dimanche 13 décembre 2015

Le point G : 11 albums, 7ème ciel !

Derrière ce titre sexué se cache un théma dédié à des groupes et artistes dont le nom commence par la lettre G, simple non ? Alors, sans plus traîner, en 11 albums et 35 ans, avec plein d'ambiances et de styles différents, voici une sélection qui devrait recevoir les suffrages des plus exigeants visiteur de cet humble blog. Enjoie !

GRaNDe DaMe
Gentry, Bobbie "Patchwork" (1970)
ou "La fin de l'aventure"

Elle avait tout pour elle, Bobbie. Un vrai talent de plume, un physique plutôt avantageux, un beau filet de voix, un caractère affirmé de femme forte à la tête froide mais à l'émotion tout de même à fleur de peau et l'avenir devant elle, semblait-il. Rien, en fait, ne laissait présager que Patchwork serait son dernier long-jeu.
Présentement, productrice, compositrice, auteure, interprète et même, selon la rumeur, à créditer de la pochette (et de celle de Fancy, l'album qui précède) elle s'impose comme le seul capitaine de son propre navire. Y a pas à dire, Bobbie Gentry est un drôle d'animal dans un music business alors (encore maintenant ?) aux fortes tendances machistes qui aime bien les chanteuses qui font où on leur dit de faire, comme on leur dit de faire... pas le genre de la maison Gentry. On se doute que les batailles furent rudes pour ainsi s'imposer et que, chemin faisant, Bobbie ne se fit pas que des amis... Allez savoir si ça n'expliquerait pas premièrement le long quasi-silence discographique (quelques pauvres singles) et les rares apparitions qui suivirent pour aboutir, deuxièmement, à une retraite ô combien anticipée.
Bref, c'est à une artiste en contrôle à laquelle nous avons affaire ici. En contrôle mais un peu, aussi, en perte de repères sur un album de bonnes chansons trop lourdement empesées par la kitcherie d'arrangements pas forcément toujours de bon gout... De bonnes chansons qui, sauf deux (Beverly et But I Can't Get Back), sont signées des seules blanches mains de Mlle Gentry. A partir de là, si je vous dit que la sauce easy-listening prend d'autant mieux que la composition est substantiellement légère, vous ne serez pas surpris. C'est le cas sur Billy the Kid, délicieuse "Bacharacherie", sur le western revisité Broadway Miss Clara/Azusa Sue, sur le bluesy et tout en cuivres Mean Stepmama Blues ou sur le suranné foxtrottant Your Number One Fan. Le reste aurait demandé plus de retenue pour vraiment mettre en valeur l'instrument lyrique et compositionnel de la Dame qui, ceci dit en passant, méritait mieux. Mais bon, tels furent les choix de Bobbie qui les assuma comme elle dut assumer les abyssaux résultats commerciaux d'un album qui se défendait pourtant bien mais faillit à accrocher le large auditoire blanc américain qu'il semblait viser.
Avec une météorique carrière de 4 petites années pour 7 albums, Bobbie Gentry reste une énigme dans le monde de la musique, une étrange affaire où une dame se retire d'un système auquel elle n'adhère pas et qui ne la comprend de tout façon pas. Restent des chansons, un beau bouquet d'icelles, à écouter jusqu'à plus soif. Alors Patchwork n'est peut-être pas le plus essentiel des opus de Bobbie, c'est un indispensable quoiqu'il en soit d'une artiste dont la spontanéité, l'intelligence et la grâce manquent toujours aujourd'hui.

1. Benjamin / Interlude 1 4:21
3. Marigolds and Tangerines / Interlude 2 2:43
5. Billy the Kid / Interlude 3 2:40
7. Beverly / Interlude 4 3:48
9. Miss Clara/Azusa Sue / Interlude 5 4:42
11. But I Can't Get Back 3:34
12. Jeremiah / Interlude 6 6:14
14. Belinda 4:05
15. Mean Stepmama Blues 3:57
16. Your Number One Fan / Interlude 7 2:54
18. Somebody Like Me 4:07
19. Lookin' In 4:00

BOBBIE GENTRY

SeRGe, Quoi !
Gainsbourg, Serge "Histoire de Melody Nelson" (1971)
ou "Histoire d'une Légende"

