mercredi 30 décembre 2015

3 for Lemmy

Trois albums pour rendre hommage à celui dont la disparition nous touche tous un peu, ça a du sens, le bonhomme étant un adepte du power trio, que de trouver dans sa carrière trois albums qui le représente complètement : d'abord le freak, avec Hawkwind, puis le speed-freak avec Motörhead et enfin le gamin des fifties tombé amoureux du rock'n'roll avec The Head Cat.

HiGHWiND
Hawkwind "Hall of the Mountain Grill" (1974)
ou "Lemmy in Space"

Si les primo-recommandations concernant Hawkwind cochent souvent la case live, avec Space Ritual en particulier, il est un album studio des plus fameux space rockers de la galaxie qui rivalise, Hall of the Mountain Grill où le line-up classique de cette première période de leur carrière (avant le renvoi de Lemmy et le départ de Nik Turner, quoi) atteint sa plénitude créative et trippante.
Evidemment, certains regretteront de ne pas y retrouver l'organe d'un Robert Calvert qui avait été une des attractions de Space Ritual, l'insaisissable personnage menait alors sa propre petite affaire avec le large soutien de ses ex et futurs partenaires (voir Captain Lockheed and the Starfighters et Lucky Leif and the Longships). C'est donc à trois voix, Brock, Lemmy et Turner que "ceux qui restent" se partage un festin spatial largement concocté par l'indéboulonnable Dave Brock (qui laisse un petit crédit à chacun de ses compagnons, rien de plus).
Et quel festin !, parce que de The Psychedelic Warriors (Disappear in Smoke) à Paradox, c'est à l'Hawkwind studio le plus convaincant jusqu'alors (et même le plus convaincant tout court comme nous le savons désormais) auquel nous avons affaire, une formation qui sait exprimer sa folie psyché-progressive par une alliance de grâce, d'étrangeté et de puissance qui laisse baba et un petit peu groggy. Parce qu'il y a chez Hawkwind, une belle bande de zozos utilisatrice de "substances" à gogo, plus que ces constructions kaléidoscopiques pour un public aux similaires addictions récréatives, il y a la puissance de feu des riffs d'un Brock fondamental, il y a les lourdes et électriques tortures des quatre cordes de la basse du sieur Kilmister, et les stridences et libertés de quelques "tisseurs de sons" hors du commun (le violon de Simon House, le saxophone de Nik Turner, les claviers de Del Dettmar) le tout bien soutenu par le tonnerre rythmique d'un Simon King, batteur de son état. Et que de bonne chansons pour articuler ces possibles de la puissante pièce d'ouverture en passant par les planeries d'un Wind of Change, la freak-folk revisitée de Web Weaver, les crescendos réussis de You'd Better Believe It, la pause bienvenu d'un beau petit instrumental à la Satie tout en légèreté (Hall of the Mountain Grill) avant de replonger dans le grand bain électrique avec Lemmy et son Lost Johnny et le solide et inspiré Paradox de Brock, que du bon !
Tout ça fait d'Hall of the Mountain Grill, 4ème opus studio des furieux spationautes, un absolu indispensable pour les amateurs d'envolées acides et de redescentes contrôlées, un album dont on pourra juste reprocher la mise en son parfois un peu confuse (même sur le remaster) qui, cependant, contribue à perdre l'auditeur dans les méandres d'une conception sonique pas comme les autres.

1. The Psychedelic Warlords (Disappear in Smoke) 6:50
2. Wind of Change 5:08
3. D-Rider 6:14
4. Web Weaver 3:15
5. You'd Better Believe It 7:13
6. Hall of the Mountain Grill 2:24
7. Lost Johnny 3:30
8. Goat Willow 1:37
9. Paradox 5:35
Bonus
10. You'd Better Believe It (Single Version Edit) 3:22
11. The Psychedelic Warlords (Disappear in Smoke) (Single Version) 3:57
12. Paradox (Remix Single Edit) 4:04
13. It's So Easy 5:20

Dave Brock – lead guitar, 12-string guitar, synthesizer, organ, harmonica, vocals
Lemmy Kilmister – bass, vocals, guitars
Simon House – synthesizer, Mellotron, violin
Nik Turner – saxophone, oboe, flute, vocals
Simon King – drums, percussion
Del Dettmar – keyboards, synthesizer, kalimba

HAWKWIND

aFFReuX SaLeS eT MéCHaNTS
Motörhead "Ace of Spades" (1980)
ou "Speed Freaks"

