Ca vous dit de tirer le fil, de voyage, de musicien en musicien, via des albums de qualité, de laisser vos oreilles errer au gré des voyages d'instrumentistes hors-pair ? C'est Tire le Fil #4, une jolie ballade en musique. Enjoie !
WoNDeRFuL BaKe!
Ginger Baker "Middle Passage" (1990)
ou "World of Ginge"
Middle Passage est un album solo de l'ex-Crèmeux rouquin pilonneur de tambours aka Ginger Baker. Outre le fait que l'animal possède une technique qui pour être unique n'en est pas moins d'une saisissante efficacité, il se permet en plus - le bougre ! - d'être un musicien aventureux dont l'ouverture d'esprit n'est plus à démontrer.
En l'occurrence, cet album - produit par l'éminence New Yorkaise Bill Laswell pour son désormais défunt label world fusion Axiom - marie à merveille une texture electro rock avec une exploration vers les musiques moyennes-orientales. Entouré d'une équipe de rêve (voir le line-up ci-dessous), Ginger déroule sur 6 titres et 35 petites minutes une musique voyageuse et prenante.
Hélas, la relative confidentialité du label, la nature même de la musique ici proposée (qui pour être accessible n'en est pas pour autant simple) et une inexistante promotion ne permirent pas à Middle Passage de récolter les justes lauriers que tout album de cette qualité mériterait d'emporter.
1. Mektoub 7:07
2. Under Black Skies 6:58
3. Time Be Time 5:04
4. Alamout 5:50
5. Basil 5:24
6. South to the Dust 5:04
1. Mektoub 7:07
2. Under Black Skies 6:58
3. Time Be Time 5:04
4. Alamout 5:50
5. Basil 5:24
6. South to the Dust 5:04
Ginger Baker: drums
Jonas Hellborg, Jah Wobble, Bill Laswell: bass
Nicky Skopelitis: guitar, baglama, coral sitar, banjo, fairlight
Faruk Tekbilek: ney, zurna
Bernie Worrell: hammond organ
Aiyb Dieng: doff, tumbek, talking drums, metals
Mar Gueye: sabar
Magette Fall: talking drums
Jonas Hellborg (basse) |
aNoTHeR WoRLD
Jonas Hellborg "The Word" (1990)
ou "Somewhere Else"
Quand le maître bassiste suédois rencontre un ex de chez Miles (Tony Williams, batterie) et un quatuor à cordes pour un line-up et une session "particulière" ça donne... Un fantastique album !
Pourtant, sur le papier, ce n'était pas joué d'avance mais, sous la bienveillante et concluante direction de Bill Laswell, The Word est une immense réussite. Cette musique qui se promène entre Occident, Orient et Amériques sait séduire pour qui sait l'appréhender.
Williams y fait du pur Williams, c'est assez monstrueux ! Se dire que ce déluge de batterie peut se marier avec la délicatesse d'un quatuor à cordes et d'une basse acoustique surprend. Tout est dans un mix fin qui sait mettre chaque instrument à sa juste place.
A noter, enfin, la présence d'une reprise d'un morceau relativement obscur de Jimi Hendrix, Cherokee Mist (une outtake d'Axis disponible sur un coffret), qui se marie si bien à l'ensemble qu'on en oublie son géniteur.
Bref, vous l'aurez compris, cet album est une bombe et si je ne le décris pas en détail c'est uniquement pour ne point trop le déflorer. Sachez que c'est un de ces machins improbables mais, en définitive, essentiels qui font que je continue si avidement de rechercher de nouvelles sensations ! Indispensable quoi.
1. Akasha 0:53
2. Zat 1:50
3. Saut-E Sarmad 3:27
4. Two Rivers 4:31
5. Be! And All Became 3:21
6. Poets 2:35
7. Black Rite 6:25
8. Cherokee Mist 4:59
9. Miklagaard 5:14
10. Path Over Clouds 3:28
1. Akasha 0:53
2. Zat 1:50
3. Saut-E Sarmad 3:27
4. Two Rivers 4:31
5. Be! And All Became 3:21
6. Poets 2:35
7. Black Rite 6:25
8. Cherokee Mist 4:59
9. Miklagaard 5:14
10. Path Over Clouds 3:28
Jonas Hellborg: acoustic bass guitar
Tony Williams: drums
- The Soldier String Quartet
Ron Lawrence - viola
Laura Seaton - violin
David Soldier - violin
Mary Wooten - cello
Tony Williams (batterie) |
LaST BoP
Miles Davis "Filles de Kilimanjaro" (1968)
ou "Miles on the Move"
C'est bien connu, si vous n'occupez pas un génie, il finit par s'ennuyer et, fatalement, à chercher par tous les moyens de s'occuper, à fomenter de nouveaux concepts, à approcher, et accrocher, de nouveaux sons. C'est exactement ce qu'il se passe pour Miles Davis quand, en 1968, sans doute parce qu'il se rendait compte qu'il lui fallait passer à autre chose après quelques années de relatif immobilisme créatif, il se lance dans une direction qui fera florès mais commence, présentement, tout juste à poindre : la jazz fusion (ou jazz rock comme on disait chez nous).
