Comme les douze coups de minuit d'un réveillon bien groovy, voici l'ultime offrande de l'an du Zornophage. Comme, traditionnellement, la Saint-Sylvestre et son inéluctable passage sur l'année calendaire suivante est dévolu à une grosse fiesta, je me suis dit qu'une petite histoire du funk serait la bienvenue, j'espère que vous apprécierez. Enjoie !
Le PaRRaiN
James Brown "Cold Sweat" (1967)
ou "En Funkation"
Ce serait presque un album normal ce Cold Sweat. Oui mais il y a Cold Sweat, le titre, et, l'air de rien, l'invention d'un nouveau genre dont l'auteur, le remuant et électrique James Brown, demeurera l'éternel parrain, le Funk. Mais place au mots de Maniac Blues (Forces Parallèles) pour le détail de l'affaire :
"Et en 1967 James Brown créa le funk. Avec le single « Cold Sweat », le Parrain de la soul jette un pavé dans la mare : il va en effet changer la face de la musique noire de la fin des années soixante. De George Clinton à Sly Stone en passant par Michael Jackson et Prince, James Brown va exercer une influence considérable sur plusieurs générations d’artistes.
Etymologiquement, le sens du mot funk évolue selon les époques et les régions. Evoquant d’abord la peur, puis l’odeur âcre du tabac avant de désigner des odeurs sexuelles et corporelles comme la sueur, ce mot traduit en tout cas quelque chose de sale et de brut. A l’origine, dans la musique noire américaine, ce qui est funky caractérise des formes primitives de blues et de jazz précurseurs du rhythm’n’blues et de la soul. En 1967, alors que des morceaux pionniers comme « Funky Broadway » d’ Arlester « Dyke » Christian enflamment les pistes de danse, James Brown contribue avec « Cold Sweat » à faire de cette forme musicale un genre à part entière.
Après avoir enregistré brillamment un nouveau concert à l’Apollo en juin, James Brown grave dans le studio du label King le single deux faces « Cold Sweat ». Révolutionnaire, ce grand succès commercial pose les fondamentaux du funk. Morceau de rythme pur, « Cold Sweat » fascine par son riff obsédant qui se répète imperturbablement pendant sept minutes. Les cuivres dirigés par Alfred « Pee Wee » Ellis, la basse imposante de Bernard Odum, la batterie de Clyde Stubblefield imposent un rythme en béton armé. James Brown, quant à lui, rugit, hurle les paroles et sue comme un beau diable, tandis que les soli de sax de Maceo Parker font monter encore un peu plus la température.
Après tant de sueurs froides dans cette fournaise funky, la tension ne peut que retomber. En effet, le reste de l’album déçoit grandement. Il faut savoir qu’à cette époque, l’usine King sort environ un single de Brown toutes les trois semaines et un album tous les trois mois. James Brown doit suivre ce tempo d’enfer en enregistrant des hits entre deux tournées et en meublant les albums de vieilleries. Des vieilleries, il y en a un bon petit paquet. Les pistes cinq à dix, c’est-à-dire de « Good Rockin Tonight » à « I Loves You Porgy », sont déjà présentes sur l’album Out Of Sight sorti trois ans plus tôt.
Autrement, quatre autres chansons, uniquement des reprises, viennent apporter un peu de variété. Le standard « Fever » est superbement interprété par un James Brown plus sensuel que jamais. Il dynamite également deux classiques de rhythm’n’blues, « Kansas City » et « Stagger Lee ». La version de « Kansas City » a même plutôt bien marché dans les charts. Enfin, James Brown se fait plaisir à l’orgue sur l’instrumental « Back Stabbin » qui clôt ce disque avec entrain.
En définitive, comme bien des albums de JB à l’époque, Cold Sweat est un disque curieux, à la fois novateur et rétrograde. « Cold Sweat », une vraie merveille du répertoire de JB, sort irrémédiablement du lot. La révolution Funk est en marche!"
"Et en 1967 James Brown créa le funk. Avec le single « Cold Sweat », le Parrain de la soul jette un pavé dans la mare : il va en effet changer la face de la musique noire de la fin des années soixante. De George Clinton à Sly Stone en passant par Michael Jackson et Prince, James Brown va exercer une influence considérable sur plusieurs générations d’artistes.
Etymologiquement, le sens du mot funk évolue selon les époques et les régions. Evoquant d’abord la peur, puis l’odeur âcre du tabac avant de désigner des odeurs sexuelles et corporelles comme la sueur, ce mot traduit en tout cas quelque chose de sale et de brut. A l’origine, dans la musique noire américaine, ce qui est funky caractérise des formes primitives de blues et de jazz précurseurs du rhythm’n’blues et de la soul. En 1967, alors que des morceaux pionniers comme « Funky Broadway » d’ Arlester « Dyke » Christian enflamment les pistes de danse, James Brown contribue avec « Cold Sweat » à faire de cette forme musicale un genre à part entière.
Après avoir enregistré brillamment un nouveau concert à l’Apollo en juin, James Brown grave dans le studio du label King le single deux faces « Cold Sweat ». Révolutionnaire, ce grand succès commercial pose les fondamentaux du funk. Morceau de rythme pur, « Cold Sweat » fascine par son riff obsédant qui se répète imperturbablement pendant sept minutes. Les cuivres dirigés par Alfred « Pee Wee » Ellis, la basse imposante de Bernard Odum, la batterie de Clyde Stubblefield imposent un rythme en béton armé. James Brown, quant à lui, rugit, hurle les paroles et sue comme un beau diable, tandis que les soli de sax de Maceo Parker font monter encore un peu plus la température.
Après tant de sueurs froides dans cette fournaise funky, la tension ne peut que retomber. En effet, le reste de l’album déçoit grandement. Il faut savoir qu’à cette époque, l’usine King sort environ un single de Brown toutes les trois semaines et un album tous les trois mois. James Brown doit suivre ce tempo d’enfer en enregistrant des hits entre deux tournées et en meublant les albums de vieilleries. Des vieilleries, il y en a un bon petit paquet. Les pistes cinq à dix, c’est-à-dire de « Good Rockin Tonight » à « I Loves You Porgy », sont déjà présentes sur l’album Out Of Sight sorti trois ans plus tôt.
Autrement, quatre autres chansons, uniquement des reprises, viennent apporter un peu de variété. Le standard « Fever » est superbement interprété par un James Brown plus sensuel que jamais. Il dynamite également deux classiques de rhythm’n’blues, « Kansas City » et « Stagger Lee ». La version de « Kansas City » a même plutôt bien marché dans les charts. Enfin, James Brown se fait plaisir à l’orgue sur l’instrumental « Back Stabbin » qui clôt ce disque avec entrain.
En définitive, comme bien des albums de JB à l’époque, Cold Sweat est un disque curieux, à la fois novateur et rétrograde. « Cold Sweat », une vraie merveille du répertoire de JB, sort irrémédiablement du lot. La révolution Funk est en marche!"
1. Cold Sweat, Pt. 1 2:24
2. Cold Sweat, Pt. 2 4:46
3. Fever 3:04
4. Kansas City 3:22
5. Stagger Lee 2:43
6. Good Rockin' Tonight 2:25
7. Mona Lisa 1:54
8. I Want to Be Around 2:20
9. Nature Boy 2:38
10. Come Rain or Come Shine 2:47
11. I Loves You Porgy 2:30
12. Back Stabbin' 2:43
JAMES BROWN |
LeS MéTiSSéS
Sly & the Family Stone "Stand!" (1969)
ou "Debout!"
Au rayon du proto-funk, il y a une bande de garçons et de filles de toutes les couleurs qu'il s'agit de ne surtout pas oublier, Sly & the Family Stone bien-sûr !
Après quelques albums déjà bien sympathiques mais encore pas tout à fait définis montrant un collectif en constante progression (ainsi, Life, le prédécesseur immédiat est-il le plus recommandé), la bande revient avec un féroce appétit et des idées qui jaillissent dans tous les sens. Epoque oblige, tout ceci est gonflé de psychédélisme jammy, d'un flower power militant mais, musicalement, c'est indéniablement un des albums qui définit cette musique à trémousser des hanches, à suer sur les dance-floors au sons de vocaux passionnés et de cuivres rutilants... Le funk ! C'est évident sur I Want to Take You Higher, le "supra-bœufante (13 minutes 45 secondes !) Sex Machine, qui n'est pas une reprise du titre du même nom de James Brown mais une folie psyché/rock/groove du plus bel effet, et le très "street cred'" Sing a Simple Song qu'on imagine bien illustrer un nanar blaxploitation où il serait, bien entendu, la star. Ceci dit, plus généralement, c'est tout l'album qui est infusé de ce groove poisseux et sexuel qui identifie le genre. Alors, évidemment, il reste des échos de la génération Woodstock (c'est d'actualité, après tout) comme sur un Stand! ou un Everyday People des marguerites plein l'afro, deux excellentissimes singles, est-ce encore à préciser ?