Qui a dit qu'un album ambitieux devait s'étirer sur une bonne heure ? Qui a dit qu'on ne pouvait pas trousser un concept en moins de temps qu'il n'en faut à Geneyes pour conclure une intro de harpe cacaphonique et guitare tendue comme l'élastique d'un slip ? Et si il y a un artiste capable de ce rare prodige, c'est bien ce vieux grigou de Lucien Ginsburg aka Serge Gainsbourg.
Les années soixante-dix n'ont pas encore fini de massacrer la Belle France qu'un demi-crasseux amouraché d'un ressortissante britannique commet l'irréparable viol de la Chanson Française avec une scandaleuse déliquescence psychédélico-hippie... Et qu'est-ce que c'est bon !
Il n'est pas, en effet, inutile de se replonger dans le contexte historique, la France post-Soixante-Huitarde de Pompompidou et Georges « Eliane, prépare la valise on rentre à la maison » Marchais. Un vieux pays Européen qui s'accroche désespérément à sa supposée splendeur passée à l'ombre d'un Général trépassé. La scène musicale, si elle bruisse de quelques « allumés » - hélas confinés à l'underground - (Ange, Magma, et quelques autres), affiche une rare morosité. Les shows de Maritie et Gilbert Carpentier font les délices du français moyen qui dit plus souvent stop qu'encore quand on le secoue dans son conformisme moutonnier.
Et, au milieu de cet océan de bêtise normalisée, le renégat. Il n'en est pas exactement à ses premiers faits d'armes lui qui hante la scène parisienne depuis la seconde moitié des années cinquante. Il a même déjà eu des succès pour le moins sulfureux avec, évidemment, un mémorablement sexuel « Je t'aime moi non plus » en duo sensuel avec Jane, sa muse. Il n'a pas encore, cependant, fait exploser le format chanson comme il le fait sur ce divin opus. Car, oui, cet album est important, capital même, dans la carrière de Serge Gainsbourg. Si, jusque-là, il avait réservé son écriture cinématographique au Grand Ecran, justement, il franchit ici un pas décisif en la transposant sur un album de chansons.
Et quelles chansons ! De l'épique, jazzy et psychédélique Melody d'ouverture (où la voix parlée de Serge fait merveille) ; en passant par les trois courtes mais précieuses petites pièces suivantes (Ballade, Valse, Ah !) qui s'enchainent comme dans un rêve, tout ici pointe au génie d'un artiste qui touche de si près au divin qu'il en convaincrait l'athée le plus réfractaire à vouer culte et dévotion à cette Melody si captivante.
Bien sûr, comme c'est d'un Album Concept dont il s'agit, Serge nous compte une histoire, en l'occurrence, celle d'un homme entre deux âges et d'une lolita ingénue et perverse au destin forcément funeste. Il le fait avec toute la malice et la rouerie verbale qu'on lui connait alors déjà. Cependant, il ne nous afflige pas ici de quelques jeux de mots téléphonés et ne cède donc pas à la facilité qui est - rappelons-le - souvent l'apanage des touts grands quand il leur prend l'envie de fainéanter (et le bougre n'a pas été le dernier dans l'exercice même si il a souvent réservé ses errances à d'autres qu'à lui-même, par folle la guêpe ! Quoi qu'il en soit, il n'y a pas de ça ici. L'offrande est ciselée et précise mais - surtout ! - profondément émotionnelle et comme l'émotion (qu'il maîtrise pourtant à la perfection) n'est pas forcément la marque de fabrique la plus reconnaissable de la prose Gainsbourgienne, nous ne bouderons pas notre plaisir surtout quand textes et musique forment une si parfaite osmose.
Révolutionnaire, cette Histoire de Melody Nelson l'est. Pas tant par le thème - qui reviendra souvent, parfois larvé, dans l'œuvre de Serge - mais bien par l'exquise variété, l'infinie richesse et l'intégrité artistique absolue d'une musique rare qui - pour appartenir indéniablement à son époque - a traversé les ans en conservant sa magie intacte, inaltérée.
ADDITION SUR L'EDITION SPECIALE :
Ayant déjà commis une chronique dudit album et ne voulant donc pas rabâcher inutilement, je vais, cette fois, me concentrer sur les bonus qui font de toute façon tout l'intérêt de cette édition deluxe.
Les bonus audio sont constitué quasi-intégralement de prises légèrement différentes mais aussi d'un court inédit présenté en version chantée et instrumentale. Outre deux prises complètes plus longues que leurs originales (près de deux minutes pour l'inaugural Melody Nelson, une pour L'Hôtel Particulier), l'essentiel du contenu se présente sous forme d'outtakes (oui, comme on en voit souvent sur les rééditions d'albums jazz) où la prise chant diffère sensiblement (il faut cependant bien connaître l'album pour remarquer sans peine la différence). Enfin, rien qui ne permette de révolutionner l'œuvre mais un coup d'œil intéressant à la cuisine interne dans la progression d'une musique jusqu'à la version définitive présente sur l'album. L'inédit quand à lui, Mélody Lit Babar, est anecdotique mais heureusement suffisamment rigolo pour ne pas trop faire tâche. Ceci dit, on comprend sans difficulté la raison de son exclusion de l'album définitif où il aurait inévitablement cassé une ambiance ô combien déterminante dans sa réussite.
La 3ème galette plastique du package comprend un court (une quarantaine de minutes) documentaire, sorte de panégyrique pas désagréable mais où le fan hardcore n'apprendra rien. C'est tout de même un témoignage en image sympathique qui vient joliment complèter cette édition soignée même si on doute y revenir très souvent et qu'on sait avec certitude que d'autres douceurs (la version filmée de Jean-Christophe Averty par exemple) existaient... A noter aussi la présence d'une édition 5.1 dont on questionnera l'utilité l'album n'ayant pas été enregistré pour cette technologie.
Vous l'aurez compris, cette édition deluxe n'est pas essentielle. Elle fera avant tout plaisir aux fans mais peut aussi constituer une opportunité supplémentaire pour ceux qui n'auraient pas encore plongé dans l'univers si particulier de ce chef d'œuvre de le découvrir dans des conditions optimales.

CD 1 - Album
1. Melody 7:34
2. Ballade de Melody Nelson 2:00
3. Valse de Melody 1:32
4. Ah ! Melody 1:46
5. L'hôtel particulier 4:08
6. En Melody 3:27
7. Cargo culte 7:37

CD 2 - Bonus
1.  Melody (Prise Complète) 9:25
2.  Ballade De Melody Nelson (Prise Voix Alternative) 2:07
3.  Valse De Melody (Prise Voix Alternative) 1:39
4.  Ah Melody (Prise Voix Alternative) 1:54
5.  Melody Lit Babar (Version De Travail Chantée / Titre Inédit) 1:03
6 . Melody Lit Babar (Version De Travail Instrumentale / Titre Inédit) 1:11
7. L'Hôtel Particulier (Prise Complète) 5:10
8. En Melody (Version Solo De Violon Complet) 3:39
9. Cargo Culte (Version Instrumentale) 7:44 

Serge Gainsbourg : chant, composition, paroles
Jane Birkin : voix
Alan Parker : guitare électrique
Dave Richmond : basse électrique
Dougie Wright (présumé) : batterie
Georges Barboteu : cor solo (piste 4)
Jean-Luc Ponty : violon solo (piste 6)
Jean-Claude Vannier : piano, orgue, harmonium, timbales, composition, orchestration, direction musicale
Jeunesses musicales de France : chœur

SERGE GAINSBOURG

GeNeToP
Genesis "Selling England by the Pound" (1973)
ou "Superpound"

