vendredi 22 avril 2016

the Many Worlds of Storm Thorgerson (Vol. 1/3: 1971-1976)

Si certains artistes graphiques ont un style qu'on reconnaît entre mille (je pense par exemple à Roger Dean), d'autres sont des caméléons qui offrent aux artistes pour lesquels ils travaillent un emballage toujours adapté ou, au moins, imaginatif. C'est dans cette catégorie que se situe le regretté Storm Thorgerson qui était, comme nous allons le voir en trois parties, bien plus que le concepteur des pochettes de Pink Floyd, même si c'est évidemment pour ça qu'il était le plus connu. Bref, c'est surtout pour moi une belle occasion de vous proposer de la bonne musique tous azimuts... Enjoie !

LeS MéCoNNuS
Edgar Broughton Band "Edgar Broughton Band" (1971)
ou "Dans l'lard, Edgar!"

C'est la seconde génération de l'Edgar Broughton Band, presque encore un groupe de gros rock qui tâche quelque part entre Blue Cheer, Black Sabbath et Led Zeppelin, pas assez beaux ni assez chanceux pour décrocher un vrai succès et revenant, présentement, avec un guitariste de plus (également claviériste occasionnel) pour enrichir le son, et à l'éponymie comme une relance après deux albums dont la réputation n'a pas fait la vente. Toujours chez Harvest, avec une pochette cette fois conceptualisée par Storm Thorgerson (à qui on se demande bien ce qui est passé par le crâne), c'est donc un Edgar Broughton version ++ qui se présente. Est-ce que ça change beaucoup de choses ? Oui et non. Oui parce que l'addition d'un quatrième membre, Victor Unitt, qui restera trois albums avec le groupe, est décisive en ce qu'elle permet à l'Edgar de se faire encore plus théâtral, de libérer son jeu de guitare aussi, de nuancer son propos enfin, et que ça cadre les jams parfois un peu longuettes des fois d'avant et aide à construire des ambiances qui vont bien au teint des petits gars de Warwick. Non parce que, fondamentalement, la faconde de l'ex-trio est inchangée, c'est de l'EBB certes plus light, moins hirsute, mais de l'EBB tout de même avec quelque saillies (The Birth, Don't Know Which Way It Is, House of Turnabout, Getting Hard/What Is a Woman for? ou le rampant Madhatter, tous d'excellents exemples de proto-metal ou blues psychédélique comme on l'appelait alors) qui contrebalancent bien les éfluves patchouli de Piece of My Own, Poppy ou Thinking of You, bien réalisées, d'ailleurs. Bref, en restant lui-même mais en un peu plus professionnel, un peu plus produit, l'EBB réalise son album le plus immédiatement sympathique et un des joyaux de sa couronne d'éternel prétendant au trône. Recommandé.

1. Evening Over Rooftops 5:00
2. The Birth 3:21
3. Piece of My Own 2:46
4. Poppy 2:14
5. Don't Even Know Which Day It Is 4:20
6. House of Turnabout 3:08
7. Madhatter 6:14
8. Getting Hard/What Is a Woman For? 7:29
9. Thinking of You 2:04
10. For Doctor Spock Parts 1 & 2 3:50
Bonus
11. Hotel Room 4:04
12. Call Me a Liar 4:27
13. Bring It on Home 3:27

Edgar Broughton - Vocals, guitar
Arthur Grant - Bass guitar, vocals
Steve Broughton - Drums, vocals
Victor Unitt - Guitar, harmonica, piano, organ, vocals

EDGAR BROUGHTON BAND

THe RiGHT LyNNe
Electric Light Orchestra "The Electric Light Orchestra" (1971)
ou "Grandes Pompes"

Dès les débuts d'Electric Light Orchestra, au tout début des 70s, Jeff Lynne, cette fois largement concurrencé par le futur Wizard Roy Wood, encore plus multi-instrumentiste que lui et presque aussi talentueux, le tout secondé par le batteur Bev Bevan, les trois ayant participé à The Move, on reste en famille, pose les bases d'une pop orchestrale classieuse et qui s'assume pompeuse et se moque du qu'en dira-t-on. Par forcément du meilleur goût, outrancier dans son mélange de rock, de pop et de musique orchestrale ? Oui mais, justement, c'est ça qui est bon. D'autant qu'avec des compositions (et des arrangements) pareils, Wood s'imposant comme le plus traditionnel des deux compositeurs/leaders avec la pop baroque de Look at Me Know ou l'épique The Battle of Marston Moor, tandis que Lynne cherche l'ouverture entre hard rock symphonique (10538 Overture) ou une talentueuse évocation des ses influences gerswhinesque (Manhattan Rumble), juste d'une collection sans faux pas, on est rapidement sous le charme. D'aucun diront que, parce que Lynne n'a d'autre choix que de partager, cet éponyme inaugural est la plus belle pièce des symphopoppistes en devenir, je n'irai pas jusque là mais recommanderai tout de même chaudement cet ELO à part et vraiment très réussi.

