3ème édition de "Tire le Fil", comme vous en connaissez désormais le principe, chaque musicien lie l'album précédent et le suivant et ainsi de suite, pas de long discours introductif, juste une sélection de 8 albums de qualité avec des musiciens hors-pair. Enjoie !
Peter Hammill "The Silent Corner and the Empty Stage" (1974)
ou "Acoustic Generator"
Hammill sans son Generator ? A regarder la composition de la formation assemblée par le vocaliste progressif britannique, basiquement VdGG avec une invitation à Randy California pour un solo sur Red Shift, ce n'est pas exactement ça. Hammill en chef, en contrôle de son Generator ? On s'en approche parce que c'est évidemment un album solo et, globalement, une œuvre plus apaisée, au moins musicalement, que la production habituelle de son bouillant groupe tout en en conservant l'esprit, qui est essentiel, c'est bien connu.
Parce que Peter Hammill, en s'y étant imposé en leader musical naturel, en voix écorchée vive, unique en son genre marquant de son emprunte mélodique et compositionnelle indélébile un, Van der Graaf Generator qui est aussi, fondamentalement, sa chose, une chose augmentée par l'interaction avec ses comparses, tous d'excellents instrumentistes partageant son goût pour un rock absolument libre, trop d'ailleurs pour être hâtivement coincé dans le galaxie progressive sauf pour en définir ses contours les plus exotiques et improbables, les plus furieux aussi.
Et donc, un album solo de Peter Hammill, surtout de cette période avec l'exacte formation qui l'accompagnait en communauté juste avant, est forcément comparable au "body of work" Van-der-graafien. The Silent Corner and the Empty Stage, le troisième jalon solitaire, ne fait pas exception, il serait même le plus proche, le moins particulièrement indistinct de ce qu'on imagine du son VdGG.
Précisons qu'historiquement, nous sommes ici en plein dans la première séparation de VdGG. Mi 72, fatigué par les tournées, par le manque de soutien de leur management et de leur label, par des difficultés et, pire que tout !, par une routine qui ne lui sied guère, Hammill décide de reprendre sa carrière solitaire là où il l'avait laissée avec l'excellent Fool's Mate. Chameleon in the Shadow of the Night, très bon album, sort en mai 1973 avec déjà cette version allégée, "folkisée" de son maintenant ex-groupe. On y retrouve d'ailleurs quelques titres originellement prévus pour l'hypothétique successeur du magistral Pawn Hearts dont l'énorme (In the) Black Room/The Tower. C'est d'ailleurs aussi le cas ici avec l'épique A Louse Is Not a Home si typique de la personnalité sombre et théâtrale du combo, un petit chef d'œuvre de chanson à tiroirs, ceci dit en passant.
Un petit chef d'aeuvre finalement tout à fait représentatif d'un album plus électrique, plus brute que son prédécesseur, aussi aventureux évidemment, on ne refait pas Hammill, également précieux instrumentiste à défaut d'être un monstre de technique. Et un arrangeur imaginatif comme le prouve d'emblée un Modern d'un beau dynamique bien que privé de tout élément percussif. Entre ces deux Himalaya (Modern et A Louse pour ceux qui ne suivraient pas), le niveau d'excellence ne se dément jamais, de la belle ballade hantée qu'est Wilhemina, de The Lie composition largement menée par le piano de Peter et l'orgue de Hugh Banton jusqu'à son crescendo final, du Pawn-heartsien Forsaken Gardens où enfin s'imposent les présences si attendues de David Jackson et de Guy Evans (dont c'est la première apparition sur l'album). Etc. Parce que rien ne déçoit même quand Peter s'impose un relatif minimalisme instrumental comme sur le très réussi Rubicon où, outre quelques discrètes touches de mellotron, les seules voix et guitares d'Hammill (basse incluse) s'expriment.
Clairement, l'album d'une éblouissante qualité, il n'a besoin de rien d'autre pour s'imposer comme un obligatoire pour ceux qui aiment le rock progressif qui progresse vraiment sans se reposer sur d'atroces boursoufflures instrumentales. Mais il y a en plus, sur le présent remaster, trois BBC sessions de fort correct niveau sur lesquelles, bien sûr !, on ne crache pas surtout qu'elles viennent, en l'occurrence, seulement rallonger un bouillon si savoureux que le rab' n'est vraiment pas de trop.
1. Modern 7:33
2. Wilhelmina 5:22
3. The Lie (Bernini's Saint Theresa) 5:46
4. Forsaken Gardens 6:24
5. Red Shift 8:12
6. Rubicon 4:45
7. A Louse Is Not A Home 12:31
Bonus
8. The Lie (Live in Kansas City 16.02.78) 6:35
BBC Sessions
9. Rubicon 5:09
10. Red Shift 5:51
Peter Hammill - guitars, piano, bass (on 1, 2, and 6), harmonium, keyboards, vocals, mellotron, and oscillator
Hugh Banton - organ, bass (on 3, 4, and 7), keyboards, background vocals
Guy Evans - percussion, drums
David Jackson - flute, alto, tenor, and soprano saxophones
&
Randy California - lead guitar on "Red Shift"
Peter Hammill (chant, guitare) |
TWo oLD MeN
Peter Hammill & Gary Lucas "Other World" (2014)
ou "Peter et Gary sont dans un studio..."
Alors que la rumeur de sa prochaine retraite, aussi persistante qu'inquiétante, continue de courir, c'est avec un grand bonheur qu'on accueille le nouvel album de Peter Hammill, cette fois secondée par le guitariste étatsunien Gary Lucas.
Si on ne présente plus Peter Hammill, son parcours au sein de Van der Graaf Generator et au cours d'une riche et foisonnante carrière solitaire parlent pour lui, il n'est peut-être pas inutile de resituer son compagnon de l'occasion, Mr. Gary Lucas. Formé à l'école Captain Beefheart, chez qui il fera ses débuts aux commençantes 80s, ayant appris la guitare à Jeff Buckley (pour l'anecdote parce que c'est tout sauf essentiel dans son parcours musical comme vous vous en doutez sûrement), collaboré avec John Cale, Lou Reed, Leonard Bernstein, Nick Cave, Bryan Ferry, Patti Smith, Iggy Pop, Dr. John, Adrian Sherwood ou John Zorn (pour le label duquel, Tzadik, il enregistra quelques albums), Gary Lucas est aussi bien reconnu pour son talent et son adaptabilité de guitariste de scène/studio que pour sa verve compositionnelle sur ses œuvres propres. Il est, par ailleurs, conférencier, musicologue et régulièrement engagé par l'industrie audiovisuelle pour ses multiples capacités dont celles de compositeur et d'arrangeur. C'est donc à un vrai artiste en plus d'un énorme professionnel auquel nous avons affaire, pas le moindre doute là-dessus.
