dimanche 26 juillet 2015

Zorn in Brazil & More (Zornophagie 2015, Volume 6)

A l'occasion de la sortie du nouvel album de l'obsession maison et son inclinaison brésilienne, je vous propose du Zorn influencé par la musique de ce grand pays lusitanophone et... des albums d'artistes brésiliens, évidemment. Du classique, du surprenant, du qui dépote sévère. Welcome to Zornland, welcome to Brazil et, comme d'hab'... Enjoie !

ZoRN iN BRaZiL
John Zorn/Forro in the Dark "Forro Zinho - Forro in the Dark Plays Zorn" (2015)
ou "Fiesta Zorn"

Sur le modèle des Book of Angels, des compositions du maître offerte en pâture à une formation spécialement choisie pour l'occasion, dans la foulée, aussi, d'un exercice similaire paru en début d'année, Dither Plays Zorn, icelui dédié à une approche nettement plus avant-gardiste que le présent, John Zorn ouvre ses portes à une combo brésilien qui fait sien quelques pages du boulimique compositeur new-yorkais pour un résultat aussi surprenant que bluffant.
En l'occurrence, doté d'épices brésiliennes, proposant un cocktail de morceaux connus et de créations spécifiquement dédiées au projet, c'est à un Zorn inhabituellement festif et percussif auquel nous nous voyons joyeusement confrontés. Le mérite en revient au quatuor d'exilés cariocas en la grosse pomme, Forro in the Dark, qui a su, sous le patronage d'un Jesse Harris déjà repéré dans le Song Project et présentement producteur de l'album, habiter ces partitions sans pour autant perdre une once de l'esprit habitant le versant le plus cool et groovy du compositeur.
Histoire de mettre les petits plats dans les grands, quelques invités de marque ont été conviés au banquet parmi lesquels des têtes connues, le précité Jesse Harris, l'argentine Sofia Rei (également partie prenante dans le Song Project) ou, plus surprenant, le vétéran de la samba/bossa nova Marcos Valle. Tout ce petit monde, qui a l'air de bien s'amuser, sur la base d'un forro, style pas si distant de celui de John puisque puisant ses racines dans des musiques traditionnelles d'Europe centrale, ici notablement enrichi d'atours rock, jazz, reggae et même country, propose une ouverture musicale qui sied particulièrement bien à l'univers du touche-à-tout génial que nous connaissons. Le résultat, une fusion tourbillonnante et joyeuse, dansante et spirituelle, ne déstabilisera pas les suiveurs zélotes d'un Zorn qui les a habitué à s'attendre à tout mais, tout de même, peut-être pas à une œuvre si immédiatement accessible et addictive. Parce Forro in the Dark, avec son cocktail d'instruments traditionnels et classiques, son allant tout à fait communicatif aussi,  réussit un opus poussant à trémousser du popotin un large sourire aux lèvres ce qui n'est pas si courant dans l'œuvre tentaculaire du membre le plus hyperactif de la downtown scene.
Galette idéale pour un été ensoleillé ou, plus tard, pour mettre un bon coup de lumière et de chaleur à la grisaille et la froidure qui nous guettent , Forro Zinho est une exemplaire réussite qu'on recommande sans la moindre hésitation tant aux amateurs des exactions zorniennes qu'à toutes celles et tous ceux qui veulent simplement passer un excellent moment en compagnie d'excellents instrumentistes sachant jouer avec application et fougue une musique qui ne se prend surtout pas au sérieux et tutoie, du coup, souvent le divin.

1. Uluwati 3:31
2. Novato 3:42
3. Forro Zinho 5:03
4. Life Is Real Only Then When "I Am" 2:46
5. Shaolin Bossa 3:21
6. Sunset Surfer 3:13
7. Zavebe 4:45
8. Ode to Delphi 4:28
9. Tempo de Festa 4:36
10. Annabel 2:01
11. The Quiet Surf 3:13

Jorge Continentino - pianos, flutes, vocals, tenor and baritone saxophone
Guilherme Monteiro - electric guitar
Mauro Refosco - zabumba, vibes, synare, percussion
Rea Mochiach - bass, percussion, fun machine
Jesse Harris, Sofia Rei - vocals
Vitor Gonçalves - accordion
Marcos Valle - guest vocals, wurlitzer

FORRO IN THE DARK

TeRReS iNCoNNueS
John Zorn/Banquet of the Spirits "Caym, Book of Angels Volume 17" (2011)
ou "Heaven 17"

