Le punk n'est encore qu'un bruit assourdissant hantant les caves, le rock progressif s'essouffle mais resiste encore, le hard rock triomphe et de déjà vieilles barbes ne s'en laissent pas compter... C'est ça 1976. Enjoie !
JaNVieR
Bob Dylan "Desire"
ou "Sauvé des Eaux"
On est sur la fin de la résurgence créatrice des années 70 de Bob Dylan mais, ça, on ne le sait pas encore... Concrètement, on est sur la fin du plus bel épisode créatif d'un Dylan qu'on ne retrouvera plus à aussi belle fête qu'avec Infidels, un septennat plus tard. Ici, avec les musiciens qui l'ont accompagné lors de sa tournée de l'année précédente (la Rolling Thunder Revue), c'est un Dylan à la fois typique et libre (ou peut-être typique parce que libre, depuis qu'il s'est affranchi du carcan acoustique de la folk, 10 ans plus tôt) mais surtout très inspiré. Inspiré par un boxer sur l'excellent Hurricane (pour Hurricane Carter accusé injustement de meurtre) bien complémenté par un violon celtisant et des percussions bondissantes ou un gangster sur le verbeux et passionnant Joey (pour Joey Gallo, titre critiqué pour sa présentation trop positive faite du malfrat), en plein trip sur le loufoque country rock Isis ou le joueur Mozambique (et ses rimes en "ique"), possédé par son histoire d'amour avec Sara (la déchirante ballade de clôture mais aussi One More Cup of Coffee), inspiré par le Wild West sur le tex-mex et très réussi Romance in Durango... Oui, c'est bien un Dylan en verve lyrique que propose Desire mais aussi mélodique parce que, quel album quoi ! Il faut dire qu'il a un bon groupe aussi (le violon de Scarlet Rivera est particulièrement utile) et s'est déniché un idéal alter-égo vocal en la personne d'Emmylou Harris. Et un alter-égo créatif avec le psychologue Jacques Levy que lui a présenté Roger McGuinn des Byrds qui participât à la création de quasi toutes les chansons (sauf Sara et One More Cup of Coffee, les plus personnelles de l'opus). Dylan avait-il vraiment besoin d'aide, quoiqu'il en soit, le résultat est là, un vrai Dylan classique, immanquable, indispensable pour tout ceux qui aiment le Zim', pas le plus cité de son répertoire d'ailleurs et, conséquemment, un opus sur lequel il n'est pas inutile de se pencher de nouveau, 40 ans après.
1. Hurricane 8:33
2. Isis 6:58
3. Mozambique 3:00
4. One More Cup of Coffee (Valley Below) 3:43
5. Oh, Sister 4:05
6. Joey 11:05
7. Romance in Durango 5:50
8. Black Diamond Bay 7:30
9. Sara 5:29
Bob Dylan – vocals, rhythm guitar, harmonica; piano on "Isis"
&
Vincent Bell – bouzouki
Ronee Blakley – background vocals on "Hurricane"
Dominic Cortese – accordion, mandolin
Emmylou Harris – background vocals
Scarlet Rivera – violin
Luther Rix – congas on "Hurricane"
Steven Soles – background vocals on "Hurricane"
Rob Stoner – bass guitar, background vocals
Howard Wyeth – drums, piano
BOB DYLAN |
FéVRieR
Ramones "Ramones"
ou "Faux Frères, Vrais Punks"
Un album enregistré à l'ancienne pour un groupe qui amorce une révolution dans le monde de la musique ? C'est l'éponyme des Ramones, un album qui inscrit le punk rock dans les annales. Bon, pour le coup, je vais faire comme les Ramones et filer droit au but car, enfin, quoi de plus bêta que les trois accords, la rythmique frénétique et simplette et ce chant qui a l'air de ne pas vraiment y être mais finalement si (c'est tout le charme de Joey que de ne pas être un vocaliste punk lambda) ? Hein ? Ben rien. Sauf que réussir ce machin là, dès le supra-accrocheur Blitzkrieg Bop, c'est pas si simple, c'est même en vérité très compliqué. Alors, à l'image de nos Shériffs à nous (qui leur doivent beaucoup mais le font tellement bien !), c'est dans un innocence, une naïveté inattendue que réside tout l'irrésistible succès de ces faux frères fameux. On se dit même que les early-Beatles ne sont parfois pas bien loin (I Wanna Be Your Boyfriend) sauf que l'agression électrique et la punkitude (dont il sont quand même un peu les inventeurs) ressurgit bientôt (Now I Wanna Sniff Some Glue) et ça fait un bien fou ! Parce que, souvenez-vous, en 1976 ce sont les dinosaures du prog rock et du heavy metal/hard rock qui domine le bal et que souvent ces messieurs, tout pétris de leur autosuffisance, ont des tendances à l'excès d'ambition. Et donc ça fait du bien d'entendre du rock qui sent la graisse de mob, le cuir rapé et la bière tiède, de la musique qu'on se dit qu'on pourra jouer aussi avec les potes (on ne pourra pas en fait, voir plus haut). 14 titres bien crus (et d'ailleurs crument enregistrés) plus loin, rallongés par des bonus, des démos, dans le remaster, qu'a-t-on ? Une bouffée d'air frais, de bonne chansons à reprendre en chœur sans trop se poser de question. Du punk rock tel que les anglais en feront bientôt mais ça c'est une autre histoire qui ne doit pas vous dévoyer de ce péché originel chaudement recommandé.