La collection est si bluffante et tellement passionnément habitée par ses interprètes, et si bien bonnussée dans l'édition remasterisée (deux beaux inédits et les version mono des trois singles), qu'il est tout simplement impossible d'y résister. Si on ajoute l'importance historique de l'album, c'est bel et bien d'un immense classique incontournable dont il s'agit, ce que vous saviez d'ailleurs sans doute déjà. Si ce n'est pas le cas, vous savez ce qu'il vous reste à faire...
Après quelques albums déjà bien sympathiques mais encore pas tout à fait définis montrant un collectif en constante progression (ainsi, Life, le prédécesseur immédiat est-il le plus recommandé), la bande revient avec un féroce appétit et des idées qui jaillissent dans tous les sens. Epoque oblige, tout ceci est gonflé de psychédélisme jammy, d'un flower power militant mais, musicalement, c'est indéniablement un des albums qui définit cette musique à trémousser des hanches, à suer sur les dance-floors au sons de vocaux passionnés et de cuivres rutilants... Le funk ! C'est évident sur I Want to Take You Higher, le "supra-bœufante (13 minutes 45 secondes !) Sex Machine, qui n'est pas une reprise du titre du même nom de James Brown mais une folie psyché/rock/groove du plus bel effet, et le très "street cred'" Sing a Simple Song qu'on imagine bien illustrer un nanar blaxploitation où il serait, bien entendu, la star. Ceci dit, plus généralement, c'est tout l'album qui est infusé de ce groove poisseux et sexuel qui identifie le genre. Alors, évidemment, il reste des échos de la génération Woodstock (c'est d'actualité, après tout) comme sur un Stand! ou un Everyday People des marguerites plein l'afro, deux excellentissimes singles, est-ce encore à préciser ?
La collection est si bluffante et tellement passionnément habitée par ses interprètes, et si bien bonnussée dans l'édition remasterisée (deux beaux inédits et les version mono des trois singles), qu'il est tout simplement impossible d'y résister. Si on ajoute l'importance historique de l'album, c'est bel et bien d'un immense classique incontournable dont il s'agit, ce que vous saviez d'ailleurs sans doute déjà. Si ce n'est pas le cas, vous savez ce qu'il vous reste à faire...
1. Stand! 3:08
2. Don't Call Me Nigger, Whitey 5:58
3. I Want to Take You Higher 5:22
4. Somebody's Watching You 3:20
5. Sing a Simple Song 3:56
6. Everyday People 2:21
7. Sex Machine 13:45
8. You Can Make It If You Try 3:37
Bonus
9. Stand! (mono single version) 3:10
10. I Want To Take You Higher (mono single version) 3:03
11. You Can Make It If You Try (mono single version) 3:40
12. Soul Clappin' II (previously unreleased) 3:28
13. My Brain (Zig-Zag) (previously unreleased instrumental) 3:19
Sly Stone: vocals, organ, guitar, piano, harmonica, vocoder, and bass guitar on "You Can Make It If You Try."
Freddie Stone: vocals, guitar
Larry Graham: vocals, bass guitar (tracks one through seven)
Rose Stone: vocals, piano, keyboard
Cynthia Robinson: trumpet, vocal ad-libs, background vocals on "I Want to Take You Higher"
Jerry Martini: saxophone, background vocals on "I Want to Take You Higher"
Greg Errico: drums, background vocals on "I Want to Take You Higher"
Little Sister (Vet Stone, Mary McCreary, Elva Mouton): background vocals on "Stand!", "Sing a Simple Song", "Everyday People", and "I Want to Take you Higher"
SLY & THE FAMILY STONE |
LeS SPaTiauX, DéBaRQueMeNT
Funkadelic "Free Your Mind... and Your Ass Will Follow" (1970)
ou "Funky Trip I"
C'est toute une branche du funk de référence, et tout part de George Clinton, un bête vocaliste de Doo-Wop qui a pris le virus du groove. Ca s'appelle le P-Funk et c'est Dioneo (Guts of Darkness) qui va nous en parler :
"Bien sûr qu’elle compte : la Couleur. Celle de la peau, celle de la rue, des rues autour, du voisinage. Ça n’est pas une question de race, d’ethnologie, de théories superstitieuses. C’est social, historique, génétiquement détourné. C’est humain. Comme l’étreinte, comme un coup de brique. Comme une trahison. Comme frères et sœurs. Comme l’amour, la drogue et l’ennui. Comme de crever au coin de la rue, Rejoindre la Cause ou descendre à la cave…
Il y avait tous ces hippies de bonne famille, des classes moyennes, avec leur liasse au fond du sac, petit passeport précieusement gardé pour regagner en cas de coup dur le pavillon parental. Au cas où la Révolution ferait faillite une saison de trop. De fait, ça n’a pas raté. L’alternative psychédélique - acides, rock’n’roll, galetas et Amour Libre - s’est bien vite ravalée au rang de marché parallèle, réduit à ces quatre seuls éléments vidés de leur substance, de leur potentiel de renversement. En dépit - ô grand dépit - des premiers élans de liberté, des bonnes idées du départ. Et puis il y avait ces types et ces filles des taudis, parqués dans leurs réserves ; cantonnés au folklore, aux yeux des nations, dans leur propre pays. Ceux-là n’eurent guère le choix : de ce qu’ils embrassaient, il leur fallait tout prendre. En entier, et dans le détail. S’ils n’avaient, comme disait l’autre, ‘rien d’autre à perdre que leurs chaînes’, ceux-ci savaient bien aussi tout ce qu’ils avaient à y gagner. Leur propre vie, ni plus ni moins.
Le son de Funkadelic, à cette époque, c'est encore le bruit que font les humains en s’emparant de leur existence, pour leur propre compte et sans demander la permission. Alors forcément, il y a excès. Le LSD s’écoule sans compter. La production est brute, énorme, sommaire. Le fuzz des guitares grésille sans pitié aux membranes des amplis, en vagues, en solo sans fin, en wha tranchantes, en grooves chargés jusqu'aux yeux. L’orgue est gorgé d’une même électricité, saturée à l’extrême, acide à faire monter les larmes. La batterie fracasse tout, enfonce ses syncopes dans les crânes et les entrailles. La basse fait sauter les clous. Et les voix… Les voix deviennent folles, déployées en chœurs sublimes et grotesques, hurlées toujours avec l’implacable justesse, pour toucher le ciel et fendre les murs. Le tout, bien sûr, dans la débauche stéréophonique, rebondissant et tournoyant d’une enceinte à l’autre le flot de rythme, de parole, de mélodie vivace. Il y a dans cette musique noyée d’échos, hantée de timbres déformés, toute une charge d’émotions, de joies, de rages trop longtemps comprimées, de frustrations qui se brisent en rires inextinguibles. Une intelligence à l’œuvre, aussi : fulgurante, instantanée, qui ne s’embarrasse pas de programmes et de motifs. À l’axiome pop : ‘un peu de chaque chose bien dosée, pour avoir une chance de plaire à tout le monde’, Clinton et son gang répliquent par la déferlante : trop de tout, afin que chacun se prenne en pleine face le prix du rêve et le poids du réel. Car au fond rien ne se perd, en ce somptueux chaos, en ce lâcher prise intégral. La lucidité qui fait mal, qui libère ou qui démange, ne s’émousse pas un seul instant. Les paroles balancent un humour féroce, le regard et la plume saisissent tous les détails d’une misère entretenue, d’une mauvaise faim de papier vert qui étouffe toute âme, toute chaleur naissante ; le désespoir de la vie mutilée est retourné contre lui-même, en éclats sardoniques, en répliques imparables ; la chair est là aussi, bien sûr, avec ses sécrétions, ses manques et ses frénésies : affirmée, jetée crue, dévorée dans le ravissement ; tous les élans vitaux, les plus nobles et les plus vils, bien mêlés pour qu'on sente à quel point ils se causent en intimes. Rien ne se délite, non plus, de cette science pragmatique, de cet art de contrebande, de ce savoir brillant du jeu, des arrangements, emmagasinés depuis des décennies, des siècles, dans les cellules où l’Amérique séquestrait ses parias, ses amuseurs. Grossis par l’amplification, dilatés par les substances, déchirés par l’ironie et par l’exultation, ce sont les riffs des vieux blues, des rythmes de danses qui sont un siècle d’histoire (souterraine et publique), les harmonies complexes et décalées, polymorphes, de ces chants d’églises qui furent signal d’évasion, vers les Cieux ou le Canada. L’expérimentation, dans un tel contexte, à tout de l’instantané, de l’acte perpétré dans l’urgence, parce que c’est ça qu’il faut faire. Bandes à l’envers, ritournelles obsédantes de clavier, mises en boucles et en panoramiques… Tout fait sens et mystère. Presque quarante ans plus tard, rien n’a moisi, rien ne s’est desséché…
Et les perruques, les colifichets, queues de renards et montures improbables, ne dissimulent rien : sous leur souveraine décontraction, ces types-là ne cherchent même pas à cacher qu’ils savent encore manier la lame si la situation l’exige. S’ils prêchent la paix, ça n’est pas mus par la peur ni pour cacher une impuissance : c’est qu’ils ont mis la main sur eux-mêmes, dans cet effort violent où l'on dépasse l'ordure et l'épuisement ; après quoi tout existe encore, de part et d'autre de la peau. ‘Libère ton Esprit et ton Cul suivra’. Ça n’a rien d’un boniment. Ça n’est pas un sarcasme, même pas, ni une pauvre provocation. C’est une philosophie, vitale et directe, riche et dangereuse. Ne compte que sur toi, sans t’abstenir d’aimer. Existe sans excuse, toujours au-dessus de toi-même. Une voie directe, exigeante, physique et supérieure dans l'ordre des raisons. La seule forme du Cool qui ne soit pas une pose. C'est revenir de loin."
