C'est un club duquel les membres se seraient bien passés de faire partie, un club qui ne réunit pas que les légendes ici proposées (on y reviendra) et connut sa démarrage culte avec les disparitions rapprochées de quatre des 7 piliers du mythe. Et donc, voici, volume 1, celui de célébrités dont le sort nous aura privé de plus de merveilles, hélas.
RoBeRT JoHNSoN
Robert Johnson "The Complete Recordings: The Centennial Collection" (2011)
ou "Mystery Blue"
Une révélation ! On savait déjà tout le bien qu'il fallait penser de Robert Johnson et, à l'écoute, on se rendait bien compte qu'il s'agissait là d'un bluesman important, d'un fin guitariste aussi qui continue d'agiter les musicologues de tous crins sur un prétendu impossible autodidactisme, d'un absolu à qui veut découvrir la note bleue en fin, mais, parce qu'il y a un mais, le grésillement d'enregistrements d'un autre temps gâchait un peu le plaisir... Et puis la Centennial Colection, une révélation ! Parce qu'ici, enfin !, on peut entendre toutes les finesses de six-cordiste du diable d'homme, parce que sa voix est restaurée comme jamais et vous file de ces frissons, j'vous dit pas ! Après, évidemment, comme tout le catalogue de Robert Johnson appartient au grands classique du genre (Sweet Home Chicago, Come On in My Kitchen, Ramblin' on My Mind, Crossroad Blues ou Traveling Riverside Blues un peu plus que les autres) c'est forcément une délectation de tous les instants. Qu'on se le dise cependant, ce n'est toujours pas une version hi-fi, sans doute impossible à atteindre avec des sources si anciennes et compromises, mais une remise en son suffisamment notable et magistrale pour qu'on félicite les talentueux ingénieurs du son responsables du prodige, et qu'on conseille, sans même avoir à y réfléchir, la Centennial Edition des Complete Recordings de l'Homme qui aurait fait un pacte avec le Diable, à tous donc même à ceux qui ont déjà sa devancière. Oui, c'est à ce point !
CD 1
San Antonio Recordings
1. Kind Hearted Woman Blues 2:52
2. I Believe I'll Dust My Broom 2:59
3. Sweet Home Chicago 2:58
4. Ramblin' On My Mind 2:22
5. When You Got A Good Friend 2:37
6. Come On In My Kitchen 2:44
7. Terraplane Blues 3:00
8. Phonograph Blues 2:40
9. 32-20 Blues 2:50
10. They're Red Hot 2:58
11. Dead Shrimp Blues 2:31
12. Cross Road Blues 2:40
13. Walkin' Blues 2:30
14. Last Fair Deal Gone Down 2:38
15. Preachin' Blues (Up Jumped The Devil) 2:51
16. If I Had Possession Over Judgement Day 2:35
Alternates
17. Kind Hearted Woman Blues 2:30
18. Ramblin' On My Mind 2:51
19. When You Got A Good Friend 2:52
20. Come On In My Kitchen 2:52
21. Phonograph Blues 2:33
22. Cross Road Blues 2:32
CD 2
Dallas Recordings
1. Stones In My Passway 2:29
2. Steady Rollin' Man 2:37
3. From Four Until Late 2:24
4. Hell Hound On My Trail 2:37
5. Little Queen Of Spades 2:13
6. Malted Milk 2:22
7. Drunken Hearted Man 2:29
8. Me And The Devil Blues 2:35
9. Stop Breakin' Down Blues 2:23
10. Traveling Riverside Blues 2:40
11. Honeymoon Blues 2:18
12. Love In Vain Blues 2:18
13. Milkcow's Calf Blues 2:21
Alternates
14. Little Queen Of Spades 2:20
15. Drunken Hearted Man 2:27
16. Me And The Devil Blues 2:33
17. Stop Breakin' Down Blues 2:18
18. Traveling Riverside Blues 2:53
19. Love In Vain Blues 2:26
20. Milkcow's Calf Blues 2:18
Robert Johnson - vocals, guitar (08/05/1911-16/08/1938)
ROBERT JOHNSON |
BRiaN JoNeS
The Rolling Stones "Between the Buttons" (1967)
ou "Stones' Transition"
