jeudi 19 février 2015

Tire le Fil #2



SCoTSMaN'S PRoG
Fish "Internal Exile" (1991)
ou "Poisson géant"

Pour son deuxième album solo, l'ex-vocaliste des néo-progsters de Marillion change de label mais pas (tellement) de formule... Tant mieux.
On précisera tout de même que la variété qu'on trouvait sur son premier opus solo, Vigil in a Wildnerness of Mirrors, est ici nettement amoindrie sur l'album sans doute le plus colérique de Fish depuis ses débuts. C'est aussi l'occasion pour le grand écossais de concrétiser l'adjonction d'un vrai groupe là où son devancier proposait une collection de musiciens ce qui explique la cohérence de ton de cet Exile Interne. C'est d'ailleurs la force et la faiblesse de l'opus qui, ne nous mentons pas, n'égale pas son glorieux prédécesseur. Certes, on y retrouve toujours ce rock progressif moderne (pour son époque) et racé, notamment sur les épiques chansons que sont Shadowplay, Credo et Tongues, d'agréables inflexions celtiques (Lucky et Internal Exile, surtout, qui vous rappellera un certain Soldat Louis avec qui elle partage l'emprunt du même Anatole celtique), ou de jolies chansons douces-amères (Just Good FriendsDear Friend) pour seulement un petit ratage (Favourite Stranger, moyen moyen), mais pas un ensemble aussi décisif et qualitatif que celui de son initial long-jeu, donc. Ca n'en reste pas moins un bon album bien produit et bien joué et, dans la présente édition, joliment complémenté de deux face B d'époque (Poet's Moon et Carnival Man, deux bonne chansons) ainsi que la reprise modernisée du One Hit Wonder Thunderclap Newman (Something in the Air, également repris par, en vrac, Eurythmics, Herbie Mann, Tom Petty ou les UK Subs), bonus cd de l'édition vinyl originelle. Bref, largement de quoi contenter les fans du Poisson mais, probablement, pas de quoi lui voir gagner de nouvelles têtes et, par conséquent, déjà une légère baisse de popularité dans une carrière qui, comme nous le savons désormais, connaîtra pas mal de hauts (artistiques) et de bas (commerciaux).
Quasiment 25 ans après son lancement, Internal Exile n'en demeure pas moins une galette joliment troussée et une addition quasi-obligatoire à la collection des amateurs du genre mais ratant la marche de la célébrité grand-public qui semblait lui tendre les bras deux petites années plus tôt. Recommandé, donc, si pas tout à fait aussi essentiel que les plus belles galettes du catalogue du grand écossais (2 mètres, beau bestiau !) que sont Vigil et Sunsets on Empire.

1. Shadowplay 6:23
2. Credo 6:40
3. Just Good Friends (Close) 6:00
4. Favourite Stranger 5:58
5. Lucky 4:50
6. Dear Friend 4:08
7. Tongues 6:22
8. Internal Exile 4:45
Bonus
9. Poet's Moon 4:26
10. Something In The Air 5:08
11. Carnival Man 6:25

Derek W Dick (Fish) - vocals
Mickey Simmonds - keyboards
Robin Boult - guitars, backing vocals
Frank Usher - guitars
David Paton - bass, backing vocals
Ethan Johns - drums, percussion
&
Ted McKenna - drums, percussion (7, 8)
Maryen Cairns - backing vocals
Charlie McKerron - fiddle (8)
Marc Duff - whistles
Donald Shaw - box accordion

David Paton - basse

PoP PRoG
The Alan Parsons Project "Eye in the Sky" (1982)
ou "Aller plus haut"

