Brian May "Back to the Light" (1992)
ou "Détrôné mais pas vaincu"
Brian May le dit lui-même, Back to the Light était sa façon de ne pas sombrer dans une fatale dépression suite aux disparitions successives de son père (qui conçut avec lui sa "signature guitar") et de Freddie Mercury. Se plonger dans le travail pour éviter de se noyer dans les larmes : un exutoire efficace pour l'élégant axeman de Queen.
Et, il faut avouer, l'album n'est pas mal du tout. Pas exempt de ressemblances avec son groupe historique non plus. Ce qui n'est que logique, me direz-vous, l'importance de la "touche May" chez la Reine n'ayant échappé à personne. Ainsi, outre les rifferies et soli habituels, retrouve-t-on d'autres éléments marquants du "son Queen" : refrains chorales quasi-opératiques, mélodies accrocheuses entre pop, hard rock et stadium rock, arrangements au cordeau enrichissant la performance, etc. Evidemment, il y a aussi des différences parce May n'est pas Mercury vocalement mais aussi parce que, guitariste de son état, il centre sa musique sur son instrument et sa capacité de le rendre émouvant et toujours supra-mélodique, ça va sans dire mais disons-le quand même.
Côté compositions, ça se traduit par une jolie collection où aucun titre ne déçoit même si certains convainquent plus que d'autres. Des exemples ? Back to the Light, rocker mid tempo au refrain si Queenesque qu'on s'y croirait presque. Resurrection, puissant et racé où May nous désosse les feuilles à grands coups de guitares tranchantes qui, pour le coup, rappellerait plus le Rainbow du début des 80s. Too Much Love Will Kill You, repiqué version Mercury pour Made in Heaven (et initialement prévu pour The Miracle), ballade péri-orchestrale toute en émotion. Driven by You et I'm Scared, deux hard rock mid-tempo comme savait en faire qui vous savez. Last Horizon, instrumental où May démontre, entre prodiges instrumentaux et émotion, le fantastique six-cordiste qu'il est et combien son "trademark sound" est inimitable. Let Your Love Rule Your Head et ses effluves country rock du meilleur effet. Oui, vraiment, une belle collection d'autant que le reste, plus anecdotique mais néanmoins éminemment sympathique, s'écoute avec un vrai plaisir.
Evidemment, le fantôme de Freddie est souvent présent sur la galette tant et si bien qu'on se demande régulièrement ce qu'il serait advenu de ces titres traités par la Reine. Ca n'en amoindri nullement le plaisir d'un album salvateur pour son compositeur et fondamentalement très réussi.
1. The Dark 2:20
2. Back to the Light 4:59
3. Love Token 5:55
4. Resurrection 5:27
5. Too Much Love Will Kill You 4:28
6. Driven by You 4:11
7. Nothin' But Blue 3:31
8. I'm Scared 4:00
9. Last Horizon 4:10
10. Let Your Heart Rule Your Head 3:51
11. Just One Life 3:38
12. Rollin' Over 4:36
Brian May - tout sauf...
Cozy Powell - batterie (2, 3, 4, 7, 8)
Goeff Dugmore - batterie (10, 12)
Gary Tibbs - basse (2, 10, 11, 12)
Neil Murray - basse (3, 8)
John Deacon - basse (7)
Suzie O'List, Gill O'Donovan - chœurs (10)
Mike Moran - piano (3, 12), claviers (9)
Don Airey - claviers additionnels (4, 7)
Brian May "Live at the Brixton Academy" (1994)
ou "In vivo veritas"
Compagnon live du Back to the Light paru à peine deux ans plus tôt (on y retrouve en effet 7 des 12 titres de l'album), Live at the Brixton Academy, et la tournée pendant laquelle il fut enregistré, étaient surtout, pour Brian May, l'occasion de reprendre sa profession de "stage rocker" abandonnée suite au Magic Tour de la Reine du fait des problèmes de santé de Freddie Mercury.
