mardi 16 juin 2015

Salade de Fruits (4/5)

Ma précédente "Salade de Fruits" n'avait pas trouvé preneur, pas un commentaire, snif !, ça faisait longtemps que ça ne m'était plus arrivé, j'espère que celle-ci conviendra mieux aux appétits musicaux des excellents mélomanes qui visitent mon humble établissement... Enjoie !

CRoQue La PoMMe !
Saxon "Innocence Is No Excuse" (1985)
ou "Tu parles d'une excuse !"

Le succès de Crusader est peut-être un peu monté au bourrichon de Biff & Co, sans doute les gars se sont-ils vus déjà arrivés, prêt à suivre les traces d'un Def Leppard qui triomphait outre-Atlantique... Oui mais Saxon n'est pas Def Leppard, Saxon est avant tout un groupe de (heavy) rockers pour mecs et nanas en cuir, un machin qui s'écoute en sirotant un breuvage houblonné et en lançant de grasses vannes, pas de la musique pour adolescentes extatiques énamourées, et puis Biff & Co ne sont pas assez beaux pour ça. Il y a sans doute aussi, dans le coup, quelque exécutif de leur label d'alors, EMI, qui, voyant le front du heavy pur et dur déjà couvert par Iron Maiden, avec le succès qu'on connait, décida d'orienter nos preux guerriers dans des eaux qui ne leurs étaient ni familières ni particulièrement hospitalières : on ne coince pas un grand blanc dans un aquarium de salon, fut-il doré.
Parce que, fondamentalement, c'est au béton, à une grisaille bruineuse, à la graisse mécanique, à la sueur et au sang qu'on identifie Saxon, pas à leurs beaux teint hâlés au soleil de Californie, à leurs luxuriantes chevelures ou à leur gueules d'anges ni à leurs chansons charto-compatibles, et, niveau répertoire, c'est évidemment la même chose. Même ici en fait ! Si la production et la direction artistique ont émoussé les lames de ces valeureux guerriers du riff, ceux-ci n'ont pas même pris la peine d'y adapter leur écriture. Saxon reste donc Saxon mais un Saxon plus gentil, presque domestiqué par le clinquant de la mise en son, mais heureusement pas tout à fait émasculé par ses prétentions commerciales inaccessibles au groupe. De, fait, il y a du bon sur cet Inexcusable Innocence (titre pour le coup bien choisi tant on a l'impression qu'il y vont "la fleur au fusil). Et ce n'est pas le coup de ripolin outre-atlanticard qui y changera quoique ce soit comme le démontrent les trois titres de l'album repris en version live re-masculinisée sur ce remaster (Back on the Streets, Devil Rides Out et Gonna Shout), du pur Saxon, du bon.
Mis en perspective du reste de la carrière du quintet, Innocence Is No Excuse est une solide production dépassant même, quand à la qualité de son écriture, le Crusader qui le précède, où, il faut bien le dire, l'exceptionnelle chanson-titre ressemblait fort au majestueux chêne cachant la maigre forêt. On le considèrerait même comme l'égal d'un Power And The Glory s'il était juste un poil plus burné. Ca ne fait qu'amplifier une impression de potentiel non totalement réalisé qui ne gâche toutefois pas le plaisir de l'écoute... De justesse.

1. Rockin' Again 5:12
2. Call of the Wild 4:03
3. Back on the Streets 3:59
4. Devil Rides Out 4:23
5. Rock 'n' Roll Gypsy 4:13
6. Broken Heroes 5:27
7. Gonna Shout 3:58
8. Everybody Up 3:28
9. Raise Some Hell 3:40
10. Give It Everything You've Got 3:27
Bonus
11. Back on the Streets (12" Club Mix) 5:10
12. Live Fast Die Young 3:48
13. Krakatoa 3:46
14. The Medley (live) 9:05
15. Gonna Shout (live)
16. Devil Rides Out (live)4:59
17. Back on the Streets (BBC in Concert, Hammersmith 1985) 4:38

Biff Byford - vocals
Graham Oliver - guitar
Paul Quinn - guitar
Steve Dawson - bass
Nigel Glockler - drums

SAXON

oRaNGe THaïe
Silly Fools "Juicy" (2002)
ou "Jus d'énergie"