Relever le gant d'un Foxtrot triomphant et de son Himalaya compositionnel, Supper's Ready, tenait de la gageure. Pas pour ces cinq lascars qui, décidément, boxent dans une toute autre catégorie que tous leurs petits copains progressifs d'alors.
Au début, on se dit que rien n'a vraiment changé. La voix de Gabriel nous accueille, familière, le groupe le rejoint, la mélodie est belle, le texte fait sens, c'est de classique et efficace dont il s'agit. Mais Genesis n'est pas de ceux qui restent figés, se reposent sur leurs lauriers. Et donc tout vole en éclat. C'est toujours Genesis mais un élément est venu s'ajouter à la mixture, désormais Genesis fusionne aussi, pousse encore un peu plus sa musique dans des retranchements inattendus. Parce que Genesis progresse, encore ! Dancing with the Moonlit Knight décolle et nous avec. La batterie de Collins, la guitare d'Hackett, la basse de Rutherford n'ont jamais aussi bien été mises en valeur par une composition toujours aussi mélodique, aussi épique que ses plus belles devancières et, pourtant, instrumentalement encore plus osée avec un ambianceur en chef, Banks évidemment, en trait d'union essentiel. Quel accueil !
Un "petit" single pour suivre, l'efficace I Know What I Like, premier tube du groupe dans son Angleterre natale. Une mélodie accrocheuse, un refrain entêtant, un esthétisme pop qui ne minore aucunement le progressisme du combo... Et c'est une des moins bonnes chansons de l'album, diantre ! Parce qu'il y a ensuite Firth of Fifth avec son intro de piano où on se dit que Bach n'est pas si loin, avec une mélodie de chant imparable avec, surtout !, une longue section solo centrale à couper le souffle où Steve nous offre ce qui reste, plus de quarante ans après, son plus beau solo : mélodique, technique, stratosphérique. Si énorme qu'on a bien besoin de reprendre ses esprits ce que, justement, propose la petite chanson acoustique chantée par Phil, More Fool Me, une réussite encore. Fin de la face A, on en reste pantois.
The Battle of Epping Forest en fait trop ? Probablement. Mais il le fait bien avec un Gabriel plus théâtral que jamais. Alors oui, c'est bavard, chargé jusqu'à la garde des mots du chanteur mais les mélodies sont là. Du bavardage comme ça, on en redemande ! Pas de suite..., il faut se reconcentrer, prendre une pause avec un instrumental tout en harmonie où Hackett, qui en est l'artisan principal, excelle aussi bien à l'acoustique qu'à l'électrique. Mineur After the Ordeal ? Pas si. Et puis The Cinema Show, quatrième baobab de l'opus, une symphonie de prog, un prog en symphonie, parfait tout simplement, n'en disons pas plus, la musique parle d'elle-même. Une petite reprise du Moonlit Knight en conclusion, pour dûment refermer la grande maison, c'est Aisle of Plenty qui le fait et le fait bien. Et c'est déjà fini, snif. Et dire qu'ils ont mis Twilight Alehouse, petit chef d'œuvre planqué en face B d'I Know What I Like, de côté, fallait oser !
La mise en son de John Burns, qui a déjà mixé le très réussi Genesis Live et produira The Lamb Lies Down On Broadway dans la foulée, était déjà très réussie, le remaster définitif enfonce encore le clou. Tout y est plus clair, tous les détails d'un album qui n'en manque pas explosent de tous leurs feux, y sont encore mieux révélés. Splendide.
Selling England by the Pound, un classique inusable. Essentiel, c'est le mot.

1. Dancing with the Moonlit Knight 8:02
2. I Know What I Like (In Your Wardrobe) 4:03
3. Firth of Fifth 9:36
4. More Fool Me 3:10
5. The Battle of Epping Forest 11:43
6. After the Ordeal 4:07
7. The Cinema Show 11:10
8. Aisle of Plenty 1:30

Tony Banks - acoustic & electric pianos, organ, mellotron, synthesizers, twelve-string guitar
Phil Collins - drums, percussion, backing vocals, lead vocals on "More Fool Me"
Peter Gabriel - lead vocals, flute, oboe, percussion, additional backing vocals on "More Fool Me"
Steve Hackett - electric guitar, nylon guitar
Mike Rutherford - twelve-string guitar, bass guitar, electric sitar

GENESIS

iRiSH BLueS
Gallagher, Rory "Against the Grain" (1975)
ou "le Prince Vert de la Note Bleue"

Vous roulez peinard sur une large route rectiligne cernée de paysages désertiques, Rory Gallagher tonne dans le sound system et c'est bon.
Oui, il y a comme une errance, comme une pulsion nomadique dans le blues rock de l'irlandais. Ca sent la route, la sueur, le sang, la galère et les petits triomphes, tout ce qu'à connu Rory en fait.
Ca donne un paquet de chansons succulentes à commencer par le boogie plein d'allant d'ouverture, Let Me In, parsemé des performances guitaristiques pleines d'âme du lumineux père Gallagher pour qui même Hendrix ne tarissait pas de louanges. Passé le morceau d'ouverture, une bombe soit dit en passant, il y a d'excellentes choses et pas mal de variété sur Against the Grain. Du beat blues (Cross Me Off Your List), de la belle ballade électroacoustique (Ain't Too Good), du furieux shufflin' blues (Souped-Up Ford), de l'up-tempo "badaboumant" plein de sève (I Take What I Want), du gros blues binaire au piano western (All Around Man), de la splendeur folk acoustique (Out on the Western Plain), au country-blues final de l'album d'origine (At the Bottom), et à deux bonus absolument essentiels, une fois n'est pas coutume, Rory fait le métier, déroule tout le spectre de ses capacités instrumentales et compositionnelles, avec une classe folle évidemment !
Parce qu'en 1975, Gallagher est certes un professionnel roué, quelques années en leader du power trio Taste et quatre précédents albums solo studio ayant fait leur aeuvre, mais toujours aussi inspiré et investi qu'en ses premières heures. Il aime ça le bougre, et il faut dire que, secondé par un quatuor désormais bien installé, celui-là même qui ravage tout sur le fameux Irish Tour de 1974, il a l'écrin idéal pour poser sa voix, faire pleurer ou frétiller les six cordes de sa vieille Stratocaster élimée.
Certains vous diront que Rory est déjà en phase d'essoufflement sur Against the Grain, que ses plus belles années sont derrière lui. Ne les croyez surtout pas ! Car on tient ici un fameux album de blues rock d'un fameux interprète de la chose. Garanti sur facture, satisfait ou remboursé !

