mercredi 1 février 2017

GROS LOT ! Genèse à Gogo !

Pas un retour, un rappel tout au plus... De passage, Le Zornophage revient sur une de ses ultimes obsessions musicales : GENESIS ! Et donc tout les albums, tous les lives et des bonus (pas forcément mentionnés dans les trackslists, option pochette surprises !) pour que vous goûtiez pleinement au charme d'un des plus grands groupes de tous les temps. Enjoie !

1969
"Fom Genesis to Revelation"
L'enfance de l'art...

Genesis avant Genesis ou la préhistoire de ce qui allait devenir, sans qu'aucun signe avant-coureur ne vienne poindre, une des plus belles formations de rock progressif. Vous me direz qu'il fallait bien commencer quelque part mais, rétrospectivement, la route parait encore longue, interminable... Et la mue d'autant plus miraculeuse.
Parce que ce Genesis là n'a que très peu de point communs avec celui qui passera à la postérité. Déjà dans le format, la durée et le style de leurs chansons, petites constructions pop extrêmement typiques de leur époque mais, hélas, pas franchement remarquables (d'autres font alors ça bien mieux, indéniablement). Ces premiers pas ne sont certes pas très assurés mais pas indignes pour autant, et presque totalement détachables du reste de la discographie du groupe, donc. Bien sûr, il y a déjà la voix de Peter Gabriel, son approximation post-adolescente tout du moins, c'est à peu près le seul trait d'union qu'on puisse trouver avec ce qui suivra, fera florès. Point positif, parce qu'il y en a tout de même, il y a une innocence, une naïveté, qui rend la collection attachante, émouvante presque. Il n'est pas inutile de préciser que les quatre membres du Genesis d'alors (plus John Silver, rapidement adoubé parce qu'il fallait bien un batteur pour remplacer un Chris Stewart débarqué parce que pas au niveau) se rêvent plus en équipe de songwriters qu'en musiciens/performers à proprement parler, et qu'il faudra la foi et l'insistance de Jonathan King (un ancien de la Charterhouse School, comme eux) pour leur faire changer d'avis.
Musicalement, c'est donc de pop de la fin des 60s dont il s'agit, ce n'est pas plus compliqué que ça. Un peu de psychédélisme, un peu de folk, des influences criantes (des Bee Gees surtout, groupe que King apprécie alors particulièrement, aux Kinks en passant par les Moody Blues) et le tour est joué. Il y a quelques jolies chansons dessus, surannées aujourd'hui, forcément, dont When the Sour Turns to Sweet et son petit côté soul qui colle si bien à la voix d'un jeune Peter, The Serpent qui mieux développé aurait presque pu être progressif déjà, In the Wilderness où point déjà une certaine théâtralité et se voit doté d'un refrain accrocheur, ou un charmant Silent Sun (très Bee Gees d'alors) s'il n'avait été empesé de cordes envahissantes.
Assemblé comme un concept album où les pistes s'enchainent les unes aux autres par le producteur, augmenté de cordes sans consultation préalable du groupe qui s'en trouva fort marri, trop moyennement produit et mal emballé par une pochette aussi peu accrocheuse que possible, peu voire pas promu par le label (Decca), From Genesis to Revelation se trouvera souvent alors dans les bacs réservés à la musique religieuse, sans en être donc. Les chiffres de vente, logiquement, n'en seront pas (euphémisme) très élevés poussant le groupe à reprendre son destin en main et à changer radicalement de braquet mais ça, c'est une autre histoire, la Grande Histoire de Genesis que nous connaissons bien.
Il y en aura sûrement pour vanter ce Genesis par rapport à l'autre (aux autres ?), au vrai, mais il y en a toujours qui refusent de se rallier à la majorité, qu'elle ait raison ou tort (en l'occurrence, elle ne se trompe pas). Concrètement, on ne conseillera l'album qu'aux fans hardcore du groupe, ceux qui ne veulent rien rater quelque soit la qualité, et aux archivistes de la pop anglaise de la fin des années 60... ce qui ne fait pas beaucoup de monde. Parce que From Genesis to Revelation, sans être jamais vraiment mauvais, entendons-nous bien, n'est aucunement essentiel, anecdotique tout au plus.

Album
1. Where the Sour Turns to Sweet 3:16
2. In the Beginning 3:47
3. Fireside Song 4:20
4. The Serpent 4:40
5. Am I Very Wrong? 3:33
6. In the Wilderness 3:33
7. The Conqueror 3:42
8. In Hiding 2:40
9. One Day 3:22
10. Window 3:35
11. In Limbo 3:32
12. Silent Sun 2:15
13. A Place to Call My Own 2:00

Bonus Disc
1. Patricia (demo 1967) 3:08
2. Try a Little Sadness (demo 1967) 3:21
3. She is Beautiful (demo 1967) 3:48
4. Image Blown Out (demo) 2:49
5. The Silent Sun (single A-side) 2:15
6. That's Me (single B-side) 2:40
7. A Winter's Tale (single A-side) 3:32
8. One-Eyed Hound (single B-side) 2:34
9. Where the Sour Turns to Sweet (demo 1968) 3:16
10. In the Beginning (demo 1968) 3:32
11. In the Wilderness (rough mix without strings 1968) 2:59
12. One Day (rough mix 1968) 3:08
13. Image Blown Out (rough mix 1968) 2:13

Tony Banks - Farfisa & Hammond organs, acoustic & electric pianos, backing vocals
Peter Gabriel - lead vocals, flute
Anthony Phillips - acoustic & electric guitars, backing vocals
Mike Rutherford - bass guitar, acoustic & electric guitars, backing vocals
John Silver - drums, vocals, except on "Silent Sun"
&
Chris Stewart - drums on "Silent Sun"

Strings & horns arranged & conducted by Arthur Greenslade & Lou Warburton


1970
"Trespass"
Etoile naissante

Ha, Trespass ! Oubliés les errements psyché-pop d'un premier album dispensable, rétamées les petites chansonnettes de 3 minutes, sorti Jonathan King , producteur, manager, découvreur, et ses ambitions mainstream... Genesis nait à sa nouvelle vie, celle d'un courant tout juste naissant : le rock progressif. Rien que ça, est une excellente nouvelle !
Mais il y a en plus d'excellentes chansons où le groupe, plus que de déployer les atours dont il avait fait montre précédemment, fait sa révolution. Les compositions s'en trouvent notablement allongées, le format chanson pop explosé en de précieuses pièces aux multiples développements et la palette sonore dramatiquement élargie. On y trouve aussi, enfin !, un Peter Gabriel ayant trouvé sa voix, et sa voie dans des paroles certes plus cryptiques mais aussi nettement plus intéressantes. Il est, il faut dire, bien secondé par les finesses et emportements de ses quatre condisciples notamment sur un Looking for Someone , un White Mountain ou ,bien sûr !, un The Knife n'hésitant pas à sortir l'électricité dans des passages échevelés contrebalançant à merveille quelques douceurs pastorales bien senties. Mais, parce qu'il y a un mais, il n'y a pas encore tout à fait, si fondamentalement tout ce qui fera le Genesis légendaire est déjà présent, ni la précision instrumentale ni le souffle lyrique ni même l'imagination qui feront de Nursery Cryme, de Foxtrot et de Selling England by the pound les chefs d'oeuvre que nous connaissons. Et même The Knife, celui qui se rapproche le plus de ses épiques successeurs se voit handicapé par un guitariste certes talentueux mais pas exceptionnel, Anthony Phillips, et un batteur qui se contente de suivre la trame du morceau, John Mayhew, c'est particulièrement évident quand on compare la version Trespass à celle du Genesis Live de 1973 où, vraiment, Hackett et Collins apportent leur pierre au glorieux édifice alors largement mené, outre l'évidence Gabriel, par un Tony Banks déjà très sûr de son fait.
Il n'y a pas non plus la mise en son permettant de parfaitement jouir de toutes les finesses et trouvailles du combo, problème d'ailleurs partagé pas Nursery Cryme produit par le même John Anthony qui s'arrêtera là. Problème qui a fort heureusement été largement solutionné dans le remaster définitif de 2008 sur lequel on regrettera simplement l'absence des inédits d'époque disponibles dans le premier Archives et, évidemment, dans le coffret 1970-1975. Un manque qui devient alarmant quand on sait l'intérêt de la bande son avortée Genesis Plays Jackson où les embryons de quelques futures compositions (jusqu'à The Lamb !) s'offrent déjà à nos oreilles ravies.
Trespass, s'il n'est donc pas tout à fait à la hauteur du "vrai" Genesis, est une belle galette progressive, la naissance réelle d'une des formations les plus passionnantes des années 1970 et, logiquement, un opus qu'on recommande chaudement, malgré ses quelques petits défauts parce que c'est ici que commence l'Histoire de Genesis et que ça mérite vraiment d'être écouté... Encore et encore.

1. Looking for Someone 7:06
2. White Mountain 6:45
3. Visions of Angels 6:51
4. Stagnation 8:45
5. Dusk 4:15
6. The Knife 8:55

Tony Banks - organ, acoustic & electric pianos, mellotron (tracks 2, 3, and 4), acoustic guitar, backing vocals
Peter Gabriel - lead vocals, flute, accordion (track 1), bass drum, tambourine, percussion
John Mayhew - drums, percussion, backing vocals
Anthony Phillips - electric guitar, acoustic guitar, dulcimer, backing vocals
Mike Rutherford - bass, acoustic guitar, nylon string guitar, cello (track 2), backing vocals