1. Blitzkrieg Bop 2:12
2. Beat on the Brat 2:30
3. Judy Is a Punk 1:30
4. I Wanna Be Your Boyfriend 2:24
5. Chain Saw 1:55
6. Now I Wanna Sniff Some Glue 1:34
7. I Don't Wanna Go Down to the Basement 2:35
8. Loudmouth 2:14
9. Havana Affair 2:00
10. Listen to My Heart 1:56
11. 53rd & 3rd 2:19
12. Let's Dance 1:51
13. I Don't Wanna Walk Around with You 1:43
14. Today Your Love, Tomorrow the World 2:09
Bonus
15. I Wanna Be Your Boyfriend (demo) 3:02
16. Judy Is a Punk (demo) 1:36
17. I Don't Care (demo) 1:55
18. I Can't Be (demo) 1:56
19. Now I Wanna Sniff Some Glue (demo) 1:42
20. I Don't Wanna Be Learned/I Don't Wanna Be Tamed (demo) 1:05
21. You Should Never Have Opened That Door (demo) 1:54
22. Blitzkrieg Bop (single version) 2:12
Joey Ramone – lead vocals
Johnny Ramone – lead guitar
Dee Dee Ramone – bass guitar, backing vocals, co-lead vocals in "53rd & 3rd"
Tommy Ramone – drums
RAMONES |
MaRS
Thin Lizzy "Jailbreak"
ou "Le Clan des Dublinois"
Le coup d'avant, ils ont trouvé leur son, cette fois, ils dévoilent leur tube (le seul, hélas), c'est, en peu de mots, ce qu'on pourrait dire du Jailbreak de Thin Lizzy... Ce serait trop court, évidemment. Parce que, présentement, c'est la tête sur le billot que le groupe enregistre son 6ème opus (le quatrième avec cette formation) puisque, suite aux très faibles ventes de leur deux précédentes livraisons, leur label, Vertigo, perd patience et décide que si, cette fois-ci, ces irlandais ne décollent pas, c'en est fait de leur contrat discographique. Et donc, cette fois, sous le parrainage d'un producteur soigneusement choisi, John Alcock, principalement connu pour ses collaborations au répertoire solo du Who quatre-cordé John Entwistle, Thin Lizzy a particulièrement réfléchi à ce qui, enfin, pourrait leur permettre de décoller usant même d'un claviériste pour mettre toutes les chances de leur côté sur le single potentiel qu'était alors Running Back. Évidemment, comme chacun sait, et malgré les réserves d'une maison de disque craignant l'aspect trop frontal du titre, c'est The Boys Are Back in Town qui permit ce démarrage populaire si longtemps attendu (Jailbreak est tout de même le 6ème long-jeu de la formation). Mais comme, bien entendu, rien ne se passe jamais comme on l'a prévu, si l'album fut en effet un joli succès (le seul disque d'or de Thin Lizzy outre-Atlantique), l'élan d'un Thin Lizzy au sommet de sa gloire fut brisé par, premièrement, une hépatite contractée par Phil Lynott, deuxièmement, par une blessure à la main de l'encore très jeune Brian "Robbo" Robertson résultant dans l'annulation d'une tournée américaine s'annonçant sous les meilleurs auspices. Bref, l'album et sa musique, on y vient enfin !, est le plus "tight"' des jeunes années de Thin Lizzy, au regret d'ailleurs de sa paire de soliste s'étant plainte du manque de latitude qu'on leur aura laissé pendant les courtes sessions, un petit mois mixage compris. Critique tout de même très excessive quand, 40 ans après, on laisse tourner les 10 titres et à peine plus de 35 minutes d'un groupe de hard rock à la classe folle (la voix de velours de Lynott n'y est pas pour rien, ses basslines bien slick non plus), au son immédiatement reconnaissable (twin guitar attack, bien-sûr) présentement doté, outre les deux éléments radio-compatibles précités, une sacrée collection de bonnes chansons avec, pour l'exemple, un Jailbreak frontal et fin (joli bruitages de sirènes aussi) taillé pour les joutes scénique dont les irlandais (ou écossais et américain pour les deux guitaristes, mais bon Lizzy reste un groupe fondamentalement irlandais sans tomber dans les excès touristiques celtiques, pas souvent en tout cas et toujours à bon escient) se sont fait la spécialité, un Romeo and the Lonely Girl aux effluves folk bienvenues (pas une surprise, c'est dans l'adn de Phil), un rampant et menaçant Warriors (qui colle idéalement à son thème guerrier, conséquemment), un Cowboy Song en parfaite western-tune électrique (mais attention, ce n'est pas de la country pour autant), et un Emerald final (dont le nom ne ment pas, Lizzy y est fièrement Irish !) qui est un peu Black Rose avant Black Rose, c'est un compliment. Bref, enfin pas si..., c'est un monstre de petit album rock malin, varié et parfaitement produit. Et c'est évidemment encore mieux dans une version Deluxe qui, joliment rallongée qu'elle est, d'alternate takes en live de la BBC en passant par quelques raretés qu'on connaissait mais sont ici avantageusement présentée dans leur contexte historique, ravira les fans (et encore plus les anglophones d'iceux qui liront l'histoire de Lizzy à l'époque dans le livret). Parfait.
Album
1. Jailbreak 4:01Album
2. Angel from the Coast 3:03
3. Running Back 3:13
4. Romeo and the Lonely Girl 3:55
5. Warriors 4:09
6. The Boys Are Back in Town 4:27
7. Fight or Fall 3:45
8. Cowboy Song 5:16
9. Emerald 4:03
Bonus Disc
1. The Boys Are Back in Town (Remixed version) 4:35
2. Jailbreak (Remixed version) 4:14
3. The Boys Are Back in Town (Alternate vocal - remixed version) 4:33
4. Emerald (Remixed version)4:08
5. Jailbreak (BBC Session 12 February 1976) 4:05
6. Emerald (BBC Session 12 February 1976) 3:58
7. Cowboy Song (BBC Session 12 February 1976) 5:14
8. Warriors (BBC Session 12 February 1976) 3:57
9. Fight or Fall (Extended version – rough mix) 5:21
10. Blues Boy (Previously unreleased studio track) 4:38
11. Derby Blues (Early live version of "Cowboy Song") 6:52
Phil Lynott – bass guitar, lead vocals, acoustic guitar
Scott Gorham – lead and rhythm guitar
Brian Robertson – lead and rhythm guitar
Brian Downey – drums, percussion
&
Tim Hinkley – keyboards on "Running Back"
THIN LIZZY |
aVRiL
Rush "2112"
ou "Concept de Référence"
C'est l'album qui a sauvé Rush, c'est aussi leur première réalisation conceptuelle, leur album le plus progressif jusque-là et, on peut le dire, leur premier chef d’œuvre. 2112, cette authentique légende. Mais, à y regarder de plus près, avec le concept sur la face 1 et des chansons en étant détachées sur la seconde, 2112 n'est qu'un demi concept album, en l'occurrence bien complémenté par ses courtes suiveuses (5 titres, tous entre 3 et 4 minutes) qui permettent de faire passer la pilule du mastodonte de 20 minutes et de ses ambitions progressives. Or donc, il y a 2112, le titre, qui, comme vous le savez sans doute tous, est une pièce de musique science-fictionnesque qui est désormais passée dans la légende, une pièce où, des riffs précis et les soli inspirés d'Alex, de la talentueuse polyvalence de Geddy Lee (chanteur, et bassiste, et claviériste, et pareil sur scène !), aux textes et patterns d'un Neil désormais bien installé dans la formation (c'est son troisième album avec eux), il n'est pas difficile de se laisser emporter et qui, comme un Supper's Ready également réussi, peut s'écouter encore, encore et encore sans perdre une once de son intérêt, de son charme unique. Il n'est d'ailleurs pas un hasard que, bien des années plus tard, il continue, dans son entièreté ou raccourci, d'être une étape obligatoire des setlists de Rush. Mais il y a aussi cinq autres chansons, de petites chansons qu'on aurait presque tendance à oublier après telle fête. Le programme de cette suite ? Un hard-rocker so seventies, normal on est en 1976 (Passage to Bangkok), Un bel exemple qu'on peut faire du prog sans claviers et sur une courte durée (The Twilight Zone), un autre hard-rocker avec un vrai bon groove cette fois (Lessons), une belle ballade toute en nuance (Tears), et un hard-rocker un poil prog pour conclure (Something for Nothing), pas une qui n'égale le haut-fait de la première face mais pas une qui ne fonctionne pas parfaitement non plus. Du bel ouvrage, vraiment. Comme en plus l'album bénéficie de la meilleure production du groupe jusque là, par le groupe et Terry Brown, on ne change pas une équipe qui gagne !, et d'un vrai frémissement commercial pour Rush, il était temps, le label commençait à menacer, il n'en faut pas plus pour considérer l'impeccable galette, ce légendaire 2112 comme, évidemment, la première grande œuvre d'une formation qui n'avait pas fini de nous surprendre (en bien comme en mal d'ailleurs, mais le mal viendra plus tard), et un album obligatoire à la collection de tout amateur de rock progressif ou de hard rock qui se respecte, ce n'est pas plus compliqué que ça.
