dimanche 7 août 2016

L’Été Mange-Disques - 7 Reconversions

Ce n'est pas parce que, toute sa vie, on est parti en Bretagne qu'on ne peut pas opter pour la Côte d'Azur, ou vice-versa. Ben en musique, c'est pareil. On peut passer de l'acoustique à l'électrique, de la pop au disco, du gros keupon au hip-hop le plus irrévérencieux ou à la chanson la plus traditionnelle. En bref, on a le droit de changer d'avis comme va vous le démontrer la sélection ci-dessous. Enjoie !

DiMaNCHe
Bob Dylan "Highway 61 Revisited" (1965)
ou "Electric Revolution"

Le coup d'avant, Bring It All Back Home, avait préparé le terrain mais c'est sur Highway 61 Revisited que Bob Dylan largue largement les amarres avec une scène folk dont il était devenu la principale attraction. Ce changement d'habillage, parce qu'on retrouve bien le songwriting de Dylan, vaudra à Bob les foudres des intégristes folk furieux d'avoir perdu l'uns de leurs plus beaux poulains mais, surtout, les louanges d'un nouveau public compensant largement ceux qui avaient déserté. Parce qu'il faut dire que, sur des bases certes électrisés mais néanmoins traditionalistes (beaucoup de blues et encore pas mal de folk sur l'album), Highway 61 Revisited est une sacrée réussite. Une sacrée réussit qui commence en trombe par un historique Like a Rolling Stone où, de l'orgue d'Al Kooper à la guitare Mike Bloomfield sans évidemment oublier les paroles et la mélodie de chant de Dylan, le nouveau Bob s'affirme avec la même classe qui caractérisait l'ancien. La suite de l'album, qu'elle soit franchement rock (Tombstone Blues, From of Buick 6, Highway 61 Revisited), glisse vers le blues (It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry, Ballad of a Thin Man) ou ne soit, finalement, qu'une relecture électrifiée de ce à quoi Dylan a habitué son auditoire (Queen Jane Approximately, Just Like Tom Thumb's Blues, Desolation Row), constitue le mètre étalon de ce que Bob continuera majoritairement de proposer tout du long de sa longue et productive carrière avec ce petit plus d'inspiration, cet alignement bienvenu des planètes, ce hasard cosmique incontrôlable qui en fait un authentique classique en plus de l'évènement mutateur que l'on sait. Bob confirmera ces nouvelles et excellentes dispositions dès un presque aussi indispensable Blonde on Blonde l'an suivant sans, toutefois, cette fraicheur des premières fois qui caractérise cet Highway 61 Revisited indispensable, c'est le mot.

1. Like a Rolling Stone 6:13
2. Tombstone Blues 6:00
3. It Takes a Lot to Laugh, It Takes a Train to Cry 4:09
4. From a Buick 6 3:19
5. Ballad of a Thin Man 5:58
6. Queen Jane Approximately 5:31
7. Highway 61 Revisited 3:30
8. Just Like Tom Thumb's Blues 5:32
9. Desolation Row 11:21

Bob Dylan - vocals, guitar, harmonica, piano, police car
Mike Bloomfield - electric guitar
Charlie McCoy - guitar
Paul Griffin, Al Kooper - piano, organ
Frank Owens - piano
Harvey Brooks, Russ Savakus - bass guitar
Bobby Gregg, Sam Lay - drums

BOB DYLAN

LuNDi
Bee Gees "Main Course" (1975)
ou "Going Disco"

Si les Bee Gees ne s'adonnent pas encore totalement à l'ultime transgression, à la transformation d'un groupe s'inspirant largement des Beatles en rois de la piste de danse, c'est bel et bien sur Main Course, leur déjà treizième album, que le germe est planté. Évidemment, il reste de ces ballades tire-larmes dont les frangins se sont fait la spécialité (Songbird et Country Lanes sont deux beaux exemples de leur absolu savoir-faire en la matière) mais c'est bien dans une triplette de singles aussi groovy qu'irrésistibles (Jive Talkin', Fanny et Nights on Broadway) que réside le sel, la nouveauté mais aussi la future orientation des frères Gibb. Parce qu'ils ont porté autant de soin à ces petites chansons à danser qu'à leurs grands moments pop symphoniques passés (écoutez Odessa), que la combinaison des voix de Barry, Robin et Maurice colle excellemment à ce nouveau son et que, c'est bien connu, l'atmosphère mondiale de crise donne des envies de se secouer pour oublier, les Bee Gees triomphent, au bon moment au bon endroit, il raflent la mise et s'inventent un second souffle. La suite ? Vous la connaissez, Saturday Night Fever et des hits à gogo mais c'est bien là, sur Main Course que tout a commencé, en beauté. Recommandé.

