samedi 30 janvier 2016

SynthPop IV: Gloire ! (Troisième Partie, 1984-1989)

Un petit saut de puce entre la fin du billet précédent et le début de celui-ci, un tout petit mois de rien du tout !, certes, mais il semblerait que la synthpop, en se popularisant, en prenant de la bouteille aussi, prennent des accents de plus en plus riches comme en témoigne la sélection nous amenant jusqu'à la fin de la vague, et la fin des 80s (parce qu'il n'y a jamais vraiment de hasard) !

THe VoiCe
Bronski Beat "The Age of Consent" (10/1984)
ou "Silence Equals Death"

Comme je n'aurai pas dit mieux tout en ayant une expérience tout à fait différente d'un album découvert sur le tard, je laisse la parole à Twilight (Guts of Darkness) qui va vous entretenir d'un authentique chef d'œuvre synthpop un peu plus substantiel que les autres :
"Comme les temps changent...quand on voit la merde que l'on passe aujourd'hui dans les hit-parades des radios ou de certaines TV, comme si faire de la pop était devenu une insulte ou synonyme de bêtise...
Je me revois sur le coup de mes 13 ans lorsque parmi les têtes de classement de l'époque on pouvait trouver un trio avec au chant un petit bonhomme à l'étrange timbre vocal, proche de celui d'un castrat, tel qu'on pouvait le trouver chez Klaus Nomi ou Antony and the Johnson aujourd'hui, qui chantait la détresse des homosexuels obligés de fuir les villes de province pour gagner Londres et espérer y trouver plus de tolérance ('Smalltown boy') ou passés à tabac en raison de leur inclinaison sexuelle ('Why'). Bien sûr, nous ne nous en rendions pas compte alors mais sous couvert de pop, 'The Age of consent' (l'âge légal autorisant les relations gays) et son triangle rose (symbole homosexuel) est un album de souffrance. Il suffit de se pencher sur les textes de Jimmy Sommerville pour comprendre, que ce soit dans 'Why', 'Smalltown boy', 'Screaming'...les thèmes principaux en sont la souffrance et l'incompréhension face au rejet des familles, la violence des contemporains et l'intolérance vis-à-vis des gays. Nulle surprise à trouver une forme de mélancolie bien plus profonde qu'il n'y paraît dans les lignes du décidément culte 'Smalltown boy' mais également dans les accents jazzy de la reprise du 'Ain't necessarily so' de Gershwin ou le calme triste de 'Screaming'. Mais tout l'album ne tourne pas seulement autour de la cause gay. L'excellent 'Junk', sorte de version plus sombre de Soft Cell ou la reprise électro wave du 'I feel love' de Donna Summer (la version en duo avec Marc Almond, ici en bonus, est meilleure encore) sont écrites sur des rythmes plus pêchus et assez typiques d'une pop new wave électronique intelligente telle qu'on la trouvait chez Alphaville, Tears for Fears, Depeche Mode...D'autres chansons sont plus calmes, voir sensuelles ('Heatwave'), mêlant inspirations bluesy, jazzy, cabaret aux bases pop wave du duo. Mais il est clair que la marque de fabrique de Bronski Beat était cette voix si particulière de Jimmy Sommerville, haut perchée, capable d'atteindre des aigus surprenants et empreinte d'une touche de mélancolie discrète mais profonde. Cela est frappant sur les bonus comme le très gospel 'Memories' ou un 'Puit d'amour ' a capella bouleversant. Certes, pour qui ne la supporterait pas, c'est l'univers du trio qui lui ferme ses portes.
Pour ma part, voilà un bon disque pop que j'ai toujours plaisir à réécouter avec nostalgie."
Idem.

1. Why? 4:04
2. It Ain't Necessarily So 4:43
3. Screaming 4:15
4. No More War 3:55
5. Love and Money 5:07
6. Smalltown Boy 5:02
7. Heatwave 2:40
8. Junk 4:17
9. Need-a-Man Blues 4:20
10. I Feel Love/Johnny Remember Me 5:59
Bonus
11. I Feel Love (Medley with Marc Almond) 8:22
12. Run from Love (remix from "Hundreds and Thousands") 8:14
13. Hard Rain (remix from "Hundreds and Thousands") 7:54
14. Memories 2:54
15. Puit d'Amour 1:30
16. Heatwave (remix from "Hundreds and Thousands") 5:44

Steve Bronski - keyboards, percussion
Larry Steinbachek - keyboards, percussion
Jimmy Somerville - vocals
&
Cellos - Beverly Lauridsen, Jesse Levy, Mark Shuman
Choir - The Pink Singers
Congas - John Folarin
Horns - Uptown Horns (Cris Cioe (alto sax & solo, "Love And Money"), Arno Hecht (tenor sax and clarinet solo, "It Ain't Necessarily So"), Hollywood Paul (trumpet) and Bob Funk (trombone))
Tap Dance - Caroline O'connor

BRONSKI BEAT

ReLaX!
Frankie Goes to Hollywood "Welcome to the Pleasuredome" (10/1984)
ou "Synth-Opera"