1. Let Me In 4:03
2. Cross Me Off Your List 4:26
3. Ain't Too Good 3:54
4. Souped-Up Ford 6:24
5. Bought and Sold 3:24
6. I Take What I Want 4:22
7. Lost at Sea 4:06
8. All Around Man 6:14
9. Out on the Western Plain 3:53
10. At the Bottom 3:18
Bonus
11. Cluney Blues 2:12
12. My Baby, Sure 2:55

Rory Gallagher - guitars, vocals
Gerry McAvoy - bass guitar
Lou Martin - keyboards
Rod de'Ath - drums, percussion

RORY GALLAGHER

FoNDu au GaB'
Gabriel, Peter "Melt" (1980)
ou "L'Œuvre au Noir"

Melt. Le meilleur album de la carrière solo de l'ex-vocaliste de Genesis ? Le plus sombre assurément, le plus radical dans ses préceptes de production aussi, un authentique chef d'œuvre, surtout. Introducing PG3 aka Melt.
Première constatation, Peter Gabriel a fini de couper les liens avec ses anciens camarades, reste la voix, évidemment, mais, sinon, toute trace du rock progressif symphonique qui l'a fait connaître au monde. Ici, plus volontairement froid qu'il ne l'a jamais été, décidant de choix osés (de la batterie, oui, mais pas de cymbales), s'entourant encore et toujours de précieux collaborateurs (Kate Bush, si précieuse sur le plein d'espoir, la bulle d'oxygène d'une aeuvre au noir, Games Without Frontiers, Paul Weller venu apporter un peu de jeune électricité à l'énervé And Through the Wire, Phil Collins au tribalisme précieux sur Intruder et No Self Control, Tony Levin apportant le glissé précieux de son stick sur I Don't Remember, Robert Fripp toujours de la partie et toujours aussi décisif sur No Self Control, I Don't Remember et Not One of Us, Larry Fast et sa cornemuse vibrante sur le cri de douleur qu'est le magnifique Biko, etc.) apportant chacun, sous la bienveillante supervision de Peter évidemment, sa pierre a ce qui devient, au bout du compte, un impressionnant édifice.
uvre pensée, construite, précieuse mais aussi froide et détachée, Melt, troisième éponyme de l'archange, est un indéniable sommet d'art rock intelligent, supérieurement composé, interprété et produit par un artiste pointilleux à l'extrême. Et un album désormais classique qu'on ne devrait plus avoir à recommander tant, c'est l'évidence !, tout le monde l'a entendu, et si ce n'est pas le cas, il est encore temps, pus que temps même !, de se rattraper parce que, 35 ans après sa sortie, il brille encore de tous ses feux.

1. Intruder 4:54
2. No Self Control 3:55
3. Start 1:21
4. I Don't Remember 4:41
5. Family Snapshot 4:28
6. And Through the Wire 5:00
7. Games Without Frontiers 4:06
8. Not One of Us 5:22
9. Lead a Normal Life 4:14
10. Biko 7:32

Peter Gabriel - lead vocals; backing vocals (1, 5, 8); piano (1, 2, 4, 5, 8, 9, 10) synthesizer (3, 4, 7, 8); bass synthesizer (7); drum pattern (10); whistles (7)
Kate Bush - backing vocals (2, 7)
Dave Gregory - guitar (4, 5)
Robert Fripp - guitar (2, 4, 8)
David Rhodes - guitar (1, 2, 4, 5, 8, 9, 10), backing vocals (1, 4, 8)
Paul Weller - guitar on "And Through the Wire"
Larry Fast - synthesizer (1, 2, 3, 7, 10), processing (2, 4, 8), bass synthesizer (7), bagpipes (10)
John Giblin - bass (2, 5, 6, 7, 8)
Tony Levin - Chapman stick (4)
Jerry Marotta - drums (4, 5, 7, 8, 9, 10), percussion (7, 8)
Phil Collins - drums (1,2); drum pattern (1); snare drum (5); surdo (10)
Dick Morrissey - saxophone (3, 5, 9)
Morris Pert - percussion (1, 2, 9)
Dave Ferguson - screeches (10)
Steve Lillywhite - producer; whistles (7)
Hugh Padgham - engineer; whistles (7)

PETER GABRIEL

PoP DRôLe
Gotainer, Richard "Chants Zazous" (1982)
ou "Le Rigolo de Service"

Ce n'est pas toujours drôle d'être le rigolo de service... Prenez Pierre Vassiliu dont toute la carrière a été escamotée par un unique hit... Pareille mésaventure est arrivée à William Sheller qui a mis quelque temps à se défaire de son Rock'n'Dollars...
Oui, ce n'est pas toujours drôle d'être le rigolo de service... Sauf si - bien sûr ! - vous vous appelez Richard Gotainer et avec entrepris toute votre carrière de faire travailler les zygomatiques d'un public qui en a souvent bien besoin.
Or, donc, Richard Gotainer est un rigolo, l'assume... Le revendique même ! Ca ne l'empêche pas d'avoir un certain talent à ciseler des chansons où son humour n'est qu'une composante (déterminante, ne nions pas l'évidence) d'un cocktail pop vitaminée.
Sur son troisième album, si l'on omet la compilation de 1981 (Grands Succès), entouré des frères Engel (Magma, Herbie Hancock, Michel Berger, etc.) et de quelques requins de studio, Gotainer procède à un changement assez radical de son son. Clairement, la mode est aux synthétiseurs et - justement ! - la voix si particulière de Richard s'imbrique à merveille à ces nappes synthétiques et ces guitares compressées... Il eût été dommage de ne pas profiter de l'aubaine. Nous avons donc ici un Gotainer typiquement 80s ce qui pourrait être absolument affreux si les chansons n'étaient pas si savoureuses et si visiblement conçues pour coller au plus près à l'environnement sonore.
Car oui, Chants Zazous est aussi une œuvre pensée, c'est évident. Comme pour la comédie filmée ou théâtrale, la chanson-à-rire nécessite une précision d'orfèvre et une rigueur monastique pour passer aussi bien le test du temps. Les frères Engel autant que Richard sont à féliciter pour leur travail si minutieusement accompli.
Et les chansons me direz-vous ? Du faux-mambo-synthétique d'ouverture à la pièce finale (en 7 parties avec - diable ! - pour canevas les 4 saisons) ou face B comme on disait à l'époque des grosses rondelles noires, tout est simplement succulent. Tout juste notera-t-on un surplus de forme sur les exquis La Ballade de l'Obsédé d'une étonnante actualité, Trois Vieux Papis (avec un Gotainer multi-facettes) ou l'hilarante parodie de hard rock Tintinisée qu'est Capitaine Hard-Rock. Il faut dire qu'avec tout juste 35 minutes au compteur, l'efficacité a probablement été optimisée.
En bref, si vous avez envie d'un bon album de chansons rigolotes, de ces machins qui vous mettent un rayon de soleil dans la tête, ne cherchez pas plus loin, Chants Zazous est exactement ce qu'il vous faut !