1. Nights on Broadway 4:31
2. Jive Talkin' 3:43
3. Wind of Change 4:54
4. Songbird 3:35
5. Fanny (Be Tender with My Love) 4:02
6. All This Making Love 3:03
7. Country Lanes 3:29
8. Come on Over 3:26
9. Edge of the Universe 5:21
10. Baby As You Turn Away 4:23

Barry Gibb – lead, harmony and backing vocal, rhythm guitar
Robin Gibb – lead, harmony and backing vocal
Maurice Gibb – bass, rhythm and electric guitars,lead, harmony and backing vocal
&
Alan Kendall – lead guitar, steel guitar
Dennis Bryon – drums, percussion
Blue Weaver – pianos, keyboards, synthesizers, clavinet
Joe Farrell – saxophone on "Wind of Change"
Ray Barretto – percussion on "Wind of Change"
Don Brooks – harmonica on "Songbird"
Arif Mardin – orchestral arrangement
Gene Orloff – concertmaster

BEE GEES

MaRDi
Fleetwood Mac "Rumours" (1977)
ou "Elle court, elle court..."

Vendu à plus de 30 millions d'exemplaires, doté de singles imparables entourés de chansons de qualité, Rumours, 11ème album des anglo-américains de Fleetwood Mac (depuis l'arrivée de la doublette Nicks, Buckingham sur leur second éponyme paru deux ans plus tôt) est un triomphe artistique autant que commercial. Pourtant pas un album ayant été enregistré dans des conditions idéales... Parce que les cieux ne sont pas exactement d'un bleu sans nuages dans la formation. Déjà parce que la relation tumultueuse entre Stevie Nicks et Lindsey Buckingham conduit à de nombreuses bisbilles entre les deux amants intermittents qui forment aussi une fameuse équipe de songwriters pas pour rien dans la miraculeuse relance artistique et commerciale de Fleetwood Mac. Ensuite parce que le mariage entre John et Christine McVie (née Perfect, ça ne s'invente pas !) bat sérieusement de l'aile et prendra d'ailleurs bientôt fin, à peine la tournée achevée. Rajoutez à ça le déchainement de paparazzo et de la presse people d'époque qui, à l'odeur du sang, rapplique tel une meute assoiffée, et raconte pas mal de conneries ce qui n'arrange rien. Bref, ce n'est pas la joie, heureusement, au moins !, que tout va bien dans la vie de ce grand fou de Mick Fleetwood ! Tout ceci aurait dû conduire à une galette désastreuse, un brouet infect pourri par les batailles rangées et les désaccords s'il n'y avait eu la farouche volonté de chacun des musiciens de se surpasser et d'offrir les plus belles lettres de leurs plus belles plumes. Le résultat ne se fait pas attendre, porté par une série de singles atteignant tous le Top 10 des charts étasuniens, avec même un Number One (Dreams, signé Stevie Nicks), l'album se vend comme des petits pains à une foule affamée, et décroche même la timbale avec une double première place aux States et dans leur Grande Bretagne "semi-natale" (et une 27ème en France, heu...). Il faut dire que ce rock policé, poppisé ratisse large et ne cherche aucunement à choquer. C'est de "feelgood music" dont il s'agit, un machin léger, ensoleillé, expertement joué et enregistré évidemment et qui, miracle !, détient ce petit supplément d'âme, cette substance qui en fait plus qu'une bête œuvre de passage, plus qu'une simple sucrerie pour les tympans. A l'évidence, toutes ces chansons ont été construites dans le but de flatter l'oreille de l'auditeur avec leur hooks mélodiques bien trouvés, leur harmonies vocales mixtes parfaites, leur flow digne d'une highway désertique (ha ! rouler dans une décapotable vers Monument Valley au son de Dreams !). Que de bonnes chansons en