Si on n'est pas vraiment surpris de retrouver le Banquet of the Spirits de Cyro Baptista (30 ans de collaborations avec John Zorn !) pour une participation au Masada Book Two (The Book of Angels), on ne s'attendait pas à ce que la fusion brasiliana-worldo-foutraque de sa formation colle aussi bien à l'avant-gardisme klezmero-jazzo-contemporain de Zorn...
On aurait cependant du se souvenir que Cyro avait participé à deux des plus beaux volumes du Livre des Anges (le Lucifer de Bar Kokhba et le Ipos des Dreamers) et prendre ces "credentials" pour argent comptant. Encore plus en tenant compte que, dans le groupe, figure un autre vétéran de la galaxie Zornienne (et producteur de moult albums de la Radical Jewish Culture du Label Tzadik) en la personne de Shanir Ezra Blumenkranz responsable ici des arrangements et qui fit un si bon boulot que Zorn l'a reconvoqué (sous son nom cette fois) pour le prochain volume: Abraxas, 19ème du second livre de Masada.
Pour totalement prendre possession du répertoire, Cyro, Shanir et leurs deux compagnons (Tim Keiper et Brian Marsella) l'ont rôdé sur scène avant d'entrer en studio pour son enregistrement, et ça se sent. Le catalogue mélodique n'est pas plus exceptionnel que sur un (très) bon Book of Angels, c'est donc forcément l'interprétation qui fait la différence. Le tour de force, en l'occurrence, réside dans la capacité de la formation de ne pas renier ses racines tout en embrassant totalement celles de son auguste compositeur. Sur Matafiel par exemple, l'interpénétration des sources séfarades et de la coloration carioca qu'y accole le quatuor contribuent à créer un « autre-chose » aussi passionnant que déroutant, qui était la visée originelle de Zorn quand il décida de confier ses compositions à une large palette d'interprètes. Tout n'est pas aussi radical cependant. Souvent, le groove tropical de Cyro est l'épice dépaysante d'une musique clairement orientée klezmer. Même en cette instance Banquet of the Spirits trouve toujours le truc - en ajoutant des chants latino-tribaux ou des instruments nord-africains tel le guembri ou l'oud, tous deux tenus par le multi-talentueux Shanir - pour se démarquer de ce qui nous avait jusqu'alors été proposé dans la série.
Voyage en terres inconnues, Caym nous ballade de Rio à Java en passant par Jerusalem, Alexandrie ou Cracovie (et j'en passe !) sans jamais se départir de son esprit frondeur, de son modernisme fusionnant ou de sa salutaire liberté de ton. Ca en fait, vous l'aurez compris, une pleine et entière réussite et (encore !) une nouvelle richissime page d'un Livre des Anges décidément incontournable.

1. Chamiel 4:27
2. Matafiel 5:21
3. Briel 4:18
4. Zaphaniah 3:53
5. Tzar Tak 3:45
6. Flaef 2:05
7. Hutriel 4:27
8. Yeqon 4:54
9. Yahel 2:26
10. Tahariel 4:46
11. Natiel 4:00
12. Phaleg 4:07

Cyro Baptista - percussion, vocals
Brian Marsella - piano, harpsichord, pump organ, vocals
Shanir Ezra Blumenkranz - oud, bass, gimbri, vocals
Tim Keiper - drums, percussion, kamel ngoni, vocals

BRIAN MARSELLA

TRoiS PaRTiTioNS
John Zorn "Filmworks XII: Three Documentaries" (2002)
ou "Emotions du Monde"

Si le premier des deux volumes des Filmworks de Zorn publiés en 2002 (Secret Lives) était consacré à une seule et unique partition, celui-ci, second et ultime, renoue avec la tradition et nous en propose trois pour autant de documentaires et de formations. C'est dire si, contrairement à son devancier, la cohérence émotionnelle, stylistique et harmonique n'est pas toujours au rendez-vous. De fait les trois partitions n'ont souvent en commun que leur frapadingue compositeur et leur année d'enregistrement.
Première bande son, Homecoming dure à peine plus d'un quart d'heure pour 6 pistes. De jeux de voix éthérés et quelque peu abstraits (Jennifer Charles d'Elysian Fields en multiprise sur Vocal Phase) au presque latin jazz et cependant minimaliste The Lips at Sway en passant, par une suite souvent à rapprocher d'une esthétique classique contemporaine, c'est une partition divertissante à défaut de cohérente que nous livre Zorn.
Le score qui suit, documentaire sur des moines Shaolin s'entrainant physiquement et spirituellement aux USA et les obligatoires difficultés culturelles qu'ils y rencontrent, influencé par une figure tutélaire de la construction musicale zornienne, Ennio Morricone, ne propose pas moins de diversité. John Zorn y accueille, comme sur The Port of Last Resort (présent sur Filmworks VIII), la virtuose du pipa (un luth chinois) Min Xiao-Fen dont la contribution apporte de chinois atours à une partition classique pour Zorn qui y navigue entre orientalisme et latineries pour une musique « de chambre » souvent entraînante, toujours mélodique merveilleusement servie par une belle brochette d'habitués desquels on détachera Marc Ribot toujours expert sur sa six-cordes quelque soit l'univers où le plonge le « patron ». Un succès.
Petite pièce de conclusion (4 pistes pour 7 courtes minutes), Family Found est une charmante miniature douce-amère où le chant éthéré et les petits bruitages vocaux et, bien sûr, le divin violoncelle de l'ami Friedlander (un tiers du diving Masada String Trio) développent un même thème en 4 arrangements réussis. Un petit bonus bienvenu qui prolonge joliment la réussite de Shaolin Ulysses à défaut de marquer son propre territoire.
Des trois scores, clairement, le central et plus développé (Shaolin Ulysses) est aussi le plus réussi et réjouissant. Le reste n'en demeure pas moins de belle qualité si plus inégal (Homecoming) ou anecdotique (le charmant Family Found). Une réussite cependant et une addition de qualité à un catalogue de Filmworks pourtant déjà bien fourni. Décidément, il est fort ce Zorn !

