jeudi 10 décembre 2015

Hackettology: Steve par 11

Où l'on explore les multiple facettes d'un instrumentiste et compositeur trop souvent mésestimé. 11 albums d'un Quiet World de jeunesse à petit dernier du monsieur, des passages par les obligatoires haut-faits solo ou collectifs et quelques sorties de route via des projets différents, c'est le programme de cette Hackettology. Enjoie !

iN THe BeGiNNiNG
Quiet World "The Road" (1970)
ou "Discrets débuts"

Avant de rejoindre Genesis, et déjà en compagnie de son frère, John, Steve Hackett fait ses débuts chez les obscurs Quiet World, formation proto-progressive fort éloignée des sommets que connaîtra bientôt le guitariste mais pas inintéressante pour autant.
Présentement, l'influence pour ainsi dire envahissante de Moody Blues de la même période est plus qu'évidente, s'impose comme la valeur musicale fondamentale défendue par le groupe. A tel point qu'on se dit que la différence, en vérité, n'est apparente que dans la qualité qui, louable et omniprésente sur les œuvres des précités n'est ici qu'elliptique, ce malgré la meilleure volonté de musiciens, compositeurs et arrangeurs audiblement appliqués. A partir de là, le concept album, puisque, forcément, c'en est un, lourdement empesé de références "bon-dieusiaires", c'est à noter, n'offre qu'un spectacle inégal heureusement sauvé par quelques éclairs compositionnels extrêmement référencés (avec même un penchant pour les Bee Gees psyché-pop sur Traveller ou Love Is Walking) et, tout de même, une maîtrise instrumentale générale qu'on ne niera pas et où les soli de guitare d'une jeune pousse qui se fera bientôt un nom sont, à défaut d'être reconnaissable comme provenant de leur auteur, sont de belle qualité.
Tout ceci fait-il de The Road un album essentiel ? Vous aurez compris qu'il n'en est rien, plus une curiosité réservée aux complétistes de la chose "génésienne" ainsi qu'à celles et ceux appréciant la période, fin des 60s-début des 70s, et le style pratiqué, rock symphonico-psychédélico-pop, parce que l'ensemble est fondamentalement plutôt rondement mené.

1. The Great Birth 2:25
2. First Light 3:33
3. Theme 0:42
4. Star 2:28
5. Theme 0:50
6. Loneliness and Grief 5:04
7. Theme/Change of Age 1:25
8. Christ One 5:30
9. Hang On 1:14
10. Christ Continued 3:20
11. Body to the Mind 2:57
12. Traveller 2:35
13. Let Everybody Sing 1:52
14. Children of the World 0:25
15. Theme 2:11
16. Change of Age 0:33
17. Love Is Walking 3:38

Dick Driver - upright bass, electric bass
Gill Gilbert - backing vocals
Steve Hackett - electric guitars, acoustic guitars
John Hackett - flute, acoustic guitars
John Heather - lead vocals, acoustic guitars, songwriting
Lea Heather - lead vocals, percussion, songwriting
Phil Henderson - piano, organ, trumpet, recorder, arrangement, backing vocals
Eddy Hines - flute, saxophone
Sean O'Mally - drums, percussion

QUIET WORLD

PRoG DiViNe
Genesis "Nursery Cryme" (1971)
ou "La Révélation"

Anthony Phillips et John Mayhew respectivement parti et débarqué, un mal pour un bien, Genesis intronise l'arrivée de deux petits nouveaux dans sa maison progressive. Ce faisant, le trio restant ne se trompe pas et cimente ce qui restera à jamais le line-up de référence de la formation. Bienvenue donc à Steve Hackett et à Phil Collins. Et la Grande Histoire peut commencer.
Parce que si Trespass avait offert de belles émotions, et affirmé une nouvelle identité pour Genesis, c'est bel et bien avec Nursery Cryme que tout se concrétise.
C'est évident dès un Musical Box d'ouverture où les deux nouveaux brillent si bien qu'ils font facilement oublier leur prédécesseurs. Il faut dire que la composition en impose, progressant d'une douce mélopée à un puissant développement elle reprend, peu ou prou, les choses là où The Knife les avaient laissées supplémentée, donc, du doigté et de l'imagination d'un Steve Hackett soliste d'exception et d'un Phil Collins badaboumant expertement sur son kit mais, aussi, complémentant (et complimentant) à merveille Gabriel par sa douce voix d'ailleurs exploitée en lead dès la seconde piste, le court, sensible et réussi For Absent Friends. Suit une nouvelle épopée, l'exceptionnel Return of the Giant Hogweed, qui établit encore un peu plus ce nouveau Genesis décidément plus radical dans sa violence, plus précis dans son interprétation mais également supérieurement inspiré où s'expriment déjà toutes les qualités symphonico-progressives d'une formation où, miraculeusement, chaque performer a voix au chapitre sans fouler les arpions de ses petits copains. Quelle face A !
Alors, certes, l'autre côté de la cire noire est plus anecdotique. Seven Stones a une belle mélodie, un formidable emballage final mais pas le souffle lyrique entendu plus tôt. Harold the Barrel est rigolo mais, à tout juste 3 minutes, ne prend pas le temps d'explorer toutes les pistes potentielles à sa totale réussite. Harlequin renoue avec les douceurs acoustiques, pastorales presque, de Trespass sans laisser plus de trace que ça, une bonne chanson néanmoins. Mais il y a le troisième monstre de l'album en conclusion, le formidable The Fountain of Salmacis et, là, une fois encore, Genesis fait montre de ce nouvel esprit, de cette déjà bien affirmée capacité à jouer sur les ambiances, les alternances de passages calmes et d'autres plus orageux, le succès est total.
A l'époque, on a pu regretter la production un poil faiblarde d'un John Anthony qui n'avait pas fait mieux sur Trespass et ne se verra, logiquement, pas reconduit sur Foxtrot. Ce défaut mineur, qui n'a que trop longtemps handicapé un opus qui méritait décidément mieux, est majoritairement gommé par les deux générations de remasters et, plus particulièremet, par le définitif sorti en 2008 où tout est plus audible, enfin !
Entendons-nous bien, si Nursery Cryme est une indéniable réussite, et l'album qui lancera vraiment la carrière du groupe (via un surprenant succès italien), il n'est que le (beau) brouillon de ce qui suivra. Un grand, immense pas dans la direction d'un progressisme altier, racé et habité, ce qui est déjà énorme et en fait, forcément, un album chaudement recommandé si pas exactement parfait. Mais ça viendra...

