dimanche 24 août 2014

Damon in the rough

A 46 ans déjà, Damon Albarn, l'homme de Blur, de Gorillaz et de moult autres projet sort son premier album solo. Il a mis le temps !

Damon Albarn "Everyday Robots" (2014)
ou "Robot for a Day"


Il a tout fait Damon ! De la brit-pop tirant, avec le temps, sur l'art-rock, du hip-hop/trip-hop animé, de la musique africaine avec des musiciens du cru, de l'opéra chinois, de l'opéra anglais avec un ambitieux Dr. Dee (au passage, le premier album sous son nom propre), etc. Aussi quand vint le temps de son premier vrai album solo, il fallait être voyant pour deviner à quelle sauce il allait s'accommoder.
 
La campagne promotionnelle, en l'occurrence, nous a vendu ce Everyday Robots comme un futur, que dis-je, un déjà classique, comme un album introspectif, autobiographique, blah blah blah... L'important est ailleurs, dans le plaisir de retrouver Damon sur un territoire, dans un style au moins cousin de celui qu'il n'avait plus pratiqué depuis trop longtemps et dans lequel, pourtant, il excellait, celui d'une pop sensible, variée, excellemment composée et arrangée. Parce que Damon Albarn, l'être humain, n'est jamais aussi bon que quand il laisse sa morgue de côté, celle-là même qui a pu le rendre agaçant, mais moins que ses concurrents Gallagher, du temps d'une brit-pop triomphante. Ici, aidé de moult musiciens, d'un coproducteur attentif (Richard Russell) et même d'un Eno venu prêter main forte, il déroule toute la sensibilité, toute la mélancolie qui sied à l'idée conceptuelle derrière la merveille, une nécessité de se raccrocher à l'essentiel, de combattre la perte des liens humains si symptomatique de notre époque. Forcément, pour que le son soit raccord au thème, il use d'une toile organique, pas si éloignée d'un Robert Wyatt, voire d'un Lou Reed épris de douceur, qui séduit immédiatement. Pas moderne pour deux sous, la musique d'Everyday Robots est quasiment l'antithèse d'un Gorillaz certes séduisant mais un poil tapageur et "jeuniste", preuve, s'il en fallait, de la versatilité créatrice de l'Homme Albarn.

C'est volontairement que je ne rentre pas dans le détail du contenu de l'album, que je n'extrait aucun titre plutôt qu'un autre parce que cet album, une réussite de bout en bout ceci dit en passant, mérite de ne pas être défloré afin d'en garder la substantifique moelle pour une première écoute, et les nombreuses qui ne manqueront pas de suivre, ébahie et d'ainsi jouir pleinement de l'œuvre rare d'un auteur compositeur interprète qui n'a pas fini de faire parler de lui. Everyday Robots beauté rare permettant de ralentir dans un monde où tout va toujours trop vite, candidat évident au titre honorifique d'album de l'année ? Oui da !


1. Everyday Robots 3:57
2. Hostiles 4:09
3. Lonely Press Play  3:42
4. Mr Tembo (featuring. The Leytonstone City Mission Choir) 3:43
5. Parakeet 0:43
6. The Selfish Giant (featuring. Natasha Khan) 4:47
7. You and Me (featuring. Brian Eno) 7:05
8. Hollow Ponds 4:59
9. Seven High 1:00
10. Photographs (You Are Taking Now) 4:43
11. The History of a Cheating Heart 4:00
12. Heavy Seas of Love (featuring. Brian Eno & The Leytonstone City Mission Choir) 3:44
(aucun extrait cette fois, prenez-le, savourez-le, vous m'en direz des nouvelles !)


Damon Albarn – vocals, piano, guitar, omnichord, ukulele, backing vocals, drum machine, bass, choir, Korg M1, synthesizer, executive production, additional production, mixing, engineering
&
Richard Russell – executive production, drum programming, MIDI, drum machine, MPC, AKAI MPC 500, production, spoken word, mixing, sampling, Roland TR-909, engineering
Richard Buckley – voice sample (tracks 1, 4 and 12), backing vocals
Veona Byfield-Bowen – choir, chorus
Dan Carpenter – trumpet
Kris Chen – spoken word
Isabelle Dunn – strings
Margurita Edwards – choir, chorus
Brian Eno – guest vocals (tracks 7 and 12), backing vocals, synthesizers
Conroy Griffiths – choir, chorus
Nicholas Hougham – french horn
Natasha Khan – guest vocals (track 6), backing vocals
Ollie Langford – violin
Timothy Leary – voice sample (track 10), backing vocals
Robert Morley – voice sample (track 6)
Celia Murphy – choir, chorus
Jerome O'Connell – steel pans
Mary Oldacre – choir, chorus
Antonia Pagulatos – strings
Pauli the PSM – live drums
Alice Pratley – strings
Kotono Sato – strings
Seye – live bass, live guitar
Mike Smith – live keyboards, string arrangements
Simon Tong – additional guitar
Patsy Walsh – choir, chorus
Jeff Wootton – live guitar, live bass

6 commentaires:

  1. Salut Zorno

    Je ne suis pas aussi enthousiaste que toi sur cet album. Au delà de jolies compos, bien écrites et bien arrangées ça c'est sûr, il me manque un peu de relief dans tout ça. Quelques écoutes m'ont conforté dans l'idée que l'ensemble est un peu plat. Je cherche la petite bête, parce que le disque est quand même bon mais j'espérais un truc plus fort de sa part, là j'ai l'impression qu'il se contente de rester dans sa zone de confort.

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    1. Je vois ce que tu veux dire quant au manque de relief de l'album. A mon avis, et à mon goût, il participe au feeling de l'oeuvre et j'en suis donc content ainsi. Mais tu l'avais compris ! ^_^
      Je note que tu dis tout de même que c'est un bon album... Peut-être à réessayer un jour de pluie comme aujourd'hui, parce que je le trouve automnal en diable ce Everyday Robots.

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  2. J'ai à l'inverse le sentiment que cet album a énormément de relief, qu'il est extrêmement dense, riche en idées, et pour autant s'en dégage un sentiment d'épure, de légèreté. Un disque de pop comme on en fait plus beaucoup.

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    1. Voilà ! Tu le dis bien ! Du relief mais dans le détail, pas du m'as-tu-vu qui te pète à la face, du sensible, du délicat, du discret !

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  3. Belle chronique à laquelle je souscris volontiers.

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    1. Je te savais homme de goût, pas de surprise.
      Merci de ton passage.

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