plus, parce que ce Fleetwood Mac sait aussi bien faire dans l'enjoué (l'irrésistible morceau d'ouverture, Second Hand News), dans le rock californien le plus léché et ear-friendly (Dreams évidemment mais aussi les autres mégatubes, Don't Go et Go Your Own Way, et quelques autres titres (aussi réussis) tel étant le principal terrain de chasse de la formation en cette seconde moitié des seventies) que dans les délicatesses arpégées (Never Going Back Again, trop petite merveille produit de la délicieuse imagination de Lyndsey Buckingham) ou pianotées (la jolie ballade Songbird si délicatement interprétée par son auteure, Christine McVie). 12 morceaux, 44 minutes, pas de blablas, que des résultats... Et 30 millions de consommateurs satisfaits (sans compter les pirates !)... Ça en impose ? C'est mérité ! Mais qui dit Deluxe dit bonus et le moins que l'on puisse dire est que la bonne maison Warner Bros n'a pas été avare en matériau de belle qualité. D'abord, il y a le live ou plutôt les lives de multiples sources de la tournée Rumours ayant été assemblées pour l'obtention du résultat de qualité honnête qui vaut surtout parce que, hors bootlegs, aucun live officiel de cette tournée n'était encore paru. Qualité honnête parce qu'avec un son live, les compositions perdent un tout petit peu de leur superbe qui devait beaucoup à la précision de leur enregistrement et de leur production. Pas indigne pour autant, c'est une plaisante expérience d'autant que quelques morceaux plus anciens s'y sont glissés pour le bonheur de tous. Ensuite, et c'est là le vrai essentiel de ce Deluxe, on découvre les archives, les chutes de studio qui, comme à l'accoutumée quand elles sont bien choisies, nous proposent aussi bien quelques bonus intéressants que d'autres nous permettant, furtivement, fugitivement de se croire, petite souris planquée dans un recoin du studio d'enregistrement et goûtant au "work in progress" d'une œuvre désormais légendaire. Un vrai petit bonheur de si belle qualité qu'il ne sera pas forcément exclusivement réservé aux fans qui sont tout de même, bien sûr !, sont cœur de cible (comme on dit). Album intemporel, pilier inaltérable d'un classic rock triomphant, Rumours demeure, plus de trois décennies après sa sortie, une Rolls d'album, un machin simplissime et imparable qu'on a parfois aimé haïr tant il en imposait mais qui, finalement, emporte le morceau, encore plus dans le luxueux remaster Deluxe ici présent. Et si on pressent qu'il eût été possible de soigner encore mieux le son pour se rapprocher du vinyle originel, la qualité est tellement accrue par rapport aux précédentes édition CD qu'on aurait mauvaise grâce à faire la fine bouche au moment d'évidemment recommander l'acquisition et l'écoute répétée à volume respectable de ce monument absolument pas en péril, preuve d'un Fleetwood Mac qui de 1975 à 1979 tutoyait les étoiles.

CD 1: Album
1. Second Hand News 2:56
2. Dreams 4:17
3. Never Going Back Again 2:14
4. Don't Stop 3:13
5. Go Your Own Way 3:43
6. Songbird 3:20
7. The Chain 4:30
8. You Make Loving Fun 3:36
9. I Don't Want to Know 3:16
10. Oh Daddy 3:56
11. Gold Dust Woman 4:59
12. Silver Springs 4:48

CD 2: Live 77, "Rumours" World Tour
1. Intro :48
2. Monday Morning 2:38
3. Dreams 4:07
4. Don't Stop 3:51
5. The Chain 5:40
6. Oh Daddy 4:47
7. Rhiannon 7:55
8. Never Going Back Again 2:20
9. Gold Dust Woman 7:03
10. World Turning 7:31
11. Go Your Own Way 4:54
12. Songbird 4:00

