lundi 3 juillet 2017

T comme...

Pour le T, il fallait du Tonnerre, de la Tendresse, du Tantrisme, des Tatoués, des Teigneux mais aussi des Tenaces, des qui Tracent leur route vaille que vaille. Et il y a tout ça, ou presque. A jolly good selection, if I do say so myself... Enjoie !

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TALK TALK "Spirit of Eden" (1988)
Prog Talk

Quand ils apparurent au début des années 80, rien ne laissait entrevoir ce que Mark Hollis & Cie allait devenir quelques années plus tard : un groupe de rock progressif qui ne veut pas dire son nom, une entreprise arty et prospective menée de main de maître par un Mark Hollis ô combien créatif, ô combien différent de la masse des new-waveux dont il semblait pourtant être issu. Evidemment, tout ne s'est pas mis en place du jour au lendemain, il n'y aura pas eu de génération spontanée d'une nouvelle approche sonore et compositionnelle mais, tout de même, quel coup de tonnerre que ce Spirit of Eden.
Evidemment, vous en trouverez toujours pour dire que Laughing Stock, le successeur du présent, est l'accomplissement définitif de la formation. Musicalement, compositionnellement, ce n'est pas faux, au niveau de la facilité d'accès par contre... Il faut être patient et particulièrement amateur de musique classique contemporaine minimaliste pour y accéder pleinement. Et c'est donc ici, sur leur 4ème album que se trouve le meilleur compromis entre accessibilité et prospective artistique, ici que les mélodies accrocheuses complimentent le mieux la liberté prise par le groupe avec les structures traditionnelles de la pop music, ici que l'instrumentation précieuse complémente le plus efficacement l'écriture conjointe de Mark Hollis et Tim Friese-Greene (membre toujours pas officiel mais ô combien précieux en tant que producteur, compositeur et multi-instrumentiste), ici, par conséquent, que le progressisme s'exprime avec le plus de grâce.
Concrètement, poussant le son déjà établi de la formation, cette lente évolution vers le divin débutée dès leur second album, It's My Life, et encore plus évidemment présente sur son successeur, The Colour of Spring, se rapprochant, de ce fait, de ce dont est capable, par exemple, un Robert Wyatt au meilleur de sa force (Rock Bottom, Shleep), le trio transformé en collectif bicéphale épate. Ce n'est pas que nous ayons affaire, comme c'est trop souvent le cas dans le prog', sorte de cache-misère d'une incapacité compositionnelle suppléée par une belle si un franchement envahissante technique instrumentale, à des prodiges virtuoses, là n'est pas le propos d'une musique construite sur des climats, des nuances plutôt que sur une quelconque volonté d'épater la galerie, et c'est ce qu'il advient, forcément, parce que d'une grâce pareille, la galerie ne s'est toujours pas remise.
Allez, pour ne point trop dévoiler la merveille à ceux qui ne l'auraient pas encore découverte, et qui ont tort, et qui devront s'y coller dès la fin de la lecture du présent billet, on dira seulement que, indéniablement un des 10 meilleurs albums progressifs des années 80, Spirit of Eden, album organique et rêveur, n'a toujours pas pris une ride.

1. The Rainbow 9:09
2. Eden 6:34
3. Desire 6:57
4. Inheritance 5:23
5. I Believe in You 6:10
6. Wealth 6:43

Mark Hollis - vocals, piano, organ, guitar
Tim Friese-Greene - harmonium, piano, organ, guitar
Lee Harris - drums
Paul Webb - electric bass
Martin Ditchman - percussion
Robbie McIntosh - Dobra 12 string guitar
Mark Feltham - harmonica
Simon Edwards - Mexican bass
Danny Thompson - double bass
Henry Lowther - trumpet
Nigel Kennedy - violin
Hugh Davis - shozgs
Andrew Stowell - bassoon
Michael Jeans - oboe
Andrew Marriner - clarinet
Christopher Hooker - cor Anglais
Choir Of Chelmsford - choir


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TELEVISION "Marquee Moon" (1977)
As Heard on TV