1. Vocal Phase 3:49
2. The Lips At Sway 5:07
3. The Well Tuned Harmonica 1:35
4. Dance Piece 2:10
5. Midnight Flight 2:12
6. Chippy Charm 1:35
7. Shaolin Spirit 3:01
8. Bamboo Forest 1:24
9. Shaolin Ulysses 2:00
10. Shaolin Bossa 3:16
11. Travelling West 2:43
12. Temple Song 2:25
13. Shaolin Family 1:16
14. Nostalgia 0:54
15. Shaolin Mambo 2:57
16. Transition 1:25
17. Shaolin Bossa 2:22
18. Vegas 1:03
19. Kung Fu Percussion 1:50
20. Shaolin Spirit (duo) 5:12
21. Shaolin Bossa Vibe 1:54
22. Shaolin Dream 1:43
23. Shaolin Ulysses (end titles) 2:10
24. Family Found (vocal) 2:33
25. Family Found (solo arco) 1:09
26. Family Found (solo pizz) 0:46
27. Family Found (cello) 2:31

John Zorn (1-6) - organ, glass harmonica, Wurlitzer piano
Mark Feldman (1-6) - violin
Jennifer Charles (1, 24-27) - voice
Jamie Saft (2) - Wurlitzer piano
Marc Ribot (7-23) - guitar
Min Xiao-Fen (7-23) - pipa
Trevor Dunn (7-23) - bass
Roberto Juan Rodríguez (7-23) - percussion
Cyro Baptista (7-23) - percussion
Erik Friedlander (24-27) - cello

JENNIFER CHARLES

CaRTooNeSQue
John Zorn "Filmworks VII: Cynical Hysterie Hour" (1989)
ou "So Glop"
 
Grand amateur de Carl Stalling ou plutôt disciple de ce maître des Looney Tunes et autres Merry Melodies, il était écrit qu'un jour John Zorn saisirait l'opportunité de, lui-même, se plier à l'exercice de l'illustration sonore cartoonesque. C'est chose faite avec Cynical Hysterie Hour, 7ème levée de ses Filmworks, où se retrouvent compilés les musiques élaborées pour une série de quatre dessins animés de Kiriko Kubo.
S'il n'est sorti qu'en 1996 chez Tzadik, Cynical Hysterie Hour date en fait de 1989 (son année d'enregistrement) et avait connu une très éphémère édition, en 1990, chez Sony Japon. Pour d'évidentes raisons d'acquisition de droits, Zorn a dû patienter ce qui explique son apparition tardive dans une série qu'il aurait pu commencer. Quatre cartoons étant illustrés, quatre formations se succèdent sur ce très court album (25 minutes) et c'est toute la crème de la scène de Downtown NYC qui s'y bouscule (voir personnel). Musicalement, le chaotique et sautillant cocktail est typique des tribulations sonique du Zorn de la fin des 80s et, à vrai dire, ceci rappelle souvent Naked City par son côté ludique (l'influence de Stalling !), foutraque et dispersé, en nettement plus mélodique cependant... Un peu comme si Zorn avait voulu faire de la musique pour enfants mais ne leur voudrait, en définitive, pas tant de bien que ça avec un « machin » certes amusant et chamarré mais aussi diablement chaotique (pour un jeune public) et dont on imagine facilement les effets potentiellement dévastateurs sur « nos chères têtes blondes ». Concrètement, l'album se présente en 21 brèves pastilles (de 14 secondes au marathonien Punk Rebel/Tsunta's theme et ses 3:36 !) où se succèdent et se rencontrent surf music, pop, rock et tout ce qui passe par le cerveau du bouillonnant compositeur New Yorkais.
Historique à défaut d'être tout à fait essentiel, Cynical Hysterie Hour est une brève, chaotique mais surtout joyeuse petite galette qui fait souvent dodeliner du chef ou sourire bêtement. Good clean fun!, et recommandé donc.

1. Hysteric Logo 0:24
2. Walk to Park 2:10
3. Coaster 2 0:47
4. Fighting Pirates 0:26
5. Yakisoba 1:14
6. Coaster Trip 1:39
7. 1st Hit/2nd Hit 0:27
8. Punk Rock Hero 0:56
9. Abacus Waltz 0:38
10. Punk Rebel/Tsunta's Theme 3:36
11. End Title 0:13
12. Through the Night 1:30
13. Home Sweet Home 1:43
14. Making Ramen at Midnight 0:32
15. Scary Moonlight 1:55
16. My Favorite Things 2:18
17. Omelet Punk 0:20
18. Classical 0:16
19. Stink of an Onion 0:34
20. Onion Samba 0:59
21. Omelet Punk 2 0:16
22. Me and My Hamburger/Final Samba 1:05
23. Surfing Samba 1:10

Tracks 1–6 recorded at Shelly Palmer Studio, New York City in October 1988
Bill Frisell: electric guitar, banjo
Carol Emanuel: harp
Wayne Horvitz: keyboards
Kermit Driscoll: acoustic & electric bass
Bobby Previte: drums, percussion
Cyro Baptista: Brazilian percussion
Christian Marclay: turntables

Tracks 7–14 recorded at Shelly Palmer Studio, New York City in October 1988
Arto Lindsay: electric guitar
Robert Quine: electric guitar
Marc Ribot: electric guitar, banjo
Carol Emanuel: harp
Peter Scherer: keyboards
David Hofstra: acoustic & electric bass
Cyro Baptista: Brazilian percussion
Bobby Previte: drums, percussion

Tracks 15–18 recorded at Shelly Palmer Studio, New York City in January 1989
Marc Ribot: acoustic & electric guitar, banjo
Carol Emanuel: harp
Jill Jaffee: violin, viola
Maxine Neuman: cello
Peter Scherer: keyboards
David Hofstra: acoustic & electric bass, tuba
Cyro Baptista: Brazilian percussion
Ikue Mori: drum machine