Une chose est absolument certaine concernant l'Alan Parsons Project : le groupe est une créature de studio à nulle autre pareille menée qu'elle est par un ingénieur du son d'exception. En 1982, année de parution d'Eye in the Sky, c'est la sixième fois que ce fait est avéré, la sixième fois depuis 1976 et le désormais légendaire Tales of Mystery and Imagination.
Celui-ci, selon d'où vous vous placez, ce que vous appréciez dans le rock progressif, est un triomphe ou un renoncement. Un triomphe parce que, de la production à la somme des compositions, c'est une galette d'une implacable efficacité qui nous est offerte. Un renoncement parce que c'est, indénablement, l'album le plus commercial alors produit par une formation toujours menée par la paire Eric Woolfson, Alan Parsons, c'est en tout cas ce qu'en diront les intégriste de la chose progressive, et un peu une injustice aussi. Certes la musique s'est simplifiée, a perdu de son ambition diraient les précités, mais regorge encore et toujours d'arrangements et de mélodies d'absolue première bourre. Des exemples ? L'intro planante Sirius qui débouche sur la très bonne chanson et l'énorme hit qu'est Eye in the Sky, les jolies chansonnettes prog-pop que sont Children of the Moon (chantée par David Paton, également guitariste et bassiste de l'exercice), Old and Wise, l'étourdissante doublette Psychobabble/Mammagamma que vous connaissez sans doute tant elle servit à illustrer de belles images sportives, etc. Et cetera parce que, fondamentalement, il n'y a pas de ratage sur l'opus. Et même de vrais motifs d'hébétude dans la réédition qui, si elle souffre légèrement de la Guerre du Son (toujours plus fort !) bénéficie de généreux bonus qu'on gobe sans coup férir.
Eye in the Sky ? Un album à cheval entre soft rock et prog rock et qui le fait très bien. Recommandé ? Oui da !

1. Sirius 1:54
2. Eye in the Sky 4:36
3. Children of the Moon 4:51
4. Gemini 2:11
5. Silence and I 7:19
6. You're Gonna Get Your Fingers Burned 4:22
7. Psychobabble 4:51
8. Mammagamma 3:34
9. Step by Step 3:54
10. Old and Wise 4:55
Bonus
11. Sirius (Demo) 1:56
12. Old and Wise 4:43
13. Any Other Day (Studio demo) 1:42
14. Silence and I 7:33
15. The Naked Eye 10:49
16. Eye Pieces (Classical Naked Eye) 7:51

Eric Woolfson: keyboards, main vocal on tracks 2 & 5
Alan Parsons: keyboards, fairlight programming, vocals
David Paton: acoustic, electric & bass guitars, main vocal on track 3
Ian Bairnson: acoustic & electric guitars
Mel Collins: saxophone
Stuart Elliott: drums, percussion
&
Chris Rainbow: main vocal on track 4
Lenny Zakatek: main vocal on tracks 6 & 9
Dave Terry: main vocal on track 7
Colin Blunstone: main vocal on track 10
The English Chorale: choir vocals

Mel Collins - Saxophone

KaoTiC PRoG
Roger Waters "Radio K.A.O.S." (1987)
ou "Roger's Chaos"