C'est un sommet d'art punk quand les britanniques s'escrimaient à empiler du riff binaire sur d'agressives rythmiques, une des toutes meilleurs galettes de la scène indépendante fourmillante du New York d'alors (Patti Smith, Talking Heads, Suicide, etc.), un album à côté duquel il ne faut surtout pas passer, surtout. C'est Marquee Moon, déclaration d'intention originelle de Television.
Et une œuvre révolutionnaire qui continue, directement ou non, d'influencer des générations de rockers. Mais la révolution de Television n'est pas démonstrative, elle est dans les détails. Dans les performances et l'inventivité combinés et complémentaires de deux guitaristes intelligents (Richard Lloyd et Tom Verlaine), des gars dénués de toute expression égotique. Dans le songwriting fin et distancié de Tom Verlaine (auteur de toute la galette, ne partageant qu'un crédit, avec Richard Lloyd sur Guiding Light) qui sait garder sa colère sous contrôle (See No Evil, Friction), ses mélodies belles mais jamais putassières (Venus, Marquee Moon, Tom Curtain), inventer une nouvelle grammaire où la grâce se vernit de glace (Elevation, Marquee Moon encore).
Evidemment, de génération spontanée il n'y a pas, le cousinage avec les Talking Heads ou Patti Smith, ou l'influence des parrains locaux, le Velvet Underground pour les nommer, est un fait avéré, mais Television est définitivement son propre animal, au moins aussi arty que la bande de Reed et Cale, décapé des soubresauts post-adolescents de têtes qui suivront leur (bon) exemple, ou des oripeaux beat de la demoiselle du lot, ils tracent leur propre route, mélodique toujours, prenante évidemment, sur une recette somme toute classique, un guitar-rock un poil garage encore seventisant, mais habité par une telle liberté, tellement dénué de tous les clichés du genre, et des obligatoires influences blues ici évitées, qu'elle s'en voit transformée.
A l'impossible nul n'est tenu, le groupe ,ou ses membres après la séparation, ne fera jamais mieux. Ceci dit, chacun de leurs trois albums suivants vaut qu'on s'y penche (Adventure de 1978 en particulier) mais plus aucun n'atteindra ce moment magique où la composition, les arrangements et les performances instrumentales s'alignent en majesté. Ca fait de Marquee Moon un obligatoire de toute collection qui se respecte, tout simplement.

1. See No Evil 3:56
2. Venus 3:48
3. Friction 4:43
4. Marquee Moon 9:58
5. Elevation 5:08
6. Guiding Light 5:36
7. Prove It 5:04
8. Torn Curtain 7:00
Bonus
9. Little Johnny Jewel (Parts 1 & 2) 7:09
10. See No Evil (alternate version) 4:40
11. Friction (alternate version) 4:52
12. Marquee Moon (alternate version) 10:54
13. Untitled 3:22

Billy Ficca – drums
Richard Lloyd – guitar (solo on tracks 1, 4, 5, and 6), vocals
Fred Smith – bass guitar, vocals
Tom Verlaine – guitar (solo on tracks 2, 3, 4, 7, and 8), keyboards, lead vocals


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TERRORVISION "Shaving Peaches" (1998)
Grosse pêche !