De petits thaïs jouant un rock fun et frais influencé par les Red Hot Chili Peppers et plus généralement la scène rock/metal alternative étatsuniene de la fin des 90s et du début des 00s ? C'est Silly Fools, formé en 1997, et c'est vachement bien !
Juicy, album aussi fruité que sa pochette le suggère, est leur 4ème album, l'avant dernier avec Toe (Natapol Puthpawana) qui renoncera quelques années plus tard à ces frivolités électriques suite à une conversion à l'islam. Si l'exotisme musical n'est pas franchement de la partie, c'est une musique très influencée par les nord-américains, la langue thaïe, extrêmement mélodieuse et flattant donc l'oreille, apporte sa vraie différence, ce petit goût qui, en vérité, change tout. Ca et le goût des thaïs pour les jolies ballades sucrées qu'ils font d'ailleurs très bien (et c'est heureux parce qu'elles sont nombreuses), surtout chez ces "imbéciles" heureux qui infusent, de toute façon, une belle sensibilité pop à toutes leurs chansons. Mais qui dit pop ne dit pas forcément mou du genou...  Parce que ces quatre gars ont aussi une véritable énergie débordante de riffs costauds, tranchants et d'un emballage rythmique solide et varié. Rajoutez à ça un vrai sens du groove, une production à faire se pâmer tous les rockers de chez nous, et un professionnalisme aussi indéniable qu'utile dans un genre où l'approximation n'est pas de mise si vous voulez "faire le métier".  Pour le coup, je ne me sens pas de vous faire le détail de la tracklist composées uniquement de bonnes chansons suffisamment variées et bourrée de cette bonne humeur, de ce positivisme constructif si typique de leur bouddhisme détendu, pour ne pas lasser une seule seconde.
Acheté l'année de sa sortie, 2545 selon le calendrier de l'ex-Royaume du Siam, dans une modeste échoppe locale à un prix défiant toute concurrence (155 Bahts, 4€ au cour du jour, un prix fixe l'étiquette étant apposée par le label), c'est une galette que j'ai beaucoup écouté, que j'ai depuis quelque peu remisée, tant de belles nouveauté !, mais qui ressort régulièrement de son étagère pour de ravies retrouvailles et même de "yaourtesques" singalongs réjouis et un peu ridicules... Absent du catalogue des grands vendeurs en ligne implanté chez nous , il ne sera pas si compliqué de dénicher cette petite douceur sur un  des nombreux sites "exotiques" le proposant (ethaicd par exemple) à des tarifs d'importation même pas prohibitifs (moins de 10€).
13 ans depuis sa sortie, une écoute de plus au compteur, Juicy est une grande réussite, la plus belle de la formation, de rock fun et frais  qu'on ne saurait trop recommandé aux amateurs du genre comme aux curieux de passage,

1. Bah bor 6:24
2. Nah mai ai 3:55
3. Pid tee wai jai 4:43
4. Khee hung 4:26
5. Klaeng 5:10
6. Naam ning lai lhuk 4:01
7. Wud jai 4:16
8. Ngao 5:08
9. Por leaw 4:31
10. Paaw law 3:16
11. Pruk prum 3:16

Songpol Juprasert (Ton) - guitar
Thevarit Srisuk (Rung) - bass
Tortrakul Baingen (Tor) - drums
Natapol Puthpawana (Toe) - vocals

SILLY FOOLS

La FiN eT LeS MoyeNS
Tears for Fears "Everybody Loves a Happy Ending" (2004)
ou "Une belle (fausse) conclusion"