CD 3: More from the Recording Sessions
1. Second hand news early take) 2:26
2. Dreams (take 2) 5:35
3. Never Going Back Again (acoustic duet) 2:19
4. Go Your Own Way (early take) 4:04
5. Songbird (demo) 4:33
6. I Don't Want to Know (instrumental, take 10) 4:23
7. Keep Me There (early take) 3:42
8. The Chain (instrumental) 5:14
9. Keep Me There (demo) 5:29
10. Gold Dust Woman (with vocal) 4:18
11. Oh Daddy (early take) 5:25
12. Silver Springs (early take) 3:48
13. Planets of the Universe (early take) 5:31
14. Doesn't Anything Last (demo) 4:28
15. Never Going Back Again (acoustic duet) 1:03
16. Never Going Back Again (instrumental) 2:36

Lindsey Buckingham - guitars, banjo, dobro, percussion, vocals
Stevie Nicks - vocals, tambourine
Christine McVie - keyboards, piano, Hammond organ, clavinet, vocals
John McVie - bass guitar
Mick Fleetwood - drums, percussion, harpsichord

FLEETWOOD MAC

MeRCReDi
XTC "English Settlement" (1982)
ou "Pop Ecstasy"

Le premier chef d'œuvre de XTC ? C'est bien possible parce qu'avec English Settlement la formation poursuit sa mue et, même, l'accélère se rapprochant de ce fait de la plus britannique des formations des années 60, les Kinks, sans pour autant perdre la personnalité naissante qu'on avait apprécié sur Drums & Wires et Black Sea. Pour certains, l'album va trop loin, souffre des maux dont souvent sont atteints les doubles albums, cette manie 70s qu'on aurait cru oubliée, que, du coup, il y a tout de même un peu de remplissage notamment au rayon des morceaux un peu bizarres. Ces pleutres ne comprennent simplement pas l'art du combo qui, toujours, et présentement très bien, s'est ménagé quelques espaces pour de prospectifs délires. Qui plus est, si d'un double il s'agit en effet, il ne comporte que 15 chansons et ne s'éparpille donc pas trop. Côté étrangetés, pour l'exemple, on citera les deux saillies d'influence africaine, pas loin des Talking Heads de Remain in Light que sont Melt the Guns et It's Nearly Africa, toutes deux excellentes, ou deux morceaux sautillants à souhait perdus vers la fin de l'opus (Fly on the Wall, Down in the Cockpit). Sinon, entre post new-wave en apesanteur et "grand-bretonnité" de plus en plus confortablement assumée et savoureuse (Partridge en relève de Ray Davies, c'est évident !), le groupe étend le registre qu'on lui connaissait avec finesse et intelligence. Et, bien sûr, il y a la production de Hugh Padgham, qui succède présentement à Steve Lillywhite, qui, précise et rouée, sait parfaitement mettre en valeur chacun des aspects d'un répertoire stylistiquement riche et varié. English Settlement est aussi le dernier album de XTC conçu pour la scène, le dernier avant que Partridge ne craque psychologiquement et que le groupe se retire de toute activité publique pour se concentrer sur ses travaux studio, comme les Beatles mais pour d'autres raisons donc. En ces débuts d'années 80, Deux groupes issus de la vague punk, même si pas se la même, dominent la portion créative du rock mondial : les américains des Talking Heads qui restent sur un historique Remain in Light et, évidemment !, XTC qui, avec English Settlement, sortent leur premier chef d'œuvre et démontrent qu'il faudra compter avec eux, ce que le futur a indéniablement confirmé.

1. Runaways 4:34
2. Ball and Chain 4:32
3. Senses Working Overtime 4:50
4. Jason and the Argonauts 6:07
5. No Thugs in Our House 5:09
6. Yacht Dance 3:56
7. All of a Sudden (It's Too Late) 5:21
8. Melt the Guns 6:34
9. Leisure 5:02
10. It's Nearly Africa 3:55
11. Knuckle Down 4:28
12. Fly on the Wall 3:19
13. Down in the Cockpit 5:27
14. English Roundabout 3:59
15. Snowman 5:03

Colin Moulding - lead vocals, backing vocals, fretless bass, Fender bass, mini-Korg, piano, percussion
Andy Partridge - lead vocals, backing vocals, electric guitar, semi-acoustic electric 12-string guitar, semi-acoustic electric guitar, acoustic guitar, mini-Korg, Prophet V, anklung, alto sax, percussion, frog
Dave Gregory - electric 12-string guitar, electric guitars, nylon-string Spanish guitar, semi-acoustic electric 12-string guitar, Prophet V, mini-Korg, backing vocals, percussion, piano
Terry Chambers - drums, drum synthesiser, percussion, backing vocals
&
Hugh Padgham - backing vocals on "Ball and Chain"
Hans de Vente - backing vocals on "It's Nearly Africa"