Il y a ceux qui font dans la mesure, dans la délicatesse et le bon goût et il y a ceux qui n'en font qu'à leur tête quitte à ne pas se faire que des amis, c'est certainement dans la seconde catégorie qu'on trouve Frankie Goes to Hollywood et son magnum opus, Welcome to the Pleasuredome, que va nous évoquer Erwin (Forces Parallèles) :
"Nous voici face au plus bel ovni très identifié de la nouvelle vague. Incontournable, avant-gardiste, visionnaire, la sensation anglaise de l’année 1984 débarque comme il se doit de la ville des scarabées, des docks de Liverpool, cité de musique s’il en est. Quelques années de galère dans le tour club de la ville et le groupe se stabilise autour d’un line up forgé par la voix aisément identifiable de Holly Johnson. Bien entendu, la filiation homosexuelle notoire –Johnson et Rutherford sont gays - est un des éléments clés de leur succès… Non pas que tout le monde soit devenu gay du jour au lendemain, mais nous sommes en pleine éclosion des phénomènes de reconnaissance de cette frange de la population jusqu’alors mise au ban de la société, Rock Hudson vient de décéder du Sida –Holly est aujourd’hui porteur du VIH- , Freddy Mercury assume son rôle avec conviction, l’heure est au combat. Quoi de mieux que cet album à la bizzaroïde peinture Picassienne et une série de hits incomparables pour symboliser cette révolution. L’histoire est en marche !
Car « Relax » déboule en cette fin d’année 1983 avec une vidéo résolument agressive articulée autour du monde gay et de ses excès. La première écoute de ce titre historique surprend toujours. Les interdictions fleurissent de partout –MTV !- mais n’empêchent nullement le titre de truster toutes les premières places des billboards, comme il se doit. Apocalyptique, une tranche d’agressivité que l’on n’aurait pas crû possible en jouant de la New Wave. Le single de cette année 84, assurément.
« Two tribes » prend alors le relais, avec la même débauche de basse surpuissante et ce penchant avéré pour l’agression dans la voix de Holly, superbe performer et désormais figure emblématique des mouvements gay. Là encore la vidéo fait mouche et dépeint les leaders russes et américains en train de s’étriper sur un pseudo ring. Le résultat est à la hauteur et prouve que les mecs ne sont pas que des marionnettes de carnaval, qu’ils ont des trucs « sérieux » à dire. Pas de doute c’est du classique.
Et pour en remettre une couche, voila que nos Frankies sortent un troisième single à l’opposé de ces deux bombes. Il s’agit de l’universel slow « The power of love ». D’une douceur étonnante, la vidéo dépeint les scènes de la nativité avec une certaine justesse… On s’attendait à plus de subversion… Finalement ce sont des mecs bien en plus ? En tout cas cette chanson immortelle complète le triptyque des numéros 1 du Billlboard que FGTH sera le seul à atteindre dans les eighties avec cette régularité de métronome.
Et ce n’est pas tout, nous pouvons citer l’antiguerrière « War », sa basse slapée et son rythme étudié pour les dancefloors. L’autoproclamée « Welcome to the pleasure dome »… Le slow « Ferry » ou Holly fait montre d’une belle technique vocale. La jazzy samba « San jose »… Ca part dans tous les sens, et la reprise pêchue de SPRINGSTEEN « Born to run » passe comme une lettre à la poste, on y notera d’ailleurs le superbe solo de basse. Il y a même avec « The ballad of 32 » un instrumental Bowiesque.
Sur la seule force de ses trois singles ainsi que des deux autres classiques que sont « War » et « Welcome to the pleasure dome », l’opus ne peut que prétendre à la note maximale. Rajoutons que les musicos ne sont pas des manchots –écoutez la basse omniprésente de Mark O’Toole -, que Holly est un leader de choix, et même si la présence du choriste - ?- Paul Rutherford est inexplicable, le groupe a une gueule terrible. Et c’est ainsi que nous voila avec un des plus grands disques de l’histoire de la musique populaire.
Doit figurer dans toute discothèque qui se respecte.
"
Et avec les bonus de la présente édition Deluxe, c'est encore plus vrai. Foncez !

CD 1 - Album
1. The World is My Oyster (Including Well, Snatch of Fury) 1:58
2. Welcome To The Pleasuredome 13:40
3. Relax (Come Fighting) 3:56
4. War (...and Hide) 6:13
5. Two Tribes 3:28
6. for the victims of ravishment 0:35
7. Ferry (Go) 1:49
8. Born To Run 3:59
9. San Jose (The Way) 3:10
10. Wish (The Lads Were Here) 2:48
11. including the Ballad Of 32 4:49
12. Krisco Kisses 2:58
13. Black Night White Light 4:09
14. The Only Star in Heaven 4:16
15. The Power Of Love 5:31
16. bang 1:09

CD 2 - Bonus
1. Relax (Greatest Bits) 16:59
2. One September Monday 4:49
3. The Power of Love (12 inch version) 9:30
4. Disneyland 3:07
5. Two Tribes (Between Rulers And Ruling) 4:10
6. War (Between Hidden And Hiding) 4:00
7. Welcome To The Pleasuredome (Cut Rough) 5:40
8. One February Friday 5:00
9. The Ballad of 32 (Mix 2) 11:03
10. Who Then Devised the Torment? 0:16
11. Relax (Greek Disco Mix) 6:18
12. Watusi Love Juicy 4:03
13. The Last Voice 1:14

Holly Johnson: lead vocals
Paul Rutherford: backing vocals
Brian Nash: guitar
Mark O'Toole: bass
Peter Gill: drums
&
J. J. Jeczalik: keyboards, programming, software
Andrew Richards: keyboards
Luís Jardim: percussion
Anne Dudley: keyboards, string arrangement on "The Power of Love"
Stephen Lipson: guitar
Steve Howe: acoustic guitar on "Welcome to the Pleasuredome"
Trevor Rabin: guitar, keyboards
Trevor Horn: backing vocals, bass

FRANKIE GOES TO HOLLYWOOD

SyNTH-iNDuSTRy
Cabaret Voltaire "Micro-Phonies" (11/1984)
ou "Bienvenu au Théâtre Monstrueux"
 
La synthpop triomphe alors, forcément, ça donne quelques idées à des formations plus à la marge comme les industrieux de Cabaret Voltaire et leur Micro-Phonies dont EmixaM (X.Silence.net) va nous entretenir :
"En 1984, la synthpop préside dans les charts. Le synthé mis en exergue dès la début des années 70 par Kraftwerk devient prédominant en Angleterre vers 1977/1978. Le punk anglais se mixe avec l'électronique millimétrée allemande ce qui donne naissance au genre synthpop et new wave. Des groupes tels que Tubeway Army, Human League, Depeche Mode ou encore John Foxx se forment et deviennent des superstars en campant les premières places des charts...
De l'autre coté, des groupes beaucoup plus punk décident d'expérimenter ces nouveaux sons afin de créer un genre de musique très abstraite, industrielle et expérimentale. Parmi ces groupes, on peut citer Throbbing Gristle, et bien-sûr Cabaret Voltaire dans leur première période.
Entre 1974 et 1982, Cabaret Voltaire joue sur les sons, les rares synthés, les bandes préenregistrées et le duo guitare/basse passée a la distorsion.
Le groupe comprend alors les membres suivants; Stephen Mallinder (chant, basse, synthé), Chris Watson (synthé, magnéto et effets) ainsi que Richard.H Kirk (guitare, synthé). Après quatre albums de musique abstraite et industrielle (dont un superbe Three Mantras) et quelques EP dans le même style (Extended Play ou 2x45 pour ne citer qu'eux), Chris Watson quitte le groupe en 1982 et laisse le duo Mal/Kirk prendre une nouvelle direction. Après une tournée mondiale en 1982 (qui les emmènera notamment au Japon, voir l'album live Hai), le groupe change de direction sonore et en 1983 avec l'album The Crackdown passent au synthpop/funk industriel.
Après une courte tournée de promo pour The Crackdown (qui verra leur premier et dernier passage en France, novembre 1983), le duo se tourne de nouveau vers la composition afin d'enregistrer un nouvel album studio. Cet album sortira en fin 1984 et baptisé Micro-Phonies. C'est leur plus gros succès commercial a ce jour.
Ce succès est dû a l'arrivée dans les charts indie de deux singles extrait de l'album; "James Brown" et surtout "Sensoria" dont le clip réalisé par Peter Care se verra massivement diffusé par MTV a l'époque et élu meilleur clip de l'année 1984 par le LA Times.
Subjectivement, Micro-Phonies n'est pas le meilleur album de Cabaret Voltaire (cet honneur revient a The Crackdown ex-aequo avec la compilation video Gasoline In Your Eye sortie fin-1985). Cependant, l'album est bien mixé et la continuité est bien présente. "Do Right" ouvre l'album sur une rythmique très eighties avec une ligne de synthbass très représentative de l'époque. On retrouve dès ce premier morceau l'usage quasiment abusif de samples, marque de fabrique chez Cabaret Voltaire (et de toutes les productions Richard H Kirk). "The Operative", second morceau rappelle Joy Division dans une version plus funky et industrielle a la fois. Il faut alors rappeler que les Cabs et que les membres de Joy Division/New Order étaient amis... (cf leur demo commune de 1980 avec Rob Gretton a la voix...) "Digital Rasta" est une sorte de petite blague sympathique de Cabaret Voltaire aux mélanges des genres qui avait lieu a cette époque ; le morceau reprends la structure d'un morceau de reggae/dub a la sauce electro/industriallofunk des Cabs, ce qui a un effet surprenant car assez bon. Vient ensuite "Spies In The Wires", hymne funk froid et sombre à l'espionnage omniprésent dans le contexte de guerre froide. La face A se termine sur "Theme From Earthshaker". Ce morceau devait être le thème principal du second film de Cabaret Voltaire qui ne fut finalement pas tourné (le premier étant Johnny Yesno, projet de 1981/82 qui a abouti a un film d'une heure et demie sur l'aliénation de la société par le travail d'usine, le film est visible sur youtube). Le morceau sonne donc comme un thème de film d'horreur style John Carpenter.
La face B démarre sur l'autre grand succès public des Cabs a cette époque, le morceau "James Brown" qui sans contenir de samples du maitre fait quand même sentir une maitrise de l'electro funk industrielle. L'usage de samples de trompettes distordues et distantes au dessus d'un méli-mélo de synthbass funky permet de créer une rythmique dansante et mémorable. "Slammer", plus calme, reste dans la direction du funk industriel mais sans être aussi marquant que le morceau précédent. "Blue Heat" est un morceau sorti sur la face B du single de "Sensoria". Bien rythmé et très typé new wave, il manque un je-ne-sais-quoi a ce morceau pour frapper juste. L'album se termine sur le gros hit des Cabs (le plus gros avec "Nag Nag Nag"), "Sensoria" qui reprend quasiment les mêmes patterns et éléments mélodiques de "Do Right" avec un changement dans la rythmique et la ligne de basse. On retrouve d'ailleurs les même samples "do right, go to church, always work" qui dénoncent bien évidemment la quasi-dictature des groupes extremistes chrétiens et autres sectes...
En conclusion, Micro-Phonies est un bon album dans l'ensemble. Il faut rappeler que c'est le seul véritable album d'électropop de Cabaret Voltaire. Après une tournée mondiale entre fin 1984 et début 1985, les Cabs reviennent a l'électro-industriel avec leur EP Drinking Gasoline (accompagnant la VHS "Gasoline in your Eye" citée plus haut) et surtout l'album suivant, The Covenant The Sword And The Arm of The Lord (qui est nettement moins bon)."
Alors, l'indus à la sauce Synth ? Ca ne se manque pas, voyons !