"Bien sûr qu’elle compte : la Couleur. Celle de la peau, celle de la rue, des rues autour, du voisinage. Ça n’est pas une question de race, d’ethnologie, de théories superstitieuses. C’est social, historique, génétiquement détourné. C’est humain. Comme l’étreinte, comme un coup de brique. Comme une trahison. Comme frères et sœurs. Comme l’amour, la drogue et l’ennui. Comme de crever au coin de la rue, Rejoindre la Cause ou descendre à la cave…
Il y avait tous ces hippies de bonne famille, des classes moyennes, avec leur liasse au fond du sac, petit passeport précieusement gardé pour regagner en cas de coup dur le pavillon parental. Au cas où la Révolution ferait faillite une saison de trop. De fait, ça n’a pas raté. L’alternative psychédélique - acides, rock’n’roll, galetas et Amour Libre - s’est bien vite ravalée au rang de marché parallèle, réduit à ces quatre seuls éléments vidés de leur substance, de leur potentiel de renversement. En dépit - ô grand dépit - des premiers élans de liberté, des bonnes idées du départ. Et puis il y avait ces types et ces filles des taudis, parqués dans leurs réserves ; cantonnés au folklore, aux yeux des nations, dans leur propre pays. Ceux-là n’eurent guère le choix : de ce qu’ils embrassaient, il leur fallait tout prendre. En entier, et dans le détail. S’ils n’avaient, comme disait l’autre, ‘rien d’autre à perdre que leurs chaînes’, ceux-ci savaient bien aussi tout ce qu’ils avaient à y gagner. Leur propre vie, ni plus ni moins.
Le son de Funkadelic, à cette époque, c'est encore le bruit que font les humains en s’emparant de leur existence, pour leur propre compte et sans demander la permission. Alors forcément, il y a excès. Le LSD s’écoule sans compter. La production est brute, énorme, sommaire. Le fuzz des guitares grésille sans pitié aux membranes des amplis, en vagues, en solo sans fin, en wha tranchantes, en grooves chargés jusqu'aux yeux. L’orgue est gorgé d’une même électricité, saturée à l’extrême, acide à faire monter les larmes. La batterie fracasse tout, enfonce ses syncopes dans les crânes et les entrailles. La basse fait sauter les clous. Et les voix… Les voix deviennent folles, déployées en chœurs sublimes et grotesques, hurlées toujours avec l’implacable justesse, pour toucher le ciel et fendre les murs. Le tout, bien sûr, dans la débauche stéréophonique, rebondissant et tournoyant d’une enceinte à l’autre le flot de rythme, de parole, de mélodie vivace. Il y a dans cette musique noyée d’échos, hantée de timbres déformés, toute une charge d’émotions, de joies, de rages trop longtemps comprimées, de frustrations qui se brisent en rires inextinguibles. Une intelligence à l’œuvre, aussi : fulgurante, instantanée, qui ne s’embarrasse pas de programmes et de motifs. À l’axiome pop : ‘un peu de chaque chose bien dosée, pour avoir une chance de plaire à tout le monde’, Clinton et son gang répliquent par la déferlante : trop de tout, afin que chacun se prenne en pleine face le prix du rêve et le poids du réel. Car au fond rien ne se perd, en ce somptueux chaos, en ce lâcher prise intégral. La lucidité qui fait mal, qui libère ou qui démange, ne s’émousse pas un seul instant. Les paroles balancent un humour féroce, le regard et la plume saisissent tous les détails d’une misère entretenue, d’une mauvaise faim de papier vert qui étouffe toute âme, toute chaleur naissante ; le désespoir de la vie mutilée est retourné contre lui-même, en éclats sardoniques, en répliques imparables ; la chair est là aussi, bien sûr, avec ses sécrétions, ses manques et ses frénésies : affirmée, jetée crue, dévorée dans le ravissement ; tous les élans vitaux, les plus nobles et les plus vils, bien mêlés pour qu'on sente à quel point ils se causent en intimes. Rien ne se délite, non plus, de cette science pragmatique, de cet art de contrebande, de ce savoir brillant du jeu, des arrangements, emmagasinés depuis des décennies, des siècles, dans les cellules où l’Amérique séquestrait ses parias, ses amuseurs. Grossis par l’amplification, dilatés par les substances, déchirés par l’ironie et par l’exultation, ce sont les riffs des vieux blues, des rythmes de danses qui sont un siècle d’histoire (souterraine et publique), les harmonies complexes et décalées, polymorphes, de ces chants d’églises qui furent signal d’évasion, vers les Cieux ou le Canada. L’expérimentation, dans un tel contexte, à tout de l’instantané, de l’acte perpétré dans l’urgence, parce que c’est ça qu’il faut faire. Bandes à l’envers, ritournelles obsédantes de clavier, mises en boucles et en panoramiques… Tout fait sens et mystère. Presque quarante ans plus tard, rien n’a moisi, rien ne s’est desséché…
Et les perruques, les colifichets, queues de renards et montures improbables, ne dissimulent rien : sous leur souveraine décontraction, ces types-là ne cherchent même pas à cacher qu’ils savent encore manier la lame si la situation l’exige. S’ils prêchent la paix, ça n’est pas mus par la peur ni pour cacher une impuissance : c’est qu’ils ont mis la main sur eux-mêmes, dans cet effort violent où l'on dépasse l'ordure et l'épuisement ; après quoi tout existe encore, de part et d'autre de la peau. ‘Libère ton Esprit et ton Cul suivra’. Ça n’a rien d’un boniment. Ça n’est pas un sarcasme, même pas, ni une pauvre provocation. C’est une philosophie, vitale et directe, riche et dangereuse. Ne compte que sur toi, sans t’abstenir d’aimer. Existe sans excuse, toujours au-dessus de toi-même. Une voie directe, exigeante, physique et supérieure dans l'ordre des raisons. La seule forme du Cool qui ne soit pas une pose. C'est revenir de loin."
1. Free Your Mind and Your Ass Will Follow 10:04
2. Friday Night, August 14th 5:21
3. Funky Dollar Bill 3:15
4. I Wanna Know If It's Good to You? 5:59
5. Some More 2:56
6. Eulogy and Light 3:31
Bonus
7. Fish, Chips and Sweat 3:22
8. Free Your Mind Radio Advert 0:55
9. I Wanna Know If It's Good to You 2:50
10. I Wanna Know If It's Good to You (instrumental) 3:12
George Clinton - lead vocals (tracks 1, 6)
Raymond Davis, Fuzzy Haskins, Calvin Simon, Grady Thomas – vocals
Eddie Hazel – guitar, lead vocals (tracks 4, 5)
Tawl Ross – guitar, lead vocals (tracks 3)
Bernie Worrell – Hammond organ, Vox organ, keyboards
Billy Nelson – bass guitar, lead vocals (tracks 2, 4)
Tiki Fulwood – drums
Martha Reeves, Telma Hopkins, Joyce Vincent - backing vocals
FUNKADELIC |
L'aFRiCaiN
Fela Ransome-Kuti "Fela's London Scene" (1971)
ou "Africa...on the Beat!"