1. The Musical Box 10:27
2. For Absent Friends 1:44
3. The Return of the Giant Hogweed 8:10
4. Seven Stones 5:08
5. Harold the Barrel 2:58
6. Harlequin 2:53
7. The Fountain of Salmacis 7:47

Peter Gabriel – lead vocals, flute, bass drums, tambourine
Steve Hackett – electric and 12-string guitars
Tony Banks – organ, backing vocals, Mellotron, acoustic and electric pianos, 12-string guitar
Mike Rutherford – bass, backing vocals, bass pedals, 12-string guitar
Phil Collins – drums, backing vocals, lead vocals on "For Absent Friends", percussion

GENESIS

GeNeBiS
Steve Hackett "Voyage of the Acolyte" (1975)
ou "Solo Holiday"

En vacances d'un Genesis à l'arrêt suite au départ de son vocaliste et frontman légendaire, Peter Gabriel, évidemment, Steve Hackett propose un premier album solo qui lui permet d'enfin publier certaines compositions rejetées par ses collègues en compagnie d'une belle collection de musiciens "de la scène". C'est Voyage of the Acolyte, et c'est un authentique chef d'œuvre progressif que va nous décrypter plus précisément Duke the Brave Lamb d'Amarok Prog :
"Steve Hackett était en pleine écriture et enregistrement du chef d'œuvre de son groupe de l'époque Genesis, The Lamb Lies Down On Broadway, en 1974 lorsqu'il se décida à se lancer dans une carrière solo. Coup de tête ?! Absolument pas. À moins que Voyage Of The Acolyte soit une œuvre d'art résultant d'un coup de génie soudain et extraordinaire. Ce n'est pas mon avis. Je pense que Steve Hackett était prédestiné à quitter le groupe afin de se lancer dans des horizons le caractérisant davantage.
Résultant d'une collaboration étroite entre Steve Hackett et le duo Phil Collins & Mike Rutherford, Voyage of the Acolyte, sorti fin 1975, est une référence en matière de rock progressif. C'est pour cela que les titres le composant se confondraient presque avec ceux de A Trick Of The Tail ; le son également est identique (notamment la batterie), la production étant la même (Charisma label). Steve Hackett nous a bien réalisé là une perle, son meilleur album également et un des meilleurs albums du genre, au Royaume-Uni à cette époque. Pour ma part, il s'agit d'un de mes albums préférés, tous styles, périodes, pays confondus.
La recherche mélodique est poussée à l'extrême, le son est agréablement et étonnamment cristallin (tout comme celui justement de A Trick Of The Tail). On est donc très en avance sur l'époque (nous sommes en 1975 !). La qualité de jeu des musiciens studio est aussi remarquable. Steve, tout d'abord, est maître de sa musique et de ses instruments, maître de ses compositions. Il vit ce qu'il joue ; on remarque ce détail qui a son importance. Mais les autres musiciens sont tout aussi épatants : Phil Collins réalise des prestations incroyables à la batterie sur Ace Of Wands et Shadow Of The Hierophant (il se défoule et livre des breaks et des moments de batterie puissants), ainsi qu'une magnifique interprétation vocale de Star Of Sirius, un des meilleurs morceaux de l'album. Mike Rutherford m'a étonné dans cet album : il réalise une performance sans faute sur Ace Of Wands et participe à l'écriture de Shadow Of The Hierophant. Ace Of Wands est pour moi le morceau le plus intéressant quant au travail de la ligne de basse de M. Rutherford. Et je ne compte pas les autres musiciens... John Hackett entre autres est un petit génie. Il charge d'émotion à la flûte les deux magnifiques parties qui composent Hands Of The Priestess et écrit avec son frère A Tower Struck Down (un morceau très progressif). Il réalise une splendide fin à la flûte sur The Hermit, un des grand morceaux de l'album, et nous offre quelques secondes de plaisance vers le milieu de Star Of Sirius.
Authentique chef d'œuvre d'une maturité, d'une complexité indéniables, Voyage Of The Acolyte est l'album de Steve Hackett par excellence. Tous les titres de cet opus sont désormais des classiques, et l'album est encore aujourd'hui une des grandes références en rock progressif pour les fans de Hackett, de Genesis, et de rock prog en général.
Voyage of the Acolyte ? Un bijou aux finitions parfaites.
"
On précisera, parce que c'est tout sauf inutile, que le futur révèlera que l'aspect profondément génésien de la galette n'est pas dû à quelque opportunisme ou mimétisme mais bien la preuve de l'importance de Steve Hackett dans le son de son désormais ex-groupe, ce qu'on ne réalisera, hélas, qu'après son départ avec l'extrême simplification du son de la formation. Ca plus la qualité intrinsèque de Voyage of the Acolyte (featuring Sally Oldfield à l'inoubliable partie de chant de Shadow of the Hierophant) devrait suffire à vous faire plonger.