L'ultime ? Du titre au fait que, plus de 10 ans après sa sortie il n'ait toujours pas eu de successeur, c'est ainsi qu'est aujourd'hui souvent considéré cette fin heureuse en forme d'apothéose pop (une erreur Tears for Fears travaillant depuis plus de deux ans sur un hypothétique 7ème volume de leurs œuvres).
En l'occurrence, 15 ans après le triomphe de The Seeds of Love, oubliant ses deux suites plus ou moins réussies, pour confirmer leur mue d'une new wave inspirée vers une perfect pop totalement assumée. Et donc, neuf ans tout de même après Raoul and the Kings of Spain, c'est exactement où ils ont laissé les choses 15 ans plus tôt qu'Orzabal et Smith les reprennent avec une inspiration qui fait toute la différence. Parce que cet 6ème œuvre, longue à l'accouchement, presque inattendue dans son implacable qualité, marque bel et bien le retour en grâce d'un duo qui avait fini par se perdre dans une facilité mélodique et compositionnelle à visée outrageusement radiophonique. La source, évidemment, vient des meilleurs du genres, ces Fab Four dont on n'aura décidément jamais fini de s'inspirer, pour un résultat ressemblant à un XTC débarrassé de toute trace d'ironie et donc d'une part de son intrinsèque "britannité" venue d'autres grands (les Kinks !).  C'est évident dès la première chanson, l'impeccable et "pepperienne" chanson titre mais, vraiment, c'est toute la galette qui est infusée d'une écriture, d'un maniérisme directement hérité des précités (comme sur un Pullin' a Cloud très Macca en sa simplicité et douceur acoustique) mais aussi de l'Electric Light Orchestra de Jeff Lyne auxquels les deux compères empruntent une "orchestralité" qui leur va d'ailleurs merveilleusement au teint comme sur un Secret World d'exceptionnelle qualité.
Bref, sans rentrer dans le détail d'une tracklist sans le moindre faux-pas, en 14 chansons et une bonne heure, nous sommes transportés dans un petit monde multicolore et chatoyant où on ne s'ennuie pas une seule seconde. C'est dire si on attend avec impatience le retour (2015 ? 2016 ?) d'une formation qui, possédant le savoir-faire et le talent mélodique naturel, sait ravir les fans de belle pop harmonieuse et riche comme seuls les meilleurs savent le faire. Ce n'est d'ailleurs que logique, Tears for Fears en sont souvent et encore plus sur cet Everybody Loves a Happy Ending de compétition.

1. Everybody Loves a Happy Ending 4:21
2. Closest Thing to Heaven 3:36
3. Call Me Mellow 3:39
4. Size of Sorrow 4:43
5. Who Killed Tangerine? 5:33
6. Quiet Ones 4:22
7. Who You Are 3:41
8. The Devil 3:30
9. Secret World 5:12
10. Killing with Kindness 5:25
11. Ladybird 4:50
12. Last Days on Earth 5:41
Bonus
13. Pullin' a Cloud 2:48
14. Out of Control 5:08

Roland Orzabal - guitars, keyboards, lead vocals
Curt Smith - bass, keyboards, backing vocals, lead vocals ("Size of Sorrow", "Who You Are")
&
Charlton Pettus - keyboards
Fred Eltringham - drums
Brian Geltner - drums ("Size of Sorrow")
Rick Baptist - trumpet ("Everybody Loves a Happy Ending")
Kenny Siegal - guitar ("Size of Sorrow"), backing vocals ("Who Killed Tangerine?")
Gwen Snyder - backing vocals ("Who Killed Tangerine?")
Alexander Giglio - backing vocals ("Who Killed Tangerine?")
Julian Orzabal - crowd vocals ("Who Killed Tangerine?")
Laura Gray - crowd vocals ("Who Killed Tangerine?")
Paul Buckmaster - orchestra arrangement and conducting ("Secret World")
Bob Becker - viola ("Secret World")
Charlie Bisharat - violin ("Secret World")
Denyse Buffman - viola ("Secret World")
Eve Butler - violin ("Secret World")
Mario de Leon - violin ("Secret World")
Joel Derouin - violin ("Secret World")
Stefanie Fife - cello ("Secret World")
Armen Garabedian - violin ("Secret World")
Berj Garabedian - violin ("Secret World")
Barry Gold - cello ("Secret World")
Gary Grant - trumpet, flugelhorn ("Secret World")
Maurice Grants - cello ("Secret World")
Julian Hallmark - violin ("Secret World")
Vahe Hayrikyan - cello ("Secret World")
Norm Hughes - violin ("Secret World")
Suzie Katayama - cello, contracting ("Secret World")
Roland Kato - viola ("Secret World")
Peter Kent - violin ("Secret World")
Steve Kujala - flute ("Secret World")
Gayle Levant - harp ("Secret World")
Michael Markman - violin ("Secret World")
Miguel Martinez - cello ("Secret World")
Robert Matsuda - violin ("Secret World")
Carole Mukogawa - viola ("Secret World")
Sid Page - violin ("Secret World")
Sandra Park - violin ("Secret World")
Sara Parkins - violin ("Secret World")
Joel Peskin - baritone saxophone, tenor saxophone ("Secret World")
Bob Peterson - violin ("Secret World")
Karie Prescott - viola ("Secret World")
Dan Smith - cello ("Secret World")
Rudy Stein - cello ("Secret World")
Lesa Terry - violin ("Secret World")
Josefina Veraga - violin ("Secret World")
David Washburn - trumpet, flugelhorn ("Secret World")
Evan Wilson - viola ("Secret World")
John Wittenberg - violin ("Secret World")