Tracks 19–26 recorded at Shelly Palmer Studio, New York City in January 1989
Bill Frisell: electric & acoustic guitar, banjo
Robert Quine: electric guitar
Carol Emanuel: harp
Peter Scherer: keyboards
David Hofstra: electric & acoustic bass, tuba
Cyro Baptista: Brazilian percussion
Bobby Previte: drums, percussion
Arto Lindsay: vocal
Kiriko Kubo: vocal

ARTO LINDSAY

Le CHaîNoN MaNQuaNT
Cyro Baptista "Love the Donkey" (2005)
ou "Carnavâne"

Trois ans après un Beat the Donkey déjà très réussi, Cyro Baptista, vieux partenaire de John Zorn, remet le couvert dans un esprit similaire mais avec une formation revue et corrigée, c'est Love the Donkey où l'amour succède donc au tabassage, deux extrêmes pour une même folie instrumentale typique du foutraque percussionniste brésilien.
Comme toujours avec Cyro, parce que son projet suivant, Banquet of the Spirits, n'a pas démenti la tendance, c'est à une affaire particulièrement festive, ce qu'exprime d'ailleurs parfaitement la pochette, à laquelle nous avons droit. Présentement entouré de musiciens brésiliens et new-yorkais (de la downtown scene dont il est devenu un des piliers, et pas seulement du fait de ses nombreuses collaborations avec John Zorn), le sieur Baptista fusionne comme le beau diable qu'il est. En l'occurrence, puisque le projet est particulièrement voué à ses racines brésiliennes et qu'il percussionne comme pas deux, un tribalisme de tous les instants habite une création où la mélodie n'est pas oubliée pour autant. Et le chant non plus d'ailleurs qui habite l'ensemble de la galette comme autant de chœurs carnavalesques. Pour mégoter, on admettra que la reprise de l'Immigrant Song de Led Zeppelin, pas mauvais pour autant, est plus anecdotique qu'autre chose, mais c'est vraiment pour trouver à redire à un ensemble qui, chaloupé et chamarré, n'ennuie jamais, meut toujours l'auditeur vers un secouage de popotin amalgamant avec talent samba, rock, jazz, reggae, folk carioca, etc. Alors, oui, le but n'est pas autre que secouer l'auditeur, de le surprendre à chaque détour compositionnel sans jamais, cependant, tomber dans un fastidieux menu des capacités du maître de cérémonie et de ses ouailles de l'occasion. Evidemment, une ambiance tribale habite de bout en bout la galette avec, du coup, une domination percussive de tous les instants, mais c'est parfait comme ça puisque ça permet à l'imaginatif brésilien d'exprimer toute sa palette, toute son inventivité en un tout qui a la cohérence de ne pas en avoir.
Love the Donkey ? Une fiesta à laquelle on conviera tous ses amis revêtant, pour la circonstance, ses plus beaux habits de lumière. Extra !

1. American Constitution 2:54
2. Anarriê 3:23
3. Rio de Jamaica 5:44
4. Forró for All 4:54
5. Tap on the Cajon 3:12
6. Frevo de Rua 2:19
7. Bottles 3:19
8. Caboclinho 1:41
9. Matan 3:26
10. Immigrant Song 3:11
11. Maria Teresa 6:07
12. Olivia - Step on the Roach 4:39
13. Movie Screen 2:33
14. Pandeirada 4:25

Cyro Baptista - percussion, vocals
Jamie Saft - keyboards, guitar, bass (tracks 2, 3, 6 & 9-11)
Peter Apfelbaum - keyboards, saxophone (tracks 3, 4, 7 & 12)
Robert Curto - accordion (tracks 4, 10 & 11)
Viva de Concini - guitar, percussion, vocals
Amir Ziv - percussion, drums, vocals
Chikako Iwahori, Max Pollak, Scott Kettner, Tim Keiper, Ze Mauricio - percussion, vocals
Art Baron - trombone (tracks 3 & 12)
Chuck MacKinnon - trumpet (tracks 3 & 12)

CYRO BAPTISTA

MaRCoS FoReVeR
Marcos Valle "Estática" (2010)
ou "Valle que vaille"

Si la période de gloire de Marcos Valle fut indéniablement la fin des 60s et le début des 70s, il est bon de ne pas démettre sa renaissance du nouveau millénaire culminant avec cet album de 2010, Estática.
Certes, ce n'est plus ce bel éphèbe blond aux allure de tennisman suédois mais un homme presque âgé, qu'importe !, la musique, remise juste ce qu'il faut au goût du jour sans rien perdre de l'esprit d'une samba/bossa nova ayant, par le passé, fait le bonheur des amateurs du genre (en particulier sur les référentiels Samba'68, Garra et Previsão do Tempo), subsiste. Et même renaît, quelque part entre ses albums traditionnels de la fin des années 60 et ses pièces plus exploratrices des années 70, un rêve pour tous les fans du bonhomme qui se morfondaient de sa longue absence (86 à 99, 13 années d'un silence assourdissant). Ici, avec une production parfaite, des chansons idoines, Marcos Valle est de retour au sommet, un sommet qu'il partagea jadis avec des Jobim, Gilberto (João et Gil) ou Vinícius de Moraes sur lequel il se retrouve désormais bien seul. Mais présentement bien entouré par un ensemble de musiciens du cru qui savent donner vie à la verve mélodique du maître de cérémonie dans une musique sensuelle et chaude, chaloupée et percussive, rythmée par une sélection de chansons toutes plus réussies les unes que les autres donnant à l'auditeur une impression de plage de sable blanc, de cocotiers et de jolies filles en maillots de bains échancrés. Ce n'est pas à dire, cependant, que la musique de Valle fait dans le cliché, juste dans une tradition, sa tradition, d'un son brésilien d'hier toujours aussi efficace aujourd'hui qui jazze juste ce qu'il faut quand il faut.
Estática, album qui donnera envie à tous ceux qui n'ont pas encore plongé dans l'œuvre de ce brésilien pas assez connu chez nous, est un triomphe où l'homme Marcos, vocaliste chaud, claviériste précieux mais, surtout, compositeur et arrangeur de qualité démontre qu'il a plus que de beaux restes, un talent qui ne disparaît pas avec les ans. Recommandé.