C'est le vilain petit canard de la discographie de l'ex-Pink Floyd, un album fraichement accueilli à sa sortie, voire carrément démoli par certains critiques qui n'attendait pas mieux qu'un relatif faux-pas pour se payer la carcasse d'une icône progressive telle que l'ex-bassiste et vocaliste de Pink Floyd, un album partiellement racheté depuis mais demeurant, malgré tout, un étrange animal qu'on ne dompte pas aussi facilement que ce qui précède (The Pros and Cons of Hitch Hiking) ou suit (Amused to Death).
Plus d'un quart de siècle après sa parution, quand on y revient avec un minimum d'honnêteté intellectuelle, c'est une affaire plus nuancée que la bérézina perçue par les plus critiques ou le nouveau triomphe artistique loué par les zélotes du ténébreux Waters. De fait si Radio K.A.O.S. n'est pas exempt de certaines maladresses et souffre, en particulier, d'un son trop eighties pour être aujourd'hui aisément digérable mais, si l'on parvient à passer ce véritable obstacle, il déploie quelques beautés qui, si elles auraient mérité un traitement plus nuancé, ont un certain impact (l'enchainement Sunset Strip/Home est excellent). Evidemment, c'est un habitude avec Roger, c'est d'un concept album dont il s'agit, un concept bien de son temps où passent à la moulinette de l'écriture du Waters, en vrac, la guerre froide, Maggie Thatcher et le monétarisme, la maladie mentale, le Live Aid (pour lequel Roger s'était proposé sans qu'on l'y retienne)... Le chaos, quoi ! Et c'est sans doute là que le bat blesse parce qu'à vouloir trop en faire, trop en dire sur un galette finalement assez brève (à peine plus de 40 minutes) Roger nous plonge dans la confusion et se perd un peu lui-même.
Heureusement, même un peu perdu, Roger Waters demeure quelques franches coudées au-dessus de la mêlée des laborieux et Radio K.A.O.S., album mi-raté mais ultimement sympathique (et peut-être sympathique parce mi-raté, d'ailleurs), une œuvre dans laquelle on replonge avec étonnement et sans déplaisir. Le mieux, à partir de là, est de s'en faire sa propre opinion tant il est vrai que les avis sur sa qualité (ou son absence de...) sont partagés. Une chose est sûre, il ne vous laissera pas indifférent ce qui est déjà beaucoup.

1. Radio Waves 4:58
2. Who Needs Information 5:55
3. Me or Him 5:23
4. The Powers That Be 4:36
5. Sunset Strip 4:45
6. Home 6:00
7. Four Minutes 4:00
8. The Tide Is Turning (After Live Aid) 5:43

Roger Waters – vocals, guitars, bass guitar, shakuhachi, keyboards
Graham Broad – percussion, drums
Mel Collins – saxophones
Nick Glennie-Smith – DX7 and Emu on "Powers That Be"
Matt Irving – Hammond organ on "Powers That Be"
John Lingwood – drums on "Powers That Be"
Andy Fairweather Low – electric guitars
Suzanne Rhatigan – main background vocals on "Radio Waves", "Me or Him", "Sunset Strip" and "The Tide Is Turning"
Ian Ritchie – piano, keyboards, tenor saxophone, Fairlight programming, drum programming
Jay Stapley – electric guitars
John Phirkell – trumpet
Peter Thoms – trombone
Katie Kissoon, Doreen Chanter, Madeline Bell, Steve Langer & Vicki Brown – background vocals on "Who Needs Information", "Powers That Be" and "Radio Waves"
Clare Torry – vocals on "Home" and "Four Minutes"
Paul Carrack – vocals on "The Powers That Be"

Andy Fairweather Low - Guitare Rythmique


CooL Joe
Joe Satriani "Joe Satriani" (1995)
 
Connu pour ses supersoniques et ébouriffantes descentes de manche, et donc son impeccable technique, Joe Satriani est aussi un artiste ayant besoin de se renouveler, de chercher ailleurs les munitions qui feront évoluer son esthétique ou, plus prosaïquement, ayant besoin, pour éviter l'ennui, de se risquer à de risqués paris... Comme sur l'éponyme de 1995 ou, franchement, on peine à reconnaître l'auteur de Satch Boogie ou de Summer Song.
En vérité, c'est l'album  que les suiveurs consciencieux du volubile guitar-hero n'attendait pas, un album où Joe se démarque tellement de ce qui a fait sa gloire qu'il devait, forcément, décevoir ses fans les plus zélés. Pourquoi ? Parce que la pyrotechnie habituelle du six-cordiste est remisée en faveur d'un blues un poil jazzé plutôt bien troussé. On sent cependant qu'en sortant de sa zone de confort, ce qui est louable, Satriani se perd un peu en ne convaincant que partiellement. S'il y a d'excellentes choses sur cet album (Cool #9, If, Home, Moroccan Sunset, Killer Bee Bop) il y a aussi quelques plages où l'ennui guette (Look My Way, chantée par Satriani, jamais une bonne idée, Slow Down Blues qui n'est pas intrinsèquement mauvais mais n'en finit pas de s'étirer, Sittin' Around franchement peu inspiré) ce qui n'est pas dans les habitudes de la maison. Mais, avec d'excellents musiciens (la triplette Andy Fairweather Low, Nathan East, Manu Katché en tête) et un reste de tracklist plutôt réussi, on est loin du ratage intégral que certain voulurent dénoncer.
En testant d'autres eaux, une idée qui lui reviendra bientôt en tête sur le versant électronique (Engines of Creation), Satriani a au moins le mérite de tenter, et de globalement réussir sur ce qui reste un album alien (mais pas surfant !) de sa discographie, un album qui ne demande qu'à être réécouté aujourd'hui et séduira ceux à qui les effets de manche tapageurs de Joe déplaisent, ils seront présentement agréablement surpris.
 