TEARS FOR FEARS

eNGLiSH RoCKiN' FRuiT
Terrorvision "Shaving Peaches" (1998)
ou "Grosse pêche !"

Ils ont bien progressé depuis leur premier album, et explosé commercialement sur le précédent, Regular Urban Survivors, aussi quand se présente le cap du 4ème album, c'est avec une absolue confiance de leurs capacités que les anglais de Terrorvision approchent l'entreprise. Et ils ont bien raison parce que Shaving Peaches est une vraie belle réussite.
Il faut dire que la mue des petits gars de Bradford dans le West-Yorkshire d'un metal alternatif bien troussé si un poil lourdaud, forcé à une power pop un peu hard-rockante est un indéniable facteur à leur accomplissement artistique sur ce fruitier opus. Dans la foisonnante collection de chansons, une quinzaine !, ces gars-là sont généreux, aucune ne déçoit même si, indéniablement, certaines se détachent avec leurs airs d'irrésistibles singles. On pense à III Wishes et son entêtante mélodie, Josephine toute de rock ricain distancié vêtu, Can Get Out of My Mind en belle "glamerie", un Tequila bien enjoué qui devint leur plus gros hit, le rock à synthés de Baby Face, les flaveurs discoïdes de Left to the Right ou les charmantes ballades Day After Day et Vegas. Une belle collection, quoi, où le groupe a su conserver l'énergie de ses jeunes années "péri-metalleuse" et acquis de nouvelles armes qu'ils savent exploiter à merveille.
La suite, un petit album avant la séparation, ne confirmera pas l'embellie des deux plus belles galettes de Terrorvision, celle dont il est question ici et un Regular Urban Survivors évoqué plus haut. Le groupe s'est depuis reformé ne faisant hélas qu'approximer ses beaux succès passés (Super Delux en 2011). Reste ce Shaving Peaches, impeccable album de power pop soit, littéralement, de la pop, de la bonne !, avec du power. Recommandé.

1. III Wishes 3:51
2. Josephine 3:11
3. Hypnotised 3:49
4. Can't Get Out Of My Mind 3:05
5. In Your Shoes 4:21
6. Swings And Roundabouts 3:25
7. Day After Day 3:35
8. Left To The Right 3:59
9. Cantankerous 4:15
10. Tequila 3:52
11. Vegas 3:52
12. Babyface 4:11
13. Spanner In The Works 4:15
14. When I Die 4:06
15. On A Mission 3:40

Tony Wright – Vocals
Mark Yates – Guitars
Leigh Marklew – Bass
"Shutty" – Drums
&
Josephine Ellul – Keyboards

TERRORVISION

iCeLaND FuN
Unun "Super Shiny Dreams" (1995)
ou "Petite boutique des merveilles"

Outre le fait qu'il fut formé par un ex-Sugarcubes (Thor Eidon, le guitariste) quand ceux-ci furent lâchés par leur elfique vocaliste (Björk, évidemment), il y a peu d'infos sur Unun, formation islandaise aujourd'hui séparée et, pour ainsi dire, oubliée.
L'album, le seul d'Unun en fait, Super Shiny Dreams, aurait d'abord été disponible dans leur langue avant d'être adapté et proposé à une échelle plus internationale par l'indépendant Bad Taste Records, c'est de cette version dont il s'agit ici. Sans vraiment de surprise, on retrouve ici le même allant, la même légèreté que dans les œuvres des Sugarcubes avec, toutefois, une inclinaison vers le plus rock de la britpop féminisée comme exemplifié sur le dynamique single I See Red (où on pense à Echobelly), quelques atours new-waveux et même d'une influence Pixies parfois évidente si jamais envahissante (First Aid). Comme les Cubes, Unun, mené par une vocaliste à la voix mutine et post-adolescente (Heida), crée une musique sans complication artistique particulière, juste un bouquet de bonnes petites chansons accrocheuses et efficaces qui, leur chance offerte d'atteindre un public plus large, aurait bien pu créer une petite sensation du type dont les médias anglais spécialisés du genre (NME, Melody Maker) sont friands. D'attaques punkoïdes toujours mélodiques (I See Red, Unun, Ve la Gonzesse, SOS Aurora) à d'agréables douceurs power pop (Fistful of Love, Kung Fu Blue, The Good Friday) en passant par quelques instants plus tempérés récupérateurs (Dead & Breakfast, Première), les cinq couvrent habilement le spectre du genre garnissant leurs compositions de gimmicks attirants, d'arrangements malins dopant de déjà joliment troussées compositions. 
Si l'originalité de la chose peut largement être contestée, Super Shiny Dreams n'en est pas moins un album attachant et réussi d'une formation qui méritait mieux que le complet anonymat où elle se voit aujourd'hui reléguée. Soyez curieux, jetez y une oreille... et même les deux !

