Pour le F, j'ai mis les petits plats dans les grands !, que des albums (et une compilation) à réécouter à l'infini dans leur entièreté (idéalement) ou en picorant selon ses goûts et ses appétits. Et à part ça ? Enjoie !
F comme...
3rd Millenium Progressive Rock
En voici un auquel vous ne pouviez pas échapper tant il est cher à mon caeur. J'ai donc l'honneur et l'avantage de vous présenter l'unique album du groupe de Washington DC, Faraquet.
A la base, et si on en croit leur appartenance à la scène (post) hardcore de leur ville, Faraquet pourraient n'apparaître que comme une référence de plus dans la longue, et parfois ennuyeuse, histoire du math-rock. C'est sans compter sur l'incroyable habileté à ciseler des chansons qui, pour ne pas être immédiatement accessibles, n'en demeurent pas moins des pépites pour qui sait prendre le temps de laisser cette musique l'amadouer.
La base, comme je viens de le préciser, est math-rock. C'est donc à une formation techniquement impeccable à laquelle nous avons affaire. Sauf que, contrairement à la plupart de leurs petits camarades, Faraquet y ajoute du chant et c'est ce qui fait toute la différence. En effet, là où on est trop souvent confronté avec de simples exhibitions techniques, Faraquet nous propose des vraies chansons qu'on se surprendra à fredonner à l'occasion. A vrai dire, chaque fois que j'ai dû décrire cette musique, j'ai employé les mêmes comparaisons à savoir d'imaginer ce qu'une fusion de Police période Synchronicity et d'un King Crimson à l'époque de Red non sans y ajouter une bonne rasade d'esprit indie pourrait donner. Je sais, ce n'est pas simple et c'est pourtant, après réflexion, la meilleure description que je puisse faire de la musique contenue sur ce The View from This Tower.
Evidemment, les musiciens sont exceptionnels, en particulier le batteur, mais il faut dire qu'ils sont magnifiquement mis en valeur par la production claire et précise de J Robbins (Jawbox, Burning Airlines, Channels) qui a su donner la dynamique nécessaire à telle musique qu'on pourrait facilement taxer de Rock Progressif.
Et donc, sur 36 minutes et une grosse poignée de titres en état de grâce, voici un album qui ravira ceux qui pensent que la musique est un peu plus qu'un simple enchaînement couplet/refrain/couplet. Une galette unique en son genre et totalement indispensable !
1. Cut Self Not 2:54
2. Carefully Planned 3:40
3. The Fourth Introduction 3:17
4. Song For Friends To Me 1:37
5. Conceptual Separation Of Self 6:43
6. Study Complacency 5:05
7. Sea Song 4:10
8. The View From This Tower 5:55
9. The Missing Piece 3:29
Bass, Guitar [Feedback Guitar] – Jeff Boswell
Drums, Percussion, Bass [Piccolo Bass], Vocals, Keyboards – Chad Molter
Guitar, Vocals, Drums, Percussion, Keyboards, Trumpet, Banjo [Banja], Guitar [Baritone Guitar] – Devin Ocampo
F comme...
FAUST "Faust" (1971)
En commençant par les carottes...
L'austérité de la pochette ne le laisse sûrement pas deviner, Faust est le plus fou de tous les groupes Kraut. Oui, plus que Can (qui se posent pourtant bien là) ou que Neu! (pas des amateurs dans le domaine), et compagnie (ça pousse au portillon !)...
A croire que Faust a vendu son âme à un Diable rigolard et facétieux qui leur a promis une éternelle fontaine d'inspiration en omettant, le coquin, de leur préciser qu'ils ne trouveraient la beauté que dans le chaos. Et donc dans un succès éternellement confidentiel (culte). Dès ce premier album, dont l'écoute n'est en aucun cas facile, le fol humour de la formation franco-germanique explose sur trois longues plages psychédélico-bizarro-jammesque du plus bel (et vrillant) effet. Alors, certes, ce genre de musique n'est sans doute pas à mettre entre toutes les oreilles. Ceux qui apprécieront y verront un départ en trombe d'une rare créativité et d'une attirante folie.
