Levellers demeurent intiment liés à une Angleterre en résistance contre les ultimes soubresauts d'un Thatchérisme ô combien destructeur ce qui, parce que leur musique, elle, transcende les époques et les scènes, ne doit pas vous éloigner de ce Zeitgeist fort réussi et définitivement recommandable.

1. Hope St. 4:14
2. The Fear 3:21
3. Exodus 4:22
4. Maid of the River 3:50
5. Saturday to Sunday 3:14
6. 4.am 3:45
7. Forgotten Ground 4:21
8. Fantasy 3:18
9. P.C. Keen 3:53
10. Just the One 1:42
11. Haven't Made It 2:59
12. Leave This Town 3:09
13. Men-an-Tol 4:33

Mark Chadwick - vocals, guitar, harmonica
Simon Friend - guitar, banjo, vocals, mandolin, harmonica
Jeremy Cunningham - bass guitar, vocals
Charlie Heather - drums
Jonathan Sevink - fiddle

LEVELLERS

PoST
The Mercury Program "All the Suits Began to Fall Off" (2001)
ou "Melodic Math"

Une formation floridienne capable de post-rocker avec un sens mélodique supérieur à la moyenne ? C'est The Mercury Program et leur EP de 2001, seconde création de plus ou moins longue durée, All the Suits Began to Fall Off, une petite tuerie de cinq titres et une trentaine de minute qui fait son petit effet.
Ici, les dernières traces d'expression vocale ont fini par  disparaître laissant place à des constructions aussi savantes qu'émotionnelles (on n'est parfois pas loin du math-rock, le chaos généralement inhérent au genre en moins) où piano, vibraphone et effets électroniques discrets mais utiles viennent idéalement complémenter une instrumentation plus classiquement rock. Le résultat ? Cinq compositions merveilleusement réussies qui, contrairement à celles de leurs collègues bostoniens de Tortoise, Gastr del Sol et consorts, savent se faire abordables à un large public parce que, fondamentalement, c'est la mélodie qui, plus que tout autre chose, meut le quatuor.
Mais que les amateurs de chansons ne craignent pas de se confronter à ce délicieux EP qui, bien qu'exclusivement instrumental, saura les emporter pour toutes les raisons précitées mais aussi par l'évidente et vive intelligence de ce Mercury Program qui n'obtiendra jamais, hélas, les fruits de son talentueux labeur.

1. The Secret to Quiet 3:58
2. There Are Thousands Sleeping in Peace 5:51
3. Marianas 7:29
4. Undiscovered Genius of the Mississippi Delta 4:50
5. Delicate Answer 8:31

Dave Lebleu - computers, drums, vibraphone 
Sander Travisano - bass guitar 
Whit Travisano - piano, vibraphone 
Tom Reno - guitar
&
Heather McIntosh
- cello

THE MERCURY PROGRAM

SuPeRFuSioN
Quiet Sun "Mainstream" (1975)
ou "Une fine équipe"

Quand Phil Manzanera regroupe une formation de jeunesse, avant Roxy Music, donc, pour une exceptionnelle session commémorative et pour solde de tout compte, ça donne Mainstream de Quiet Sun que va nous évoquer plus en détail Progmonster du webzine Guts of Darkness :
"Admirez l'ironie ; "Mainstream" - album ô combien obscur - est la progéniture maudite de Phil Manzanera, guitariste émérite des déjà adulés Roxy Music, et qu'il concocta en une vingtaine de jours à peine, simultanément à l'enregistrement de "Diamond Head", son premier véritable album solo.
Alors que ce dernier caracole en tête des charts au printemps 1975, le disque des Quiet Sun restait, lui, avant tout l'affaire de quelques privilégiés. "Mainstream" ou l'appel du pied lancé par l'homme mouche à la galaxie canterburienne. Pour s'assurer la réussite de pareille entreprise, autant aller débaucher certains éléments clés à la source : ce sera tout d'abord le bassiste de Matching Mole, Bill MacCormick, et enfin ce diable de Charles Hayward, batteur injustement mésestimé qui allie pourtant un sens imparable du groove à une curiosité enfantine des percussions proche d'un Chris Cutler. L'amateur retrouvera, amusé, des thèmes communs aux deux albums pour finalement se rendre compte que le plus "tendance" n'est peut-être pas celui qui le proclame le plus volontiers... Exception faite de "Rongwrong", tous les titres de cet album sont des pièces instrumentales de haute voltige qui possèdent l'urgence et la tension qu'on ne trouve que trop rarement dans les productions canterburiennes. MacCormick nous délivre quelques parties de fuzz bass bien salaces alors que Dave Jarrett, tout en maintenant d'une main distraite mais ferme les notes répétitives d'un piano électrique en ébullition, s'emploie à réintroduire les stridences de l'Hammond comme au bon vieux temps de Egg sur l'obsédant "Bargain Classics". Mais bien entendu, le mec le plus à la fête ici, c'est Manzanera lui-même, soutenu par son pote Eno qui participe aux sessions en prodiguant conseils et effets divers. Chaque plage ou presque s'offrent à lui comme de vastes pleines à défricher de sa six cordes qui rugit, vagit, hennit et tout ce qui s'en suit. Que ce soit sur des titres sur mesure écrits par ses soins ("Trot" et "Sol Caliente" où il s'avoue n'être toujours pas venu à bout de "Willie The Pimp") ou par ses camarades, comme sur "Mummy Was an Asteroid" que l'on doit à MacCormick, c'est encore et toujours la guitare qui mène les débats.
Une approche donc foncièrement différente dans sa nature et que je ne saurais trop recommander à qui désire approcher cette grammaire progressive lourdement teintée de jazz qui d'habitude s'épanouit plus volontiers entre les doigts agiles et experts d'un - voire deux - claviéristes."
Vous n'êtes pas encore convaincus ? Béotiens que vous êtes, vous ne savez pas ce que vous manquez ! (mais comme ce blog est fréquenté par des gens de bon goût, je ne doute pas que...)