1. Vamos Sambar 3:48
2. Prefixo 4:52
3. Papo de Maluco 2:54
4. Arranca Toco 3:19
5. Baião Maracatú 5:13
6. Novo Acorde (Reprise) 1:36
7. Novo Acorde 4:43
8. 1995 0:56
9. Estática 4:29
10. Na Pista 3:39
11. 1985 2:26
12. Esphera 3:44
13. Eu Vou 4:11
14. 1975 2:15
15. Vamos Sambar (Instrumental) 3:47

Marcos Valle - vocals, Fender Rhodes, acoustic guitar, piano, synthesizer, arranger, composer
Jesse Sedoc - flugelhorn, trumpet, horn arrangements, string arrangements
Paulo Renato Franco, Marcelo Martins - flute, saxophone
Aldivas Ayres - trombone
Patricia Alvi - vocals
Marcelo Camelo - electric guitar
Mazinho Ventura - bass
Déborah Cheyne - viola
Nayrah Pessanha - viola
Julio Diniz, Robertinho Silva - percussion
Renato Massa - drums

MARCOS VALLE

PoWeR BRaZiL
Angra "Holy Land" (1996)
ou "Metal à la Samba"

Du power metal progressif épicé de percussions et d'instruments folk brésiliens et d'arrangements orchestraux ? A priori, l'alliance de la carpe et du lapin mais, avec le talent de compositeur du groupe et en particulier de son leader d'alors, André Matos, c'est à une vraie belle fête à laquelle nous sommes conviés.
Pourtant Angra n'avait pas à proprement imposé une folle originalité sur un premier album bien troussé mais totalement prévisible, Angel Cry, c'est rattrapé par cet opus qui lui est supérieur à tous les niveaux. Supérieur au niveau des arrangement où les talents combinés de Matos et de Sascha Paeth (membre d'Heaven's Gate et d'Avantasia et producteur de l'album) offrent une majesté que n'avait fait qu'effleurer le précédent opus des Paulistes, supérieur dans la qualité des compositions où des mélodies plus percutantes, plus accrocheuses touchent toujours leur but, supérieur dans la mise en son qui, aussi puissante mais plus claire et équilibrée sert à merveilles les nuances instrumentales et compositionnelles dont le groupe est capable, supérieur, enfin, dans l'aspect prospectif développant de belles parties orchestrales et, surtout, une appropriation réussie des racines brésiliennes d'Angra via l'usage d'instruments traditionnels et de moult percussions donnant un relief remarquable à l'ensemble de leur création. Comme c'est d'un concept-album dont il s'agit, sur leur pays au temps de sa découverte par les colons portugais, on ne sortira aucun titre de la réussite globale qu'est Holy Land mais force est de constater que plus l'aspect brasileiro de leur musique est poussé, plus la musique devient passionnante (l'enchainement Carolina IV, Holy Land, The Shaman devenant ainsi le pinacle de l'opus).
Pour mégotter, mais la raison budgétaire l'emporta, on regrettera que "l'orchestre" ne soit en fait que des synthétiseurs imitant le vrai truc avec, donc, parfois, des sons un peu kitsch là où une véritable formation classique aurait fait la différence, mais c'est vraiment pour trouver quelque chose à critiquer dans ce qui demeure le meilleur album des brésiliens et, même, un des tous meilleurs albums du genre et une galette dont l'influence est toujours audible aujourd'hui, un authentique classique qu'on n'a de cesse de recommander à tous les amateurs du genre, forcément, mais aussi à toutes celles et ceux qui, attirés par l'approche fusionnante de la chose y trouveront une création unique, atypique... Enorme !

1. Crossing 1:56
2. Nothing to Say 6:22
3. Silence and Distance 5:35
4. Carolina IV 10:36
5. Holy Land 6:26
6. The Shaman 5:24
7. Make Believe 5:53
8. Z.I.T.O. 6:04
9. Deep Blue 5:49
10. Lullaby for Lucifer 2:40

Andre Matos – lead vocals, piano, orchestral arrangements, keyboards and organ
Kiko Loureiro – guitars, backing vocals and additional percussion on "Holy Land"
Rafael Bittencourt – guitars, backing vocals and additional percussion on "Holy Land"
Luís Mariutti – bass
Ricardo Confessori – drums, percussion on "Holy Land"
&
Alto vocals – Mônica Thiele
Soprano vocals – Celeste Gattai
Bass vocals – Reginaldo Gomes
Conductor – Naomi Munakata
Choir – The Farrambamba Vocal Group
Computer, keyboard programming and orchestral arrangements – Sascha Paeth
Flute – Paulo Bento
Berimbau – Pixu Flores
Viola – Ricardo Kubala
Whistle, tamborim and percussive effects – Castora
Double bass – Holger Stonjek