Présentement, les deux hommes, avec une exemplaire économie de moyens, la seule voix d'Hammill, les deux aux guitares (tantôt acoustiques tantôt électriques) et quelques texturantes nappes électroniques, déroulent une musique d'une puissance émotionnelle rare. Pas qu'on soit particulièrement surpris d'ailleurs, malgré les dents de scie de sa carrière en solo, on sait Hammill capable de pareils sommets quelque soit le panorama musical choisi (de l'énervé Nadir's Big Chance à l'éthéré Fireships) mais, tout de même !, cela faisait longtemps qu'on ne l'avait plus retrouvé à telle fête. Sans doute son compagnon, fine lame et fine plume, n'y est-il pas étranger, certainement même !
Parce que la guitare de Gary Lucas, nettement plus "techniquement correcte" que celle, ancrée dans le primitivisme de bon aloi d'un Peter Hammill axeman proto-punk par excellence, amène une eau, un air et une profondeur qui enrichit substantiellement l'ensemble. C'est cependant bien la performance, textuelle et vocale, d'un Hammill toujours sur le fil du rasoir qui fait la différence, marque de son sceau cet Autremonde. Une performance bien boostée par cette collaboration, et un Hammill par conséquent particulièrement en verve et en gorge qui délivre ses interprétations les plus passionnées depuis... Fireships, il y a 23 ans déjà. Pas que l'intervalle ait été dépourvu de belles pages (Clutch, Singularity et Consequences en sont trois beaux exemples, et pas les seuls), juste que le niveau de grâce est, en l'occurrence, très très très élevé.
Parce que, voilà, il faut bien le constater, Hammill seul aux commandes, ou encore et toujours entouré des mêmes intervenants, du même cercle musical, tournait un peu en rond, variait la formule sur le son plus que sur le fond, changeant les formations, les ambiances, mais plus trop l'écriture. Avec Gary Lucas en co-auteur débarquant et chamboulant un peu tout, forcément, le panorama s'est ouvert, les habitudes ont été repoussées, les tics se sont effacés, et nous, auditeurs enchantés, y gagnons un Hammill régénéré. Mais pas révolutionné parce qu'on le reconnait, le Peter, heureusement d'ailleurs tant sa voix écorchée vive, ses textes ciselés, et son âme sont essentiels et uniques. Et comme en plus les chansons sont bonnes et méritent grandement votre attention...
Des préférées parmi icelles ? Spinning Coins déjà, du Hammill assez typique finalement, une belle ballade comme il en a le secret, avec du fond et du cœur, donc. On citera auss, pour l'exemple parce qu'on cherche la faille, le riffu Cash, l'aérien A kind of Fracas, une autre ballade étalement très belle (Two Views) et, évidemment, Black Ice, le sommet de l'album, où la puissance guitaristique et vocale d'Hammill sont magnifiquement secondés par la finesse et l'intelligence de Lucas. Ce ne sont que quelques exemples de la portion vocale totalement réussie de l'album qui, même sur l'échelle ouverte de Wolfgang Amadeus Mozart demeurent très supérieures à la moyenne.
La portion vocale parce qu'il y en a une instrumentale représentée par 5 pistes qui permettent aux deux compères d'explorer différents climats. Tirant vers l'avant-gardiste (Build from Scratch, Slippery Slope), ou la plus extrême douceur (Attar of Roses), ils s'imbriquent sans heurts aux chansons et créent des respirations bienvenues en plus d'une impression de film sans image loin d'être désagréable.
Ajoutez à tout ceci une production signée des deux hommes, économe de moyens mais chaude et précise comme il se faut, s'avérant tout à fait efficace pour mettre en valeur l'expression artistique du duo et vous comprendrez que la pochette surprise est complète, et particulièrement attractive.
Partageant audiblement la même volonté vulgarisatrice d'une musique difficile et en ressortant, plus souvent qu'à leur tout, une très grande beauté, appartenant d'évidence à la caste des artisans passionnés et pointilleux, Hammill et Lucas se son indéniablement bien trouvés. Otherworld, galette débordante d'émotion et de savoir-faire est par conséquent le premier grand choc de 2014, une œuvre très chaudement recommandée de deux hommes plus tout jeunes mais toujours plein de sève.
Si on ne présente plus Peter Hammill, son parcours au sein de Van der Graaf Generator et au cours d'une riche et foisonnante carrière solitaire parlent pour lui, il n'est peut-être pas inutile de resituer son compagnon de l'occasion, Mr. Gary Lucas. Formé à l'école Captain Beefheart, chez qui il fera ses débuts aux commençantes 80s, ayant appris la guitare à Jeff Buckley (pour l'anecdote parce que c'est tout sauf essentiel dans son parcours musical comme vous vous en doutez sûrement), collaboré avec John Cale, Lou Reed, Leonard Bernstein, Nick Cave, Bryan Ferry, Patti Smith, Iggy Pop, Dr. John, Adrian Sherwood ou John Zorn (pour le label duquel, Tzadik, il enregistra quelques albums), Gary Lucas est aussi bien reconnu pour son talent et son adaptabilité de guitariste de scène/studio que pour sa verve compositionnelle sur ses œuvres propres. Il est, par ailleurs, conférencier, musicologue et régulièrement engagé par l'industrie audiovisuelle pour ses multiples capacités dont celles de compositeur et d'arrangeur. C'est donc à un vrai artiste en plus d'un énorme professionnel auquel nous avons affaire, pas le moindre doute là-dessus.