1. Do Right 6:43
2. The Operative 3:13
3. Digital Rasta 5:39
4. Spies in the Wires 3:19
5. Theme from Earthshaker 2:48
6. James Brown 4:58
7. Slammer 5:38
8. Blue Heat 4:02
9. Sensoria 3:58
Bonus
10. Sensoria (12" Mix) 7:52
11. Blue Heat (12" Mix) 7:25

Richard H. Kirk - Synthesizers, programming & guitars
Stephen Mallinder - Vocals, bass
Roger Quail - Drums
Mark Tattersall - Percussion
Eric Random - Tablas

CABARET VOLTAIRE

CooL-HaND NiK
Nik Kershaw "The Riddle" (11/1984)
ou "Synth Idol"

C'est un peu le syndrome Howard Jones part II, un beau gars avec le look, les chansons et les arrangements qui collent au plus près des goûts d'alors... Sauf que Nik Kershaw a sans doute beaucoup plus à dire et ne cache que maladroitement (youpi !) des racines qui viennent d'avant, quand les synthétiseurs étaient déjà rois mais que les cheveux étaient longs et les chansons itou.
Parce qu'il y a, chez Nik, plus que chez tout autre représentant de la hype générationnelle, une écriture d'un extrême classicisme qui, malgré des arrangements tout à fait de leur époque, reste immensément détectable, en plus d'un bon goût compositionnel qu'il est temps de démontrer. Ca commence en fait dès Don Quixote qui, malgré ses boîtes à rythmes, sa basse funky et ses cuivres synthétiques est nettement plus substantiel et cherché que la moyenne synthpop des octantes, et tant pis si un refrain un peu léger et d'hispanisants oripeaux pas forcément toujours du meilleur effet viennent légèrement noircir le tableau, on est nettement plus dans la tradition d'un Peter Gabriel, d'un Brian Eno voire d'un Robert Fripp que dans une bête relecture pop des préceptes kraftwerkiens. A partir de là, il n'y a pas de surprise à constater que la palette de Kershaw, d'un poil de rock à guitares comme dans You Might ou Wide Boy, d'une esthétique new wave classieuse pas sans rappeler le Japan de David Sylvian (Wild Horses, Save the Whale... jusque dans le maniérisme mélodique du chant de Nik), d'un petit détour vers la Jamaïque (Roses et ses accents reggae bien gérés) ou, évidemment !, d'une adaptation maline d'influences celtiques bienvenues justement couronnée de succès (The Riddle, énorme tube !), a un arsenal à sa disposition que peu des ses condisciples peuvent revendiquer et qui n'est que confirmée dans les inédits de cette version Deluxe dont le délicieux piano/voix So Quiet.
Tout ça pour de la musique légère à visée ouvertement commerciale se morfondront certains. Et alors ? Quand c'est aussi bien fait, et à condition de pouvoir encaisser les différents gimmicks 80s forcément présents, il n'y a pas à bouder son plaisir.

CD 1 - Album
1. Don Quixote 4:55
2. Know How 4:52
3. You Might 3:17
4. Wild Horses 3:59
5. Easy 4:13
6. The Riddle 3:52
7. City of Angels 3:56
8. Roses 3:58
9. Wide Boy 3:28
10. Save the Whale 6:02

CD 2 - Bonus
1. Roses (Live) 4:45
2. The Riddle (Extended) 5:12
3. Know How (Live) 4:54
4. Don Quixote (Extra Special Long Mix) 8:44
5. City Of Angels (Live) 3:59
6. So Quiet 3:13
7. Wild Horses (Live) 3:59
8. Wide Boy (Extended Mix) 5:10
9. You Might (Live) 3:31
10. Don't Lie 3:55
11. Save The Whale (Live) 6:05

NIK KERSHAW

BiG HaiR!
Tears for Fears "Songs from the Big Chair" (02/1985)
ou "Big Sound"