1971
"Nursery Cryme"
Genius in the Nursery

Anthony Phillips et John Mayhew respectivement parti et débarqué, un mal pour un bien, Genesis intronise l'arrivée de deux petits nouveaux dans sa maison progressive. Ce faisant, le trio restant ne se trompe pas et cimente ce qui restera à jamais le line-up de référence de la formation. Bienvenue donc à Steve Hackett et à Phil Collins. Et la Grande Histoire peut commencer.
Parce que si Trespass avait offert de belles émotions, et affirmé une nouvelle identité pour Genesis, c'est bel et bien avec Nursery Cryme que tout se concrétise.
C'est évident dès un Musical Box d'ouverture où les deux nouveaux brillent si bien qu'ils font facilement oublier leur prédécesseurs. Il faut dire que la composition en impose, progressant d'une douce mélopée à un puissant développement elle reprend, peu ou prou, les choses là où The Knife les avaient laissées supplémentée, donc, du doigté et de l'imagination d'un Steve Hackett soliste d'exception et d'un Phil Collins badaboumant expertement sur son kit mais, aussi, complémentant (et complimentant) à merveille Gabriel par sa douce voix d'ailleurs exploitée en lead dès la seconde piste, le court, sensible et réussi For Absent Friends. Suit une nouvelle épopée, l'exceptionnel Return of the Giant Hogweed, qui établit encore un peu plus ce nouveau Genesis décidément plus radical dans sa violence, plus précis dans son interprétation mais également supérieurement inspiré où s'expriment déjà toutes les qualités symphonico-progressives d'une formation où, miraculeusement, chaque performer a voix au chapitre sans fouler les arpions de ses petits copains. Quelle face A !
Alors, certes, l'autre côté de la cire noire est plus anecdotique. Seven Stones a une belle mélodie, un formidable emballage final mais pas le souffle lyrique entendu plus tôt. Harold the Barrel est rigolo mais, à tout juste 3 minutes, ne prend pas le temps d'explorer toutes les pistes potentielles à sa totale réussite. Harlequin renoue avec les douceurs acoustiques, pastorales presque, de Trespass sans laisser plus de trace que ça, une bonne chanson néanmoins. Mais il y a le troisième monstre de l'album en conclusion, le formidable The Fountain of Salmacis et, là, une fois encore, Genesis fait montre de ce nouvel esprit, de cette déjà bien affirmée capacité à jouer sur les ambiances, les alternances de passages calmes et d'autres plus orageux, le succès est total.
A l'époque, on a pu regretter la production un poil faiblarde d'un John Anthony qui n'avait pas fait mieux sur Trespass et ne se verra, logiquement, pas reconduit sur Foxtrot. Ce défaut mineur, qui n'a que trop longtemps handicapé un opus qui méritait décidément mieux, est majoritairement gommé par les deux générations de remasters et, plus particulièrement, par le définitif sorti en 2008 où tout est plus audible, enfin !
Entendons-nous bien, si Nursery Cryme est une indéniable réussite, et l'album qui lancera vraiment la carrière du groupe (via un surprenant succès italien), il n'est que le (beau) brouillon de ce qui suivra. Un grand, immense pas dans la direction d'un progressisme altier, racé et habité, ce qui est déjà énorme et en fait, forcément, un album chaudement recommandé si pas exactement parfait. Mais ça viendra...

1. The Musical Box 10:27
2. For Absent Friends 1:44
3. The Return of the Giant Hogweed 8:10
4. Seven Stones 5:08
5. Harold the Barrel 2:58
6. Harlequin 2:53
7. The Fountain of Salmacis 7:47 

Tony Banks - organ, Mellotron, acoustic and electric pianos, twelve-string acoustic guitar, backing vocals
Phil Collins - drums, percussion, backing vocals, lead vocals (track 2)
Peter Gabriel - lead vocals, flute, bass drum, tambourine
Steve Hackett - electric guitar, twelve-string acoustic guitar
Mike Rutherford - bass guitar, bass pedals, twelve-string acoustic guitar, backing vocals


1972
"Foxtrot"
A Flower?

Le premier chef d’œuvre ? C'est démettre un peu facilement un Nursery Cryme déjà très réussi mais, indéniablement, il y a encore plus, encore mieux dans Foxtrot.
Peut-être parce qu'Hackett et Collins sont désormais bien installés dans Genesis, plus les petits nouveaux mais bel et bien des membres à part entière de ce qui reste le line-up de référence du groupe. Sans doute parce que l'écriture du quintet s'est encore affinée, encore démarquée d'une concurrence qui ne manque pourtant pas de panache avec ses King Crimson, Yes, et autres Van der Graaf Generator. Évidemment parce que ce groupe-là, aussi préoccupé par la mélodie que par la construction savante de pièces complexes, atteint ici la plénitude de sa verve créatrice.
S'il n'y avait que la première face, de Watcher of the Skies à Can-Utility and the Coastliners, soit trois monstres de compositions alliant finesse des mélodies et interaction magistrale entre cinq musiciens totalement en phase dans un monde qui n'appartient qu'à eux, on crierait déjà au génie parce que Genesis, qui a donc déjà épaté son monde sur l'excellent Nursery Cryme, fait encore mieux sauf, peut-être, sur un Time Table , jolie chanson aux mélodies accrocheuses, de belle qualité si moins viscéralement essentielle (c'est dire le voisinage !). Mais il y a, retournant la cire noire d'époque ou enchainant sur la cinquième piste de la galette argentée d'aujourd'hui, le degré encore supérieur de la création progressive. Et, non, pas Horizons, petite vignette acoustique absolument charmante de Mr. Hackett qui la joue d'ailleurs encore régulièrement aujourd'hui, juste après... C'est là qu'on trouve LA pièce, symphonie progressive en sept mouvements, celle-là même qui n'en finit pas de truster la tête des listes récapitulatives des morceaux fleuves d'anthologie, de l'inusable chef d’œuvre de cette première partie de la carrière du groupe dont il s'agit : Supper's Ready. Que dire qui n'ait déjà été écrit sur la divine entreprise et ses 23 minutes qui, pris dans le tourbillon créatif que nous sommes, passe aussi vite qu'une miniature ? S'esbaudir encore une fois sur la divine construction de la chose, sur les performances respectives de chaque instrumentiste, sur le texte un poil cryptique mais ultimement passionnant et l'interprétation parfaite d'un Peter Gabriel en état de grâce absolu ? Oui, tout ça ! Et encore, en se retenant et tentant de garder un poil d'esprit critique. Peine perdue. Supper's Ready est sans faille de son intro où, immédiatement, la voix vous prend pour ne plus jamais vous lâcher, à son final en apothéose en passant par toutes ses sections où, même, on retrouve un certain humour typiquement britannique. Terrassés sommes-nous par un tel tour de force par un groupe qui, rappelons-le, se compose de jeunes gens n'ayant pas même atteint le quart de siècle. A ce niveau là, on ne peut qu'applaudir et en redemander.
Il faut dire aussi que Genesis est bien aidé par son producteur, David Hitchcock, un spécialiste d'alors de la chose prog, connu aussi pour sa longue collaboration avec les canterburiens de Caravan, qui a parfaitement su mettre en son, donner la clarté et la précision nécessaires pour que l’œuvre soit idéalement mise en valeur, une sacrée progression par rapport au travail de John Anthony sur son estimé prédécesseur. Et encore plus, avouons, sur un remaster définitif améliorant encore la performance, diable !
Le progressisme de Genesis évoluera bientôt, ce qui évitera à la formation de tenter l'illusoire exploit de reproduire l'insensée réussite de Foxtrot et d'en produire de nouvelles (Selling England, The Lamb, Trick, Wind & Wuthering, rien que ça !). En l'état, on tient indéniablement le premier magnum opus d'une encore jeune carrière. Et de se pâmer devant le chemin parcouru depuis le gauche From Genesis to Revelation et sa pop adolescente et la grâce encore embryonnaire d'un Trespass sur la bonne voie. Foxtrot ? Monstrueux, tout simplement ! Et essentiel, cela va sans dire !

1. Watcher of the Skies 7:21
2. Time Table 4:47
3. Get 'Em Out by Friday 8:35
4. Can-Utility and the Coastliners 5:45
5. Horizons 1:39
6. Supper's Ready 22:57

Tony Banks - organ, acoustic and electric pianos, mellotron, twelve-string guitar, backing vocals
Phil Collins - drums, percussion, backing vocals
Peter Gabriel - lead vocals, flute, tambourine, oboe, percussion
Steve Hackett - electric guitar, twelve-string guitar
Mike Rutherford - bass guitar, bass pedals, cello, twelve-string guitar, backing vocals


1973
"Genesis Live"
Genèse scénique

Premier live de Genesis, seul live officiel du quintet de référence, aussi, le sobrement titré Genesis Live reste une galette absolument incontournable même si certains titres y manquent cruellement.
Parce qu'en 1973, quelques mois avant la sortie de Selling England by the pound, la formation progressive a largement de quoi proposer un double live et que Genesis Live, tristement simple, ne propose que 5 pistes. C'est d'autant plus rageant qu'on sait qu'un exemplaire promotionnel précéda la version officielle et que celui-ci contenait la chanson la plus référentielle de leur répertoire encore naissant : Supper's Ready. C'est d'autant plus rageant (bis) que le coffret Live 1973-2007 contient suffisamment de bonus pour magnifiquement allonger les splendeurs de la tracklist d'époque (d'une captation audio d'extraits de The Lamb, à une autre, au Rainbow Theatre de Londres en 1973, pour la tournée de Selling England by the Pound).
Ca ne retire évidemment rien à l'album tel que nous le connaissons, particulièrement dans sa version remixée de 2009 (où tu est plus clair). Parce que ce Genesis là, s'il souffre des évidentes limitations techniques d'alors, est une fantastique machine. Une machine d'une rare précision menée par un Peter Gabriel encore plus trippé que dans les versions studio et d'un groupe explorant encore plus avant les possibles de leurs compositions. Pour preuve, il suffit d'écouter la meilleure version de The Knife disponible sur le marché qui bénéficie, outre d'un chanteur encore plus investi, de l'expertise des deux membres les plus récemment recrutés : Steve Hackett et Phil Collins. Parce qu'Hackett est un guitariste autrement plus passionnant que son pourtant très correct prédécesseur (Ant Phillips, co-fondateur de la maison, démissionnaire parce que traqueur) et que Collins, comme chacun le sait, est alors un des tous meilleurs batteurs au monde et apporte moult finesses à des compositions ne demandant que ça, dont The Knife, donc, surtout The Knife en vérité dont le solo de guitare est littéralement transfiguré, magnifié. Le reste tient forcément plus de la reproduction maniaque, perfectionniste, de ce qui fut enregistré pour les albums dont les interprétations sont tout de même essentielles puisque ce sont les versions définitives de morceaux désormais classiques par le line-up le plus révéré de la formation.
Les petits désagréments mentionnés mis à part, annihilés si vous faites l'acquisition du coffret précité, Genesis Live reste un fantastique album en concert d'un groupe dont, génération après génération, on n'a pas fini de louer les mérites... à raison !