40 ans plus tard (et depuis leur retour au affaires du milieu des années 90), Faust continue de sortir de bons albums qui contentent une fanbase certes clairsemée mais dévouée à l'extrême.
Sur ce... Bon trip à tous !
1. Why Don't You Eat Carrots? 9:31
2. Meadow Meal 8:02
3. Miss Fortune 16:35
Werner "Zappi" Diermaier - drums
Hans Joachim Irmler - organ
Arnulf Meifert - drums
Jean-Hervé Péron - bass guitar
Rudolf Sosna - guitar, keyboards
Gunter Wüsthoff - synthesiser, saxophone
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FISH "Sunsets on Empire" (1997)
Un classique méconnu
C'est l'autre chef d'aeuvre de l'ex-vocaliste de Marillion en solo après son originel tour de force de Vigil in a Wilderness Of Mirrors, c'est aussi un album qui, bien qu'étant clairement progressif, transcende les limites habituellement attribuées au genre de part sa variété, voici Sunsets on Empire, un secret vraiment trop bien gardé.
A l'époque, alors qu'il sort de deux expériences négatives avec deux majors, EMI et Polydor, Fish décide qu'il en a assez et se lance, les yeux plus gros que le ventre, dans l'aventure de l'indépendance allant jusqu'à installer un studio high-tech dans sa résidence d'Haddington, Ecosse. Las, si le projet donnera quelques excellentes choses, dont Sunsets on Empire, il s'avèrera un gouffre financier amenant le vocaliste au bord de la banqueroute. Mais, pour l'instant, en cette année 1997, s'adjoignant les services d'un compositeur/producteur qui monte, Steven Wilson de Porcupine Tree, Fish est encore plein de l'enthousiasme naïf qui permettra la création d'un album d'une très belle qualité. Un album tout en diversité où on l'on croise ce qu'il est convenu d'appeler du hard rock progressif (l'introductif The Perception of Johnny Punter et son bon gros riff à la Led Zeppelin), de la pop de belle qualité (Change of Heart), une ballade quasi-Trip Hop dédiée à sa fille (Tara), du rock progressif plein de groove (What Colour Is God?, Jungle Ride et le bonus Do No Walk Outside This Area), un obligatoire décrochage vers ses racines celtiques (l'infectieux Brother 52 et son violon dingue), du rock épique à la Pink Floyd (Sunsets on Empire), ou une jolie petite douceur acoustique (Say It With Flowers) en plus de chansons plus classiquement progressives (Goldfish & Clowns, Worm in the Bottle) mais nullement passéistes. Parce que c'est de rock progressif moderne dont il s'agit avec des mélodies fortes, des arrangements détaillés, luxuriants et, évidemment !, puisqu'on retrouve Steven Wilson à la console, une production comme le Poisson n'en avait pas jusqu'alors connu. Tout était donc réuni pour faire de l'opus un triomphe commercial en plus de son évidente réussite artistique, sauf à compter avec la faute à pas de chance, une vraie difficulté à le faire entendre au-delà du petit cercle qui continue de le suivre fidèlement. Et donc, malgré son indéniable qualité, l'album restera beaucoup trop confidentiel pour devenir la relance dont rêvait Derek William Dick (son vrai nom).
Cependant, 18 ans déjà après sa sortie, Sunsets on Empire, un album se moquant des modes et évitant par conséquent un vieillissement prématuré, reste une réussite dépassant largement ce que la plupart de ses collègues (ses anciens comparses de Marillion en tête) sont capable de produire. Il n'en faut pas plus pour recommander cet excellent opus à qui ne l'aurait pas encore écouté.