1. Cool #9 6:00
2. If 4:49
3. Down, Down, Down 6:13
4. Luminous Flesh Giants 5:55
5. S.M.F. 6:43
6. Look My Way 4:01
7. Home 3:27
8. Moroccan Sunset 4:23
9. Killer Bee Bop 3:48
10. Slow Down Blues 7:25
11. (You're) My World 3:56
12. Sittin' 'Round 3:38

Joe Satriani – vocals, guitar, dobro, harp, bass (track 11)
&
Andy Fairweather Low – guitar (tracks 1–5, 7–10, 12)
Eric Valentine – keyboard, piano, percussion (track 4), bass (track 4)
Manu Katché – drums (tracks 1–3, 5, 7–10, 12)
Ethan Johns – drums (track 4)
Jeff Campitelli – drums (track 11)
Greg Bissonette – percussion (track 6)
Nathan East – bass (tracks 1–3, 5, 7–10, 12)
Matt Bissonette – bass (track 6)
 
Manu Katché - batterie
 
DeuXièMe PiQûRe
Sting "Nothing Like the Sun" (1987)
ou "Du neuf sous le soleil"

Après un excellent premier album solo, The Dream of the Blue Turtles qui nous ferait presque fêter la mort de sa brigade antérieure, et un live (à Paris !) qui ne l'était pas moins, Bring on the Night, Sting revient avec un second album où, semble-t'il, il n'a d'autres motivations que d'écrire des chansons bien arrangées avec le gratin des musiciens de studio d'alors et quelques amis invités pour bonne mesure... Voici Nothing Like the Sun.
Stylistiquement, l'ex The Police reprend les choses où il les a laissées y ajoutant, c'est alors dans l'air du temps, des flaveurs world music bienvenues et finement distillées. Evidemment, il y a des tubes qui méritaient largement l'exposition massive qu'ils reçurent (Englishman in New York, bien sûr mais aussi le dynamique We'll Be Together ou l'émouvant They Dance Alone sur les mères chiliennes dansant et pleurant l'absence de leurs maris, fils fauchés par le régime tyrannique d'Augusto Pinochet) mais ce n'est que la partie immergé d'un iceberg de qualité qui ne se démentit jamais. Il faut dire que pour réussir ce tour de force, puisque c'en est un, Sting a su s'entourer d'un casting de musiciens assez phénoménal de Gil Evans et son orchestre sur la belle reprise du Little Wing de Jimi Hendrix au saxophone vibrant Branford Marsalis, d'un Manu Katché emprunté à Peter Gabriel  à Kenny Kirkland venu promener ses doigts agiles sur ses claviers, à quelques guitaristes de haute volée (de Clapton à Knopfler en passant par son ancien compagnon Andy Summers), énorme !
Malheureusement, Sting ne réussira pas tous ses albums avec la même classe, la même inspiration que sur cet excellent Nothing Like the Sun qui, bonne nouvelle !, a admirablement résisté à l'usure des ans et demeure, en toute logique, extrêmement recommandé.