C'est un peu la queue de la comète new-wave, un peu l'apparition d'une nouvelle vague pop parce que, si Tears for Fears ne furent pas de ces météoriques succès, il y a une raison, ils ont du talent quelque soit les atours dont ils usent pour leurs albums, comme sur ce classique, ce Songs from the Big Chair des mid-80s, un triomphe de l'époque jusque dans les arrangements capillaires discutables des deux membres...
Deux ans plus tôt, la formation, encore quatuor avec, en sus d'Orzabal et de de Smith (le premier également principal compositeur), un claviériste (Ian Stanley) et un batteur (Manny Elias), a fait une remarquée apparition avec un premier long-jeu, l'ambitieux et réussi The Hurting, et quelques singles, Mad World, depuis re-popularisé par Gary Hughes sur la BO de Donnie Darko, Change et Pale Shelter qui, s'incrustant toutes trois dans le Top 10 d'Outre-Manche, lancèrent une prometteuse carrière. On y imagine la pression quand il fut temps d'accoucher d'un successeur mais, tranquilles et sûrs de leur fait, n'hésitant pas à marquer une très nette évolution voire une transformation, les membres de Tears for Fears convoquent le gotha des musiciens de studio pour réaliser leur vision. Dans les faits, ça donne un album nettement moins nerveux que son prédécesseur où, des un Shout inaugural promis à une évidente carrière radiophonique (qui continue toujours aujourd'hui) on comprend que ces gars-là sauront satisfaire au-delà des plus folles expériences. La suite, d'un The Working Hour éthéré émaillé d'intervention saxophoniques aussi surprenantes que bienvenues (par Mel Collins, de chez King Crimson, oui !, et Will Gregory) et à l'emballage rythmique (la participation de Jerry Marrota aux percus n'a pas dû nuire) absolument passionnant à décortiquer, à un Everybody Wants to Rule the World tube immédiat en plus d'être une chanson excellemment troussée, un cinématique et funko-percussif Mothers du plus bel effet, un I Believe délicieusement cotonneux et jazzy où s'exprime parfaitement la personnalité vocale rêveuse de Curt Smith, et, évidemment, puisque c'est un autre hit, à un très accrocheur Head Over Heels qui s'imprime immédiatement dans les mémoires. Comme en plus, on ne rechigne pas à déguster les bonus de la présente édition, il n'en faut pas plus pour applaudir franchement la performance.
Produit par l'ex-Adam and the Ants, qui en était aussi le producteur d'ailleurs, Chris Hughes, totalement caractéristique de son temps et pourtant étonnamment peu daté aujourd'hui (peut-être parce que les performances instrumentales, du groupe comme de ses invités, y sont particulièrement soignées), Songs from the Big Chair est plus qu'un succès jauni, une galette toujours chaudement recommandé aux amateurs d'une pop rock finement exécutée et instrumentalement développée (dans l'esprit du So de Peter Gabriel ou du Once Upon A Time de Simple Minds).
Tears for Fears en 1985 ? Ils avaient tout bon !

1. Shout 6:32
2. The Working Hour 6:30
3. Everybody Wants to Rule the World 4:10
4. Mothers Talk 5:09
5. I Believe 4:53
6. Broken 2:38
7. Head over Heels/Broken (Live) 5:01
8. Listen 6:48
Bonus
9. The Big Chair 3:21
10. Empire Building 2:52
11. The Marauders 4:16
12. Broken Revisited 5:16
13. The Conflict 4:05
14. Mothers Talk (U.S. remix) 4:13
15. Shout (U.S. remix) 8:02

Roland Orzabal - guitar, keyboards, lead vocals, grand piano on 5, vocal styling on 8, bass synth and LinnDrum Programming on 1
Curt Smith - bass guitar, vocals (lead vocals on 3 and 8)
Ian Stanley - keyboards, synths, LinnDrum programming, arrangements on "Listen"
Manny Elias - drums
&
"Shout": Sandy McLelland - backing vocals, Chris Hughes - drums
"The Working Hour": Jerry Marotta - percussion, Will Gregory - saxophone solos, Mel Collins - saxophone, Andy Davis - grand piano
"Everybody Wants to Rule the World": Neil Taylor - second guitar solo, Chris Hughes - drums and MIDI programming
"Mothers Talk": Stevie Lange - backing vocals
"I Believe": Will Gregory - saxophone
"Broken": Neil Taylor - guitar solo
"Head over Heels": Sandy McLelland - backing vocals, Andy Davis - grand piano, Annie McCaig - backing vocals, Marilyn Davis - backing vocals
"Listen": Marilyn Davis - operatic vocal

TEARS FOR FEARS

L'auTRe aSie
China Crisis "Flaunt the Imperfection" (1985)
ou "Finding Direction"

Comme l'excellent Gérard Bar-David a eu la bonne idée d'ouvrir un blog où il archive ses travaux passés dans la presse rock française, Best en particulier, en plus de continuer son travail d'explorateur, voici une chronique parue dans le numéro 203, juin 1985, de Best justement du Flaunt the Imperfection des synthpoppers de China Crisis :
"Voici trente ans exactement sortait ma kronik du troisième et brillant LP du combo pop de Liverpool China Crisis. Fan de Steely Dan, dont le guitariste Walter Becker est aux commandes de la production, j’avais craqué sur ce « Flaunt The Imperfection» aux irrésistibles accents du duo Donald Fagen-Walter Becker. Trois décennies plus tard, ce joyeux joyau pop n’a pas pris l’ombre d’une ride.
En écrivant ces lignes pour BEST cet été 85, j’ignorais encore que deux mois plus tard je me retrouverais à bord d’un Boeing 747 à destination de San Francisco où les British de China Crisis démarraient leur première tournée Américaine. En attendant de retrouver ce reportage vintage dans votre Gonzomusic favori, voici la chronique de leur LP telle que publiée dans le numéro 203 du mensuel BEST :
Tiens, le nouveau China Crisis est produit par Walter Becker. Son cristallin, perfection assurée, transparence de l’émotion instrumentale, je n’ose y croire. Serait-ce LE Walter Becker, héros du Steely Dan de mon adolescence? Eh oui, après le split du Dan, tandis que Donald Fagen nous balançait son LP solo, Walter entamait sa traversée du désert. Profitant des leçons du génial Gary Katz, le voici réalisateur de China Crisis. Si le mot suave a encore un sens aujourd’hui dans la musique, c’est bien grâce à Steely Dan, les jusqu’au-boutistes de l’empire du son. Plus loin, plus fort, plus intense, Becker adapte la technique du Dan aux petits China Crisis et ce troisième LP éclipse largement les précédents. Pour ce groupe aimable avec ses, titres à tiroirs, l’effet Becker est une terrible mutation. La petite formation liverpuldienne se retrouve projetée sur le devant de la scène. « Flaunt The Imperfection» est une pièce d’orfèvrerie aussi rare dans nos années technologiques qu’une rose des sables chez Interflora. Sans un seul nuage, le ciel limpide de cet album brille de tous ses titres après l’éblouissement initial de « Black Man Ray», le premier single. Becker éclipse ses confrères et même son faux homonyme Arthur. Versant plus pop du retour anglais à la fraîcheur soft, cette « Crise Chinoise » apporte là une sacrée contribution pour surmonter la crise d’inspiration britannique.
"
Voilà, vous en savez assez pour plonger sans la moindre crainte !