ANGRA

iRa JuSTa
Sepultura "Chaos A.D." (1993)
ou "Furieux brésiliens"

Ceux qui se sont un peu intéressé au sujet du plus gros groupe de metal brésilien le savent, Chaos A.D. est un album charnière pour Sepultura, une œuvre où une formation, jusqu'alors confinée dans un death/thrash metal de qualité quoique pas franchement original, décide de radicalement changer de braquet et passe, du coup, dans la catégorie des groupes qui comptent.
D'autres, évidemment, ces puristes pour qui se distancier de la recette originelle est une impensable trahison, vous dirons que c'est ici que tout à commencé à aller de mal en pis pour un Sepultura donnant dorénavant dans ce qu'il est convenu d'appeler du "groove metal". Faisant fi de ces viles critiques, on constatera que Chaos A.D. est un opus d'une terrifiante efficacité où, en plus de largement élargir le spectre de leur musique, les natifs de Belo Horizonte ont su affiner leur songwriting le rendant plus abordable sans, pour autant, perdre une once de leur salvatrice agressivité. Parce qu'il faut le dire, les gars de Sepultura ne sont pas, en muant, devenu de doux plaisantins.
C'est évident dès Refuse/Resist où des racines punk/hardcore mais aussi brésiliennes via quelques percussions prennent le pouvoir d'un thrash enrichi. C'est confirmé par le single, Territory, où les frères Cavalera et leurs deux compagnons privilégient la puissance à la vitesse qui était naguère une de leurs marques de fabrique. C'est entériné sur l'instrumental Kaiowas, morceau préfigurant nettement les inclinaisons cariocas d'un Roots successeur, embrassent largement leurs origines à coup de percussions tribales et de guitares acoustiques (oui, acoustiques !). Histoire d'enfoncer encore un peu le clou de cette nouvelle diversité, on citera le typiquement hardcore d'un Biotech Is Godzilla, paroles et chœurs de Jello Biafra de chez les Dead Kennedys, qui, rapide et bref, ne fait pas de quartier ou la bonne reprise de New Model Army, The Hunt fidèle à l'originale mais bien réappropriée tout de même. Evidemment, tout au long de l'album, on constate de nets ralentissements permettant à la formation de développer un groove qu'on ne lui connaissait pas avant, un groove directement hérité des new-yorkais d'Anthrax, des précurseurs en  la matière, sans que Sepultura ne sonne jamais comme un clone des précités.
Album réussi de bout en bout, évolution bienvenue d'un groupe n'ayant pas envie de se voir confiné dans un genre qu'il ont magistralement maîtrisé (Arise et Beneath the Remains sont là pour le prouver), Chaos A.D. demeure le meilleur opus d'une seconde partie de carrière controversée mais tout sauf inintéressante.

1. Refuse/Resist 3:20
2. Territory 4:47
3. Slave New World 2:55
4. Amen 4:27
5. Kaiowas 3:43
6. Propaganda 3:33
7. Biotech Is Godzilla 1:52
8. Nomad 4:59
9. We Who Are Not as Others 3:42
10. Manifest 4:49
11. The Hunt 3:59
12. Clenched Fist 4:58
Bonus
13. Policia 1:48

Max Cavalera – vocals, rhythm guitar, 4-string guitar, nylon string guitar
Igor Cavalera – drums, percussion
Paulo Jr. – bass, floor tom
Andreas Kisser – lead guitar, 12-strings viola, steel-string acoustic guitar
&
Jello Biafra - backing vocals (7)

SEPULTURA

FuSioN CaRioCa
Hermeto Pascoal "Slaves Mass" (1977)
ou "Le pari de Pascoal"

Si vous cherchez un maboul capable de pousser la musique brésilienne dans ses retranchements, de lui offrir un panorama à la lisière de l'avant-garde et du jazz, ne cherchez pas plus loin que ce Slaves Mass de l'hirsute Hermeto Pascoal, un type dont la carrière n'a pas exactement été un feu d'artifice, même s'il a sorti d'autres très bons albums que celui qui nous intéresse présentement, un authentique sommet de prospective carioca.
Le tour de force, parce que c'en est un, indéniablement, s'installe tranquillement sur un Mixing Pot qui, commençant tout en douceur, atteint bientôt d'inespérés sommets mélangeant bossa, jazz et aventurisme en un tout baladin, décontracté mais néanmoins puissant qui fonctionne à merveille. La suite est à l'avenant de cette très réussie entrée en matière avec, pêle-mêle et dans le désordre, une minimaliste et drolatique dédicace à Cannonball Adderley (Cannon),  un jazz sensuel et chaloupé (Cherry Jam), un tribalisme bienvenu (Slaves Mass) ou un délire pianistique entre classique, samba et jazz (Just Listen) qui rythment une galette multiple et réussie. Il faut dire qu'Hermeto a aussi su s'entourer, conviant à son banquet des pointures brésiliennes et américaines telles que Flora Purim, Ron Carter, Chester Thompson ou Alphonso Johnson qui, entièrement dévoué à la cause de leur "patron" de l'occasion apportent chacun leur pierre à ce précieux édifice.
Facile tout ça ? De temps en temps mais pas toujours les dérapages contrôlés étant foison, et puis là n'était pas le propos de toute façon. Faire bouger, évoluer, dynamiter des racines qui sont siennes à l'aulne d'une imagination débridée, c'est ce que propose ce Slaves Mass ô combien réussi et recommandé.

