vendredi 20 mai 2016

1966 par 12 (12 mois 12 albums)

Et si les 70s avaient commencé en 1966 ? Parce qu'à y regarder de plus près, tous les germes des expérimentations à venir, tous les excès qui iront avec, aussi, sont déjà présents dans cette sélection qui, mois par mois, avec des trous immenses forcément ! (et, oui, il n'y a pas Pet Sounds, mais il y a Blonde on Blonde du coup, faut choisir !) vous fait le menu d'une année qui a compté. Enjoie !

JaNVieR
Simon & Garfunkel "Sounds of Silence"
ou "Le Silence est d'Or"

16 mois après un premier album mal assuré mais déjà plein de promesses, Wednesday Morning 3 AM, le duo folk composé de Paul Simon et Art Garfunkel remet le couvert, d'énormes ambitions en tête. Il faut dire que leur genre, un folk feu de camp destinée, qu'ils le veuillent ou non, à une jeunesse middle-class blanche, a le vent en poupe et que Paul, le compositeur du duo, a les chansons alors, pourquoi se priver ? De fait il y a du "au bon endroit au bon moment" dans la success story de ces deux new-yorkais. Mais il y a aussi, surtout !, un vrai beau talent qui s'exprime présentement dans un cadre plus résolu et professionnel sans y perdre en passion, bravo, et évidemment la communion de deux voix qui se complètent et se soutiennent à merveille. Alors, certes, certains, les plus puristes sans doute, regretteront l'innocence audible de leur inaugural long-jeu mais, à l'image de la version retravaillée de The Sound of Silence, celle qui passera à la postérité, ce qu'on perd en charme juvénile, on le gagne nettement en qualité audiophile et en arrangements précieux tirant le duo vers une pop-folk parfois même un peu rock (comme sur Richard Cory) qui lui va admirablement en teint. Et puis, The Sound of Silence, l'album, c'est aussi la véritable éclosion de Simon le songwriter d'exception, lui qui a si notablement affiné son écriture en, finalement, peu de temps. Bien-sûr, Simon & Garfunkel feront mieux (ha! ces deux derniers albums dont on continue de regretter qu'ils n'aient pas connus de suite...) mais c'est là, en janvier 1966, que commence la grande histoire d'un duo devenu mythique, à raison.

1. The Sound of Silence 3:08
2. Leaves That Are Green 2:23
3. Blessed 3:16
4. Kathy's Song 3:21
5. Somewhere They Can't Find Me 2:37
6. Anji 2:17
7. Richard Cory 2:57
8. A Most Peculiar Man 2:34
9. April Come She Will 1:51
10. We've Got a Groovy Thing Goin' 2:00
11. I Am a Rock 2:50
Bonus
12. Blues Run the Game 2:55
13. Barbriallen (Previously unreleased) 4:06
14. Rose of Aberdeen (Previously unreleased) 2:02
15. Roving Gambler (Previously unreleased) 3:03

Paul Simon: lead vocals, guitar
Art Garfunkel: lead vocals
Fred Carter, Jr.: guitar
Larry Knechtel: keyboards
Glen Campbell: guitar
Joe South: guitar
Joe Osborn: bass guitar
Hal Blaine: drums
&
"The Sound of Silence" (electric overdubs personnel)
Al Gorgoni: guitar
Vinnie Bell: guitar
Joe Mack: bass guitar

PAUL SIMON & ART GARFUNKEL

FéVRieR
John Coltrane "Ascension"
ou "High in the Sky"

Il y a A Love Supreme, il y a Om, et puis il y a Ascension, le déroulé des trois est la montée d'un Coltrane vers une musique de plus en plus impressionniste, de plus en plus spirituelle, aussi. Présentement, un peu plus d'un an avant sa disparition, Coltrane est entré de plein pied dans sa phase la plus prospective, celle où il finit d'abandonner tous les codes du jazz classique, celle où on l'imaginerait plus volontiers partager l'affiche avec un Terry Riley ou un Karlheinz Stockhausen, celle d'une musique à la fois intellectuelle et trippante qui n'est définitivement pas pour tous. Concrètement, on peut dire que Coltrane reprend la construction de My Favorite Things (le thème ouvre et ferme, les soli divers et variés en sont le développement) en la poussant dans ses derniers retranchements sur un thème recyclé de l'Aknowledgement de A Love Supreme, et dans deux versions !, celle préférée par le leader (Edition II, le première enregistrée des deux) et celle que choisit son label, Impulse!, pour l'album originel mais qui fut prestement évacuée, remplacée qu'elle fut par sa quasi-jumelle. Présentement, c'est à vous de choisir (ou de ne pas) sur l'édition cd proposant les deux que, franchement, j'ai du mal à départager. Et donc, voilà, Ascension , et son line-up à faite baver d'envie (Hubbard, Shepp et Sanders ensembles, rien que ça !) est un disque révolutionnaire, un disque qui se défie souvent de la mélodie, un disque qui ne cherche aucune à choyer l'auditeur mais plutôt à l'entraîner avec lui dans un monde différent où les codes habituels ont été révoqués, repoussés, annihilés. Est-ce que c'est bon ? Évidemment !, mais réservé à un public averti, tout de même.

1. Edition II 40:49
1.(Opening Ensemble)
2.Coltrane solo (3:10–5:48)
3.(Ensemble)
4.Johnson solo (7:45–9:30)
5.(Ensemble)
6.Sanders solo (11:55–14:25)
7.(Ensemble)
8.Hubbard solo (15:40–17:40)
9.(Ensemble)
10.Tchicai solo (18:50–20:00)
11.(Ensemble)
12.Shepp solo (21:10–24:10)
13.(Ensemble)
14.Brown solo (25:10–27:16)
15.(Ensemble)
16.Tyner solo (29:55–33:26)
17.Davis and Garrison duet (33:26–35:50)
18.(Concluding Ensemble)
2. Edition I 38:30
1.(Opening Ensemble)
2.Coltrane solo (4:05–6:05)
3.(Ensemble)
4.Johnson solo (7:58–10:07)
5.(Ensemble)
6.Sanders solo (11:15–13:30)
7.(Ensemble)
8.Hubbard solo (14:53–17:50)
9.(Ensemble)
10.Shepp solo (18:55–21:40)
11.(Ensemble)
12.Tchicai solo (23:11–24:56)
13.(Ensemble)
14.Brown solo (26:23–28:31)
15.(Ensemble)
16.Tyner solo (29:39–31:36)
17.Davis and Garrison duet (31:36–33:30)
18.Jones solo (33:30–33:55)
19.(Concluding Ensemble)