1. Le Mambo du décalco 3:30
2. La Ballade de l'obsédé 3:36
3. Zazou 3:57
4. Trois vieux papis 4:03
5. Capitaine Hard-rock 3:57
Les Quatre saisons 
6. Chlorophylle Est De Retour : Prologue 0:57
7. Avant De Voir Ses Yeux : Le Printemps 3:03
8. Youpi Youpi Youpi : L'Eté 3:21
9. La Photo Qui Jaunit : L'Automne 2:45
10. Elle Est Partie Avec Robert : L'Hiver 4:09
11. A Guegue : Point D'Exclamation 0:30
12. Le Renouveau : Epilogue 0:48

RICHARD GOTAINER

ViaNDe FRaiCHe
Les Garçons Bouchers "Tome 2" (1988)
ou "Punks à thèmes"

Amateurs de fines harmonies, de contrepoints savants, de mélodies ciselées, passez votre chemin ! Parce que si les Garçons Bouchers du massif et tondu multi-instrumentiste François Hadji-Lazaro ne manquent pas d'humour, ils ne font pas dans la dentelle, ou alors dans la dentelle sanguinolente.
Comme son nom l'indique, Tome 2 est le deuxième album de ces parisiens amateurs de chair fraiche et de riff gras, un album qui reprend les choses exactement là où l'éponyme les avaient laissées un an plus tôt à savoir dans un punk revendiquant fièrement ses origines jusque dans des choix de reprise (Marche de Ménilmontant et Viens sur le premier, Je ne regrette rien ici, Maurice Chevalier, Charles Aznavour et Piaf pas facile d'être plus traditionnaliste) qui même nettement dévoyées de leurs intentions originelles montrent l'intérêt jamais démenti d'Hadji-Lazaro pour la chanson française classique, fait que ne fera qu'appuyé un Pigalle encore plus versé dans ce genre de choses.
Evidemment, avec un nom pareil !, Les Garçons Bouchers ont, ici plus que nulle part ailleurs, une très nette tendance à tourner autour du thème de la bidoche comme démontré par trois des plus belles pièces de l'opus, Carnivore, Anthropophage et Chambre Froide, dévolues à, dans l'ordre, l'amour de la viande, l'amour de la viande humaine et l'amour de la viande humaine pour des pratiques sexuelles déviantes particulièrement ragoutantes. Mais comme tout ceci est fait avec humour et sans mauvais-goût (oui !) et que le résultat est éminemment, ça passe comme une lettre à la poste. Outre cette quasi-obsession de la matière carnée, Hadji-Lazaro, chef omnipotent de la bande, développe des thèmes où son talent de plume fait la différence : l'adaptation du Rock'n Roll de Gary Glitter sur les faux rebelles, Toutes des Putes Sauf..., chanson féministe bien sentie, Paris Paris Paris, sur une capitale qui n'a pas fini d'empirer, etc. Musicalement, outre les inflexions punkoïdes majoritaires, il y a des tentations folkloriques venant agréablement épicer cette belle plâtrée, tout sauf étonnant sachant que François donna précédemment dans la folk, qu'on retrouve un peu partout mais plus précisément sur Paris Paris Paris (ce violon !) ou La Bastringue (détournement de Savez-vous planter des choux dédiée à un récent voyage chez nos cousins canadiens francophones).
Tout ça nous donne un album presque parfait pour le genre (on appréciera moins quand les GB glissent vers l'ultra-violence comme sur Je voudrais te faire peur et Pogo d'enfer, les deux "ratages" de la galette), où humour et préoccupations sociales font excellent ménage et où la musique n'est pas aussi primitive qu'on pourrait le penser, un classique de l'explosion rock alternative française des années 80 chaudement recommandé.

1. Je ne regrette rien 2:05
2. Rock'n roll 2:25
3. A cause du slow 2:54
4. Je voudrais te faire peur 2:46
5. Carnivore 2:53
6. Le rap des garcons bouchers 4:43
7. Toutes des putes sauf... 2:35
8. Anthropophage 3:01
9. Chambre froide 2:13
10. Paris Paris Paris 2:06
11. La bastringue 1:38
12. Pogo d'enfer 1:35

Eric Listz : chant
Blank "Neige" : guitare
Daniel "Belavoine" : guitare
Riton "Mitzouko" : basse
François Hadji-Lazaro : violon, accordéon, sax alto, claviers, harmonica, guitare, flûte traversière, programmation batterie

LES GARCONS BOUCHERS

NeW KiNGS
Galactic Cowboys "Galactic Cowboys" (1991)
ou "Metal différent"

