dimanche 27 juillet 2014

Où le Zornophage fait amende honorable

Hé oui, une deuxième chronique pour le nouvel album de Judas Priest... Il fallait !

Judas Priest "Redeemer of Souls (Deluxe Edition)" (2014)
ou "Aux sources du Metal"


Tout émoustillé par le retour à un heavy metal bien burné, je m'étais laissé emporter par mon enthousiasme dans le billet initialement posté sur la foi de deux écoutes seulement, il n'est pas inutile de le préciser. Ceci dit, le recul critique et les écoutes répétées me permettent désormais de le dire : Redeemer of Souls, loin d'être un mauvais album, souffre de quelques handicaps privant l'auditeur du réel bonheur qu'il était en droit d'attendre de ces retrouvailles "testostéronées".

Le premier, et le seul auquel on ne peut réellement rien faire, vient de la production. Manquant de clarté et de puissance, particulièrement dans le traitement de guitares trop souvent noyées dans le mix, elle empêche de pleinement apprécier les globalement bonnes compositions habitant l'album. Venant d'un groupe aussi expérimenté que Judas Priest, on frise là la faute professionnelle.
Le second, par contre, sera facilement résolu. Il s'agit en l'occurrence de régler leur compte à quelques compositions qu'on qualifiera pudiquement de remplissage. Néanmoins, en excisant précautionneusement celles-ci, on se retrouve facilement avec un opus à classer au niveau d'un Angel of Retribution  ou d'un Ram It Down, tous deux des albums mineurs d'une formation légendaire, sympathiques néanmoins.
Parce que s'il est un bonheur qui reste entier, c'est d'entendre évacuées les prétentions conceptuelles et la mollesse d'un Nostradamus qui, lui, malgré quelques sursauts, était indigne du groupe et de son statut de légende vivante du heavy metal. Concrètement, ce premier opus sans l'élément blond de la paire guitaristique (K.K. Downing, démissionnaire inattendu présentement remplacé par son quasi-clone, Richie Faulkner) marche donc dans les pas des classiques passés de Judas Priest. Avec, donc, d'excellentes chansons où, c'est entendu, Rob Halford n'atteint plus ses prodiges d'antan sans pour autant démériter (à 62 ans, tout de même !), où la paire de six-cordistes revisite les riffs et soli/duels dont la précédente incarnation était coutumière, où la section rythmique assure comme il faut pour le genre de musique pratiqué.
Des exemples ? Dragonaut, mid-tempo d'ouverture tout à fait typique du style Judas Priest avec son gros riff bien senti, la mélodie de chant accrocheuse de Rob Halford et, évidemment, un duel de guitare qu'on jurerait que K.K. Downing n'a pas quitté le navire. Redeemer of Souls, morceau titre qu'on croirait sorti des sessions d'un Sin After Sin revu et corrigé à l'aulne du power metal qui, sans être exceptionnel, possède ce groove métallisé qui vous fera souffrir les cervicales et un refrain à vous casser les cordes vocales lors des prochaines prestations scéniques du quintet. Halls of Valhalla où le groupe met pour la première fois le turbo (modéré) et démontre quelques petites inflexions presque progressives pas désagréables et où Halford sort quelques vocalises aigües (si moins qu'avant, donc) de celles qui avaient fait sa réputation de Metal God. Sword of Damocles qui se permet même un petit décrochage tout en légèreté avant de relancer l'artillerie lourde et les soli en duo. Un peu plus loin, quelques cris de guerre certes un peu convenus, Hell & Back, Metalizer ou Crossfire, viennent relancer une machine en voie d'assoupissement créatif, c'est de Judas Priest sur-classique dont il s'agit ça n'apporte donc pas grande eau à leur moulin, mais ça fait son petit effet d'autant que les mélodies y sont accrocheuses, ce n'est déjà pas si mal. Last but not least, pour l'édition standard, vient  Battle Cry , un des tous meilleurs morceaux de l'album, qui a tout d'un hymne comme le Priest seul réussit à en produire.
Le reste est du pur remplissage, pas exactement mauvais (quoique Beginning of the End, ballade mollassonne et téléphonée...), juste un peu inutile et ennuyeux. Et c'est un peu le problème de l'album et de ses auteurs, outre la production crapoteuse, n'avoir pas su choisir le bon grain de l'ivraie et nous livrer, par conséquent, une œuvre longuette et inégale là où une sélection oldschool (une dizaine de titres et bonne quarantaine de minutes) aurait été largement suffisante. Impression encore renforcée pas un disque bonus où seul Tears of Blood, plus hard-rockant que réellement metal mais bien troussé, sort réellement du lot.

Clairement, Redeemer of Souls n'est pas une daube, ce n'est pas pour autant le grand retour que tous les amateurs du Priest étaient en droit d'espérer six ans après son prédécesseur. L'album fera sans nul doute plaisir à la majorité des fans qui n'auront pas tort de se réjouir, mais n'en gagnera pas de nouveau, ce qui n'était audiblement pas son but de toute manière, ça n'en reste pas moins une galette sympathique qu'on aurait tellement voulu mieux mise en son, tellement ! Quand à l'abondance de biens, à chacun de faire son tri.


Album
1. Dragonaut 4:26
2. Redeemer of Souls 3:58
3. Halls of Valhalla 6:04
4. Sword of Damocles 4:54
5. March of the Damned 3:55
6. Down in Flames 3:56
7. Hell & Back 4:46
8. Cold Blooded 5:25
9. Metalizer 4:37
10. Crossfire 3:51
11. Secrets of the Dead 5:41
12. Battle Cry 5:18
13. Beginning of the End 5:07
Bonus
1. Snakebite 3:14
2. Tears of Blood 4:19
3. Creatures 4:25
4. Bring It On 3:18
5. Never Forget 6:25
(les extraits choisis sont ma sélection perso)


Rob Halford – vocals
Glenn Tipton – guitar, synthesizer
Richie Faulkner – guitar
Ian Hill – bass guitar
Scott Travis – drums

2 commentaires:

  1. 1ère écoute et effectivement c'est du 100% pur Priest !
    Il y a de très bonnes compos (Dragonaut, Down in flames, Battle cry et Tears of blood en bonus), de bonnes compos (Redeemer, Valhalla, Damocles, Metalizer, March of damned) et le reste plus les 4 autres des bonus plutôt moyennes !
    Le bluesy Crossfire est une bonne idée mais la mélodie est trop convenue !
    Hell & Back, Cold blooded et Secrets of dead mid tempos repetitifs pas transcendants.
    J'aime bien la ballade Beginning of the end (pas exceptionnelle mais sympa).
    Ok Halford n'a plus la puissance de Painkiller et Vengeance mais ca reste toujours du grand Rob avec ses lignes de chant souvent accrocheuses comme l'était Dio !
    Je range aussi cet album à coté de Retribution, Ram it down et les meilleurs titres de Nostradamus !
    Ils ont plutot réussi leur retour tout comme Sabbath avec son 13 (mais les bonus du Sabb sont nettement meilleurs !).
    Reste à voir avec le temps et les écoutes...

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    Réponses
    1. Moins bien réussi que 13, nettement moins bien.
      Sinon, un album correct, 2/3 de chansons de qualité, avec une production indigne d'un groupe tel que Judas Priest. A quand le remaster ?

      Merci de ton commentaire Mr. Fu !

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