1. Watcher of the Skies 8:34
2. Get 'Em Out by Friday 9:14
3. The Return of the Giant Hogweed 8:14
4. The Musical Box 10:56
5. The Knife 9:47

Tony Banks - Hammond organ, Mellotron, Hohner Pianet, 12-string guitar, backing vocals
Phil Collins - drums, backing vocals
Peter Gabriel - lead vocals, flute, tambourine
Steve Hackett - lead guitar
Mike Rutherford - bass guitar, bass pedals, 12-string guitar, backing vocals


1973
"Selling England by the Pound"
Malice in Wonderland

Relever le gant d'un Foxtrot triomphant et de son Himalaya compositionnel, Supper's Ready, tenait de la gageure. Pas pour ces cinq lascars qui, décidément, boxent dans une toute autre catégorie que tous leurs petits copains progressifs d'alors.
Au début, on se dit que rien n'a vraiment changé. La voix de Gabriel nous accueille, familière, le groupe le rejoint, la mélodie est belle, le texte fait sens, c'est de classique et efficace dont il s'agit. Mais Genesis n'est pas de ceux qui restent figés, se reposent sur leurs lauriers. Et donc tout vole en éclat. C'est toujours Genesis mais un élément est venu s'ajouter à la mixture, désormais Genesis fusionne aussi, pousse encore un peu plus sa musique dans des retranchements inattendus. Parce que Genesis progresse, encore ! Dancing with the Moonlit Knight décolle et nous avec. La batterie de Collins, la guitare d'Hackett, la basse de Rutherford n'ont jamais aussi bien été mises en valeur par une composition toujours aussi mélodique, aussi épique que ses plus belles devancières et, pourtant, instrumentalement encore plus osée avec un ambianceur en chef, Banks évidemment, en trait d'union essentiel. Quel accueil !
Un "petit" single pour suivre, l'efficace I Know What I Like, premier tube du groupe dans son Angleterre natale. Une mélodie accrocheuse, un refrain entêtant, un esthétisme pop qui ne minore aucunement le progressisme du combo... Et c'est une des moins bonnes chansons de l'album, diantre ! Parce qu'il y a ensuite Firth of Fifth avec son intro de piano où on se dit que Bach n'est pas si loin, avec une mélodie de chant imparable avec, surtout !, une longue section solo centrale à couper le souffle où Steve nous offre ce qui reste, plus de quarante ans après, son plus beau solo : mélodique, technique, stratosphérique. Si énorme qu'on a bien besoin de reprendre ses esprits ce que, justement, propose la petite chanson acoustique chantée par Phil, More Fool Me, une réussite encore. Fin de la face A, on en reste pantois.
The Battle of Epping Forest en fait trop ? Probablement. Mais il le fait bien avec un Gabriel plus théâtral que jamais. Alors oui, c'est bavard, chargé jusqu'à la garde des mots du chanteur mais les mélodies sont là. Du bavardage comme ça, on en redemande ! Pas de suite..., il faut se reconcentrer, prendre une pause avec un instrumental tout en harmonie où Hackett, qui en est l'artisan principal, excelle aussi bien à l'acoustique qu'à l'électrique. Mineur After the Ordeal ? Pas si. Et puis The Cinema Show, quatrième baobab de l'opus, une symphonie de prog, un prog en symphonie, parfait tout simplement, n'en disons pas plus, la musique parle d'elle-même. Une petite reprise du Moonlit Knight en conclusion, pour dûment refermer la grande maison, c'est Aisle of Plenty qui le fait et le fait bien. Et c'est déjà fini, snif. Et dire qu'ils ont mis Twilight Alehouse, petit chef d'aeuvre planqué en face B d'I Know What I Like, de côté, fallait oser !
La mise en son de John Burns, qui a déjà mixé le très réussi Genesis Live et produira The Lamb Lies Down On Broadway dans la foulée, était déjà très réussie, le remaster définitif enfonce encore le clou. Tout y est plus clair, tous les détails d'un album qui n'en manque pas explosent de tous leurs feux, y sont encore mieux révélés. Splendide.
Selling England by the Pound, un classique inusable. Essentiel, c'est le mot.

1. Dancing with the Moonlit Knight 8:02
2. I Know What I Like (In Your Wardrobe) 4:03
3. Firth of Fifth 9:36
4. More Fool Me 3:10
5. The Battle of Epping Forest 11:43
6. After the Ordeal 4:07
7. The Cinema Show 11:10
8. Aisle of Plenty 1:30

Tony Banks - acoustic & electric pianos, organ, mellotron, synthesizers, twelve-string guitar
Phil Collins - drums, percussion, backing vocals, lead vocals on "More Fool Me"
Peter Gabriel - lead vocals, flute, oboe, percussion, additional backing vocals on "More Fool Me"
Steve Hackett - electric guitar, nylon guitar
Mike Rutherford - twelve-string guitar, bass guitar, electric sitar


1974
"The Lamb Lies Down on Broadway"
Double Noir

Aussi névrosé que The Wall, aussi ambitieux que Tales from Topographic Oceans ou Thick As a Brick, The Lamb Lies Down on Broadway est une œuvre essentielle. Et atypique en bien des points pour Genesis, et pas seulement parce qu'elle sera l'ultime contribution à plein temps d'un certain Peter Gabriel.
Et donc, c'est d'un concept album dont il s'agit, l'histoire schizophrène de Rael qui cherche John, qui pourrait bien être lui-même, dans les bas-fonds d'un New York imaginaire plus proche des délires "nus-festinés" d'un Burroughs que des cartes postales de Woody. Mais en vérité, à moins que vous ne soyez de ceux qui analysent ad nauseam l'œuvre, le concept n'a que peu d'importance outre qu'il influence la tonalité de ce qui restera l'opus le plus sombre du géant progressif, leur Double Noir.
Le plus noir ? C'est particulièrement évident sur certaines des plus belles pièces de ce tour de force. Sur le morceau titre d'ouverture et son pendant du second disque (The Light Dies Down on Broadway) où Gabriel délivre des performances écorchées vives qui magnifient des compositions par ailleurs fort inspirées. Sur In the Cage, évidemment, pièce épique également marquée par la performance à fleur de peau d'un chanteur poussant ses cordes vocales à la limite de la rupture. Sur un Back in NYC où on entend un Genesis oubliant l'art du compromis harmonique, nous rentrant frontalement dedans. Sur Carpet Crawlers, Anyway ou The Lamia où les douces mélodies ne sont qu'illusions, guet-apens cafardeux en plus de confirmer l'art consommé de Genesis à millimétrer ses savantes constructions sympho-progressives. Toutes d'excellentes compositions, ça va sans dire, où s'exprime avec classe un groupe de musiciens supérieurement doués.
Bien sûr, il y a quelques respirations, quelques salutaires bouffées d'oxygène dans l'étouffant tout. Un tout doux Cuckoo Cocoon où arpèges délicats et flûte gracile viennent nous caresser les tympans. Un presque pop Counting Out Time aux chœurs quasi-Bealtesiens et au solo de synthétiseur à la sonorité rigolote. Un The Chamber of 32 Doors, un des sommets de l'album ceci dit en passant, où Gabriel se fait presque soul sur une partition à la mélodie touchée par les dieux. Un Lilywhite Lilith où les chœurs angéliques de Collins viennent merveilleusement contrebalancer la rudesse de Gabriel. Que des sommets, une fois encore, ça commence à faire une somme !
Le reste ne dépare pas vraiment, parce qu'il n'y a pas un moment de baisse d'inspiration sur tout l'album, même sur les quatre intermèdes instrumentaux : le mélodieux Hairless Heart, le possédé The Waiting Room où Steve Hackett, artisan principal de la chose, sort des sonorités d'un autre monde de son instrument, et les respectivement mystique et ambient Silent Sorrow in Empty Boats et Ravine servant la progression du concept, et la servant bien.
Oui, vraiment, The Lamb Lies Down on Broadway est une fête, celle d'un rock progressif qui sait tenir ses formats sans partir dans de longuettes épopées sans queues ni têtes. Preuve en sont quelques unes des plus courtes compositions (l'enchainement Fly on the Windshield, Broadway Melody of 74, par exemple, splendide exemple). Parce que si Genesis sait faire Supper's Ready, The Cinema Show, il sait aussi se faire concis sans ne rien perdre de sa faconde mélodique. Ce qui tient quasiment du miracle quand on sait les conditions chaotiques de la création de l'œuvre (wikipédiez voir pour plus de détails).
Allez, pour minorer un peu cet idyllique tableau, on concèdera que l'album ne finit pas exactement sur ses meilleurs titres et que, sans être mauvaise pour autant, la doublette In the Rapids et it, ne clôt pas la performance sur le feu d'artifice final qu'on aurait pu attendre, mais le fait bien tout de même, parce que ces gens-là sont indéniablement très talentueux même quand ils sont un chouia moins inspirés.
Magnifiquement mis en son par le désormais coutumier John Burns, déjà auteur du mix du Genesis Live et producteur de l'immense Selling England by the pound, The Lamb Lies Down on Broadway reste, 40 ans après sa conception, joyeux anniversaire !, une pièce de référence, un grandissime double album concept justement porté aux nues, titulaire "panthéonique" de son style, évidemment !, mais aussi de la musique rock en général et de la musique tout court. Indispensable, c'est le mot.
CD 1
1. The Lamb Lies Down on Broadway 4:52
2. Fly on a Windshield 2:47
3. Broadway Melody of 1974 2:11
4. Cuckoo Cocoon 2:14
5. In the Cage 8:15
6. The Grand Parade of Lifeless Packaging 2:45
7. Back in N.Y.C. 5:49
8. Hairless Heart 2:25
9. Counting Out Time 3:45
10. Carpet Crawlers 5:16
11. The Chamber of 32 Doors 5:40

CD 2
1. Lilywhite Lilith 2:40
2. The Waiting Room 5:28
3. Anyway 3:18
4. Here Comes the Supernatural Anaesthetist 2:50
5. The Lamia 6:57
6. Silent Sorrow in Empty Boats 3:06
7. The Colony of Slippermen 8:14
8. Ravine 2:05
9. The Light Dies Down on Broadway 3:32
10. Riding the Scree 3:56
11. In the Rapids 2:24
12. it. 4:18

Tony Banks - Hammond T-102 organ, RMI 368x Electra piano, Mellotron M400, Elka Rhapsody synthesizer, ARP 2600 & Pro Soloist synthesizers, acoustic piano
Phil Collins - drums, percussion, vibraphone, backing vocals
Peter Gabriel - lead vocals, flute, oboe, tambourine, experiments with foreign sounds
Steve Hackett - electric guitar, classical acoustic guitar
Mike Rutherford - bass guitar, twelve-string guitar, bass pedals, fuzz bass
&
Brian Eno - enossification (treatments)