1. Sol Caliente 8:02
2. Trumpets With Motherhood 1:30
3. Bargain Classics 5:37
4. R.F.D. 3:09
5. Mummy was an Asteroid, Daddy was a Small Non-Stick Kitchen Utensil 6:09
6. Trot 5:00
7. Rongwrong 9:39

Phil Manzanera - electric and treated 6 and 12 string guitars, Fender Rhodes piano
Dave Jarrett - Fender Rhodes and Steinway grand pianos, Farfisa and Hammond organs, VCS3
Bill MacCormick - electric and treated basses, backing vocals
Charles Hayward - drums, lead vocals, percussion, keyboards
&
Brian Eno - synthesizer, treatments & Oblique Strategies
Ian MacCormick - backing vocals

QUIET SUN

SaDSoNGS
Sparklehorse "Good Morning Spider" (1998)
ou "La Complainte du Pauvre Mark"

Parce qu'il ne s'agit pas toujours de faire long et compliqué pour bien évoquer un album devenu, de plein droit, un "cult-classic" de l'indie, je cède la place à Mrbutterfly de chez XSilence.net :
"A ceux qui pensent que la souffrance et le tourment ne s'expriment qu'en hurlant ou en braillant comme un porc, a ceux qui ont oublié ce que le mot interprète signifie. Oui, à vous peut-être, cet album est pour vous.
Combien de fois j'ai pu fredonner ces melodies dans ma tête toute la journée? En toute franchise, il me serait impossible de répondre.
"I'm so sick of good byes,
I'm so sick, i'm so sick,
Of Good Byes....
"
Il y a dans cet album chaque seconde, tellement d'idées , tellement de coups de génie... ça fourmille de divers sentiments, plus ou moins agréables et lumineux, mais toujours sincères, et touchant directement là où il est impossible d'effacer.
"Good Monring Spider" m'a reveillé à peu pres tous les matins et éclairé mes sombres matinées d'octobre et de novembre 2004. Aujourd'hui quand je l'écoute, il prend une autre dimension, presque inimaginable. Une dimension plus lumineuse, moins fumeuse ou brumeuse. (coups de cœur
 très personnel..... pour les chansons "Maria's Little Elbows" et la sublimissime et souriante "Hundreds Of Sparrows")
Un album définitivement pour les personnes introverties et sensibles, secrètement amoureuses de ce que certains appellent la vie. Des mélodies pour frissoner longtemps, pour l'éternité certainement. Le sourire aux lèvres, les larmes au yeux, des frissons éternels.
Des moments de vie délicieusement tourmentés et inoubliables.
"
Rien à rajouter si ce n'est que le suicide de Mark Linkous, Cheval d'Etincelle en chef, il y a plus de cinq ans déjà, nous prive de l'écriture rare et fragile d'un songwriter d'exception ici à son apogée, pas moins !

1. Pig 2:22
2. Painbirds 3:50
3. Saint Mary 3:59
4. Good Morning Spider 1:09
5. Sick of Goodbyes 3:32
6. Box of Stars (Part One) 0:33
7. Sunshine 4:59
8. Chaos of the Galaxy/Happy Man 4:31
9. Hey, Joe 3:04
10. Come on In 3:43
11. Maria's Little Elbows 4:16
12. Cruel Sun 2:25
13. All Night Home 3:43
14. Ghost of His Smile 3:11
15. Hundreds of Sparrows 2:26
16. Box of Stars (Part Two) 0:49
17. Junebug 3:24

Mark Linkous – vocals, guitar, bass, Wurlitzer, piano, optigan, sampler, vibraphone, harmonium, speak and spell, concertina, percussion, drum machine
Sofia Mitchalitsianos – vocals, cello on tracks 2 to 4, 6, 7, 10 and 15 to 17
Scott Minor – drums on tracks 1 and 15, harmonium on track 4
Paul Watson – cornet on track 2
Melissa Moore – violin on tracks 3, 6, 7, 10 and 16
Johnny Hott – drums on track 8, piano on track 5
Stephen McCarthy – pedal steel guitar on track 13
David Lowery – guitar, drum machine on track 5, bass on track 8
Vic Chesnutt – answering voice on track 7

SPARKLEHORSE
(Mark Linkous)

NeW BeaTLeS?
10cc "How Dare You!" (1976)
ou "Super Pop"

C'est l'histoire d'un groupe de pop exceptionnel, une formation qui, pour beaucoup, n'est synonyme uniquement d'un énorme tube d'ailleurs souvent mal compris (parce qu'il est très ironique) : I'm Not in Love. C'est l'histoire de 10cc, du vrai, celui qui, quatre splendides albums durant, lors de 70s souvent plus préoccupés par les joutes électriques de Deep Purple, Black Sabbath ou Led Zeppelin (pour ne citer qu'eux) ou les développements musicaux complexes et parfois ampoulés de la vague progressive.
Quelle injustice quand on tient, en substance, la descendance la plus légitime des Fab Four autant que le parent putatif d'un autre géant de la pop anglaise, XTC, qui saura s'inspirer, sans copier évidemment, de cette lecture transversale d'un idiome pourtant bien connu et prétendument figé. Parce que 10cc sont des malins qui savent s'amuser avec une grammaire qu'ils aiment à triturer dans des chansons, il faut le dire, assez irrésistibles et débordantes de trouvailles harmoniques jubilatoires. Des exemples ?, juste deux pour vous mettre en appétit alors, avec I Wanna Rule the World aux paroles malines et décalées (l'histoire d'un dictateur en devenir), aux riffs accrocheurs et délicieux assemblages vocaux et Iceberg (qui parle de frigidité, il fallait oser !) qui flirte avec le jazz (cette mélodie de chant) en restant fondamentalement pop qui, pour la moyenne des laborieux, s'étireraient sur quelques chansons et son concentrées ici en à peine quatre minutes d'authentique magie. Voilà, c'est ça le 10cc de la période glorieuse, une formation qui semble dégouliner d'excellentes idées bien menée qu'elle est par quatre musiciens aussi complémentaires qu'inspirés.
Evidemment, Après How Dare You!, avec le départ de Kevin Godley et Lol Creme, ne sera jamais plus pareil même s'il restera quelques très jolis moments dans chacun des opus de la formation, mais plus jamais du niveau de ce carré d'as originaux dont on n'a de cesse de recommander l'écoute à tous les amateurs de pop intelligente et créative.