1. 2112 20:33
I. Overture
II. The Temples of Syrinx
III. Discovery
IV. Presentation
V. Oracle: The Dream
VI. Soliloquy
VII. Grand Finale
2. A Passage to Bangkok 3:32
3. The Twilight Zone 3:16
4. Lessons 3:51
5. Tears 3:30
6. Something for Nothing 3:59
Geddy Lee - lead vocals, bass guitar, keyboards
Alex Lifeson - electric and acoustic guitar
Neil Peart - drums, percussion
&
Hugh Syme - ARP Odyssey intro on "2112", mellotron on "Tears"
RUSH |
Mai
Aerosmith "Rocks"
ou "Comme son nom l'indique"
Un an après leur plus beau succès et l'album le plus varié de leur encore jeune carrière, Aerosmith remet le couvert avec un 4ème opus qui porte excellemment son titre : Rocks ! Parce que, en substance, Aerosmith n'y fait pas autre chose et, du coup, surprend son monde en ne réitérant pas les dispositions à l'ouverture qu'on leur connaissait précédemment. Ce qu'on perd dans ce resserrement stylistique, on le gagne largement dans un album d'une rare cohérence, d'une belle hargne et, aussi, d'un irrésistible efficacité. Ce choix, c'est avant tout celui d'un groupe, d'ailleurs coproducteur avec le fidèle Jack Douglas, qui semble présentement vouloir construire un album taillé pour la scène, domaine où il excelle, un album qui démarre sur les chapeaux de roues sur un puissant Back in the Saddle où les vocalises de chat écorché vif de Steven Tyler et les riffs et soli costauds d'une paire de guitaristes inspirés font merveille. Ce premier coup de semonce passé, Aerosmith continue sur sa lancée par le groove implacable de Last Child (où il y a même un banjo !), le rock and roll speedé de Rats in the Cellar où Steven y va même de son petit solo d'harmo, un Sick as a Dog bien accrocheur à l'excellent break solo, un Nobody's Fault admirablement tranchant (une tuerie !), un Get the Lead Out joliment bluesy, un Lick and a Promise au refrain aussi simpliste que satisfaisant et last, mais certainement pas least, la belle et sans doute obligatoire (Steven adore ça !) power ballad Home Tonight... Vavavoum, c'est de la formule 1 tout ça ! Allez, j'avoue être plus réservé sur l'assez peu remarquable mid-tempo Combination qui reste cependant très correct mais, pour le reste, pas un morceau qui ne déçoive et même une belle moitié d'authentique classiques, c'est fort ! Et donc, en ne tentant pas de reproduire l'exploit, en faisant confiance à son inspiration, Aerosmith réussit à faire de 1976 une nouvelle année de gloire pour eux et de Rocks un des plus beaux album de (hard) rock des 70's, alors que la concurrence fait rage ! Fatalement, plus dure sera la chute mais, ça, c'est une autre histoire...
1. Back in the Saddle 4:40
2. Last Child 3:26
3. Rats in the Cellar 4:05
4. Combination 3:39
5. Sick as a Dog 4:16
6. Nobody's Fault 4:21
7. Get the Lead Out 3:41
8. Lick and a Promise 3:05
9. Home Tonight 3:15
Tom Hamilton – bass, guitar on "Sick as a Dog"
Joey Kramer – drums, percussion
Joe Perry – guitars, backing vocals, six-string bass on "Back in the Saddle," electric bass on "Sick as a Dog"
Steven Tyler – lead vocals, keyboards on "Nobody's Fault" and "Home Tonight", Electric bass on "Sick as a Dog", Harmonica on "Rats in the Cellar" and "Get the Lead out"
Brad Whitford – guitars
&
Paul Prestopino – banjo on "Last Child"
Jack Douglas – production, arrangement, backing vocals on "Home Tonight"
AEROSMITH |
JuiN
Gordon Lightfoot "Summertime Dream"
ou "Beautiful Folk"
Ce country folkeux canadien n'est sans doute pas le plus connu chez nous. Pourtant, au cœur des années 70, il sortit quelques très beaux albums dont Summertime Dream est le sans doute plus remarquable. Il faut dire que Gordon n'est plus vraiment un débutant, à 38 ans, Summertime Dream est son douzième opus depuis 1966, le douzième d'une carrière de qualité où, comme tout le monde de sa génération, il a commencé en acoustique avant d'incorporer les aspects rock (sans excès) qui lui permirent d'évoluer, artistiquement comme commercialement. C'est donc à un artiste sûr de son fait, bien installé dans un style qu'il possède de A à Z auquel nous avons affaire ici, un artiste d'ailleurs bien entouré d'un groupe où les noms n'en jette pas comme les Ry Cooder, Van Dyke Parks et autres Randy Newman des septantes débutantes (voir le très recommandé Sit Down Young Stranger) mais que Gordon a construit lui-même, à sa convenance, et qui répond conséquemment à ses attentes. Parce qu'un songwriter aussi fin a besoin de nuance ce que les Barry Keane (batteur), Pee Wee Charles (l'homme à la pedal steel guitar), Terry Clements (guitariste soliste), etc., amènent magnifiquement comme, par exemple, sur le morceau phare de l'album, ce Wreck of the Edmund Fitzgerald racontant la pire tragédie navale survenue dans les Grand Lacs sur six minutes et demies aux relents celtiques bienvenus et à l'habillage instrumental époustouflant. Comme le reste de la galette, de bons morceaux folk-rock impeccablement troussés (Race Among the Ruins, I'd Do It Again, Summertime Dream, Too Many Clues in This House) en ballades country émotionnellement prenantes (I'm Not Supposed to Care, Protocol, Spanish Moss), est presque du même tonneau (c'est à dire presque parfait, ce qui est déjà énorme !), il n'en faut pas plus pour recommander chaudement, en introduction à un Gordon Lightfoot par exemple, l'artiste étant quasi inconnu chez nous, ce Summertime Dream qui, à ne pas essayer alors d'être à la pointe de quelque tendance que ce soit, par un artiste qui est avant tout un raconteur, n'a aujourd'hui pas pris une ride.