Ils ont bien progressé depuis leur premier album, et explosé commercialement sur le précédent, Regular Urban Survivors, aussi quand se présente le cap du 4ème album, c'est avec une absolue confiance de leurs capacités que les anglais de Terrorvision approchent l'entreprise. Et ils ont bien raison parce que Shaving Peaches est une vraie belle réussite.
Il faut dire que la mue des petits gars de Bradford dans le West-Yorkshire d'un metal alternatif bien troussé si un poil lourdaud, forcé à une power pop un peu hard-rockante est un indéniable facteur à leur accomplissement artistique sur ce fruitier opus. Dans la foisonnante collection de chansons, une quinzaine !, ces gars-là sont généreux, aucune ne déçoit même si, indéniablement, certaines se détachent avec leurs airs d'irrésistibles singles. On pense à III Wishes et son entêtante mélodie, Josephine toute de rock ricain distancié vêtu, Can Get Out of My Mind en belle "glamerie", un Tequila bien enjoué qui devint leur plus gros hit, le rock à synthés de Baby Face, les flaveurs discoïdes de Left to the Right ou les charmantes ballades Day After Day et Vegas. Une belle collection, quoi, où le groupe a su conserver l'énergie de ses jeunes années "péri-metalleuse" et acquis de nouvelles armes qu'ils savent exploiter à merveille.
La suite, un petit album avant la séparation, ne confirmera pas l'embellie des deux plus belles galettes de Terrorvision, celle dont il est question ici et un Regular Urban Survivors évoqué plus haut. Le groupe s'est depuis reformé ne faisant hélas qu'approximer ses beaux succès passés (Super Delux en 2011). Reste ce Shaving Peaches, impeccable album de power pop soit, littéralement, de la pop, de la bonne !, avec du power. Recommandé.

1. III Wishes 3:51
2. Josephine 3:11
3. Hypnotised 3:49
4. Can't Get Out Of My Mind 3:05
5. In Your Shoes 4:21
6. Swings And Roundabouts 3:25
7. Day After Day 3:35
8. Left To The Right 3:59
9. Cantankerous 4:15
10. Tequila 3:52
11. Vegas 3:52
12. Babyface 4:11
13. Spanner In The Works 4:15
14. When I Die 4:06
15. On A Mission 3:40

Tony Wright – Vocals
Mark Yates – Guitars
Leigh Marklew – Bass
"Shutty" – Drums
&
Josephine Ellul – Keyboards


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TIN MACHINE "Tin Machine" (1989)
La renaissance planquée de David B