Présentement, les deux hommes, avec une exemplaire économie de moyens, la seule voix d'Hammill, les deux aux guitares (tantôt acoustiques tantôt électriques) et quelques texturantes nappes électroniques, déroulent une musique d'une puissance émotionnelle rare. Pas qu'on soit particulièrement surpris d'ailleurs, malgré les dents de scie de sa carrière en solo, on sait Hammill capable de pareils sommets quelque soit le panorama musical choisi (de l'énervé Nadir's Big Chance à l'éthéré Fireships) mais, tout de même !, cela faisait longtemps qu'on ne l'avait plus retrouvé à telle fête. Sans doute son compagnon, fine lame et fine plume, n'y est-il pas étranger, certainement même !
Parce que la guitare de Gary Lucas, nettement plus "techniquement correcte" que celle, ancrée dans le primitivisme de bon aloi d'un Peter Hammill axeman proto-punk par excellence, amène une eau, un air et une profondeur qui enrichit substantiellement l'ensemble. C'est cependant bien la performance, textuelle et vocale, d'un Hammill toujours sur le fil du rasoir qui fait la différence, marque de son sceau cet Autremonde. Une performance bien boostée par cette collaboration, et un Hammill par conséquent particulièrement en verve et en gorge qui délivre ses interprétations les plus passionnées depuis... Fireships, il y a 23 ans déjà. Pas que l'intervalle ait été dépourvu de belles pages (Clutch, Singularity et Consequences en sont trois beaux exemples, et pas les seuls), juste que le niveau de grâce est, en l'occurrence, très très très élevé.
Parce que, voilà, il faut bien le constater, Hammill seul aux commandes, ou encore et toujours entouré des mêmes intervenants, du même cercle musical, tournait un peu en rond, variait la formule sur le son plus que sur le fond, changeant les formations, les ambiances, mais plus trop l'écriture. Avec Gary Lucas en co-auteur débarquant et chamboulant un peu tout, forcément, le panorama s'est ouvert, les habitudes ont été repoussées, les tics se sont effacés, et nous, auditeurs enchantés, y gagnons un Hammill régénéré. Mais pas révolutionné parce qu'on le reconnait, le Peter, heureusement d'ailleurs tant sa voix écorchée vive, ses textes ciselés, et son âme sont essentiels et uniques. Et comme en plus les chansons sont bonnes et méritent grandement votre attention...
Des préférées parmi icelles ? Spinning Coins déjà, du Hammill assez typique finalement, une belle ballade comme il en a le secret, avec du fond et du cœur, donc. On citera auss, pour l'exemple parce qu'on cherche la faille, le riffu Cash, l'aérien A kind of Fracas, une autre ballade étalement très belle (Two Views) et, évidemment, Black Ice, le sommet de l'album, où la puissance guitaristique et vocale d'Hammill sont magnifiquement secondés par la finesse et l'intelligence de Lucas. Ce ne sont que quelques exemples de la portion vocale totalement réussie de l'album qui, même sur l'échelle ouverte de Wolfgang Amadeus Mozart demeurent très supérieures à la moyenne.
La portion vocale parce qu'il y en a une instrumentale représentée par 5 pistes qui permettent aux deux compères d'explorer différents climats. Tirant vers l'avant-gardiste (Build from Scratch, Slippery Slope), ou la plus extrême douceur (Attar of Roses), ils s'imbriquent sans heurts aux chansons et créent des respirations bienvenues en plus d'une impression de film sans image loin d'être désagréable.
Ajoutez à tout ceci une production signée des deux hommes, économe de moyens mais chaude et précise comme il se faut, s'avérant tout à fait efficace pour mettre en valeur l'expression artistique du duo et vous comprendrez que la pochette surprise est complète, et particulièrement attractive.
Partageant audiblement la même volonté vulgarisatrice d'une musique difficile et en ressortant, plus souvent qu'à leur tout, une très grande beauté, appartenant d'évidence à la caste des artisans passionnés et pointilleux, Hammill et Lucas se son indéniablement bien trouvés. Otherworld, galette débordante d'émotion et de savoir-faire est par conséquent le premier grand choc de 2014, une œuvre très chaudement recommandée de deux hommes plus tout jeunes mais toujours plein de sève.
1. Spinning Coins 2:54
2. Some Kind of Fracas 5:14
3. Of Kith & Kin 5:30
4. Cash 2:57
5. Built from Scratch 4:25
6. Attar of Roses 4:20
7. This Is Showbiz 3:05
8. Reboot 6:55
9. Black Ice 4:59
10. The Kid 4:16
11. Glass 3:27
12. 2 Views 3:07
13. Means to an End 1:38
14. Slippery Slope 7:04
Peter Hammill - acoustic and electric guitars, vox, found sounds
Gary Lucas - acoustic and electric guitars, fx
Gary Lucas (guitare) |
a DiFFeReNT BLueS
Gary Lucas & Dean Bowman "Chase the Devil" (2009)
ou "Vade retro Satanas !"
Ho !, la belle rencontre que voici ! Quand Dean Bowman (ex-vocalistes des bouillants Screaming Headless Torsos) rencontre l'excellent six-cordiste Gary Lucas (récemment avec Peter Hammill, en solo sur une tripotée d'albums, compositeur de musique de film ou aperçu en accompagnateur de Captain Beefheart, Lou Reed, Patti Smith, Jeff Buckley, John Cale, Nick Cave ou John Zorn, pour ne citer que les plus glorieux), quand les deux hommes se trouvent une passion commune pour la roots music spirituelle, l'offre se révèle en galette inspirée, dépouillée et recueillie et, paradoxalement, souvent enjouée.
Parce que, évidemment, la foi est joie et que les gospels, parfois "judéocentrés", repris par Lucas et Bowman l'expriment à merveille. Il suffit en fait de peu de choses, des deux hommes, et du percussionniste Mustafa Ahmed sur les deux premières pistes de l'album, les seules compositions originales de la sélection, pour bâtir cette maison en rondeau de bois, y poser sur la terrasse ses proverbiaux rocking-chairs, et laisser s'installer et s'exprimer une musique simple (mais pas simpliste) faite de prières mais aussi d'un allant et d'une dose d'électricité réjouissants.