1. Race Among the Ruins 3:21
2. The Wreck of the Edmund Fitzgerald 6:32
3. I'm Not Supposed to Care 3:31
4. I'd Do It Again 3:14
5. Never Too Close 3:04
6. Protocol 4:02
7. The House You Live In 2:55
8. Summertime Dream 2:30
9. Spanish Moss 3:51
10. Too Many Clues in This Room 4:49
Gordon Lightfoot - vocals, six and twelve-string guitar, piano
Pee Wee Charles - pedal steel guitar
Terry Clements - lead guitar
Rick Haynes - bass guitar
Barry Keane - drums, percussion
Gene Martynec - Moog synthesizer
&
Jim Gordon - drums on "The House You Live In"
GORDON LIGHTFOOT |
JuiLLeT
Al Stewart "Year of the Cat" (1976)
ou "Bonne Année"
Il
a tellement été un classique de son temps, les 70s, tellement traîné
dans les brocantes et les bacs des disquaires d'occasion (à l'époque du
vinyl, souvenez-vous !) qu'on a fini par prendre le Year of the Cat d'Al Stewart
pour argent comptant sans plus vraiment se le mettre dans l'oreille,
sorte de passager familier de nos errances musicales lointaines il
parait usé avant même qu'on ne le glisse, numérisé dans son petit format
iridescent, dans le tiroir prévu à cet effet. Erreur. Erreur parce que
le bel album que voici ! Il faut dire que dès l'emballage, la pochette
conçue par Storm Thorgerson et la mise en son d'Alan Parsons
(on nage en pleine galaxie floydienne !), les petits plats dans les
grands, pour une musique classic (soft) rock où subsistent, forcément !,
les racines folk du bonhomme, qui roule dans l'oreille de l'auditeur
d'un joli et planant Lord Grenville, du rythmé On the Border, de l'ensoleillé Sand in Your Shoes, de la belle folk-rock un poil pop, un poil bluesy de Flying Sorcery
au verbeux morceau éponyme final et sa pompe raisonnable (sans compter
les trois bons bonus de ce remaster, donc, et en oubliant sciemment le
reste d'une sélection où rien ne manque sa cible), on est totalement
sous le charme... A condition d'apprécier le soft rock des septantes à
son apogée, évidemment. Parce que c'est ça Year of the Cat, un
album évidemment totalement maîtrisé par d'excellents musiciens, un luxe
d'arrangement millimétrés bien-sûr, mais surtout un opus à la cool qui
évoquera aux quinquas qui y étaient les vapeurs d'une jeunesse depuis
longtemps évanouie.
1. Lord Grenville 5:00
2. On the Border 3:22
3. Midas Shadow 3:08
4. Sand in Your Shoes 3:02
5. If it Doesn't Come Naturally, Leave It 4:28
6. Flying Sorcery 4:20
7. Broadway Hotel 3:55
8. One Stage Before 4:39
9. Year of the Cat 6:40
Bonus
10. On the Border [live] 3:48
11. Belsize Blues 3:30
12. Story of the Songs 9:42
Al Stewart - vocals, guitar, keyboards
Peter White - guitar, keyboards
John Perry - background vocals
Tim Renwick - guitar
Andrew Powell - string arrangements
Bobby Bruce - violin
Marion Driscoll - percussion
Stuart Elliott - drums, percussion
George Ford - bass
Phil Kenzie - alto saxophone
Don Lobster - keyboards
David Pack - background vocals
Tony Rivers - background vocals
Graham Smith - harmonica
Peter Wood - keyboards
AL STEWART |
aoûT
Jaco Pastorius "Jaco Pastorius"
ou "Le Roi de la Fusion"
Membre d'une authentique légende du jazz fusion, Weather Report évidemment, instrumentiste d'exception comme chacun le sait, grand espoir détruit par des addictions autodestructrices à un beaucoup trop jeune âge hélas, Jaco Pastorius ne connut qu'une trop brève et peu productive carrière solo dont cet éponyme inaugural est assurément le "crown jewel". Au programme, pour ceux qui ne connaitraient pas encore ce vrai beau classique, évidemment une énorme démonstration de guitare basse, c'est son album après tout, mais pas seulement parce que Jaco est aussi un compositeur et arrangeur (le Donna Lee de Bird en intro de l'opus est une splendeur tout en ascèse et délicatesse). C'est aussi un fantastique vulgarisateur n'hésitant pas à élargir le spectre (de la funk/soul de Come On Come Over, avec Sam & Dave aux vocaux, à des morceaux d'inspiration quasiment classique, Okonkole Y Trompa ou Speak Like a Child) ce créateur vorace et touche-à-tout ne se refuse rien, n'oubliant évidemment pas sa base fusion, et, plus fort encore !, réussit tout. Et dire qu'il n'a alors que 24 ans ! On sait l'immense gâchis que fut sa déchéance physique et mentale, et l'impact que tout ceci eut sur sa musique mais, en 1976, Jaco Pastorius est simplement le jazzman de l'année !, et son album un immanquable indispensable à toute collection qui se respecte.