En l'occurrence, entouré d'un groupe solide comprenant, entre autre, l'immense et regretté Cozy Powell à la batterie, le bassiste "qu'on a déjà vu partout" Neil Murray, le claviériste additionnel des dernières tournées de Queen (Spike Edney), May chante à s'en époumoner, gratte à s'en râper les doigts avec une conviction et une énergie qui font plaisir à entendre. Et puisqu'on parle du chant de Brian évacuons pronto l'éléphant dans la pièce : indéniablement, Brian n'est pas Freddie, ses capacités vocales sont infiniment moindres ce que regretteront certains à l'écoute du live. Fi ! Ce que le guitariste perd en puissance et clarté, il le rattrape aisément dans l'émotion palpable avec laquelle il délivre ses lignes bien secondé, il faut dire, par deux choristes particulièrement efficaces.
Côté répertoire, forcément, outre les morceaux de son album solo, May emprunte au catalogue de sa formation historique avec des résultats qui, encore une fois, sont loin de l'indignité malgré une performance vocale "à l'arrache". Et pas que des hard rockers en plus puisque, hommage ultime à son défunt compagnon, il entonne avec l'assistance transie d'un public gagné d'avance la belle ballade Love of My Life. Ou accouple un '39 au très compatible Let Your Love Rule Your Head en une sympathique doublette roots'n'rock. Il nous offre aussi la première version live du Headlong d'Innuendo.
Dispensable ce Live at the Brixton Academy ? Aucunement ! Un vrai plaisir même que de retrouver Brian dans son élément avec une tracklist équilibrée entre passé et présent. Pas parfait certes (c'est du live !) mais vraiment vraiment (oui, deux fois !) sympathique et donc chaudement recommandé aux adorateurs de l'homme à la guitare rouge et de son Royal groupe.
1. Back to the Light
2. Driven by You
3. Tie Your Mother Down
4. Love Token
5. Headlong
6. Love of My Life
7. '39/Let Your Heart Rule Your Head
8. Too Much Love Will Kill You
9. Since You've Been Gone
10. Now I'm Here
11. Guitar Extravagance
12. Resurrection
13. Last Horizon
14. We Will Rock You
15. Hammer to Fall
Brian May - chant, guitare
Cozy Powell - batterie
Neil Murray - basse
Spike Edney - claviers, chœurs
Jamie Moses - guitare, chœurs
Cathy Porter, Shelley Preston - chœurs
Je vais revenir avec le reste des titres. J'ai cet album (le studio) pris par curiosité mais sans +. Ta chronique me pousse à écouter ta sélection puisqu'on est en plein Queen, c'est le moment.
RépondreSupprimerLe premier titre que tu conseilles sonne comme un Meat Loaf. Et j'aime Meat Loaf. Quel différence? Je constate en fait que malgré tout QUEEN a toujours échappé à la tiquette ROCK FM, le truc américanisé et pas forcément mauvais, mais le fait est qu'ils n'ont pas exploité ce "son" ou bien l'ont bien QUUENisé.
A suivre
Back to the Light est quand même moins pompeux que du Meat Loaf, voyons.
SupprimerLe truc qui a toujours séparé Queen du rock FM c'est qu'à l'attirance variété du style, ils substituent l'héritage pop anglais, ça fait toute la différence.
Moins pompeux, mais surtout beaucoup plus raffiné. So british, quoi! Rien de gratuit ni de facile dans sa façon de construire un morceau, fut-il le plus simple. C'est tout simplement SON talent, et non pas une armada de compositeur/arangeur/arnaqueur à la sauce américaine. J'ai rien contre le rock FM, on y trouve de bien belles choses, mais pour moi, le "quartier de viande" sent le fabriqué à outrance, la big production; c'a a marché, tant mieux, mais où est la sincérité la d'dans?
SupprimerJe crois Meat Loaf sincère mais je peux me tromper... Brian May est évidemment plus fin et même plus fin sur cet album solo que son groupe lors de ses derniers ébats (sauf peut-être Innuendo).
SupprimerAIE, la dépression est surtout du à la coupe de cheveux non?!
RépondreSupprimerC'est pas joli joli de se moquer des troubls capilaires de Brian. Franchement, tu me déçois !
Supprimer;-)