1. The Highest High 4:16
2. Strength of Character 2:50
3. You Did Cut Me 4:18
4. Black Man Ray 3:39
5. Wall of God 5:32
6. Gift of Freedom 4:38
7. King in a Catholic Style 4:32
8. Bigger the Punch I'm Feeling 4:21
9. The World Spins, I'm Part of It 4:12
10. Blue Sea 4:46

Gary Daly – vocals, synthesizer
Eddie Lundon – guitar, vocals
Walter Becker – synthesizer, percussion
Gary "Gazza" Johnson – bass
Kevin Wilkinson – drums, percussion
&
Tim Renwick - all guitar solos

CHINA CRISIS

MiNoR ToMS
Sigue Sigue Sputnik "Flaunt It" (03/1986)
ou "Les Escrocs"

Juste à côté de la synthpop, il y eut des exemples d'expérimentations tentant de recycler le rock avec un surplus de rock additionné. C'est ainsi qu'arriva Sigue Sigue Sputnik, une bande de talentueux escrocs auteurs d'un cyber-glam pseudo-post-apocalyptique ont Twilight (Guts of Darkness) va nous détailler la recette :
"Sigue Sigue Sputnik a failli être un groupe génial...Oui, oui, j'en vois déjà qui rient dans la salle...Laissez-moi donc poursuivre...
Nous sommes en plein milieu des 80's, le punk se veut mort, la new wave est en train de devenir...oui, le mot magique, 'devenir'...le milieu des 80's est une période de construction et de devenir; l'informatique est en plein boum, les cds commencent à sérieusment concurrencer le vinyl, l'économie change... bref, beaucoup de modèles établis chancellent, même si peu de personnes le perçoivent...Voilà que débarque une bande d'allumés qui semblent à la fois sortis de Blade Runner et Mad Max, puant l'américanisme le plus décadent alors qu'ils sont anglais...Oui, riez si vous voulez, Sigue Sigue Sputnik s'annonce comme un groupe punk d'un genre nouveau. Philosophiquement 15 ans trop en avance sur Marilyn Manson et musicalement 15 ans trop en retard sur Suicide, le groupe le paiera très cher...en partie de par sa faute, mais aussi, j'en reste convaincu, de par sa place dans l'histoire du rock.
Bref, explications: bien avant Manson, nos loustics ont compris qu'une nouvelle forme de société est en train d'émerger, toute d'excès et de contradictions, pas toujours positifs d'ailleurs...Dans l'équipe se trouve un certain Tony James, ex-membre d'un groupe punk anglais de seconde zone, Generation X...dont le chanteur, un certain Billy Idol, fera la brillante carrière que l'on sait...Tony, comme son compère Billy, a vite compris l'impasse du punk, mais contrairement à son collègue qui se sent comme un poisson dans l'eau dans certains clichés du rocker pur et dur qui restera à jamais insoumis, il cherche autre chose. Cette société, au lieu de la dénoncer sans succès, son nouveau projet, Sigue Sigue Sputnik, va l'incarner à outrance, en explorer tous les excès, devenant la personification ultime de tout ce qui est critiqué...Débarque une bande de punks aux crêtes roses, vêtus de vinyl, chantant l'âge coca-cola, la consommation à l'extrême, l'explosion de l'informatique et la bisexualité...Musicalement, nos lascars vont opter pour une ligne épurée à l'extrême à la Suicide, basse électro uniforme, presque similaire sur tous les morceaux, un rythme ultra binaire (produit par deux batteurs, là où une boîte à rythmes eut suffi !), un chant scandé plus que chanté, déformé par des tonnes d'effets, quelques lignes de guitare rock'n'roll pour la forme et des millions de samples (de Bach à des extraits de téléjournal)...
Ce n'est pas tout, Sigue Sigue Sputnik pousse l'outrecuidance jusqu'à introduire des plages de pub entre chaque chanson, déforme les classiques du rock, multiplie les déclarations sulfureuses...Le reste appartient à l'histoire; produit par Giorgio Moroder (tout de même !), le groupe se voit décrié de partout, organise une première tournée qui s'avère un flop retentissant...bref, tout pour devenir culte ! Oui, mais voilà, comme certains poètes l'ont dit, c'est dans la chute que l'on reconnait la grandeur d'un homme. Or, Sigue Sigue Sputnik, au lieu de persévérer dans leur voie extrême et assumer leur satut de groupe punk du XXIème siècle va tout gâcher avec un second disque désastreux, produit par les faiseurs de tubes de l'époque, Stock, Waterman et Aitken (à qui l'ont doit des infections comme Kylie Minogue, Rick Astley, etc), détruisant d'un seul coup une réputation de groupe maudit qui eut pu faire leur renommée...
Reste ce premier album génial, 'Flaunt it', personnification des excès des 80's et des questions en devenir, avec des tubes comme 'Love missile F1-11', '21st century boy' ou 'Sex, bomb boogie'...à consommer sans modération !"
Testez-le, mais testez-le vous dis-je !

1. Love Missile F1-11 (Re-Recording Part II) 3:49
2. Atari Baby 4:57
3. Sex-Bomb-Boogie 4:48
4. Rockit Miss U·S·A 6:08
5. 21st Century Boy 5:10
6. Massive Retaliation 5:02
7. Teenage Thunder 5:17
8. She's My Man 5:37

Martin Degville - vocals
Tony James - synth guitar
Neal X - electric guitar
Ray Mayhew - drums
Chris Kavanagh - drums
Miss Yana Ya Ya - special effects

SIGUE SIGUE SPUTNIK

Nu-MoDe
Erasure "Wonderland" (05/1986)
ou "Out of the Closet"

Passé par Depeche Mode, par Yazoo, voici enfin Vince Clarke dans le projet qui tiendra le choc des ans, et qui continue toujours aujourd'hui d'ailleurs, son duo avec le vocaliste Andy Bell, Erasure.
Le programme ? Une synthpop aux accents soul pas sans rappeler le précédent projet de Clarke sauf qu'à la voix féminine d'Alison Moyet s'est substituée celle, souvent androgyne, de Bell... Et puis c'est tout parce que force est de constater que si Clarke et son nouveau partenaire ont réussi une vraie belle pièce de pop sautillante articulée par des synthés totalement 80s et des beats juste dansants ce qu'il faut pour ne surtout pas venir interférer avec la verve mélodique et compositionnelle du duo tout en flattant les envies de déhanchements de jeunes britanniques en demande. Bêta pour autant Wonderland ? On ne va pas se mentir, un peu mais tellement glorieusement troussé, tellement immédiatement addictif qu'on ne le voudrait surtout pas autrement. Il faut dire aussi que le partenaire de jeu de l'ex-Depeche Mode possède un organe qui, s'il ne démontre pas encore toute l'étendue de sa palette, a tout pour séduire comme démontré, par exemple, sur le plus lent et atmosphérique Cry So Easy.
Et donc, avec des singles, pas d'énormes succès à leur sortie, aussi savoureux que le joyeux Who Needs Love Like That ou l'irrésistible rengaine sensualo-kitsch Oh l'Amour, Erasure emballe sa première petite affaire avec un naturel et une facilité qui augurent de lendemains radieux qui ne tarderont d'ailleurs pas à arriver. Recommandé.