1. How Dare You 4:14
2. Lazy Ways 4:20
3. I Wanna Rule The World 3:57
4. I'm Mandy Fly Me 5:24
5. Iceberg 3:43
6. Art for Art's Sake 5:59
7. Rock 'n' Roll Lullaby 3:58
8. Head Room 4:21
9. Don't Hang Up 6:16
Bonus
10. Get It While You Can 2:53

Lol Creme – guitar, keyboards, vocals
Kevin Godley – drums, vocals
Graham Gouldman – bass, vocals
Eric Stewart – guitar, keyboards, vocals

10CC

FiRST TRy
The Who "A Quick One" (1966)
ou "Les Nouvelles Ambitions"

Honneur à un grand disparu de la blogosphère francophone pour ce dernier tirage de cette chanceuse sélection. Je vous laisse donc dans les mains expertes de Toorsch qui va vous évoquer ce second opus des légendaire The Who :
"Lequel des qui? C'est toujours la même affaire lorsqu'on s'attaque à un groupe-monument. Quel album choisir, que dire de plus que ce qui a déjà été dit? Dans ce cas, en règle générale j'évite de parler du disque "culte" et je frappe juste à côté, sur le petit frère famélique mais néanmoins important et même parfois supérieur. C'est précisément cette méthode de travail qui m'a conduit dans les bras de "A Quick One". Un album hybride coincé entre "My Generation", un premier essai majestueux, et "Sell Out" que je considère comme le meilleur des Who. "A Quick One" est une hydre, une oeuvre multiple, une collision d'individualités qui donne le meilleur; l'un de ces paris suicidaires que seuls les braves osent tenter.
Commençons par la pochette, assez troublante, car là où celle de "My Generation" exposait fièrement quatre mods prêts à en découdre bien drapés dans leur Union Jack (du moins pour Entwistle et sa superbe veste), celle-ci nous offre un canevas psyché assez vilain qui préfigure "Yellow Submarine". Un revirement esthétique qui n'augure rien de bon, et pourtant ce "petit coup vite fait" est une franche réussite, aussi bien lors de ces moments de pure-pop que dans ces folies Monty-Pythonesque.
Dans la grande tradition British, "Run Run Run" défouraille sec avec sa grosse guitare et sa rythmique endiablée, en prime Daltrey n'en fait pas encore des tonnes. Déboule ensuite "Boris The Spider", une folie drivée par la basse lourde d'Entwistle; les coeurs sont juste exquis et divinement drôles. Ce qui est marquant avec les Who "première époque" c'est la faculté qu'avait le groupe de conserver un charme très anglais malgré une lourdeur peu commune, un véritable numéro de funambule musical. Avec "Cobwebs And Strange" la fanfare déglinguée s'envole vers la lune; non-sens assumé et folie pure. "A Quick One, While He's Away" l’inénarrable final préfigure déjà tous les opéra-rock à venir, la fraîcheur en plus, le melon en moins. Condensé d'une époque, neuf minutes de grâce. Ultime synthèse.
De par son hétérogénéité "A Quick One" n'est pas le disque des Who qui entrera dans l'histoire, mais celui-ci est bien plus digeste qu'un "Tommy" et finalement un plus agréable compagnon de route que "Who's Next".
"
Si Toorsch passe par là, qu'il soit remercié de ses excellents mots.

1. Run Run Run 2:43
2. Boris the Spider 2:29
3. I Need You 2:25
4. Whiskey Man 2:57
5. Heat Wave 1:57
6. Cobwebs and Strange 2:31
7. Don't Look Away 2:54
8. See My Way 1:53
9. So Sad About Us 3:04
10. A Quick One, While He's Away 9:10
I. Her Man's Been Gone
II. Crying Town
III. We Have a Remedy
IV. Ivor the Engine Driver
V. Soon Be Home
VI. You Are Forgiven
Bonus
11. Batman 1:37
12. Bucket T 2:12
13. Barbara Ann 2:12
14. Disguises 3:12
15. Doctor, Doctor 2:59
16. I've Been Away 2:08
17. In the City 2:21
18. Happy Jack (acoustic version) 2:55
19. Man With Money 2:45
20. My Generation/Land of Hope and Glory 2:05

Roger Daltrey - lead vocals, trombone and bass drum on "Cobwebs and Strange"
John Entwistle - bass guitar, backing and lead vocals, keyboards, French horn, trumpet
Pete Townshend - lead and rhythm guitars, backing and lead vocals, keyboards, penny-whistle
Keith Moon - drums, backing and lead vocals, percussion, tuba

THE WHO

mercredi 25 novembre 2015

A Study in Scarlet (Volume 3)

Retour au rouge avec une petite sélection d'albums qui devrait réunir les foules parce que, avouez, de la toujours "in" Björk, des trendy QotSA, des classiques Dylan et Polnareff, et du reste bien-sûr !, il y a, la diversité comprise, de quoi plaire à tous et surtout à celles et ceux qui privilégient l'art, le vrai. Enjoie.

ReD LaDy
Björk "Volta" (2007)
ou "Gudmund in Africa"