1976
"A Trick of the Tail"
Second souffle

Qui aurait pensé que Genesis survivrait au départ de Peter Gabriel et, même !, gagnerait régulièrement en popularité son référentiel frontman parti ? Pas grand monde en vérité.
Artistiquement, A Trick of the Tail fut accueilli avec un énorme ouf de soulagement. Parce qu'on y retrouvait un Genesis à peine marqué par l'expérience toute en noirceur de The Lamb Lies Down on Broadway. Parce qu'on y découvrait un chanteur capable de reprendre le poste de celui qu'on pensait irremplaçable, un chanteur étonnamment familier puisqu'on l'avait déjà entendu en support de son prédécesseur mais aussi parce qu'il y sonnait souvent comme celui-ci (sans en avoir tout à fait la fêlure soul ou l'énergie rock, c'est entendu). Parce que la musique qui y était proposé restait familière tout en se démarquant juste ce qu'il fallait pour qu'on sente encore le groupe progresser.
De fait, s'il y a suffisamment de matériel qu'on aurait facilement imaginé sur Foxtrot ou Selling England by the Pound, il y a aussi la vision d'un nouveau Genesis. Pour le premier, on citera Dance on the Volcano, Squonk et Robbery Assault & Battery, toutes des chansons développant des thèmes proches de ce à quoi le quintet référentiel nous avait habitué, et du bon, de l'excellent même, avec moult prouesses toujours, évidemment !, au service de la mélodie, de la chanson. Pour le second, un Genesis plus délicat, plus conventionnellement mélodique on mentionnera les glorieuses têtes de gondole que sont Entangled, Mad Man Moon et Ripples où de délicats arpèges viennent rappeler la recette et les souvenirs datant de Trespass augmentés d'une maîtrise compositionnelle et instrumentale acquise au long d'un riche parcours. Et puis il y a les deux "oddities" de l'album, le morceau titre d'abord avec son esthétisme et ses chœurs à la Beach Boys et sa mélodie imparable, et le résumé final, Los Endos, clôturant en beauté un programme richement doté de ses feux d'artifice fusionnants tant instrumentaux que mélodiques reprenant, assemblant en un tout cohérent tout ce qui a précédé. Pas un morceau faible, donc, pas la moindre déception en vue dans ce qui constitue alors la collection la plus cohérente et la plus finement ciselée du néo-quatuor, rien que ça ! Tu parles d'un challenge relevé, c'est carrément au-delà, et la production du groupe et de David Hentschel, encore magnifiée par la précision pointilleuse du remaster définitif de 2007, ne vient qu'enfoncer le clou de cette ô combien spectaculaire réussite.
Il y a aussi, malheureusement, les prémices d'un nouveau divorce avec un Tony Banks tout puissant, compositeur, arrangeur et instrumentiste vedette de la galette, celui-là même qui aurait bien vu "son" groupe continuer sans vocaliste !, ne laissant que miettes à ses compagnons dont un, le pourtant extrêmement précieux Steve Hackett, finira par se lasser de son rôle de second couteau d'autant qu'il sort alors des sessions de son excellent premier opus solitaire, Voyage of the Acolyte, où il a démontré sa capacité à produire, seul ou presque, un matériau d'une qualité quasi-équivalente dans un style tout à fait compatible à l'esthétisme de sa maison mère.
On a trop souvent tendance à penser que Genesis sans Peter Gabriel n'est plus tout à fait Genesis. A l'écoute d'A Trick of the Tail et de son tout aussi recommandé successeur, Wind And Wuthering, le sentiment se voit battu en brèche de la plus impeccable manière. Recommandé ? Obligatoire, oui !

1. Dance on a Volcano 5:53
2. Entangled 6:28
3. Squonk 6:27
4. Mad Man Moon 7:35
5. Robbery, Assault and Battery 6:15
6. Ripples... 8:03
7. A Trick of the Tail 4:34
8. Los Endos 5:46

Tony Banks - acoustic & electric pianos, Hammond T-102 organ, synthesizers, mellotron, 12-string guitar, backing vocals
Phil Collins - lead and backing vocals, drums, percussion
Steve Hackett - electric guitar, 12-string guitars
Mike Rutherford - bass guitar, 12-string guitar, bass pedals


1976
"Wind and Wuthering"
La Fin d'une Epoque

Ultime opus du Genesis (presque) classique, album immense comme la plupart de ceux qui le précèdent, Wind & Wuthering est essentiel.
Un des albums les plus musicalement aboutis de ce Genesis progressif, aussi, grâce à la maniaquerie de l'arrangeur en chef, Tony Banks, et le soutien de ses collègues qui, c'est acquis, ne sont pas des demi-sels quand il s'agit de s'exprimer, chacun, sur leur instrument respectif. En résulte des compositions précieuses, millimétrées même et, du coup, un peu moins de folie que ce que nous avait habitué le groupe dans sa mouture la plus référentielle.
Concrètement, sur 8 des 9 compositions, on retrouve le Genesis qu'on avait eu l'habitude d'entendre en, cependant, un peu plus lisse. L'absence de Gabriel est, il faut dire, un facteur contribuant de cet etat de fait. Déjà parce que Collins, nettement moins "clonesque" que sur A Trick of the Tail (pour lequel, il est vrai, il n'avait pas prévu de chanter), amène une sensibilité plus pop, plus romantique, ensuite parce que les textes ont perdu en symbolique et en allégorie parfois cryptique ce qu'ils ont gagné en clarté.
C'est le cas sur l'ensemble de l'album où l'on n'est pas obligé de trop se creuser les méninges pour savoir ce que ce diable de parolier a bien voulu dire, à l'exception cependant de One for the Vine qui est aussi, tiens tiens, le chef d'oeuvre de l'opus. On y apprécie la fantaisie toute britannique d'un All in A Mouse's Night, sorte de Tom & Jerry version prog, moins le côté trop normal, commun dirait-on, d'une bête chanson d'amour telle que Your Own Special Way. Cette dernière, justement, fait un peu tâche sur un album qui, sinon, allie avec grandeur complexité et harmonie, sans doute cette dernière préfigure-t-elle la simplification de l'écriture du groupe (et de Rutherford en l'occurence) qui prendra effet dès l'album suivant, dès le départ de Steve Hackett, osera-t-on affirmer.
Sinon, c'est à un Genesis finalement assez proche de celui de Selling England By The Pound auquel nous avons affaire avec, notamment, des tentations "fusionnesques" sur l'instrumental Wot Gorilla? et, globalement, symphoniques sur l'ensemble de la galette. Et ça marche merveilleusement bien et donne une collection où, donc, à l'omission du précité faux-pas, le féru de rock progressif en prend plein les oreilles. D'autant que la production, signée de David Hentschel et du groupe, met parfaitement en valeur les nombreuses qualités d'une formation encore clairement à son sommet créatif.
Il y a moult raisons de se réjouir du souffle de ce vent divin, et une de s'attrister car, enfin !, comment ne pas rager qu'une telle verve créatrice se voit petit à petit éteinte dans ce qui suivra ? Comment ne pas regretter cette formation d'exception dans sa mue pop-progressive d'abord puis carrément pop ? Pas que les successeurs ne déméritent vraiment, il restera du grain à moudre pour les amateurs de belles ambiances et de ciselées compositions, mais plus jamais autant qu'avec la période qui se clôt ici et laisse, mine de rien, six album quasi-parfaits en seulement cinq petites années. Très fort !

1. Eleventh Earl of Mar 7:39
2. One for the Vine 9:59
3. Your Own Special Way 6:15
4. Wot Gorilla? 3:12
5. All in a Mouse's Night 6:35
6. Blood on the Rooftops 5:20
7. Unquiet Slumbers for the Sleepers... 2:27
8. ...In That Quiet Earth 4:45
9. Afterglow 4:10

Tony Banks - acoustic & electric pianos, synthesizers (ARP 2600 & Pro-Soloist, Roland RS-202 String), mellotron, Hammond T-102 organ
Phil Collins - lead & backing vocals, drums, percussion
Steve Hackett - electric guitar, classical guitar, 12-string guitar, kalimba, autoharp
Mike Rutherford - bass guitars (4, 6 & 8 strings), bass pedals, 12-string guitar, electric guitar, backing vocals


1977
"Seconds Out"
Précieuses Secondes

Parce que si le Genesis Live de 1973 avait ses mérites (ha ! cette version de The Knife), il souffrait d'une sélection trop peu étendue pour être réellement satisfaisante et d'un mixage par trop approximatif pour contenter les audiophiles (ce détail largement réparé par le remix de 2009, c'est à noter).
Sur les douze titres de la sélection, enregistrés en grande partie lors d'un concert parisien au Palais de Sports (13/06/77), cinq proviennent des deux albums sortis avec Phil Collins au chant, qui y est donc comme un poisson dans l'eau. Le reste, créé avec vous savez qui, constitue donc la vraie nouveauté, la gageure qu'est de devoir remplacer un vocaliste à la personnalité unique. Force est de constater que Phil s'en sort bien, trouve son propre chemin, sa propre voie (voix) imposant une tonalité plus pop sans ruiner le souffle épique de compositions qui, sans, ne s'en seraient pas remises. Il faut dire que ce Genesis là, que ce soit avec Chester Thompson ou Bill Bruford (ce dernier uniquement sur The Cinema Show) en suppléants de luxe au batteur intermittent a tous les atouts instrumentaux de son prédécesseur, à commencer par un Hackett quelque peu maltraité au mixage (pas sur la version définitive de 2009 cependant) mais bel et bien présent et ô combien utile comme sur Firth of Fifth (amputé de son intro de piano, dommage !) ou l'apothéose finale Los Endos où sa maîtrise technique n'a d'égale que le feeling qu'il infuse dans ses parties. Il suffit d'ailleurs de comparer les quelques morceaux communs avec le live suivant de Genesis, Three Sides Live, pour se rendre compte du vide qu'il laissera à son départ. Le reste du line-up, Banks et Rutherford, est évidemment à la hauteur de leurs comparses avec un Mike en soutien essentiel (et pas seulement bassiste) et un Tony toujours aussi flamboyant derrière ses claviers. Plus que de solide, c'est d'inspiré dont il s'agit avec un groupe toujours aussi progressif, toujours autant en maîtrise de son sujet sur une tracklist où, bien sûr, d'aucuns regretteront l'absence d'essentiels ou jugés comme tels (The Knife ou Watcher of the Skies viennent à l'esprit) mais proposant, une première alors, l'intégralité de Supper's Ready, ce qui n'est pas rien, convenons-en.
Doté, dès sa première édition, d'une captation de qualité, Seconds Out resplendit encore plus dans son mixage définitif de 2009 et demeure, quoiqu'en pensent ceux pour qui Genesis sans Gabriel n'est plus tout à fait Genesis, un excellent album live, introduction presque idéale à ce géant des 70s alors au sommet de son art... Plus pour très longtemps, hélas.