1. Who Needs Love Like That 3:17
2. Reunion 3:24
3. Cry So Easy 3:35
4. Senseless 3:26
5. Heavenly Action 3:26
6. Say What 3:56
7. Love is a Loser 3:01
8. March on Down the Line 3:44
9. My Heart... So Blue 4:30
10. Oh L'amour 3:24
Bonus
11. Who Needs Love Like That (The Love That Mix Version) 6:09
12. Oh L'amour (The Funky Sisters Remix) 7:06

Andy Bell - vocals
Vince Clarke - musics

ERASURE

LaTeR oN...
Pet Shop Boys "Actually" (09/1987)
ou "Les derniers Géants"

Ce sont probablement les derniers géants de la synthpop, ceux qui donnèrent au genre ses "palmes académiques" aussi tant il est vrai que les Pet Shop Boys non seulement maintiendront le genre dans une période creuse mais sauront construire dessus une odyssée synthétique d'une variété et d'une richesse qui laisse pantois.
Parce que, présentement, les PSB réussissent le double challenge de faire un authentique album de dance music plein de pop et une œuvre ambitieuse. C'est évident dès la pièce d'ouverture, One More Chance, où, entre refrain entêtant et couplets quasi-expérimentaux sur un beat qui fleure bon les excès estivaux de jeunes anglais en goguette à Ibiza, mais avec un de ces ponts doux-amers et un de ces décrochages club  dont Tennant et Lowe on le secret... Les PSB, quoi ! Mais les PSB plus ultra par rapport à leur inaugural long-jeu, Please, qui pour plus simple n'en était pas moins un premier palier nécessaire au développement de la paire. Assumant totalement un attachement au passé d'ailleurs présent, si évidemment modernisé à l'aulne des possibles de la décennie en cours, non seulement dans une faconde mélodique assurément traditionnaliste et des arrangements empruntant autant à la soul des 60s qu'aux comédies musicales discoïdes des 70s qu'à de très traditionnels songwriters britanniques sans doute mais surtout étatsuniens (il y a définitivement du Cole Porter et du Rodgers et Hammerstein chez ces deux garçons biens sous tous rapports, écoutez It Couldn't Happen Here si vous ne me croyez pas).
Donc la palette s'élargit, et de belle façon, et comme en plus les singles de l'exercice, le délicieusement théâtral et vicieux It's a Sin et le so soul What Have I Done to Deserve This? avec, excusez du peu !, Dusty Springfield venu pousser la chansonnette, classe !, sont deux bombes du genre (synthpop, vous suivez ?) et que le reste est une impeccable collection sur laquelle on gigote avec une petite larme au coin de l'œil (on citera en particulier le magistral Kings's Cross de conclusion, la tête dans les nuages), la marque de fabrique des PSB, il n'y a pas à détailler Actually plus avant pour en recommander chaudement l'écoute appliquée et répétée, parce que les PSB, ce sont des artistes, des vrais !

1. One More Chance 5:30
2. What Have I Done to Deserve This? 4:18
3. Shopping 3:37
4. Rent 5:08
5. Hit Music 4:44
6. It Couldn't Happen Here 5:20
7. It's a Sin 4:59
8. I Want to Wake Up 5:08
9. Heart 3:58
10. King's Cross 5:10

Neil Tennant
Chris Lowe
&
Andy Richards – Fairlight CMI and keyboard programming on tracks 1, 4, 5, 7 and 9
Dusty Springfield – guest vocals on track 2
J.J. Jeczalik – Fairlight CMI programming on track 3
Gary Maughan – additional programming on track 3
Angelo Badalamenti – orchestra arrangement on track 6
Blue Weaver – Fairlight CMI programming on track 6
Adrian Cook – programming on track 8


PET SHOP BOYS
THe LeGeND LiVeS oN
New Order "Technique" (1989)
ou "Statuesque"

On ne pouvait décemment pas finir sans évoquer un des groupes majeurs de la synthpop qui, même quand la musique qu'il pratique se démode, continue de trouver de nouvelles solutions pour lui garder tout son intérêt. Voici donc Technique, 5ème album de New Order, d'après les mots de Seijitsu (Forces Parallèles) :
"L’acid house, tout est parti de là.
L’impact que cette musique provoqua sur l’Angleterre fut sans précédent dans son histoire musicale. Elle fut le terreau fertile pour bien des formations électroniques qui débuteront leur vocation grâce à ça (le plus étonnant étant de constater que bien de ces grands noms comme LFO, APHEX TWIN et AUTECHRE s’intellectualiseront de plus en plus pour être à l’image de leur label : Warp). Pourtant, la popularisation de ce sous genre vient surtout des groupes de rock. Il est vrai qu’il y a eu 808 STATE et THE KLF, mais ces types étaient pas loin d’être des punks (notamment THE KLF en réalité) et ce fut surtout NEW ORDER qui fut l’ambassadeur de cette dance music auprès du public rock.
Technique est donc l’étape supplémentaire pour confirmer l’importance des Mancuniens sur le son électro rock qui allait se développer à l’avenir. Quoi de mieux pour enregistrer un tel disque que de se ressourcer dans un des temples de l’hédonisme house ? Allez hop ! Direction Ibiza pour le groupe qui ne s’est pas fait prier pour concocter son 5ème album là-bas. On imagine bien la bande se prélasser au soleil la journée puis fureter entre les boites de nuits et le studio pour s’acquitter de ce skeud.
Technique est similaire à Brotherhood sur un point : il est toujours schizophrénique mais plus éclaté. Les gars (et la fille) étant partagés entre une dance efficace avant tout et une new wave élégante portée par la basse magique de Peter Hook. On ressent bien que plusieurs fortes personnalités essayent de mettre chacune leur grain de sel. Car on assiste au mélange des différents visages de leur musique, cela renforce encore plus la confusion. Ce qui tombe bien, car l'album est à l’image de sa pochette : irréel, kitsch et coloré.
L’enchaînement entre « Fine Time » et « All the Way » est criant de vérité. Le premier étant un pur titre house délirant au groove imparable (on peut y entendre des bêlements de chèvre, des bruits de pistolet laser… Tout y passe) et le second une perle new wave délicate où ses inoubliables claviers se font une réponse évidente au « Just Like Heaven » des CURE.
A l’exception de « Vanishing Point », qui injecte un chouia de leur mélancolie malgré son beat dansant (une mélancolie qui va s’étendre sur cette conclusion « Dream Attack » qui sent la gueule de bois, donc signifiant que la fête est terminée), NEW ORDER jongle avec sa personnalité pop un poil désenchantée et sa tentation de faire danser les gens. Ce qui en fait évidemment leur disque le plus haï des fans de la première heure et le préféré des personnes qui n’aiment pas le post-punk. A vous de voir dans quelle catégorie vous vous situez.
En dehors de ces considérations subjectives, Technique ne fait pas seulement date dans leur discographie en raison de sa qualité et de sa personnalité, mais parce qu’il est l’un des premiers jalons de cette ère acid house rock qui connaitra son fameux pic en 1991 (grâce à Screamadelica qui atomisera le genre par la même occasion). Un grand témoignage de cette période de fêtes sans fin où l’ecstasy commençait à se répandre telle une trainée de poudre.
Il reste à savoir pourquoi cette sortie était aussi fun. Pour fêter la fin imminente du règne de Margaret Thatcher ? Pour que NEW ORDER puisse conclure la décennie de manière magistrale avant qu’une longue traversée du désert ne pointe le bout de son nez ? Et si ce n’était pas un peu des deux ?
"
Voici qui conclut l'exploration de la synthpop des années 80, la suite s'intéressera... à la suite, évidemment. En attendant, vous avez du synthétiseur sur la planche !