1. The Perception of Johnny Punter 8:36
2. Goldfish & Clowns 6:36
3. Change of Heart 3:41
4. What Colour is God? 5:50
5. Tara 5:11
6. Jungle Ride 7:33
7. Worm in a Bottle 6:23
8. Brother 52 6:05
9. Sunsets on Empire 6:54
10. Say it with Flowers 4:15
Bonus
11. Do Not Walk Outside This Area 6:30
Fish - lead vocals
Steven Wilson - guitars and keyboards
Foss Patterson - Hammond, piano, keyboards, backing vocals
Ewen Vernal - bass
Dave Stewart - drums
Robin Boult - guitars
Frank Usher - guitars
Dave Haswell - percussion
Chris Gaugh - cello
Brian Hale - violin
Martyn Bennett - violin
Terence Jones - French horn
Fraser Speirs - harmonica
Doc - voice on "Brother 52"
Lorna Bannon, Katherine Garrett, Don Jack, Chris Thomson, Annie McCraig - backing vocals
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FLAMIN' GROOVIES "Teenage Head" (1971)
Essential Frisco Rock
Les Rolling Stones américains ? C'est un peu caricaturer les San-franciscains de Flamin' Groovies mais ce n'est pas totalement faux, encore moins sur leur cru de 1971, l'impeccable Teenage Head.
Pas totalement faux parce que, comme les fameux anglais, les Flamin' Groovies partage un égal amour d'un rock & roll franc et direct, largement inspiré, hérité de bluesmen aussi essentiels que Muddy Waters ou Howlin' Wolf, une similaire esthétique menée par un tempérament de sales gosses électriques.
Des neufs morceaux de l'album originel, dont deux reprises (Have You Seen My Baby? emprunté au répertoire de Randy Newman, 32-20 de chez Robert Johnson mais avec de nouvelles paroles pour actualiser le titre), rien ici n'est autre chose qu'un exceptionnel déroulé de morceaux classiques ou qui devraient l'être. Il faut dire que, mené par la gouaille Cyril Jordan, les guitares inspirées de Roy Loney, Tim Lynch et du même Jordan, une section rythmique qui s'y entend autant pour créer la tension que soutenir les climats plus tempérés et une production, signée Richard Robinson, mettant parfaitement en valeur les atouts d'un quintet de feu, on cherchera longtemps la faille, sans jamais la trouver. Comme, en plus, l'édition bien remasterisée propose de nombreux et substantiels bonus, il n'y a plus à hésiter pour célébrer la fantastique collection qui s'offre à nous, une collection, et un album donc, qu'on aimerait voir plus souvent loué mais se contente d'un statut culte un poil réducteur.
Pour la petite histoire, Mick Jagger lui-même dira de ce Teenage Head qu'il est le frère jumeau du Sticky Fingers de son fameux groupe... en plus réussi. A partir de là, il n'y a plus à hésiter pour recommander, chaudement !, cet accomplissement de toute première bourre à toutes et à tous et plus particulièrement à ceux qui goûtent au rock & roll, au vrai !
1. High Flyin' Baby 3:31
2. City Lights 4:25
3. Have You Seen My Baby? 2:52
4. Yesterday's Numbers 3:59
5. Teenage Head 2:52
6. 32-20 2:04
7. Evil Hearted Ada 3:21
8. Doctor Boogie 2:32
9. Whiskey Woman 4:47
Bonus
10. Shakin' All Over 6:05
11. That'll Be the Day 2:22
12. Louie Louie 6:48
13. Walkin' the Dog 3:41
14. Scratch My Back 4:50
15. Carol 3:15
16. Going Out Theme 3:04
Cyril Jordan - guitar, vocals
Roy Loney - guitar, vocals
Tim Lynch - guitar
George Alexander - bass guitar
Danny Mihm - drums
&
Jim Dickinson - piano (1-3)
F comme...
FLEETWOOD MAC "Rumours" (1977)
La rumeur court toujours
Vendu à plus de 30 millions d'exemplaires, doté de singles imparables entourés de chansons de qualité, Rumours, 11ème album des anglo-américains de Fleetwood Mac (depuis l'arrivée de la doublette Nicks, Buckingham sur leur second éponyme paru deux ans plus tôt) est un triomphe artistique autant que commercial. Pourtant pas un album ayant été enregistré dans des conditions idéales...