Du metal pour ceux qui n'aiment pas le metal ou, plus précisément, une fusion de mélodies pop et de guitares acérées qui s'emboîtent si bien qu'on s'étonne que personne n'y ait pensé avant (quoique King's X...). Mais place au billet de Papy Cyril  de VS Webzine :
"Vous avez toujours rêvé d'aimer KING'S X mais vous ne les trouvez pas assez puissants. Il vous faut savoir qu'ils avaient des amis, Texans comme eux, fous de mélanges musicaux comme eux, et aimant et doués pour les harmonies vocales comme eux mais en plus fans de thrash et ça s'entend! Et le groupe a toujours eu beaucoup d'humour, par exemple ce disque commence sur un meuglement de vache!
On trouve de guitares thrash sur tous les titres de ce premier album des garçons vachers de l'espace, mais le groupe a une nette préférence pour les titres mid-tempo (enfin globalement parce que le changements de rythme sont fréquents) tout comme on retrouve des harmonies vocales sur tous les titres.
Les arrangements sont très soignés faisant appel à des instrument pas forcément métal comme de l'hamonica (joué par Ben le chanteur du groupe) sur « I'm not amused » ou « Speak to me », du violoncelle sur « Sea of tranquilliy » qui est pourtant un des titres bien thrash du disque ou encore une fois sur « Speak to me ». Au niveau des délires, on trouve un titre bien speed avec un mélange de grosses guitares et de guitares funk sur le très bref mais tellement jouissif « Pump up the space suit », le titre caché qui est un délire jazzy, ou encore « Ranch on mars reprise » qui est la suite d'un titre qu'on ne trouvera que sur le deuxième album du groupe!
Le son est très bon et colle bien à la musique du groupe, groupe et album attachant, les plus thrasheur préféreront peut-être se pencher sur « Machine Fish » leur album le plus speed (pour lequel ils ont tourné en compagnie d'ANTHRAX)."
Voilà, personnellement, c'est mon album préféré de la formation, Space in Your Face, leur opus suivant, pas loin derrière parce que cette fusion alors encore inédite de metal moderne et de pop traditionnaliste fonctionne au-delà des espérances et crée, ultimement, une nouvelle piste intéressante pour une scène dans l'impasse avec l'explosion grunge, bref, évidemment recommandé mais, qui plus est, d'une importance historique à ne pas minimiser.

1. I'm Not Amused 6:26
2. My School 6:42
3. Why Can't You Believe in Me 6:33
4. Kaptain Krude 5:56
5. Someone for Everyone 6:26
6. Sea of Tranquility 7:22
7. Kill Floor 5:06
8. Pump Up the Space Suit 1:19
9. Ranch on Mars Reprise 2:10
10. Speak to Me 11:29

Ben Huggins - Vocals, acoustic guitar, blues harp
Dane Sonnier - Guitar, vocals
Monty Colvin - Bass, vocals
Alan Doss - Drums, vocals, attempted clarinet
&
Max Dyer
- cello

GALACTIC COWBOYS

a NeW iNDie
Grandaddy "Under the Western Freeway" (1997)
ou "Talentueux trublions"

Premier album de californiens capables de créer une indie pop rock sophistiquée, prospective et pourtant absolument infectieuse comme on n'en entend pas si souvent. Un album que j'ai découvert dès sa sortie grâce aux mots de Jean-Noël Dastugue de l'excellent magazine Magic RPM que je vous reproduis donc, logiquement, ici :
"Le quintette barré de Grandaddy fait dans la pop de grand-papa et on adore ça. Beatles modernes ou Beck d’époque, on ne sait plus où se situe le cadre de références. Aussi, c’est avec joie qu’on découvre Under The Western Freeway et sa série impressionnante de tubes toujours décalées. Le groupe prend le cap d’Olivia Tremor Control, les investigations psychédéliques en moins. La norme musicale est hors des tablatures et des partitions conventionnelles, l’émotion et la sensibilité priment sur la technique. La vanité est laissée aux vestiaires. Le groupe se laisse vivre comme il laisse vivre ses mor-ceaux. La pop de Grandaddy s’apprécie doublement, bien calé au fond d’un hamac, le regard pointé vers les étoiles et la cause est entendue sur le morceau de conclusion Why Took Your Advice. L’entêtant gimmick de A.M. 180 fait de cet album un disque à chérir comme le plus précieux des cadeaux. Loin de la lo-fi riquiqui, Jason Lytle et sa bande de dérangés ont enregistré les morceaux chez eux. Impossible de les entraîner dans un quelconque studio puisqu’ils considèrent ces endroits technologiques comme de vulgaires hôpitaux. On veillera donc encore plus sur eux. Reposant, relaxant, inventif, c’est Grandaddy Cool."
C'est court mais largement suffisant pour donner envie à ceux qui seraient passés à côté de cet authentique tour de force qui n'a pas encore fini de nous épater, voir les excellents Sumday, The Sophtware Slump et même le final et inégal Just Like the Fambly Cat. Allez, plongez !

1. Nonphenomenal Lineage 3:11
2. A.M. 180 3:20
3. Collective Dreamwish of Upperclass Elegance 5:26
4. Summer Here Kids 3:35
5. Laughing Stock 5:59
6. Under the Western Freeway 3:01
7. Everything Beautiful Is Far Away 5:13
8. Poisoned at Hartsy Thai Food 1:13
9. Go Progress Chrome 2:31
10. Why Took Your Advice 4:07
11. Lawn and So On 9:04

Jason Lytle
Kevin Garcia
Jim Fairchild
Tim Dryden
Aaron Burtch

GRANDADDY

So HiGH!
Goldfrapp "Felt Mountain" (2000)
ou "Trip-Top"