John Coltrane — tenor saxophone
McCoy Tyner — piano
Jimmy Garrison — bass
Elvin Jones — drums
Freddie Hubbard — trumpet
Dewey Johnson — trumpet
Marion Brown — alto saxophone
John Tchicai — alto saxophone
Pharoah Sanders — tenor saxophone
Archie Shepp — tenor saxophone
Art Davis — bass

JOHN COLTRANE

MaRS
Love "Love"
ou "Love Is All You Need"

Il y a quelque chose de révolutionnaire chez Love. Et pas seulement parce qu'ils prônent la paix et l'amour dans une Amérique plus que jamais guerrière, pas seulement non plus parce qu'ils sont de toutes les couleurs alors que la ségrégation est encore dans toutes les têtes et sa disparition une lutte toujours d'actualité, et certainement pas, même s'il faut le noter, parce qu'ils ont un des premiers groupe de rock à avoir les honneurs d'un label jusque là dédié à la folk music, Elektra... Non, ce qu'il y a de révolutionnaire chez Love, et qui du coup nous fait dire qu'on tient là l'archétype du groupe maudit, de ceux qui n'ont absolument jamais eu le succès qu'ils méritaient malgré leur indéniable qualité et un beau retentissement critique, c'est bel et bien parce qu'ils sont des quelques avant-gardistes à commencer à développer ce qui ne tardera pas à faire florès sous le nom de rock psychédélique. Évidemment, on y sera nettement plus franchement sur leur opus à venir 8 courts mois plus tard, Da Capo, mais déjà, et pas seulement pour la partie de guitare que Syd Barrett ira pomper de leur version du My Little Red Book de Burt Bacharach (présentement détourné pour faire allusion à Mao Zedong, dans une Amérique tout juste sorti du maccarthysme mais pas de la guerre froide, il faut oser) pour alimenter son Interstellar Overdrive, pour tous ces petits détails ici encore ancrés dans le folk et le garage rock marquant déjà les contours du genre. Bref, avec de bonnes chansons, dont un Hey Joe que tout le monde semble vouloir reprendre (des Byrds, aux Standells en passant par les Surfaris et autres Leaves) sur lequel Love fait le meilleur boulot, c'est déjà un album ô combien recommandable à tous les amateurs de rock 60s, encore plus en considérant que versions mono et stéréo et deux bons bonus sont disponibles sur cette version excellemment remasterisée. Tout ça nous fait ? Un immanquable, assurément.

Mono Mix
1. My Little Red Book 2:38
2. Can't Explain 2:41
3. A Message to Pretty 3:13
4. My Flash on You 2:09
5. Softly to Me 2:57
6. No Matter What You Do 2:46
7. Emotions 2:01
8. You I'll Be Following 2:26
9. Gazing 2:42
10. Hey Joe 2:42
11. Signed D.C. 2:47
12. Colored Balls Falling 1:55
13. Mushroom Clouds 2:25
14. And More 2:57
Stereo Mix
15. My Little Red Book 2:38
16. Can't Explain 2:41
17. A Message to Pretty 3:13
18. My Flash on You 2:09
19. Softly to Me 2:57
20. No Matter What You Do 2:46
21. Emotions 2:01
22. You I'll Be Following 2:26
23. Gazing 2:42
24. Hey Joe 2:42
25. Signed D.C. 2:47
26. Colored Balls Falling 1:55
27. Mushroom Clouds 2:25
28. And More 2:57
Bonus
29. Number Fourteen 1:46
30. Signed D.C.2:46

Arthur Lee: Lead vocals, percussion, and harmonica. Also drums on "Can't Explain", "No Matter What You Do", "Gazing", "Mushroom Clouds" and "And More".
Johnny Echols: Lead guitar
Bryan MacLean: Rhythm guitar and vocals. Lead vocals on "Softly to Me" and "Hey Joe".
Ken Forssi: Bass
Alban "Snoopy" Pfisterer: Drums
&
John Fleckenstein: bass ("A Message To Pretty", "My Flash On You")
Don Conka: drums ("A Message To Pretty", "My Flash On You")

LOVE

aVRiL
The Rolling Stones "Aftermath"
ou "US Edition"

Comment ça, pas le vrai Aftermath ? Ha oui, c'est vrai, quatre chansons ont été retranchées de la version anglaise et un single (l'inusable Paint It Black) substitué, c'est un peu rude, surtout quand Mother's Little Helper, petit chef d’œuvre soit dit en passant, passe à la trappe. Visuellement, l'album se présente sous de nouveaux atours avec une jolie pochette floue en couleur et l'ordre des chansons restantes de la version UK a changé aussi, par contre, pour ce qui est du mix (est-il le même ou pas ?), j'avoue mon ignorance...Concrètement, nous sommes en 1966. Pour la première fois de leur jeune carrière (Aftermath est leur quatrième long-jeu), les Rolling Stones se sont relocalisés loin de leurs bases londoniennes, aux légendaires RCA Studios d'Hollywood, précisément. Pour la première fois (bis), tout le matériau présenté est signé des frères ennemis Jagger/Richards et, pour la première fois (ter), Brian Jones se détache de ses attaches rock et amène ses nouvelles trouvailles sonores à l'évolution du groupe. Ça n'a l'air de rien mais ça fait beaucoup de premières fois pour un groupe qui s'affranchit aussi de son approche quasi-exclusivement rock & blues et élargit son spectre. Et puis il y a les chansons. Celles que tout le monde connait (Paint It Black, Under My Thumb ou Lady Jane) et les autres qui n'ont pas à pâlir de la comparaison (même si le bluesy et jammy Goin' Home mériterait bien d'être écourté de quelques minutes). Et puis la production juste parfaite d'Andrew Loog Oldham, claire comme il se doit mais gardant un « grain » qui colle à la peau de ces quatre sales gosses et leur lippu frontman.Pour toutes ces raisons, mais surtout parce que la musique est bonne (bonne bonne bonne), Aftermath appartient à la légende du Rock. Il est de ces albums (où tout n'est pas forcément aussi connu qu'on le pense) qui se dégustent, quelque soit la circonstance, avec un égal bonheur. Incontournable, quoi. Quand à savoir s'il faut choisir l'édition UK ou US, j'accepte l'ouverture du débat dans les commentaires. En ce qui me concerne, et malgré, je le répète, la criminelle absence de Mother's Little Helper, qu'on trouve facilement autre part d'ailleurs, j'ai fait le choix de la set list la plus épurée ne serait-ce que pour le magnifique transfert digital de Paint It Black s'y trouvant mais on peut aisément plonger pour les deux !