1. Ace of Wands 5:23
2. Hands of the Priestess, Part I 3:28
3. A Tower Struck Down 4:53
4. Hands of the Priestess, Part II 1:31
5. The Hermit 4:49
6. Star of Sirius 7:08
7. The Lovers 1:50
8. Shadow of the Hierophant 11:44
Bonus
9. Ace of Wands (Live) 6:32
10. Shadow of the Hierophant (Extended Playout Version) 17:01

Steve Hackett – electric & acoustic guitars, Mellotron, harmonium, bells, autoharp, vocal on "The Hermit", effects
John Hackett – flute, ARP synthesizer, bells
Mike Rutherford – bass guitar, bass pedals, 12-string fuzz-bass
Phil Collins – drums, vibes, percussion, vocals on "Star of Sirius"
John Acock – Elka synthesizer, Mellotron, harmonium, piano
Sally Oldfield – vocal on "Shadow of the Hierophant"
Robin Miller – oboe on "Star of Sirius", English horn on "The Hermit"
Nigel Warren-Green – cello on "The Hermit"
Percy Jones – additional bass guitar on "A Tower Struck Down"
Johnny Gustafson – bass guitar on "Star of Sirius"

STEVE HACKETT

GeNeSeND
Genesis "Wind & Wuthering" (1977)
ou "Avant de partir..."
 
Ultime opus du Genesis (presque) classique, album immense comme la plupart de ceux qui le précèdent, Wind & Wuthering est essentiel.
Un des albums les plus musicalement aboutis de ce Genesis progressif, aussi, grâce à la maniaquerie de l'arrangeur en chef, Tony Banks, et le soutien de ses collègues qui, c'est acquis, ne sont pas des demi-sels quand il s'agit de s'exprimer, chacun, sur leur instrument respectif. En résulte des compositions précieuses, millimétrées même et, du coup, un peu moins de folie que ce que nous avait habitué le groupe dans sa mouture la plus référentielle.
Concrètement, sur 8 des 9 compositions, on retrouve le Genesis qu'on avait eu l'habitude d'entendre en, cependant, un peu plus lisse. L'absence de Gabriel est, il faut dire, un facteur contribuant de cet etat de fait. Déjà parce que Collins, nettement moins "clonesque" que sur A Trick of the Tail (pour lequel, il est vrai, il n'avait pas prévu de chanter), amène une sensibilité plus pop, plus romantique, ensuite parce que les textes ont perdu en symbolique et en allégorie parfois cryptique ce qu'ils ont gagné en clarté.
C'est le cas sur l'ensemble de l'album où l'on n'est pas obligé de trop se creuser les méninges pour savoir ce que ce diable de parolier a bien voulu dire, à l'exception cependant de One for the Vine qui est aussi, tiens tiens, le chef d'œuvre de l'opus. On y apprécie la fantaisie toute britannique d'un All in A Mouse's Night, sorte de Tom & Jerry version prog, moins le côté trop normal, commun dirait-on, d'une bête chanson d'amour telle que Your Own Special Way. Cette dernière, justement, fait un peu tâche sur un album qui, sinon, allie avec grandeur complexité et harmonie, sans doute cette dernière préfigure-t-elle la simplification de l'écriture du groupe (et de Rutherford en l'occurence) qui prendra effet dès l'album suivant, dès le départ de Steve Hackett, osera-t-on affirmer.
Sinon, c'est à un Genesis finalement assez proche de celui de Selling England By The Pound auquel nous avons affaire avec, notamment, des tentations "fusionnesques" sur l'instrumental Wot Gorilla? et, globalement, symphoniques sur l'ensemble de la galette. Et ça marche merveilleusement bien et donne une collection où, donc, à l'omission du précité faux-pas, le féru de rock progressif en prend plein les oreilles. D'autant que la production, signée de David Hentschel et du groupe, met parfaitement en valeur les nombreuses qualités d'une formation encore clairement à son sommet créatif.
Il y a moult raison de se réjouir du souffle de ce vent divin, et une de s'attrister car, enfin !, comment ne pas rager qu'une telle verve créatrice se voit petit à petit éteinte dans ce qui suivra ? Comment ne pas regretter cette formation d'exception dans sa mue pop-progressive d'abord puis carrément pop ? Pas que les successeurs ne déméritent vraiment, il restera du grain à moudre pour les amateurs de belles ambiances et de ciselées compositions, mais plus jamais autant qu'avec la période qui se clôt ici et laisse, mine de rien, six album quasi-parfaits en seulement cinq petites années. Très fort !

1. Eleventh Earl of Mar 7:39
2. One for the Vine 9:59
3. Your Own Special Way 6:15
4. Wot Gorilla? 3:12
5. All in a Mouse's Night 6:35
6. Blood on the Rooftops 5:20
7. Unquiet Slumbers for the Sleepers... 2:27
8. ...In That Quiet Earth 4:45
9. Afterglow 4:10

Phil Collins – voices, drums, cymbals, percussion
Steve Hackett – electric guitars, nylon classical guitar, 12 string guitar, kalimba, autoharp
Mike Rutherford – 4, 6, and 8 string bass guitars, electric and 12 string acoustic guitars, bass pedals
Tony Banks – Steinway grand piano, ARP 2600 synthesizer, ARP Pro Soloist synthesizer, Hammond organ, Mellotron, Roland RS-202 string synthesizer, Fender Rhodes piano

GENESIS

STiLL PRoGGiN'
Steve Hackett "Defector" (1980)
ou "His Own Man"