Pas de surprise concernant Gary Lucas, on le sait fine lame et adaptable à tous les répertoires (ou presque mais ça reste à confirmer), il y fait un boulot parfait entre acoustique "coin du feu" et électrique, l'ampli branché sur le générateur à mazout et parfois même en planant vers la stratosphère. Ceux qui ne connaissent pas Dean Bowman trouveront un vocaliste aussi capable de retenue que d'emportements (extatiques en la circonstance), une bonne voix black à la large palette audiblement inspirée par le thème dévot de ce Chase the Devil.
Concernant la tracklist, on regretterait presque la présence des deux originaux d'ouverture, deux compositions au dessus de tout soupçons (l'impeccable Nobody's House en particulier) mais pas exactement dans l'ambiance de ce qui suit. Et ce qui suit est du meilleur vin (de messe). On y retrouve un ensemble emprunté au domaine public, au répertoire traditionnel ou à quelques classiques du folk/blues judéo-chrétien (dont deux du révérend Gary Davis) des Etats Unis ou d'ailleurs (Hinay Ma T'ov, traditionnellement chanté pour le sabbat ou Jérusalem, hymne anglais par excellence jadis repris par Emerson Lake & Palmer ici moins "bombastique" ça va sans dire) qui, l'un après l'autre, nous emmènent en balade au pays de Dieu, où tout n'est pas si parfait qu'on l'escomptait et que, du coup, on y resterait bien plus longtemps, parce que l'imperfection est rassurante d'humanité finalement, que les trois courts quart d'heure que constituent cet opus organique en diable (!).
L'offre pouvait laisser perplexe à priori, pensez !, du folk/blues qui croit en dieu quand chacun sait que la beauté du diable est tellement plus attrayante. Et puis non, par la magie d'un guitariste aussi élégant que virtuose et d'un vocaliste aussi inspiré que l'extraordinaire Dean Bowman, ce qui n'aurait pu être qu'une curiosité se révèle une jolie petite trouvaille sur un label, Knitting Factory Records, qui n'en manque, il est vrai, aucunement. Recommandé !
Parce que, évidemment, la foi est joie et que les gospels, parfois "judéocentrés", repris par Lucas et Bowman l'expriment à merveille. Il suffit en fait de peu de choses, des deux hommes, et du percussionniste Mustafa Ahmed sur les deux premières pistes de l'album, les seules compositions originales de la sélection, pour bâtir cette maison en rondeau de bois, y poser sur la terrasse ses proverbiaux rocking-chairs, et laisser s'installer et s'exprimer une musique simple (mais pas simpliste) faite de prières mais aussi d'un allant et d'une dose d'électricité réjouissants.
Pas de surprise concernant Gary Lucas, on le sait fine lame et adaptable à tous les répertoires (ou presque mais ça reste à confirmer), il y fait un boulot parfait entre acoustique "coin du feu" et électrique, l'ampli branché sur le générateur à mazout et parfois même en planant vers la stratosphère. Ceux qui ne connaissent pas Dean Bowman trouveront un vocaliste aussi capable de retenue que d'emportements (extatiques en la circonstance), une bonne voix black à la large palette audiblement inspirée par le thème dévot de ce Chase the Devil.
Concernant la tracklist, on regretterait presque la présence des deux originaux d'ouverture, deux compositions au dessus de tout soupçons (l'impeccable Nobody's House en particulier) mais pas exactement dans l'ambiance de ce qui suit. Et ce qui suit est du meilleur vin (de messe). On y retrouve un ensemble emprunté au domaine public, au répertoire traditionnel ou à quelques classiques du folk/blues judéo-chrétien (dont deux du révérend Gary Davis) des Etats Unis ou d'ailleurs (Hinay Ma T'ov, traditionnellement chanté pour le sabbat ou Jérusalem, hymne anglais par excellence jadis repris par Emerson Lake & Palmer ici moins "bombastique" ça va sans dire) qui, l'un après l'autre, nous emmènent en balade au pays de Dieu, où tout n'est pas si parfait qu'on l'escomptait et que, du coup, on y resterait bien plus longtemps, parce que l'imperfection est rassurante d'humanité finalement, que les trois courts quart d'heure que constituent cet opus organique en diable (!).
L'offre pouvait laisser perplexe à priori, pensez !, du folk/blues qui croit en dieu quand chacun sait que la beauté du diable est tellement plus attrayante. Et puis non, par la magie d'un guitariste aussi élégant que virtuose et d'un vocaliste aussi inspiré que l'extraordinaire Dean Bowman, ce qui n'aurait pu être qu'une curiosité se révèle une jolie petite trouvaille sur un label, Knitting Factory Records, qui n'en manque, il est vrai, aucunement. Recommandé !
1. Nobody's House 3:26
2. Time And The Place 2:37
3. God Is A Good God 6:22
4. Twelve Gates To The City 3:22
5. Dark Was The Night, Cold Was The Ground / This May Be The Last Time 5:38
6. Hinay Ma T'ov 2:05
7. Children Of Zion 3:04
8. Out On The Rolling Sea 3:23
9. In Christ There Is No East Or West 3:25
10. Jerusalem 2:02
11. Let My People Go 3:41
12. Up Above My Head 4:52
Gary Lucas - guitar
Dean Bowman - vocals
&
Mustafa Ahmed - percussion (1, 2)
Dean Bowman (chant) |
LooK MuM, No HeaD
Screaming Headless Torsos "1995" (1995/2001)
ou "Wild Fusion"
L'ultime album de fusion ? C'est bien possible parce que quand se rencontrent tant de genre, tant de talent et tant de furie, on reste forcément baba. Pourtant, qui a entendu parlé de ces "furieux torses sans têtes" ? Pas grand monde, réparons cette crasse injustice.
La pochette est, il le faut dire, d'une rare laideur, le nom du groupe pas franchement attrayant non plus et l'apparence de beau bordel d'une première écoute sidérée n'aide pas à infirmer l'impression que, certes, les musiciens sont excellentissimes mais qu'on a plus à faire à un ultime onanisme musical qu'à une réelle collection de chansons. Pourtant, écoute après écoute, parce qu'il y a tout de même ici quelque chose d'étrangement attirant, une étrange magie opère. Le beau bordel initial se transforme en vraies chansons, les mélodies, ô combien nombreuses et efficaces, s'instillent dans l'occiput défendant de l'auditeur bientôt béat d'admiration.