Cette fois, on y est, Motörhead, le vrai, trio d'affreux sales et méchants despérados d'un rock cru et speedé, sorte d'hybride de hard rock et de punk rock mené par un ex-bassiste des space rockers d'Hawkwind, Lemmy bien sûr, est arrivé ! Parce qu'avec Ace of Spades, c'est du lourd, du rageur, et du classique incontestable, le mètre étalon du groupe, un bon gros brûlot qu'on n'a même plus besoin de conseiller. Comment ça c'était pareil sur les deux albums d'avant (Overkill et Bomber) ? Pas ma faute, Lemmy m'a trépané.
Et c'est compréhensible parce que l'assaut du machin, quoi, impressionnant ! Evidemment, en ces temps où les extrêmes se sont encore radicalisés, Motörhead parait presque comme un bon vieux groupe de hard mais, à l'époque, croyez-moi, c'était quelque chose ! Déjà, il y a la voix de Lemmy et ses cordes vocales qui ont dû être passées au papier de verre pour être si abrasives, ensuite, il y a la basse du même, en quatre ou en huit cordes, qu'il martyrise consciencieusement, et puis il y a la guitare de Fast Eddie Clarke qui, rien de bien compliqué en somme, booste les standards du rock'n'roll avec une dynamique, une attaque à peine croyable, enfin, il y a les martellements trépidants d'un Philthy Taylor, l'équivalent humain de l'Animal des Muppets, pas moins, et un surnom bien choisi, un ! Mais, outre l'agression rock'n'rollesque du trio, il y aussi des chansons, et quelles chansons ! Un petit coup d'œil à la tracklist du présent vous révèlera que les classiques n'y manquent pas de la chanson titre à (We Are) The Road Crew, de Jailbait à The Chase Is Better Than the Catch, ça dépote d'autant plus inspiré que ce qu'il y a autour est loin d'être négligeable. Comme, en plus, le tout est idéalement mis en son, cru et sale mais pas sans maîtrise, par l'excellent Vic Maile (qui fera le bonheur d'autres rockers costauds tels que les Inmates, les Godfathers ou Dr. Feelgood), et que la version remasterisée propose, bonheur !, les deux titres enregistrés en commun par Motörhead et leurs bonnes copines électriques (Girlschool) et une face B pas piquée des verts (Dirty Love), vous comprendrez que la fête est complète et que, en l'occurrence, le power trio le moins sexy du monde vient de réussir son troisième album référentiel d'affilée, le plus monumentalement réussi d'iceux.
Ace of Spades ? Si tu ne l'as pas c'est que tu as raté ta vie !

1. Ace of Spades 2:49
2. Love Me Like a Reptile 3:23
3. Shoot You in the Back 2:39
4. Live to Win 3:37
5. Fast and Loose 3:23
6. (We Are) The Road Crew 3:13
7. Fire, Fire 2:44
8. Jailbait 3:33
9. Dance 2:38
10. Bite the Bullet 1:38
11. The Chase Is Better Than the Catch 4:18
12. The Hammer 2:48
Bonus
13. Dirty Love 2:57 (B-side of "Ace of Spades")
14. Please Don't Touch 2:49 (St. Valentine's Day Massacre EP)
15. Emergency 3:00 (St. Valentine's Day Massacre EP)

Lemmy Kilmister  - bass, lead vocals
"Fast" Eddie Clarke - guitar, backing vocals on "Emergency"
Phil "Philthy Animal" Taylor - drums
&
14 - 15

GIRLSCHOOL
Kim McAuliffe - rhythm guitar
Kelly Johnson - lead guitar, vocals
Enid Williams - bass, vocals
Denise Dufort - drums

MOTÖRHEAD

SéQueNCe NoSTaLGie
The Head Cat "Fool's Paradise" (2006)
ou "Rockalemmy"

Quand Lemmy rend hommage au rock'n'roll, en compagnie de rockers de goutière dont l'histoirique Slim Jim Phantom, il jouait du tambour debout, ça donne ?
Ca donne The Head Cat et le second, si l'on compte celui où seuls les noms de musiciens sont mentionnés, de leur trois albums, le plus fameux du lot, Fool's Paradise. Au programme que des reprises, que du rock'n'roll originel comme l'affreux et pourtant si attachant bassiste (R.I.P.) l'affectionnait particulièrement. Cela réinvente-t-il quoique que ce soit ? Certes non mais là n'était de toute façon pas le but d'un album où l'omniprésence de Buddy Holly (la moitié de l'album) démontre que l'amour vrai du sieur Kilmister était bien pour cette musique-là, à laquelle il avait biberonné, tout en laissant de la place à quelques très jolies surprises comme le Big River de Johnny Cash. Par contre ça surprend. Parce que Lemmy n'y martèle pas violemment sa Rickenbacker mais gratte de la six-cordes acoustique, souffle dans l'harmonica et chante... presque comme s'il s'essayait à une berceuse. Bon, j'exagère mais le contraste avec les abrasifs éructations de la Tête de Möteur en chef est plus que flagrant, immense ! Et ça fonctionne, parce que l'on sent que ces trois messieurs (chacun bien dans son rôle) se font un réel plaisir, et donc nous avec, c'est aussi simple que ça.
Fool's Paradise, si vous aimez Lemmy, je vous le recommande, au-delà de la curiosité et du souvenir d'un incontournable du rock mondial.