1. Paint It Black 3:22
2. Stupid Girl 2:56
3. Lady Jane 3:08
4. Under My Thumb 3:41
5. Doncha Bother Me 2:41
6. Think 3:09
7. Flight 505 3:27
8. High and Dry 3:08
9. It's Not Easy 2:56
10. I Am Waiting 3:11
11. Goin' Home 11:13

Mick Jagger: chant, harmonica, percussions
Keith Richards: guitare, chœurs
Brian Jones: guitare (slide sur "Doncha Bother Me"), chœurs, marimbas on "Under My Thumb", cloches, Appalachian dulcimer sur "Lady Jane" et "I Am Waiting," sitar sur "Paint It Black", harmonica sur "High and Dry" et "Goin' Home", claviers
Charlie Watts: batterie, percussions, cloches
Bill Wyman: basse, cloches, orgue
&
Jack Nitzsche: percussions, piano, orgue, harpsichord
Ian Stewart: piano, orgue

THE ROLLING STONES

Mai
Bob Dylan "Blonde on Blonde"
ou "Double Blonde"

C'est un Bob Dylan au sommet de sa gloire, au summum de son inspiration aussi. C'est un Bob Dylan qui a gagné la bataille de l'électricité, trouvé un nouveau public et imposé une liberté de ton inhabituelle dans une scène folk dont il s'éloigne de plus en plus. C'est un Bob Dylan bien entouré, enfin, et donc prêt à en découdre sur une double galette noire depuis dûment entrée dans la légende, Blonde on Blonde, évidemment.Présentement, sur les talons de deux albums qui ont affiché sa notable évolution, nommément Bring It All Back Home et Highway 61 Revisited, Dylan a une pression phénoménale sur ses frêles épaules tant tout le monde ou presque s'attend à ce qu'il ne parvienne pas à maintenir l'hallucinant niveau dont il fait montre depuis le tout début de sa carrière discographique, 4 ans et demi plus tôt seulement. C'est avec un double album que le Zim' réalise son tour de force, le premier du genre dans la musique populaire destiné à un public plutôt jeune ceci dit en passant, un sacré pari relevé par un artiste dont l'inspiration ne se dément nullement. Parce qu'il faut le dire, avec un groupe évoluant de celui employé sur les deux fameuses galettes précédentes, Bob épate par les trésors qu'il est encore et toujours capable de délivrer. Des textes, bien-sûr, parce que la plume du petit gars de Duluth est une des plus sûres de son époque, des mélodies aussi parce que si Dylan n'est objectivement pas le plus grand vocaliste de la création, les limitations de son timbre n'amoindrissent en aucun cas la porté harmonique de sa production. Ainsi a-t-on droit à quelques morceaux destinés à devenir d'authentiques classiques (Rainy Day Women #12 & 35, I Want You et Just Like a Woman sur lesquels il n'est pas besoin de faire l'article) entourés d'une sélection qui, franchement, en impose. A titre informatif, on citera Visions of Johanna (une déchirante ballade), Stuck Inside of Mobile with the Memphis Blues Again (où ce diable prouve que le folk rock est aussi, encore et toujours, dans ses divines cordes), Leopard-Skin Pill-Box Hat (parce que le blues, ça compte aussi), Absolutely Sweet Marie (où Bob prouve qu'il sait aussi faire de la pop) ou Sad Eyed Lady of the Lowlands (une longue ballade dit-on dédicacée à sa chérie d'alors) mais, vraiment, c'est toutes les pistes de cette mine à chansons précieuses qui méritera votre attention pointilliste et, conséquemment, récoltera votre absolue admiration. Blonde on Blonde, c'est aussi un Bob Dylan qui brûle le cierge de son inspiration par les deux bouts ce qui ne tardera pas à annoncer des heures moins enthousiasmantes, mais pas avant d'avoir dûment exploré des racines étasuniennes traditionnelles (John Wesley Harding, Nashville Skyline) pour le magnifier. Blonde on Blonde c'est aussi, surtout !, une immanquable galette d'un artiste essentiel, mais ça, vous le saviez déjà.

1. Rainy Day Women #12 & 35 4:36
2. Pledging My Time 3:50
3. Visions of Johanna 7:33
4. One of Us Must Know (Sooner or Later) 4:54
5. I Want You 3:07
6. Stuck Inside of Mobile with the Memphis Blues Again 7:05
7. Leopard-Skin Pill-Box Hat 3:58
8. Just Like a Woman 4:52
9. Most Likely You Go Your Way And I'll Go Mine 3:30
10. Temporary Like Achilles 5:02
11. Absolutely Sweet Marie 4:57
12. 4th Time Around 4:35
13. Obviously 5 Believers 3:35
14. Sad Eyed Lady of the Lowlands 11:23

Bob Dylan – vocals, guitar, harmonica, piano
&
Bill Aikins – keyboards
Wayne Butler – trombone
Kenneth Buttrey – drums
Rick Danko or Bill Lee – bass guitar (New York)
Bobby Gregg – drums (New York)
Paul Griffin – piano (New York)
Jerry Kennedy – guitar
Al Kooper – organ, guitar
Charlie McCoy – bass guitar, guitar, harmonica, trumpet
Wayne Moss – guitar, vocals
Hargus "Pig" Robbins – piano, keyboards
Robbie Robertson – guitar, vocals
Henry Strzelecki – bass guitar
Joe South – bass guitar, guitar

BOB DYLAN

JuiN
The Mothers of Invention "Freak Out!"
ou "Zappa Alpha"