Si un ange tombait des cieux et enregistrait un album pour nous-autres pauvres mortels, ça ne serait pas très différent du divin premier opus de la charmante Alison Goldfrapp.
Qui n'est présentement plus une débutante ayant sévi dans plusieurs formations anarcho-punk aux profils publics élusifs avant de faire une apparition remarquée avec les électroniciens d'Orbital et d'y être remarquée par celui qui est son partenaire depuis au sein de l'entreprise Goldfrapp : Will Gregory.
Musicalement, la tentation de classer Felt Mountain, premier album du duo, dans le trip-hop dont il sont contemporains et de ne plus en parler est grande mais ultimement limitative ne prenant pas en compte la richesse des influences et leur traitement particulier une paire d'instrumentistes/compositeurs/interprètes supérieurement imaginative. Parce qu'il y a plus dans les vocalises d'Alison et les musiques conçues avec Will que votre dose habituelle de trip-hop à chanteuse façon Morcheeba (pour le plus léger) ou Portishead (pour le plus dramatique). C'est évident dès Lovely Head où clashent les échos conjoints de Burt Bacharach, d'Ennio Morricone et de Massive Attack avec une sensibilité vocale cousine d'Elizabeth Fraser et des arrangements au potentiel filmique énorme. Et puisqu'on parle de voix, établissons définitivement qu'Alison, sans doute bien aidée par une formation classique et le large registre dont l'a doté Mère Nature, est le centre d'intérêt principal de chacune des 9 (magnifiques) compositions garnissant l'album, aussi capable d'une délicatesse ou d'une sensualité absolue que d'emportements bienvenus et même de quelques traitements sonores et vocalises étranges (sur le morceau titre par exemple) renforçant l'"extraterrestralité" de la galette. Un galette qui, entre Hollywood ou Cinecittà et Bristol, entre hier (voire avant-hier), aujourd'hui et sans doute un peu demain, peut définitivement être qualifiée de rétro-moderniste en plus d'ear candy de première classe parce que Felt Mountain, à l'évidence à l'examen des très nombreux intervenants ayant été réunis pour l'enrichir (mais jamais l'empeser !), est une aeuvre mûrement réfléchie et brillamment exécutée. Une œuvre dont on peine à retenir un morceau plus qu'un autre tant la palette présentée est, in fine, complémentaire et inséparable.
Depuis Felt Mountain, la fine équipe constituée par Alison et Will a fait florès, jamais stagné musicalement prenant par conséquent le risque de décevoir ponctuellement un auditoire par forcément friand de déstabilisation. Ponctuellement, ils se sont approchés de leur déclaration de grâce initiale sans toutefois jamais l'égaler mais en n'essayant jamais non plus de reproduire à l'identique l'exploit. C'est tout à l'honneur d'une équipe dont chaque apparition revêt désormais un caractère évènementiel chez ceux qui savent qu'un potentiel énorme il y a chez ce Goldfrapp changeant, souvent attachant et concluant. Et que ceux qui ne savent pas encore, heureux les ignorants pouvant gouter au doux nectar de la découverte, se penchent au plus vite sur Felt Mountain, ils m'en diront des nouvelles !

1. Lovely Head 3:49
2. Paper Bag 4:05
3. Human 4:36
4. Pilots 4:29
5. Deer Stop 4:06
6. Felt Mountain 4:17
7. Oompa Radar 4:42
8. Utopia 4:18
9. Horse Tears 5:10

Alison Goldfrapp - vocals, whistling, keyboards, producer, sleeve design
Will Gregory - keyboards, string arrangements, brass arrangements, producer
&
Alexander Bãlãnescu - violin (2, 5, 8)
Nick Barr - viola (2, 5, 8)
David Bascombe - additional mixing (8)
Nick Batt - bass synthesiser (1); additional programming (1, 3, 4, 6); additional mixing, metal percussion (3); additional engineer (all tracks)
Andy Bush - trumpet (3); flugelhorn solo (7)
Steven Claydon - synthesiser (6, 8)
Nick Cooper - cello (2-5, 8)
John Cornick - trombone (3)
Andy Davis - baritone ukulele, koto, melodica (2)
Clive Deamer - brushes (4)
Flowers Band - brass band (7)
Luke Gordon - additional engineer (all tracks); additional programming (3, 4)
Stuart Gordon - viola, violin (1, 9); tremolo violins (6); violin solo (9)
Bill Hawkes - viola (3, 4)
Steve MacAllister - French horn (6)
Mute Male Voices - humming (2)
Jacqueline Norrie - violin (3, 4)
Rowan Oliver - percussion (3, 4)
Tony Orrell - drums (7, 8)
John Parish - drums (1, 2, 9); bass guitar, tremolo guitar (9)
Mary Scully - double bass (2, 5, 8)
Sonia Slany - violin (2-5, 8)
Adrian Utley - bass guitar (1, 4); synthesiser, tremolo bass guitar (2)
Ben Waghorn - tenor saxophone (3)
Chris Weston - additional programming (8)

GOLDFRAPP

aLBaRN aNiMé
Gorillaz "Demon Days" (2005)
ou "Second tour, Elus au Panthéon"

Pouf pouf. Les mêmes causes produisant souvant les mêmes effets, et m'étant amouraché du présent opus suite à la lecture des mots de Christophe Basterra de Magic RPM, je vous propose ledit billet qui me poussa, donc, à passer outre la légère déception de leur premier album. Voici Demon Days du Gorillaz de Damon Albarn :
"« Changeons une équipe qui gagne ! », s’exclame Murdoc pour réveiller ses camarades de jeu. Noodle, Russel et 2-D sursautent avant d’acquiescer. Quatre années après le succès d’un premier album éponyme , Gorillaz revient, animé de desseins clairement énoncés. Exit Dan The Automator, l’ingénieux metteur en son aux yeux plus gros que le ventre. Congédiés, les invités. « D’accord, mais gardez le même schéma tactique », conseille Damon Albarn, confirmé dans son rôle de coach, tout comme Jamie Hewlett dans celui de préparateur physique. Le quatuor, dubitatif, finit par opiner du bonnet. Et accueille derrière la console Danger Mouse, avant d’envoyer moult courriels pour convier de nouveaux amis à une fiesta qui durera jusqu’à El Mañana (sic). Visiblement, on n’a pas eu le temps de s’y ennuyer. Les disques ont même fini par s’enchaîner tout seuls, dans un immense brassage démantibulé qui a donné naissance à quatorze morceaux. Feel Good Inc. prend en chasse OutKast, avec l’aide De La Soul qui passait dans le coin: pas le temps de Bullit dans cette course poursuite. Auparavant, des Kids With Guns ont repeint en noir des Young Marble Giants , sous l’oeil goguenard d’un Roots Manuva, All Alone, qui ne prête même pas attention aux mots doux que Neneh Cherry lui glisse sur fond de hip opéra. Parfois, les titres annoncent la couleur, comme ce White Light piqué à un Velvet court-circuité ; le plus souvent, ils flirtent avec le surréalisme, à l’instar de Fire Coming Out Of A Monkey’s Island, electro funk 80’s dont le pouvoir addictif ne saurait s’expliquer par la seule présence de Shaun Ryder. Même Dennis Hopper, qui en a pourtant vu d’autres, se laisse alors aller à la confidence sur un Don’t Get Lost In Heaven apaisant. Improbable patchwork d’un troisième millénaire mal engagé, Demon Days pourrait être perçu par la concurrence comme le jugement dernier. Mais après tout, on la comprend : ce n’est pas tous les jours qu’une souris, au chevet de personnages de BD, accouche d’un éléphant. "
Voilà, si vous êtes passés à côté de cette pleine et entière réussite, une galette qui, dix ans après sa sortie, a justement acquis son statut de classique, vous savez ce qu'il vous reste à faire... Enjoie !