C'est le petit frère trop souvent négligé de Spectral Mornings, un album qui souffre de la ressemblance avec son prédécesseur, la seconde partie d'un diptyque qui, du coup, surprend moins, une fichue bonne galette bourrée de toutes les trouvailles, finesses et mélodies dont seul Hackett est capable, surtout !
L'album, donc honoré des même musiciens que son glorieux devancier, commence très fort avec un The Steppes qui, instrumental d'inspiration néo-classisant, offre une jolie combinaison de claviers aériens et texturants et de guitares chantantes, planantes mais néanmoins acérées, une pleine et entière réussite de rock progressif "climatique". Et ce n'est évidemment pas tout puisque, plus loin, d'un Slogans également instrumental mais nettement plus tendu et gothique qui s'enchaine merveilleusement sur une douceur typique d'Hackett (Leaving), celle-ci chantée, puis sur un court instrumental acoustique démontrant, s'il en était encore besoin, la maîtrise technique et mélodique que Steve a de l'instrument (Two Vamps as Guests) pour finalement déboucher sur un nouvel instrumental électrique, plus upbeat icelui mais aussi réussi que ses deux prédécesseurs de l'album (Jacuzzi). Tout ceci, vous le constaterez, à peine dérangé par une pop song assez quelconque (Time to Get Out), très fort. Et comme la fin de l'opus (d'un tout doux Hammer in the Sand à un très rétro Sentimental Institution nous amenant quelque part entre les années 1900 et la première guerre mondiale), où, c'est à noter, Hackett offre une de ses chansons à visée commerciale (The Show, qui échouera, bien-sûr, à conquérir quelque grand public que ce soit), il n'y a pas longtemps à réfléchir pour se rendre compte que c'est bel et bien à une galette d'exception à laquelle nous avons affaire.
Et ce n'est pas le matériau additionnel de la présente édition (4 bons live et une face B bienvenue), qui viendra nier cet optimiste constat. En définitive, le gros défaut de Defector n'aura donc été que de ressembler comme un frère à Spectral Mornings, un bémol, vous l'avouerez, qui n'a de conséquence que dans l'observation globale de l'œuvre de l'ex-Genesis et un album, par conséquent, d'autant chaudement recommandé que, niveau son, comme d'habitude quoi, c'est d'une Rolls dont il s'agit.
 
1. The Steppes 6:05
2. Time to Get Out 4:11
3. Slogans 3:46
4. Leaving 3:16
5. Two Vamps as Guests 1:58
6. Jacuzzi 4:36
7. Hammer in the Sand 3:11
8. The Toast 3:42
9. The Show 3:40
10. Sentimental Institution 2:44
Bonus
11. Hercules Unchained (B-side of "The Show") 2:44
12. Sentimental Institution (Live at the Theatre Royal, Drury Lane) 3:02
13. The Steppes (Live at the Reading Festival) 6:33
14. Slogans (Live at the Reading Festival) 4:19
15. Clocks/The Angel of Mons (Live at the Reading Festival) 5:54

Steve Hackett – guitar, vocal, optigan, roland GR500
Nick Magnus – keyboards
John Hackett – concert and alto flute
Pete Hicks – vocal
John Shearer – drums and percussion
Dik Cadbury – bass, vocal

STEVE HACKETT

HoWKeTT
GTR "GTR" (1986)
ou "Supergroupe ou superflop ?"

Honteux, opportuniste ou, plus prosaïquement de son époque, GTR, "supergroupe" supposé puisque réunissant deux des plus fines gâchettes de septantes progressives (nommément Hackett de chez Genesis et Howe de chez Yes, les deux Steve) a une bien funeste réputation à laquelle Marco Stivell de chez Forces Parallèles a des envies de faire la peau :
"Et encore une surprise, une ! Qui aurait cru voir Steve Hackett œuvrer dans ce type d'expérience un jour ?
A plusieurs lieues de leurs albums solos respectifs, Steve Hackett et Steve Howe proposent une nouvelle formule conjointement, celle du "supergroupe". Le second est néanmoins déjà quelque peu habitué à ce genre d’exercice, étant passé par la case Asia quelques années auparavant. Mais pour l’autre Steve, l'ancien Genesis, c’est tout à fait étonnant.
Un supergroupe est une formation composée de membres plus ou moins connus venus d’autres groupes différents. Dans le monde du rock progressif, on en dénombre au moins deux importants : UK à la fin des années 70, et Asia depuis le début des années 80, même si ce dernier accorde une plus large place au versant FM. Et ici, on a GTR qui signifie "guitar", tenez-le vous pour dit. Steve Hackett et Steve Howe, deux guitaristes hors pair au passé aussi glorieux l’un (avec Genesis) que l’autre (avec Yes), ainsi que le claviériste/producteur Geoff Downes (Yes, Asia) en sont les moteurs. Ils sont épaulés par le chanteur Max Bacon - un "hurleur" diront certains avec mépris – aux capacités vocales assez étendues, le bassiste Phil Spaulding que l’on retrouve ces mêmes années aux côtés de Mike Oldfield ou encore le batteur américain Jonathan Mover, qui a occasionnellement joué avec Marillion avant l’arrivée de Ian Mosley.
Les deux guitaristes ont tous deux un sacré bagage en matière de rock progressif, mais il est très loin derrière au moment où GTR est crée. Ce nom est judicieusement porté car ce sont évidemment les guitares qui prédominent, mais côté style, les deux hommes s’en tiennent à ce vers quoi les années 80 les ont portés (comme beaucoup d’autres), à savoir le rock FM. Mais les oppositions naissent dès l’instant de création. Un Steve (Hackett) veut élargir le champ de composition et s’en tenir à des moyens financiers les plus simples possibles tandis que l’autre (Howe) veut rester dans les chansons simples et employer un gros budget, de grands studios, hôtels, etc... Pas étonnant que cette expérience soit restée éphémère, Hackett y mettant fin pour ne plus rien avoir à gérer. Déjà que le voir dans cette histoire était étonnant, ça l'aurait été encore plus de le voir y prendre goût. Néanmoins il lui aura permis de rencontrer un certain succès, puisque GTR se hissera lui aussi durant une durée éphémère au sommet des hits parades, porté par le tube «When the Heart Rules the Mind».
Que reste t-il donc à part cela ? Une dizaine de chansons plus ou moins efficaces avec une poignée de gros tubes, à savoir «Reach Out (Never Say No)», «The Hunter» (seul morceau composé par Geoff Downes), mais aussi et surtout le très fameux «When the Heart Rules the Mind», qui devient facilement un hymne. Dans un style pop FM lorgnant vers le hard par certains aspects, chacune est portée par un riff terrible avec présence des quelques synthés et la voix de Max Bacon reste assez adaptée à ce style, d’autant plus qu’il n’en rajoute pas tant que ça. D’autres chansons, bien qu’étant passées inaperçues, valent le détour comme «Jekyll and Hyde» (encore que, pas trop en studio) et «Here I Wait», peut-être ma préférée de l’ensemble.
Quant au côté plus aventureux, il se manifeste de deux manières. D’abord au moyen des instrumentaux, à savoir le très bon et lumineux «Sketches in the Sun» (de Howe) qui aurait pu être acoustique mais qui est joué par des guitares électriques ; ainsi que «Hackett to Bits», un peu de «Los Endos» de Steve Hackett (reprenant entre autres, le thème de «Please Don’t Touch»), toutes proportions gardées bien sûr avec le chef-d'œuvre de Genesis. Là ça reste plutôt de bonne facture sans être exceptionnel. D’un autre côté, il y a bien sûr les fameux passages acoustiques tant attendus sur un disque de ce calibre, et qui se trouvent dans les introductions des chansons de fin. «Toe the Line» serait aisément qualifiée aujourd'hui de power ballad, même si l'on est loin du speed metal symphonique, et «Imagining» avec ses contrastes aura de quoi rappeler agréablement «Tempus Fugit» de Yes.
Bref un assez bon album, plutôt honorable pour une telle expérience et qui restera unique. On est un peu loin des vrais chefs-d'œuvre de Steve Hackett en solo, mais ce genre de parenthèse demeure intéressante.
"
On est un peu loin des meilleurs Hackett solo, certes, mais, avec un bon live bonus truffé de jolie surprises extirpées d'un lointain passé (Spectral Mornings et I Know What I Like de qui vous savez pour Hackett, Roundabout pour Howe) et, généralement, une approche plus organique et moins putassière que celle de l'album, ce GTR mérite qu'on s'y repenche.