CD 1
1. Squonk 6:39
2. The Carpet Crawl 5:27
3. Robbery, Assault and Battery 6:02
4. Afterglow 4:29
5. Firth of Fifth 8:56
6. I Know What I Like (In Your Wardrobe) 8:45
7. The Lamb Lies Down on Broadway 4:59
8. The Musical Box (Closing Section) 3:18

CD 2
1. Supper's Ready 24:33
2. The Cinema Show 10:58
3. Dance on a Volcano 5:09
4. Los Endos 6:20

Tony Banks - RMI Electra Piano, Hammmond T. organ, Mellotron 400, ARP Pro Soloist synthesizer, Epiphone 12-string guitar, backing vocals
Phil Collins - lead vocals, percussion, drums on "Robbery, Assault and Battery" (during keyboard solo), "Firth of Fifth", "The Musical Box", "Supper's Ready" (during "Apocalypse in 9/8" section), "Cinema Show" (during keyboard solo) & "Los Endos"
Steve Hackett - Gibson Les Paul lead guitar, Hokada 12-string guitar
Mike Rutherford - Shergold Modulator doubleneck 12-string electric guitar/4-string bass guitar, 8-string bass guitar, Moog Taurus bass pedals, backing vocals
&
Chester Thompson - drums & percussion on all tracks except "The Cinema Show"
Bill Bruford - drums & percussion on "The Cinema Show"



1978
"...and Then They Were Three"
Un seul être vous manque...

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ? C'est la thèse concernant And Then They Were Three qui suit le départ d'un guitariste exceptionnel, Steve Hackett, et amorce la seconde phase de la carrière de Genesis, plus pop, moins prog. Mais ce n'est pas si simple...
Présentement, Genesis se remet du départ d'un instrumentiste qui fut un élément important de son son en ne le changeant pas vraiment. Rutherford, qui c'est entendu, n'est pas du même niveau que celui qu'il est sensé remplacer, mise sur une approche supra-mélodique de l'instrument compensant ainsi son déficit technique, et c'est plutôt bien joué. D'autant qu'il y a, dans le groupe, une évidente volonté de simplification de l'écriture, une évolution vers des compositions à la structure plus pop sans pour autant abandonner l'emphase progressive qu'ils avaient l'habitude de leur donner. Le résultat, un compromis bien trouvé, ne produit pas que d'excellents résultats mais force est de constater qu'il fonctionne sur la majorité de titres plutôt très réussis et nullement indigne de la réputation du groupe.
Parce qu'il y a encore du grain à moudre pour les fans du Genesis d'avant : Down and Out, puissante et inspirée ouverture; Undertow, belle composition douce-amère à la mélodie entêtante et la progression réussie; Ballad of Big, morceau étonnamment rock fort bien troussé, Snowbound, délicate composition qui n'aurait pas déparé sur Wind And Wuthering; Burning Rope, une des plus belles réussites de l'opus, puissant, racé et mélodiquement superbe; Deep in the Motherlode, qui semble déjà annoncer le tournant pris par le groupe sur Duke; Scenes from a Night Dream, pendant égal de face B à Ballad of Big; Say It's Alrigh Joe, ballade mélancolique à l'emballage progressif final parfaitement réussi. Toutes de vraies belles réussites. Comme le reste, sauf peut-être un Follow You Follow Me trop facile pour être honnête, n'est pas mal non plus, on ne peut que fêter l'avènement d'un nouveau line-up suffisamment roué pour contourner ses handicaps naturels.
Evidemment, on ne peut qu'imaginer (rêver !) le résultat avec Hackett qu'il aurait été facile de retenir en lui offrant un rôle créatif plus étendu, et regretter que les saillies géniales du taciturne axeman ne viennent pas encore un peu plus embellir le probant résultat. Mais c'est comme ça, on fait avec.
Au final, passé la compréhensible si excessive déception d'époque, on se retrouve avec un Genesis classique et réussi, un album démontrant que, même à trois, ces messieurs possèdent un petit quelque chose de plus les plaçant loin au-dessus de la mêlée des laborieux. Excellent, quoi !

1. Down and Out 5:25
2. Undertow 4:47
3. Ballad of Big 4:47
4. Snowbound 4:30
5. Burning Rope 7:07
6. Deep in the Motherlode 5:14
7. Many Too Many 3:30
8. Scenes from a Night's Dream 3:30
9. Say It's Alright Joe 4:18
10. The Lady Lies 6:05
11. Follow You Follow Me 3:59

Tony Banks - piano (Yamaha CP-70 electric), organ (Hammond T-102), Mellotron, synthesizers (ARP 2600, ARP Pro Soloist, Polymoog, Roland RS-202)
Phil Collins - lead and backing vocals, drums, percussion
Mike Rutherford - guitars, fretted & fretless bass guitars, bass pedals


1980
"Duke"
La Tournée du Grand Duc

Chapitre 2 du Genesis réduit à l'état de trio, Duke est un album ambivalent. D'un côté, il y a l'écriture de plus en plus pop, d'un autre, une ambition musicale non-démentie.
La première tendance, pop donc, s'affiche via une série de chansons abordables visant, audiblement, à répéter voire à amplifier le succès grand public naissant du tube de leur précédent album, Follow You Follow Me. Le groupe y réussit avec Turn It On Again qui deviendra une étape quasi-obligatoire de chacune de leurs apparences scéniques et reste une chanson efficace et accrocheuse (à défaut de mieux...), et Misunderstanding, leur tout premier top 20 américain qui, composition de Phil Collins datant des sessions de son premier album solo, possède une (jolie) mélodie ratissant suffisamment large pour atteindre son but vulgarisateur.
La seconde tendance, prog !, s'exprime via ce qui aurait pu (aurait dû ?) être la suite ambitieuse de l'album mais se retrouve finalement éparpillée sur l'entièreté de la galette. Concrètement, le plan était un enchainement Behind The Lines / Duchess / Guide Vocal / Turn It On Again / Duke's Travels / Duke's End qu'il est toujours possible de réaliser à la maison mais fut finalement annulé, les trois voulant éviter toute comparaison avec une autre suite, l'intouchable Supper's Ready sur l'impeccable Foxtrot. Dommage parce que la suite fonctionne plutôt bien et a le mérite de l'ambition, ce que les heureux détenteurs de billets pour la tournée Duke purent vérifier in vivo.
Au niveau du son, de l'orchestration et des arrangements, on constate un net effacement de la guitare au profit des claviers omniprésents de Tony Banks, pas forcément une mauvaise nouvelle si on considère les limitations d'un Rutherford à la six-cordes mais un peu dommage quand même si on se souvient de quelques éléments fort inspirés détectables sur And Then There Were Three. On remarque aussi une très nette modernisation du son, modernisation qui se concrétisera avec Abacab et ses successeurs, pour des fortunes variées, hélas. Pour le moment, encore en prise avec son récent passé, Genesis continue de progresser dans des eaux finalement assez familières, peut-être un peu trop d'ailleurs, signe d'une frilosité pas encore tout à fait évacuée. Mais l'album sonne bien (particulièrement dans son édition remasterisée de 2007), les compositions sont globalement de belle qualité même si Man of Our Times et Please Don't Ask, respectivement signées de Rutherford et Collins, font un peu baisser le niveau, et que la version solo, cuivrée et dynamisée, by Collins, de Behind the Lines est finalement plus convaincante que celle du trio.
Album transitoire, un peu le séant entre progressisme moderne et pop/rock grand public, Duke est un pas de plus dans la trajectoire sans cesse évolutive de la formation. Une réussite mineure aussi à laquelle je préfère ce qui suit et précède directement, opinion minoritaire mais assumée.

1. Behind the Lines 5:31
2. Duchess 6:40
3. Guide Vocal 1:18
4. Man of Our Times 5:35
5. Misunderstanding 3:11
6. Heathaze 5:00
1. Turn It On Again 3:50
2. Alone Tonight 3:54
3. Cul-de-sac 5:02
4. Please Don't Ask 4:00
5. Duke's Travels 8:41
6. Duke's End 2:04

Tony Banks - keyboards, 12 string guitar, background vocals
Phil Collins - drums, percussion, lead & backing vocals, drum machine
Mike Rutherford - guitars, bass guitar, bass pedals, background vocals
&
David Hentschel - background vocals


1981
"Abacab"
L'Abc de la Nouveauté

Le dernier chef d'aeuvre de Genesis ? L'ultime album d'une triplette de transition du groupe de rock progressif des années 70 vers le groupe pop des années 80/90, indéniablement.
En fait, tout vient du départ de Steve Hackett et de l'obligatoire simplification instrumentale qui en suivit, du fait que les trois membres restants aient décidés de ne pas, encore une fois, amener une nouvelle tête dans leur petit confort. Il y a un paradoxe là-dedans, d'un côté une volonté de rester entre eux, dans un petit cocon, d'un autre une vraie prise de risque tant la guitare était, jusqu'alors, un élément déterminant de l'assemblage sonique de la formation.
Sur les deux albums précédents, Genesis n'a pas encore tout à fait assumé ce resserrement trouvant des alternatives compositionnelles et sonores à ce manque, pour des résultats tout sauf indignes mais sans doute un peu frileux. Abacab change tout ça, prépare la suite aussi avec un parti-pris nettement plus moderniste sans pour autant perdre le progressisme qui a fait la réputation et la gloire du groupe jusque-là. Evidemment, c'est le jeu de l'évolution, ce nouveau cap n'ira pas sans heurts avec leur auditoire de référence.
Pourtant, quel album ! Bon, on avouera que le petit gag de studio Who Dunnit? perd de son sel la première écoute passée, n'est pas Devo qui veut. Pour le reste, de l'énorme groove-progressif du morceau éponyme, du très Collinsien mais diablement efficace No Reply at All (avec les cuivres d'Earth Wind & Fire !), de la new wave progressive douce-amère de Me and Sarah Jane, du robotique et efficace single Keep It Dark, de l'énoooorme Dodo/Lurker (au groove, à la progression et à la mélodie si irrésistible... un must !), de la jolie ballade pas racoleuse pour deux sous Man on the Corner (composition de Collins, ça s'entend), du stadium rock malin et diablement bien troussé Like It Or Not, au rock déconstruit sur batterie tribale d'Another Record, c'est un sans faute et un album indéniablement osé pour des musiciens en recherche constante.
Tout juste regrettera-t-on que la très jolie face B Submarine ou n'importe laquelle des trois compositions du EP 3X3 enregistré lors des mêmes productives et inspirées sessions de l'album n'ait été substitué à la novelty song précitée. Et puis il y a la production, puissante, claire, pas si marquée par les 80s que ça, encore bonifiée dans le definitive remaster de 2007, on en reste pantois.
Abacab, à condition de ne pas commettre l'erreur de le comparer avec la première phase du groupe et son progressisme symphonique millimétré confinant à la perfection (surtout de 72 à 76), est l'apothéose du Genesis moderne, groupe qui n'a toujours pas froid aux oreilles mais ne tente pas, comme ce sera trop souvent le cas par la suite, à attirer les foules par quelques bassesses commerciales embarrassantes. Une bombe, vous dis-je !