On ne peut pas parler de l'histoire du développement de la musique funk sans parler de l'immense Fela, c'est chose faite avec l'excellent billet de Progmonster pour le très webzine Guts of Darkness :
"Fela Kuti, The Black President, est à considérer parmi une des figures les plus emblématiques de la musique mondiale du vingtième siècle dernier. Il est, sans conteste possible, l'artiste le plus important à émerger de l'Afrique noire de l'après colonialisme, l'un des rares aussi pour lequel l'engagement politique était une réalité et non pas un faire-valoir juste assez bon pour soulager sa conscience et apporter du crédit à sa démarche artistique. Il avait l'aura des plus grands, le même magnétisme électrique que des Miles Davis, Sun Ra, John Coltrane, James Brown, voire Bob Marley ou Frank Zappa - qu'on les apprécie ou pas - la même attitude despote aussi.
Après une escale décisive en Californie fin des années soixante où il enregistre une série de singles qui préfigurent déjà le devenir de l'Afro-Beat, le charismatique Fela retourne à Lagos où il assoit son dictat sur une formation désormais appelée Africa'70. L'accueil est disproportionné. En moins de temps qu'il m'en faut pour vous l'écrire, Fela devient un véritable phénomène culturel sur sa terre natale où son style musical rencontre un succès sans précédent. Les vibrations de l'évènement s'apparentent à une onde de choc qui va jusqu'à frapper l'Angleterre. De là, l'ancien batteur des Cream, Ginger Baker, ira faire le déplacement jusqu'au Nigeria, lui aussi interpellé par toute la puissance dégagée par cette nouvelle sensation. S'ils jamment ensemble et se lient vite d'amitié, la providence veut que Baker ait grandement aidé Fela à décrocher des dates en dehors du continent africain, le ramenant avec lui sur Londres où il fit ses études une dizaine d'années plus tôt ; l'engouement est tel que les portes des studios Abbey Road s'ouvrent à lui. Il y enregistrera ce "Fela's London Scene", premier authentique manifeste Afro-Beat où rythmes entêtants, élasticité des compositions (s'aventurant pour la première fois au-delà des dix minutes), lyrisme porté à bout de bras par les cuivres et force de la contestation sociale célèbrent la naissance d'un langage nouveau.
Les bandes seront exploitées seulement deux ans plus tard, surfant sur la vague de son succès alors grandissant."
Pour conclure ? Le beat de Fela, ça ne se manque pas.
"Fela Kuti, The Black President, est à considérer parmi une des figures les plus emblématiques de la musique mondiale du vingtième siècle dernier. Il est, sans conteste possible, l'artiste le plus important à émerger de l'Afrique noire de l'après colonialisme, l'un des rares aussi pour lequel l'engagement politique était une réalité et non pas un faire-valoir juste assez bon pour soulager sa conscience et apporter du crédit à sa démarche artistique. Il avait l'aura des plus grands, le même magnétisme électrique que des Miles Davis, Sun Ra, John Coltrane, James Brown, voire Bob Marley ou Frank Zappa - qu'on les apprécie ou pas - la même attitude despote aussi.
Après une escale décisive en Californie fin des années soixante où il enregistre une série de singles qui préfigurent déjà le devenir de l'Afro-Beat, le charismatique Fela retourne à Lagos où il assoit son dictat sur une formation désormais appelée Africa'70. L'accueil est disproportionné. En moins de temps qu'il m'en faut pour vous l'écrire, Fela devient un véritable phénomène culturel sur sa terre natale où son style musical rencontre un succès sans précédent. Les vibrations de l'évènement s'apparentent à une onde de choc qui va jusqu'à frapper l'Angleterre. De là, l'ancien batteur des Cream, Ginger Baker, ira faire le déplacement jusqu'au Nigeria, lui aussi interpellé par toute la puissance dégagée par cette nouvelle sensation. S'ils jamment ensemble et se lient vite d'amitié, la providence veut que Baker ait grandement aidé Fela à décrocher des dates en dehors du continent africain, le ramenant avec lui sur Londres où il fit ses études une dizaine d'années plus tôt ; l'engouement est tel que les portes des studios Abbey Road s'ouvrent à lui. Il y enregistrera ce "Fela's London Scene", premier authentique manifeste Afro-Beat où rythmes entêtants, élasticité des compositions (s'aventurant pour la première fois au-delà des dix minutes), lyrisme porté à bout de bras par les cuivres et force de la contestation sociale célèbrent la naissance d'un langage nouveau.
Les bandes seront exploitées seulement deux ans plus tard, surfant sur la vague de son succès alors grandissant."
Pour conclure ? Le beat de Fela, ça ne se manque pas.
1. J’Ehin-J’Ehin 7:26
2. Egbe Mio 13:13
3. Who’re You 9:30
4. Buy Africa 5:51
5. Fight to Finish 7:26
Fela Kuti - electric piano, vocals
Eddie Faychum, Tunde Williams - trumpet
Igo Chico - tenor saxophone
Lekan Animashaun - baritone saxophone
Peter Animashaun - guitar
Maurice Ekpo - bass guitar
Tony Allen, Ginger Baker - drums
Akwesi Korranting, Friday Jumbo, Henry Kofi - congas
Tony Abayomi - percussion
FELA KUTI |
L'HoMMe De L'oMBRe
Isaac Hayes "Shaft" (1971)
ou "Blaxploitation"
Est-il encore besoin de présenter la plus fameuse bande son de toute l'histoire de la blaxploitation, ce sommet de funk/soul au thème mille fois repris mais jamais égalé ? Sûrement pas, Shaft fait partie de la légende.
L'auteur de cet absolu tour de force, qui n'est pas que le cuisiner de South Park, n'est, il faut dire, pas exactement un débutant. Isaac Hayes, 29 ans au moment des faits, a entamé sa carrière professionnelle plus d'une décennie plus tôt, comme session man pour Stax Records, pour qui il devient bientôt compositeur (Soul Man de Sam & Dave, c'est lui !) avant, logiquement, de se lancer dans une carrière solo en 1968. Fort de toute cette expérience, Hayes est idéalement taillé pour produire une musique à la fois variée et viscérale pour un polar violent et cru, il ne lui reste plus qu'à étaler "son jeu" soit un exercice d'équilibriste entre soul, funk, jazz, blues et score orchestral, tous des genres à qui il rend justice avec un vibrant talent de mélodiste et d'arrangeur, variant savamment les climats et les ambiances... Une bombe qui récoltera trois Grammy et un Oscar en plus d'un large et mérité succès public.
Ultime honneur, l'album a été ajouté au catalogue de la Librairie du Congrès en 2014 car étant "culturellement, historiquement et esthétiquement significatif", ce qui est tout à fait justifié parce que Shaft, c'est de l'immanquable par excellence.
2. Bumpy's Lament 1:51
3. Walk from Regio's 2:24
4. Ellie's Love Theme 3:18
5. Shaft's Cab Ride 1:10
6. Cafe Regio's 6:10
7. Early Sunday Morning 3:49
8. Be Yourself 4:30
9. A Friend's Place 3:24
10. Soulsville (Vocal) 3:48
11. No Name Bar 6:11
12. Bumpy's Blues 4:04
13. Shaft Strikes Again 3:04
14. Do Your Thing (Vocal) 19:30
15. The End Theme 1:56
Lead vocals, keyboards and lyrics : Isaac Hayes
Rhythm, Horns and Strings arranged by Johnny Allen, J. J. Johnson , and Isaac Hayes
Backing vocals by Pat Lewis, Rose Williams, and Telma Hopkins
Instrumentation by The Bar-Kays and The Isaac Hayes Movement Electric piano by Lester Snell
Bass guitar by James Alexander
Guitar by Charles Pitts
Guitar by Michael Toles
Drums by Willie Hall
Conga, and Bongo drums by Gary Jones
Lead Trumpet by Richard "Johnny" Davis
Flute by John Fonville
ISAAC HAYES |
Le ReCyCLé
Stevie Wonder "Talking Book" (1972)
ou "The Wonder of Funk"
Enfant prodige de la Motown, toujours en recherche de nouvelles sensations musicales, pas seulement pour rester au gout du jour, il n'était que logique que Stevie Wonder penche vers la funk, la tentation était trop forte. A sa manière à lui, c'est ce que va nous explique le Religionnaire (destination rock) :
"Music of My Mind est déjà un album extraordinaire, par lequel Stevie Wonder se propulse dans de nouvelles contrées musicales que lui seul connait. Mais que dire de ce Talking Book paru la même année, si ce n'est qu'il pousse encore plus sa musique vers une incontestable universalité.