Controversé à sa sortie par une critique y voyant une sorte de renoncement, de compromis parce qu'il tendait vers un psychédélisme alors très en vue ou une écriture pop supra-efficace rappelant les Beatles ou les Kinks, Between the Buttons reste une manne pour ceux que les tubes des Rolling Stones fatiguent à force de trop les avoir entendus.Pour la petite histoire, et comme c'était la coutume pour nos Pierres-Qui-Roulent dans ces swinging sixties, Between the Buttons existe en deux éditions : l'américaine, comprenant les deux singles Let's Spend the Night Together et Ruby Tuesday et l'anglaise, la vraie version, sans les deux précités mais avec Back Street Girl et Please Go Home que l'audience étasunienne ne retrouvera que sur la compilation Flowers (incluant en fait une série de chansons omises par les éditions US des précédents albums du groupe).Enregistré entre les Etats-Unis et l'Angleterre, et entre Août et Octobre 1966, comme d'habitude sous le patronage de leur producteur/manager attitré, Andrew Loog Oldham, Between the Buttons voit s'effacer l'énergie primale, le ton de « sales gosses bluesants » qui caractérisait alors les Rolling Stones pour quelque chose de plus travaillé, plus mesuré. Concrètement, pas aussi essentiel qu'un Aftermath ou Out Of Our Heads (les deux qui le précèdent), Between the Buttons n'est pas non plus le ratage que certains décrivent. Déjà parce qu'un Brian Jones - de moins en moins guitariste - y instille moult instruments inattendus dans un album de la formation (accordéon, vibraphone, theremin, etc.) pour un effet plutôt convaincant. Ensuite, parce que les compositions, si elles ne deviendront jamais des piliers des set-lists du groupe (la faute à des Stones trop opportunistes et routiniers ?), sont toutes réussies. Certes, Jagger, Richards & Co poussent parfois un peu loin le bouchon, c'est notamment le cas sur le vaudevillesque Cool Calm and Collected ou le jazzy Something Happened to Me Yesterday qui restent cependant deux chansons tout à fait écoutables même si, s'éloignant sans doute trop des préoccupations habituelles du quintet, convainquent moins.Sans doute pas essentiel, sauf à vouloir mieux comprendre l'évolution des Rolling Stones, Between the Buttons est un album plus qu'honorable où une formation désormais installée et célébrée s'essaye à autre chose et le réussit souvent. Ce n'est déjà pas si mal.
1. Yesterday's Papers 2:04
2. My Obsession 3:17
3. Back Street Girl 3:27
4. Connection 2:08
5. She Smiled Sweetly 2:44
6. Cool, Calm & Collected 4:17
7. All Sold Out 2:17
8. Please Go Home 3:17
9. Who's Been Sleeping Here? 3:55
10. Complicated 3:15
11. Miss Amanda Jones 2:48
12. Something Happened to Me Yesterday 4:55
Mick Jagger: chant, choeurs, harmonica ("Cool, Calm, Collected"), percussions
Keith Richards: guitare, choeurs, bass guitar, piano, orgue et contrebasse, chant ("Connection," "My Obsession" et "Something Happened To Me Yesterday")
Brian Jones: orgue, vibraphone, glockenspiel, accordéon, harmonica ("Who's Been Sleeping Here?"), flute, percussions, kazoo, theremin, saxophone, dulcimer, harpsichord, guitare, piano, choeurs (28/02/1942-03/07/1969)
Charlie Watts: batterie, percussione
Bill Wyman: basse, percussione, contrebasse, choeurs
&
Jack Nitzsche: piano, harpsichord, percussions
Ian Stewart: piano, orgue
Nick DeCaro – accordéon
Uncredited musicians - brass and strings ("Something Happened to Me Yesterday")
BRIAN JONES |
JiMi HeNDRiX
ou "Introducing"
Que dire qui n'ait pas encore été écrit sur le monument inaugural de la trop brève carrière de James Marshall Hendrix et des deux petits anglais que Chas Chandler a déniché pour l'accompagner (pas facile, il faut de la souplesse pour suivre le félin guitariste/chanteur), cet Are You Experienced à raison légendaire ? Que dire de ce jeune black d'à peine 23 ans qui, débarqué dans les swinging sixties londoniennes, changea à tout jamais le monde de la musique ? Évidemment, si on prend les deux versions originales de l'album (celle dévolue au Monde et celle que les ricains, qui ne peuvent jamais rien faire comme tout le monde), il manque d'énormes classiques, surtout sur la version internationale où, tout de même !, Purple Haze, Hey Joe et The Wind Cries Mary ! Carrément ! Heureusement, les éditions récentes, depuis 1997 et la première génération