Le début de l'histoire, et quelle histoire ! Un monument pour commencer, pas moins ! Après, allez décrire la folie du truc... Et son énorme ambition évidemment ! Et voilà, les deux mamelles du "zappisme" énoncées, folie et ambition, l'une nourrissant l'autre qui nourrit l'une, etc. Après, il faut les méninges pour ça, Frank les a, et l'entourage qu'on s'est construit, ces musiciens qui pourront donner vie aux fantasmes d'un compositeur hors-norme, on appellera ça les Mothers of Invention et le collectif sera, parce que comme un peintre le fameux moustachu pourra aller y cherchez à sa guise les couleurs qu'il veut coucher sur la toile. Et la musique, me direz-vous, ça ressemble à quoi ? A rien !, ou plutôt à tout ce qui passe par le cerveau détraqué d'un génie aussi démonstratif que le sieur Zappa, une sorte de virée sur d'himalayennes montagnes russes sonores où on est bringuebalé entre rock psychédélique ou garage, jazz, avant-garde contemporaine, blues, pop, soul, musique de cartoons et, évidemment un humour souvent potache, parce qu'un génie peut aimer le son du pet et s'en réjouir en petits gloussement répétés, qui allège l'ensemble sans amoindrir l'accomplissement musical. Mais attention !, si tout semble se bousculer dans une joyeuse apparence de chaos c'est, bien-sûr, une impression trompeuse, parce que tout est pensé, forcément, affiné, affuté par un arrangeur qui sait exactement où il veut aller et qu'on suit volontiers. Bref, tout ça nous donne un disque qui réunit les adorateurs de Gentle Giant et des Stooges, de John Coltrane et des Beatles, qui réconcilie donc l'irréconciliable comme seuls les très grands savent le faire. C'est tout ça Freak Out!, et dire que ce n'est que le début de l'histoire !

1. Hungry Freaks, Daddy 3:30
2. I Ain't Got No Heart 2:35
3. Who Are the Brain Police? 3:33
4. Go Cry on Somebody Else's Shoulder 3:41
5. Motherly Love 2:45
6. How Could I Be Such a Fool 2:13
7. Wowie Zowie 2:53
8. You Didn't Try to Call Me 3:18
9. Any Way the Wind Blows 2:55
10. I'm Not Satisfied 2:38
11. You're Probably Wondering Why I'm Here 3:38
12. Trouble Every Day 5:50
13. Help, I'm a Rock 4:43
14. It Can't Happen Here 3:56
15. The Return of the Son of Monster Magnet 12:19

- The Mothers of Invention
Frank Zappa – guitar, conductor, vocals
Jimmy Carl Black – percussion, drums, vocals
Ray Collins – vocals, harmonica, cymbals, sound effects, tambourine, finger cymbals, bobby pin & tweezers
Roy Estrada – bass & guitarron, boy soprano
Elliot Ingber – alternate lead & rhythm guitar with clear white light
- The Mothers' Auxiliary
Gene Estes – percussion
Eugene Di Novi – piano
Neil Le Vang – guitar
John Rotella – clarinet, sax
Carol Kaye – 12-string guitar
Kurt Reher – cello
Raymond Kelley – cello
Paul Bergstrom – cello
Emmet Sargeant – cello
Joseph Saxon – cello
Edwin V. Beach – cello
Arthur Maebe – French horn, tuba
Motorhead Sherwood – noises
Kim Fowley - hypophone
Mac Rebennack – piano
Paul Butterfield – vocals
Les McCann – piano
Jeannie Vassoir – (the voice of Cheese)

THE MOTHERS OF INVENTION

JuiLLeT
The Byrds "Fifth Dimension"
ou "Tryp d'Oyseau"

La cinquième dimension des Oyseaux de Los Angeles ? C'est déjà, même si seulement en partie, l'un des tous premiers monuments d'un rock psychédélique qui fera florès mais n'en est, au coeur de 1966, qu'à ses premiers balbutiements. Parce que c'est aussi, pour l'autre partie, un album de folk rock comme McGuinn et Cie nous y on habitué, mais pas la moindre reprise de Bob Dylan contrairement aux deux fois précédentes. Ce n'est pas à dire que les Byrds aient tout à fait coupé le cordon, Dylan demeure une évidente figure tutélaire de leur art, juste qu'ils s'affranchissent, trouvent de nouvelles pistes, aussi. Et justement, ces nouvelles pistes sont particulièrement bien représentées par le morceau le plus risqué, expérimental et novateur de la galette, ce Eight Miles High combinant raga indien et free jazz coltranien dans le cadre d'une petite chanson de trois minutes et demie seulement (mais qui connaîtra des développements live au-delà du quart d'heure, le potentiel trippant s'exprimant) qui a elle seule, même si elle ne l'est pas, catapulte me quatuor haut, très haut au domaine des avant-gardistes qui n'en ont pas l'air et n'en sont donc que plus convaincants. Evidemment, le reste de l'album pâlit en comparaison, il est pourtant de fort belle facture avec de beaux arrangements de thèmes traditionnels (Wild Mountain Thyme et John Riley), du country rock comme ils savent si bien en faire (Mr. Spaceman), des tentations hippies également en avance sur leur temps (I Come and Stand at Every Door et surtout le What's Happeniing?!?! de David Crosby) ou du psyché rock plus classique mais fort bien réalisé (I See You). Bref, une belle collection dans laquelle on ne sera pas fâché de retrouver le morceau du moment (Hey Joe, dans une version correcte si inférieure à celles des Leaves ou de Love) ou un instrumental de remplissage (Captain Soul) parce que, franchement, le reste y est si bon que ces quelques (petits) faux-pas ne sont aucunement préjudiciables à la réussite d'un album important dans l'histoire du rock, d'un très bon album, surtout, qu'on recommande universellement.

1. 5D (Fifth Dimension) 2:33
2. Wild Mountain Thyme 2:30
3. Mr. Spaceman 2:09
4. I See You 2:38
5. What's Happening?!?! 2:35
6. I Come and Stand at Every Door 3:03
7. Eight Miles High 3:34
8. Hey Joe (Where You Gonna Go) 2:17
9. Captain Soul 2:53
10. John Riley 2:57
11. 2-4-2 Fox Trot (The Lear Jet Song) 2:12
Bonus
12. Why [Single Version] 2:59
13. I Know My Rider (I Know You Rider) 2:43
14. Psychodrama City 3:23
15. Eight Miles High [Alternate RCA Version] 3:19
16. Why [Alternate RCA Version] 2:40
17. John Riley [Instrumental] & Interview [McGuinn/Crosby] 16:53

Roger McGuinn - lead guitar, vocals
David Crosby - rhythm guitar, vocals
Chris Hillman - electric bass, vocals
Michael Clarke - drums
&
Gene Clark - vocals on tracks 7, 12, and 16; tambourine and harmonica on track 9; tambourine and vocals on track 15.
Van Dyke Parks - organ (track 1)
Allen Stanton - string section arrangement (tracks 2, 10)

THE BYRDS

aoûT
The Beatles "Revolver"
ou "Pan! En plein Cœur !"