Une Björk qui continue de chercher mais revisite aussi son passé, c'est Volta, le 6ème album d'une islandaise certes un peu moins référentielle mais tout de même en pleine forme comme vont vous le dire plus en détail les mots de Sai Real de chez musique-chroniques.ch :
"Lorsque les aspirations turbulentes et criardes de Björk côtoient une super-production pop, le résultat n'est pas toujours aussi majestueux que prévu. Ainsi, les quelques titres réalisés en collaboration avec Timbaland et attendus par toute la presse avec une dévotion gagnée d'avance, sont finalement ceux dont ont se lassera le plus vite sur ce 6ème album. Car enfin, comme un met précieux, il est fort probable que la voix de la Diva islandaise ne s'apprête pas avec une sauce ordinaire.
Au contraire, le timbre cristallin de Björk flirt merveilleusement avec la voix capiteuse d'Antony, réalisant sur deux titres un chaud-froid aussi délicieux qu'une coupe Danemark, ou qu'une glace sur son lit de framboises brûlantes. Cette collaboration supplémentaire (puisque les albums de Björk ne sont fait plus que de ça), s'avère ainsi nettement plus douce à nos oreilles.
Toutefois, sur Volta il n'est pas seulement question de douceur. A l'image du packaging très tribal, cet album se présente comme un cri de liberté et un manifeste paganiste pour un retour à la terre. Ainsi, comme pour mieux affirmer cette volonté, la chanteuse sollicite la participation de plusieurs musiciens africains, parmi lesquels Konono N°1 et Toumani Diabaté. Cela dit, leur travail largement réappropriée par Björk, s'avère relativement marginalisé et n'apporte pas véritablement le sentiment d'une grande métamorphose dans les compositions de Volta.
Ainsi, ce disque est surtout l'occasion de nombreuses réminiscences des albums passés : "Innocence" évoquera ainsi sans équivoque le fameux "Big Time Sensuality", tandis que "Pneumonia" nous rappelle d'anciens morceaux d'avantage intimistes comme "Anchor Song". Plus flagrants, les samples de "Vertebra by Vertebra" (c'est à dire les trois-quarts de la chanson) sont directement issus de l'album Drawing Restreint 9. Dès lors, Volta laisse parfois en bouche comme un goût de déjà-vu.
Enfin, en pleine crise d'adolescence, Björk appelle à lever les drapeaux de la révolution, dans un titre intitulé "Declare Independance", qui aurait pu être écrit par PJ Harvey. Cette parenthèse punk est certes rafraîchissante et agréable, mais là encore l'Islandaise semble puiser dans un passé qui ne lui appartient plus.
Au final, sous couvert d'un album plus "physique et plus primitif que jamais", Volta n'apporte rien de nouveau, en regard des précédents albums et de l'incroyable parcours de Björk. De son ouverture trop clinquante, à sa clôture certes plus intimiste (qui cependant ne vaut pas "All is full of love"), l'extase n'est plus vraiment au rendez-vous.
"
Personnellement, j'estime que cet album, certes moins essentiel que ses deux premières galettes, résumé de carrière et objet prospectif à la fois, remplit parfaitement sa mission. Il est, du coup, recommandé.

1. Earth Intruders 6:13
2. Wanderlust 5:51
3. The Dull Flame of Desire 7:30
4. Innocence 4:27
5. I See Who You Are 4:22
6. Vertebræ by Vertebræ 5:08
7. Pneumonia 5:14
8. Hope 4:02
9. Declare Independence 4:13
10. My Juvenile 4:03

Björk - vocals, keyboards, beats, programming
Mark Bell - beats, keyboards, programming
Damian Taylor - beats, programming, vocal treatments 
Timbaland - beats, keyboards 
Sigurður Porbergsson, Eiríkur Örn Pálsson, Emil Friðfinnsson , David Bobroff - brass 
Susan Panny, Sharon Moe - horn
Brian Chippendale - drums 
Chris Corsano - drums, percussion 
Pete Davis - programming 
Toumani Diabaté - kora 
Jónas Sen - clavichord 

BJÖRK

SoMMe D'HoMMe
Bob Dylan "Dylan" (2007)
ou "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir..."

Dans le genre anthologie abordable qui peut réunir tous les publics ou presque, ce méga-best of de Dylan se pose un peu là.
Pour le néophyte, qui y trouvera tous les classiques des glorieux débuts et quelques morceaux moins connus de la même période mais aussi de ce qui suit, nettement moins documenté dans les autres compilations de Bob, Dylan est une collection généreuse, pensez !, 51 titres ! Pour celui qui connaît déjà son Zim' sur le bout des ongles, c'est une sélection de qualité qui n'oublie pas de dévier juste ce qu'il faut de ce qu'on attend de l'exercice pour garder un certain sel, c'est aussi la possibilité de posséder une (grosse) compilation célébrant avec intelligence les 42 ans que couvre la collection.
Comme en plus l'objet est bien conçu, et doté d'un livret détaillant la tracklist et proposant une courte introduction biographique (en anglais), il n'en faut pas plus pour recommander un utile coffret d'un artiste, évidemment, essentiel.

CD 1
1. Song to Woody 2:42
2. Blowin' in the Wind 2:48
3. Masters of War 4:33
4. Don't Think Twice, It's All Right 3:39
5. A Hard Rain's a-Gonna Fall 6:51
6. The Times They Are a-Changin' 3:14
7. All I Really Want to Do 4:05
8. My Back Pages 4:23
9. It Ain't Me, Babe 3:34
10. Subterranean Homesick Blues 2:19
11. Mr. Tambourine Man 5:26
12. Maggie's Farm 3:56
13. Like a Rolling Stone 6:09
14. It's All Over Now, Baby Blue 4:14
15. Positively 4th Street 3:54
16. Rainy Day Women 12 & 35 4:35
17. Just Like a Woman 4:52
18. Most Likely You Go Your Way (And I'll Go Mine) 3:29
19. All Along the Watchtower 2:31

CD 2
1. You Ain't Goin' Nowhere 2:44
2. Lay Lady Lay 3:19
3. If Not for You 2:41
4. I Shall Be Released 3:03
5. Knockin' on Heaven's Door 2:31
6. On a Night Like This 2:58
7. Forever Young 4:56
8. Tangled Up in Blue 5:41
9. Simple Twist of Fate 4:17
10. Hurricane 8:34
11. Changing of the Guards 6:34
12. Gotta Serve Somebody 5:24
13. Precious Angel 6:33
14. The Groom's Still Waiting at the Altar 4:05
15. Jokerman 6:17
16. Dark Eyes 5:07

CD 3
1. Blind Willie McTell 5:54
2. Brownsville Girl 11:05
3. Silvio 3:07
4. Ring Them Bells 3:01
5. Dignity 5:37
6. Everything Is Broken 3:15
7. Under the Red Sky 4:10
8. You're Gonna Quit Me 2:48
9. Blood in My Eyes 5:04
10. Not Dark Yet 6:30
11. Things Have Changed 5:09
12. Make You Feel My Love 3:34
13. High Water (For Charley Patton) 4:04
14. Po' Boy 3:07
15. Someday Baby 4:56
16. When the Deal Goes Down 5:01

Des extraits ? Pourquoi des extraits ?!