CD 1 - Album
1. When the Heart Rules the Mind 5:24
2. The Hunter 4:51
3. Here I Wait 4:54
4. Sketches in the Sun 2:29
5. Jekyll and Hyde 4:42
6. You Can Still Get Through 4:53
7. Reach Out (Never Say No) 4:00
8. Toe the Line 4:29
9. Hackett to Bits 2:10
10. Imagining 5:49
Bonus
11. The Hunter (Special GTR Mix) 4:56
12. When the Heart Rules the Mind (Single Version) 4:27
13. The Hunter (Single Version) 4:00

CD 2 - Live
Western Theatre, Los Angeles, July 19th 1986

1. Jekyll and Hyde 5:46
2. Here I Wait 5:55
3. Prizefighters 5:17
4. Imagining 7:12
5. Hackett to Bits 2:21
6. Spectral Mornings 3:57
7. I Know What I Like 6:24
8. Sketches in the Sun 2:44
9. Pennants 4:31
10. Roundabout 8:38
11. The Hunter 6:44
12. You Can Still Get Through 6:55
13. Reach Out (Never Say No) 5:54
14. When the Heart Rules the Mind 6:03

Max Bacon – vocals
Steve Hackett – guitars, vocals, guitar synthesizer, bass
Steve Howe – guitars, guitar synthesizer, vocals
Jonathan Mover – drums, percussion
Phil Spalding – bass guitar, vocals

GTR

L'œuVRe au NoiR
Steve Hackett "Guitar Noir" (1993)
ou "The Real Hackett"

Dans ses œuvres, Hackett ne surprend pas toujours, souvent, parce qu'il a son style, on reconnaît sa patte, sa faconde mélodique, toujours on apprécie la diversité et l'intelligence de son travail d'arrangeur, et d'instrumentiste, évidemment ! C'est le cas de ce Guitar Noir en apparence presque routinier. En apparence seulement puisqu'il relance la carrière d'un musicien qui n'a plus sorti grand chose depuis 1984 et l'échec de Till We Have Faces et un GTR à la peu reluisante réputation en 1986, un album plutôt dispensable dans la discographie du londonien comme nous allons le voir.
Stylistiquement, c'est un parfait mélange de tout ce que Steve a accompli de meilleur précédemment, du rock progressif évidemment, supérieurement mélodique forcément, où l'expert taquine autant de l'acoustique que de l'électrique mais aussi de l'harmonica, où une équipe largement revue (seul Nick Magnus, et encore, sur une seule chanson seulement, est encore de la partie) l'accompagne à merveille dans des compositions personnelles et sensibles, toujours épiques et même parfois gothiques mais avec la discrétion et le tact dont seul un anglais semble capable. Aussi, d'un Sierra Quemada au mémorable hook de guitare électrique, d'une sensible composition à tiroirs et climats nuancés telle que There Are Many Sides to the Night, de rockers adultes (ce n'est pas une insulte) aux l'ambiance bien campées et aux riffs efficaces (In the Heart of the City, Lost in Your Eyes), d'"oddities" péri-orchestrales rappelant tout de même fortement le travail de son ex-collègue Peter (Dark As a Grave, Like An Arrow), à un presque obligatoire passage en désuétude charmante (Theatre of Sleep), au draculien tour de force, entre ombre et électricité, qu'est Vampire with a Healthy Appetite, c'est à une solide, inspirée, rassurante aussi puisque suivant quelques errances, qui nous est généreusement offerte. Une solide sélection évidemment parfaitement produite, Steve lui-même, on n'est jamais mieux servi...etc., et présentement louablement bonussée de quelques douceurs supplémentaires (des démos, principalement) sur lesquelles on ne crachera évidemment pas.
Et dire que Steve fera mieux ! C'est déjà d'un grand retour dont il s'agit, d'un album qui ouvre une nouvelle période de la carrière de l'homme aussi, celle où l'inspiration renaît, un album important, quoi. Et recommandé ? Ca va sans dire mais disons-le quand même, essentiel !... Et beau, ça oui, beau, c'est le mot.