Help avait ouvert le bal, Rubber Soul avait entériné une nouvelle liberté, Revolver enfonce le clou de Beatles toujours plus curieux de tout ce qui les entoure et peut enrichir leur musique de nouvelles flaveurs qui, l'air de rien, révolutionnent à jamais l'art de faire de la pop music... Énorme ! Énorme parce que, sans faire le menu, on a tout de même droit à la naissance de la pop baroque (Eleanor Rigby), une des toutes premières fusions avec la musique indienne (Love You To) mais, surtout, à une sacrée collection de chansons variées d'exceptionnelle qualité, une bonne habitude des Beatles plus évidente ici que dans chacun de leurs précédents opus. Car, enfin, comment résister à un Taxman nerveux idéal en ouverture (honneur pour la première et unique fois dévolu à George Harrison, c'est à signaler), au savoureusement traînant hymne à la paresse qu'est I'm Only Sleeping, à la parfaite berceuse pop d'Here There and Everywhere, au bêta mais tellement efficace chant de marins de Ringo, ce Yellow Submarine qu'on adore détester tant il vous reste gravé dans le ciboulot, la perfect pop annonciatrice de Sgt. Pepper de Good Day Sunshine, une belle ballade aux précieux arrangements (ha! ce petit cor !) telle que For No one, ce rhythm'n'blues qui fonctionne d'autant mieux qu'il s'assume blanc et hommage les inspirateurs (Got to Get You Into My Life), ou le psychédélisme encore avant-gardiste de Tomorrow Never Knows où les Beatles s'essayent, magnifiquement, pour la toute première fois ? Impossible ! Impossible parce que les mélodies, les arrangement, la production (privilégier le mono), tout flamboie, illumine de feux qui brûlent tout sur leur passage et que, c'est bien connu, une terre calcinée sera riche, et elle le fut, et pas que pour les Beatles... Parce que voilà, 50 ans après (diable !), l'effet de Revolver se fait encore et toujours sentir, c'est dire le séisme que messieurs McCartney, Lennon, Harrison, Starkey et Martin (qu'on n'oublie pas !) ont fomenté, pas même un immanquable, un album que vous avez forcément déjà... Non ?

1. Taxman 2:39
2. Eleanor Rigby 2:06
3. I'm Only Sleeping 3:00
4. Love You To 2:59
5. Here, There and Everywhere 2:25
6. Yellow Submarine 2:41
7. She Said She Said 2:37
8. Good Day Sunshine 2:08
9. And Your Bird Can Sing 2:00
10. For No One 2:00
11. Doctor Robert 2:14
12. I Want to Tell You 2:29
13. Got to Get You into My Life 2:29
14. Tomorrow Never Knows 2:57

John Lennon – lead, harmony and backing vocals; rhythm and acoustic guitars; Hammond organ, harmonium; tape loops, sound effects; tambourine, handclaps, finger snaps
Paul McCartney – lead, harmony and backing vocals; bass, acoustic and lead guitars; piano, clavichord; tape loops, sound effects; handclaps, finger snaps
George Harrison – lead, harmony and backing vocals; lead, acoustic, rhythm and bass guitars; sitar, tambura; tape loops, sound effects; maracas, tambourine, handclaps, finger snaps
Ringo Starr – drums; tambourine, maracas, cowbell, shaker, handclaps, finger snaps; tape loops; lead vocals on "Yellow Submarine"
&
Anil Bhagwat – tabla on "Love You To"
Alan Civil – French horn on "For No One"
George Martin – producer; mixing engineer; piano on "Good Day Sunshine" and "Tomorrow Never Knows"; Hammond organ on "Got to Get You into My Life"; tape loops of the marching band on "Yellow Submarine"
Geoff Emerick – recording and mixing engineer; tape loops of the marching band on "Yellow Submarine"
Mal Evans – bass drum and background vocals on "Yellow Submarine"
Neil Aspinall – background vocals on "Yellow Submarine"
Brian Jones – background vocals on "Yellow Submarine"
Donovan – background vocals on "Yellow Submarine"
Pattie Boyd – background vocals on "Yellow Submarine"
Marianne Faithfull – background vocals on "Yellow Submarine"
Tony Gilbert, Sidney Sax, John Sharpe, Jurgen Hess – violins; Stephen Shingles, John Underwood – violas; Derek Simpson, Norman Jones – cellos: string octet on "Eleanor Rigby", orchestrated and conducted by George Martin with Paul McCartney
Eddie Thornton, Ian Hamer, Les Condon – trumpet; Peter Coe, Alan Branscombe – tenor saxophone: horn section on "Got To Get You Into My Life" orchestrated and conducted by George Martin with Paul McCartney

THE BEATLES

SePTeMBRe
Bert Jansch "Jack Orion"
ou "Folkboy"

Si ses deux premiers albums avaient étalé sa jolie plume sur des albums devant tout de même beaucoup aux chansons traditionnelles qui l'avaient tant influencé, sur Jack Orion, Bert Jansch décide carrément de s'attaquer au "répertoire", grand bien lui fasse, c'est tout à notre bénéfice. D'autant que John Renbourn, son futur partenaire en duo mais aussi dans l'excellent Pentangle, le rejoint sur quatre sélections. Alors, forcément, l'instrumentation est minimaliste, guitare, banjo et voix, rien de plus, mais comme le monsieur est un précieux virtuose, de ceux qui savent ne jamais trop en faire, que les morceaux choisis sont non seulement bons mais excellemment menés, que ce soient de crépitants instrumentaux comme The Waggoner's Lad et Henry Martin, de plaisants jeux d'arpèges comme le délicat The First Time Ever I Saw Your Face, ou de belles chansons anciennes que Jansch ne cherche surtout pas à moderniser (le reste de l'opus), l'album satisfera l'amateur de folk désossée, dégraissée et fait de ce troisième album d'une carrière que l'on conseille fortement d'explorer, une jolie réussite d'album "feu de camp" chaudement recommandé.