Bon, cette fois, on n'y est pas encore tout à fait (In a Silent Way, On the Corner ou Bitches Brew nous y amèneront pleinement) et le sujet avait déjà été effleuré le coup d'avant (Miles in the Sky) mais, indéniablement, il y a quelque chose et c'est une sacrée progression pour Miles. Et donc, avec un groupe essentiellement similaire (on y retrouve 4 instrumentistes déjà présents sur In the Sky), mu par une volonté de se transformer une fois encore, d'essayer une fois de plus de laisser sa belle marque sur un genre qu'il a déjà largement contribué à enrichir, Miles balance 5 thèmes qui font date, où l'improvisation funk vient le contester au jazz planant, où l'interaction jammante des performers les tire vers une vraie modernité avec une classe et un naturel à peine croyables considérant qu'ils en sont encore à s'y essayer et qu'il y arrivent même quand la marque dépasse largement les 10 minutes (Tout de Suite, Filles de Kilimanjaro, Mademoiselle Mabry, ce dernier pour sa "demoiselle" du moment, Betty Mabry, qui fera connaître sa verve funk salace avec le nom de son ex même après leur divorce).
Parce que c'est un album important dans le parcours et l'évolution stylistique de Miles mais, surtout, parce que c'est une excellent galette, Filles de Kilimanjaro est une œuvre que tout amateur de jazz se doit de posséder, c'est aussi simple que ça.
1. Frelon Brun 5:39Parce que c'est un album important dans le parcours et l'évolution stylistique de Miles mais, surtout, parce que c'est une excellent galette, Filles de Kilimanjaro est une œuvre que tout amateur de jazz se doit de posséder, c'est aussi simple que ça.
2. Tout de Suite 14:07
3. Petits Machins 8:07
4. Filles de Kilimanjaro 12:03
5. Mademoiselle Mabry 16:32
Bonus
6. Tout de Suite (alternate take) 14:37
Miles Davis – trumpet
Wayne Shorter – tenor saxophone
Herbie Hancock – Fender Rhodes electric piano on tracks 1, 2, 4 & 6
Chick Corea – piano, RMI Electra-piano on tracks 3 & 5
Ron Carter – electric bass on tracks 1, 2, 4 & 6
Dave Holland – double bass on tracks 3 & 5
Tony Williams – drums
Wayne Shorter (saxophone) |
FuSioN SuMMiT
Weather Report "Heavy Weather" (1977)
ou "Jazz Hit"
Succès à la fois commercial et artistique, album vulgarisateur par excellence aussi, Heavy Weather, le cru 1977 de Weather Report, leur 8ème album déjà, est de ces tours de magie qu'on n'attendait pas, et qui sont impossible à calculer accessoirement, un album qui sait ratisser large sans jamais se vendre, un classique.
Il faut dire qu'on a ici une sacrée bande de virtuoases, de Zawinul à Shorter, de Pastorius à Acuña, sans oublier le percussionniste Manolo Badrena, bien entendu, certains ayant traîné du côté de chez Miles, c'est un signe qui ne trompe pas !, des gars qui savent à peu près tout faire et, surtout, comment ne pas trop en faire, la confiance des cadors, le bon goût d'authentiques artistes. En 1977, en plus de concocter un bel album de jazz moderne et varié, ils parviennent, très fort !, à le rendre abordable à un large public, du genre qui ne plonge que très rarement dans les périmètres du jazz. La formule, somme toute, n'est pas très compliquée : des compositions et des performances construites sur un noyau dur de mélodie qui fait toute la différence. Prenez Birdland, la piste qui ouvre Heavy Weather et le gros tube de Weather Report aussi, en plus d'être un bel hommage à Charlie Parker (Bird !), c'est une exemplaire démonstration qu'une mélodie forte bien traitée par de supérieurs talents se transforme bientôt en or. Et comme le reste, qu'on glisse avec une remarquable facilité vers l'Amérique du Sud (l'impromptu Rumba Mamá enregistré en live, le caliente latin funk Palladium ou le puissant, nuancé et prospectif Havona) ou reste fermement dans sa portion nord (les "smooth as silk" mais pas muzak pour deux sous A Remark You Made, Harlequin et The Juggler, le diablement funky Teen Town avec Jaco également batteur), le succès est toujours au rendez-vous. Il y a même la mise en son idoine pour que le bonheur soit complet, c'est dire !