On ne vantera jamais assez les mérites résurrectionnels qu'eurent les deux album de Tin Machine sur la carrière alors déliquescente d'un Bowie en fin de course, à bout de souffle... Un Bowie pas forcément si adapté à l'ère MTV qu'on aurait pu le penser, un Bowie en mal d'ailleurs et d'une certaine liberté créative aussi, un Bowie qui a envie d'en découdre après des albums "fortement tièdes", enfin.
Parce qu'il faut bien le dire, les ondes du"choc-médiocre" d'un Tonight et d'un Never Let Me Down ont laissé des traces, et pas que de jolies jolies... On ne reviendra pas plus avant sur les maigres qualités des deux successeurs d'un Let's Dance à la relance, tout a déjà été dit et écrit sur le sujet par de nombreux rock-critics dont même les plus flagorneurs ne purent sauver l'ex-Ziggy du naufrage via quelques remarques bien senties voire assassines (et hélas souvent méritées).
Croyez-vous que Bowie est alors dans sa tour d'ivoire à planifier sa prochaine extravagance ? Que nenni ! Sans doute lui-même conscient de l'impasse dans laquelle il se trouve, il décide de changer radicalement le ton, de faire du passé table rase... A commencer par effacer son nom de la pochette, ce n'est pas rien !, et d'y figurer à égalité avec ses nouveaux copains de chambrée, c'est encore plus ! Et puis la dégaine costumière, le noir et le blanc, la barbe du discret, une sobriété qu'on ne lui connaissait plus... Profil bas, attendre la fin de l'orage et en profiter pour s'amuser, tant qu'à faire ! Parce que, fondamentalement, c'est ce qu'on entend sur ce premier Tin Machine, un Bowie décontracté qui se fait plaisir et, ce faisant, nous fait plaisir avec ce qu'il est convenu de considérer comme un simple album de (hard) rock'n'roll, un bon album de (hard) rock'n'roll.
Simple ? Parce que c'est, tout bêtement, à une collection de chansons basée sur les riffs tranchants et revivalistes de Reeves Gabrels qui se présente à nous. Pour l'originalité, vous repasserez, mais le sel est ailleurs et les atouts d'énergie, de l'audible plaisir que prend la formation (n'oublions pas les frères Sales, rythmique impeccablement complémentaire de sa paire de solistes) à jouer comme, peu ou prou, une bande d'ados découvrant l'originel plaisir d'une musique électrisée et électrisante. On ne dira pas que Bowie y est méconnaissable, ce serait mentir, juste totalement fondu dans un collectif cohérent et fonctionnel.. Un groupe de rock, quoi !
Bon ? Parce qu'il y a ici, tout de même, quelques chansons qui font leur beau petit effet à commencer par l'introductif Heaven's in Here, un solide blues mid-tempo où Gabrels nous régale de ses belles dispositions guitaristiques, ici dans un registre classique et efficace où, de licks fins en soli inspirés, il meuble une composition un peu commune avec, pour le coup, le beau David bien effacé. C'est aussi une bonne façon d'établir la crédibilité groupe. Plus loin, Prisoner of Love, après un pas extraordinaire Tin Machine, rappelle un peu Absolute Beginners avec son petit côté rétro et China Girl par son refrain orientalisant, on ne se refait pas mais, présentement, on ne regrette pas non plus parce que ça fonctionne et donne une composition habitée, un rock stratosphérique et trippant de fort belle qualité, et du Bowie pur sucre, vous l'aurez compris. Passé un pas désagréable mais trop dérivatif pour être vraiment marquant ("Troggsien") Crack City, s'avance une belle quadruplette avec, en tête de liste, le rock revivaliste d'I Can't Read et sa guitare ivre by Gabrels (qu'on se croirait en 1976 !), l'hard-rockant Under the God (puissant, efficace et sans artifice), le faussement planant et un poil soul Amazing (un single qui s'ignore) et, finalement, la cover du Working Class Hero de Lennon revitalisé par un quatuor pas prêt à rendre ses armes électriques ni sa classe naturelle. Le reste est moins enthousiasmant, plus inégal surtout avec de bonnes choses (Bus Stop, Video Crime, Baby Can Dance) et d'autres plus anecdotiques qui viennent un peu tempérer l'admirable tenue d'une grosse première moitié pleine d'assurance.
Tin Machine 1er du nom n'est pas un grand album, Tin Machine 1er du nom n'est pas une révélation non plus, Tin Machine 1er du nom est, simplement, c'est déjà énorme !, la renaissance électrique, le premier jalon de la reconquête d'un des plus grands artistes pop/rock des septante... Et un foutu bon album de rock'n'roll, donc avec, qui plus est, la révélation d'un extraordinaire et ô combien polyvalent guitariste en la personne de Reeves Gabrels qui bonifie ici souvent le tout-venant... On n'en attendait pas tant.

1. Heaven's in Here 6:01
2. Tin Machine 3:34
3. Prisoner of Love 4:50
4. Crack City 4:36
5. I Can't Read 4:54
6. Under the God 4:06
7. Amazing 3:06
8. Working Class Hero 4:38
9. Bus Stop 1:41
10. Pretty Thing 4:39
11. Video Crime 3:52
12. Run 3:20
13. Sacrifice Yourself 2:08
14. Baby Can Dance 4:57

David Bowie: vocals, guitar
Reeves Gabrels: lead guitar
Hunt Sales: drums, vocals
Tony Sales: bass, vocals
&
Kevin Armstrong: rhythm guitar, Hammond


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THE THE "Soul Mining" (1983)
Géant !