1. The Waggoner's Lad 3:32
2. The First Time Ever I Saw Your Face 1:45
3. Jack Orion 9:50
4. The Gardener 1:40
5. Nottamun Town 4:30
6. Henry Martin 3:17
7. Blackwaterside 3:49
8. Pretty Polly 4:07

Bert Jansch - vocals, guitar, banjo
&
John Renbourn - guitar

BERT JANSCH

oCToBRe
The Kinks "Face to Face"
ou "In Your Face"

C'est une période troublée pour le groupe des frères Davis. Entre un Pete Quaife qui se blesse, démissionne puis revient, l'état d'épuisement mental et physique de Ray, des tracas légaux qui continuer de perturber l'ambiance, et encore et toujours des rapports difficiles entre deux frères pas encore énemis mais le germe est planté... Et de tout ça découle Face to Face, sont forts ces Kinks ! Parce que si le coup d'avant, The Kink Kontroversy, avait montré un groupe en pleine expansion stylistique et réel affinage d'écriture, Face to Face fait plus qu'enfoncer le clou, il cloue carrément le bec à toute la concurrence britannique (ou presque, seuls quatre fabuleux résistent encore et toujours à l'envahisseur kinksien) en sortant un des tous meilleurs albums de 1966 (où il y a pourtant matière) tous genres confondus. La recette de cette réussite ? Ne surtout pas céder à la mode, les Kinks sont une des très rares formations qui ne cèdera pas à la hype psychédélique, et continuer de creuser le même sillon d'une pop rock plus fondamentalement anglaise que la moyenne où le sucre et l'acide se marient pour le meilleur. Et des mélodies, toutes plus irrésistibles les unes que les autres avec des arrangements fins mais allant à l'essentiel (on est loin des déluges de musiciens de studio des récents albums des Beatles, par exemple, ici seul le précieux Nicky Hopkins pose vraiment son empreinte) et, évidemment, toujours la plume, plus acerbe que jamais puisque acérée par la pratique, d'un Ray Davis par encore au sommet de son art mais vraiment plus très loin. Et tout ça en 14 petites chansons et 40 trop courtes minutes, une perfection d'album rock et pop, très anglais mais à portée universelle, avec des tubes (Sunny Afternoon et Dandy) mais surtout une emballage global, pas un titre qui déçoive même quand c'est le petit frère (Dave) qui chante, qui laisse béat d'admiration pour le plus grand des groupes qu'on oublie trop souvent dans les palmarès rétrospectifs. Et dire que le meilleur est encore à venir ! Énorme, c'est le mot !

1. Party Line 2:35
2. Rosie Won't You Please Come Home 2:34
3. Dandy 2:12
4. Too Much on My Mind 2:28
5. Session Man 2:14
6. Rainy Day in June 3:10
7. A House in the Country 3:03
8. Holiday in Waikiki 2:52
9. Most Exclusive Residence for Sale 2:48
10. Fancy 2:30
11. Little Miss Queen of Darkness 3:16
12. You're Lookin' Fine 2:46
13. Sunny Afternoon 3:36
14. I'll Remember 2:27

Ray Davies – lead vocals, rhythm guitar, mellotron
Dave Davies – lead guitar, backing vocals, lead vocals on "Party Line", "You're Lookin' Fine"
Pete Quaife – bass guitar, backing vocals
Mick Avory – drums, percussion
&
John Dalton – bass guitar on "Little Miss Queen of Darkness"
Nicky Hopkins – keyboards, piano, harmonium on "Sunny Afternoon"
Rasa Davies – backing vocals on "Sunny Afternoon", "Session Man" and "Rainy Day in June"


THE KINKS

NoVeMBRe
The 13th Floor Elevators "The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators"
ou "L'ascenseur fou"

Ceux qui pensèrent avoir écouté quelques mois plus tôt, en février (l'Ascension de Coltrane) ou juin (le Freak Out! de Zappa), l'album le plus fou qu'ils leur aient été donné l'occasion de dénicher, se dirent que, décidément, 1966 était une année vraiment à part dans le monde de la musique, tellement à part qu'elle introduisait présentement le premier joueur de cruche électrique (!), un dénommé Tommy Hall membre des texans de The 13th Floor Elevators menés par un certain Roky Erickson... Pas que la musique de ces 5 zozos soit fondamentalement novatrice ou complexe, avec un cocktail combinant blues, rock (souvent garage) et folk ces gars-là n'inventent rien. Chez eux, c'est l'habillage, la façon qui change tout, ce côté "je-m’en-foutiste", cette freak attitude qui fait de chansons à la base normales (Splash 1 est une belle ballade, You're Gonna Miss Me du bon garage rock, Roller Coaster un rock bluesy plus que compétent, etc.) d'étranges odyssées psychédéliques. Évidemment, la cruche électrique de Hall n'y est pas pour rien mais c'est, surtout, la performance d'Erikson (qui, dit-on, aurait grandement influencé Robert Plant) et de Stacy Sutherland (le six-cordiste soliste de la formation, dont tous les psyché-guitaristes s'inspireront) qui font la différence. Bref, l'album est désormais inscrit au panthéon des œuvres qui comptent quelque soit leur qualité intrinsèque (elle est très belle ici) parce que, sans doute, rien n'aurait été tout à fait pareil sans elles. Et ce n'est pas cette version aux généreux bonus (l'album mono, son  pendant stéréo et quelques mixes alternatifs) qui l'infirmera, The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators est un album que tout amateur de rock musique qui se respecte se doit de posséder, parce qu'il est excellent, parce qu'il est important... Obligatoire !

CD 1 - Original Mono Album
1. You're Gonna Miss Me 2:24
2. Roller Coaster 5:00
3. Splash 1 (Now I'm Home) 3:50
4. Reverberation 2:46
5. Don't Fall Down 3:00
6. Fire Engine 3:22
7. Thru the Rhythm 3:05
8. You Don't Know 2:38
9. Kingdom of Heaven 3:05
10. Monkey Island 2:38
11. Tried to Hide 2:43

CD 2 - Original 1966 Stereo Mix 
1. You Don't Know (How Young You Are) 2:58
2. Through The Rhythm 3:08
3. Monkey Island 2:38
4. Roller Coaster 5:05
5. Fire Engine 3:20
6. Reverberation 2:48
7. Tried To Hide 2:47
8. You're Gonna Miss Me 2:31
9. Splash 1 3:53
10. Don't Fall Down 3:00
11. Kingdom Of Heaven 3:08
Bob Sullivan's Original Stereo Desk Mix 
12. Fire Engine 3:21
13. Monkey Island 2:44
14. Roller Coaster 5:04
15. Thru The Rhythm 3:03
16. Tried To Hide 2:52

Roky Erickson: Vocals, rhythm guitar
Stacy Sutherland: Lead guitar
Tommy Hall: Amplified jug
John Ike Walton: Drums, percussion

Ronnie Leatherman: Bass (2, 4-11)
&
Benny Thurman: Bass (1, 3)

THE 13TH FLOOR ELEVATORS

DéCeMBRe
Buffalo Springfield "Buffalo Springfield"
ou "Sweet Beginnings"