XTC

JeuDi
Beastie Boys "Some Old Bullshit" (1994)
ou "Punk Roots"

Avant de devenir la plus irrévérencieuse des formations de Hip-Hop, les Beastie Boys commirent des exactions électrico-secouantes dévoilées, comme le titre de la galette l'indique, tel Some Old Bullshit qu'il serait cependant un peu hâtif de démettre. Parce qu'à écouter ces titres sauvés du placard, les Beastie Boys, les plus punk de tous les rappers, indéniablement, ont plus évolué que radicalement changé d'orientation en optant pour la rime et le rythme en lieu et place du cri et des distorsions supersoniques. On schématise un peu, bien-sûr, parce qu'il y a bien ici les premiers indices du changement qui ne va plus tarder à arriver, avec l'effet que l'on sait via le légendaire Licenced to Ill. comme le drolatique proto-hip hop Cooky Pus ou le reggae/dub Beastie Revolution, rien de révolutionnaire ou d'affolant mais définitivement une voie (et voix) intéressante dans laquelle les Beasties surent cheminer. Le reste ? De courtes saillies hardcore punk absolument typiques de ce que faisaient beaucoup de groupes américains d'alors, influencés qu'ils étaient par les tutélaires Minor Threat de l'immense Ian MacKaye, bien mené en l'occurrence si totalement exempt de quelque originalité que ce soit. Bref, essentiels ces débuts débraillés ? Sans doute pas mais, comme d'habitude avec les Beastie Boys, une bonne tranche de fun sur laquelle il serait malvenu de rechigner, d'autant qu'elle explique le groupe de Hip-Hop que le trio deviendra.

1. Egg Raid On Mojo (Demo Version) 1:41
2. Beastie Boys 0:56
3. Transit Cop 1:18
4. Jimi 2:06
5. Holy Snappers 1:22
6. Riot Fight 0:30
7. Ode to… 1:33
8. Michelle's Farm 1:38
9. Egg Raid On Mojo 1:20
10. Transit Cop (Demo Version) 1:21
11. Cooky Puss 3:19
12. Bonus Batter 2:21
13. Beastie Revolution 5:09
14. Cooky Puss (Censored Version) 3:19

Michael Diamond - Vocals
Adam Yauch - Bass
John Berry - Guitar
Kate Schellenbach - Drums

BEASTIE BOYS

VeNDReDi
Kent "Tous les Hommes" (1991)
ou "En Chanson"

Ayant Starshooterisé quelques années avant d'entreprendre une carrière solitaire, c'est un Kent presque méconnaissable qui, en 1991, termine sa mue par un joli album de chansons françaises à l'ancienne, Tous les Hommes. Parce que la transformation du punk à rire en disciple de Brel ne s'est pas faite en un jour et que, jusqu'à Le Mur du Son (1987), c'est encore ripoliné au jeunisme que son répertoire se présente. Et puis A Nos Amours, 1990, et Tous les Hommes surtout, et pas seulement pour son gros tube mérité (Tous les Mômes) et un Kent nouveau qui assume son plaisir à faire comme avant avec le flair d'aujourd'hui, une sorte d'avant-garde de la nouvelle chansons française, en somme. A partir de là, de belles instrumentations permettant d'entendre, pêle-mêle, accordéons, scies musicales ou vibraphones sur des compositions de qualité arrangées aux petits oignons avec, certes, quelques morceaux, surtout vers la fin, glissant trop vers la chanson-rock dont Kent s'était si gracieusement défait sur le reste de l'opus, font de Tous les Hommes la véritable pierre philosophale de ce Kent tout nouveau tout beau qui, depuis, a largement confirmé les belles dispositions dans lesquelles il s'affiche ici. En résumé ? Un bon parolier et mélodiste, une nouvelle voie qui lui colle à merveille à la peau (et à la voix) pour un album évidemment recommandé à tous les amateurs de chanson française intemporelle de qualité, c'en est.