C'est dire qu'il n'y a que de bonnes raisons que cet Heavy Weather soit, près de 40 ans après sa sortie, soit reconnu comme le vrai classique qu'il est, indéniablement, et l'obligatoire addition qu'il constitue dans la collection de tout amateur de jazz qui se respecte.
C'est dire qu'il n'y a que de bonnes raisons que cet Heavy Weather soit, près de 40 ans après sa sortie, soit reconnu comme le vrai classique qu'il est, indéniablement, et l'obligatoire addition qu'il constitue dans la collection de tout amateur de jazz qui se respecte.
1. Birdland 5:57
2. A Remark You Made 6:51
3. Teen Town 2:51
4. Harlequin 3:59
5. Rumba Mamá 2:11
6. Palladíum 4:46
7. The Juggler 5:03
8. Havona 6:01
Joe Zawinul – 2 ARP 2600 on all tracks except "Rumba Mamá", Rhodes electric piano on all tracks except "Birdland", "Rumba Mamá" and "Havona", Yamaha grand piano on "Birdland", "Harlequin", "The Juggler" and "Havona", Oberheim polyphonic synthesizer on all tracks except "Rumba Mamá", "Palladíum" and "The Juggler", vocal on "Birdland", melodica on "Birdland" and "Teen Town", and guitar and tabla on "The Juggler".
Wayne Shorter – Soprano saxophone on all tracks except "A Remark You Made" and "Rumba Mamá", and tenor saxophone on "Birdland"", "A Remark You Made" and "Palladíum"
Jaco Pastorius – Electric bass on all tracks except "Rumba Mamá", mandocello on "Birdland" and "The Juggler", vocals on "Birdland", drums on "Teen Town", steel drums on "Palladíum"
Alex Acuña – Drum set on all tracks except "Teen Town" and "Rumba Mamá", congas and tom-toms on "Rumba Mamá", and handclaps on "The Juggler"
Manolo Badrena – Tambourine on "Birdland", congas on "Teen Town", "Rumba Mamá" and "Palladíum", vocal on "Harlequin" and "Rumba Mamá", timbales on "Rumba Mamá", and percussion on "Palladíum" and "The Juggler"
Joe Zawinul (claviers) |
Joe'S VoyaGe
Joe Zawinul "Di.a.lects" (1986)
ou "One Man Show"
Le one man show de Joe Zawinul ? Avec le concours de quelques utiles guests cependant mais, oui, c'est bien ça Di.a.lects, un opus qui suit la cessation d'activité de Weather Report de quelque mois, un preuve que ce monsieur-là n'avait finalement pas tant besoin que ça de ses talentueux comparses.
Parce qu'ici, simplement armé de ses synthétiseurs et de sa voix, et supporté par quelques voix invitées dont l'immense Bobby McFerrin, Joe Zawinul fait essentiellement tout. Il y en a qui douteront, pas de basse ? pas de batterie ? pas de cuivres, de la pérennité de la chose, autant le dire immédiatement, ils ont totalement, absolument, définitivement tort. Parce que Di.a.lects, tout accoutré d'électronique qu'il soit, est un authentique album de jazz, de jazz moderne mais de jazz tout de même, et un bon avec ça. De fait, il ne manque rien à l'opus qui ne lui soit préjudiciable et, au contraire, par la limitation d'un unique performer instrumental, il y développe une esthétique, une personnalité à nulle autre pareille. Avec une impeccable sélection de titres plus réussis les uns que les autres à commencer par Zeebop frontal et énergique, tout de percussions électroniques vêtu. Ailleurs, entre latin-jazzeries rondement menées (Waiting for the Rain, Carnavalito), synthétisme tout sauf handicapant (le court et planant The Great Empire), Zawinul épate et prouve que, essentiellement seul, il peut faire de la très bonne musique prenant ses libertés avec l'idiome sans jamais le trahir.
Qui aurait parié, au milieu de funestes années 80, alors que sa formation récemment séparée a trop longtemps tiré l'écheveau, que Zawinul nous convierait à une telle fête ? Pas grand monde mais les faits sont là et Di.a.lects, petit chef d'œuvre largement méconnu, continuation inattendue et bienvenue d'un Weather Report sorti de l'actualité, est disponible pour tous ceux qui en doutait, une galette hautement recommandable.
Qui aurait parié, au milieu de funestes années 80, alors que sa formation récemment séparée a trop longtemps tiré l'écheveau, que Zawinul nous convierait à une telle fête ? Pas grand monde mais les faits sont là et Di.a.lects, petit chef d'œuvre largement méconnu, continuation inattendue et bienvenue d'un Weather Report sorti de l'actualité, est disponible pour tous ceux qui en doutait, une galette hautement recommandable.