Mais, au fait, à quoi ressemble ce tour de force ?, parce que c'en est indéniablement un. Concrètement, prenez la furie d'un jazz électrique (rock !) poussé dans ses ultimes retranchements, une bonne dose de funk, quelques soupçons de hip-hop, de rock progressif et, évidemment !, d'incroyables performances instrumentales de musiciens de très haute volée et d'un vocaliste, Dean Bowman, au registre si étendu et multiple qu'on peine à croire qu'il est le seul à donner de la gorge et vous ne serez pas bien loin du compte. Et des compositions appropriées pour servir les ambitions peu communes de la furieuse bande. Il y a ici le fantôme du grand Frank (Zappa, who else ?) qui n'était jamais le dernier à s'adonner au mariage de la carpe et du lapin comme c'est ici si talentueusement le cas, celui de Miles Davis (deux reprises/adaptations de deux belles compositions du maître au programme !), celui, aussi, d'une scène new yorkaise, puisque c'est de là que viennent les cinq diables, bouillonnante de passion et de créativité (deux membres firent partie de la tribu Hasidic New Wave, le guitariste David Fiuczynski et le bassiste Fima Ephron, le premier ayant également collaboré avec John Medeski quand le second a souvent croisé la route de nul autre que John Zorn), bref, un panorama, des "credentials" qui parlent d'eux-mêmes. Comme en plus la version réédité de 2001 propose deux bonus substantiels, une reprise du Little Wing de Jimi Hendrix, une autre du Something de discret Beatle George Harrison, toutes deux délicieusement dévoyées de leurs intentions originelles, on ne peut que fondre de plaisir à l'écoute de cet improbable et addictif tour de magie sonique.
Mais, au fait, à quoi ressemble ce tour de force ?, parce que c'en est indéniablement un. Concrètement, prenez la furie d'un jazz électrique (rock !) poussé dans ses ultimes retranchements, une bonne dose de funk, quelques soupçons de hip-hop, de rock progressif et, évidemment !, d'incroyables performances instrumentales de musiciens de très haute volée et d'un vocaliste, Dean Bowman, au registre si étendu et multiple qu'on peine à croire qu'il est le seul à donner de la gorge et vous ne serez pas bien loin du compte. Et des compositions appropriées pour servir les ambitions peu communes de la furieuse bande. Il y a ici le fantôme du grand Frank (Zappa, who else ?) qui n'était jamais le dernier à s'adonner au mariage de la carpe et du lapin comme c'est ici si talentueusement le cas, celui de Miles Davis (deux reprises/adaptations de deux belles compositions du maître au programme !), celui, aussi, d'une scène new yorkaise, puisque c'est de là que viennent les cinq diables, bouillonnante de passion et de créativité (deux membres firent partie de la tribu Hasidic New Wave, le guitariste David Fiuczynski et le bassiste Fima Ephron, le premier ayant également collaboré avec John Medeski quand le second a souvent croisé la route de nul autre que John Zorn), bref, un panorama, des "credentials" qui parlent d'eux-mêmes. Comme en plus la version réédité de 2001 propose deux bonus substantiels, une reprise du Little Wing de Jimi Hendrix, une autre du Something de discret Beatle George Harrison, toutes deux délicieusement dévoyées de leurs intentions originelles, on ne peut que fondre de plaisir à l'écoute de cet improbable et addictif tour de magie sonique.
20 ans (déjà !) après la sortie de l'album, ceux qui, l'estomac assez bien accroché, les oreilles suffisamment grandes ouvertes, ont succombé au charme de ce album absolument, radicalement, passionnément alien ne s'en sont toujours pas remis, c'est un signe, et une galette toujours ô combien recommandée !
1. Vinnie 4:24
2. Free Man 4:27
3. Cult of the Internal Sun 4:09
4. Little Wing 4:45*
5. Word to Herb 4:23
6. Blue in Green 5:14
7. Chernobyl Firebirds 0:29
8. Graffiti Cemetery 7:13
9. Smile in a Wave 3:52
10. Wedding in Sarajevo 6:24
11. Hope 4:22
12. Kermes Macabre 8:02
13. Another Sucka 4:31
14. Something 5:09*
* bonus
Dean Bowman - vocals
David Fiuczynski – guitar
Fima Ephron – bass
Jojo Mayer – drums
Daniel Sadownick – percussion
Jojo Mayer (batterie) |
MooN SouNDS
David Fiuczynski & John Medeski "Lunar Crush" (1994)
ou "Meeting of Minds"
C'est la rencontre de deux musiciens encore presque débutants mais destinés à de grandes choses, celle d'un guitariste capable de tout (David Fiuczynski) et d'un claviériste déjà leader de sa propre formation (Medeski Martin & Wood), à l'époque ce n'est pas grand chose mais, à y revenir aujourd'hui, c'est une toute autre histoire.
Une chose est claire, ces deux là se sont bien trouvés, amateurs de jazz à la marge, de gros groove qui tue ils n'eurent pas à beaucoup chercher pour se trouver des points communs ni à beaucoup de forcer pour collaborer, sur des compositions de Fiuczynski, et se trouver un son qui leur agrée, et ils sont bien entourés, le bougres, avec le bassites Fima Ephron (qui accompagnera Fiuczynski dans ses Screaming Headless Torsos ou Gil Scott-Heron sur le très réussi Spirits), le batteur Jojo Mayer (même parcours que le précité mais aussi leader de sa propre formation, Nerve), et aussi Gene Lake (batteur aussi, entre autres chez Henry Threadgill, Dave Douglas, etc.), bref, du beau monde pour une belle fête évoquant parfois les funkeries jazzistiques du Lifetime de Tony Williams. en plus de pontes de l'avant-garde fusion tels que Sun Ra, Sonny Sharrock ou Pharoah Sanders. Allez, pour minorer un tout petit peu l'enthousiasme, on avouera que les chansons avec vocaux (Pacifica, Gloria Ascending, Lillies That Fester...) sont un peu moins enthousiasmantes que leurs voisines instrumentales, mais c'est vraiment tout ce qu'on peut reprocher à un album sinon d'excellente tenue.
Vous aimez le jazz qui funke dur ?, celui qui balance sévère sans oublier la finesse ? Ne cherchez pas plus loin que ce Lunar Crush certes ancien, plus de vingt ans !, mais toujours d'actualité.