Ce n'est pas encore le The The prospectif d'Infected ou de Mindbomb mais plus tout à fait le The The new waveux de Burning the Soul, Soul Mining est typiquement un album de transition, typiquement un excellent album d'indie rock bulbé, le sommet de la carrière de Matt Johnson, l'homme derrière Le Le groupe, ce qui n'est pas rien.
Sur le premier titre, I've Been Waiting for Tomorrow (All of My Life), on se dit que si PIL de Cd et le Peter Gabriel de melt se rencontraient, on ne serait pas loin de ce synth post-punk progressif si intelligemment façonné. Sur le second, This Is the Day, que cet accordéon et ce violon presque cajuns, tellement inattendus en pareil contexte, habillent finalement bien cette douce mélopée pop-goth entrainante. Sur le troisième, The Sinking Feeling, que les Talking Heads sonneraient vraiment bien en synth-pop paranoïde. Sur le quatrième, Uncertain Smile, que certains anglais s'y entendent tout de même très bien pour détourner la soul à leur blanc bénéfice et que la partie de piano jazzy de Jools Holland (avant qu'il ne devienne le Nagui Taratatesque britannique) mérite indéniablement le détour. Sur le cinquième, The Twilight Hour, qu'il ne suffit décidément de pas grand chose, quelques synthés, un rythme tribal et une bonne mélodie, mais surtout d'un sacré talent d'arrangeur pour une bonne chanson. Sur le sixième, Soul Mining, que le rock progressif peut sonner jeune et mode même plus de 30 ans après sa date de sortie. Et enfin sur le 7ème, ce mastodonte nommé Giant, que la génération rave/madchester doit quand même beaucoup à ce cher Matt Johnson qui lui même en doit pas mal à ceux qui l'on devancé dans la fusion afro-occidentale.
Notons tout de même qu'il existe des éditions plus généreuses de ce sommet, notamment celle du 30ème anniversaire qu'on recommandera. Mais même à 7 titres, Soul Mining est un album sans faille, un album totalement de son époque qui a pourtant étonnamment bien vieilli (c'est rare !), La marque des grands albums à laquelle il appartient indéniablement.

1. I've Been Waitin' for Tomorrow (All of My Life) 5:45
2. This Is the Day 5:01
3. The Sinking Feeling 3:44
4. Uncertain Smile 6:52
5. The Twilight Hour 5:58
6. Soul Mining 4:50
7. Giant 9:36

Matt Johnson - vocals, synthesisers, percussion, instruments on all tracks, chant on "Giant"
&
Harry Beckett - trumpet on "Perfect"
Paul Boyle - fiddle on "This Is the Day"
Andy Duncan - drums on "This Is the Day", "Uncertain Smile", "Soul Mining" and "Perfect"
Paul Hardiman - chant on "Giant"
Camelle G. Hinds - bass guitar on "I've Been Waitin' for Tomorrow (All of My Life)", "Uncertain Smile", "The Twilight Hour", "Giant" and "Perfect"
Jools Holland - piano on "Uncertain Smile"
David Johansen - harmonica on "Perfect"
Keith Laws - melodica on "Three Orange Kisses from Kazan"
Thomas Leer - synthesisers on "I've Been Waitin' for Tomorrow (All of My Life)", "The Twilight Hour" and "Giant"
Martin McCarrick - cello on "The Twilight Hour"
Zeke Manyika - drums on "I've Been Waitin' for Tomorrow (All of My Life)", "The Twilight Hour" and "Giant", chant on "Giant"
Jeremy Meek - bass guitar on "The Sinking Feeling"
Steve James Sherlock - flute and saxophone on "Three Orange Kisses from Kazan" and "Waitin' for the Upturn"
Anne Stephenson - violin on "The Twilight Hour"
Jim Thirlwell - sticks on "Giant"
Paul Wickens - accordion on "This Is the Day"


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THIN LIZZY "Jailbreak" (1976)
Le Clan des Dublinois