Oscillant toujours entre deux thèmes : amour et société, Stevie Wonder ne les aura rarement aussi bien traité, musicalement et textuellement. Faussement simpliste, affublé de clichés et de reprises dégueulasses depuis plus de 30 ans, "You are the Sunshine of My Life" survit pourtant admirablement et mérite largement sa place au panthéon des plus belles chansons d'amour car ce titre est magique, tout simplement magique.
Talking Book est aussi l'album d'un des plus grand titres funk de tous les temps! Il s'agit bien sur de "Superstition", ce morceau acide, corrosif et totalement irrésistible, qui a également résisté aux pompeurs en tout genre et surtout à son statut de générique officiel de Téléfoot pendant de nombreuses années (beaucoup auraient préféré revenir du Vietnam avec une jambe en moins...).
Mais Talking Book vaut bien plus que ces deux magnifiques titres. Le groove massif et agressif de "Superstition" semble se réincarner sur le long et lourd "Maybe Your Baby" tandis que les chansons d'amour foisonnent ("You and I", "Tuesday Heartbreak", "Looking for Another Pure Love" et le solo de Jeff Beck, "I Believe") et surpassent absolument tout ce qui a été fait ou le sera par la suite. "You've Got it Bad Girl" est quant à lui l'illustration parfaite de la maitrise totale du groove par Stevie Wonder à cette époque. Emmené par cette ligne de basse encore et toujours jouée au synthé, sur laquelle se greffe à merveille ce chant si particulier, ce titre n'arrive pourtant toujours pas à figurer sur le moindre best of à mon grand désespoir.
"Big Brother", bien que musicalement inférieure, est une chanson historique car la première vraie critique sociale directe de Stevie Wonder. Il y dénonce la propension des politiciens à séduire les classes inférieures, dans l'idée d'obtenir toujours plus de votes. Tout cela parait aujourd'hui franchement banal voire démagogique, mais j'aime à penser qu'à l'époque, il doit en être autrement...
"Blame it on the Sun" ou "I Believe"? Il s'agit tout simplement d'essayer de départager les deux plus belles chansons de l'album. Pour les textes, la première est coécrite avec sa femme Syreeta Wright, la seconde avec sa sœur Yvonne Wright... Musicalement, aussi grandioses qu'elles soient, ces deux chansons semblent se départager une fois de plus parla puissance de l'amour et c'est la seconde qui finit forcément par l'emporter. Une fois l'album terminé, il n'y a qu'une seule phrase qui compte, celle ci :
"I believe, when I fall in love, with you, it will be forever"... "
Mitou.
"Music of My Mind est déjà un album extraordinaire, par lequel Stevie Wonder se propulse dans de nouvelles contrées musicales que lui seul connait. Mais que dire de ce Talking Book paru la même année, si ce n'est qu'il pousse encore plus sa musique vers une incontestable universalité.
Oscillant toujours entre deux thèmes : amour et société, Stevie Wonder ne les aura rarement aussi bien traité, musicalement et textuellement. Faussement simpliste, affublé de clichés et de reprises dégueulasses depuis plus de 30 ans, "You are the Sunshine of My Life" survit pourtant admirablement et mérite largement sa place au panthéon des plus belles chansons d'amour car ce titre est magique, tout simplement magique.
Talking Book est aussi l'album d'un des plus grand titres funk de tous les temps! Il s'agit bien sur de "Superstition", ce morceau acide, corrosif et totalement irrésistible, qui a également résisté aux pompeurs en tout genre et surtout à son statut de générique officiel de Téléfoot pendant de nombreuses années (beaucoup auraient préféré revenir du Vietnam avec une jambe en moins...).
Mais Talking Book vaut bien plus que ces deux magnifiques titres. Le groove massif et agressif de "Superstition" semble se réincarner sur le long et lourd "Maybe Your Baby" tandis que les chansons d'amour foisonnent ("You and I", "Tuesday Heartbreak", "Looking for Another Pure Love" et le solo de Jeff Beck, "I Believe") et surpassent absolument tout ce qui a été fait ou le sera par la suite. "You've Got it Bad Girl" est quant à lui l'illustration parfaite de la maitrise totale du groove par Stevie Wonder à cette époque. Emmené par cette ligne de basse encore et toujours jouée au synthé, sur laquelle se greffe à merveille ce chant si particulier, ce titre n'arrive pourtant toujours pas à figurer sur le moindre best of à mon grand désespoir.
"Big Brother", bien que musicalement inférieure, est une chanson historique car la première vraie critique sociale directe de Stevie Wonder. Il y dénonce la propension des politiciens à séduire les classes inférieures, dans l'idée d'obtenir toujours plus de votes. Tout cela parait aujourd'hui franchement banal voire démagogique, mais j'aime à penser qu'à l'époque, il doit en être autrement...
"Blame it on the Sun" ou "I Believe"? Il s'agit tout simplement d'essayer de départager les deux plus belles chansons de l'album. Pour les textes, la première est coécrite avec sa femme Syreeta Wright, la seconde avec sa sœur Yvonne Wright... Musicalement, aussi grandioses qu'elles soient, ces deux chansons semblent se départager une fois de plus parla puissance de l'amour et c'est la seconde qui finit forcément par l'emporter. Une fois l'album terminé, il n'y a qu'une seule phrase qui compte, celle ci :
"I believe, when I fall in love, with you, it will be forever"... "
Mitou.
1. You Are the Sunshine of My Life 2:58
Stevie Wonder – lead vocal, background vocal, Fender Rhodes, drums
Jim Gilstrap – first lead vocal, background vocal
Lani Groves – second lead vocal, background vocal
Gloria Barley – background vocal
Scott Edwards – electric bass
Daniel Ben Zebulon – congas
2. Maybe Your Baby 6:51
Stevie Wonder – lead vocal, background vocal, Hohner clavinet, drums, Moog bass
Ray Parker Jr. – electric guitar
3. You and I (We Can Conquer the World) 4:39
Stevie Wonder – lead vocal, piano, T.O.N.T.O. synthesizer
4. Tuesday Heartbreak 3:02
Stevie Wonder – lead vocal, background vocal, Fender rhodes, Hohner clavinet, drums, Moog bass
David Sanborn – alto saxophone
Deniece Williams – background vocal
Shirley Brewer – background vocal
5. You've Got It Bad Girl 4:56
Stevie Wonder – lead vocal, background vocal, Fender Rhodes, drums, Moog bass, T.O.N.T.O. synthesizer
Jim Gilstrap – background vocal
Lani Groves – background vocal
Daniel Ben Zebulon – congas
6. Superstition 4:26
Stevie Wonder – lead vocal, Hohner clavinet, drums, Moog bass
Trevor Laurence – tenor saxophone
Steve Madaio – trumpet
7. Big Brother 3:34
Stevie Wonder – lead vocals, Hohner clavinet, drums, harmonica, Moog bass
8. Blame It On the Sun 3:26
Stevie Wonder – lead vocal, background vocal, piano, drums, Moog bass, T.O.N.T.O. synthesizer
Jim Gilstrap – background vocal
Lani Groves – background vocal
Uncredited – guitar
9. Lookin' for Another Pure Love 4:44
Stevie Wonder – lead vocal, background vocal, Fender Rhodes, drums, Moog bass
Debra Wilson – background vocal
Shirley Brewer – background vocal
Loris Harvin – background vocal
Jeff Beck – electric guitar
Howard "Buzz" Feiten – electric guitar
10. I Believe (When I Fall in Love It Will Be Forever) 4:51
Stevie Wonder – lead vocal, background vocal, piano, Hohner clavinet, drums, Moog bass
STEVIE WONDER |
Les CuiVRéS
Tower of Power "Tower of Power" (1973)
ou "Rutilances I"
Contrairement à ce son éponymie pourrait faire penser, Tower of Power est le troisième album de Tower of Power. C'est aussi le premier sommet du collectif multiracial d'Oakland, Californie lancé par le saxophoniste Emilio Castillo, celui où les attraits d'un big band jazzy épousent enfin victorieusement le groove funky qui fait alors fureur.