1. Vog 6:41
2 Pacifica 4:25
3 Gloria Ascending 6:01
4 Pineapple 3:55
5 Quest 6:37
6 Freelance Brown 6:33
7 Slow Blues for Fuzy's Mama 6:50
8 Lillies That Fester... 4:25
9 122 St. Marks 5:19
10 Fima's Sunrise 6:10
David Fiuczynski - guitar
John Medeski - keyboards
Fima Ephron - bass
Gene Lake - drums
Jojo Mayer - cymbals, drums
Gloria Tropp, Michelle Johnson - vocals
Fima Ephron (basse) |
GloRieuX HeRoNGil Scott-Heron "Spirits" (1994)
ou "L'esprit de Gil"
C'est l'album d'un retour, avant une nouvelle et cruelle séparation. Spirits donc, par un Gil Scott-Heron sans doute trop résistant, trop vocal dans ses prises de positions anti-establishment pour qu'on le laisse s'exprimer, Gil Scott-Heron résistant d'une Amérique qui souffre de n'avoir pas accès aux même privilèges qu'une WASP society qui sait ne pas bouger une oreille quand il le faut et ne résister qu'à l'illusoire et au convenu, Gil Scott-Heron parolier précieux à la verve sans cesse renouvelée contraint au silence par une industrie qui ne le comprend pas, ne l'accepte plus.
A écouter Spirits, on ne peut que rager qu'un artiste d'exception, aujourd'hui disparu, se fit aussi rare dans les trois dernières décennies de sa chaotique et pourtant si riche carrière. Parce que Scott-Heron n'a rien perdu de sa verve et de sa capacité d'analyse sociale et politique, parce qu'aussi les chansons sont de grande qualité avec, en particulier, le triptyque live The Other Side, un remake modernisé de Home Is Where the Hatred Is, qui brille tant musicalement que, évidemment, textuellement où Scott-Heron déverse son âme d'addict résistant (et souvent échouant) dans des paroles d'une rare puissance, ou Message to the Messengers s'adressant à la jeune génération du hip-hop et qui, sans prêchi-prêcha inutile, les avertit d'utiliser avec sagesse leur pouvoir d'influence. On retrouve aussi sur Spirits une adaptation du morceau éponyme de John Coltrane dans lequel Scott-Heron délivre son habituel, mais jamais radotant, torrent de sagesse insoumise.
Concernant le style même de l'album on constate une obligatoire modernisation de la soul/funk jazzy qui fit connaître Gil Scott-Heron dans les 70s. Acoquinné comme depuis la fin des années 70 avec le bassiste, pianiste et arrangeur Malcolm Cecil, également co-producteur de la galette comme il le fut pour Stevie Wonder lors d'une période particulièrement faste de celui-ci (entre 1972 et 1974), il réussit parfaitement son évolution et son implantation dans les 90s sans jamais trahir ses racines ni même changer ce qui, fondamentalement, fit ce qu'il était. C'est donc avec soulagement qu'on retrouve la belle voix grave de Gil sur un funk jazzy updaté juste ce qu'il faut pour coller à l'air du temps, et d'éviter le piège d'une approche nostalgique pas franchement raccord avec le personnage. Parfait. D'autant que les musiciens enrôlés, dont David Jackson, son partenaire des glorieuses 70s dans un cameo bienvenu, assurent tous du tonnerre de Zeus. On citera, pour l'exemple, le six-cordiste Ed Brady, un habitué de la maison lui aussi, dont la performance de soliste sur The Other Side est simplement éblouissante.
Concernant le style même de l'album on constate une obligatoire modernisation de la soul/funk jazzy qui fit connaître Gil Scott-Heron dans les 70s. Acoquinné comme depuis la fin des années 70 avec le bassiste, pianiste et arrangeur Malcolm Cecil, également co-producteur de la galette comme il le fut pour Stevie Wonder lors d'une période particulièrement faste de celui-ci (entre 1972 et 1974), il réussit parfaitement son évolution et son implantation dans les 90s sans jamais trahir ses racines ni même changer ce qui, fondamentalement, fit ce qu'il était. C'est donc avec soulagement qu'on retrouve la belle voix grave de Gil sur un funk jazzy updaté juste ce qu'il faut pour coller à l'air du temps, et d'éviter le piège d'une approche nostalgique pas franchement raccord avec le personnage. Parfait. D'autant que les musiciens enrôlés, dont David Jackson, son partenaire des glorieuses 70s dans un cameo bienvenu, assurent tous du tonnerre de Zeus. On citera, pour l'exemple, le six-cordiste Ed Brady, un habitué de la maison lui aussi, dont la performance de soliste sur The Other Side est simplement éblouissante.
Au final, le seul défaut de Spirits est de ne pas avoir eu de successeur plus immédiat qu'I'm New Here... 16 ans plus tard ! Une éternité où la vie de Scott-Heron passera encore par moult évènements dont deux incarcérations liées à ses, hélas, habituels problèmes d'usage de substances prohibées qui nous privèrent, une immense perte !, de toute présence discographique, de tout nouveau matériau révolutionnaire. Tout ceci fait de Spirits un album rare, une vignette de ce qu'aurait pu être la relance d'une carrière toujours satisfaisante si indéniablement erratique.
1. Message To The Messengers 4:57
2. Spirits 7:48
3. Give Her A Call 5:44
4. Lady's Song 3:14
5. Spirits Past 3:00
6. The Other Side, Part I 5:25
7. The Other Side, Part II 6:10
8. The Other Side, Part III 6:40
9. Work For Peace 7:33
10. Don't Give Up 5:58
Gil Scott-Heron - piano, vocals
Malcolm Cecil - bass, piano
Fima Ephron - bass
Robbie Gordon - bass
Ed Brady - guitar
Brian Jackson, Kim Jordan, Vernard Dickson - piano
Ron Holloway - saxophone
Leon Williams - saxophone
Ibrahim Shakur - flute
Larry McDonald, Tony Duncanson - percussion
Rodney Youngs - drums
Ron Holloway (saxophone) |
SéQueNCe HoMMaGe
Gov't Mule "Dark Side of the Mule" (2014)
"Gov't Floyd"
Quand un jam band largement influencé par le Grateful Dead et le Allman Brothers Band s'attaque, en live !, au monument progressif et psychédélique qu'est Pink Floyd, ça donne ? Dark Side of the Mule, pardi !