Parce que les cieux ne sont pas exactement d'un bleu sans nuages dans la formation. Déjà parce que la relation tumultueuse entre Stevie Nicks et Lindsey Buckingham conduit à de nombreuses bisbilles entre les deux amants intermittents qui forment aussi une fameuse équipe de songwriters pas pour rien dans la miraculeuse relance artistique et commerciale de Fleetwood Mac. Ensuite parce que le mariage entre John et Christine McVie (née Perfect, ça ne s'invente pas !) bat sérieusement de l'aile et prendra d'ailleurs bientôt fin, à peine la tournée achevée. Rajoutez à ça le déchainement de paparazzo et de la presse people d'époque qui, à l'odeur du sang, rapplique tel une meute assoiffée, et raconte pas mal de conneries ce qui n'arrange rien. Bref, ce n'est pas la joie, heureusement, au moins !, que tout va bien dans la vie de ce grand fou de Mick Fleetwood !
Tout ceci aurait dû conduire à une galette désastreuse, un brouet infect pourri par les batailles rangées et les désaccords s'il n'y avait eu la farouche volonté de chacun des musiciens de se surpasser et d'offrir les plus belles lettres de leurs plus belles plumes. Le résultat ne se fait pas attendre, porté par une série de singles atteignant tous le Top 10 des charts étatsuniens, avec même un Number One (Dreams, signé Stevie Nicks), l'album se vend comme des petits pains à une foule affamée, et décroche même la timbale avec une double première place aux States et dans leur Grande Bretagne "semi-natale" (et une 27ème en France, heu...). Il faut dire que ce rock policé, poppisé ratisse large et ne cherche aucunement à choquer. C'est de "feelgood music" dont il s'agit, un machin léger, ensoleillé, expertement joué et enregistré évidemment et qui, miracle !, détient ce petit supplément d'âme, cette substance qui en fait plus qu'une bête œuvre de passage, plus qu'une simple sucrerie pour les tympans. A l'évidence, toutes ces chansons ont été construites dans le but de flatter l'oreille de l'auditeur avec leur hooks mélodiques bien trouvés, leur harmonies vocales mixtes parfaites, leur flow digne d'une highway désertique (ha ! rouler dans une décapotable vers Monument Valley au son de Dreams !). Que de bonnes chansons en plus, parce que ce Fleetwood Mac sait aussi bien faire dans l'enjoué (l'irrésistible morceau d'ouverture, Second Hand News), dans le rock californien le plus léché et ear-friendly (Dreams évidemment mais aussi les autres mégatubes, Don't Go et Go Your Own Way, et quelques autres titres (aussi réussis) tel étant le principal terrain de chasse de la formation en cette seconde moitié des seventies) que dans les délicatesses arpégées (Never Going Back Again, trop petite merveille produit de la délicieuse imagination de Lyndsey Buckingham) ou pianotées (la jolie ballade Songbird si délicatement interprétée par son auteure, Christine McVie).
12 morceaux, 44 minutes, pas de blablas, que des résultats... Et plus de 30 millions de consommateurs satisfaits (sans compter les pirates !)... Ca en impose ? C'est mérité !
Qui dit Deluxe dit bonus et le moins que l'on puisse dire est que la bonne maison Warner Bros n'a pas été avare en matériau de belle qualité. D'abord, il y a le live ou plutôt les lives de multiples sources de la tournée Rumours ayant été assemblées pour l'obtention du résultat de qualité honnête qui vaut surtout parce que, hors bootlegs, aucun live officiel de cette tournée n'était encore paru. Qualité honnête parce qu'avec un son live, les compositions perdent un tout petit peu de leur superbe qui devait beaucoup à la précision de leur enregistrement et de leur production. Pas indigne pour autant, c'est une plaisante expérience d'autant que quelques morceaux plus anciens s'y sont glissés pour le bonheur de tous.