1. Mixing pot (Tacho) 9:18
2. Slaves mass (Missa dos escravos) 4:19
3. Little cry for him (Chorinho para ele) 2:11
4. Cannon (Dedicated to Cannonball Adderley) 5:20
5. Just listen (Escuta meu piano) 7:08
6. That waltz (Aquela valsa) 2:46
7. Cherry jam (Geléia de cereja) 11:45
Bonus
8. Open field (Campo aberto) 4:25
9. Pica pau (Take 1) 14:20
10. Star trap (Part 2) 15:45

Hermeto Pascoal: piano, keyboards, clavinet, melodica, soprano sax, flutes, acoustic guitar, twelve strings guitar and vocals (in "Cannon")
Flora Purim: vocals (in "Slaves mass" and "Cannon")
Airto Moreira: drums (all tracks except "Mixing pot", "Pica pau" and "Star trap"), percussion and vocals (in "Cannon")
Chester Thompson: drums (in "Mixing pot", "Pica pau" and "Star trap")
Ron Carter: acoustic bass (all tracks except "Mixing pot", "Pica pau" and "Star trap")
Alphonso Johnson: electric bass (in "Mixing pot", "Pica pau" and "Star trap")
Raul de Souza: trombone and vocals (in "Cannon")
David Amaro: electric guitar, acoustic guitar and twelve strings guitar
Hugo Fattoruso: vocals (in "Cannon")
Laudir de Oliveira: vocals (in "Cannon")

HERMETO PASCOAL

Duo DouX
Antônio Carlos Jobim & Elis Regina "Elis & Tom" (1974)
ou "Entrez dans la légende"

Etes-vous prêts pour 38 minutes d'autentique bonheur, pour une rencontre au sommet de la musique brésilienne, pour Elis & Tom ?
On pourrait, en vérité, s'arrêter là, éviter une longue est fastidieuse présentation d'un album justement entré dans la légende, cette rencontre en territoire improbable d'un des plus essentiels compositeurs du plus grand pays d'Amérique du Sud, Antonio Carlos Jobim, et d'une voix si sensuellement caressante qu'elle conquit facilement son pays avant de passer à l'exportation, celle d'Elis Regina, évidemment. Mais il faut bien contextualiser, expliquer que, grâce aux largesses de sa maison de disques qu'on ne remerciera jamais assez, la dame se vit offert un billet de sortie vers Los Angeles et les compositions du maître. Une excellente nouvelle d'autant que les voix de ses deux là s'accordent à merveille sous le bienveillant patronage d'un Aloísio de Oliveira, autre exilé et producteur attitré de la dame au chapeau en corbeille de fruits, Carmen Miranda, qui s'était alors fait la spécialité, après la disparition de sa protégée en 1955, d'offrir l'écrin étatsunien aux plus méritants de ses compatriotes sans trop, pour autant, les dépayser. C'est peut-être d'ailleurs pour ça que ce sommet de bossa nova sonne si naturel, si ensoleillé, décontracté n'oubliant pas cette petite fêlure, cette nostalgie douce si indissociable de l'écriture de Tom. Côtés chansons, pas besoin de faire le menu, il suffira de consulter la liste des titres pour se rendre compte que, vraiment !, le gratin du catalogue de Jobim y est présent, et particulièrement bien traité par des musiciens ayant eux-aussi leurs racines plantées dans le terreau fertile de Rio de Janeiro la séductrice.
En conclusion ? Elis & Tom, sommet d'émotion et de délicatesse, est un opus indispensable, c'est aussi simple que ça. 

1. Águas de Março 3:32
2. Pois É 1:43
3. Só Tinha de Ser com Você 3:48
4. Modinha 2:16
5. Triste 2:39
6. Corcovado 3:56
7. O Que Tinha de Ser 1:43
8. Retrato em Branco e Preto 3:03
9. Brigas, Nunca Mais 1:39
10. Por Toda a Minha Vida 2:04
11. Fotografia 2:46
12. Soneto de Separação 2:20
13. Chovendo na Roseira 3:11
14. Inútil Paisagem 3:08

Antônio Carlos Jobim - piano, vocals
Elis Regina - vocals
César Camargo Mariano - piano
Hélio Delmiro - guitar
Oscar Castro-Neves - guitar
Luizão Maia - bass
Paulo Braga - drums
Chico Batera - percussion
Bill Hitchcock - conductor

ANTONIO CARLOS JOBIM & ELIS REGINA

GRooVe Do BRaZiL
Eumir Deodato "Deodato 2" (1973)
ou "Le jazz, le funk et l'orchestre"