1. Abacab 7:02
2. No Reply at All 4:41
3. Me and Sarah Jane 6:00
4. Keep It Dark 4:34
5. Dodo/Lurker 7:30
6. Who Dunnit? 3:22
7. Man on the Corner 4:27
8. Like It or Not 4:58
9. Another Record 4:30

Tony Banks - keyboards
Phil Collins - drums, percussion, vocals, drum machines
Mike Rutherford - bass guitar, bass pedals, guitars
&
EWF Horns - horns



1982
"Three Sides Live"
3 faces et plus

C'est entendu, le Genesis des années 80 n'est plus le Genesis historique, celui qui, de 1971 à 1976, de Trespass à Wind & Wuthering), combla d'aise les amateurs de rock progressif. Ceci vaut en studio comme en live comme tend à le démontrer le très professionnel Three Sides Live, troisième offrande en concert du désormais trio.
Peut-être parce que Daryl Stuermer n'est pas Steve Hackett (enfonçage de porte ouverte, je sais), plus certainement parce que l'obligatoire évolution entraînée par la drastique réduction du line-up dans son acceptation studio, la simplification et la modernisation de l'écriture et du son du groupe, pour continuer à exister autrement que comme le fantôme de son propre passé, a profondément redéfini la donne.
Or donc, quand il s'agit de donner un successeur à l'impeccable Seconds Out, Genesis le fit avec les armes qu'il possédait alors, celles d'une formation privilégiant une écriture plus pop mais un professionnalisme et une application aucunement démentis à reproduire, le supplément d'âme du direct en sus, sa musique d'alors sans tout à fait oublier, via quelques extraits bien sentis si moins habités, ce qui fit sa légende, plus particulièrement dans la version "Four Sides Live" disponible depuis les remasterisations de 1994. Cette nouvelle édition se vit amputée de sa face studio (dont le contenu est disponible sur le coffret 1976-1982), pour remplacer, et même mieux que ça !, elle fut glorieusement augmentée de trois pistes essentielles, dont une, la plus savoureuses de toutes, propose un medley d'It et de Watcher of the Skies captée en 1976 avec Hackett toujours présent et Bill Bruford au drumkit, frissons garantis !
Le reste de la sélection, à l'exception d'Afterglow et du pot-pourri "old-school" In the Cage/The Cinema Show/The Colony of Slippermen, se concentre sur les trois albums sortis depuis le départ d'Hackett. C'est forcément un peu moins excitant mais n'en possède pas moins quelques très beaux moments compensant le côté "greatest hits" du reste de la tracklist. On apprécie particulièrement les versions de Dodo/Lurker et d'Abacab, on aime aussi l'inclusion de Duchess et de Me and Sarah Jane, on a forcément plus de doutes sur un Turn It On Again, un Behind the Lines, un Follow You Follow Me et un Misunderstanding, autant d'indices que les temps changent, certainement pas pour le meilleur mais pas obligatoirement pour le pire pour autant, enfin, pas encore. Parce que Genesis, à ce point de sa carrière, demeure un combo qui sait faire sur scène et que, finalement, ce nouvel élan mainstream lui va plutôt bien au teint (et à la voix de Collins).
Côté technique, on apprécie la clarté et la puissance du son et tient ici la meilleure captation live du groupe jusqu'alors. On peut regretter qu'il ne s'agisse pas d'un concert unique mais de performances collectées majoritairement lors de divers concerts de la tournée Abacab, mais c'était déjà le cas sur Seconds Out et même sur Genesis Live où The Return of the Giant Hogweed provenait d'un autre concert que le reste des titres proposés. Bien monté, bien mixé, l'illusion est presque parfaite... mais reste une illusion, un assemblage artificiel d'une performance n'ayant, formellement, jamais existé.
Toujours est-il que Three Sides Live, excellent complément de ses deux prédécesseurs dans l'exercice, est un live de qualité par un groupe sûr de son fait et encore presque en pleine possession de sa force créatrice. La suite sera nettement moins glorieuse mais, ça, c'est une autre histoire...

CD 1
1. Turn It On Again 5:16
Nassau Coliseum, Long Island NY, 29 Nov 1981
2. Dodo/Lurker 7:19
National Exhibition Centre, Birmingham, 23 Dec 1981
3. Abacab 8:47
National Exhibition Centre, Birmingham, 23 Dec 1981
4. Behind the Lines 5:26
Nassau Coliseum, Long Island NY, 29 Nov 1981
5. Duchess 6:43
Nassau Coliseum, Long Island NY, 29 Nov 1981
6. Me & Sarah Jane 5:59
Nassau Coliseum, Long Island NY, 29 Nov 1981
7. Follow You Follow Me 4:58
Lyceum Ballrooms, London, 6 May 1980

CD 2
1. Misunderstanding 4:06
Savoy Theatre, New York NY, 28 Nov 1981
2. In the Cage/The Cinema Show/The Colony of Slippermen 11:53
National Exhibition Centre, Birmingham, 23 Dec 1981
3. Afterglow 5:14
National Exhibition Centre, Birmingham, 23 Dec 1981
4. One for the Vine 11:04
Theatre Royal Drury Lane, London, 5 May 1980
5. The Fountain of Salmacis 8:37
Knebworth Park, Hertfordshire, England, 24 June 1978
6. It/Watcher of the Skies 7:22
Apollo Theatre, Glasgow, Scotland, 8 Jul 1976

Tony Banks - keyboards, background vocals
Phil Collins - lead vocals, drums, percussion
Mike Rutherford - bass, guitar, background vocals
&
Daryl Stuermer - guitar, bass
Chester Thompson - drums, percussion

sur "it / Watcher of the Skies"
Tony Banks - keyboards
Phil Collins - vocals, drums
Steve Hackett - guitar
Mike Rutherford - bass, guitar
&
Bill Bruford - drums


1983
"Genesis"
Mama by the Sea, That's all!

L'album éponyme de Genesis de 1983 fut un énorme succès qui lança définitivement le virage grand public du plus grand groupe progressif de tous les temps. Rien que pour ça, on peut le détester, surtout si on aime le Genesis le plus ambitieux, celui qui de 1970 à 1977 produit une musique à la fois complexe et mélodique, presque parfaite pour ainsi dire.
Forcément, on ne peut évoquer l'album sans parler de son mammouth d'ouverture, Mama, tube planétaire, pas une chanson facile pour autant : de part son thème, l'amour d'un jeune homme pour une prostituée, sa construction, un lent crescendo nettement moins accrocheur que celui de Collins 2 ans plus tôt sur son premier album solo (In the Air Tonight, évidemment), une sacrée bonne chanson cependant. On ne peut pas non plus évoquer l'album sans mentionner la doublette Home by the Sea/Second Home by the Sea, exemplaire réussite de progressisme moderne et abordable. Et puis ? C'est hélas tout. Ha si, That's All, petite Beatlesrie, Collins y joue à la Ringo Starr, sympathique à défaut de mieux, fait son petit effet, son petit effet seulement. Et puis ? Cette fois c'est vraiment tout ! Sauf, bien sûr, si vous êtes amateur de chansons rigolardes qu'il ne faut surtout pas prendre au sérieux au risque de considérer les trois larrons comme de vils racistes patentés (Illegal Alien) ou que, fan de Collins, vous cherchiez une petite dose supplémentaire de sa pop mainstream (Taking It All Too Hard) ou de ses tentatives rock plutôt téléphonées (Just a Job to Do). On ne mentionnera même pas les deux dernières chansons faisant figure, au mieux, de remplissage, preuve que le groupe n'était pas dans sa phase d'inspiration la plus féconde, une impression confirmée par une totale absence d'inédits sur les faces B des quelques singles.
Et donc, finalement, après de longues années à produire une musique ambitieuse, c'est avec leur album le moins brillant à ce point de leur carrière que Genesis triomphera. Une réelle injustice qui, avec le succès sans cesse grandissant de leur batteur/chanteur en solitaire, influencera indéniablement ce qui suivra, de sinistre mémoire. Pas de quoi pavoiser.

1. Mama 6:46
2. That's All 4:22
3. Home by the Sea 4:46
4. Second Home by the Sea 6:22
5. Illegal Alien 5:12
6. Taking It All Too Hard 3:54
7. Just a Job to Do 4:44
8. Silver Rainbow 4:27
9. It's Gonna Get Better 5:00

Tony Banks - keyboards, backing vocals
Phil Collins - lead & backing vocals, drums, percussion, trumpet on "Illegal Alien", drum machines
Mike Rutherford - guitars, bass guitar, backing vocals, drum machine on "Mama"


1986
"Invisible Touch"
Le succès ne fait pas tout

Le succès ne fait pas tout. En ce qui concerne Invisible Touch, album le plus vendu de Genesis, (avec We Can't Dance qui le méritait, lui) c'est une évidence.
Invisible Touch n'est pourtant pas l'album le plus décrié du groupe, cet "honneur" revenant à And Then There Were Three et Calling All Stations pourtant nettement plus artistiquement intéressants.
En un mot comme en mille, on peut blâmer ce naufrage à une raison : ces maudites années 80, et aux tics de production qui vont avec et ne furent jamais aussi criants que sur l'album qui nous intéresse. Parce que, des synthétiseurs kitsch à un son de batterie imitant les pires boîtes-à-rythmes, ce n'est vraiment pas la panacée. Restent quelques bons moments, notamment dans Tonight Tonight Tonight, Domino ou The Brazilian, seules compositions à montrer encore quelques inflexions progressives bienvenues mais nettement trop délayées dans un opportunisme commercial encombrant. Il y a même, si on cherche vraiment, un single rigolo aux paroles sarcastiques (Land of Confusion), jamais aussi bon qu'accompagné de son clip Spitting Image. Ca ne fait pas lourd.
Pour être tout à fait honnête, on précisera que la remasterisation de 2007 rattrape un petit peu le coup mais pas assez pour sauver la galette la plus indigne de la carrière d'un immense groupe. Au suivant, donc, sans regret mais avec quelque amertume devant un tel gâchis. MTV m'a tuer, comme dirait l'autre.