Il faut dire que l'arrivée d'une voix bien soul, celle de Lenny Williams, fait beaucoup pour booster le combo, chaude et puissante, elle est l'exact élément qui manquait pour synthétiser toutes les bonnes idées des deux précédents opus en un tout... Bluffant. Parce qu'ici la mécanique d'une des plus belles section de cuivres de l'histoire de la musique, pourtant déjà bien huilée et ne souffrant aucune concurrence, brûle de feux encore plus ardents, parce que le groove s'y fait plus lourd, plus poisseux et sensuel et que même un Bruce Conte à la discrète guitare s'y fait ponctuellement remarquer, parce que les compositions y sont simplement meilleures aussi, c'est enfin une bonne raison de célébrer la qualité jusqu'alors seulement entrevue d'une sacrée belle équipe. Et l'excellent résultat !, ces quarante minutes de haute-volée où, évidemment, voix et cuivres sont les stars du répertoire.
Premier des trois immanquables de Tower of Power (tous avec Lenny Williams, y a pas de hasard), l'éponyme de 1973 est une des plus belles offrandes du funk des années 70. Pas mal pour une bande de petits blancs du nord de la Californie.
Premier des trois immanquables de Tower of Power (tous avec Lenny Williams, y a pas de hasard), l'éponyme de 1973 est une des plus belles offrandes du funk des années 70. Pas mal pour une bande de petits blancs du nord de la Californie.
1. What Is Hip? 5:08
2. Clever Girl 2:56
3. This Time It's Real 2:54
4. Will I Ever Find a Love? 3:51
5. Get Yo' Feet Back on the Ground 4:52
6. So Very Hard to Go 3:41
7. Soul Vaccination 5:13
8. Both Sorry Over Nothin' 3:25
9. Clean Slate 3:22
10. Just Another Day 4:34
Greg Adams – Strings, Trumpet, Arranger, Conductor, Flugelhorn, Horn, Vocals, String Arrangements
Brent Byars – Bongos, Conga
Emilio Castillo – Saxophone (Tenor), Vocals, Production Supervisor
Bruce Conte – Guitar, Vocals
David Garibaldi – Drums
Mic Gillette – Trombone, Trumpet, Flugelhorn, Horn, Baritone, Vocals
Stephen "Doc" Kupka – Oboe, Saxophone (Baritone), Vocals
Lenny Pickett – Clarinet, Flute, Saxophone (Tenor), Vocals
Francis "Rocco" Prestia – Bass
Jay Spell – Piano
Bruce Steinberg – Harmonica, Art Direction, Design, Photography, Illustrations, Cover Design
Chester Thompson – Organ, Keyboards, Vocals
Lenny Williams – Vocals
TOWER OF POWER |
Le GaNG
Kool & the Gang "Wild and Peaceful" (1973)
ou "Street Cred'"
Loin des succès radiophoniques millimétrés qui feront leur gloire planétaire et leur considérable fortune, c'est ici que tout commence pourtant vraiment pour Kool & the Gang.
Pourtant le groupe n'en est pas à ses premières armes ayant sorti, depuis 1969, une collection d'album jazz/soul vaguement funky et instrumentaux. Ici, pour la première fois, Kool & the Gang est un vrai groupe de Funk. L'ajout du chant mais aussi un plus total abandon à un son qui fait alors florès dans une bouillonnante scène black américaine dopée par la récente affirmation de sa noire fierté. Et la concurrence est rude ! De James Brown à Parliament/Funkadelic en passant par Earth Wind & Fire, les Ohio Players, Sly Stone et une multitude d'autres tout aussi recommandables, la qualité s'ajoute alors à la quantité pour le plus grand plaisir d'auditeurs comblés. Dans ce foisonnant panorama, les, donc, néo-funksters de Kool & the Gang n'ont aucunement à rougir. Ici, les cuivres rutilent, les voix soulent, la basse sautille, la batterie groove... C'est de Funk de compétition dont il s'agit ! Crue, urbaine, suante, profondément sexuée aussi, cette musique, souvent orgasmique, est faite pour secouer le bas des reins sur ses cadences diaboliques, pour se pâmer sur la soie de sa profonde sensualité... Un appel du corps au corps, un appel au corps à corps !
Evidemment, plus tard, la formation rencontrera encore plus de succès, en refourguant sa « street cred' » au profit d'une image policée et d'un son à l'avenant. Ce n'est pas de ce Kool & the Gang FMiné dont il s'agit mais bien d'une vraie formation de bon gros funk, ici très inspirée du Soul Makossa de Manu Dibango (cela se devait d'être précisé), comme il se faisait si bien dans les 70s. Une très recommandable si hélas trop courte (38 minutes) rasade de bon son et, crénonvindiou !, qu'est-ce que ça joue !
1. Funky Stuff 3:00
2. More Funky Stuff 2:50
3. Jungle Boogie 3:03
4. Heaven at Once 5:01
5. Hollywood Swinging 4:36
6. This Is You, This Is Me 5:23
7. Life Is What You Make It 3:53
8. Wild and Peaceful 9:26
Robert "Kool" Bell: basse, chant
"Funky" George Brown: batterie, percussions, chant
Ricky West: piano, chant
Clay Smith: guitare
Dennis "Dee Tee" Thomas: saxophone alto, flute, congas, chant
Ronald Bell: saxophone ténor et soprano, chant
Robert "Spike" Mickens: trompette, chant
KOOL & THE GANG |
LeS PeTiTS BLaNCS
Average White Band "AWB" (1974)
ou "Highland Funk"
C'est de l'album blanc des écossais de l'Average White Band dont il s'agit principalement ici, mais puisque j'avais fait un billet sur le coffret qui l'unit à leur premier et à leur album perdu (respectivement Show Your Hands et How Sweet Can You Get?). C'est donc un cadeau augmenté pour vous, petit chanceux ! Enjoie.
Voir un groupe de Soul'n'Funk d'exception débarquer d'Ecosse au début de années 70 ne devrait surprendre personne, le nord du Royaume Uni ayant, déjà à l'époque, une vraie propension à recycler avec talent la musique à gigoter du popotin noire américaine (un peu comme les irlandais s'y entendent en blues). C'est donc sans étonnement, quoiqu'avec une certaine perplexité, que furent accueillis les débuts du combo d'enkiltés le plus funky de la planète.
Voir un groupe de Soul'n'Funk d'exception débarquer d'Ecosse au début de années 70 ne devrait surprendre personne, le nord du Royaume Uni ayant, déjà à l'époque, une vraie propension à recycler avec talent la musique à gigoter du popotin noire américaine (un peu comme les irlandais s'y entendent en blues). C'est donc sans étonnement, quoiqu'avec une certaine perplexité, que furent accueillis les débuts du combo d'enkiltés le plus funky de la planète.
Déjà, Average White Band, quel nom tout de même ! Groupe Blanc Moyen ? L'undestatement si cher à nos cousins d'outre-Manche est dans l'air, pas de doute ! Parce que la musique est extrêmement convaincante sur les deux premiers opus, et quelques uns par la suite, ici bonussés d'un album perdu, How Sweet Can You Get?, et de quelques titres supplémentaires pour bonne mesure... Riche, donc.
Tout commence en 1973 avec Show Your Hand mais pas le succès puisque la formation devra attendre l'année suivante, sa signature sur la Warner et un album éponyme du feu de Dieu pour véritablement exploser commercialement. Pourtant, tout est déjà là, une funk/soul resplendissante évoquant ce qui se fait alors de mieux en la matière, de Tower of Power à Blood Sweat and Tears, d'Earth Wind & Fire aux Ohio Players... Et les compositions à l'avenant ! Parce qu'il y a matière à se réjouir sur les 8 titres de cet initial tour de force : voix pleines de soul, cuivres rutilants, grooves implacables, soli triomphants... Une fête de tous les instants mais, donc, pas vraiment de succès et on imagine bien volontiers qu'il ne fut pas facile de "vendre" une bande d'écossais goguenards à des stations soul qui ne manquaient pas d'équivalents afro-américains à diffuser. Il fallut en fait les irrésistibles Pick Up the Pieces, Person to Person ou Work to Do (ce dernier repris des Isley Brothers) sur leur blanc second album, où on retrouve, excusez du peu, les Brecker Brothers en session men de luxe, pour que la garde corporatiste baisse et qu'enfin la mayonnaise prenne. Et que les highlanders du funk s'installent durablement dans les oreilles et dans les cœurs des amateurs du genre.