Ensuite, et c'est là le vrai essentiel de ce Deluxe, on découvre les archives, les chutes de studio qui, comme à l'accoutumée quand elles sont bien choisies, nous proposent aussi bien quelques bonus intéressants que d'autres nous permettant, furtivement, fugitivement de se croire, petite souris planquée dans un recoin du studio d'enregistrement et goûtant au "work in progress" d'une œuvre désormais légendaire. Un vrai petit bonheur de si belle qualité qu'il ne sera pas forcément exclusivement réservé aux fans qui sont tout de même, bien sûr !, sont cœur de cible (comme on dit).
Album intemporel, pilier inaltérable d'un classic rock triomphant, Rumours demeure, plus de trois décennies après sa sortie, une Rolls d'album, un machin simplissime et imparable qu'on a parfois aimé haïr tant il en imposait mais qui, finalement, emporte le morceau, encore plus dans le luxueux remaster Deluxe ici présent. Et si on pressent qu'il eût été possible de soigner encore mieux le son pour se rapprocher du vinyle originel, la qualité est tellement accrue par rapport aux précédentes édition CD qu'on aurait mauvaise grâce à faire la fine bouche au moment d'évidemment recommander l'acquisition et l'écoute répétée à volume respectable de ce monument absolument pas en péril, preuve d'un Fleetwood Mac qui de 1975 à 1979 tutoyait les étoiles.
CD 1: Album
1. Second Hand News 2:56
2. Dreams 4:17
3. Never Going Back Again 2:14
4. Don't Stop 3:13
5. Go Your Own Way 3:43
6. Songbird 3:20
7. The Chain 4:30
8. You Make Loving Fun 3:36
9. I Don't Want to Know 3:16
10. Oh Daddy 3:56
11. Gold Dust Woman 4:59
12. Silver Springs 4:48
CD 2: Live 77, "Rumours" World Tour
1. Intro :48
2. Monday Morning 2:38
3. Dreams 4:07
4. Don't Stop 3:51
5. The Chain 5:40
6. Oh Daddy 4:47
7. Rhiannon 7:55
8. Never Going Back Again 2:20
9. Gold Dust Woman 7:03
10. World Turning 7:31
11. Go Your Own Way 4:54
12. Songbird 4:00
CD 3: More from the Recording Sessions
1. Second hand news early take) 2:26
2. Dreams (take 2) 5:35
3. Never Going Back Again (acoustic duet) 2:19
4. Go Your Own Way (early take) 4:04
5. Songbird (demo) 4:33
6. I Don't Want to Know (instrumental, take 10) 4:23
7. Keep Me There (early take) 3:42
8. The Chain (instrumental) 5:14
9. Keep Me There (demo) 5:29
10. Gold Dust Woman (with vocal) 4:18
11. Oh Daddy (early take) 5:25
12. Silver Springs (early take) 3:48
13. Planets of the Universe (early take) 5:31
14. Doesn't Anything Last (demo) 4:28
15. Never Going Back Again (acoustic duet) 1:03
16. Never Going Back Again (instrumental) 2:36
Lindsey Buckingham – guitars, banjo, dobro, percussion, vocals
Stevie Nicks – vocals, tambourine
Christine McVie – keyboards, piano, Hammond organ, clavinet, vocals
John McVie – bass guitar
Mick Fleetwood – drums, percussion, harpsichord
F comme...
FREHEL "Fréhel" (1997)
Drôle de Drame
J'aurais pu appeler ça "Mémoire de la Chanson Française", ou bien "Une Grande Dame de la Chanson Réaliste", ou encore "Un Autre Monde" en raccourci inter-générationnel amusant, et puis non. Madame Fréhel, ça lui va bien à Marguerite Boulc'h, titi parisien d'origine finistérienne (d'où son nom de scène), née 9 ans avant la fin du siècle d'avant, une paille !, et décédée 59 ans plus tard, ruinée financièrement tant que physiquement, ayant brûlé la chandelle par les deux bouts, dirait-on. tragique certainement.