1. Invisible Touch 3:26
2. Tonight, Tonight, Tonight 8:49
3. Land of Confusion 4:45
4. In Too Deep 4:59
5. Anything She Does 4:06
6. Domino 10:42
7. Throwing It All Away 3:51
8. The Brazilian 4:49

Tony Banks - keyboards, synth bass
Phil Collins - drums, percussion, vocals, drum machines
Mike Rutherford - guitars, bass guitar


1991
"We Can't Dance"
...malgré quelques lourdeurs

Je me souviens, alors que j'avais juré qu'on ne m'y reprendrait plus après le fiasco artistique d'Invisible Touch, avoir entendu le premier single de cet album, No Son of Mine, et m'être dit, tant côté son que côté composition, que Genesis avait enfin décidé de se remettre sérieusement au travail et de revoir ses ambitions musicales à la hausse. Evidemment, tout n'est pas si simple que ça mais, de fait, We Can't Dance peut-être aisément perçu comme une renaissance progressive, ce n'était pas gagné d'avance.
Bon, les fans de la première période (1970-1977) ne trouvèrent pas ici de quoi contenter leur appétit de progressisme symphonique, la faute à l'évolution du groupe vers d'autres territoires, d'autres envies aussi. Des envies bien légitimes parce que refaire encore et toujours un Selling England By The Pound, un Foxtrot ou un The Lamb Lies Down On Broadway, toutes des galettes légendaires à raison, aurait été, on se doute, une torture qui n'aurait probablement pas été, qui plus est, couronnée de succès. Toujours est-il qu'il y a dans We Can't Dance, outre d'excellents singles cette fois non handicapés par une production lourdement 80s, un vrai souffle créatif, une vraie ambition musicale démontrée par les deux longues compositions de l'album : Driving the Last Spike et Fading Lights, deux belles réussites réussissant à allier le modernisme assumé de la formation ainsi que son lien avec un passé qu'on pensait révolu. A tel point que, une fois l'ivraie dûment éliminée (les quelques ballades mollassonnes sans intérêt et autres morceaux nettement moins inspirés ou trop Collinsiens pour être honnêtes) on se retrouve avec le plus bel opus de Genesis depuis Duke. Je vous engage d'ailleurs à faire vous même le test en soustrayant Never A Time, Tell Me Why, Hold on My Heart et Since I Lost You voire Living Forever (le moins pourri du lot) du tout et en y, éventuellement, ajoutant la sympathique B'Side qu'est On the Shoreline. Concrètement, ça nous laisse 8 ou 9 chansons et 50 à 60 minutes, pas si mal pour un trio dont on pensait l'inspiration définitivement perdue dans les limbes.
Du coup, on peut le dire : We Can't Dance est une jolie réussite. Certainement pas un opus révolutionnaire ou possédant le souffle lyrique des meilleurs de ses aînés mais une aeuvre inspirée par trois quinquagénaires sachant encore, à condition qu'ils s'en donnent la peine, produire une musique pleine de sève et d'esprit.

1. No Son of Mine 6:39
2. Jesus He Knows Me 4:16
3. Driving the Last Spike 10:08
4. I Can't Dance 4:01
5. Never a Time 3:50
6. Dreaming While You Sleep 7:16
7. Tell Me Why 4:58
8. Living Forever 5:41
9. Hold on My Heart 4:37
10. Way of the World 5:38
11. Since I Lost You 4:09
12. Fading Lights 10:16

Tony Banks - keyboards
Phil Collins - drums, percussion, vocals, drum & percussion programming
Mike Rutherford - guitars, bass guitar


1992/93
"The Way We Walk"
Plus c'est long, plus c'est bon !

Les éditions diverses et variées du 4ème live (ou 4ème et 5ème si on le sépare comme dans sa première édition) de Genesis, The Way We Walk, sont un beau bordel avec donc la première à la sortie décalée de quelques mois proposant un "Shorts" en forme de best of live suivi d'un "Longs" avec les titres plus ambitieux (et progressifs), puis une compilation des deux sans altération de l'ordre de la tracklist en 1998 et, enfin, la version du coffret 1973-2007 où l'ordre change, accommodant l'ensemble tel un vrai concert malgré des sources différentes, et un bonus accessoire (Turn It On Again), cette dernière également éditée en papersleeve dans la foulée... A ne plus s'y retrouver.
Ceci dit, si vous avez le choix, c'est sur la version "ultimate" qu'il faut se porter et ce pour plusieurs raisons : déjà parce que la séparation des singles et des pièces progressives y a disparu rendant le tout plus naturel, ensuite parce que les morceaux y sont souvent allongés avec des introductions de Phil Collins absentes autrement, enfin parce qu'il y a tout de même un titre bonus, pas une tuerie mais c'est toujours bon à prendre.
Formellement, c'est tout de même un peu le live du déclin avec moult chansons à la tonalité modifiée pour s'adapter à un Collins n'atteignant plus certaines notes confortablement, avec des musiciens certes très professionnels et précis (ce qu'ils furent toujours, même dans les trippantes 70s, c'est à préciser) mais parfois un peu en pilote automatique, particulièrement sur les "shorts". On y remarque aussi que la période Peter Gabriel, déjà maltraitée sur Three Sides Live (quoiqu'un peu moins dans la réédition "four sides live") est ici expédiée dans un Old Medley ou pas moins de 10 morceaux sont, plus ou moins rapidement, passés en revue, et que c'est tout de même le mariage de la carpe et du lapin parce que passer, par exemple, du "pouet-pouet" Illegal Alien à l'ultra référentiel Firth of Fifth ne tenait pas de la criante évidence. On ne boude cependant pas son plaisir de retrouver quelques vieilles scies, fussent-elles incomplètes, ayant plutôt mieux supporté le passage des ans que d'autres pourtant plus contemporaines. Dans le reste de la sélection, on ne retrouve rien d'avant 1983, un comble considérant la richesse du catalogue du groupe, un comble aussi quand, amateurs de Genesis, on sait que cette époque plus récente est aussi nettement moins inspirée même si pas totalement exempte de bons moments tels que les deux longues plages de We Can't Dance (Driving the Last Pike et Fading Lights) ou un duo de batteur de qualité (The Drum Thing). Les autres, singles ou pièces plus longues, plairont surtout à ceux qui apprécient le Genesis pop, ensemble capable du meilleur (No Son of Mine, In Too Deep) comme du pire (Hold on My Heart, Invisible Touch).
Evidemment, les captations sont de très bonne qualité permettant de tout entendre dont une suspecte absence d'erreur faisant penser qu'un passage par la case studio, afin de corriger quelques inévitables pains, n'a pas été omis.
Live descriptif du groupe d'alors, The Way We Walk a les défauts de ses qualités en promouvant un groupe qui s'est notablement éloigné de ses bases d'antan optant pour une écriture modernisée et simplifiée devenant, ce faisant, une success story d'une ampleur aussi colossale qu'imprévisible. Aussi imprévisible que ce qui suivra : le départ de Phil Collins, un ultime album studio avec un nouveau vocaliste, une séparation avant un retour scénique dans la même configuration mais avec une visée plus récapitulative qu'ici. En résumé, on recommandera surtout The Way We Walk aux complétistes de la chose génésienne et à ceux appréciant leur période FMinée, ça fait déjà du monde !

CD 1
1. Land of Confusion 5:13
11 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
2. No Son of Mine 7:02
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
3. Driving the Last Spike 10:19
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover
4. Old Medley 19:43
Dance on a Volcano/The Lamb Lies Down on Broadway/The Musical Box/Firth of Fifth/I Know What I Like (In Your Wardrobe) + excerpts of That's All, Illegal Alien, Your Own Special Way, Follow You Follow Me & Stagnation
10 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, Germany
5. Throwing it all Away 6:54
2 August 1992 Knebworth Park, Stevenage, GBR, 13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
6. Fading Lights 10:50
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover
7. Jesus He Knows Me 5:31
11 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
8. Home by the Sea/Second Home by the Sea 12:03
10 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover

CD 2
1. Hold On My Heart 5:54
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
2. Domino 11:20
10 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover
3. The Drum Thing 5:49
10 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover
4. I Can't Dance 7:15
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
5. Tonight, Tonight, Tonight 3:49
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
6. Invisible Touch 5:27
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
7. Turn it on Again* 7:10
* Bonus on the 2009 audio live boxset
8. Mama 6:48
4 July 1987 Wembley Stadium, London, GBR
9. That's All 4:58
4 July 1987 Wembley Stadium, London, GBR
10. In Too Deep 5:35
October 1986 L.A. Forum, Inglewood, CA, USA

Phil Collins - lead vocals, drums, percussion
Tony Banks - keyboards, vocals, background vocals
Mike Rutherford - guitars, bass, background vocals
&
Daryl Stuermer - guitar, bass,
Chester Thompson - drums, percussion


