A ma gauche (côté cœur !), un acteur, chanteur, amuseur britannique plein de fantaisie récoltant un énorme (et mérité) succès. A ma droite (côté foie !), 4 méchants poilus qui font du bruit électrique bien graisseux dans l'underground de leur genre qui l'est déjà. Incompatible ou les deux faces d'une seule et même médaille ? le Ying et le Yang ? En tout cas, deux artistes pour lesquels il faudra oublier ses préconceptions 1) pour les acteurs qui chantent et 2) pour tout ce qui frôle le metal, parce qu'ils le valent bien, ces gars-là. Enjoie !
DouCeuR
Hugh Laurie? a winning smile! |
ou "Bluesin' Down the House"
Vous direz ce que vous voudrez, Hugh Laurie est quand même un mec énervant. Il a du charme, il est drôle, joue très correctement la comédie, de la guitare, du piano, de la voix et, si ça ne suffisait pas, il a du succès aussi bien en image qu'en musique... Franchement, il énerve, l'Hugh.
Alors quand, sortant du succès télévisuel que nous connaissons tous, il se lance dans une carrière discographique et scénique, on l'attend un peu au tournant, langue aussi aiguisées que les lames. Mais, voilà, le mec a du talent, et est suffisamment fin et intelligent, et passionné probablement, pour savoir où s'aventurer avec son organe, en l'occurrence une mixture joliment équilibrée entre blues et jazz.
Qu'on aille pas, pour autant, croire que c'est une nouvelle marotte pour l'anglais aux yeux bleus. Ceux qui connaissent son parcours pré-House savent que, déjà, il y a bien longtemps, en compagnie de son vieil ami Stephen Fry, il tâtait régulièrement de la chose musicale, penchant humoristique mais prenant toujours au sérieux la manière de faire en grand professionnel qu'il est.
Présentement, il profite simplement de l'opportunité qui lui a été offerte d'exprimer une autre facette de sa sensibilité artistique, et il a bien raison parce qu'il le fait bien, exhumant quelques vieux blues/jazz souvent méconnus, parfois classiques (St. James Infirmary ou Joe Henry sur Let Them Talk, Unchain My Heart sur Didn't It Rain) dans un contexte musical qu'il a, lui-même, pensé.
Du coup, avec un vrai groupe pour le seconder, formation qui évolue sensiblement d'un album à l'autre avec un bon gros tronc commun cependant, et possédant donc le parfait véhicule pour mouvoir son art, il délivre deux galettes absolument charmantes, tout sauf illusoirement ambitieuses mais très sérieusement enregistrées, parce qu'il est comme ça, Hugh, un comique, certes, mais aussi un homme pointilleux, précautionneux quand il s'agit de proposer au monde, qui l'attend au tournant, forcément, l'expression de la musique qu'il a depuis si longtemps en lui.
Parce qu'elle est là, fondamentalement, la force de Mr. Laurie : c'est un passionné doublé d'un travailleur appliqué. Ce qu'il démontre sur ses deux albums, tous deux de belle facture, desquels on préfèrera sensiblement son premier, parce que la formule y est alors inédite et que les guest (Irma Jones, Dr. John, Tom Jones) y font de remarquées apparitions, parce qu'aussi les chansons, le choix d'icelles, y est semble plus séminal, plus essentiellement proche de l'attachement que porte Laurie à la musique qu'il a choisi de reprendre... Mais, honnêtement, les deux albums méritent le détour et l'attention de tous les amateurs de jazz/blues "à la grand-papa".
Une reconversion réussie ? Un intermède sympathique ? Quelque soit l'option que le futur révèlera, on ne peut que féliciter Hugh Laurie pour l'excellent travail accompli et recommander chaudement ses jolis Let Them Talk et Didn't It Rain, deux opus pas franchement révolutionnaires mais tellement bien troussés...