des remasters, sauf si, fétichiste dans l'âme, vous choisissez spécifiquement la réédition d'une des deux éditions incomplètes, c'est un gros opus de 17 titres où sont réunies toutes les chansons apparaissant dans l'une ou l'autre, ouf ! Pour ajouter au bordel, on précisera que l'album connut aussi deux pochettes desquelles l'américaine (la photo ronde et son tour jaune) est assurément la plus laide... Bref, l'important est ailleurs, dans ce hard rock blues psychédélique alors unique en son genre mais qui ne tardera pas à en inspirer de nombreux. Bien-sûr, la formule du power trio en base blues qui psychédélise le répertoire n'est pas une exacte nouveauté, Cream a déjà fait le coup quelques mois plus tôt mais, élément ô combien déterminant et absolument indéniable, là où Clapton est un finalement sage disciple, Hendrix explose tout, ose tout et, surtout !, réussit tout. Et puis ses chansons sont meilleures, ça swingue plus, c'est plus sensuel... Pour les chansons, pas besoin de faire le menu, il suffit de jouer la chose pour ce rendre compte que, près d'un demi-siècle plus tard, ça tient encore furieusement bien la route et, encore mieux, en ces temps où tous les revivalismes semblent coexister, c'est encore et toujours d'une brûlante actualité. Bref, vous voyez, quand on parle d'un pareil album, d'une œuvre universellement louée pour sa qualité et son importance, on est toujours un peu dans le lieu commun, aussi, puisque nous y sommes, osons-en un de plus : Are You Experienced est un essentiel à toute collection rock qui se respecte, si vous l'avez raté (comment est-ce possible ?) il vous le faut, là, maintenant, tout de suite !
1. Hey Joe 3:33
2. Stone Free 3:29
3. Purple Haze 2:54
4. 51st Anniversary 3:18
5. The Wind Cries Mary 3:24
6. Highway Chile 3:35
7. Foxy Lady 3:22
8. Manic Depression 3:46
9. Red House 3:44
10. Can You See Me 2:35
11. Love or Confusion 3:17
12. I Don't Live Today 3:58
13. May This Be Love 3:14
14. Fire 2:47
15. Third Stone from the Sun 6:50
16. Remember 2:53
17. Are You Experienced? 4:17
Jimi Hendrix — vocals, guitars (27/11/1942-18/09/1970)
Noel Redding — bass; backing vocals on "Foxy Lady," "Fire," and "Purple Haze"
Mitch Mitchell — drums; backing vocals on "I Don't Live Today" and "Stone Free"
&
The Breakaways — backing vocals on "Hey Joe"
JIMI HENDRIX |
JaNiS JoPLiN
Big Brother and the Holding Company "Cheap Thrills" (1968)
ou "JJ's Magic"
Leur premier album sur l'indépendant Mainstream Records avait été largement handicapé par un minuscule budget et une production approximative empêchant une formation de blues psychédélique prometteuse de livrer la pleine mesure de leur talent. Un an plus tard, et après une très remarquée performance au Monterey Pop Festival, arrive un Cheap Thrills, album soutenu qu'ils sont par la major company Columbia et produit par un John Simon ayant fait ses preuves auprès du jazzman Charles Lloyd ou du folkeux canadien Leonard Cohen, une toute autre histoire en vérité, un vrai morceau de la légende de la pop music, aussi.Effectivement, présenté plus ou moins comme un live mais, en fait, enregistré en grande partie en studio (avec la notable exception de Ball & Chain provenant d'un concert au Winterland Ballroom), c'est une parfaite représentation du blues jammy et psychédélisant de du Big Brother avec, évidemment, une Janis impériale en indéniable cerise sur le gâteau. Le terreau sur lequel a poussé cette sauvage fleur électrique est évidemment blues mais le groupe, totalement dans le zeitgeist du flower power San-franciscain, pousse l'enveloppe de la vieille musique vers une freak-attitude absolument de son temps. Porté par deux morceaux phares (la passionnée reprise du Summertime du Porgy & Bess de George et Ira Gershwin et la puissante transformation d'une chanson soul un poil plan-plan en blues/rock électrique de Piece of My Heart), l'album connaîtra un