Le coup d'avant, ils ont trouvé leur son, cette fois, ils dévoilent leur tube (le seul, hélas), c'est, en peu de mots, ce qu'on pourrait dire du Jailbreak de Thin Lizzy... Ce serait trop court, évidemment. Parce que, présentement, c'est la tête sur le billot que le groupe enregistre son 6ème opus (le quatrième avec cette formation) puisque, suite aux très faibles ventes de leur deux précédentes livraisons, leur label, Vertigo, perd patience et décide que si, cette fois-ci, ces irlandais ne décollent pas, c'en est fait de leur contrat discographique. Et donc, cette fois, sous le parrainage d'un producteur soigneusement choisi, John Alcock, principalement connu pour ses collaborations au répertoire solo du Who quatre-cordé John Entwistle, Thin Lizzy a particulièrement réfléchi à ce qui, enfin, pourrait leur permettre de décoller usant même d'un claviériste pour mettre toutes les chances de leur côté sur le single potentiel qu'était alors Running Back. Évidemment, comme chacun sait, et malgré les réserves d'une maison de disque craignant l'aspect trop frontal du titre, c'est The Boys Are Back in Town qui permit ce démarrage populaire si longtemps attendu (Jailbreak est tout de même le 6ème long-jeu de la formation). Mais comme, bien entendu, rien ne se passe jamais comme on l'a prévu, si l'album fut en effet un joli succès (le seul disque d'or de Thin Lizzy outre-Atlantique), l'élan d'un Thin Lizzy au sommet de sa gloire fut brisé par, premièrement, une hépatite contractée par Phil Lynott, deuxièmement, par une blessure à la main de l'encore très jeune Brian "Robbo" Robertson résultant dans l'annulation d'une tournée américaine s'annonçant sous les meilleurs auspices. Bref, l'album et sa musique, on y vient enfin !, est le plus "tight"' des jeunes années de Thin Lizzy, au regret d'ailleurs de sa paire de soliste s'étant plainte du manque de latitude qu'on leur aura laissé pendant les courtes sessions, un petit mois mixage compris. Critique tout de même très excessive quand, 40 ans après, on laisse tourner les 10 titres et à peine plus de 35 minutes d'un groupe de hard rock à la classe folle (la voix de velours de Lynott n'y est pas pour rien, ses basslines bien slick non plus), au son immédiatement reconnaissable (twin guitar attack, bien-sûr) présentement doté, outre les deux éléments radio-compatibles précités, une sacrée collection de bonnes chansons avec, pour l'exemple, un Jailbreak frontal et fin (joli bruitages de sirènes aussi) taillé pour les joutes scénique dont les irlandais (ou écossais et américain pour les deux guitaristes, mais bon Lizzy reste un groupe fondamentalement irlandais sans tomber dans les excès touristiques celtiques, pas souvent en tout cas et toujours à bon escient) se sont fait la spécialité, un Romeo and the Lonely Girl aux effluves folk bienvenues (pas une surprise, c'est dans l'adn de Phil), un rampant et menaçant Warriors (qui colle idéalement à son thème guerrier, conséquemment), un Cowboy Song en parfaite western-tune électrique (mais attention, ce n'est pas de la country pour autant), et un Emerald final (dont le nom ne ment pas, Lizzy y est fièrement Irish !) qui est un peu Black Rose avant Black Rose, c'est un compliment. Bref, enfin pas si..., c'est un monstre de petit album rock malin, varié et parfaitement produit. Et c'est évidemment encore mieux dans une version Deluxe qui, joliment rallongée qu'elle est, d'alternate takes en live de la BBC en passant par quelques raretés qu'on connaissait mais sont ici avantageusement présentée dans leur contexte historique, ravira les fans (et encore plus les anglophones d'iceux qui liront l'histoire de Lizzy à l'époque dans le livret). Parfait.

Album
1. Jailbreak 4:01
2. Angel from the Coast 3:03
3. Running Back 3:13
4. Romeo and the Lonely Girl 3:55
5. Warriors 4:09
6. The Boys Are Back in Town 4:27
7. Fight or Fall 3:45
8. Cowboy Song 5:16
9. Emerald 4:03

Bonus Disc
1. The Boys Are Back in Town (Remixed version) 4:35
2. Jailbreak (Remixed version) 4:14
3. The Boys Are Back in Town (Alternate vocal - remixed version) 4:33
4. Emerald (Remixed version) 4:08
5. Jailbreak (BBC Session 12 February 1976) 4:05
6. Emerald (BBC Session 12 February 1976) 3:58
7. Cowboy Song (BBC Session 12 February 1976) 5:14
8. Warriors (BBC Session 12 February 1976) 3:57
9. Fight or Fall (Extended version – rough mix) 5:21
10. Blues Boy (Previously unreleased studio track) 4:38
11. Derby Blues (Early live version of "Cowboy Song") 6:52

Phil Lynott – bass guitar, lead vocals, acoustic guitar
Scott Gorham – lead and rhythm guitar
Brian Robertson – lead and rhythm guitar
Brian Downey – drums, percussion
&
Tim Hinkley – keyboards on "Running Back"