BOB DYLAN

WiLD HoRSe
Deftones "White Pony" (2000)
ou "Un grand pas en avant"

L'album de la libération, celui de l'ambition aussi, et des grandes ouvertures, évidemment, White Pony représente les Deftones à un tournant de leur carrière, et quel tournant !
Album conçu dans le chaos créatif d'une formation ne voulant pas se laisser enfermer dans la petite case qui irait si bien à messieurs les exécutifs, White Pony est donc un grand pas en avant libérateur de Deftones ouvert sur tous les possibles de leur imagination. Et ça fait un bien fou ! Que le groupe tente les compositions les plus mélodiques de sa discographie (FeiticeiraChino Moreno s'arrache pas mal vocalement et où les riffs sont tout de même bien gras, Digital Bath et ses flaveurs électro-planantes, un Passenger presque progressif et assurément épique où Maynard James Keenan de Tool et A Perfect Circle est venu prêter gorge forte, Change où grosses guitares et chant aérien se complimentent à merveille), s'attelle à expérimenter comme jamais il ne le fit (RX Queen ou Teenager en "électronisaton" larvée et maline, le premier avec Scott Weiland des Stone Temple Pilots en guest,  Knife Prty où, le temps d'une vocalisation féminine hors norme, le fantôme d'un certain Pink Floyd se voit convoqué, un Pink Maggit quelque part entre Tool, Faith No More et de teutoniques septantes) ou, plus prosaïquement, balance exactement ce qu'on attend de lui avec une belle efficacité (Elite rase tout sur son passage, Street Carp au mastodonte gimmick de guitare, un Korea très "post-core" aussi, ou le titre bonus de l'édition rouge limitée, The Boy's Republic, dru mais abordable), on est épaté par ce chantre de nu-metal s'extirpant si haut au-dessus de la mêlée des opportunistes et des besogneux. Il faut dire que, poursuivant leur fructueuse association avec un producteur qui les connaît par cœur (Terry Date) et bénéficiant des largesses budgétaires acquises par le succès rencontré par leur précédent opus (Around the Fur), ces petits gars prouvent qu'ils une force avec qui il faut compter, encore plus quand ladite force est, comme présentement, éprise d'une belle et salvatrice liberté de ton qui, certes, nuit à la cohérence d'ensemble, icelle rattrapée par la mise en son.
Bref, exemple hélas unique dans la carrière des Deftones d'ambitions musicales tout à fait réalisées, d'une diversité intelligente et personnelle aussi, White Pony demeure la plus belle page de leur catalogue, et une galette chaudement recommandée, évidemment.

1. Feiticeira 3:09
2. Digital Bath 4:15
3. Elite 4:01
4. Rx Queen 4:27
5. Street Carp 2:41
6. Teenager 3:20
7. Knife Prty 4:49
8. Korea 3:23
9. Passenger 6:08
10. Change (In the House of Flies) 5:01
11. Pink Maggit 7:38
Bonus
12. The Boy's Republic 4:38

Chino Moreno – vocals, rhythm guitar
Stephen Carpenter – lead guitar
Chi Cheng – bass guitar
Abe Cunningham – drums
Frank Delgado – sampling, electronics
&
DJ Crook
– programming
Scott Weiland - additional vocals (on "Rx Queen")
Rodleen Getsic – additional vocals (on "Knife Prty")
Maynard James Keenan – additional vocals (on "Passenger")

DEFTONES

SWeeT iNDie
Belle and Sebastian "If You're Feeling Sinister" (1996)
ou "Timide et sans complexe"

Une petit merveille d'indie pop sensible et mélancolique ? Ne cherchez pas plus loin que le If Your Feeling Sinister de Belle and Sébastian dont va, joliment d'ailleurs, vous parler Vamos de chez XSilence.net
"C'est dimanche. Une semaine éprouvante s'est achevée, les excès m'ont ravagé. Je me réveille alors que le soleil se couche, le désœuvrement et la vacuité m'emplissent. Et c'est tout naturellement que je me dirige vers Belle & Sebastian, un de mes groupes fétiches. Au fil des années, c'est If You're Feeling Sinister qui s'impose comme mon préféré de leur discographie irréprochable.
If You're Feeling Sinister, un nom qui sied parfaitement à un recueil de dix chefs d'oeuvres pop, d'une simplicité désarmante, concocté par un groupe d'artisans (des orfèvres, pour être plus précis). Chacun de ces morceaux peut sembler banal, mais ceux qui sauront prêter une oreille attentive auront le rare privilège d'assister à ce que la musique peut avoir de plus poétique. De toutes ces chansons se dégagent une magie, une étincelle qui les rendent incroyablement attachantes. On ne sait pas trop d'où ça vient. Sûrement de la douceur qui se dégage. La voix limitée de Stuart Murdoch, les soupirs de Isobel Campbell. Ou ces guitares sèches utilisées à la perfection, le violoncelle et les cuivres qui transcendent ces morceaux. Les paroles touchantes, peut-être. En tout cas, rarement simplicité et émotions n´auront fait si bon ménage.
Tout est cotonneux et chaleureux dans ce disque. Tout possède un charme suranné, hors-du temps, hors-la-vie même. Ces murmures posés sur une musique lente et gracieuse sont d´une beauté confondante. A leur écoute, on est bercé, on est apaisé, et on aimerait ne jamais quitter cet douce torpeur, entre mélancolie et optimisme. Et on se dit que malgré le tumulte qui nous entoure, on est encore vivant. Difficile de retenir un morceau en particulier. En extraire un, c'est un peu comme ne regarder que le coin d'une peinture. C'est avec des disques de la trempe d´If You're Feeling Sinister qu'on saisit toute l'importance du format album.
(Bon, je vais faire un sacrilège et vous confier que j'ai une ai une affection particulière pour "The Stars Of Track And Field" et sa progression qui finit en apothéose. Pour "Me And The Major" aussi, où le groupe accélère le rythme, pour donner quelque chose de très touchant. J´attends également, et toujours avec impatience, l´arrivée de "Like Dylan In The Movies" pour la mélancolie qui y est exprimée . Mais chut, ne le répétez pas !)
Et par-dessus tout, il y a une perfection mélodique que je ne retrouve que chez très peu de groupes, prompte à enchanter un amateur de pop comme moi. Les Belle & Sebastian font partie de ces artistes rares qui peuvent vous serrer le cœur en deux accords, en un changement de note, en une intonation.
If You´re Feeling Sinister s´écoute en toute simplicité, sans rechercher autre chose que la douceur et la béatitude. Avec la même naïveté, le même émerveillement que quand on découvre la musique, ceux qu'on devrait garder toute sa vie, qui ne devraient jamais être effacés par des attitudes blasées. Merci à ces Ecossais de nous rappeler ces douces sensations."
Pas mieux. Et essentiel !