1. Sierra Quemada 5:19
2. Take These Pearls 4:14
3. There Are Many Sides to the Night 7:23
4. In The Heart of the City 4:35
5. Dark As The Grave 4:38
6. Lost in Your Eyes 4:56
7. Little America 4:55
8. Like An Arrow 2:51
9. Theatre of Sleep 3:04
10. Walking Away From Rainbows 3:10
11. Paint Your Picture 2:58
12. Vampyre with a Healthy Appetite 5:30
13. Tristesse 4:02
Bonus
14. Sierra Quemada (demo) 4:31
15. Take These Pearls (rough mix) 4:11
16. In The Heart of the City (original version) 4:19
17. Vampyre with a Healthy Appetite (demo) 4:41

Steve Hackett – guitar, vocals (2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 11, 12), stepp (3, 10, 11), noises off (3), harmonica (6, 7, 12), string arrangements (8), rainstick (11)
Julian Colbeck – keyboards (1, 4, 6, 7, 12), backing vocals (7)
Dave 'Taif' Ball – bass (1, 4, 6, 7, 12)
Hugo Degenhardt – drums (1, 4, 6, 7, 12)
Aron Friedman – keyboards (2, 5, 8, 13), programming (2, 5, 8, 13), string arrangements (8)
Nick Magnus – keyboards (9), programming (9)
Bimbo Acock – clarinet (9)
Billy Budis – backing vocals (11)

STEVE HACKETT

SaTieNé
John & Steve Hackett "Sketches of Satie" (2000)
ou "Hommage en Frères"

Steve Hackett et son frère John rendent hommage au compositeur français Erik Satie ? C'est charmant.
Concrètement, c'est Steve à la guitare classique et John à la flûte traversière, on est loin des explorations symphonico-progressives dont l'ex-Genesis s'est souvent fait la spécialité, donc. La performance est extrêmement respectueuse du compositeur hommagé, Satie y est traité comme le précieux mélodiste qu'il fut, créateur de charmantes miniatures harmoniquement précieuses, formellement minimalistes et distinguées. Par une flûte (qui domine un chouia) et une guitare, alors que Satie pianotait plus volontiers, même si les deux instrumentistes sont connus pour leurs qualités et une complémentarité, une complicité forgée de longue date (des frères, pensez !), on aurait pu douter... Et puis non, c'est un peu différent certes, d'autant plus inhabituel qu'on connaît certaines des Gymnopédies ou des Gnossiennes par cœur, mais ça fonctionne admirablement bien.
Pas révolutionnaire pour deux sous, juste harmonieux, respectueux et réussi, Sketches of Satie plaira à ceux qui aiment Steve Hackett en acoustique, la flûte, les duos apaisés, Erik Satie... La bonne musique, surtout. Recommandé.

1. Gnossienne No. 3 2:24
2. Gnossienne No. 2 1:56
3. Gnossienne No. 1 3:18
4. Gymnopédie No. 3 2:36
5. Gymnopédie No. 2 2:52
6. Gymnopédie No. 1 3:55
7. Pièces Froides No. 1 Airs À Faire Fuir I 2:46
8. Pièces Froides No. 1 Airs À Faire Fuir II 1:36
9. Pièces Froides No. 2 2:05
10. Avant Dernières Pensées Idylle À Debussy 0:57
11. Avant Dernières Pensées Aubade À Paul Dukas 1:11
12. Avant Dernières Pensées Méditation À Albert Roussel 0:54
13. Gnossienne No. 4 2:41
14. Gnossienne No. 5 3:20
15. Gnossienne No. 6 1:41
16. Nocturnes No. 1 3:31
17. Nocturnes No. 2 2:14
18. Nocturnes No. 3 3:36
19. Nocturnes No. 4 2:49
20. Nocturnes No. 5 2:27

Steve Hackett - guitar
John Hackett - flute

JOHN HACKETT

iN BLooM
Steve Hackett "Wild Orchids" (2006)
ou "Orchastrackett"

C'était il y a presque 10 ans, 10 ans déjà depuis son premier essai de "revisitation""de son Genesis d'antan, loin d'avoir fait autant de foin que la plus récente, d'ailleurs, sur les talons d'un album "différent" (le néo-classique et orchestral Metamorpheus, pas le moins réussi des exercices du genre, ceci dit en passant), Steve Hackett, déjà, revenait à ses œuvres originales progressives classiques et Dan Tordjman de chez chromatique.net en parlait for bien :
"Une nouvelle ligne vient compléter l’impressionnant CV discographique de Steve Hackett. Wild Orchids, la dernière fleur du Britannique vient enrichir une pépinière de disques déjà imposante. Monsieur Hackett est l’un des rares artistes d’aujourd’hui à susciter un tel buzz et un tel enthousiasme à l’annonce d’un nouvel album. Wild Orchids ne déroge pas à la règle et devrait ravir les fans…
… et également en décevoir certains. Ce disque est en effet un véritable mélange de styles, exercice dans lequel l’ancien guitariste de Genesis semble se complaire. Par exemple, l’enchaînement de « Howl » avec « The Fundamentals Of Brainwashing » peut paraître quelque peu abrupt et décousu, mais le savoir-faire du maître reste présent avec ces mélodies chaloupées qui faisaient les beaux jours de Genesis, il y a bien longtemps (dans une galaxie lointaine, très lointaine…).
Comme il est fait mention ci-dessus, le passage d’un genre musical à un autre risque de gêner certains auditeurs tentant d’apprivoiser l’album. Il peut également avoir l’effet inverse : une telle richesse stylistique comblera peut-être les néophytes en la matière ou les amateurs de progressif de longue date ayant traversé toutes les époques avec la même excitation qu’il y a trente ans. Ainsi les aficionados de la branche avant-gardiste ne jurant que par Porcupine Tree ou Riverside trouveront leur bonheur sur un titre comme « She Moves In Memories ». Les partisans d’un accent symphonique plus prononcé ne bouderont pas « Howl » ou « A Girl Called Linda » sur lesquels les cordes sont présentes. L’excellent « Set Your Compass » s’adressera à l’auditeur qui aime les musiques de film et notamment les œuvres d’Hans Zimmer, John Williams, ou Howard Shore. Le plus surprenant vient sans doute des sonorités exotiques émanant de « The Fundamentals of Brainwashing » même si Till We Have Faces proposait déjà ce mélange. Ce cocktail n’entache en rien, répétons-le encore, le talent de mélodiste fin et subtil d’Hackett.
La production est tout à fait claire et montre une fois de plus que de Steve Hackett n’a plus à faire ses preuves pour faire sonner un disque. Si Wild Orchids laisse à la première écoute un goût doux-amer qui, peut-être, tournera au doux après plusieurs écoutes, il risque avant tout de décevoir une partie des fans qui attendaient un disque plus cohérent. A l’opposé, il ravira les amateurs d’albums fourre-tout où l’on trouve un peu du meilleur de tous les mondes et qui ne sont pas rebutés par la variété qui s’en dégage.
"
De fait, temps passant et écoutes s'accumulant, ce Wild Orchids, ici présenté dans sa version bonussée de quatre titres, a plus que confirmé les favorables impression initiales. Pas tout à fait au niveau de Voyage of the Acolyte ou la paire Defector/Spectral Mornings, c'est tout de même une indéniable preuve d'une qualité d'écriture, d'arrangement et de production rarement démentie depuis le départ du guitariste de la poule aux œufs d'or et, conséquemment, un album chaudement recommandé.