Sa vie est un drame, ses chansons, réalistes !, jouant toujours sur la corde des sentiments, savaient aussi être drôles, voire carrément crues, si bien qu'on est régulièrement surpris par la liberté de ton par rapport au politiquement correct d'aujourd'hui (sur l'emblématique La Coco , le Lady Is a Tramp français, pas moins !, mais aussi Maison Louche, par exemple).
Drôle aussi donc, comme dans les historiettes ou énumérations que sont Tel Qu'Il Est, Ohé ! les Copains, La Môme Catch Catch où la gouaille toute parigote de cette enfant du pavé fait merveille. (Mélo)dramatique aussi quand, grande tragédienne, Fréhel prend des accents désespérés pour chanter les temps qui changent déjà (Où Est-Il Donc ?), un drame familial (Pauvre Grand), l'histoire d'une femme qui a été mais n'est plus (Où Sont Tous Mes Amants), etc.
Etc., Parce que le catalogue de la Dame est riche et que même ce double cd généreux, 36 titres et plus de 100 minutes, de 1931 à 1939 (sa période de gloire), ne peut se targuer de faire figure d'anthologie définitive, tout meilleur du marché avec son son bien restauré soit-il, il en manque !
C'est néanmoins, avant d'attaquer Damia, Berthe Silva, voire Aristide Bruant, une excellente introduction à une musique d'une autre époque, une vignette d'un autre temps où la musique qu'on entendait dans la rue provenait d'un orgue de barbarie, d'un accordéon, pas du casque de l'"ipaude" vissé dans nos oreilles. Un autre monde, ni bon ni meilleur, différent. Dépaysant, donc, historique aussi, celui de Fréhel.
CD 1
1. Comme un moineau 3:00
2. Pauvre grand 3:04
3. Sous la blafarde 3:18
4. L'obsédé 2:29
5. La chanson du vieux marin 2:54
6. Comme une fleur 3:20
7. La coco 3:02
8. A la dérive 3:09
9. Quand on a trop de cœur 2:21
10. Musette 2:38
11. Le grand Léon 3:05
12. C'est un mâle 2:58
13. Rien ne vaut l'accordéon 2:25
14. Il encaisse tout 2:33
15. Sous les ponts 3:21
16. La peur (un chat qui miaule) 3:12
17. Où sont tous mes amants 3:23
18. Il est trop tard 3:20
CD 2
1. Le fils de la femme poisson 3:11
2. La valse à tout le monde 2:45
3. Maison louche 3:09
4. Pleure 2:54
5. Tel qu'il est 2:47
6. Sous la flotte 2:43
7. Tout change dans la vie 2:32
8. Où est il donc ? 3:12
9. Et V'là pourquoi 2:33
10. Les filles qui la nuit 3:09
11. La môme catch catch 2:58
12. La chanson des fortifs 3:02
13. L'amour des hommes 2:57
14. Derrière la clique 3:19
15. Sans lendemain 3:17
16. La der des der 2:49
17. Ohé les copains ! 2:23
18. La java bleue 2:45
F comme...
FUGAZI "The Argument" (2001)
L'Argument Final
Le dernier Fugazi jusqu'à preuve du contraire, vite les gars, 14 ans déjà !, The Argument est aussi l'album le plus peaufiné de l'excellente discographie de ces leaders incontestés du post-hardcore "avec un cerveau", ces natifs de Washington D.C. qui, en plus d'avoir une éthique musicale sans faille, en ont aussi une commerciale qui laisse songeur...