1. Donna Lee 2:27
2. Come On, Come Over 3:541. Donna Lee 2:27
3. Continuum 4:33
4. Kuru/Speak Like A Child 7:43
5. Portrait Of Tracy 2:22
6. Opus Pocus 5:30
7. Okonkolé Y Trompa 4:25
8. (Used to Be A) Cha-Cha 8:57
9. Forgotten Love 2:14
- "Donna Lee"
Jaco Pastorius - electric bass
Don Alias - congas
- "Come On, Come Over"
Jaco Pastorius - electric bass
Don Alias - congas
Herbie Hancock - clavinet, Fender Rhodes electric piano
Narada Michael Walden - drums
Sam Moore - vocals
Dave Prater - vocals
Randy Brecker - trumpet
Ron Tooley - trumpet
Peter Graves - bass trombone
David Sanborn - alto sax
Michael Brecker - tenor sax
Howard Johnson - baritone sax
- "Continuum"
Jaco Pastorius - electric bass
Herbie Hancock - Fender Rhodes electric piano
Alex Darqui - Fender Rhodes electric piano
Lenny White - drums
Don Alias - congas
- "Kuru/Speak Like A Child"
Jaco Pastorius - electric bass
Herbie Hancock - piano
Don Alias - congas, bongos
Bobby Economou - drums
David Nadien - violin
Harry Lookofsky - violin
Paul Gershman - violin
Joe Malin - violin
Harry Cykman - violin
Harold Kohon - violin
Stewart Clarke - viola
Manny Vardi - viola
Julian Barber - viola
Charles McCracken - cello
Kermit Moore - cello
Beverly Lauridsen - cello
Michael Gibbs - string arrangement
- "Portrait of Tracy"
Jaco Pastorius - electric bass
- "Opus Pocus"
Jaco Pastorius - electric bass
Wayne Shorter - soprano sax
Herbie Hancock - Fender Rhodes electric piano
Othello Molineaux - steel drums
Leroy Williams - steel drums
Lenny White - drums
Don Alias - percussion
- "Okonkole Y Trompa"
Jaco Pastorius - electric bass
Peter Gordon - French horn
Don Alias - okonkoko iya, congas, afuche
- "(Used To Be A) Cha Cha"
Jaco Pastorius - electric bass
Hubert Laws - piccolo, flute
Herbie Hancock - piano
Lenny White - drums
Don Alias - congas
- "Forgotten Love"
Herbie Hancock - piano
David Nadien - violin
Harry Lookofsky - violin
Paul Gershman - violin
Joe Malin - violin
Harry Cykman - violin
Harold Kohon - violin
Matthew Raimondi - violin
Max Pollinkoff - violin
Arnold Black - violin
Stewart Clarke - viola
Manny Vardi - viola
Julian Barber - viola
Al Brown - viola
Charles McCracken - cello
Kermit Moore - cello
Beverly Lauridsen - cello
Alan Shulman - cello
Richard Davis - bass
Homer Mensch - bass
Michael Gibbs - string arrangement, conductor
JACO PASTORIUS |
SePTeMBRe
Earth, Wind & Fire "Spirit"
ou "L'esprit funk"
Enregistré sous la pression d'un prédécesseur ayant atteint les cimes des Charts (That's the Way of the World, 1975), Spirit est une nouvelle démonstration de l'incroyable grâce funky d'Earth Wind & Fire dans les années 70. En l'espèce, rien de nouveau sur ce 7ème album de la formation qui continue de fusionner funk et jazz avec des cuivres millimétrés, des grooves à se déboîter les hanches et des mélodies... Comme on en redemande ! Porté par deux singles énergiques et supra-efficaces (Getaway et Saturday Night), l'album vaut aussi par ses pistes plus tempérées telles qu'Earth Wind & Fire (le titre), On Your Face ou le final (pour l'édition original) et épique Burning Bush. Il est à noter que les arrangements commencent déjà à changer avec, notamment, des cordes gagnant peu à peu du terrain. Rien de dramatique, le groupe conserve encore ici tout le sel de ses premières années et ne sombre pas encore dans le racolage sonore et la facilité mélodique qui marquera leurs années 80. Fidèle à l'esprit du groupe, Spirit est indéniablement une des plus belles pièces des référentiels funksters. Dans la présente version, dûment et impeccablement remasterisée (et augmentée de quelques savoureux bonus), il brille de mille feux et offre à l'amateur 50 minutes de pur bonheur. Et ça, ça ne se refuse pas.