1. First Aid 4:49
2. Fistful Of Love 3:43
3. I See White 0:59
4. I See Red 3:29
5. Far 4:39
6. Unun 1:25
7. Kung Fu Blue 3:25
8. Dead & Breakfast 4:09
9. The Good Friday 4:20
10. Ve La Gonzesse 3:33
11. Sos Aurora 2:27
12. Premiere 5:18
13. Blow My Fuse 1:52
14. Lie To Me 3:03

Heida - vocals
Thor Eidon - guitar
Dr. Gunni - bass, guitar, throat
Johan Johansson - keyboards, sampling
Obo - drums
&
Sigtryggur Baldursson - drums (9)
Amar G. Omarsson - drums (2, 4, 6, 11, 14)
José Cuervo - brute & frenchman

UNUN

La PoMMe De La DiSCoRDe
Suzanne Vega "Nine Objects of Desire" (1996)
ou "Suzanne's Apple"

Dans la droite lignée de 99.9 F°, et pour cause !, c'est de nouveau le monsieur Vega d'alors, Mitchell Froom, qui le met en son, Nine Objects of Desire poursuit l'exploration de textures et de formats éloignant Suzanne de naturelles racines folk pas tout à fait absentes mais largement délayées dans le maniérisme productif de son compagnon.
Faut-il le regretter ? Certes pas parce que, si bien alimenté qu'il est par une verve compositionnelle absolument pas démentie, il y a moult merveilles dont se délecter sur cet album de celle qui a croqué la pomme. Certes pas (bis) parce que, aussi étrange que cela puisse paraître, les percussifs atours du son Froom collent bien à la fragilité féminine de la voix de Vega. C'est évident sur ce Birth-day d'ouverture où, pourtant, Suzanne ne perd rien de sa sensabilité, même sur un rock plutôt sautillant, un Headshots au discret groove imbibé de soul aux yeux aussi bleus que ceux de Vega, sur un Stockings dégoulinant de blues aux savantes intrusion de cordes orientales, un Casual Match dansant qu'on imagine presque en remix club, un Lolita presque "waitsien", ou un Tombstone au jazz guinguette du plus bel effet. Et puis, comme elle le fait très bien, quand madame se lance dans de plus langoureuses affaires (My Favorite Plum tout en cordes sensibles), glisse même vers le jazz (mais goutez-moi ce Caramel supra-fondant !), ou se regroupe sur de folk certitudes (Thin Man, World Before Colombus, Honeymoon Suite) ou de la pop supérieurement troussée (No Cheap Thrill), on se retrouve immédiatement charmé si, forcément, un peu moins surpris.
Neuf Objets de Désir, 12 chansons d'orfèvres, une recommandation s'impose !