1. Fine Time 4:42
2. All the Way 3:22
3. Love Less 2:58
4. Round & Round 4:29
5. Guilty Partner 4:44
6. Run 4:29
7. Mr. Disco 4:20
8. Vanishing Point 5:15
9. Dream Attack 5:13

Bernard Sumner – vocals, guitars, melodica, synthesizers and programming
Peter Hook – 4 and 6-stringed bass, electronic percussion, synthesizers and programming
Stephen Morris – drums, synthesizers and programming
Gillian Gilbert – synthesizers and programming, guitars

NEW ORDER

16 commentaires:

  1. SynthPop IV: Gloire ! (Troisième Partie, 1984-1988)

    Bronski Beat "The Age of Consent" (10/1984)
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    Frankie Goes to Hollywood "Welcome to the Pleasuredome" (10/1984)
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    CD 2 - http://www103.zippyshare.com/v/GR2thVYT/file.html

    Cabaret Voltaire "Micro-Phonies" (11/1984)
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    Nik Kershaw "The Riddle" (11/1984)
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    Tears for Fears "Songs from the Big Chair" (02/1985)
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    China Crisis "Flaunt the Imperfection" (1985)
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    Sigue Sigue Sputnik "Flaunt It" (03/1986)
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    Erasure "Wonderland" (05/1986)
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    Pet Shop Boys "Actually" (09/1987)
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    New Order "Technique" (1989)
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  2. Là aussi, tu tapes pile dans ce qui m'a fait basculé dans la musique.
    Bronski Beat; je ne pense pas écouté l'album, mais les deux signes de ce groupe étaient (et restent) des tueries. Et Jimmy Summerville avait une grande voix.
    FGYH: je connais l'album, mais je ne me l'ai jamais enregistré à l'époque. Je pense que je commençais déjà à chercher des choses moins commerciales. Pourtant ce disque en contient. Je l'ai réécouté cs dernières années, ça nettement mieux vieilli que bien d'autres disques de l'époque.
    Cabaret Voltaire: je ne connais pas ce disque. C'est un groupe donty j'ai pu découvrir la musique très taridvement, sans doute dans une médiathèque dans les mid 90/s. Du coup, je ne connais que leur début élevctro/indus. Donc c'est avec grand plaisir que je vais y jeter une oreille.

    Nick KERSHAW: J'aime toujours autant les deux singles que je connais de lui et bizarrement, c'est la m^me chose pour mes amies qui ont mon âge. Quand je sors mes compil maison 80's, ils veulent tous l'écouter en entier... J'avais récuperé quelques autres titres qui m'avaient moins plu.

    Tears For Fears: L'un des tout premiers ambums que j'ai enregistré en K7. J'avais beaucoup aimé. Puis effacé. Puis je l'ai récuperé il y a une dizaine d'années et je trouve qu'il a très bien vieilli. Cela reste un excellent disque. Sur le fond, je ne pense pas que cela soit de l'electro-pop (plus le précédent).

    China Crisis: je connais un tout petit peu. Un ami voulait me les faire écouter. Mais à l’époque j'avais en horreur ce style (trop froid et mou pour moi). Aujourd’hui, autant en souvenir de lui que d ce que je m'en rappelle, c'est avec plaisir que je vais le récupérer. Oui, entre temps, j'ai fait rentrer Steely Dan dans mon cercle musicale donc ça devrait mieux coller. Reste à savoir si le son n'a pas trop vieilli...

    SSS: Faudrait que j'écoute... Je connais leur single (pas trop mal), je me rappelle du disque en rayon avec un vrai robot avec... Mais bon, pour moi, cela reste un gros coup marketing...

    Earsure: Tu aimes décidément beaucoup Vince Clarke! ^-^ Mais c'est vrai qu'il a vraiment sa place avec Erasure. J'ai jamais vraiment trop accroché.

    Pet Shop Boys: j'étais passé à côté de cet album à l'époque. Rétroactivement, je trouve que c'est ici qu'on leur meilleurs singles. Et question son, c'est "mon" son des 80's. Moi aussi , je recommande fortement ce disque. Le suivant est peut-être meilleur en tant qu'album, mais celui-ci contient vraiment des chansons sublimes.

    New Order: effectivement, cet album a été pour moi l début du désamour. Pour le côté Electro-pop, je pense que Low Life aurait été plus représentatif. Et en plus, il collait davantage au niveau date. J'ai appris à réevaluer celui-ci. Mais je trouve que l'écriture des chansons est nettement moins aventureuses. On a vraiment couplet/refain/couplet/refrain/couplet/pont/refrain avec, qui plus est, des refrains et des couplets qui sont la somme de deux mélodies plutôt qu'un tout. Avec pour ma part, souvent l'impression que tantôt le couplet, tantôt le refrain est moins bons, ce qui fait que j'adhère rarement à la totalité des chansons... Mon album préféré est en fait le min-album qu'ils ont composé entre Movement et Power, lies and Corruptions (que j'appelais Factus 8 parce que c'était le seul truc imprimé dessus). Sur ce disque, le groupe ne sait pas encore où il va, mais il n'est plus Joy Division, il contient 5 chansons dont deux sur un format quasi maxi, mais ils touchent ici un vrai point d’équilibre fragile, un vrai instant de grâce....

    Globalement, je préfère cette sélection à la précédente.

    Je vais tacher, à la lumière de cette dernières sélection, de te faire mon top 10 Electro-pop à moi...

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    1. Merci pour, encore !, un long commentaire chaudement apprécié !
      J'espère que tu vas aimer le China Crisis, je l'ai ressorti récemment après l'avoir franchement oublié pour me rendre compte que si certains trucs de production ont en effet vieilli, ça tient encore parfaitement la route.
      Le choix du New Order c'est parce que, pour moi, ce groupe relance la musique synthétique orientée chanson qui va influencer Madchester mais aussi tous ceux qui suivent depuis.
      Pour le reste, j'attends ton retour.
      A+

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  3. Je connais beaucoup moins de choses sur les 2 précédentes sélections, je vais me plonger dans cette époque avec joie ! :)
    Pour l'instant j'ai bien aimé le Yazoo, je connaissais "Don't Go", y'a pas mal de belles choses sur l'album, malgré un ou deux titres en dessous. Mais on sent qu'ils cherchent, qu'ils expérimentent et ça pardonne les échecs relatifs.
    Pour le son on est très proche des débuts de Depeche Mode, qui sont je trouve un peu injustement dévalorisés en général, j'adore ce son kitsch et ces chansons simples qu'on retrouve sur la compilation de 81 à 86 du groupe.