Un package attractif, une musique inattaquable, un riche livret, la réédition Edsel, quart d'une série de quatre double CDs documentant la période faste de l'Average White Band (1973-1982), est, vous l'aurez compris, un investissement obligatoire, et finalement fort peu onéreux, à qui aime la funk music de qualité. Une bonne façon, aussi, de se remémorer la classe absolue d'un groupe trop souvent oublié aujourd'hui.
CD 1
Show Your Hand (1973)
1. The Jugglers 4:51
2. This World Has Music 5:58
3. Twilight Zone 5:28
4. Put It Where You Want It 5:16
5. Show Your Hand 4:29
6. Back In '67 4:12
7. Reach Out 4:04
8. T.L.C. 8:06
Bonus
9. Reach Out (First Version) 3:43
10. The Jugglers (First Version) 4:05
11. It Didn't Take Me A Minute 2:24
12. In The Beginning 3:45
13. Look Out Now 2:14
14. Back in '67 (First Version) 4:04
15. White Water Dreams 4:00
16. How Can You Go Home? 3:05
CD 2
How Sweet Can You Get (1974)
1. Person To Person 3:23
2. Keepin' It To Myself 3:09
3. There's Always Someone Waiting 5:01
4. McEwan's Export 4:47
5. Got The Love 3:41
6. Work To Do 3:42
7. Just Want To Love You Tonight 4:42
8. Pick Up The Pieces 3:56
9. I Just Can't Give You Up 3:45
10. How Sweet Can You Get? (First Version) 3:41
Average White Band (1974)
11. You Got It 3:30
12. Got The Love 3:47
13. Pick Up The Pieces 3:54
14. Person To Person 3:36
15. Work To Do 4:20
16. Nothing You Can Do 4:04
17. Just Want To Love You Tonight 3:53
18. Keepin' It To Myself 3:56
19. I Just Can't Give You Up 3:26
20. There's Alway Someone Waiting 5:27
Show Your Hand
Alan Gorrie – bass, guitar, vocals
Hamish Stuart – bass, guitar, vocals
Roger Ball – keyboards, alto saxophone, vocals
Malcolm Duncan – tenor saxophone, vocals
Onnie McIntyre – guitar, vocals
Robbie McIntosh – drums, percussion
Average White Band
Alan Gorrie – lead vocals (on "Keepin' It To Myself" and "There's Always Someone Waiting"), co-lead vocals (on "You Got It", "Work To Do", "Nothing You Can Do", and "Just Wanna Love You Tonight"), background vocals, bass, guitar (on "You Got It")
Hamish Stuart – lead vocals (on "Got The Love", "Person To Person", and "I Just Can't Give You Up"), co-lead vocals (on "You Got It", "Work To Do", "Nothing You Can Do", and "Just Wanna Love You Tonight"), background vocals, lead guitar, bass (on "You Got It")
Roger Ball – keyboards, alto & baritone saxophones
Malcolm (Molly) Duncan – tenor saxophone
Onnie McIntyre – background vocals, guitar, guitar solo on "Work To Do"
Robbie McIntosh – drums, percussion
&
Ralph MacDonald – congas, percussion
Michael Brecker – tenor saxophone
Randy Brecker – trumpet
Marvin Stamm – trumpet
Mel Davis – trumpet
Glenn Ferris – trombone
Ken Bichel – mellotron (on "Just Wanna Love You Tonight")
AVERAGE WHITE BAND |
LeS LouiSiaNaiS
The Meters "Fire on the Bayou" (1975)
ou "Funk épicé"
Fire on the Bayou est le 6ème album des Meters et 3ème pour Reprise. Le groupe de funk louisianais est alors totalement confortable avec sa musique qui, après quelques tentatives mainstream peu recommandables, est revenue vers un son roots de bon aloi.
On retrouve donc ici une musique rythmique et groovy par essence, un machin qui pulse et fait secouer le bas des reins. Les voix, évidemment, sont une composante importante les cinq membres donnant volontiers de la gorge. L'effet est plus tribal que religieux d'ailleurs, vaudou presque. Et puis il y a le son, brûlant, caniculaire. La lourdeur de la basse, les entrechats de l'orgue, les jonglages de la batterie et des congas, aussi. La sarabande dure 46 minutes, c'est peu mais suffisant pour en ressortir avec une belle suée.
Tout ceci contribue à un album de funk poisseux (et un poil jazzy en particulier sur l'extraordinaire Middle of the Road) typiquement 70's et chaudement (vous l'aurez compris) recommandé.
1. Out in the Country 3:38
2. Fire on the Bayou 4:10
3. Love Slip Upon Ya 4:59
4. Talkin' 'Bout New Orleans 3:38
5. They All Ask'd for You 4:12
6. Can You Do Without? 3:52
7. Liar 5:12
8. You're a Friend of Mine 4:11
9. Middle of the Road 7:57
10. Running Fast 1:27
11. Mardi Gras Mambo 2:39
Leo Nocentelli: chant, guitare
Art Neville: orgue
George Porter Jr: basse
Zig Modeliste: batterie
Cyril Neville: congas
Wardell Quezergue: arrangements de cuivres
(autres musiciens inconnus)
THE METERS |
LeS oRFèVReS
Earth, Wind & Fire "Gratitude" (1975)
ou "Rutilances II"
Surfant sur le succès de That's the Way the World Is (sorti seulement 6 mois plus tôt) et de la conséquente tournée qui le suivit, les funksters d'Earth Wind & Fire sortent en novembre 1975 un album (3/4) live où ils déroulent toute la classe qu'on leur connait alors.
Dès le fusionnant Africano/Power, il est évident que ces garçons maîtrisent parfaitement leur sujet. Les cuivrent rutilent, les percussions percutent, les guitares sont tour à tour acérées ou sensuelles, la rythmique tient son groove avec flegme et savoir-faire et - bien sûr - ça chante divinement bien.
Notons aussi que le son, puissant et précis, rend parfaitement hommage à ces compositions ne sombrant jamais dans la mièvrerie même quand elles donnent dans le sentimentalisme. C'est l'évidence, si en studio EWF est un générateur de tubes comme on n'en rencontre pas souvent, sur scène, c'est une machine de guerre qui ne fait pas de prisonniers.
Spiritualité, sensualité, ferveur, puissance, précision sont autant de qualités que possède cette formation. Bien sûr, comme c'est très souvent le cas, quelques retouches de studio ont dû être appliquées afin de pour booster (perfectionner) encore plus ce bouillonnant live. Et ? Seul le bonheur de l'auditeur importe et, ici, il est total.
Quand on sait, en plus, que les albums live d'EWF sont rares et que ceux de leur période la plus faste le sont encore plus, on se dit qu'il serait vraiment dommage de passer à côté... que vous aimiez le funk ou pas (carrément !).
1. Introduction by MC Perry Jones 0:21
2. Africano/Power 5:56
3. Yearnin' Learnin' 4:16
4. Devotion 5:07
5. Sun Goddess 7:41
6. Reasons 8:23
7. Sing a Message to You 1:19
8. Shining Star 4:55
9. New World Symphony 9:28
10. Musical Interlude #1 0:15
11. Sunshine 4:24
12. Sing a Song 3:23
13. Gratitude 3:23
14. Celebrate 3:06
15. Musical Interlude #2 0:27
16. Can't Hide Love 4:10
Bonus
17. Live Medley: Serpentine Fire/Saturday Nite/Can't Hide Love/Reasons 6:13
Johnny Graham: guitare
Al McKay: guitare, percussions
Verdine White: basse, percussions, chant
Don Myrick: saxophone
Michael Harris: trompette
Louis Satterfield: trombone
Larry Dunn: orgue, piano, moog
Andrew Woolfolk: percussions, saxophone
Fred White, Ralph Johnson: batterie, percussions
Maurice White: chant, batterie, timbales, kalimba
Philip Bailey: percussions, conga, chant
EARTH, WIND & FIRE |
LeS SPaTiauX, Le ReTouR
Parliament "Mothership Connection" (1975)
ou "Funky Trip II"
Fina en beauté avec un retour dans l'espace avec l'autre formation de George Clinton, Parliament, c'est TomTom (Force Parallèles) qui nous en parle :
"M’avancerais-je de beaucoup en affirmant que « Unfunky UFO » est la plus grande chanson de funk de tous les temps ?