1. The Harvest 6:04
2. Waiting for the Rain 7:38
3. Zeebop 4:50
4. The Great Empire 3:57
5. Carnavalito 6:18
6. 6 A.M./Walking on the Nile 7:06
7. Peace 6:49
Joe Zawinul – Synthesizers, Vocals
Bobby McFerrin – Improvised Vocals
Carl Anderson – Ensemble Voices
Dee Dee Bellson – Ensemble Voices
Alfie Silas – Ensemble Voices
Bobby McFerrin (chant) |
DoN'T WoRRy... Be VoiCy
Bobby McFerrin "Beyond Words" (2002)
ou "The Voice!"
On peut penser ce qu'on veut de Bobby McFerrin, avis souvent uniquement basé sur son hit des 80s, Don't Worry Be Happy, le mec a une technique et des capacités vocales hors du commun. Quand en plus, comme sur son cru de 2002, Beyond Words, il se décide à faire de la musique plutôt que de l'étalage, à convoquer pour ce faire quelques excellents musiciens, ça donne... un excellent album !
Contextuellement, Beyond Words marque le retour en fanfare de McFerrin chez Blue Note, se rapproche d'un jazz dont il s'était petit à petit éloigné, aussi. Pour ce faire, tout en gardant son étonnant organe comme l'attraction principale, centrale, de la galette, il a convoqué quelques excellents professionnels de la profession, du bassiste Richard Bona au percussionniste Cyro Baptista, du flûtiste Keith Underwood au batteur Omar Hakim, et, parce qu'il est impossible de l'oublier, un Chick Corea vieux compagnon de route qui passait justement par là. Ca en jette ! Mais qu'en est-il du contenu de ce rassemblement mondain du jazz "de luxe" ? C'est une affaire variée, en vérité. Avec pas moins de 16 titres, la majorité d'entre eux plutôt courts. Ainsi, Invocation est un joli moment de jazz classique un rien latinisant, Kalimba Suite est exactement ce qu'il annonce, une douce africanité musicale toute en harmonies, on peut continuer le voyage quelque part en asie avec un éthéré et mélodieux A Silken Road, ou rester aux Amériques avec un Fertile Field taillé plus le club, ou encore se perdre en Arabie par la grâce d'un captivant Dervishes et de son Ziggurat de successeur. Tout en voyages, ce McFerrin continue ainsi, souvent en mode planant, de nous entraîner aux quatre coins du globe avec toujours un égal bonheur, et même dans un Paris fantasmé sur Chanson où, forcément, parce qu'on ne se sépare jamais tout à fait des clichés, un accordéon vient s'incruster, tout comme sur un autre voyage, dans le temps celui-là, sur un Marlowe très film noir des 50s. Le tout reste aisément dans une sphère jazz (quoiqu'au sens large du terme) sans jamais sembler vouloir y forcer son appartenance et, évidemment, McFerrin y brille de mille feux ce dont on ne doutait pas une seule seconde.
Allez, oublions deux secondes le tube qu'on ne renommera pas, écoutons en mode "oreilles grandes ouvertes" ce Beyond Words prospectif juste ce qu'il faut, mélodique toujours, c'est peut-être bien là la grande œuvre du sieur McFerrin, ce qui n'est pas rien.
Allez, oublions deux secondes le tube qu'on ne renommera pas, écoutons en mode "oreilles grandes ouvertes" ce Beyond Words prospectif juste ce qu'il faut, mélodique toujours, c'est peut-être bien là la grande œuvre du sieur McFerrin, ce qui n'est pas rien.
1. Invocation 7:10
2. Kalimba Suite 3:40
3. A Silken Road 4:28
4. Fertile Field 5:44
5. Dervishes 2:15
6. Ziggurat 5:20
7. Sisters 1:22
8. Circlings 1:14
9. Chanson 1:30
10. Windows 4:01
11. Marlowe 4:08
12. Mass 2:40
13. Pat & Joe 2:11
14. Taylor Made 4:22
15. A Piece, a Chord 3:46
16. Monks/The Shepherd 2:48
Bobby McFerrin - Roland XP 80, Vocal Percussion, Vocals
Cyro Baptista - Percussion
Richard Bona - Bass, Guitar, Percussion
Chick Corea - Fender Rhodes, Piano
Gil Goldstein - Accordion, DX-7, Fender Rhodes
Omar Hakim - Drums
Keith Underwood - Contrabass Flute, Flute
Cyro Baptista (percussions) |
BoN VoyaGe !