énorme succès s'incrustant durablement, 8 semaines consécutives, à la tête des charts étatsuniens, ce qui n'était, à l'écoute du séminal ensemble, que justice parce que, franchement, quelle fête mes aïeux, quelle chanteuse, et quel parfait groupe pour l'accompagner dans ses éraillées vocalises ! Janis quittera bientôt ses partenaires pour se lancer dans une trop courte carrière solitaire pour les funestes raisons que vous connaissez tous. Le groupe, de son côté, tentera de survivre sans son emblématique figure de proue. Las, ni l'une (même si ses deux albums sont toujours recommandables, particulièrement l'hélas posthume Pearl), ni le groupe (qui reviendra, après une courte séparation, pour une paire d'album pas franchement affolants menés par un nouveau line-up où le trou béant laissé pas Joplin est évident), ne sauront tout à fait reproduire l'exploit. Reste cette galette magique, ce trip multicolore à dominante de bleu, typique de son époque et pourtant toujours d'une brûlante actualité, une œuvre plus que recommandée, obligatoire à la collection de tout amateur de rock/blues qui se respecte.
1. Combination of the Two 5:47
2. I Need a Man to Love 4:54
3. Summertime 4:01
4. Piece of My Heart 4:15
5. Turtle Blues 4:22
6. Oh, Sweet Mary 4:16
7. Ball and Chain 9:02
Bonus
8. Roadblock (Studio outtake) 5:31
9. Flower in the Sun (Studio outtake) 3:04
10. Catch Me Daddy (Live) 5:32
11. Magic of Love (Live) 3:58
Janis Joplin - vocals (19/01/1943-04/10/1970)
Sam Andrew - guitar, bass, vocals
James Gurley - guitar
Peter Albin - bass, guitar
Dave Getz - drums
&
John Simon - piano, Producer
JANIS JOPLIN |
JiM MoRRiSoN
The Doors "L.A. Woman" (1971)
ou "FLW"
Cela va sans dire mais il ne coûte rien de le rappeler, L.A. Woman, ultime opus des (vrais) Doors, avec Morrison donc, est un exceptionnel album où, pour la dernière fois, un des groupes les plus importants de la seconde moitié des années soixante délivre une performance ô combien recommandable en se repliant, à quelques exceptions près, sur les bases blues qui les virent débuter en 1965.Et les classiques n'y manquent pas ! D'un Changeling bluesy et entrainant à souhait au jazzy, psychédélique et habité Riders on the Storm, descendant non-officiel de The End diront certains, les raisons de s'enthousiasmer pour le répertoire, et donc de se désespérer de son caractère final, sont aussi nombreuses que le nombre de pistes. Il faut dire que les Doors, séparés de leur producteur historique, Paul A. Rothchild, se sont ici épris d'une liberté nouvellement acquise et se laissent aller à simplement jouer ce qui leur fait envie en ne se souciant que peu (voire pas) de répercussions commerciales que ceci aura. Précisons aussi qu'enregistré live en studio, à l'exception de quelques overdubs de claviers, l'album s'offre sans fard, dans le plus simple appareil musical... Et qu'est-ce que c'est bon ! Ceci dit, le sel de cette édition 40ème anniversaire, s'il vaut pour l'album d'origine ici joliment remastérisé (à partir du mix de 1971), tient aussi dans les nombreuses outtakes et quelques raretés du Cd, matériau inédit à destination de ceux qui en veulent toujours plus et qui, pour le coup, ont largement de quoi se réjouir. En l'occurrence, si les versions ne sont pas dramatiquement différentes de celles qui finiront sur l'album, elles permettent d'entendre les Doors tester d'autres configurations, des idées qui ne seront finalement pas retenues et qui valent autant pour leur valeur musicale qu'historique permettant à l'auditeur de mieux comprendre le processus créatif d'un groupe hors du commun et d'apprécier comme il se doit leurs dernières sessions.En résumé, chaudement conseillé à ceux qui n'auraient encore eu l'avantage d'y poser l'oreille, L.A. Woman 40th Anniversary Edition, attirera aussi ceux qui l'ont usé à force de trop l'écouter. Un album indispensable à quiconque aime le rock.