1. Birth-day (Love Made Real) 3:38
2. Headshots 3:08
3. Caramel 2:53
4. Stockings 3:30
5. Casual Match 3:10
6. Thin Man 3:39
7. No Cheap Thrill 3:10
8. World Before Columbus 3:26
9. Lolita 3:33
10. Honeymoon Suite 2:56
11. Tombstone 3:07
12. My Favorite Plum 2:47

Suzanne Vega - vocals, guitar
Don Byron - clarinet
Tchad Blake - guitar, whistle, effects
Dave Douglas - trumpet
Mark Feldman - strings
Mitchell Froom - keyboards, Moog bass, string & horn arrangements
Jerry Marotta - drums, percussion
Sebastian Steinberg - bass
Bruce Thomas - bass
Pete Thomas - drums, drum loop, percussion
Steve Donnelly - guitar
Yuval Gabay - drums
Jane Scarpantoni - cello

SUZANNE VEGA

15 commentaires:

  1. Salade de Fruits (4/5)

    Saxon "Innocence Is No Excuse" (1985)
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    Silly Fools "Juicy" (2002)
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    Tears for Fears "Everybody Loves a Happy Ending" (2004)
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    Terrorvision "Shaving Peaches" (1998)
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    Unun "Super Shiny Dreams" (1995)
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    Suzanne Vega "Nine Objects of Desire" (1996)
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  2. Une salade de fruits très épicée cette semaine !!!
    Étrange similitude entre la pochette de Saxon et celle de Suzanne Vega.

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    1. Oui, enfin, une femme et une pomme, il n'y a pas non plus des milliers de possibilités... Non ?
      Merci de ton commentaire, Keith.

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  3. De bien belles choses, je retiens notamment le Tears for Fears et le Suzanne Vega.

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    1. Sensible.
      Pense aussi à Terrorvision. ^_^
      Merci de ton passage.

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  4. Je ne connaissais que Saxon, Tears for Fears and Suzanne Vega. Grace à toi je vais enrichir ma palette sonore, ou tout du moins la diversifier. Merci beaucoup. Bonne suite. musicyoucan

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    1. Merci.
      N'hésite pas à revenir commenter après écoute, je suis toujours curieux de savoir ce que les gens ont pensé de la musique que je propose.
      Merci de ton passage, Musicyoucan.

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  5. Alors là..je sèche total, à part la Suzanne.. et même celui-là marqué plus que ça. Va falloir que je comble toutes ces lacunes. Ceci dit, joli paquet.

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    1. J'adore le Suzanne Vega, vraiment un de ceux que je préfère dans sa discographie que l'apprécie pourtant globalement.
      Pour le reste, comme d'hab', il faut piocher selon ses goûts et ses envies.
      Merci de ton passage.

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    2. En fait tout le reste va être une découverte, même le Tears.
      Dans la carrière de Suzanne, j'ai un gros faible pour 99.9. Un poil décalé, légèrement moderne. Et le "In Liverpool" dedans me fait craquer.

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    3. Et tu n'aimes que moyennement Nine Objects of Desire qui, selon moi, ressemble beaucoup à 99°9 ? Surprenant.

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    4. Yo Zozo.. réécouté les 2 Suzanne.. le orange 99.9 est complètement unique.ou à part..ou c'est moi. .D

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    5. Je connais les deux par cœur, ma préférence va toujours à Nine Objects même si 99.9 est excellent. De toute façon, j'adore Suzanne !

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  6. Je rejoins charlu sur le Vega. Faudra que le réecoute. Mais le souvenir que j'en ai est qu'il est agréable et tout et tout, mais qu'il ne laisse pas vraiment d'asperités ou de moments forts.

    J'ai écouté le Tears for Fears parce que malgré tout, je trouve que Songs From the Big Chair vieillit plutôt dignement. L'idée d'avoir d'un nouvel album des beatles à croquer, même si ce n'est pas eux, est toujours attirant.
    Au départ, on a effectivement l'impression d'un groupe qui veut faire du Beatles. Qui y parvient si ce n'est qu'il ne sait finalement pas comment faire et qui pioche les recettes des autres pour y parvenir (les noms que tu cites sont flagrant, mais tu as oublié le Boo Radleys de la fin) . C'est surprenant pour un groupe avec une telle expérience que de sonner si peu Tears for Fears. La 2eme moitié est plus personnel, mais m'a laissé moins de souvenir. Je trouve également surprenant d'avoir autant de musiciens d'invités et que ça s'entende si peu dans la production (un peu transparente à mon goût).

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    1. Tu me diras pour le Vega.
      Pour le TFF, en attendant la suite, je sens bien un retour à la new wave perso, je suis du même avis de toi, ce qu'il font de mieux c'est d'hommager les Beatles.
      Et, en fait, il n'y a pas tant d'invités que ça, le gros de la liste sont le musiciens de l'orchestre sur Secret World.

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