David Byrne "Rei Momo" (1989)
ou "David in Another America"
David Byrne a coupé le cordon avec ses Têtes Parlantes, présentement, il coupe aussi le cordon avec l'occident et se dirige loin au sud de son point d'origine, en Amérique du Sud. Le résultat ? Bluffant !
Et encore plus quand on considère que c'est le premier vrai album solo de David après une belle carrière dans le cocon d'un groupe et une collaboration avec l'alors producteur régulier des Talking Heads, Brian Eno, 8 ans plus tôt. Un saut dans l'inconnu, juste après la séparation de son groupe d'autant plus ardu que, rien qu'à zyeuter l'impressionnante liste des participants (ça n'en finit pas !) il a fallu gérer. Mais David a l'estomac pour assumer l'appétit de son ambition comme le prouve la belle cohérence et les magnifiques arrangement donnant corps à ce Rei Momo d'exception.
Musicalement, David y retrouve les aspirations voyageuses d'une partie conséquente de Remain in Light sauf qu'à l'Afrique de Fela, il y préfère les douceurs chaloupées sud-américaines. Et c'est un festival qui nous fait voyager de la Havane à Rio de Janeiro en passant par Mexico City ou même Bogota. Et le truc incroyable c'est qu'au milieu de tout ça, alors que beaucoup seraient irrémédiablement perdus, Byrne y est mélodiquement tout à fait reconnaissable prouvant, l'air de rien, que son écriture, sa voix, si elles peuvent se transposer dans bien des univers, gardent leur authentique personnalité, la marque des grands.
Le détail des chansons ? Ce serait gâcher la surprise, voyons ! Il n'y a, en vérité qu'une chose à dire : Rei Momo ? courez-y vous ne serez pas déçus !
1. Independence Day 5:45Musicalement, David y retrouve les aspirations voyageuses d'une partie conséquente de Remain in Light sauf qu'à l'Afrique de Fela, il y préfère les douceurs chaloupées sud-américaines. Et c'est un festival qui nous fait voyager de la Havane à Rio de Janeiro en passant par Mexico City ou même Bogota. Et le truc incroyable c'est qu'au milieu de tout ça, alors que beaucoup seraient irrémédiablement perdus, Byrne y est mélodiquement tout à fait reconnaissable prouvant, l'air de rien, que son écriture, sa voix, si elles peuvent se transposer dans bien des univers, gardent leur authentique personnalité, la marque des grands.
Le détail des chansons ? Ce serait gâcher la surprise, voyons ! Il n'y a, en vérité qu'une chose à dire : Rei Momo ? courez-y vous ne serez pas déçus !
2. Make Believe Mambo 5:23
3. The Call of the Wild 4:55
4. Dirty Old Town 4:12
5. The Rose Tattoo 3:50
6. Loco de Amor 3:51
7. The Dream Police 3:00
8. Don't Want to Be Part of Your World 4:55
9. Marching Through the Wilderness 4:30
10. Good and Evil 4:35
11. Lie to Me 3:40
12. Office Cowboy 3:40
13. Women vs Men 4:06
14. Carnival Eyes 4:04
15. I Know Sometimes a Man Is Wrong 3:11
David Byrne - Guitar, String Arrangements, Vocals
Milton Cardona Bata, Choir/Chorus, Claves, Congas, Iya, Quinto, Shekere, Tambor, Vocals (Background)
Acua Turree Ensemble - Strings
Robby Ameen - Drums
Luis Arias - Congas
Cyro Baptista - Agogo, Caxixi, Tambourine
Lucinho Bizadao - Cavaquinho
Sergio Brandão - Bass
Sam Burtis - Trombone
Floyd Carter - Violin
Willie Colón - Choir/Chorus
Celia Cruz - Vocals
Jorge Jose Da Silva - Repique, Tambourine
Joe de Jesus - Trombone
Felix Farrar - Violin
James Fearnley - Accordion
Lawrence Feldman - Sax
Reinaldo Fernandes - Repique, Tamborim
Angel Fernandez - Trumpet, Woodwind
Mitch Frohman - Sax
Jose Gallegos - Keyboards
Elvis Garcia - Bass
Andy González - Bass, Contrabass
Leini Guerrero - Piano
Steve Guttman - Trumpet
Kenneth Hitchcock - Sax
Ite Jerez - Trumpet
Lewis Kahn - Trombone, Violin
Arto Lindsay - Vocals
Romero Lubambo - Guitar
Kirsty MacColl - Vocals (Background)
Tom "Bones" Malone - Trombone
Jose Mangual Jr. - Bata, Bells, Bongos, Choir/Chorus, Congas, Guichero, Guira, Guiro
Luis Manuel - Guira
Juan Martinez - Drums
Shunzo Ohno - Trumpet
Barry Olsen - Trombone
Agusto Onna, Jr. - Choir/Chorus, Trumpet
Keith O'Quinn - Trombone
Enrique Orengo - Cello
Johnny Pacheco - Choir/Chorus, Composer, Congas
Agapito Pasqual - Accordion
Santiago Pasqual - Guira, Unknown Contributor Role
Paquito Pastor - Fender Rhodes, Piano
Oscar Peña - Sax
Lucy Penabaz - Vocals (Background)
Bobby Porcelli - Sax
Marc Quifiones - Bata, Timbales
Rubén Rodríguez - Bass
Huti Rodriquez - Tamboura
Barry Rogers - Trombone
David Sacks - Trombone
Steve Sacks - Sax
Charlie Santiago - Timbales
Charlie Sepulveda - Trumpet
Joe Shepley - Trumpet
Mauricio Smith - Flute
Cuto Soto - Choir/Chorus
David Taylor - Trombone
Yomo Toro - Cuatro
Dale Turk - Trombone
Herbert Vianna - Vocals
Eric Weissberg - Mandolin, Pedal Steel
David Byrne (chant, guitare) |
BeST HeaDS eVeR!
