mercredi 30 juillet 2014

Le diable par la queue (The Genesis Studio Series 9/15)

Peter parti, on ne donne pas cher de la peau de ce dinosaure progressif d'autant qu'ils remplacent leur chanteur emblématique par leur batteur barbu... Quelle erreur !

Genesis "A Trick of the Tail" (1976)
ou "Second souffle"


Qui aurait pensé que Genesis survivrait au départ de Peter Gabriel et, même !, gagnerait régulièrement en popularité son référentiel frontman parti ? Pas grand monde en vérité.

 
Artistiquement, A Trick of the Tail fut accueilli avec un énorme ouf de soulagement. Parce qu'on y retrouvait un Genesis à peine marqué par l'expérience toute en noirceur de The Lamb Lies Down on Broadway. Parce qu'on y découvrait un chanteur capable de reprendre le poste de celui qu'on pensait irremplaçable, un chanteur étonnamment familier puisqu'on l'avait déjà entendu en support de son prédécesseur mais aussi parce qu'il y sonnait souvent comme celui-ci (sans en avoir tout à fait la fêlure soul ou l'énergie rock, c'est entendu). Parce que la musique qui y était proposé restait familière tout en se démarquant juste ce qu'il fallait pour qu'on sente encore le groupe progresser. De fait, s'il y a suffisamment de matériel qu'on aurait facilement imaginé sur Foxtrot ou Selling England by the Pound, il y a aussi la vision d'un nouveau Genesis. Pour le premier, on citera Dance on the Volcano, Squonk et Robbery Assault & Battery, toutes des chansons développant des thèmes proches de ce à quoi le quintet référentiel nous avait habitué, et du bon, de l'excellent même, avec moult prouesses toujours, évidemment !, au service de la mélodie, de la chanson. Pour le second, un Genesis plus délicat, plus conventionnellement mélodique on mentionnera les glorieuses têtes de gondole que sont Entangled, Mad Man Moon et Ripples où de délicats arpèges viennent rappeler la recette et les souvenirs datant de Trespass augmentés d'une maîtrise compositionnelle et instrumentale acquise au long d'un riche parcours. Et puis il y a les deux "oddities" de l'album, le morceau titre d'abord avec son esthétisme et ses chœurs à la Beach Boys et sa mélodie imparable, et le résumé final, Los Endos, clôturant en beauté un programme richement doté de ses feux d'artifice fusionnants tant instrumentaux que mélodiques reprenant, assemblant en un tout cohérent tout ce qui a précédé. Pas un morceau faible, donc, pas la moindre déception en vue dans ce qui constitue alors la collection la plus cohérente et la plus finement ciselée du néo-quatuor, rien que ça ! Tu parles d'un challenge relevé, c'est carrément au-delà, et la production du groupe et de David Hentschel, encore magnifiée par la précision pointilleuse du remaster définitif de 2007, ne vient qu'enfoncer le clou de cette ô combien spectaculaire réussite.
Il y a aussi, malheureusement, les prémices d'un nouveau divorce avec un Tony Banks tout puissant, compositeur, arrangeur et instrumentiste vedette de la galette, celui-là même qui aurait bien vu "son" groupe continuer sans vocaliste !, ne laissant que miettes à ses compagnons dont un, le pourtant extrêmement précieux Steve Hackett, finira par se lasser de son rôle de second couteau d'autant qu'il sort alors des sessions de son excellent premier opus solitaire, Voyage of the Acolyte, où il a démontré sa capacité à produire, seul ou presque, un matériau d'une qualité quasi-équivalente dans un style tout à fait compatible à l'esthétisme de sa maison mère.

On a trop souvent tendance à penser que Genesis sans Peter Gabriel n'est plus tout à fait Genesis. A l'écoute d'A Trick of the Tail et de son tout aussi recommandé successeur, Wind & Wuthering, le sentiment se voit battu en brèche de la plus impeccable manière. Recommandé ? Obligatoire, oui !


1. Dance on a Volcano 5:53
2. Entangled 6:28
3. Squonk 6:27
4. Mad Man Moon 7:35
5. Robbery, Assault & Battery 6:15
6. Ripples 8:03
7. A Trick of the Tail 4:34
8. Los Endos 5:46
Bonus
9. It's Yourself 5:46


Tony Banks – acoustic & electric pianos, Hammond T-102 organ, synthesizers, mellotron, 12-string guitar, backing vocals
Phil Collins – lead and backing vocals, drums, percussion
Steve Hackett – electric guitar, 12-string guitars
Mike Rutherford – bass guitar, 12-string guitar, bass pedals

4 commentaires:

  1. Parfait et exact.
    Il y avait tellement "d'amour" pour Genesis, que je me souviens de la sortie attendue de ce disque. (comme je me souviens du "Wih You" des Pink Floyd autre longue attente récompensée) L'attente était faite dans un à priori de bienveillance, Un SUPERTRAMP pour se rabattre, je ne le sentais pas suffisant.
    Alors tu penses, quand ce disque est sorti. Nous avons été comblé au delà de nos espérances.
    Vraiment.
    Un mot sur SQUONCK qui m'avait surpris à l'époque, mais une fois familier avec a "lourdeur", genre BOGUS MAN à la Roxy, ce morceau reste un grand moment.
    LOS ENDOS en concert, c'est un festival de batterie: PhilCollins + Chester Thompson (je crois?) on aurait presque envie de convier les rythmiques de SANTANA époque CARAVANSERAIl
    De l'influence des pochettes: Le suivant ne m'avait pas enthousiasmé de la même manière, le spleen de la pochette a gagné mon écoute. Comme quoi.

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    1. Ce n'est pas que la pochette, c'est tout l'album qui est plus automnal. Mais comme je ne recherche pas le pouet pouet dans la musique, il m'avait autant enthousiasmé.
      Sinon, Los Endos a dû être d'abord joué avec Bill Bruford qui fut la première doublure de Collins (remplacé par Thompson dès la tournée de W&W).

      Allez, bientôt la suite, la légende ! ^_^

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    2. Oui, celui là, il doit être intimidant à chroniquer

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    3. En fait, celui que je redoute le plus c'est From Genesis to Revelation parce qu'il n'est pas fameux et que je n'aime pas tant que ça dire du mal, surtout d'artistes que j'apprécie. Pour The Lamb, c'est surtout de se demander quel angle et ce qu'on va bien pouvoir raconter qui ne soit pas (trop) convenu.

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