1. Getaway 3:47
2. On Your Face 4:33
3. Imagination 5:15
4. Spirit 3:12
5. Saturday Nite 4:02
6. Earth, Wind and Fire 4:40
7. Departure 0:27
8. Biyo 3:37
9. Burnin' Bush 6:46
Bonus
10. Saturday Nite (Alternate Mix) 4:55
11. Seraphim 2:06
12. Imagination (Angels Mix) 1:02
13. Departure (The Traveler) 3:37
14. African Symphony 1:52
Maurice White: chant, kalimba, timbales, batterie
Philip Bailey: chant, congas, percussions
Larry Dunn: piano, orgue, moog
Jerry Peters: piano
Johnny Graham: guitare
Al McKay: guitare, percussions
Verdine White: basse, percussion, chant
Fred White, Ralph Johnson: batterie, percussions
Andrew Woolfolk, Harvey Mason: percussions
Don Myrick, Andrew Woolfolk: saxophone
Charles Loper, George Bohanon, Louis Satterfield: trombone
Lew McCreary: trombone basse
Charles Findley, Michael Harris, Oscar Brashear, Steve Madaio: trompette
Arthur Maebe, David Duke, Marilyn Robinson, Sidney Muldrow: cor français
Tommy Johnson: tuba
Dorothy Ashby: harpe
Dennis Karmazyn, Harry Shlutz, Marie Fera, Ronald Cooper: violoncelle
Barbara Thomason, David Campbell, Denyse Buffum, James Dunham, Lynn Subotnick, Marilyn Baker, Paul Polivnick, Rollice Dale: viola
Asa Drori, Carl La Magne, Haim Shtrum, Harris Goldman, Joy Lyle, Ken Yerke, Sandy Seemore, Winterton Garvey: violon
EARTH, WIND AND FIRE |
oCToBRe
Frank Zappa "Zoot Allures"
ou "Frank's Rock'n'Roll"
Prévu pour être un nouveau double opus sur DisCreet Records, Zoot Allures finit simple et chez Warner Bros. La raison ? Un Zappa en bisbille avec son manager/cogérant du label déjà, une volonté d'ascèse, aussi ? Ce serait sans doute mal connaître un Frank toujours prompt à trop en faire (c'est aussi pour ça qu'on l'aime). Bref, album studio (avec un peu de live dedans comme d'habitude chez Zappa), Zoot Allures est surtout un quasi-album solo pour lui qui semble lui permettre de tester les musiciens de sa prochaine formation (pas celle qu'on voit sur la pochette où Patrick O'Hearn et Eddie Jobson sont bien présents alors qu'ils n'ont pas joué la moindre note sur l'opus) dans un contexte plus rock que à quoi Frank avait habitué son auditoire. Ce n'est pas à dire qu'on ait ici un album simpliste pour autant, ce serait mal connaître le bonhomme qui, forcément, glisse moult de ses idées étranges et iconoclastes dès Wind Up Workin' in a Gas Station qui aurait l'air presque normal s'il n'y avait la voix possédée de Davey Moiré. Et ça continue sur Black Napkins et The Torture Never Stops (le premier servant en quelque sorte d'intro au second) qui bluese bien mais toujours avec ce petit éclat dans l'œil, cette posture de sale gosse irrespectueux qui fait la différence. Alors certes, et la suite de l'album ne fait que le confirmer, ce Zappa là est notablement plus "focus" mais c'est un Zappa immédiatement reconnaissable malgré tout avec de vrais grands moments de transe (Friendly Little Finger et sa guitare tourbillonnante par exemple) et d'humour (parce qu'il ne doit jamais en être autrement sur un album du fameux moustachu qui est aussi un authentique rigolo). Tout ça ne fait peut-être pas de Zoot Allures le plus essentiel des albums d'un impressionnant catalogue, ça en fait, par contre, une excellente porte d'entrée à l'art du monsieur pour tout ceux qui ne sauraient pas trop par où commencer. Rien que pour ça, c'est un album utile, et aux fans de Zappa aussi qui n'y retrouveront pas leur chouchou typique mais bel et bien leur chouchou quand même qui, c'est bien connu, ne peut pas se tromper et réussit par conséquent son pari rock à lui. Recommandé... à toutes et à tous !
1. Wind Up Workin' in a Gas Station 2:29
2. Black Napkins 4:15
3. The Torture Never Stops 9:45
4. Ms. Pinky 3:40
5. Find Her Finer 4:07
6. Friendly Little Finger 4:17
7. Wonderful Wino 3:38
8. Zoot Allures 4:12
9. Disco Boy 5:11
Frank Zappa – guitar (all tracks), bass (1, 3–7, 9), lead vocals (1, 3, 4, 5, 7, 9), synthesizer (1, 4, 5, 9), keyboards (3, 5, 7, 9), director of recreational activities (3)
Terry Bozzio – drums (all tracks), backing vocals (5, 9)
&
Davey Moiré – lead vocals (1), backing vocals (1, 9), engineer
Andre Lewis – organ (2), vocals (2), backing vocals (5, 9)
Roy Estrada – bass (2), vocals (2), backing vocals (4, 5, 9), drone bass (6)
Napoleon Murphy Brock – vocals (2)
Ruth Underwood – synthesizer (4, 6, 7), marimba (6, 8)
Captain Beefheart – harmonica (4, 5)
Ruben Ladron de Guevara – backing vocals (5)
Ian Underwood – saxophone (6, 7)
Bruce Fowler – trombone (6, 7)
Sal Marquez – trumpet (6, 7)
Dave Parlato – bass (8)
Lu Ann Neil – harp (8)
Sparky Parker – backing vocals (9)
FRANK ZAPPA |
NoVeMBRe
Serge Gainsbourg "L'Homme à la Tête de Chou"
ou "L'apothéose Gainsbarre"
Le second concept album fomenté par Serge Gainsbourg est aussi son second chef d'œuvre ? Coincidence ? Ou alors quand Serge, homme ô combien créatif, se fixe quelque contrainte, il s'oblige à trouver des solutions auxquelles son répertoire pop échappe... Comme pour Melody Nelson, Gainsbourg se fait conteur, comme pour Melody Nelson il sent l'air du temps (du coup l'album est plus funk et se sent même de faire un détour par la Jamaïque, avant Aux Armes...), et comme pour Melody Nelson il accouche d'une éblouissante réussite. Faire le menu de cette perfection ?... Cet album, en vérité, vous devriez tous le connaître par cœur, il devrait être inscrit au programme scolaire (on gardera les pièces les plus transgressives pour les lycéens, qui aiment bien la transgression), c'est un des rares grands classiques de chez nous reconnu aussi ailleurs, même par ceux qui y paument l'excellence de la plume, c'est dire ! Alors, voilà, à cette cuirasse ultra-blindée, dont la qualité, musicale, lyrique et même visuelle (j'aime beaucoup la pochette !) laissent sans voix, n'a qu'un minuscule défaut... 32 minutes ! D'un homme à la tête mais qui en a aussi (du chou !), c'est quand même rageant, heureusement que sa richesse résiste aux écoutes répétées, ce qui n'est pas si courant et qu'ultimement, pour mon cas personnel ça fait son quart de siècle !, on se le met et se le remet ce mythique opus, sans jamais s'en lasser. L'Homme à la Tête de Chou ? Rhââ Lovely! (comme dirait Marcel).