1. Intro 1:03
2. Last Living Souls 3:10
3. Kids with Guns 3:45
4. O' Green World 4:31
5. Dirty Harry 3:43
6. Feel Good Inc. 3:41
7. El Mañana 3:50
8. Every Planet We Reach is Dead 4:53
9. November Has Come 2:41
10. All Alone 3:30
11. White Light 2:08
12. DARE 4:04
13. Fire Coming Out of the Monkey's Head 3:16
14. Don't Get Lost in Heaven 2:00
15. Demon Days 4:28

Damon Albarn – lead vocals, keyboards, acoustic guitar, synthesizers, melodica
De La Soul - vocals on "Feel Good Inc."
Bootie Brown – vocals on "Dirty Harry"
San Fernando Valley Youth Chorus – vocals on "Dirty Harry"
Neneh Cherry – vocals on "Kids with Guns"
Roots Manuva - vocals on "All Alone"
Martina Topley-Bird – vocals on "All Alone"
MF Doom – vocals on "November Has Come"
Shaun Ryder - vocals on "DARE"
Dennis Hopper – vocals on "Fire Coming Out of the Monkey's Head"
London Community Gospel Choir – vocals on "Demon Days" & "Don't Get Lost in Heaven"
Rosie Wilson – vocals on "DARE"
Simon Tong – guitar
Ike Turner – piano on "Every Planet We Reach is Dead"
Morgan Nicholls – bass guitar
Cass Browne – drums
Amanda Drummond – viola
Isabelle Dunn – cello
Sally Jackson – violin
Al Mobbs – double bass
Prabjote Osahn – violin
Stella Page – viola
Antonia Pagulatos – violin
Emma Smith – double bass
Chris Frangou – bass guitar

GORILLAZ

10 commentaires:

  1. Le Point G : 11 albums, 7ème ciel

    Bobbie Gentry "Patchwork" (1970)
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    Serge Gainsbourg "Histoire de Melody Nelson" (1971)
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    Genesis "Selling England by the Pound" (1973)
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    Rory Gallagher "Against the Grain" (1975)
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    Peter Gabriel "Melt" (1980)
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    Richard Gotainer "Chants Zazous" (1982)
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    Les Garçons Bouchers "Tome 2" (1988)
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    Galactic Cowboys "Galactic Cowboys" (1991)
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    Grandaddy "Under the Western Freeway" (1997)
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    Goldfrapp "Felt Mountain" (2000)
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    Gorillaz "Demon Days" (2005)
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  2. Concernant Gotainer, il a à son crédit avant tout, en sus de l'interprétation vocale, les paroles. Pour la musique il doit quasiment tout à Claude Engel, malheureusement disparu des écrans radars (Je garde jalousement ses vinyles jamais ré-édités en CDs). Dommage il n'y a pas ma chanson préférée du duo Gotainer/Engel, à savoir l'empereur du flipper.
    Mais comme d'habitude, un très bon post et donc merci pour le temps que cela implique. Bonne suite

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    1. Merci, et bien content de lire que Gotainer n'est pas aussi sous-estimé que ça ! ^_^

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  3. Déçu, putain que je suis déçu ! En lisant le titre de la chronique, je me suis dit qu'on allait sans doute découvrir des pochettes chaudes et humides, avec des lolos et des foufounes ! Nib, nada, que dalle, pas un seul téton à l'horizon… la seule image excitante étant celle de Gotainer en slip ! Déçu, putain que je suis déçu ! Je crois que nous sommes ici face à la plus ignoble publicité mensongère !!!!!
    Par chance, on va pouvoir se consoler avec quelques galettes savoureuses !
    N'empêche que s'il y avait des oscars de l'arnaque, tu serais vainqueur d'office !!!!!

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    1. Je savais qu'il y aurait des petits vicieux pour regretter le piège du titre dudit billet, je ne suis pas surpris que ça vienne de toi, vieil obsédé. Mais, comme tu l'écris, le plus important est la musique et icelle, en l'occurrence, mérite ton attention. Enjoie !

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  4. Bien vu Keith !!! +1
    Et merci Zorno, je chope les bonus de Melody que je n'avais pas, et puis un peu de viande fraiche, ça fait toujours plaisir !

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    1. Tu verras que tu as le double Nelson (rien à voir avec le catch) dans le lien. Et enjoie ta belle tranche de barbaque !
      Merci de ton passage, Nestor.

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  5. J'aime bien le Gun Club aussi, et si j'en viens à faire un volume 2, il n'est pas disponible qu'ils en soient.
    Pour le reste, content de t'avoir fait redécouvrir cet excellent Goldfrapp, curieux de ta réaction sur le Grandaddy (faut lui laisser le temps, à commencer par l'irrésistible AM 180) et le Peter Gabriel.
    Et encore merci de ton passage.

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  6. AM 180 fait partie des morceaux que je connaissais et je m'attendais à des choses de ce niveau. Mais ce n'est qu'une première impression. Je crois me rappeler que AM180 m'avait également laissé la même impression, donc tout n'est pas joué sur cet album qui propose déjà , encore une fois, de quoi me réjouir.

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  7. Je reviendrai sur leur cas, en attendant, je te laisse explorer celui-ci qui, sur le long terme, me fait encore beaucoup d'effet.

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