A l'origine, un concert de le soir d'halloween 2008 au Orpheum Theatre de Boston, dont la présente galette n'est que portion congrue*, est oubliée la première partie du set et le rappel final tous deux dédiés à d'autres horizons musicaux, où Warren Hayes et ses petits gars, alias Gov't Mule, osent, ils ont de l'estomac, reprendre cette référence pourtant quelque peu éloignée de leurs habituelles préoccupations. On pouvait donc, en toute logique, avoir quelques doutes sur la viabilité d'un tel projet, doutes vite balayés par le talent d'une formation avant tout dédiée à ses fans ô combien fidèles et souhaitant, donc, toujours leur offrir de nouvelles expériences en plus de repousser ses propres limites supposées.
Au programme, une douzaine de chansons de la période post-Barrett du Floyd issus de Meddle, Wish You Were Here, Animals et, comme le titre de la galette le laisse deviner, Dark Side of the Moon avec rien moins que six extraits, que du lourd, quoi avec, comme c'est pratique, deux choristes ayant pris part aux grand-messes publiques du groupe hommagé (Machan Taylor et Durga McBroom). Le groupe, sans forcément tenter de réinventer la roue, c'est heureux, infuse sa personnalité dans le répertoire amenant, à minima, des petits machins qu'on accueille avec plaisir et rendent l'ensemble moins dérivatif qu'il n'y parait. On a ainsi droit, par exemple, à un Have a Cigar nettement plus bluesy et groovy que sa version originale, à un Fearless joliment électrifié, à un Shine on You Crazy Diamond bordant souvent la paranoïa. Pas une révolution en soi mais d'aptes versions permettant de jouir pleinement de la performance sans avoir l'impression d'écouter un bête tribute band.
Au programme, une douzaine de chansons de la période post-Barrett du Floyd issus de Meddle, Wish You Were Here, Animals et, comme le titre de la galette le laisse deviner, Dark Side of the Moon avec rien moins que six extraits, que du lourd, quoi avec, comme c'est pratique, deux choristes ayant pris part aux grand-messes publiques du groupe hommagé (Machan Taylor et Durga McBroom). Le groupe, sans forcément tenter de réinventer la roue, c'est heureux, infuse sa personnalité dans le répertoire amenant, à minima, des petits machins qu'on accueille avec plaisir et rendent l'ensemble moins dérivatif qu'il n'y parait. On a ainsi droit, par exemple, à un Have a Cigar nettement plus bluesy et groovy que sa version originale, à un Fearless joliment électrifié, à un Shine on You Crazy Diamond bordant souvent la paranoïa. Pas une révolution en soi mais d'aptes versions permettant de jouir pleinement de la performance sans avoir l'impression d'écouter un bête tribute band.
Dark Side of the Mule ? Un bel hommage si imparfait (live, quoi !) qui plaira autant aux fans de Pink Floyd qu'à ceux de Gov't Mule. Mission accomplie.
* à noter qu'il existe une version complète du concert sur quatre cd.
1 One of These Days 6:15
2 Fearless 5:37
3 Pigs on the Wing, Pt. 2 1:37
4 Shine on You Crazy Diamond, Pt. 1-5 13:57
5 Have a Cigar 6:27
6 Breathe (In the Air) 3:20
7 Time 6:48
8 Money 7:15
9 Comfortably Numb 6:10
10 Shine on Your Crazy Diamond, Pt. 6-9 13:59
11 Wish You Were Here 6:02
Warren Haynes - guitar, producer, vocals
Danny Louis - guitar, keyboards, backing vocals
Jörgen Carlsson - bass
Matt Abts - drums, percussion, vocals
Ron Holloway - saxophone
Machan Taylor - background vocals
Durga McBroom - background vocals
Sophia Ramos - background vocals
Leslie Bloome - sound effects
Danny Louis (claviers) |
eMo PRoGReSS
Coheed and Cambria "Good Apollo I'm Burning Star IV, vol. 1: From Fear Through the Eyes of Madness" (2005)
ou "Conceptuellement votre"
De l'Emo Prog ? Et pourquoi pas ? C'est, après tout, ce vers quoi tendait les américains de Coheed and Cambria depuis leur premier album, l'impeccable The Second Stage Turbine Blade.
Il faut dire que, fièrement menés par un Claudio Sanchez à la voix aussi particulière que celle du chanteur d'une audible influence du groupe, Geddy Lee de Rush, amateurs d'ambiances contrastées, de décollages épiques et de contenus conceptuels, le groupe avait tout pour réussir pareil exercice. Et donc, sur leur troisième opus au titre trompeur, mais que vient faire ce IV ?, partis de leur petit label indépendant, Equal Vision, en faveur de la grosse maison Sony depuis leur précédent opus, enregistré pour leur première maison puis ressorti par la major, et bénéficiant donc de moyens nettement plus aptes à accomplir pareille tâche, les petits gars de Coheed and Cambria se lâchent plus que jamais et produisent ce qu'il est convenu d'appeler un Opéra Rock.
Concrètement, Good Apollo I'm Burning Star IV, vol. 1: From Fear Through the Eyes of Madness (quel titre !) a une très nette tendance à se rapprocher d'un cadre hard et heavy beaucoup plus classique que ses deux devanciers. C'est évident dans le son mais également dans l'écriture du groupe qui y rappelle souvent un Queensrÿche au meilleur de sa forme progressive. D'aucun compareront d'ailleurs l'album à l'Operation: Mindcrime originel ce qui n'est pas tout à fait faux même si Coheed and Cambria conserve son cachet indie et s'en démarque tout de même notablement ne serait-ce que par la nature science-fictionnesque des paroles du sieur Sanchez ayant beaucoup plus à voir avec celle de Neil Peart sur 2112 (Rush, évidemment !).
Evidemment, à comparer l'album avec deux piliers du concept progressif, on ne lui rend pas forcément service d'autant que Coheed and Cambria conserve, malgré ses influences, malgré la pléthore d'invités venus renforcer le spectre musical, la personnalité du combo emo hard prog qu'il fut à ses débuts, et si le groupe a perdu en ingénuité, il a définitivement gagné en professionnalisme ce qui est tout sauf inutile quand on s'attaque à de si ambitieuses constructions bien servies par un sens mélodique, une qualité d'arrangement qui installe le quatuor au panthéon du genre.