1. St. James Infirmary 6:25
2. You Don't Know My Mind 3:39
3. Six Cold Feet 4:55
4. Buddy Bolden's Blues 3:12
5. Battle of Jericho 3:47
6. After You've Gone 4:09
7. Swanee River 2:43
8. The Whale Has Swallowed Me 3:37
9. John Henry 3:34
10. Police Dog Blues 3:33
11. Tipitina 5:06
12. Winin' Boy Blues 2:59
13. They're Red Hot 1:11
14. Baby, Please Make a Change 4:57
15. Let Them Talk 4:10
Hugh Laurie - vocals, piano, guitar, percussion
Jay Bellerose - drums, percussion
Kevin Breit - tenor & six strings guitar, mandoline, mandocello
Greg Leisz - guitar, lap-steel, Weissenborn, mandola
David Piltch - upright bass
Patrick Warren - field organ, autoharp, accordion, keyboards
&
Irma Thomas - vocals (9), backing vocals (14)
Dr. John - vocals (6)
Sir Tom Jones - vocals (14)
Craig Eastman - violin & tenor violin
Levon Henry - tenor saxophone (3)
Robby Marshall - clarinet & alto clarinet
Jean McClain - backing vocals
Gennine Jackon - backing vocals
Joe Green - handclaps (3)
- Horns:
Allen Toussaint - arrangements & direction (1, 4, 11)
Brian "Breeze" Cayolle - tenor & baritone saxophone
Tracy Griffin - trumpet
Clarence J. Johnson the 3rd - alto saxophone
"Big Sam" William - trombone
Didn't It Rain (2013)
1. The St. Louis Blues 4:21
2. Junkers Blues 2:55
3. Kiss of Fire 3:27
4. Vicksburg Blues 4:28
5. The Weed Smoker's Dream 4:17
6. Wild Honey 4:20
7. Send Me To The 'Lectric Chair 5:26
8. Evenin' 3:03
9. Didn't It Rain 2:52
10. Careless Love 5:21
11. One For My Baby 4:00
12. I Hate A Man Like You 4:17
13. Changes 3:58
14. Unchain My Heart 3:41
Hugh Laurie - vocals, piano, guitar
Jay Bellerose - drums, percussion
Kevin Breit - tenor & six string guitar, mandoline, mandola, mandocello, tenor banjo, backing vocals
Greg Leisz - guitar, lap-steel, Weissenborn, mandola, mandoline, dobro
David Piltch - upright bass, electric bass
Patrick Warren - Hammond B3, pump organ, accordion, various keyboards
Vincent Henry - saxophones, clarinets, harmonica, backing vocals
Robby Marshall - saxophones, clarinets
Jean McClain - vocals (7, 9, 12), backing vocals
&
Larry Goldings - Hammond B3
Elizabeth Lea - trombone
Taj Mahal - vocals (4)
Gaby Moreno - vocals (3, 5, 9), backing vocals
FuRie
de vrais premiers prix de beauté ! |
ou "Stoner aux crocs aiguisés"
Il y a une évidence qui vous saute à la face à l'écoute de la musique de Red Fang : ces Orégonais ne font ni dans la nuance, ni dans la demi-mesure, leur rock lourd, sale et graisseux est à l'image de leurs dégaines patibulaires de routiers/bikers tatoués et barbus, un machin cru, franc, frontal qui décrasse les conduits auditifs avec une indéniable efficacité.
En ce 3ème millénaire, on appelle leur musique du stoner metal, ou du stoner rock, ici produit avec un soupçon de sludge (l'agression du punk hardcore, la lourdeur et la majesté du doom) en épice bienvenu, mais ça c'est au 3ème millénaire. Avant, on disait du bon gros rock sale qui tache, genre pratiqué par des sbires aussi peu recommandables que les affreux de Black Sabbath (avec Ozzy) et les vilains pas beaux de Motörhead, desquels Red Fang a acquis, ou au moins partage, sa substantifique moelle. En fait, on m'avait parlé d'eux comme une version ré-énergisée de Mountain, y a de ça, sans l'ombre d'un doute mais on se doit aussi de citer Kyuss, les réinventeurs du genre.