Talking Heads "Remain in Light" (1980)
ou "The Crown on the Heads"
Remain in Light, c'est le chef d'œuvre des Talking Heads, un album où la formation new yorkaise largue les amarres, se laisse aller à expérimenter comme il le veut, à progresser au-delà de tout ce qu'on pouvait imaginer.
Bon, tout avait commencé avec le transitoire Fear of Music 1 an plus tôt mais c'est bien ici que tout prend magnifiquement forme. Alors, qu'Est-ce qui fait que la chrysalide accouche d'un si beau papillon ? L'assurance grandissante d'une formation qui, à expérimenter, reprend chaque fois goût à son art ? Probablement. La reconduite d'une équipe qui, se connaissant mieux, se laisse d'autant plus facilement aller à sortir de sa supposée zone de confort ? Sûrement. La qualité du songwriting d'un David Byrne progressant à pas de géant ? Forcément.
L'assurance d'abord parce qu'en 1980 les Talking Heads sont des instrumentistes de plus en plus accomplis dont les convictions prospectives furent grandement renforcées par la série de succès consécutifs que connaît leur carrière. L'équipe ensuite, parce qu'avec la participation, pour la 3ème fois !, d'un Brian Eno qui a su amener dans sa valise quelques excellents collègues (dont le précieux Adrian Belew alors dans un King Crimson tout récemment reformé, la fois précédente, c'était Fripp qui s'y était collé). Et les chansons, bien sûr, ha ! les chansons !, la belle collection d'icelles avec, pour commencer, le tube de la mort dont on n'a toujours pas réussi à se lasser (Once in a Lifetime) peut-être grâce à son texte sarcastique, plus sûrement parce qu'on peut y danser pas idiot et que la mélodie vous accroche immédiatement pour ne plus jamais vous lâcher. Et le reste, évidemment, dont l'introductif Born Under Punches et ses flaveurs africaines et même afrobeat, The Great Curve où l'art-rock de King Crimson rencontre le tribalisme aventureux de Fela, un Listening Wind un rien dub, définitivement progressif. Etc. Dont les bonus de la présente édition dont un Fela's Riff qui en dit beaucoup sur les obsessions musicales d'alors de Byrne et de ses compagnons. Et puis, forcément, comme c'est Eno à la console, et que le remaster a été soigneusement concocté, ça sonne du feu de zeus sans jamais faire dans le tape à l'œil typique de débutantes 80s. Clairement, les Talking Heads ne sont plus ici punk, ou new wave, ou quoique ce soit, worldbeat par exemple, que vous souhaiteriez les étiqueter, ils sont eux-mêmes, une congrégation d'individus unis pour le bon et le meilleur encore se fichant royalement d'être rattachés à quelque chapelle que ce soit.
Les Talking Heads, et même Byrne en solo qu'il ne faut surtout pas négliger, feront d'autres excellents albums, rien à jeter chez les Têtes, pas grand chose chez David, mais n'atteindront plus jamais la grâce de leur, seulement, 4ème album studio, un Remain in Light dont on entend encore les échos chez moult artistes contemporains (Vampire Weekend au premier plan d'iceux) après lequel rien ne fut plus tout à fait pareil. Un classique que ça s'appelle et que si vous ne l'avez pas encore, vous savez dorénavant ce qu'il vous reste à faire, et vite !