    Sinon, j'adore les Pet Shop Boys qui semblent avoir un espèce de retour en grâce depuis 3-4 ans, et c'est tant mieux, c'est mérité. J'entends régulièrement "Always On My Mind" sur une radio nantaise en ce moment, et c'est une excellente chanson. Avec une orchestration, des chants à la Beatles et de vrais cuivres, elle mettrait à genoux n'importe quel puriste des sixties crachant sur les années 80.

    Merci pour ton travail sur tout ce genre musical, je connaissais à peu près tous les pionniers, mais après c'est quasi chou blanc, Visage, Human League, tout ça je connais grand max deux morceaux ! :)

    Faudra que je me fasse une petite sélection aussi, comme Audrey... J'ai bien envie de faire découvrir le 2e Soft Cell à certaines personnes par exemple... A voir ! Encore merci :)

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    1. Comme tu as aime Yazoo et que tu apprécies le Depeche Mode des débuts, je ne peux que te conseiller de boucler la triplette Vince Clarke avec le Erasure !
      Merci de ton commentaire et, il faut le dire, les PSB sont immenses et immortels si pas totalement infaillibles...

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  4. Merci pour cette belle rétrospective !

    En tant que fan d'ERASURE et de Vince CLARKE, je regrette juste que vous ayiez focalisé sur "Wonderland" qui ne me semble vraiment pas être le meilleur album du groupe, ni le plus représentatif, ni le le plus couronné de succès.
    Mon album préféré d'ERASURE, "Chorus" (1991), est certes hors-champ mais, pour cette période 1984-1989, j'aurais plutôt opté pour "The Circus" (1987), "The Innocents" (1988), ou même "Wild!" (1989), qu'en pensez-vous ?

    Sinon, j'en profite pour vous laisser un lien vers une page Facebook dédiée aux fans francophones d'ERASURE, malheureusement peu nombreux du fait de l’échec commercial du groupe en France. D'ailleurs, quasiment la moitié d'entre nous est de Belgique ou autre... L'usage du français y reste néanmoins obligatoire :
    https://www.facebook.com/groups/262807307863/

    Peut-être à bientôt !
    Erwann

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    1. J'ai choisi les trois premiers albums de Vince Clarke, consciemment. Donc Speak & Spell de DM, Upstairs de Yazoo (que tu dois connaître aussi, en tant que fan) et donc ce Wonderland annonciateur d'une belle carrière qui continue toujours aujourd'hui.
      Si le cœur te dit de m'en dire plus sur le parcours solo des deux d'Erasure avec quelques conseils à la clé, je suis preneur parce que, j'avoue, je n'en connais rien.
      Merci pour ton passage.

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    2. Bonjour,

      Merci de ta réponse !

      S'agissant des 3 premiers albums de Clarke, sache que tu as éludé le 2nd album de YAZOO, "You and Me Both" (1983)...

      Pour ce qui concerne ERASURE, je te recommanderais de continuer chronologiquement en écoutant le 2eme album du groupe, "The Circus" (1987), en commençant par le tube qui a lancé commercialement le groupe au Royaume-Uni et en Allemagne, "Sometimes", dont voici deux liens YouTube avec un super son :
      - version single :
      http://www.youtube.com/watch?v=qVAAN12iZmI
      - version remix :
      http://www.youtube.com/watch?v=hn3nuPbICT8

      Bonne écoute !
      Erwann

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    3. Pas mal retard à la réponse, désolé.
      Et donc, je précise ce qui n'a pas été bien expliqué à savoir que j'ai choisi les premiers albums de chacun des projets "historiques" de Clarke.
      Merci pour tes infos et tes suggestions aussi.
      A+

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    4. Pour le cas où, nous sommes quelques fans francophones d'ERASURE, réunis dans un groupe Facebook :
      https://www.facebook.com/groups/262807307863/

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    5. Merci de l'info, souhaitons que ceux qui sont intéressés trouvent leur chemin.

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  5. Quel courage, Zorny, que de mettre en avant une période musicale dont je ne garde pas un souvenir mémorable. Et pourtant, oui, Frankie c'était quelque chose, j'en conviens. Une bien belle claque à nos esprits bien pensants. Merci l'ami.

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    Réponses
    1. Et merci à toi mais je crois qu'on est pile ou moment où, pour les jeunes, tu sais ceux qui n'étaient pas nés quand on pourrissait d'injures ces garçons coiffeurs à claviers, c'est plus vintage que 80s pourri... Et puis, il y a de sacrée chansons comme chez, si tu ne les connais pas je te les recommande, les Pet Shop Boys, China Crisis ou Bronski Beat !
      Merci de ton passage, Jeep'

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  6. J'ai écarté Japan, Simple Minds et Tears For Fears parce que pas Techno-pop dans ma tête. Et les pionniers d'avant Gary Numan. En y songeant, il y aurait pu avoir A-ha, Scritti Politti ou Heaven 17 pour boucler ta sélection.

    Je mettrais dans mon top 10 ces disques:

    Gary Numan "The Pleasure Principle"
    Soft Cell "Non-Stop Erotic Cabaret"
    The Human League "Dare"
    Orchestral Manœuvres in the Dark "Architecture & Morality"
    Blancmange: Happy Families
    Colin Newman : « Commercial Suicide »
    Depeche Mode « Some Great Rewaerd »
    FGTH : «Welcome to the pleasure Dome »
    Pet Shop Boys "Actually"
    New Order "Low »

    Je ne considère pas le DM comme un chef d'oeuvre mais il est vraiment pour moi emblématique de la Techno-pop, pareil pour FGTH. Blancmange, faudrait plutôt mettre une compil' (comme beaucoup de groupe de cette époque, faut l'avouer).
    Je n'ai pas mis Cabaret Voltaire et le Eurythmics parce que je ne les ai pas encore écoutés qui mériteraient certainement leur place aussi...

    Et toi, ton top 10 de ce mouvement?

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    Réponses
    1. J'ai un sacré retard sur la réponse cette fois, désolé.
      Et donc, je vais réfléchir à un TOP 10 qui, va savoir !, servira peut-être dans un billet prochain. J'aime beaucoup ta liste sinon mais il y en a deux que je n'y connais pas : Blancmange et Colin Newman, peux-tu m'en dire un peu plus ?

      Et, comme d'hab', merci de ton enrichissant passage ! ^_^

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  7. Tu ne connais pas Colin Newman? C'est l'un des leaders de Wire!!! Sur cette album, il fait de l'electro intimiste, tout en restant pop. Un album qui comme tu le dis souvent que je te recommande chaudement! Sans rire, un vrai chef d'oeuvre dans le genre.

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