1. Tous Les Mômes 4:35
2. Au Revoir, Adieu 3:35
3. Je Suis un Kilomètre 3:30
4. On Fait c'Qu'On Peut 3:10
5. L'Idole Exemplaire 2:58
6. Au Fond des Bermudes 3:37
7. Ni Plus, Ni Moins 3:32
8. Montréal 3:29
9. Illusion d'Optique 4:15
10. Chienne de Vie 4:20
11. J'Aime Bien Mourir un Jour 3:11
12. L'Homme Est une Erreur 3:45

Kent - chant, guitare

Arnaud Méthivier - accordéon

Marc Perrier - basse

Pierre Mortarelli - contrebasse

Manu Lacordaire - batterie, percussions
Jacques Bastello - guitare, chœurs

Michel Marin - saxophone, harmonica
Sipolo (1, 6) - scie musicale

François Bréant (1, 3) - vibraphone

KENT

SaMeDi
Scott Walker "Tilt" (1995)
ou "Avant-Gardiste"

Si les précédentes offrandes de Scott Engel, aka Walker, avaient dévoilés d'immenses tentations pour l'expérimentation, tant dans la mise en son que dans la composition, c'est clairement avec Tilt que le ténébreux américain largue les amarres d'avec une pop qui, jusqu'alors, avait toujours été des composantes de son art. Quitte, en se délectant de l'usage de l'instrument studio, à en oublier de proposer de vraies chansons ? Presque. Mais peut-être que, simplement, là n'est plus le propos, que ce Scott Walker qui se lâche complètement est désormais plus versé dans la confection maniaque de poèmes sonores impressionnistes que de ditties répétitives, sûrement même. L'odyssée de l'étrange commence pourtant presque normalement, par une ballade dramatique, Farmer in the City, toute en corde et voix affectée, certes plus décalée que ce qui fit la réputation d'Engel mais finalement assez raccord avec ce qu'on aurait pu imaginer d'un artiste chercheur qui, brisant enfin le silence, évolue plus qu'il ne révolutionne. Malin, Scott nous l'aura donc faite "en douceur" parce que la suite, des tentations industrieuses de The Cockfighter, des textures mélodiques percussives de Bouncer See Bouncer, d'un Manhattan qu'on décrirait presque comme une improbable rencontre entre Simple Minds et Genesis, entre heroic rock et rock progressif symphonique, s'il n'était si étrangement habité et si mélodiquement à la marge, du faux primitivisme d'un Face on Breast où batterie et guitare, pourtant à minima, mènent le "bal", etc., parce qu'on ne va tout de même pas faire toutes les "chansons" sauf à dire qu'elles sont toutes aussi bonnes que particulières, c'est à un catalogue d'expérimentations auquel on a affaire, avec de vrais bouts de grandes mélodies dedans, qui peut laisser froid voire carrément repousser mais qui, pour ceux qui suivent, en vrac et dans tous les sens, les passionnantes carrières de John Cale, Robert Wyatt, ou de feu-David Bowie, que Walker influença beaucoup en ses jeunes années d'ailleurs, ils trouveront un opus sans compromis mais pas sans qualités et même bourré d'icelles. Difficile ? Probablement, mais le jeu en vaut la chandelle parce que, indéniablement, Tilt, plus qu'un retour, est, dans la série des auto-réinventions qui ne manquent pas, une des plus extraordinaires qu'un artiste nous ait jamais offerte. Bravo !

1. Farmer in the City (Remembering Pasolini) 6:38
2. The Cockfighter 6:01
3. Bouncer See Bouncer... 8:50
4. Manhattan (flȇrdelē´) 6:05
5. Face on Breast 5:15
6. Bolivia '95 7:44
7. Patriot (A single) 8:28
8. Tilt 5:13
9. Rosary 2:41