1997
"Calling All Station"
Le Vilain Petit Canard

1996, "And then they were two". Mais c'était intenable d'autant que ni Rutherford, ni Banks ne sont des vocalistes suffisants pour occuper le poste et qu'il faut bien un batteur... Alors on recrute, l'écossais ex et futur Stiltskin Ray Wilson, pas un choix évident d'autant que ça se bousculait au portillon, pensez !, une place dans une des plus célèbres formations du rock progressif des années 70, ou ce qu'il en restait...
S'il y a bien une évidence qui saute à la gueule à l'écoute de Calling All Stations, c'est que l'orientation FMinée du groupe n'était pas, comme beaucoup le pensaient, la seule "faute" de leur semi-chauve batteur et vocaliste, le rigolard et parfois agaçant Phil Collins. Parce que si, finalement, il y a une vraie surprise dans l'album c'est qu'il n'y en a pas vraiment, outre le changement vocal assez radical, c'est entendu.
Côté composition, s'il n'y a pas la bonne surprise d'un retour à un progressisme seventisant, il n'y a pas non plus de particulière déconvenue. Au contraire, si l'ensemble de l'album est indéniablement routinier, on ne se refait pas à l'âge des deux leaders (par défaut ?), il réserve quelques très jolies surprises desquelles on extraira les plus éblouissantes : le trippant Alien Afternoon, le puissant The Dividing Line, l'"Afterglowien" Uncertain Weather, le morceau qui aurait dû être un tube qu'est Small Talk (tellement mieux que Not About Us choisi pour l'exercice), ou la belle doublette de prog moderne de clôture, There Must Be Some Other Way et One Man's Fool. L'air de rien, ça fait plus de la moitié de la tracklist, pas si mal pour un album généralement décrié et qualifié de "combat de trop" par moult plumes critiques. D'autant que le reste, sans être aussi enthousiasmant, n'est aucunement indigne. Reste une production et des arrangements émasculant trop souvent le potentiel de bonnes chansons voire l'opportunité manquée de recruter quelques jeunes et fines lames (un guitariste soliste, un vrai !) histoire de dynamiser le long fleuve tranquille de quelques rapides salvateurs. C'est d'autant plus rageant qu'il ne manque pas grand chose ! Déjà parce que le chant de Ray Wilson, un Gabriel sans la fantaisie mais qui fait ce qu'il peut avec ce qu'on lui propose et possède un vrai sens de la mélodie, amène un réel supplément d'âme, ensuite parce que la paire de batteurs/percussionnistes convoquée pour l'occasion (Nick D'Virgilio de Spock's Beard, entre autres, et Nir Zidkyahu, qui participera à la tournée qui suivra) ré-épice le côté progressif du groupe là où Phil C. avait fini par simplifier son jeu à l'extrême en plus d'être souvent supplanté par d'affreuses boîte-à-rythmes, enfin parce que que (re !) il y a un paquet de bonnes chansons qui, on le sent !, ne demandaient qu'à s'épanouir mais resteront malheureusement trop contraintes par leurs arrangements calibrés et leur production clinique (si d'une qualité audiophile incontestable).
Ces petits défauts mis à part, ce qu'il n'est pas compliqué de faire, tenez-le vous pour dit, Calling All Stations était une bonne surprise en 1997 et reste une œuvre plus qu'honnête 17 ans plus tard. Plus qu'honnête et nettement plus écoutable sur la durée que certains albums multi-platinés de la formation tels que l'éponyme de 1983 ou le putassier Invisible Touch sorti trois ans plus tard. Recommandé donc, et pas seulement aux fans de Genesis mais à tous ceux qui goûtent au rock progressif mélodique moderne, ils sont nombreux.

1. Calling All Stations 5:43
2. Congo 4:51
3. Shipwrecked 4:23
4. Alien Afternoon 7:51
5. Not About Us 4:38
6. If That's What You Need 5:12
7. The Dividing Line 7:45
8. Uncertain Weather 5:29
9. Small Talk 5:02
10. There Must Be Some Other Way 7:54
11. One Man's Fool 8:58

Tony Banks - keyboards, backing vocals
Mike Rutherford - guitar, bass, backing vocals
Ray Wilson - vocals
&
Nir Zidkyahu - drums on tracks 1-3, 4 (second half), 5, 7, 10-11; percussion on 2
Nick D'Virgilio - drums on tracks 4 (first half), 6, 8-9


2007
"Live Over Europe 2007"
Un retour sans fanfare

Dans les rêves les plus fous de ceux qui attendaient Genesis depuis l'arrêt d'activité ayant suivi l'album et la tournée en compagnie de Ray Wilson ne figurait pas le retour du trio couvert de platine des années 80, il fallut néanmoins s'en contenter.
Comme il fallut se contenter du Live Over Europe qui, sur le papier au moins, s'annonçait nettement plus juteux que son prédécesseur, Way We Walk, ne serait-ce que parce qu'on y trouvait une setlist offrant plus de place au groupe dans son acceptation 70s... Plus dure fut la chute.
C'est un comble de devoir le dire mais, à force d'être de grands professionnels en complète maîtrise de leur sujet, les trois membres de Genesis et leurs deux accompagnateurs habituels (messieurs Thompson et Stuermer) ennuient un peu là où on aimerait tellement se laisser emporter. Alors, oui, ce qui est concrètement proposé fait souvent venir la bave aux lèvres même si on doit, pour ce faire, se fader quelques tubes insipides.
Et puis il y a le chant de Collins. Déjà sur The Way We Walk, on avait dû subir des baisses de tonalité sur certains titres. Cette fois, c'est l'entièreté des captations qui est impactée par les limitations d'un vocaliste vieillissant. Et, finalement, il y a l'interprétation de groupe, ce ressenti global qu'ils font le boulot en pilote automatique ou, pire !, qu'ils n'ont d'autre choix vu le show proposé autour de la performance musicale (voir la partie documentaire du DVD When in Rome pour s'en convaincre). Aussi, quand, comme sur la version audio présentement billetée, on n'a que le son pour procurer l'extase, qui ne vient jamais vraiment, c'est franchement handicapant.
Formellement, avec une setlist donc plutôt maline et bien torchée, Live Over Europe n'est pas un mauvais album en public, il manque simplement cruellement de cette passion, de ce souffle épique qui caractérisait les meilleures performances scéniques du groupe. Et ce n'est pas le choix d'un assemblage artificiel de plusieurs concerts qui rattrapera tout ça. Dommage, vraiment dommage de voir un si beau, si grand groupe finir (pour le moment ?) sur une note si terne.
A choisir, si vraiment vous souhaitez un témoignage de cette tournée, optez pour le DVD précité, ce n'est pas la panacée mais a, au moins, l'avantage d'une certaine vérité. Sinon, il existe d'autres live de Genesis (de celui de 73 à Seconds Out en passant par Three Sides Live) qui rendent éminemment mieux justice à ce géant des 70s.

CD 1
1. Duke's Intro (Behind the Lines/Duke's End) 3:48
- Manchester
2. Turn It On Again 4:26
- Amsterdam
3. No Son of Mine 6:57
- Amsterdam
4. Land of Confusion 5:11
- Helsinki
5. In The Cage/The Cinema Show/Duke's Travels 13:30
- Manchester
6. Afterglow 4:27
- Manchester
7. Hold on My Heart 5:58
- Hannover
8. Home by the Sea/Second Home by the Sea 11:58
- Düsseldorf & Rome
9. Follow You Follow Me 4:19
- Paris
10. Firth of Fifth [excerpt] 4:39
- Manchester
11. I Know What I Like (interpolating "Stagnation") 6:45
- Manchester

CD 2
1. Mama 6:57
- Frankfurt
2. Ripples 7:57
- Prague
3. Throwing It All Away 6:01
- Paris
4. Domino 11:34
- Rome
5. Conversations With 2 Stools 6:48
- Munich
6. Los Endos 6:24
- Twickenham
7. Tonight, Tonight, Tonight [excerpt] 3:49
- Rome
8. Invisible Touch 5:35
- Rome
9. I Can't Dance 6:11
- Munich
10. The Carpet Crawlers 6:00
- Manchester

Phil Collins - lead vocals, drums, tambourine
Tony Banks - keyboards, backing vocals
Mike Rutherford - bass, guitar, backing vocals
&
Daryl Stuermer - guitar, bass, backing vocals
Chester Thompson - drums, percussion



5 commentaires:

  1. Chanceux ! Les liens du GROS LOT !

    1969 - From Genesis to Revelation
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    1970 - Trespass
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    1971 - Nursery Cryme
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    1972 - Foxtrot
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    1973 - Genesis Live
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    1973 - Selling England by the Pound
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    1974 - The Lamb Lies Down on Broadway
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    1976 - A Trick of the Tail
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    1976 - Wind and Wuthering
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    1977 - Seconds Out
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    1978 - ...And Then There Were Three...
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    1980 - Duke
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    1981 - Abacab
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    1982 - Three Sides Live
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    1983 - Genesis
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    1986 - Invisible Touch
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    1991 - We Can't Dance
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    1992-93 - The Way We Walk
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    1997 - Calling All Stations
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    2007 - Live over Europe 2007
    - http://www21.zippyshare.com/v/MckY0zEg/file.html

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  2. Salut Zorn
    J' ai la même obsession que toi concernant ce groupe et je pense pareil de son évolution musical.
    J' en profite pour replacer l' excellent album de Nick D'Virgilio
    https://www.israbox.life/3137546385-rewiring-genesis-a-tribute-to-the-lamb-lies-down-on-broadway-2008.html

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  3. Hello chez zornophage
    Merci pour cette recap de la genèse :-)
    "un des plus grands groupes de tous les temps" de ce genre, je preciserai, car c'est comme comparer Léonard de Vinci et Salvador Dali. Je les aime tous les 2, sans classification et comparaison :-)
    Reviens quand tu veux avec d'autres posts qui seront toujours appréciés et appréciables
    Bonne suite

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  4. Et moi qui pensais que tu étais en train de glander sous les cocotiers !!!!!
    Sinon, le plus grand groupe du monde ce serait pas plutôt Les Charlots ?????
    À+

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  5. Contente que tu sorte de ta retraite de temps en temps. Je crois que j'avais découvert ton blog quand tu diffusais tes articles sur Genesis. Comme c'était quand même trop prog pour moi, j'étais restée à l'écart. Trop de Genesis tuait mon envie d'écouter du Genesis.
    J'ai pris le temps de (presque) tout lire et on peut dire que tu as une très belle proximité avec ces œuvres. J'en connais certaines, et je vais sans doute picorer dedans dans les prochains jours ou réviser certains disques.
    Je dois dire que pour moi la rupture va être violente parce que depuis 15 jours je n'écoute que du Ramones et du Pogues (que je révise moi aussi pour le plaisir et avec plaisir).
    Je ne pense que, avec moi, Genesis atteigne la place que tu leur accordes, mais le groupe mérite d'être un peu rehaussé de mon côté (mais il est définitivement pas assez "Ramones" pour moi ^-^ ).

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