1. The Lazarus Heart 4:34
2. Be Still My Beating Heart 5:32
3. Englishman in New York 4:25
4. History Will Teach Us Nothing 4:58
6. Fragile 3:54
7. We'll Be Together 4:52
8. Straight to My Heart 3:54
9. Rock Steady 4:27
10. Sister Moon 3:46
12. The Secret Marriage 2:03
 
Sting – lead vocals, bass guitar, guitar on "History Will Teach Us Nothing" and "Fragile"
Renée Geyer – background vocals
Dollette McDonald – background vocals
Janice Pendarvis – background vocals
Vesta Williams – background vocals
Kenwood Dennard – drums on "Little Wing"
Manu Katché – drums
Andy Newmark – drums
Gil Evans & His Orchestra on "Little Wing"
Mino Cinelu – percussion, vocoder
Rubén Blades – spoken word (on "They Dance Alone (Cueca Solo)")
Mark Egan – bass guitar on "Little Wing"
Hiram Bullock – guitar on "Little Wing"
Eric Clapton – guitar on "They Dance Alone (Cueca Solo)"
Fareed Haque – guitar on "They Dance Alone (Cueca Solo)"
Mark Knopfler – guitar on "They Dance Alone (Cueca Solo)"
Andy Summers – guitar on "The Lazarus Heart" and "Be Still My Beating Heart"
Kenny Kirkland – keyboards
Ken Helman – piano on "The Secret Marriage"
Branford Marsalis – saxophone

Mino Cinelu - percussions
 
Le RéGioNaL De L'éTaPe
Alain Bashung "L'imprudence" (2002)
ou "Free Alain"

Si le Bashung de 2002 est toujours, clairement, un membre de la grande famille de la chanson française, c'est aussi un esthète qui cherche plutôt que de se contenter d'appliquer la formule qui a fait son (ses) succès. Ha, L'imprudence, c'est quelque chose !
Quatre ans après l'acclamé et prospectif Fantaisie Militaire, qui vit Bashung largement larguer les amares avec la chanson rock traditionnelle qui était son précédent domaine, L'Imprudence poursuit l'aventure. Une aventure sombre, l'absolu opposé d'un Patrick Sébastien pouet-pouetant à tout va, parce qu'Alain n'est pas un rigolo et que, en tout logique, il ne s'entoure pas de rigolos non plus. En chansons, majoritairement composées par Bashung et écrites par son précieux partenaire Jean Fauque, avec l'assistance, cette fois, de Ludovic Bource, Arnaud Devos ou Christophe Miossec, ça donne une collection servie par d'exceptionnels instrumentistes, de Marc Ribot à Arto Lindsay en passant par Mino Cinelu (que des pointures !), usités avec goût, nuance et intelligence. Les meilleurs moments ? Tous voyons mais encore un peu plus Tel, Mes Bras, Le Dimanche à Tchernobyl et la chanson titre refermant le bal, L'Imprudence où les sommets atteints sont étourdissants de noire grâce brillant juste un petit peu plus que leurs sombres et excellents voisins.
Egal de Fantaisie Militaire, ce qui n'est pas rien !, L'Imprudence demeure l'une des plus belles pages du catalogue du regretté Alain Bashung, un album qui, de part sa noirceur désespéré ne plaira pas à tous mais qu'on recommande tout de même de tester parce que, si vous rentrez dans la combine, vous n'en ressortirez ni intact ni de sitôt.