1. Fool's Paradise 2:29
2. Tell Me How 1:50
3. You Got Me Dizzy 3:00
4. Not Fade Away 2:16
5. Cut Across Shorty 2:04
6. Lawdy Miss Clawdy 2:01
7. Take Your Time 2:03
8. Well...All Right 2:19
9. Trying to Get to You 1:40
10. Learning the Game 2:17
11. Peggy Sue Got Married 2:15
12. Crying, Waiting, Hoping 2:13
13. Love's Made a Fool of You 1:57
14. Big River 2:28
15. Matchbox 2:31

Lemmy Kilmister - vocals, acoustic guitar, harmonica
Danny B.Harvey - guitar, keyboards, bass guitar, background vocals
Slim Jim Phantom - drums, percussion, background vocals

THE HEAD CAT

Ian Fraser "Lemmy" Kilmister
24/12/1945 - 28/12/2015
R.I.P.

21 commentaires:

  1. 3 for Lemmy

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    Motörhead "Ace of Spades" (1980)
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    The Head Cat "Fool's Paradise" (2006)
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  2. et Libé qui fait sa une avec Lemmy aujourd'hui ! Bel hommage de ce canard, que je n'avais pas lu depuis quelques mois, à un superbe artiste qui était un de ceux qui avait le mieux compris le monde dans lequel on vit...

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    1. Je suis vraiment surpris par le traitement médiatique français de la disparition de Lemmy. C'est vrai que, de ma perspective, c'était un mec absolument incontournable, je ne pensais simplement pas que l'information avait ainsi fuité dans le mainstream... Et donc Libé, ce ne sont pas les pires et, d'eux, ça ne me surprend pas vraiment. Tu me diras ce que valait leur papier si tu as l'occasion.
      A+

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  3. Je crois que j'ai découvert Lemmy il y a un an en glanant une compil chez Michards. Et j'y ai effectivement découvert un vrai répertoire et bien varié qu'on ne l'imagine quand on connais pas.
    Le Môtörhead, je l'ai, mais j'avoue ne pas l'avoir assez écouté.
    Hawkwind: je connais les deux ou trois classiques dont on ne cesse de parller à leur sujet. Tu me donnes l'occasion d'aller plus loin.

    Pour Head Cat, je le mets de côté car je pense que je vais creuser d'autres album de Môtörhead.

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    1. De Motörhead je te conseille les grands écarts :
      - Another Perfect Day, leur plus mélodique
      - On Parole, presque du proto-Motörhead avec plein de blues dedans
      - Orgasmatron, toutes griffe dehors !
      Enfin, en plus des incontournables et légendaires Ace of Spades et Overkill, évidemment.
      Ceci dit, et je rejoins Jimmy là-dessus, tu as tort de faire l'impasse sur le Head Cat, c'est une jolie galette pleine de joie et d'allant.
      A+

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  4. Pour du plus rare, tu peux éventuellement passer à la maison.

    Audrey, tu ne devrais pas faire l'impasse sur le Head Cat, tu le regretteras plus tard!

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    1. Je crois bien ne pas avoir manqué grand chose de Lemmy, de Sam Gopal aux Rocking Vicars, j'ai tout ! Je vais quand même passer voir ce que ta bonne boutique nous a réservé pour cette triste circonstance. Merci.

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    2. Oui, mais je veux aussi écouter du FUNK!!!
      Mais il est sur mon disque dur quand même.

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    3. Allora tutto va bene... ^_^
      Good funk to you!

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    4. En même temps, en dehors de Hawkwind, Motörhead et The Head Cat, je ne voyais pas bien ce qu'il pouvait y avoir...

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  5. Cette séance de rattrapage (ou ce rappel des fondamentaux) me plait bien, merci à toi !
    (entre deux disques de Funk, pourquoi pas ?)

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  6. Head Cat, j'adore ! Yeah !
    Bonne soirée !

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  7. un excellent choix que cet album d'Hawkwind....bel hommage et de bon gout, c'est mérité, n'est ce pas...
    Aceofspace...

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    1. Plus que mérité, je ne pouvais pas faire autre chose, sans doute pas moins.

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