1. The Stars of Track and Field 4:48
2. Seeing Other People 3:48
3. Me and the Major 3:51
4. Like Dylan in the Movies 4:14
5. The Fox in the Snow 4:11
6. Get Me Away from Here, I'm Dying 3:25
7. If You're Feeling Sinister 5:21
8. Mayfly 3:42
9. The Boy Done Wrong Again 4:17
10. Judy and the Dream of Horses 3:40

Stuart Murdoch – vocals, guitar, piano
Stuart David – bass
Isobel Campbell – cello, vocals, percussion, recorder
Chris Geddes – keyboards, piano
Richard Colburn – drums
Stevie Jackson – guitar, vocals
Sarah Martin – violin, recorder, percussion
Mick Cooke – trumpet

(un bout de)
BELLE AND SEBASTIAN

ZoRN aLoNe
John Zorn "The Hermetic Organ Vol. 3, St. Paul's Hall, Huddersfield" (2015)
ou "Grandes Orgues"

Et un Hermetic Organ de plus, un ! Depuis 2014, janvier semble être devenu le rendez-vous rituel des explorations "organiques" de John Zorn, bonne nouvelle.
En l'occurrence, celui-ci fut enregistré lors du festival de musique contemporaine d'Huddersfield, West Yorkshire, c'est dont le premier qui voit Zorn s'éloigner de ses bases new yorkaises. Ce que ça change ? Pas grand chose en fait... A tel point que je pourrais facilement concocter une improbable fusion de mes billets sur les deux précédents volumes sans vraiment tomber loin du cœur de la cible.
Sans le moindre doute, Zorn a son approche, son style à l'orgue, une approche, un style qui combine théâtralité et avant-gardisme sans pour autant tout à fait oublier la mélodie, juste ce qu'il en faut. Comment pleinement goûter cet étrange moment, ces drones organiques, ces crescendos glorieux, ces climats angoissants ? En musique d'un film d'horreur expressionniste imaginaire... Fermez les yeux, imaginez Nosferatu montant l'escalier son ombre portée en stigmate d'un funeste destin... On n'est pas loin du compte. Imaginez ces scènes surnaturelles que surent si bien filmer un Dario Argento ou un Mario Bava ornées de cet orgue seul, certes, mais définitivement apte à construire de complexes et émotionnelles ambiances particulièrement adéquates pour illustrer le malaise jusque dans son côté étrangement attirant.
Entre improvisation et composition, entre un avant-gardisme plus que jamais affirmé et un traditionalisme mélodique rattrapant l'audieur lambda, Zorn construit un excellent chapitre à ses créations pour orgue d'église. On n'a qu'une hâte en fait, pouvoir assister, enfin !, à telle représentation in vivo ! En attendant, on se contentera avec plaisir du pis-aller en galette argentée.

1. The Fall of Satan 14:37
2. Spectral Angels 10:06
3. The Revelation of St. John 13:02

John Zorn - orgue d'église

JOHN ZORN

BoNNe éToiLe
Big Star "The Best of Big Star" (1999)
ou "The Power of Pop"

On fait court ? Allez, pour une fois, on fait court.
Parce qu'il n'y a pas à tortiller du croupion pour déféquer droit (ha ! Grand-Maman et sa langue fleurie !), Big Star est un monument de power pop. Quatuor puis trio, suite au départ de Chris Bell après un pourtant très réussi premier long-jeu, le groupe d'Alex Chilton est de ces formations qu'on aimerait ne plus avoir à recommander parce que tout le monde les connaîtrait... Hélas, on en est loin alors pourquoi pas cette compilation du #1 Record et de Radio City soit 14 des 24 titres que proposent ces deux opus filtré surtout par des questions de droit (et donc pas d'extrait de Third ce qui est fort dommage), pour se familiariser, et se donner envie de creuser plus avant, probablement, cette authentique légende ? Allez, quoi, c'est pour la bonne cause et, croyez-moi, vous ne le regretterez pas.
Et la musique, pas de description, rien ? Power Pop on vous dit, et la meilleure du genre qui plus est, allez, ouste, emballé c'est pesé, vous repartez avec, et vous me remercierez parce que, Big Star, c'eqst quelque chose, quoi !

1. September Gurls 2:49   
2. When My Baby's Beside Me 3:22   
3. Feel 3:32   
4. The Ballad of El Goodo 4:19   
5. O My Soul 5:38   
6. What's Going Ahn 2:39   
7. In the Street 2:55   
8. Thirteen 2:37   
9. Mod Lang 2:45   
10. Back of a Car 2:45   
11. Watch the Sunrise 3:44   
12. Daisy Glaze 3:52   
13. Give Me Another Chance 3:26   
14. I'm in Love With a Girl 1:49 

Chris Bell – guitar, vocals
Alex Chilton – guitar, vocals
Jody Stephens – drums, vocals
&
Andy Hummel
– bass guitar
Danny Jones – bass guitar
Richard Rosebrough – drums
Terry Manning – electric piano

BIG STAR

STaNDaRDS
Keith Jarrett, Gary Peacock, Jack DeJohnette "My Foolish Heart, Live at Montreux" (2001)
ou "La Magie du Trio"