Parce qu'en plus d'être d'ardents supporters d'une indépendance accessible (limite des prix des billets de concerts, de celui des albums, aucun merchandising) ces vrais punks d'obédience straight edge (pas d'alcool, pas de drogue, et un végétarisme largement pratiqué) dont l'emblématique tondu, Ian MacKaye, est affublé d'une involontaire paternité, sont de vrais créateurs musicaux. De fait, du temps a passé depuis les premiers ébats d'un post-hardcore intelligent quoique souvent dansant (c'est pas incompatible, notez) d'un Waiting Room et le raffinement de compositions et d'arrangements tels qu'offerts sur cet Argument de fin de parcours. Ici, sans rien perdre de l'énergie qui les a toujours habité, ils prouvent qu'ils peuvent encore élargir le spectre de leur son. Si on retrouve toujours quelques colériques saillies (le furieux Full Disclosure si bien vocalisé par un Guy Picciotto tout en passion vive, Epic Problem en excellente contrepartie d'Ian aux cordes vocales), le groupe a clairement de nouvelles intentions, de nouvelles envies qui le poussent vers un indie rock libre où leur personnalité, loin d'être annihilée par la conversion, n'en sort que renforcée. Oui, c'est bien de Fugazi dont il s'agit, avec quelques guests précautionneusement choisies pour arriver aux fins voulues, un Fugazi qui sait faire dans le rêveur (sur un Cashout qui explose à peine, sur The Kill qui n'explose jamais, sur un Argument en apothéose finale), ou juste adapter son punk à une volonté harmonique accrue (tous ceux que je n'ai pas déjà cité, en gros). En vérité, si influences il y a (on citera quand même Cure parce que c'est la plus évidente), elles sont si magistralement transcendées qu'on les discerne à peine, d'autant que l'identité instrumentale forte du combo, avec que des instrumentistes (de qualité) possédant tous leur propre style, est ici pérennisée.
Tout ça fait de The Argument un final en beauté pour un groupe qui, officiellement, ne fait qu'une pause mais que, le temps passant, on se désespère de voir revenir. Et peut-être ne faut-il pas d'ailleurs, peut-être cette mélodieuse conclusion doit rester le dernier souffle d'un groupe pas comme les autres dont on continue de recommander, chaudement !, chaque parution de leur impeccable discographie, et pourquoi pas en commençant par la fin, parce que, qu'est-ce qu'elle est belle, cette fin !
1. Untitled Intro 0:52
2. Cashout 4:24
3. Full Disclosure 3:53
4. Epic Problem 3:59
5. Life and Limb 3:09
6. The Kill 5:27
7. Strangelight 5:53
8. Oh 4:29
9. Ex-Spectator 4:18
10. Nightshop 4:02
11. Argument 4:27
Guy Picciotto – vocals, guitar
Ian MacKaye – vocals, guitar, piano
Joe Lally – vocals, bass
Brendan Canty – drums, piano
&
Jerry Busher – second drums, percussion
Bridget Cross – backing vocals
Kathi Wilcox – backing vocals
Amy Domingues – cello
F comme...
RépondreSupprimerFARAQUET "The View from This Tower" (2000)
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FAUST "Faust" (1971)
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FISH "Sunsets on Empire" (1997)
- http://www50.zippyshare.com/v/4fVpS9g0/file.html
FLAMIN' GROOVIES "Teenage Head" (1971)
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FLEETWOOD MAC "Rumours" (1977)
1 - http://www50.zippyshare.com/v/rYv22Uwp/file.html
2 - http://www50.zippyshare.com/v/U4Ca7M8i/file.html
3 - http://www50.zippyshare.com/v/xvJGzvbB/file.html
FREHEL "Fréhel" (1997)
1 - http://www50.zippyshare.com/v/ez7Iy1gm/file.html
2 - http://www50.zippyshare.com/v/fsP2DZ4J/file.html
FUGAZI "The Argument" (2001)
- http://www50.zippyshare.com/v/po1LKm8H/file.html
Il manque les Folling Ftones !!!!!
RépondreSupprimerFaust, l'album dont je me bouffe encore les couilles de l'avoir acheté. Pourtant qu'est-ce qu'il était beau ce vynil transparent sous sa pochette transparente aussi.
Yep, un grand merci pour Faraquet que je ne connaissais pas.
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