1. Transylvanian Express 3:44
2. Waters of the Wild 5:35
3. Set Your Compass 3:38
4. Down Street 7:34
5. A Girl Called Linda 4:44
6. Blue Child 4:25
7. To A Close 4:49
8. Ego & Id 4:08
9. Man in the Long Black Coat 5:07
10. Cedars of Lebanon 4:02
11. Wolfwork 4:49
12. Why 0:47
13. She Moves in Memories 5:00
14. The Fundamentals of Brainwashing 3:01
15. Howl 4:31
16. A Dark Night in Toytown 3:42
17. Until The Last Butterfly 2:29

Steve Hackett – Guitars, Electric Sitar, Harmonica, Psaltery, Optigan & Voices
Roger King – Keyboards and Programming, and Rhythm Guitar on "Down Street".
John Hackett – Principal Flute on "To A Close", "She Moves in Memories", "Cedars of Lebanon" & Riff Guitar on "Ego & Id"
Rob Townsend – Saxes, Principal Flute on "Linda", Alto Flute on "She Moves in Memories", Tin Whistle and Bass Clarinet.
Gary O'Toole – Drums and Harmony Voices.
Nick Magnus – Keyboards on "Ego & Id".
The Underworld Orchestra: Christine Townsend – Principal Violin, Viola; Richard Stewart – Cello; Dick Driver – Double Bass; Colin Clague – Trumpet; Chris Redgate – Oboe, Cor Anglais

ROB TOWNSEND

oLD FRieNDS
Squackett "A Life Within A Day" (2012)
ou "Avant qu'il ne soit trop tard..."

Que ceux échaudés par GTR (supposé allstar band à la courte et immensément décevante carrière alors qu'on y retrouvait les deux Steve, Hackett et Howe) ne passent pas tout de suite leur chemin. Squackett, formation longtemps promise et enfin révélée regroupant cette fois l'ex guitariste de la genèse et le bassiste le plus affirmatif du rock prog, s'il ne révolutionne rien, vient de produire un album de rock progressif mélodique à l'ancienne comme on n'en entend plus si et assez souvent.
Certes, la production « crystal clean », les sons de claviers tout (ou presque) digitaux - les deux à imputer à Roger King, producteur et claviériste de la galette - ne sont pas exactement les meilleures auspices quand on en vient à imaginer comme se doit de sonner le genre, et certaines petites chansons assez anodines quoique charmantes (Divided Self, The Summer Backwards) s'étant glissées dans la tracklist, on en viendrait presque à croire se voir confirmées les craintes initiales. Mais il y a chez Squackett suffisamment de substance pour que ces petits désagréments soient vite oubliés.
Du morceau d'ouverture qui donne son nom à l'album, entre Yes et Led Zeppelin (ha ! cette partie de batterie, courtesy of Jeremy Stacey) avec un Hackett en mode sysmique, à un Tall Ships louvoyant, malin, enluminé d'interventions discrètes mais efficaces du guitariste ou à un Storm Chaser très hackettien, lourd et fin à la fois ou encore un Aliens planant et rêveur, quelques Everest agrémentent plus qu'efficacement un galette menée avec classe et professionnalisme par deux leaders, Squire et Hackett, partageant avec équité crédits de compositions et parties de chant (assez Yes-oriented, c'est à préciser).
Certains diront que tout ceci ne fait pas avancer le schmilblick, que ces papys se faisant plaisir font plus souvent qu'à leur tour dans la redondance, la redite... Et ? Chris Squire et Steve Hackett en avaient envie, ils l'ont et bien fait, que leur demander de plus ? A Life Within A Day est un bon album de prog globalement pépère mais mélodiquement réussi (comme il est évident que les deux larrons l'ont conçu). Les amateurs du genre apprécieront, donc. Tant pis pour les autres.

1. A Life Within a Day 6:36
2. Tall Ships 6:18
3. Divided Self 4:06
4. Aliens 5:33
5. Sea of Smiles 5:25
6. The Summer Backwards 3:01
7. Storm Chaser 5:27
8. Can't Stop the Rain 5:48
9. Perfect Love Song 4:04

Chris Squire - bass, vocals
Steve Hackett - guitar, vocals
Roger King - keyboards
Jeremy Stacey - drums
Amanda Lehmann - guitar

SQUACKETT

NoT DeaD yeT
Steve Hackett "Wolflight" (2015)
ou "Toujours créatif !"