Après deux très bons albums (Up For Down Stroke et Chocolate City), Parliament livre ici son grand classique, pas indépassable (Dr Funkenstein suivra bientôt) mais furieusement efficace. De « Give Up The Funk » à « P Funk » en passant par « Mothership Connection », l’album enchaîne les hymnes à ne plus savoir qu’en faire.
Avec la seconde partie de « Night Of The Thumpasorus Peoples », Bootsy Collins tient sûrement le meilleur riff de basse de sa carrière. Entre voix solistes étranglées et choristes soul, chacun sied parfaitement au poste qu’on lui a assigné.
Partout, les arrangements de Fred Wesley sont magnifiques, le clavier de Bernie Worrell apporte cette ambiance électro-furiste gentiment désuète mais qui fait toujours autant triper.
Servi par la crème des musiciens blacks de l’époque, « Mothership Connection » place Parliament en orbite et n’a pas fini de les faire tourner. Complètement marteau, George Clinton va vite devenir le gourou le plus créatif de la fin des années 70, à des années lumières de la concurrence.
Mothership Connection, c’est un peu le trip funky ultime. Heureusement, tout ce bazar n’est pas prêt de s’arrêter."
Rien à rajouter... Ha, si, il vous le faut, maintenant !
"M’avancerais-je de beaucoup en affirmant que « Unfunky UFO » est la plus grande chanson de funk de tous les temps ?
Après deux très bons albums (Up For Down Stroke et Chocolate City), Parliament livre ici son grand classique, pas indépassable (Dr Funkenstein suivra bientôt) mais furieusement efficace. De « Give Up The Funk » à « P Funk » en passant par « Mothership Connection », l’album enchaîne les hymnes à ne plus savoir qu’en faire.
Avec la seconde partie de « Night Of The Thumpasorus Peoples », Bootsy Collins tient sûrement le meilleur riff de basse de sa carrière. Entre voix solistes étranglées et choristes soul, chacun sied parfaitement au poste qu’on lui a assigné.
Partout, les arrangements de Fred Wesley sont magnifiques, le clavier de Bernie Worrell apporte cette ambiance électro-furiste gentiment désuète mais qui fait toujours autant triper.
Servi par la crème des musiciens blacks de l’époque, « Mothership Connection » place Parliament en orbite et n’a pas fini de les faire tourner. Complètement marteau, George Clinton va vite devenir le gourou le plus créatif de la fin des années 70, à des années lumières de la concurrence.
Mothership Connection, c’est un peu le trip funky ultime. Heureusement, tout ce bazar n’est pas prêt de s’arrêter."
Rien à rajouter... Ha, si, il vous le faut, maintenant !
1. P. Funk (Wants to Get Funked Up) 7:41
2. Mothership Connection (Star Child) 6:13
3. Unfunky UFO 4:23
4. Supergroovalisticprosifunkstication 5:03
5. Handcuffs 4:02
6. Give Up the Funk (Tear the Roof off the Sucker) 5:46
7. Night of the Thumpasorus Peoples 5:10
Bonus
8. Star Child (Mothership Connection) (Promo Radio Version) 3:08
Lead vocals - George Clinton (Lead in "P. Funk (Wants to Get Funked Up)", "Mothership Connection (Star Child)"), Calvin Simon, Fuzzy Haskins, Ray Davis, Grady Thomas, Gary Shider (lead in "Handcuffs"), Glen Goins (lead in "Unfunky UFO", "Handcuffs"), Bootsy Collins
Horns - Fred Wesley, Maceo Parker, Michael Brecker, Randy Brecker, Boom, Joe Farrell
Bass guitar - Bootsy Collins (Only in "Mothership Connection (Star Child)", "Unfunky UFO", "Handcuffs" and "Night of the Thumpasorus Peoples"), Cordell Mosson
Guitars - Garry Shider, Michael Hampton, Glen Goins, Bootsy Collins
Drums and percussion - Tiki Fulwood, Jerome Brailey, Bootsy Collins, Gary Cooper
Keyboards and synthesizers - Bernie Worrell (Minimoog, Wurlitzer electric piano, ARP Pro Soloist, Hammond organ, grand piano, Fender Rhodes, clavinet D6)
Backing vocals and handclaps - Gary Cooper, Debbie Edwards, Taka Kahn, Archie Ivy, Bryna Chimenti, Rasputin Boutte, Pam Vincent, Debra Wright, Sidney Barnes
PARLIAMENT |
Il manquait une fille, vous l'aurez au moins en photo : BETTY DAVIS, bête de scène et ex de Miles Davis |
Funk Story (le groove par 12)
RépondreSupprimerJames Brown "Cold Sweat" (1967)
- http://www7.zippyshare.com/v/Dp3l2i4A/file.html
Sly & the Family Stone "Stand!" (1969)
- http://www7.zippyshare.com/v/Bn3Nb7aj/file.html
Funkadelic "Free Your Mind... and Your Ass Will Follow" (1970)
- http://www7.zippyshare.com/v/gGn1Jxl2/file.html
Fela Ransome-Kuti "Fela's London Scene" (1971)
- http://www7.zippyshare.com/v/EyCBf4le/file.html
Isaac Hayes "Shaft" (1971)
- http://www7.zippyshare.com/v/6gFNylnJ/file.html
Stevie Wonder "Talking Book" (1972)
- http://www7.zippyshare.com/v/bs5yP0jh/file.html
Tower of Power "Tower of Power" (1973)
- http://www7.zippyshare.com/v/QxrXbRDU/file.html
Kool & the Gang "Wild and Peaceful" (1973)
- http://www7.zippyshare.com/v/EwAs8kv5/file.html
Average White Band "AWB" (1974)
1 - http://www7.zippyshare.com/v/lim1UCqI/file.html
2 - http://www7.zippyshare.com/v/AntIL1LF/file.html
The Meters "Fire on the Bayou" (1974)
- http://www7.zippyshare.com/v/xS9hgPbC/file.html
Earth, Wind & Fire "Gratitude" (1975)
- http://www7.zippyshare.com/v/5PewzeDK/file.html
Parliament "Mothership Connection" (1975)
- http://www7.zippyshare.com/v/oZihTbWk/file.html
Juste de passage, pas eu le temps de lire mais je découvre la sélection. Toujours risquée une sélection. On peut en rajouter, mais je n'arriverai pas à remplacer un des tiens par un absent. il y a même des blancs... Bravo
RépondreSupprimerBen, merci, Antoine.
SupprimerDe mon côté, je regrette l'absence de filles ou de groupes tel que les Isley Brothers ou les Ohio Players mais il y avait plus essentiels qu'eux...
Voilà de quoi ensoleiller cette fin d'année !
RépondreSupprimerCool !, c'était exactement le but.
Supprimeroui, c'est vrai que ça manque de filles, et que le manque en devient plus évident à la fin de l'article, lorsqu'on visualise la photo de Betty Davis. Je suggère donc un 100% filles avec Tina Turner, Betty Davis, Millie Jackson, Patti Labelle sans qui les Rihanna, Beyoncé et autres Ciara ne seraient pas ce qu'elles sont devenues.
RépondreSupprimerJe peux d'ors et déjà te dire que c'est une excellente idée qui m'est déjà venue et qui ne tardera pas à se concrétiser sous forme d'une ode à nos black ladies préférées mais pas seulement dans le funk.
SupprimerMerci de ton passage, Rockfour.
Tu as là une excellente initiative. Pendant longtemps, le funk était tabou chez moi. La faute où groupe qui était "funky" plus que "funk". Depuis quelues années, je m'y mets (m^me si j'ai bien plus d'affinités avec la soul).
RépondreSupprimerEn plus, tu mets exactement le genre d'album et de groupes que je cherchais (sans vraiment chercher): EWF, les 1er Kool and the Gang, Parliament et Funkadelic et même Fela. Pour les plus anciens, je connaissais.
Ca va être dure de mélanger Lemmy avec tout ça, mais on va essayer.
Faut bien se ramoner les oreilles avant utilisation, non ? Donc un petit coup de Ace of Spades avant EWF et la vie est plus belle.
SupprimerPour le reste, j'espère que la sélection répondra vraiment à tes attentes.
A+