L'assurance d'abord parce qu'en 1980 les Talking Heads sont des instrumentistes de plus en plus accomplis dont les convictions prospectives furent grandement renforcées par la série de succès consécutifs que connaît leur carrière. L'équipe ensuite, parce qu'avec la participation, pour la 3ème fois !, d'un Brian Eno qui a su amener dans sa valise quelques excellents collègues (dont le précieux Adrian Belew alors dans un King Crimson tout récemment reformé, la fois précédente, c'était Fripp qui s'y était collé). Et les chansons, bien sûr, ha ! les chansons !, la belle collection d'icelles avec, pour commencer, le tube de la mort dont on n'a toujours pas réussi à se lasser (Once in a Lifetime) peut-être grâce à son texte sarcastique, plus sûrement parce qu'on peut y danser pas idiot et que la mélodie vous accroche immédiatement pour ne plus jamais vous lâcher. Et le reste, évidemment, dont l'introductif Born Under Punches et ses flaveurs africaines et même afrobeat, The Great Curve où l'art-rock de King Crimson rencontre le tribalisme aventureux de Fela, un Listening Wind un rien dub, définitivement progressif. Etc. Dont les bonus de la présente édition dont un Fela's Riff qui en dit beaucoup sur les obsessions musicales d'alors de Byrne et de ses compagnons. Et puis, forcément, comme c'est Eno à la console, et que le remaster a été soigneusement concocté, ça sonne du feu de zeus sans jamais faire dans le tape à l'œil typique de débutantes 80s. Clairement, les Talking Heads ne sont plus ici punk, ou new wave, ou quoique ce soit, worldbeat par exemple, que vous souhaiteriez les étiqueter, ils sont eux-mêmes, une congrégation d'individus unis pour le bon et le meilleur encore se fichant royalement d'être rattachés à quelque chapelle que ce soit.
Les Talking Heads, et même Byrne en solo qu'il ne faut surtout pas négliger, feront d'autres excellents albums, rien à jeter chez les Têtes, pas grand chose chez David, mais n'atteindront plus jamais la grâce de leur, seulement, 4ème album studio, un Remain in Light dont on entend encore les échos chez moult artistes contemporains (Vampire Weekend au premier plan d'iceux) après lequel rien ne fut plus tout à fait pareil. Un classique que ça s'appelle et que si vous ne l'avez pas encore, vous savez dorénavant ce qu'il vous reste à faire, et vite !
1. Born Under Punches (The Heat Goes On) 5:49
2. Crosseyed and Painless 4:48
3. The Great Curve 6:28
4. Once in a Lifetime 4:23
5. Houses in Motion 4:33
6. Seen and Not Seen 3:25
7. Listening Wind 4:43
8. The Overload 6:02
Bonus
9. Fela's Riff 5:19
10. Unison 4:50
11. Double Groove 4:28
12. Right Start 4:07
David Byrne – lead vocals, guitars, bass guitar, keyboards, percussion, vocal arrangements
Jerry Harrison – guitars, keyboards, backing vocals
Tina Weymouth – bass guitar, keyboards, percussion, backing vocals
Chris Frantz – drums, percussion, keyboards, backing vocals
&
Brian Eno – bass guitar, keyboards, percussion, backing vocals, vocal arrangements
Nona Hendryx – backing vocals
Adrian Belew – guitar
Robert Palmer – percussion
José Rossy – percussion
Jon Hassell – trumpets, horns
Adrian Belew (guitare) |
MaTH My PRoG!
King Crimson "Discipline" (1981)
ou "Red 2"
Quand, aux naissantes années 80, Fripp décida de réactiver son King Crimson, aucun de ceux qui avaient suivi les aventures de ce fondateur du rock dit progressif n'aurait pu anticiper la musique qui allait leur être proposée.
Complexe, technique, angulaire, glaçante même, ce qu'offrait alors le groupe n'avait plus grand-chose à voir avec ce avec quoi ils nous avaient abandonné sept ans plus tôt, l'extraordinaire Red. Fripp Aura-t-il été motivé par les nouveaux et radicaux développements venu frapper de plein fouet la scène musicale de la prude Albion, ou (plus vraisemblablement) ses travaux berlinois avec Eno et Bowie l'auront-ils amené à repenser sa conception de la musique du groupe, toujours est-il que - sans vraiment essayer de coller au « son du jour » - ce King Crimson évoque forcément l'explosion Post-Punk (on dit aussi New Wave) par le parti-pris sonique revendiqué.