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TUB RING "Secret Handshakes" (2010)
A Freak Parade

Voici une bande de zozos que vous ne connaissez probablement pas alors commençons pas faire les présentations. Tub Ring est un quintet originaire de Chicago, généralement accompagné de moult guests, s'amusant à pousser dans ses retranchements un indie rock à la marge dans une mixture avant-gardiste mais accessible (l'un n'empêchant pas l'autre) pleine de fantaisie et d'angles saillants. Secret Handshakes est leur 6ème long jeu, le dernier paru à ce jour et le second sur gros indépendant The End Records.
A l'image d'une pochette très film noir, c'est un opus souvent cinématique et toujours foutraque qui s'offre, une fois de plus, à nous. Parce que si ça commence très fort par un Stop This (NOW!) en écho à un passé punk rock encore présent et assumé, la suite propose une suite de chansons qu'on pourrait, si l'on était fainéant, assimiler aux étatsuniens d'Oingo Boingo ou de Mr. Bungle. On y rencontre une musique jouant pêle-mêle avec le jazz, le rock (parfois métallisé), des sonorités orientalisantes, de l'électro dans un chaos organisé tout à fait réjouissant où la formation va jusqu'à reprendre le thème de Flash Gordon jadis composé par Queen dans une version divertissante et réussie. Alors, évidemment, les amoureux de mers d'huiles et d'harmonie ne trouveront dans ce tout (faussement) bordélique que frustration et consternation, rien que de très normal le Secret Handshakes de Tub Ring n'étant clairement pas conçu pour répondre à leurs attentes "coldplaysiennes".
Bon album d'une formation talentueuse qui mériterait d'être plus connue, Secret Handshakes est une galette qu'on écoute un grand sourire au lèvres se demandant bien à quelle sauce ces olibrius vont nous manger ensuite.

1. Stop This (NOW!) 2:21
2. Bird of a Different Color 2:17
3. Gold Finger 3:01
4. Touching the Enemy 2:37
5. Burn 1:46
6. Cryonic Love Song 2:40
7. Feed the Rapture 2:27
8. Flash 3:11
9. I Shot Your Faggot Horse Bitch 2:45
10. Chronic Hypersomnia 3:20
11. Optimistic 2:52
12. The Day the World Will End 2:32
13. Tip of My Tongue 2:03
14. The Horrible and the Holy 3:58

Kevin Gibson – vocals
Rob Kleiner – keyboards, producer
Trevor Erb – bass guitar
Scott Radway - drums, percusion
Patrick Windsor - guitar, piano
&
Jason Zolghadr - tar
Loren Turner - guitar
Dave Smith - baritone sax
Brandon Wojcik - trumpet
David Keller - cello
Benjamin Weber - viola, violin
Chibi - vocals


4 commentaires:

  1. T comme...

    TALK TALK "Spirit of Eden" (1988)
    - http://www91.zippyshare.com/v/K1TvZi41/file.html

    TELEVISION "Marquee Moon" (1977)
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    TERRORVISION "Shaving Peaches" (1998)
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    TIN MACHINE "Tin Machine" (1989)
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    THE THE "Soul Mining" (1983)
    - http://www91.zippyshare.com/v/GCyBR0eM/file.html

    THIN LIZZY "Jailbreak" (1976)
    - http://www91.zippyshare.com/v/ldjAkb5I/file.html

    TUB RING "Secret Handshakes" (2010)
    - http://www91.zippyshare.com/v/i9P5m2IC/file.html

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  2. moi qui suis un Bowie de la première heure, j'avais eu du mal à l'époque avec Tin Machine, aujourd'hui comme nous sommes privés définitivement de ses créations, je refais la découverte de cette période. Bon choix comme d'habitude et découverte pour moi avec Tub Ring ...

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  3. Programme plus qu'alléchant !
    J'aurais quand même aimé y trouver un petit Trust ou un petit Téléphone… vive la France, vive la république !!!

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  4. Le Talk Talk est un des plus merveilleux disques de tous les temps.

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