Ceux qui apprécient le genre savent probablement déjà à quelle fête Good Apollo premier volume les convie, les autres feraient bien de suivre leur exemple et de jeter une oreille (et même les deux) sur le travail d'une formation régénérant un genre, le rock progressif, comme peu le firent en ce nouveau millénaire.
Concrètement, Good Apollo I'm Burning Star IV, vol. 1: From Fear Through the Eyes of Madness (quel titre !) a une très nette tendance à se rapprocher d'un cadre hard et heavy beaucoup plus classique que ses deux devanciers. C'est évident dans le son mais également dans l'écriture du groupe qui y rappelle souvent un Queensrÿche au meilleur de sa forme progressive. D'aucun compareront d'ailleurs l'album à l'Operation: Mindcrime originel ce qui n'est pas tout à fait faux même si Coheed and Cambria conserve son cachet indie et s'en démarque tout de même notablement ne serait-ce que par la nature science-fictionnesque des paroles du sieur Sanchez ayant beaucoup plus à voir avec celle de Neil Peart sur 2112 (Rush, évidemment !).
Evidemment, à comparer l'album avec deux piliers du concept progressif, on ne lui rend pas forcément service d'autant que Coheed and Cambria conserve, malgré ses influences, malgré la pléthore d'invités venus renforcer le spectre musical, la personnalité du combo emo hard prog qu'il fut à ses débuts, et si le groupe a perdu en ingénuité, il a définitivement gagné en professionnalisme ce qui est tout sauf inutile quand on s'attaque à de si ambitieuses constructions bien servies par un sens mélodique, une qualité d'arrangement qui installe le quatuor au panthéon du genre.
Ceux qui apprécient le genre savent probablement déjà à quelle fête Good Apollo premier volume les convie, les autres feraient bien de suivre leur exemple et de jeter une oreille (et même les deux) sur le travail d'une formation régénérant un genre, le rock progressif, comme peu le firent en ce nouveau millénaire.
1. Keeping the Blade 2:08
2. Always and Never 2:23
3. Welcome Home 6:14
4. Ten Speed (Of God's Blood and Burial) 3:46
5. Crossing the Frame 3:26
6. Apollo I: The Writing Writer 5:15
7. Once Upon Your Dead Body 3:19
8. Wake Up 3:35
9. The Suffering 3:43
10. The Lying Lies & Dirty Secrets of Miss Erica Court 3:17
11. Mother May I 4:31
The Willing Well
12. I: Fuel for the Feeding End 7:17
13. II: From Fear Through the Eyes of Madness 7:28
14. III: Apollo II: The Telling Truth 7:18
15. IV: The Final Cut 7:40
Claudio Sanchez – lead and backing vocals; lead and rhythm guitars
Travis Stever – lead and rhythm guitars; lap steel; backing vocals
Michael Todd – bass guitars; backing vocals
Josh Eppard – drums; keyboards; percussion; backing vocals
&
Danny Louis – keyboards (tracks 5-10 & 15)
Kara Bullock and Nick Gardner – ukulele
Chester Brockwell – didgeridoo
Daniel Sadownick – percussion (Tracks 6 & 8)
Sarah Kathryn Jacobs – backing vocals (Tracks 9 & 15)
Janiris Sanchez – child's voice (Tracks 2 & 15)
Kurtis Jungersen – sound effects
l'étrange groupe cette fois se compose de :
Peter Hammill - vocals, guitars, Gary Lucas - guitars,
Dean Bowman - vocals, Jojo Mayer - drums, Fima Ephron - bass,
Ron Holloway - saxophone, Danny Louis - keyboards
Tire le Fil #3
RépondreSupprimerPeter Hammill "The Silent Corner and the Empty Stage" (1974)
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Peter Hammill/Gary Lucas "Other World" (2014)
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Gary Lucas & Dean Bowman "Chasing the Devil" (2009)
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Screaming Headless Torsos "1995" (1995)
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John Medeski & David Fiuczynski "Lunar Crush" (1994)
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Gil Scott-Heron "Spirits" (1994)
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Gov't Mule "Dark Side of the Mule" (2014)
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Coheed and Cambria "Good Apollo I'm Burning Star IV" (2005)
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J'ai un peu mal à suivre le cheminement, mais tout se qui mène à Gov't Mule m'inspire.
RépondreSupprimerZornie on the Wing !
Tout ce que je peux te dire c'est que, si tu aimes la furie, le Screaming Headless Torsos te bottera bien le cul, et si tu aimes le metal prog de qualité, le Coheed and Cambria te satisfera. Le reste ? Sans doute pas pour toi et c'est dommage, il n'y a que de la qualité !
SupprimerBelle découverte de Coheed and Cambria...Bravo pour l'éclat de toutes ces propositions éclectiques et pour les commentaires pertinents (même quand je connais les "oeuvres", je suis bluffé!) qui me régalent vraiment!
RépondreSupprimerHé bien, merci. Et essaye de signer ton commentaire la prochaine fois, cher anonyme.
SupprimerT'es ouf .. comme pour Partridge.. Hammil est là dans la marge de son CV à œuvrer .. c'est titanesque tes chroniques.. faut une soirée entière ;D.. du coup, je suis resté sur Peter et ses solo..je reviens juste après...même si septique sur Dark Side.. j'ai tjrs boycotté les reprises du Floyd.
RépondreSupprimerHa, que veux-tu, j'ai toujours été un pisse-copie...^_^
SupprimerPerso, j'aime les reprises alors le Gov't Mule me va très bien.
Hammill ? Enorme, forcément !
A+ et merci de ton passage, Charlu.
Le Peter Hammil est effectivement grandiose. D'ailleurs, tous ceux de cette période sont tous excellents. J'ai longtemps boycotté à cause du Vander Graaf qui était trop prog pour moi Donc le duo que tu proposes m'intéresse.
RépondreSupprimerJe ne connais pas Gil SCOTT-HERON. Donc je vais tacher d'y jeter une oreille.