Evidemment, comparé à tous les jeunes excités brandissant fièrement la bannière de cette nouvelle scène musicale (Wire, P.I.L., Magazine, Gang of Four, etc.), King Crimson pourrait apparaître comme un aimable dinosaure tentant de se relancer et quelques élans mélodiques aux remugles de patchouli et d'encens viendraient presque nous en convaincre. Mais il y a de vrais moments de colère froide sur cet album, de musique dangereuse et tendue contrôlée avec maestria par un quartet de virtuoses. Elephant Talk, Indiscipline ou Thela Hun Ginjeet (qui aurait tout à fait eu sa place sur le splendide Remain in Light de Talking Heads) sont, en l'espèce, trois séismes dont les répliques se font sentir jusque dans ce qu'il est désormais convenu d'appeler Math Rock (Battles, Don Caballero, etc.) soit une espèce de punk jazz progressif où l'extrême maîtrise technique est mise au service de bizarreries quasi-robotiques et définitivement paranoïdes. En résumé, King Crimson ne plaisante pas.
Forcément, Discipline, album sans compromis d'une formation retrouvant là un inespéré second (3ème ?) souffle, divisa. La fan-base de King Crimson se fragmenta mais un nouveau monde s'ouvrait à eux et deux albums allaient suivre reprenant peu ou prou la même formule que celle ici appliquée... Avec moins de réussite cependant. Car ici, on frôle la perfection et c'est encore plus évident sur le mix 2011 élaboré conjointement par Robert Fripp et Steven Wilson (Porcupine Tree). Un travail d'orfèvre (quoique relativement avare en outtakes) sur lequel on revient souvent, toujours admiratif devant tant d'audace et de talent.
1. Elephant Talk 4:43
2. Frame by Frame 5:09
3. Matte Kudasai 3:47
4. Indiscipline 4:34
5. Thela Hun Ginjeet 6:25
6. The Sheltering Sky 8:22
7. Discipline 5:10
Bonus
8. A Selection of Adrian's Vocal Loops 0:18
9. A Selection of Adrian's Vocal Loops 0:33
10. The Sheltering Sky [Alternate Mix] 8:26
11. Thela Hun Ginjeet [Alternate Mix] 6:31
Adrian Belew: guitare, chant
Bill Bruford: batterie
Robert Fripp: guitare, dispositifs
Tony Levin: stick, basse, chœurs
et le groupe, pour cette fois, se compose de :
Jonas Hellborg (basse), Tony Williams (batterie), Wayne Shorter (saxophone),
Joe Zawinul (claviers), Bobby McFerrin (chant), Cyro Baptista (percussions),
David Byrne (chant et guitare), et Adrian Belew (guitare)... Ca le fait !
Jonas Hellborg (basse), Tony Williams (batterie), Wayne Shorter (saxophone),
Joe Zawinul (claviers), Bobby McFerrin (chant), Cyro Baptista (percussions),
David Byrne (chant et guitare), et Adrian Belew (guitare)... Ca le fait !
Tire le Fil #4
RépondreSupprimerGinger Baker "Middle Passage" (1990)
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Jonas Hellborg "The Word" (1991)
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Miles Davis "Filles de Kilimanjaro" (1968)
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Weather Report "Heavy Weather" (1977)
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Joe Zawinul "Di.a.lects" (1986)
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Bobby McFerrin "Beyond Words" (2002)
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David Byrne "Rei Momo" (1989)
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Talking Heads "Remain in Light" (1980)
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King Crimson "Discipline" (1981)
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je prends les têtes, le roi, et la météo, merci bcp !
RépondreSupprimerVincent
Beaux choix (mais il n'y avait que ça, remarque). Enjoie !
SupprimerTalking head incontournable, ne m en suis jamais lasse. C est David Byrne et ses peripeties Sud Americaines, qui m a fait decouvrir Tom Ze. J ai toujours eu du mal avec le Jazz rock alors je vais re ouvrir mes oreilles pour Weather report and Joe Zawinul. Discipline, conseille a l époque par un copain de lycee musicien. Il m avait fait decouvrir aussi Defunkt et j etais reste scotche. Je vais goutter le ginger recent( je ne connaissais que les albums plus ancients. Et l outsider, en ce qui me concerne, Jonas Hellborg. J aimais bien ce que faisait Bill Laswell et son label axiom. Donc comme je suis gourmand et jamais rassasie j ai tout pris.
RépondreSupprimerMerci. Thierry
Gourmand, va !
SupprimerSurtout, n'hésite pas à revenir commenté ce que tu auras écouté et, enjoie, évidemment !
PS : on ne dit pas jazz rock mais jazz fusion. ;-)
Toujours aussi bien, ton blog. As-tu un compte sur le site https://rateyourmusic.com/ ?
RépondreSupprimerSi oui, je veux bien le voir, ça doit être une mine d'or d'idées de trucs à écouter. Si non, crée-t-en un !
Non, je n'ai pas de RYM et je ne compte pas y aller parce que, franchement, je n'aurai pas le temps.
SupprimerCeci dit, j'accepte les requêtes et, vu mon "stock", ce qui est régulièrement publié sur ce blog est un bon indice de toutes les directions possibles, il y a de quoi faire !