Il n'y aurait que la rencontre entre Neil Young et Stephen Stills, avec le destin commun et séparé que l'on sait, qu'on noterait tout de même l'importance historique de l'inaugural long-jeu de Buffalo Springfield, aimable formation folk rock nord-américaine, mais il y a la musique. Une musique forgée lors de nombreux concerts (dont sept semaines consécutives au fameux Whisky a Go Go) permettant à ces jeunes pousses d'affirmer, déjà, un style et un répertoire entièrement original, ce qui est assez rare à l'époque pour qu'on le précise. Bref, ayant décroché un contrat avec Atlantic, les cinq larrons partent en studio où, sous la tutelle de leur deux managers, Charles Greene et Brian Stone, dont on entend hélas le peu d'expérience en la matière, ils couchent amoureusement sur bande les résultats de leur dur labeur débutant. Clairement, avec sept titres pour Stills et cinq pour Young, les deux leaders créatifs de la formation sont déjà bien définis mais il manque quelque chose pour que l'album décolle, trouve enfin son public. De fait, il faudra une seconde édition (où l'essentiel For What It's Worth, sur les exactions policières contre la jeunesse du Sunset Strip venu protester de la fermeture d'un night-club, remplace l'accessoire Baby Don't Scold Me et prend même la position introductrice de la galette) pour que la mayonnaise prenne vraiment. Et le reste, comme on dit, is history... Sauf qu'il faut préciser que l'arbre, For What It's Worth donc, ne fait que cacher la belle forêt que Go and Say Goodbye est un enjoué et sympathique folk rock, que Nowadays Clancy Can't Even Sing est un bel exemple de l'écriture de jeunesse de Mister Young, que Do I Have to Come Right Out and Say It ouvre déjà la voie à la future association de messieurs Young et Stills avec messieurs Crosby et Nash, que Leave nous propose un Young bien possédé et forcément reconnaissable à la six-cordes électrique... Fondateur donc, ce Buffalo Springfield premier auquel on ne peut, en vérité, que reprocher sa mise en son franchement pas au niveau d'une épatante collection de chansons, ça en amoindrit forcément un peu le plaisir mais pas suffisamment pour qu'on ne recommande pas ces doux débuts réussis.

1. For What It's Worth 2:37
2. Go and Say Goodbye 2:23
3. Sit Down, I Think I Love You 2:34
4. Nowadays Clancy Can't Even Sing 3:28
5. Hot Dusty Roads 2:51
6. Everybody's Wrong 2:29
7. Flying on the Ground Is Wrong 2:40
8. Burned 2:18
9. Do I Have to Come Right Out and Say It 3:06
10. Leave 2:45
11. Out of My Mind 3:09
12. Pay the Price 2:36

Richie Furay - rhythm guitar, lead and backing vocals
Dewey Martin - drums, backing vocals
Bruce Palmer - bass guitar
Stephen Stills - lead guitar, lead and backing vocals, keyboards
Neil Young - lead guitar, lead and backing vocals, harmonica, piano

BUFFALO SPRINGFIELD

27 commentaires:

  1. 1966 par 12 (12 mois 12 albums)

    Simon & Garfunkel "Sounds of Silence"
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    John Coltrane "Ascension"
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    Love "Love"
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    The Rolling Stones "Aftermath"
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    Bob Dylan "Blonde on Blonde"
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    The Mothers of Invention "Freak Out!"
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    The Byrds "Fifth Dimension"
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    The Bealtes "Revolver"
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    Bert Jansch "Jack Orion"
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    The Kinks "Face to Face"
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    The 13th Floor Elevators "The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators"
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    Buffalo Springfield "Buffalo Springfield"
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  2. Beatles, Stones, Dylan, Simunkel & Garfon (!!!), tous les mammouths sont là ! Chemise sur le crapaud : Roky Erickson et ses escalators, effectivement belle année !

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    1. Comment aurai-je pu passer à côté des 13th Floor Elevators ? Impossible !

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  3. Chez nous, il y avait aussi Johnny Hallyday avec La génération perdue (Noir c'est noir, Je veux te graver dans ma vie…), Eddy Mitchell (Société anonyme…), Polnareff (La Poupée qui fait non, Love me, please love me…), Dutronc (Les play-boys, Les cactus, Et moi et moi…). Ouaih, putain d'année !!!

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    1. Dutronc et Polna avaient leurs chances, pour le reste... Mais voilà, comme tu as pu t'en rendre compte, la sélection internationale exclut déjà des fondamentaux, alors, choisir Dutronc à la place des Kinks ce n'était juste pas possible !

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    2. C'était juste à titre d'info !!!

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    3. Alors, pour info aussi, sorti de mes archives, la liste "B" de 1966, celle des recalés dont je m'occuperai peut-être un jour mais pas dans le contexte anniversaire :

      01
      Them "Them Again"

      02
      The Supremes "I Hear a Symphony"

      03
      The Monks "Black Monk Time"

      04
      Otis Redding "The Soul Album"

      05
      The Beach Boys "Pet Sounds"

      06
      The Animals "Animalisms"

      07
      The Yardbirds "Roger the Engineer"

      08
      The Paul Butterfield Blues Band "East-West"

      09
      John Coltrane "Meditations"

      10
      Jacques Dutronc "Jacques Dutronc"

      11
      Love "Da Capo"

      12
      Cream "Fresh Cream"

      Et ça en jette aussi, c'est dire la difficulté de l'exercice...

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  4. Rien que de l'excellent: tu ne t'es pas foulé!!!
    Pour le débat Stones: il faut évidemment privilégier la version U.K., puisque le groupe est anglais et que c'est l'originale, mais si les choses étaient bien faites (cela vaut pour celui-ci, comme pour les autres), les dernières rééditions proposeraient la version U.K. avec les titres différents des versions U.S. en bonus. C'est simple comme bonjour, mais comme la discographie des Stones a toujours été bordélique, il a été décidé qu'il en serait ainsi jusqu'à la fin des temps - en plus, ça leur permet de vendre, encore et toujours, plusieurs fois le même disque, ou presque.
    P.S. : attention, il y a une grosse coquille sur ton texte concernant Love (au niveau du passage sur Syd Barrett).

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    1. Ouais, c'est un gros bordel là discographie des Stones... En fait, j'ai les deux mais il était plus amusant d'écrire sur celui-ci... ^_^

      PS : Une coquille ? Quelle coquille ? ;-)

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  5. Toi aussi!! Tout le monde (les journaux) sort son 1966, le spécial Inrock est pas si mal (Jeepeedee m'a donné l'idée de l'achat même si comme d'hab a présentation était en creux) mais il y en a d'autres qui pensent que cela méritait de se pencher sur un spécial 66. Jhésite encore entre un fil comme un autre ou bien véritablement une année charnière, il y avait avant 66 et après 66?