Si son cru de 1972, Prelude, est généralement le plus célébré, il faudrait voir à ne pas négliger sa suite logique, continuation d'une formule mêlant jazz, funk, orchestre et reprises de grands classiques puisés tous azimuts, parce qu'Eumir Deodato sait faire ça a merveille comme démontré sur ce Deodato 2 ô combien addictif.
Evidemment, la clé du succès de pareille entreprise tient presque autant dans le choix du répertoire que dans la qualité des arrangements. Presque parce qu'il faut savoir accommoder et enchainer, pêle-mêle, Gershwin, les Moody Blues, Maurice Ravel, Steely Dan et ses propres compositions en un tout cohérent comme c'est le cas ici, une réussite qui tient beaucoup à l'esprit infusé par cet homme aux multiples talents. Il faut dire qu'avec une paire de batteurs tels que Billy Cobham et Jerry Marotta, quelques bassistes de haute volée dont l'excellent Stanley Clarke, un ensemble orchestral qu'il dirige lui-même et une belle collection de musiciens de studio en complément (et qui, à les entendre, ont l'air de bien s'amuser, en plus !), le brésilien a mis toutes les chances de son côté. Mais c'est bien dans la manière, dans cette capacité à faire swinguer des morceaux à priori par conçu pour pareil traitement que réside la force de l'album, et de son créateur. Parce que, ce Rhapsody in Blue funky, jazzy et orchestral à une allure folle, que la vieille scie d'Hayward et Cie (Nights in White Satin) prend de nouveaux atours qui fonctionnent parfaitement et même que la Pavane pour une Infante Défunte du créateur du fameux Boléro se glisse dans ses nouveaux habits de lumière sans perdre de sa beauté mélodique originelle. Ajoutez à ça quelques compositions qui n'ont pas à rougir d'un si glorieux voisinage (Super Strut, Latin Flute et Skyscrapers, les deux premiers inclus à la soundtrack du jeu Grand Theft Auto Vice City pour le bonheur d'un public et d'une génération qui n'aurait, sinon, probablement jamais entendu parler d'Eumir Deodato) et vous comprendrez que l'œuvre en impose.
Evidemment, les chagrins pointeront que ce n'est, finalement, qu'une suite, du Prelude précité. Et alors ? Quand la musique est bonne comme c'est le cas ici il faut savoir ne pas bouder son plaisir sous prétexte qu'il tient d'une formule déjà usitée. Ne boudons donc pas et jouissons de cet album tout à fait réussi.

1. Super Strut 9:31
2. Rhapsody in Blue 8:48
3. Nights in White Satin 6:01
4. Pavane for a Dead Princess 4:08
5. Skyscrapers 7:01
Bonus
6. Latin Flute 4:49
7. Venus 3:32
8. Do It Again 5:30

Eumir Deodato - Arranger, Composer, Conductor, Keyboards
John Tropea - Flugelhorn, Guitar, Trumpet
Alvin Brehm, Stanley Clarke, John Giulino, Russell Savkas - Bass
Billy Cobham, Rick Marotta - Drums 
Gilmore DigapRubens Bassini - Congas, Percussion
Garnett Brown,  Tony Studd, Wayne Andre - Trombone
James Buffington, Jim Buffington, Brooks Tillotson - French Horn
Burt Collins, Marvin Stamm, Jon Faddis, Victor Paz, Alan Rubin, Joe Shepley - Flugelhorn, Trumpet
Joe Temperley - Sax
Jerry Dodgion, Hubert Laws, George Marge, Romeo Penque - Flute
Emanuel Vardi, Alfred Brown - Viola 
Harry Cykman, Max Ellen, Paul Gershman, Harry Glickman, Emanuel Green, Harold Kohon, Harry Lookofsky, Joseph Malin, David Nadien, Gene Orloff, Elliot Rosoff, Irving Spice - Violin  
Charles McCracken, Alan Shulman, George Ricci - Cello

EUMIR DEODATO

8 commentaires:

  1. Zorn in Brazil & More (Zornophagie 2015, Volume 6)

    John Zorn/Forro Zinho "Forro In The Dark Plays Zorn" (2015)
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    John Zorn/Banquet of the Spirits "Caym, Book of Angels Volume 17" (2011)
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    John Zorn "Filmworks XII: Three Documentaries" (2002)
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    John Zorn "Filmworks VII: Cynical Hysterie Hour" (1989)
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    Marcos Valle "Estatica" (2006)
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    Cyro Baptista "Beat the Donkey" (2002)
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    Angra "Holy Land" (1996)
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    Sepultura "Chaos A.D." (1993)
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    Hermeto Pascoal "Slaves Mass" (1977)
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    Antônio Carlos Jobim & Elis Regina "Elis & Tom" (1974)
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    Eumir Deodato "Deodato 2" (1973)
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  2. Elis et Tom est un pur chef oeuvre dont je ne me lasserais jamais.

    Saudade eternelle de la divine Elis

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  3. eumiro deodato prelude 1972
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    1. Merci pour ces liens complémentaires qui feront sans doute quelques heureux. Perso, je les ai et je les recommande.

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  4. "Le résultat, une fusion tourbillonnante et joyeuse, dansante et spirituelle, ne déstabilisera pas les suiveurs zélotes d'un Zorn" je ne sais pas si je dois me compter parmi les suiveurs zélotes, en revanche, je suis un peu déstabilisé... Peut-être que s'il était paru dans la série Book of angels, j'aurais moins fait mon difficile. Et puis je ne t'avais pas encore lu mais ne pouvant tout acheté j'avais plutôt opté pour le Bret Higgins’ Atlas Revolt qui me passionne davantage. Peut-être reviendrais-je sur celui-ci...

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    1. Je te le conseille en tout cas. C'est vrai qu'il y a une certaine redondance avec le livre des anges sauf que les thèmes sont, du coup, plus variés, moins orientés fusion klezmer, ce que j'ai particulièrement apprécié.
      Tu peux en dire plus sur le Bret Higgins qui me tente bien aussi ?

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    2. Le Bret Higgins est plus rock avec une guitare électrique et un violon très en avant, la contrebasse et le piano électrique pas loin derrière et l'ensemble évolue dans une sorte de latin jazz groovy et easy listening pas forcément très original chez Tzadik mais très agréable.

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    3. Ca me tente vraiment. J'y viendrai sûrement.
      Merci pour ces infos, Sb !

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