1. L’Homme à tête de chou 2:59
2. Chez Max coiffeur pour hommes 1:581. L’Homme à tête de chou 2:59
3. Marilou Reggae 2:11
4. Transit à Marilou 1:32
5. Flash Forward 2:36
6. Aéroplanes 2:36
7. Premiers symptômes 1:14
8. Ma Lou Marilou 2:41
9. Variations sur Marilou 7:40
10. Meurtre à l’extincteur 0:47
11. Marilou sous la neige 2:23
12. Lunatic Asylum 3:21
Serge Gainsbourg : composition, chant
Alan Parker : guitare rythmique
Judd Proctor : guitare
Brian Odgers : basse
Dougie Wright : batterie
Jim Lawless : percussions
Alan Hawkshaw : claviers, arrangements
Kay Garner, Jean Hawker, Clare Torry : chœurs
SERGE GAINSBOURG |
DéCeMBRe
Genesis "Wind & Wuthering"
ou "Le dernier classique"
Ultime opus du Genesis (presque) classique, album immense comme la plupart de ceux qui le précèdent, Wind & Wuthering est essentiel. Un des albums les plus musicalement aboutis de ce Genesis progressif, aussi, grâce à la maniaquerie de l'arrangeur en chef, Tony Banks, et le soutien de ses collègues qui, c'est acquis, ne sont pas des demi-sels quand il s'agit de s'exprimer, chacun, sur leur instrument respectif. En résulte des compositions précieuses, millimétrées même et, du coup, un peu moins de folie que ce que nous avait habitué le groupe dans sa mouture la plus référentielle. Concrètement, sur 8 des 9 compositions, on retrouve le Genesis qu'on avait eu l'habitude d'entendre en, cependant, un peu plus lisse. L'absence de Gabriel est, il faut dire, un facteur contribuant de cet etat de fait. Déjà parce que Collins, nettement moins "clonesque" que sur A Trick of the Tail (pour lequel, il est vrai, il n'avait pas prévu de chanter), amène une sensibilité plus pop, plus romantique, ensuite parce que les textes ont perdu en symbolique et en allégorie parfois cryptique ce qu'ils ont gagné en clarté. C'est le cas sur l'ensemble de l'album où l'on n'est pas obligé de trop se creuser les méninges pour savoir ce que ce diable de parolier a bien voulu dire, à l'exception cependant de One for the Vine qui est aussi, tiens tiens, le chef d'oeuvre de l'opus. On y apprécie la fantaisie toute britannique d'un All in A Mouse's Night, sorte de Tom & Jerry version prog, moins le côté trop normal, commun dirait-on, d'une bête chanson d'amour telle que Your Own Special Way. Cette dernière, justement, fait un peu tâche sur un album qui, sinon, allie avec grandeur complexité et harmonie, sans doute cette dernière préfigure-t-elle la simplification de l'écriture du groupe (et de Rutherford en l'occurence) qui prendra effet dès l'album suivant, dès le départ de Steve Hackett, osera-t-on affirmer. Sinon, c'est à un Genesis finalement assez proche de celui de Selling England By The Pound auquel nous avons affaire avec, notamment, des tentations "fusionnesques" sur l'instrumental Wot Gorilla? et, globalement, symphoniques sur l'ensemble de la galette. Et ça marche merveilleusement bien et donne une collection où, donc, à l'omission du précité faux-pas, le féru de rock progressif en prend plein les oreilles. D'autant que la production, signée de David Hentschel et du groupe, met parfaitement en valeur les nombreuses qualités d'une formation encore clairement à son sommet créatif. Il y a moult raison de se réjouir du souffle de ce vent divin, et une de s'attrister car, enfin !, comment ne pas rager qu'une telle verve créatrice se voit petit à petit éteinte dans ce qui suivra ? Comment ne pas regretter cette formation d'exception dans sa mue pop-progressive d'abord puis carrément pop ? Pas que les successeurs ne déméritent vraiment, il restera du grain à moudre pour les amateurs de belles ambiances et de ciselées compositions, mais plus jamais autant qu'avec la période qui se clôt ici et laisse, mine de rien, six album quasi-parfaits en seulement cinq petites années. Très fort !
1. Eleventh Earl of Mar 7:39
2. One for the Vine 9:59
3. Your Own Special Way 6:15
4. Wot Gorilla? 3:12
5. All in a Mouse's Night 6:35
6. Blood on the Rooftops 5:20
7. Unquiet Slumbers for the Sleepers... 2:27
8. ...In That Quiet Earth 4:45
9. Afterglow 4:10
Tony Banks - acoustic & electric pianos, synthesizers (ARP 2600 & Pro-Soloist, Roland RS-202 String), mellotron, Hammond T-102 organ
Phil Collins - lead & backing vocals, drums, percussion
Steve Hackett - electric guitar, classical guitar, 12-string guitar, kalimba, autoharp
Mike Rutherford - bass guitars (4, 6 & 8 strings), bass pedals, 12-string guitar, electric guitar, backing vocals
GENESIS |
1976 par 12 (12 mois 12 albums)
RépondreSupprimerBob Dylan "Desire"
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Ramones "Ramones"
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Thin Lizzy "Jailbreak"
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Rush "2112"
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Aerosmith "Rocks"
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Gordon Lightfoot "Summertime Dream"
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Al Stewart "Year of the Cat"
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Jaco Pastorius "Jaco Pastorius"
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Earth, Wind and Fire "Spirit"
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Frank Zappa "Zoot Allures"
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Serge Gainsbourg "L'Homme à la Tête de Chou"
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Genesis "Wind & Wuthering"
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Marrant, sans le RAMONES rien n'annonce dans ces choix l'arrivée des "punk" Peut-être le Eddie And The Hot Rods aussi, qui aurait bien remplacé le Genesis, mais bon, je les aime bien moi les Genesis...
RépondreSupprimerIl y avait aussi les Residents, punks dans l'âme si pas toujours musicalement, les Runaways, les Modern Lovers ou encore Patti Smith, aussi. Ceci dit, je n'ai pas essayé de faire l'an pré-punk mais bien ma sélection perso d'après ce que j'avais déjà à la maison, c'est le principe de base de ces récapitulatifs par mois.
SupprimerBien vu pour le Eddie & the Hot Rods mais, comme toi, j'aime Genesis aussi ne pouvais-je pas passer à côté de l'occasion.
Merci de ton passage et de ton commentaire, Antoine.
Bien belle sélection. A force d'écouter tes Zappa je vais peut être finir par les aimer ? Je prends aussi le Gordon dont je ne connais rien...Pour le Dylan (& Emmylou) je suis d'accord avec toi, il faudra attendre Jokerman pour retrouver cette magie qui fait ses grands disques (je ne me prononce pas encore sur le dernier...). Cet Aérosmith est une tuerie (idem pour Toys & Kings). J'écris en écoutant ton Zappa : Wonderful Wino swingue presque. Il pensait à quelqu'un en particulier ? salutations Ph
RépondreSupprimerJe pense que, pour Aerosmith, tu veux dire Wings, qui est un poil en dessous de Rocks et Toys, tout de même mais, bon, avec l'Aero des 70s, l'erreur est rare.
SupprimerBonne écoute du Gordon Lightfoot, tu me diras ce que tu en as pensé.