Ca nous donne donc du rock d'origine 70s en juste plus nerveux et plus glorieusement pouilleux, et c'est bon, très bon !... Quand c'est bien fait. Les riffs, dans l'entreprise, sont évidemment l'élément essentiels, la base sur laquelle repose la réussite ou l'échec, ils sont présentement très bons, traditionalistes et tranchants, un vrai bonheur d'équilibre entre finesse et puissance, et un petit solo qui va bien de temps en temps (gras mais fin, c'est la règle), le tout avec ce son plein de fuzz et de disto, c'est ce qu'il faut. Après il y a la voix qui, en l'occurrence, est suffisamment éraillée, limite soulful, et abrasive forcément pour servir des mélodies bien trouvées si tout sauf surprenantes. Et le moteur, la section rythmique qui doit, comme si sa vie en dépendait, honorer de sa stable assurance, de sa rugueuse métronomie, son groove aussi, et sa propension à défourailler aussi implacablement en excès de vitesse qu'à la vitesse de l'escargot, et ainsi péréniser la bonne marche du fier panzer. un petit coup d'orgue par un invité de passage quand il faut (ça casse la monotonie) sur leur premier album, un peu plus sur leur second (percussions et guitare slide s'ajoutant), la production adéquate par dessus ça, roots dans son rendu final mais nourrie de l'avancée technologique acquise, et le tour est joué, vous obtenez la recette d'une belle réussite stoner, du rock d'aujourd'hui rendant hommage aux merveilles d'hier.
Les deux opus que je connais d'eux, l'éponyme et Murder the Mountains, sont impossibles à départager, je vous laisse donc le choix de l'un, de l'autre ou des deux. Ce sont, en vérité, deux belles galettes de stoner d'école, pas original pour deux sous mais si parfaitement exécuté qu'on ne résiste guère, et qu'on a bien raison ! Alors si vous êtes à le recherche, en demande, en manque de bon vieux rock en fusion, ne cherchez pas plus loin que les excellents Red Fang et leur délicieux talent d'agression électrisée façon vieille école, y en a d'autres bien sûr (The Sword,Orange Goblin, High On Fire, etc.) souvent plus médiatisés d'ailleurs, mais ces quatre gars-là s'y entendent décidément trop bien pour qu'on les perde de vue et ne les recommande pas, chaudement.
Red Fang (2009)
1. Prehistoric Dog 4:28
2. Reverse Thunder 3:15
3. Night Destroyer 3:12
4. Humans Remain Human Remains 6:28
5. Good to Die 3:29
6. Bird on Fire 3:08
7. Wings of Fang 2:49
8. Sharks 2:26
9. Whales and Leeches 4:21
10. Witness 2:37
Murder the Mountains (2011)
1. Malverde 4:02
2. Wires 5:43
3. Hank Is Dead 2:36
4. Dirt Wizard 2:57
5. Throw Up 6:33
6. Painted Parade 2:27
7. Number Thirteen 4:45
8. Into the Eye 3:58
9. The Undertow 5:02
10. Human Herd 3:51
Aaron Beam - Bass, Vocals
John Sherman - Drums
David Sullivan - Guitars, Vocals
Maurice Bryan Giles - Guitars, Vocals
&
Adam Pike - organ (Red Fang)
Anita Robinson - Guitars (Murder the Mountains)
Kevin Robinson - Percussion, Effects (Murder the Mountains)
Jenny Conlee - Organ (Murder the Mountains)
Chris Funk - Slide Guitar, Percussion (Murder the Mountains)
Douceur vs. Fureur : à l'amour, à la mort
RépondreSupprimerHUGH LAURIE: Let Them Talk + Didn't It Rain (2011/13)
- http://www42.zippyshare.com/v/51433224/file.html
RED FANG: Red Fang + Murder the Mountains (2009/11)
- http://www42.zippyshare.com/v/32045169/file.html
Le disque de l'acteur qui chante est plus qu'écoutable. Ça sent la décontraction à plein nez. Ça coule comme un petit ruisseau, c'est énergique et ça apporte beaucoup de sérénité.
RépondreSupprimerLes Red Fang, c'est tout le contraire ! Ça bastonne du début à la fin. Pas de demie mesure, à donf tout du long. Depuis Bill Ward, je ne me souviens pas d'un batteur cognant aussi fort sur ses peaux… bref, un vrai régal pour les esgourdes !!!!!
Dans le même style de rubrique, tu aurais aussi pu mettre Genesis vs Slayer, ou Pink Floyd vs Arch Enemy.
A Slayer, j'oppose Neil Diamond, à Arch Enemy ce sera Leon Redbone.
Supprimer(des fois PF e G, c'est costaud !)