1. The Changeling 4:21
2. Love Her Madly 3:20
3. Been Down So Long 4:41
4. Cars Hiss by My Window 4:12
5. L.A. Woman 7:49
6. L'America 4:37
7. Hyacinth House 3:11
8. Crawling King Snake 5:00
9. The WASP (Texas Radio and the Big Beat) 4:16
10. Riders on the Storm 7:09
Bonus
11. Orange County Suite 5:45
12. (You Need Meat) Don't Go No Further 3:41
Bonus Disc
1. The Changeling (Alternate Version) 4:45
2. Love Her Madly (Alternate Version) 3:59
3. Cars Hiss by My Window (Alternate Version) 4:42
4. L.A. Woman (Alternate Version) 8:50
5. The WASP (Texas Radio and the Big Beat) (Alternate Version) 5:37
6. Been Down So Long (Alternate Version) 4:53
7. Riders on the Storm (Alternate Version) 9:11
8. She Smells So Nice 4:41
9. Rock Me 4:30
Jim Morrison: chant (08/12/1941-03/07/1971)
Bobby Krieger: guitare
Ray Manzarek: piano, orgue
John Densmore: batterie
&
Jerry Scheff: basse
Marc Benno: guitare rythmique
JIM MORRISON |
KuRT CoBaiN
Nirvana "Bleach" (1989)
ou "Au Commencement..."
Si Nevermind sera l'explosion commerciale et l'affirmation d'une nouvelle scène destinée à "tuer" ces années 80 sur-gonflées au fric et à la frime, c'est bel et bien avec Bleach, sur le label chez qui tout commença, Sub Pop, que la toute la première banderille est plantée, peut-être la toute meilleure création du Nirvana de Kurt Cobain... Parce que si Nevermind est l'impressionnante machine à charts que nous connaissons, un album qui doit beaucoup à la cohérence que lui a insufflé son producteur, le futur Garbage Butch Vig, c'est bien sur Bleach que toute la sève, toute la substance d'un trio revenant aux fondamentaux d'un (punk) rock qu'on a trop domestiqué et qui retrouve, de fait, toutes les griffes nécessaires à une juste excitation post-adolescente, mais pas illettrée pour autant. Parce qu'il est indéniable que ces trois-là, leur leader et principal compositeur en particulier, Kurt Cobain bien sûr, on une vraie culture de la musique qu'ils revisitent, une musique qui a beaucoup à voir avec certains Stooges, certains MC5 et même, moins loin d'eux que ça, d'Hüsker Dü et de Sonic Youth. Et donc présentement, sans Dave Grohl qui arrivera plus tard, sous la direction du légendaire Jack Endino, Nirvana balance sa première salve de bombes électriques avec, en ouverture typique (tout Nirvana y est ou presque) un Blew triste et colérique particulièrement bien senti bientôt suivi d'un Floyd the Barber qui doit beaucoup aux Melvins (une influence assumée de Kurt), d'un About a Girl qui montre que ces gars-là s'y entendent aussi pour pondre de la petite chanson pop désabusée, d'une reprise de Shocking Blue énergétiquement exécutée (l'orientalisant Love Buzz), d'un Negative Creep hautement colérique et du coup très impressionnant de rageuse dépression, d'un Sifting rampant, lourd et menaçant, ou d'un Big Cheese, seule composition partagée par Cobain avec son bassiste, Krist Novolesic, bruyant, maladif et pourtant distrayant... Et le reste n'est pas non plus, aussi ! Parce qu'il est indiscipliné, cru, direct, et d'une sincérité qu'il est impossible de contester, parce qu'il n'est pas de ceux qui brossent l'auditeur dans le sens du poil mais pas plus de ceux qui le violentent avec un plaisir sadique, parce qu'il est un des détonateurs d'une résurgence rock primale nécessaire, Bleach est un immanquable, tout simplement.