Allez, fainéant que je peux parfois être, je vous balance carrément le blabla promotionnel de ce live de Keith Jarrett (bien entouré) de 2001, parce qu'il dit tout et qu'il le dit bien :
"Répertoire de standards, Live à Montreux 2001. Sortie au moment de la célébration à venir des 25 ans du trio Keith Jarrett, Gary Peacock, Jack DeJohnette. Voici le 18ème album sur ECM de l'un des plus fameux trio de l'histoire du jazz à l'approche du 25ème anniversaire de sa formation et que l'on retrouve ici dans une forme éblouissante. Ce double album a été enregistré au festival de Montreux en 2001, lors d'un concert euphorisant qui revisitait l'histoire du jazz : le trio joue des thèmes de Fats Waller (une rareté dans le répertoire de Jarrett et qui plus est avec une interprétation rythmique dans le style post-stride des années 30 de Ain't Misbehavin' et Honeysuckle Rose), Thelonious Monk (Straight No Chaser), Miles Davis (Four), Sonny Rollins (Oleo), Gerry Mulligan (Five Brothers) et quelques thèmes du Great American Songbook (My foolish Heart, The Song is You, You Took Advantage of Me, On Green Dolphin Street). Le trio est à son zénith. Keith Jarrett : "si le Jazz est swing, énergie et extase pour le musicien et celui qui l'écoute, je ne peux penser à aucun autre concert du trio qui rassemble et réunisse ces qualités aussi bien que celui-ci. Il y a entre nous une confiance inébranlable.". Cet enregistrement est véritablement un incontournable pour tout amateur de jazz et fan du pianiste. Par ailleurs le choix des thèmes et sa bonne humeur communicative pourraient en faire l'un des best-sellers des enregistrements de Jarrett à ce jour."
Voilà, si le jazz fin et maîtrisé, trippant aussi évidemment, vous tente, vous savez ce qu'il vous reste à faire !

CD 1
1. Four 9:09
2. My Foolish Heart 12:25
3. Oleo 6:37
4. What's New? 7:54
5. The Song Is You 7:43
6. Ain't Misbehavin' 6:41

CD 2
1. Honeysuckle Rose 6:45
2. You Took Advantage of Me 8:54
3. Straight, No Chaser 10:05
4. Five Brothers 6:36
5. Guess I'll Hang My Tears Out to Dry 11:09
6. Green Dolphin Street 8:18
7. Only the Lonely 6:15

Keith Jarrett – piano
Gary Peacock - bass
Jack DeJohnette - drums

KEITH JARRETT

PoLNaLiVe
Michel Polnareff "Polnarévolution" (1972)
ou "Fesse, 'tain !"

En préambule, avant l'excellent billet de l'amazonien Laurent R., précisons que si Polnarévolution est bien un live essentiel, il ne bénéficie pas d'une captation à la hauteur de l'évènement. Malgré ça, c'est un album qu'on écoute avec un plaisir d'autant plus jubilatoire que ce genre d'exercice, en ces septantes débutantes, n'est pas si courant. Bref, place à la chronique :
"Michel Polnareff est en 1972 au tournant de sa carrière, il sort deux ans auparavant son troisième album "Polnareff's" que beaucoup de ses fans considèrent comme le meilleur, après deux premiers albums "Love Me Please Love Me, Le Bal des Laze qui ne dépareillent pas avec le meilleur de la pop anglo-saxonne de l'époque).
En 1972 Michel Polnareff sortira trois tubes emblématiques la mouche dont il signe les paroles et la musique, Holidays et On ira tous au Paradis dont les textes sont signés Jean-Loup Dabadie et dont il compose les musiques après avoir composé en 1971 deux musiques de films emblématiques "ça n'arrive qu'aux autres" et surtout "la folie des grandeurs".
Il décide de se produire cette même année sur la scène de l'Olympia dans un spectacle appelé Polnarevolution, sur l'affiche il se déguise en travesti qui montre ses fesses, l'affiche provoque un scandale et les affiches sont supprimées, Polnareff sera condamné à payer 10 francs par affiche (soit 6000 affiches ce qui fait une amende de 60 000 francs). Ce concert qui bénéficie du son 5.1. une innovation pour l'époque, une des danseuses de Michel Polnareff au début du spectacle, déguisée en Polnareff baissait son pantalon (pique probable envers la condamnation).
Le groupe "Dynastie Crisis" qui l'accompagne apporte un son très rock à ce concert mémorable, sans oublier pour certains titres des orchestrations et l'accompagnement d'orchestre par Jean-Claude Vannier. Polnareff étale une présence scénique qui rivalisait à l'époque avec Johnny Hallyday, dont il sera le pianiste pour un de ses spectacles. Tout est dedans : Le groove, l'énergie, ce talent de compositeur et de musicien, et cette voix! écoutez l'improvisation sur "la trompette" ou avec sa voix il fait le son d'une trompette! Ce titre époustouflant suffirait seul à acquérir ce disque sublime, et ce "boogie woogie" au piano digne des plus grands pianistes de boogie woogie noir.
Polnareff était en avance sur son temps, et la fée musique lui avait donné tous les dons, ce disque est indispensable, magistral, à avoir dans toute bonne discothèque qui se respecte.
"
Vous hésitez encore ? Il ne faut pas.

1. Le Bal des Laze 5:06
2. Tous Les Bateaux, Tous Les Oiseaux 2:50
3. Je Cherche Un Job 2:45
4. Qui A Tué Grand-Maman ? 2:54
5. La Mouche 2:36
6. Âme Câline 5:42
7. Dans La Maison Vide 2:22
8. Ça n'Arrive qu'Aux Autres 2:08
9. Gloria 3:12
10. On ira tous au paradis 4:10
11. La Trompette 2:51
12. Love Me, Please Love Me 4:50
13. Boogie Woogie 2:07
en extrait : la face A d'époque (jusque Âme Câline)

(musiciens inconnus)

MICHEL POLNAREFF

ReD SToNe
Queens of the Stone Age "Songs for the Deaf" (2002)
ou "Deaf Deluxe"