N'en déplaisent au "bien-écoutants" pour qui le rock progressif demeure une abomination, un nouvel album de matériau originel de Steve Hackett est toujours un évènement. Quand en plus on l'attend depuis déjà 3 ans et demi, même si l'interlude Genesis Revisited était ô combien bienvenu, c'est avec anticipation mais aussi un peu de crainte d'une illusoire déception qu'on glisse la galette argentée dans le tiroir prévu à cet effet.
Première douloureuse constatation, avant que la moindre note ne soit jouée, la pochette est d'une hideur inhabituelle dans le catalogue du flegmatique guitariste anglais. Mais puisque, comme on dit, qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse, le juge de paix se prononcera à l'écoute de ce que ce fringuant sexagénaire a bien pu nous pondre cette fois-ci. Ce qui nous amène à la seconde constatation, Hackett, libéré de l'obligatoire fidélité à un matériau qui n'était pas que sien (le long interlude du Genesis Revisited deuxième du nom et les deux live qui suivirent, avec un excellent groupe confectionné pour la commémorative occasion, ceci dit en passant) a des envies d'ailleurs, d'une variété toute sienne qui démarque notablement son œuvre de celle qu'il commit avec les boys de Charterhouse. C'est évident sur de longues pièces où il développe des thèmes mélodiques et lyriques qu'on n'imaginerait pas venir de qui que ce soit d'autre (Wolflight et ses flaveurs orientales bienvenues, un monstre de composition prog jouant sur l'alternance entre le calme et intime et le plus mouvementé et magistral, Love Song to a Vampire à la jolie mélodie douce-amère et aux crescendo évoquant plus King Crimson que son ancienne maison tout en étant absolument du Hackett, pas le moindre doute là-dessus, The Wheel's Turning où le blues vient salutairement "rooter" une épopée progressive orchestrale du plus bel effet, et Black Thunder où le Delta du Mississippi rencontre Led Zeppelin dans la cathédrale construite par Steve et ses acolytes), ça l'est aussi sur moult des pistes plus ramassées (Loving Sea en pop song à la Yes bien troussée, l'orientalisant Dusk and Dreams au groove aussi inhabituel que convaincant) même si on n'évite pas, et tant mieux, quelques obligatoires du répertoire de l'anglais (du romantique éthéré avec Corycian Fire, de la guitare acoustique néoclassique avec Earthshine, toutes deux de belle facture, signalons-le). Hackett, donc, n'essaye pas de capitaliser sur l'élan nostalgique qu'il a provoqué mais revient à ce qu'il sait faire de mieux, du Steve Hackett où, tout du long de l'opus, on peut juger des étonnantes capacités, de la polyvalence de l'arsenal d'un instrumentiste authentiquement exceptionnel.
Pour résumer ? Si Wolflight n'est définitivement pas le plus grand accomplissement de la carrière solo de Steve Hackett, c'est indéniablement un bon cru avec une production parfaite pour le genre, une équipe réunie, que des pointures, la plupart collaborant depuis longtemps avec le maître de cérémonie, au diapason d'une belle et franche réussite que les amateurs de rock progressif entre tradition et modernité ne voudront surtout pas manquer et rangeront aux côtés d'excellents Guitar Noir, Darktown ou Wild Orchids où il trouvera admirablement sa place.

1. Out of the Body 2:29
2. Wolflight 8:00
3. Love Song to a Vampire 9:17
4. The Wheel's Turning 7:23
5. Corycian Fire 5:46
6. Earthshine 3:20
7. Loving Sea 3:22
8. Black Thunder 7:32
9. Dust and Dreams 5:33
10. Heart Song 2:51

Steve Hackett: guitars (all tracks), banjo (8), oud (5, 9), tiple (7), harmonica (4, 8), percussion (1, 4, 7), vocals (2-5, 7, 8, 10)
Roger King: keyboards (all tracks), programming (all tracks)
Nick Beggs: bass (all tracks except 3), Chapman Stick (8)
Chris Squire: bass (3)
Gary O'Toole: drums (1-5, 8)
Hugo Dagenhardt: drums (9, 10)
Rob Townsend: sax (4, 8), duduk (5)
Christine Townsend: violin (1-4, 8), viola (1-4, 8)
Amanda Lehmann: vocals (2-4, 8)
Jo Hackett: vocals (4)
Malik Mansurov: tar (2)
Sara Kovács: didgeridoo (2)

ROGER KING

5 commentaires:

  1. Hackettology: Steve par 11

    Quiet World "The Road" (1970)
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    Genesis "Nursery Cryme" (1971)
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    Steve Hackett "Voyage of the Acolyte" (1975)
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    Genesis "Wind & Wuthering" (1977)
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    Steve Hackett "Defector" (1980)
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    GTR "GTR" (1986)
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    Steve Hackett "Guitar Noir" (1993)
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    John & Steve Hackett "Sketches of Satie" (2000)
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    Steve Hackett "Wild Orchids" (2006)
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    Squackett "A Life Within A Day" (2012)
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    Steve Hackett "Wolflight" (2015)
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  2. Génial.. dans l'arborescence Genesis j'ai des grosses lacunes en Hackett, je sais pas pourquoi (Rutherford Banks aussi mais là je sais pourquoi).. va falloir que je m'y attarde un peu.

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    1. Banks, tu as partiellement tort, Rutherford, son premier mérite largement le détour. Sinon, avec Peter Gabriel, Hackett est l'indéniable champion des carrières solo des membres de Genesis, comme démontré ici. Enjoie tes découvertes !

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  3. Je vais réécouter ces deux Genesis (je connais le premier mais pas le second). Pour le reste, ben, je préfère continuer à découvrir The Lamb Lies Down on Broadway que j'explore petit à petit.

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    1. C'est dommage parce qu'Hackett, sur Voyage of the Acolyte, Defector ou Wild Orchids en ce qui concerne ce long billet, vaut presque autant seul qu'avec ses ex-copains de jeu. Un jour, peut-être...

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