1. Blew 2:55
2. Floyd the Barber 2:18
3. About a Girl 2:48
4. School 2:42
5. Love Buzz 3:35
6. Paper Cuts 4:06
7. Negative Creep 2:56
8. Scoff 4:10
9. Swap Meet 3:03
10. Mr. Moustache 3:24
11. Sifting 5:22
12. Big Cheese 3:42
13. Downer 1:43
Kurt Cobain - vocals, guitar (20/02/1967-05/04/1994)
Krist Novoselic - bass
Chad Channing - drums
&
Dale Crover - drums on "Floyd the Barber", "Paper Cuts", and "Downer"
KURT COBAIN |
aMy WiNeHouSe
Amy Winehouse "Frank" (2003)
ou "Shooting Star"
Alors ? Amy Winehouse ? Une grande artiste au destin brisé ? Une junkie de plus qui n'aura pas tenu la distance, pas su "tenir son acte" (c'est vrai, la bio de Keith Richards n'était pas encore sortie...) ? Un peu des deux, forcément, sauf que, saupoudré à l'ère médiatique, la déchéance d'une bonne chanteuse de soul ne fut que plus marquante... Présentement, en 2003, Amy n'a que 20 ans mais déjà quelque expérience, elle qui vocalisa au sein du National Youth Jazz Orchesta, a été "développée" par un management persuadé de tenir là la perle rare, et a participé, hors de toute pression de quelque label que ce soit, à la création et à l’enregistrement d'un album quasi livré "clé en main" à Island Records. Bon, on sait qu'Amy désavoua la galette qu'elle avouait pourtant, dans le même temps, concédait n'avoir jamais écouté dans son entièreté... Et c'est bien dommage parce qu'il tient bien la route, ce Frank, titre choisi parce que les paroles d'Amy sont franches et qu'elle cite volontiers Sinatra dans ses influences, un peu brouillon peut-être, pas aussi parfait qu'un album de soul américaine contemporain sans doute, mais tellement plus charmant, tellement plus humain. Parce que les failles d'Amy, avec le funeste destin que l'on sait, sont aussi, certainement, ce qui fait sa force de distante petite cousine blanche de Billie Holiday, jusque dans l'autodestruction rageuse par cause de malheur. Évidemment, on n'ira pas comparer l'une avec l'autre ne serait-ce que parce qu'aux 25 ans de carrière et foultitude d'enregistrements de l'une on n'a que les 7 ans, deux albums et quelques collaborations de l'autre, pas de quoi comparer, et un contexte tellement différent aussi, sans parler du style... Parce que si des traces des influences jazz d'Amy subsistent sur la galette, c'est heureux !, c'est clairement le rhythm'n'blues qui mène le bal mais, donc, pas de ces r'n'b froids et digitaux dont sont friandes les bandes FM dégoulinantes de beats stéréotypés, quelque chose de plus organique, de plus "sang, sueur et sang", modernisé juste ce qu'il faut pour agréer avec la nouvelle génération, pas assez pour s'aliéner les puristes, un bel exercice d'équilibriste rétro-moderniste en somme. Et mené par une voix, une vraie, de celles qu'on aime ou qu'on déteste mais qu'on reconnait immédiatement, loin du méchant formatage encore. Et voilà donc, l'album des promesses brisées, le premier des deux jolis opus officiels d'une Miss Winehouse disparue trop tôt... Mon préféré des deux parce que cette innocence, ce charme débutant... Épatant !