1. Tel 5:39
2. Faites monter 4:21
3. Je me dore 5:05
5. La Ficelle 4:37
6. Noir de monde 4:22
7. L'Irréel 3:36
8. Jamais d'autre que toi 2:00
9. Est-ce aimer 3:59
11. Dans la foulée 5:22
12. Faisons envie 3:44
13. L'Imprudence 9:38

Alain Bashung: vocals, harmonica
Marc Ribot: electric guitar, acoustic guitar
Martyn Barker: drums, percussions
Steve Nieve: organ, piano, tubular bells
Simon Edwards: bass guitar, double bass, bendir
Arto Lindsay: electric guitar
Mino Cinelu: percussions, udu, chimes
Ludovic Bource: accordion wurlitzer, memory moog, glockenspielen, strings arrangements
Arnaud Devos: electric guitar, vibraphone, percussions
Mark Steylaerts : strings direction

Marc Ribot - guitare solo
 
FoLK Duo
Robert Plant & Alison Krauss "Raising Sand" (2007)
ou "La belle et le beau"

Là où on ne l'attendait à priori pas. Robert Plant cultive, outre une relative rareté, le goût pour le pas de côté. Mais si, souvenez-vous, les Honeydrippers, il y a 30 ans déjà ! Bref, là ce n'est plus de sixties memorabilia dont il s'agit mais de folk, avec Alison Krauss, star confirmée de la nouvelle country/folk américaine. Là où on ne l'attendait pas, vous dis-je.
Et c'est, en plus, toujours une bonne nouvelle, une divine surprise avec, donc, cette fois, des atours qu'on n'avait que subrepticement entendus accolés au timbre de Robert, un panorama par contre tout à fait familier pour Alison Krauss. Il aussi absolument essentiel de citer T. Bone Burnett, producteur expert de la galette, véritable chef d'orchestre de sa réalisation également (dixit Plant). Un choix tout sauf innocent tant l'homme Burnett, musicien qui plus est, a acquis une belle réputation dans le genre élu pour la circonstance et y étale donc toute son utile expérience. On ne peut évidemment pas terminer cette revue des effectifs cruciaux sans mentionner une belle bande d'instrumentistes qui, totalement dévouée à la tâche à accomplir, ne manque pas de finesse ou d'une parfaite maîtrise technique mais reste, sans être assimilable à un conglomérat de simples requins de studio donc, admirablement au service de... Plant et Krauss, présentement.
A vrai dire la façon et l'ambiance de Raising Sand sont si convaincants, qu'on en oublierait presque qu'il ne s'agit, finalement, que d'un album de reprises, mais de reprises si intimement revisitées qu'elles n'appartiennent, pour le coup, plus tout à fait à leur auteur originel. Et même d'auto-reprise dans le cas de Please Read the Letter composée pour l'album Walking into Clarksdale enregistré avec son vieux complice zeppelinien, Jimmy Page, composition réappropriée par le nouveau duo en une version, j'ose !, largement plus réussie. Tout le reste est à l'avenant, pas une chanson qui ne rate son but, qu'elle ait été originalement créée par Gene Clark, Allen Toussaint, Townes Van Zandt ou les Everly Brothers, c'est un égal bonheur d'arrangements roots, de belles mélodies délivrées avec classe et cœur et d'un son clair, chaud, intime... ha !, ce son !
Album au triomphe tout sauf modeste (5 Grammy remportés, tout de même), petite perle de douceur gentiment entraînante, belle, très belle réussite de deux artistes s'étant bien trouvé (quoique que de successives sessions furent avortées car ne fonctionnant pas, dixit Plant encore) chapeautés qu'ils furent par le bon producteur, Raising Sand fut un immense succès sur lequel les rares à avoir loupé le coche se doivent de se rattraper, et vite !
 