Merci de ton passage, Ph.
Je viens de regarder : Un de mes disques préférés d'Aérosmith est Draw the Line, c'est sur ce disque que se trouve KINGS & QUEENS que j'adore à mort, je pensais que c'était le titre du Cd. En fait Wings pas trop...Le Gordon est doux comme un zéphir un jour de chaleur mais trop folkeux pour moi en ce moment...@+ Ph
SupprimerPerso, je considère Draw the Line comme le début de la fin du Aerosmith des 70s. Ne serait-il pas ton premier Aerosmith ? Ceci expliquerait cela...
SupprimerDommage pour Gordon... A l'occasion d'une écoute dans une période plus appropriée peut-être...
Merci de ton retour.
Quoi ? Même pas un petit Bowie, ni même Kiss ?????
RépondreSupprimer(c'était le cri de gueule d'un sympathisant du mouvement nuit d'égouts !!!)
Ouaih, bon, y'a quand même des p'tits trucs sympas ! (je dirai pas lesquels !) ;-)
Pour Bowie, Station to Station était opposé au Desire de Dylan, c'est Dylan qui a gagné.
SupprimerPour Kiss, deux albums dans l'an tout de même, Destroyer et Rock and Roll Over, qui ont tous deux été considérés mais, franchement, les albums de Thin Lizzy et Serge étaient bien meilleurs !
Satisfait ? ;-)
Ah tient..mon disk préféré de Dylan, ds mon crane j'étais plutôt 1975.. comme quoi je suis pas très "callé" en Dylan. Je sais pas si tu as écouté le dernier... y chante presque moins bien que Renaud :o.. "Polka.." j'ai tt stoppé.
RépondreSupprimerRush et Gordon, inconnus aux bataillons...faut que je fouille ça.
Je n'ai jamais réussi à me départager entre Melody et le chou.. pas grave, mes deux sommets absolus.
C'est en janvier en 1966, tu es très excusable. Et non, je n'ai pas écouté le dernier... En vérité, depuis Christmas in the Heart, j'ai arrêté Dylan, je pense qu'il est mort mais qu'il ne le sait pas encore... ;-)
SupprimerEt creuse donc, pas sûr que Rush agrée avec toi cependant... Tu me diras.
Quand à Serge, j'ai le même ex-æquo que toi, ça doit vouloir dire quelque chose, non ?
Ouh la..effectivement Rush.. euh.. kitch ?? ;D Par contre Gordon Lightfoot pas dégueux. Un petit qqchose de Mickey Newbury en plus de tes références.
SupprimerMerci pour la découverte.
Je n'ai honnêtement jamais vu accolé Rush et kitsch... Tu devais être de mauvaise humeur ! ;-)
SupprimerOui, quelque chose de Newbury, en effet.
Merci du retour.
Pour rejoindre le 1er commentaire, l'année 1976 était bien celle de l'explosion du punk, mais sous la forme de singles et d'Ep, les albums ("historiques") sortiront en 77.
RépondreSupprimer-Merci pour le Zappa. On en parlait récemment, et ça tombe bien, je ne connaissais pas celui-ci. Moins barré que les albums que j'ai écouté mais très efficace !!!
- Une petite info pour les personnes qui seraient tombées amoureuses de Jaco Pastorius: une réédition CD existe à petit prix (vue à 7€) avec 2 morceaux bonus dont un "6/4 jam" qui régalera les amateurs de basse électrique.
- Et pour finir, en toute subjectivité, l'année 76 a vu sortir 2 grands classique du Reggae: "Super Ape" de Lee Scratch Perry & the Upestters et "War Ina Babylon" de Max Roméo (produit et joué par les petits copains précités). Il y aurait sûrement un Marley mais je ne connais pas le dates par coeur. ^^
Merci,
Oya
En effet, en 1976 le Punk Rock que l'on va connaître, et aimer pour certains, le punk est encore très underground, les Ramones, même s'ils sont américains, sont en quelque sorte la première semonce.
SupprimerEt en bref :
- un Zappa "abordable" en effet, une bonne introduction en doucer.
- Pas de reggae ou de dub dans ma sélection, la faute à des albums dont je n'ai pas le mois de sortie...
- Pastorius, ne pas l'oublier dans Weather Report !
Merci de ton passage, Oya.
D'abord un p'tit ot pour te dire que j'ai pas mal écouté ces derniers temps le 10CC que tu avais proposé. Et je dois dire que j'ai enfin trouvé avec cet album la porte d'entrée que je cherchais pour découvrir le groupe. Un grand merci car l'album est vraiment somptueux d'intelligence et magnifiquement produit.
RépondreSupprimerEt un autre merci pour m'avoir fait apprécié Muse avec lesquels j'étais toujours été un peu fâché (j'aimais pas trop leurs débuts et puis quand j'ai voulu y jeter une oreille je trouvais ça trop grandiloquent). Cet album est un peu celui que Placebo n'aurait jamais été capable de faire et que Radiohead n'aura pas voulu écrire après The Bends.
Pour Freak out de Zappa, écouter mais moins intéresser que pas les deux autres.
Pour ce qui de cette nouvelle liste, j'ai pris Al Steward que je ne connais pas (mais je sais qu'il est souvnt playbiscité dans le genre), Rush pour voir (après tout il y en a déjà deux avec qui ça collait) et Thin Lizzy parce que sinon Michards va me faire la tronche si je dis que je ne connais pas bien le groupe...
Pour le reste, le Dylan est effectivement un beau moment, mais un moment très à part dans sa disco. Le Gainsbourg, il n'est effectivement pas très original d'aimer celui-là avec Melody (donc comme vous),le Ramones est excellent (même avec eux j'écoute plus volontiers une compil').
J'aurais le temps j'aurai bien jeté une oreille sur EWF et Gordon lightfoot... mais je ne l'aurais pas.
Merci pour tout.
Salut Audrey !
SupprimerYoupi pour 10cc, on y est enfin arrivé. Et pour Muse, fallait juste viser la bonne période ! Quand à Zappa, t'en as un ici qui devrait être plus aisé à appréhender.
Tu me diras pour le Al Stewart, le Rush et le Thin Lizzy si tu as l'occasion...
Dylan à part ? Je ne trouve pas. Gainsbourg classique ? En effet ! Dommage pour EWF et GL, mais le temps, quoi, le temps...
Et merci de ce commentaire, évidemment ! ^_^