Et hop !, une petite chronique d'époque de l'album qui demeure le mieux vendu et le plus célébré de la carrière des américains de Queens of the Stone Age, celle des Inrocks sous la plume de JD Beauvallet :
"Il en va du nu-metal comme de tous les autres mouvements préfabriqués, pilotés et garde-chiourmés par l’industrie : derrière les rebelles dociles et complices se cachent parfois d’authentiques pervers, des agités pour qui la piscine financée par MTV n’est pas une fin en soi. Il faut dire que les grognards de Queens Of The Stone Age sont des rescapés de la mort, du grunge, de tout ce qui a essayé de faire sortir le hard-rock de son cirque, de sa maison de retraite, ces dernières années. Quitte à le faire danser au bord du gouffre.
Il plane dans ces chansons droguées de Californie une méchanceté sonique, une noirceur malsaine. Comme chez Trail Of Dead ou Zen Guerrilla, ce jusqu’au-boutisme provoque autant de frissons que de haut-le-cœur : l’équilibre rare entre fascination et répulsion. Pas de chiqué : on a ici passé l’âge des poses gommeuses, des rodomontades ados. De la musique d’homme qu’ils appellent le robot rock : un metal réduit à son squelette, sans le moindre boulon superflu. Un metal mécanique et minimal, au tranchant sadique, aux explosions soudaines. Un metal qui doit finalement moins à Judas Priest qu’à Can, dont le minimalisme cintré, la rigueur illuminée des rythmiques ne sont pas tombés dans l’oreille de sourds. Le nouvel album s’appelle Songs for the Deaf (Chansons pour les sourds) : mon œil.
La force du groupe, loin des fusions rap-rock à la Limp Bizkit, est sa façon de kidnapper la pop, de lui faire subir les pires sévices sans jamais lui faire perdre son sourire enjôleur. Les refrains invitent, l’air aguicheur, à une visite sans risque : on sait désormais que la pop a ici une mitraillette sur la tempe, prête à tirer si elle ne collabore pas à ce complot sournois.
"
13 ans après, l'album n'a pas pris une ride. Un grand classique du rock américain, tout simplement.

1. You Think I Ain't Worth a Dollar, But I Feel Like a Millionaire 3:12
2. No One Knows 4:38
3. First It Giveth 3:18
4. A Song for the Dead 5:52
5. The Sky Is Fallin' 6:15
6. Six Shooter 1:19
7. Hangin' Tree 3:06
8. Go with the Flow 3:09
9. Gonna Leave You 2:50
10. Do It Again 4:04
11. God Is in the Radio 6:04
12. Another Love Song 3:16
13. A Song for the Deaf 6:42
Bonus
14. Mosquito Song 5:37
15. Everybody's Gonna Be Happy 2:35

Josh Homme – vocals, guitar
Nick Oliveri – bass, vocals
Mark Lanegan – vocals
Dave Grohl – drums, percussion, backing vocals
&
Alain Johannes
– e-bow, organ on "Another Love Song", piano on "Mosquito Song", flamenco guitar on "Mosquito Song" and "First It Giveth", theremin on "Six Shooter", lap steel guitar
Natasha Shneider – e-bow, organ on "Another Love Song", piano on "Mosquito Song", theremin on "Six Shooter"
Gene Trautmann – drums on "You Think I Ain't Worth a Dollar, But I Feel Like a Millionaire" and "Go with the Flow"
Dean Ween – guitar on "Six Shooter", "Gonna Leave You", and "Mosquito Song"
Brendon McNichol – lead guitar on "Go with the Flow"
Chris Goss – keyboard on "The Sky Is Fallin'"
Paz Lenchantin – strings on "Mosquito Song"
Ana Lenchantin – strings on "Mosquito Song"
Molly McGuire – accordion on "Mosquito Song"
John Gove – horns on "Mosquito Song"
Kevin Porter – horns on "Mosquito Song"
Brad Kintscher – horns on "Mosquito Song"

QUEENS OF THE STONE AGE

à La VoTRe !
Stan Rogers "Fogarty's Cove" (1976)
ou "Le Marin d'Hamilton"

Au nord de l'Ontario, sur la baie d'Hudson, il y a des marins. Il y a même des marins qui chantent et des coquins pour leur souffler de nouveaux airs. Introducing Stan Rogers.
Fogarty's Cove est son premier album et le seul, pour l'instant, que je connaisse. Le monsieur, disparu en 1983, n'a pas, il faut dire, laissé l'empreinte qu'il méritait, et trop peu d'albums facilement trouvables pour faciliter un quelconque buzz webbique, dommage .
Parce que Fogarty's Cove est un fichu bon album. Un album de Sea Shanties, de chansons de marins, originales (sauf un traditionnel, The Maid on the Shore). Des sea shanties des marins de l'Ontario menées par la voix grave et franche d'un vocaliste pas exceptionnel mais faisant exactement ce qu'il faut, avec le ton qu'il faut, et bien soutenu par des choristes compétents, pour pleinement satisfaire (comme exemplifié sur l'impeccable exercice a capella Barrett's Privateers).
Les chansons, tantôt entraînantes (Watching the Apples Grow, Fogarty's Cove, l'instrumental Plenty of Hornpipe), tantôt douces ou douces-amères (Fisherman's Wharf, The Rawdon Hills), naviguent entre country/folk nord-américaine et musique celtique, tendance dans laquelle le groupe semble plus à son aise quoique l'autre penchant ne soit pas mal réalisé pour autant. Parce qu'on tient là un groupe de bons musiciens et une palette d'instruments (guitares bien sûr mais aussi banjo, violon, mandoline, flute, etc.) idéale pour habiter les compositions de Stan Rogers.
La production, oldschool, n'est pas exceptionnelle, juste propre et permettant d'apprécier les nuances d'une musique n'en manquant pas, un peu plus que de la pub musique, quoi, mais en conservant l'esprit.
Fogarty's Cove est une vraie belle, bonne surprise. Une de celles où l'on se dit que, finalement, la course à l'actualité continuelle est un peu vaine et que la beauté est depuis longtemps là... Pour peu qu'on se donne la peine. Ecoutez Stan Rogers !

1. Watching The Apples Grow 1:52
2. Forty-Five Years 3:32
3. Fogarty's Cove 2:14
4. The Maid On The Shore 3:44
5. Barrett's Privateers 4:18
6. Fisherman's Wharf 4:01
7. Giant 3:35
8. The Rawdon Hills 3:38
9. Plenty Of Hornpipe 1:55
10. The Wreck Of The Athens Queen 3:01
11. Make And Break Harbour 4:27
12. Finch's Complaint/Giant Reprise 3:07

Stan Rogers - guitar, mandolin, vocals
Ken Whiteley - mandolin, piano, vocals
John Allan Cameron - 12 strings guitar, violin
Garnet Rogers - flute, violin, vocals
Dave Woodhead - bass, guitar, lap steel guitar, vocals
Curly Stubbs - guitar
&
Bernie Jaffe
- violin
Jerome Jarvis - drums, percussion, step dancing
The Masked Luthier of Dupont Street - banjo, concertina, dulcimer, long-necked mandolin

STAN ROGERS