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    1. Comme j'ai déjà fait les années en 4 en 2014 et les années en 5 en 2015, je pensais que tu t'y attendrais... Et donc, je commence les années en 6 avec 66, mais ce n'est qu'un début !
      Pas vu ni entendu parlé du spécial des Inrocks que je ne lirai de toute façon pas. Mais j'imagine très bien à quoi il peut ressembler et les albums qui y ont été sélectionnés... je suis sûr que tous les miens y sont.. Quoique, peut-être pas le Bert Jansch... Tu me diras si tu le lis.
      A+

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    2. Le coltrane y est et c'est une surprise double, Jeepeedee l'avais aussi mis sous les projo. Et 999 excuses, tu as raison, ils t'ont piqué l'idée du cinquantenaire en musique... pt'ain, 50 ans, tiens le coup jusqu'en 2024!! là j'arrive!!!

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    3. J'y serai passé en 2021... Diantre comme le temps passe vite ! :-(

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  6. Bon, pareil que les autres, sauf que ta sélection me permet de ne pas avoir d'excuse sur ce Zappa (j'ai jamais vraiment pris d'écouter le monsieur, c'est pas faute d'en avoir ici ou là d'ailleurs). Et le Bert Jansch que je ne connais pas. Sinon, c'est vrai que des années comme celle-là, y a longtemps qu'on n'en a pas eu!

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    1. Ha, oui, Zappa !
      je ne suis pas un spécialiste non plus, je m'y suis mis sur le tard, mais celui-ci est effectivement un passage obligatoire, mais Zappa fait toujours un peu peur, je peux comprendre...
      Jansch ? Juste un album de baladin, un bel album de baladin... Enjoie !

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  7. Difficile d'éviter les grands classiques une année comme celle-là, mais tu as quand même oublié l'essentiel : c'est l'année où je suis né. Après, Pet Sounds c'est un détail. Sur Dylan, je ne peux pas laisser passer : Stuck Inside... malgré son titre n'a rien de bluesy, ni dans le thème, ni dans la structure, les paroles peut-être. Pledging My Time aurait mieux servi d'exemple, ou Leonard-Skin Pill-Box Hat, seul morceau de Dylan dans lequel il joue (mal) de l'électrique en solo. Je dis ça, moi, je dis rien, tu as dû écouter le disque avant d'en parler j'imagine mais bon ;o))

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    1. Puté, mais j'avais bu ou quoi ?! Bien vu, je m'étais en effet honteusement décalé d'une piste (où j'aime d'ailleurs Dylan qui joue mal, na !) mais qui du coup met ma chronique par terre... Je vais donc amender et te remercier d'avoir corrigé cette affreuse erreur d'un album que, je te rassure, j'ai écouté de nombreuses fois mais après cette période ado et post-ado où on suit religieusement les paroles, etc. Ça n'excuse évidemment rien... Mais je suis surpris que tu sois le premier à le relever alors que la chronique fait sa deuxième apparition ici (la première était fin 2015).
      Et, non, Pet Sounds n'est pas un détail, et j'y reviendrai d'ailleurs plus dignement que dans un chapeau justificatif vite torché.

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  8. Eh oui! Un bon cru qui ne devrait pas susciter de polémiques. En plus tu as bien pris le soin de nous prévenir... Mais quand même... Pet Sounds, quoi! Pile poil le mois du 50ème anniversaire (sorti le 16 ou 17 Mai 66). Je n'aurais pas hésité à saquer des Oiseaux ou des Buffles pour ça ;-)

    - Je suis comme ta camarade Audrey, je découvre l'album de Bert Jansch, le 3ème pour mes oreilles, et j'aime vraiment bien.
    Merci, comme d'habitude (et pour les publications antérieures auxquelles je n'ai pas eu le temps de faire des commentaires)

    Oya.

    P.S: à quand un spécial Zappa (je sais que c'est vaste mais juste un petit florilège serait intéressant)?

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    1. Sauf que c'est un album par mois, le mois où chaque album est sorti, et que ce ne serait pas tombé sur les Byrds ou Buffalo Springfield mais sur le Blonde on Blonde de Dylan...
      Quand à un spécial Zappa, comme je l'ai dit à Audrey, je me suis mis tard à Frank et n'en suis pas un spécialiste, pas facile d'accoucher d'un tel théma, donc...
      Merci de ton passage, Oya.

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    2. Effectivement je n'avais pas fait attention aux mois, pourtant bien visibles... Hmmm, plus difficile mais je préfère quand même Pet Sounds pour la production et les arrangements très soignés.
      En ce qui concerne Zappa, je suis comme toi, je trouve que la discographie très fournie du bonhomme, dont je n'ai écouté que 5 ou 6 albums, est intimidante. J'ai préféré explorer celle de Captain Beefheart (et je encore loin du compte). ^-^
      à+

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    3. Tu préfères Pet Sounds, moi aussi, c'est d'ailleurs pour ça qu'il est absent de la sélection... Wait and see ! ;-)

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  9. Belle sélection, mais c'est là qu'on prend un coup de vieux...Je préfère quand il y des découvertes et là malheureusement non. A part Zappa que je connais ultra mal et prend donc, mais je ne vais surement pas swinguer là dessus...Belle année. txs Ph

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    1. Il est clair qu'on est en territoire légendaire avec donc des albums ultra-connus. Il faut dire aussi qu'il y avait alors beaucoup moins de sorties discographiques, ça joue.
      Bon Zappa ! :-)

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  10. rhhooo, quelle année !! moi qui croyais qu'il y avait rien au dessus de 1969 ;D

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    1. Tu aurais raté mon 1965 ? O_O
      http://mangemesdix.blogspot.fr/2015/02/1965-50-ans-deja.html

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  11. Si cela peut tintéresser, voici un lien d'une compile
    "d'artistes variés" prouvant d'une part que cette année 66 a été très riche, mais aussi
    qu'au niveau nouveauté ça déboulait quand même pas mal
    avec plein de choses sorties des "sentiers battus".
    Elle s'appelle: Jon Savage Presents 1966 The Year the Decade Exploded (trouvé sur exystence-
    j'espère que le lien n'est pas mort)

    http://exystence.net/blog/2016/05/12/va-jon-savage-presents-1966-the-year-the-decade-exploded-2015/

    -L.V.A-

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