1. Rich Woman 4:04
2. Killing the Blues 4:16
3. Sister Rosetta Goes Before Us 3:26
4. Polly Come Home 5:36
5. Gone Gone Gone (Done Moved On) 3:33
6. Through the Morning, Through the Night 4:01
7. Please Read the Letter 5:53
8. Trampled Rose 5:34
9. Fortune Teller  4:30
10. Stick With Me Baby 2:50
11. Nothin' 5:33
12. Let Your Loss Be Your Lesson 4:02
13. Your Long Journey 3:55

Robert Plant – vocals
Alison Krauss – vocals, fiddle
&
Riley Baugus – banjo
Jay Bellerose – drums
Norman Blake – acoustic guitar
T-Bone Burnett – acoustic and electric guitar, six-string bass guitar
Dennis Crouch – acoustic bass
Greg Leisz – pedal steel guitar
Marc Ribot – acoustic guitar, banjo, dobro, electric guitar
Mike Seeger – autoharp
Patrick Warren – Keyboards, pump organ, toy piano

Alison Krauss - chant, violon
 
THe GRaSS iS BLue
Alison Krauss & Union Station "Paper Airplane" (2011)
ou "Belle de Nature"

L'album du retour à la normalité après l'énormissime succès d'un Raising Sand ayant vu une superbe, et surprenante, rencontre avec la légende du (hard) rock que vous savez ? Oui. Mais un petit évènement en soi puisque fêtant les retrouvailles d'Alison Krauss et d'Union Station 7 ans après leur dernière collaboration, mais ça c'est pour les américains parce qu'en France...
C'est un fait qui ne pourra être nié, la France est imperméable à la musique country quelque soit son inclinaison (parce que la country est un ensemble de sous-genres) ou sa valeur. Parlez à un de nos nationaux de contemporary bluegrass, ce dont il s'agit ici, et vous obtiendrez, au mieux, un roulement d'yeux circonspect, presque moqueur. Sans doute les cliché de la country traditionnelle, ou au moins de celle qui se vend massivement outre-Atlantique, chapeaux de cowboys et américanisme triomphant, sont il en grande partie responsables de cette désaffection parce que, franchement, à l'écoute de ce Paper Airplane, 5ème album avec d'Alison Krauss avec Union Station (6ème en comptant le Live at the Louisville Palace de 2002), il y a moult motifs de satisfaction. Déjà parce que la voix douce et caressante d'Alison, au chant lead sur 8 des 11 compositions, y est l'indéniable star servie qu'elle est par les instrumentations essentiellement acoustiques qu'elle produit avec ses camarades de jeu. Ensuite parce qu'il y a, dans ce panorama roots voguant entre chansons entraînantes et douces-amères, on trouve une variété qui, ne nuisant nullement à la cohérence de l'ensemble, vous promène dans une Amérique rurale mais pas attardée. Enfin parce que, outre la qualité de l'ensemble de la tracklist, on découvre les interprétations joueuses d'instrumentistes précieux s'amusant visiblement beaucoup à habiter le répertoire de petits tours savoureux mais jamais, merci !, envahissants.
Paper Airplane, c'est l'évidence, est une galette qu'on aimera posséder ne serait-ce que pour prouver, en plus du réel plaisir d'écoutes solitaires, aux méchants esprits que la musique country, et bluegrass présentement, peut aisément dépasser le cadre clicheteux où on a trop souvent tendance à la remiser. Recommandé.

2. Dust Bowl Children 3:06
3. Lie Awake 3:55
4. Lay My Burden Down 3:52
5. My Love Follows You Where You Go 4:03
7. On the Outside Looking In 3:35
8. Miles to Go 2:54
9. Sinking Stone 4:42
10. Bonita and Bill Butler 4:03
11. My Opening Farewell 4:08

Barry Bales - bass, vocal harmony 
Ron Block - banjo, guitar 
Jerry Douglas - dobro, vocal harmony 
Alison Krauss - fiddle, vocals, harmony, vocals 
Dan Tyminski - guitar, mandolin, vocal harmony, vocals
 
L'étrange groupe, pour cette fois, se compose de:
Alison Krauss - chant, violon, Marc Ribot - guitare solo
Andy Fairweather Low - Guitare Rythmique, Mel Collins - Saxophone
David Patton - Basse, Mino Cinelu - percussions, Manu Katché - batterie

vous en pensez quoi ?