1. Intro/Stronger Than Me 3:54
2. You Sent Me Flying/Cherry 6:50
3. Fuck Me Pumps 3:20
4. I Heard Love Is Blind 2:10
5. (There Is) No Greater Love/Teo Licks 2:08
6. In My Bed 5:17
7. Take the Box 3:20
8. October Song 3:24
9. What Is It About Men 3:29
10. Help Yourself 5:01
11. Amy Amy Amy/Outro/Moody's Mood for Love/Know You Now 11:03
Amy Winehouse – vocals, guitar (14/09/1983-23/07/2011)
21st Century Jazz – accompaniment
John Adams – organ, Rhodes
Robert Aaron – flute, saxophone
Teodross Avery – saxophone
Ian Barter – guitar
Rudy Bird – percussion, shaker
Errol Campbell – drums, percussion
Wilburn "Squiddley" Cole – drums
Commissioner Gordon – drums, effects, percussion, programming, turntables
Delroy "Chris" Cooper – bass
Tanya Darby – trumpet
Jeni Fujita – backing vocals
Vincent Henry – alto flute, alto saxophone, baritone saxophone, flute, tenor saxophone
Jimmy Hogarth – bass, drums, guitar, percussion, programming
Felix Howard – backing vocals
Stafford Hunter – trombone
Timothy Hutton – horn
Donovan Jackson – keyboards, organ, Rhodes
Gregory Jackson – bass
Bruce Purse – baritone horn, bass trumpet, flugelhorn, trumpet
Salaam Remi – drum programming, drums, electric bass, electric upright bass, organ, percussion
Matt Rowe – backing vocals, trumpet
Jeremy Shaw – guitar
Stefan Skarbek – backing vocals, trumpet
Martin Slattery – Hammond organ, horn, Wurlitzer
Earl "Chinna" Smith – guitar
Luke Smith – bass, keyboards, piano
Lenny Underwood – keyboards, piano
Richard Wilkinson – additional drums
Troy Wilson – drums
AMY WINEHOUSE |
ReNCoNTReS au SoMMeT
Brian Jones et le Sgt. Purple |
Jimi, le grand frère et la petite sœur |
The 27 Club V1: Les Sept Piliers (A-List)
RépondreSupprimerRobert Johnson "The Complete Recordings: The Centennial Collection" (2011)
- http://www38.zippyshare.com/v/BFbm4smj/file.html
The Rolling Stones "Between the Buttons" (1967)
- http://www38.zippyshare.com/v/NU5i5sm7/file.html
Jimi Hendrix Experience "Are You Experienced" (1967)
- http://www38.zippyshare.com/v/Y3ThxEmm/file.html
Big Brother and the Holding Company "Cheap Thrills" (1968)
- http://www38.zippyshare.com/v/DTIGGN8m/file.html
The Doors "L.A. Woman" (1971)
- http://www38.zippyshare.com/v/NP3SSTLM/file.html
Nirvana "Bleach" (1989)
- http://www38.zippyshare.com/v/yMv9MVqd/file.html
Amy Winehouse "Frank" (2003)
- http://www38.zippyshare.com/v/uvMLzcIL/file.html
Que des géants ! La vie de rock star a quelque chose de cruel et facétieux. C'est le cimetière des éléphants !!!
RépondreSupprimerL'enfer des illusions perdues plutôt, la série qui a frappé 1969 à 1971 a été un brutal rappel à la réalité pour toute une génération...
SupprimerJe prend avec une petite larme...
RépondreSupprimerMerci beaucoup
Et même un gros sanglot devant toutes ces promesses brisées...
SupprimerJ'aurai aimée qu'Eddie Cochran et buddy Holly en fasse partie...On aurai eu 5 ans de bonheur en +
RépondreSupprimerEt oui, sans compter sur ceux qui sont morts encore plus jeunes...
SupprimerMon ami tu racontes bien le maudit club des 27 et tu nous donnes envie de réécouter ces disques...Jim & Jimi me manquent encore au quotidien. C'est l'attachement de la jeunesse qui refuse de céder la place aux jeunes pousses qui poussent et qui bourgeonnent...et qui me lassent souvent assez vite. Merci. Ph
RépondreSupprimerCeux-là on la jeunesse éternelle pour eux, ça leur fait une belle jambe. Sinon, ça ne doit être que de la nostalgie, et la qualité des œuvres de ces messieurs/dames, évidemment.
SupprimerMerci de ton passage.
Merci d'honorer de cette façon ce triste club !
RépondreSupprimerJ'en profite pour m'enrichir de quelques mp3, 3 disques instantanés (ou instandamnés) immortels de la fin 60's, qui pourraient n'en faire qu'un : Are you between the buttons or cheap thrills experienced ?
Mais profite donc.
SupprimerEnjoie !