Scott Walker – Vocals
Ian Thomas – Drums
John Giblin – Bass
Brian Gascoigne – Keyboards
David Rhodes – Guitars
&
- "Farmer in the City"
Strings of Sinfonia of London, arranged and conducted by Brian Gascoigne
Elizabeth Kenny – Chitarrone
Roy Carter – Oboe
- "The Cockfighter"
Hugh Burns – Guitar
Alasdair Malloy – Percussion
Louis Jardim – Percussion
Andrew Cronshaw – Horns and Reeds
Brian Gascoigne – Celeste and Organ of the Methodist Central Hall
- "Bouncer See Bouncer..."
Jonathan Snowden – Flutes
Andy Findon – Bass Flute
Jim Gregory – Bass Flute
Roy Jowitt – Clarinet
Roy Carter – Oboe
Brian Gascoigne – Woodwind Orchestration and Organ of the Methodist Central Hall
Peter Walsh – Prog Bass Drum
- "Manhattan"
Alasdair Malloy – Percussion
Louis Jardim – Percussion
Brian Gascoigne – Organ of the Methodist Central Hall
Andrew Cronshaw – Concertina
- "Face on Breast"
Ian Thomas – "Bass Drum on lap and kit all at once"
Colin Pulbrook – Hammond Organ
Scott Walker and Peter Walsh – Whistles
- "Bolivia '95"
Hugh Burns – Guitars
Alasdair Malloy – Percussion
Louis Jardim – Percussion
Andrew Cronshaw – Ba-wu flute
Greg Knowles – Cimbalom
- "Patriot (a single)"
 Strings of Sinfonia of London, orchestrated and conducted by Brian Gascoigne
Jonathan Snowden – Piccolo
John Barclay – Trumpets
Ian Thomas – Military Bass Drum and Cymbals
- "Rosary"
Scott Walker – Guitar

SCOTT WALKER

11 commentaires:

  1. L’Été Mange-Disques - 7 Reconversions

    Bob Dylan "Highway 61 Revisited" (1965)
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    Bee Gees "Main Course" (1975)
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    Fleetwood Mac "Rumours" (1977)
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    XTC "English Settlement" (1982)
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    Beastie Boys "Some Old Bullshit" (1994)
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    Kent "Tous les Hommes" (1991)
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    Scott Walker "Tilt" (1995)
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  2. Des reconversions, parfois heureuses, souvent houleuses.

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  3. Tout comme toi pour le Fleetwood Mac, c'est l'album parfait et cette réédition avec un vynil est une tuerie. J'aime aussi le Tusk réédité pareillement mais pas encore acheté. Merci pour le Bee Gees qui tourne en boucle et qui sied bien au soleil qui brille...je ne le connaissais pas. Belles vacances. Ph

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    1. Bon Bee Gees alors, et n'hésite pas à creuser le reste de la sélection. :-)

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  4. Voilà une nouvelle liste parfaite à mon goût.. à part peut être les Beatie, ça n'a jamais été ma came, même si j'ai écouté celui là sur le tard.
    Ceci dit, j'ai une grande tendresse particulière pour Main Course..la plaque tournante, la transition, la mélange du disco naissant et des balades typique comme tu dis (Country lanes..songbird). Bref celui là est un petit chouchou ds mes préférences générales.

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    Réponses
    1. Main Course, c'est l'équilibre parfait entre leur passé pop et leur futur disco, plus qu'un album de transition en somme.
      J'ose te conseiller le Kent ? Allez, j'ose mais quelque chose me dit que tu le connais déjà...
      A+

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    2. yes le connais bien.. une joie de retrouver cet album parmi les 13 CD de son intégral studio.."Cyclone", "L'homme de mars", "Panorama" ... encore un artiste très souséstimé par ici... je trouve. "Je suis un kilomètre".. une des plus belle chanson française.

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    3. Je n'étais même pas au courant qu'une intégrale existait. Y trouve-t'on des raretés ?

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  5. Jolis choix, je m'attendais cependant à retrouver le Spirit of Eden de Talk Talk, ou le Kid A de Radiohead.

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    1. Deux excellents albums ! Mais je les considère plus comme des évolutions logiques que de véritables redéfinitions d'un son... Pour Talk Talk, à la limite, Laughing Stock serait celui-là, sauf que c'est le dernier et donc plus une voie prospective sans issue qu'une véritable nouvelle voie.
      Tous ces albums sont évidemment recommandés, et je finirai bien par en parler, mais pas sur ce coup-là.
      Merci de ton passage, ElNo! ^_^

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