9 commentaires:

  1. Tire le Fil #2

    Fish "Internal Exile" (1991)
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    The Alan Parsons Project "Eye in the Sky" (1982)
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    Roger Waters "Radio K.A.O.S." (1987)
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    Joe Satriani "Joe Satriani" (1995)
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    Sting "Nothing Like the Sun" (1987)
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    Alain Bashung "L'imprudence" (2002)
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    Robert Plant & Alison Krauss "Raising Sand" (2007)
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    Alison Krauss & Union Station "Paper Airplane" (2011)
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    1. J'ai tout APP, mais Eye in the Sky raisonne doucement à mes oreilles, j'avais 16 ans et je me vois encore l'écoutant pour la 1ère fois. Je n'avais pas ces bonus, donc je le prends.
      J'ai quasi tout le reste, et mon intérêt a parfois chuté un peu (comme pour Satriani), donc je serai sage cette fois-ci.
      L'Imprudence: avec cet album Bashung tutoie la perfection, il est l'égal des plus grands, et pas seulement les francophones. Je l'ai vu en concert 3 mois avant son décès et cela restera pour moi un souvenir majeur, pas seulement musical...
      Vincent

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    2. Bons bonus d'APP donc, et merci de ton passage !

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  2. Le début m'a fait franchement peur, je me suis dis: "tiens, pour le coup, il n'y a vraiment rien pour moi", mais ça s'améliore (de mon point de vue) nettement sur la fin. Je préférais tes posts quotidiens car j'aimais bien faire mon petit tour tous les jours, mais je ne peux qu'admirer le merveilleux boulot et la générosité.

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    1. Ha, les posts quotidiens... Vois-tu, je lutte contre la routine qui guettait et comme le but est tout de même de s'amuser à faire un blog...
      Merci de ton passage.

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  3. Je ne connais pas Fish alors j'essaye. Pour le reste je suis d'accord avec toi sur Sting : jamais retrouvé cet équilibre parfait ; sur Plant + Krauss : une merveille que j'ai écouté plusieurs fois par semaine pendant l'année de sa sortie, moins maintenant ; Krauss et Union : j'ai adoré et m'en suis lassé par manque d'un brin de folie ; sur le Bashung : il me fait un peu peur de m'y confronter...je reste sur la sombritude de Play Blessures que je connais par coeur ; Pour Roger Waters il y a beaucoup du The Final Cut dedans, c'est un compliment. Merci du tout. J'attends que tu nous racontes un jour l'épopée de YES que j'ai ratée en son temps...Ph

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    1. Il faut se confronter au Bashung, c'est un immense album (comme Fantaisie Militaire d'ailleurs).
      Pour Yes, j'y viendrai sans doute quand l'impulson et l'envie me prendront.
      Merci de ton passage.

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  4. Tu as l'art de rendre intriguant mêmes les disques qu'il me plairait de détester. Je suis comme Jimmy, le début ne serait pas trop pour moi, mais en te lisant, je me dis que je dois avoir de gros préjugés tout vilain.
    J'admire ton éclectisme. Vraiment. Tu embrasses avec ferveur toute la musique et sait nous la présenter avec un égal bonheur. Je vais commencer par le Robert Plant & Alison Krauss et réecouter ce Sting qui contenait effectivement des choses tout à fait réussies, histoire de redécouvrir ce qu'il avait dans le ventre.

    Le Bashung, oui, il faut s'y plonger. C'est un peu comme s'il appliquait les principes de Mark Hollis (qu'il avait découvert entre temps) à sa musique et, d'un coup, c'est toute la musique française (pop, rock, variété) qui vole en éclat.

    Encore merci. Te lire est toujours un plaisir.

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    1. Tu ne me vois pas mais, en te lisant, j'affiche un large sourire de contentement. Alors, merci pour les compliments et n'hésite surtout pas à venir partager ton expérience si il te prend d'écouter quelque chose qui t'inspire.
      Merci de ton passage.

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