1. 10538 Overture 5:32
2. Look at Me Now 3:17
3. Nellie Takes Her Bow 5:59
4. The Battle of Marston Moor (July 2nd 1644) 6:03
5. First Movement (Jumping Biz) 3:00
6. Mr. Radio 5:04
7. Manhattan Rumble (49th Street Massacre) 4:22
8. Queen of the Hours 3:22
9. Whisper in the Night 4:50
Bonus
10. Battle of Marston Moor (Alternate take) 1:00
11. Nellie Takes Her Bow (Alternate mix) 6:02
12. Mr. Radio (Take 9) 5:19
13. 10538 Overture (Alternate mix) 5:46

Jeff Lynne – vocals, piano, electric guitar, acoustic guitar, percussion, bass, Moog synthesizer
Roy Wood – vocals, cello, classical acoustic guitar, bass, double bass, oboe, bassoon, clarinet, recorder, slide guitar, percussion, bass clarinet, krumhorn
Bev Bevan – drums, timpani, percussion
Bill Hunt – French horn, hunting horn, piccolo trumpet
Steve Woolam – violin
&

Richard Tandy – bass, keyboards
Wilf Gibson – violin
Hugh McDowell – cello
Mike Edwards – cello
Andy Craig – cello

THE ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA

Le CLaSSiQue
Wishbone Ash "Argus" (1972)
ou "Lucky Bone"

On ne dira jamais assez tout le bien qu'il faut penser de Wishbone Ash, l'influence décisive qu'eut ce grand groupe trop méconnu sur moult formations ô combien référentielles telles que Thin Lizzy ou Iron Maiden (et indirectement la myriade de formations suivant ces deux autres authentiques légendes). Alors quand on en vient à évoquer une des plus belles pages de leur foisonnant catalogue (24 albums studio, 12 lives, des compilations et des singles comme s'il en pleuvait), cet Argus de 1972, on commence, forcément, par mentionner les doubles-guitares d'Andy Powell et Ted Turner, élément décisif du son d'une formation navigant entre hard rock, blues et rock progressif. C'est peut-être de là, de cette polyvalence stylistique, que vinrent les difficultés du groupe à s'imposer à un plus grand public que celui qui se repaît des délices musicaux dont il est capable. Et il en est très capable, en particulier dans ses jeunes années, en particulier sur cet Argus où rien n'est autre que très bon, 8 titres, 8 bombes de rock finement composé, supérieurement interprété par un quatuor mariant acoustique et électrique, compositions directes et raffinées en un tout qui ne devrait pas laisser indifférent. Parce que Time Was vaut bien toutes les formations de classic rock de ces bouillonnantes 70s avec ses atours sudistes, son lent et progressif développement, les performances de ses deux guitaristes virtuoses, celle-ci, tour de force introductif d'un album qui ne baissera jamais de niveau, juste citée pour l'exemple d'une galette ô combien réussie (mais peut-être pas assez frontalement hard rockante que certains l'auraient voulu, Wishbone Ash ne sont pas des brutes). Quand on ajoute les nombreux bonus live de la version remasterisée dite "Deluxe", étant entendu Wishbone Ash, excellent en studio l'est encore plus en live (voir un Phoenix partant souvent dans des jams de longue durée sans jamais lasser ou le référentiel Live Dates dont il sera difficile de se passer), il n'y a plus à hésiter pour recommander un groupe, et cet album encore un peu plus que les autres de sa période classique, à toutes celles et tous ceux qui goûtent à un (hard) rock pleinement développé mais jamais inutilement démonstratif parce que Wishbone Ash, toujours en activité si Powell en est le seul membre restant comme sur le Blue horizon de belle qualité sorti dernièrement, est un trésor et qu'Argus en est son plus beau joyau, on ne devrait pas avoir à en dire plus.

1. Time Was 9:42
2. Sometime World 6:55
3. Blowin' Free 5:18
4. The King Will Come 7:06
5. Leaf and Stream 3:55
6. Warrior 5:53
7. Throw Down the Sword 5:55
Bonus
"Live from Memphis" promotional EP
8. Jail Bait 4:57
9. The Pilgrim 10:10
10. Phoenix 17:05

CD Bonus
BBC session 1972
1. Time Was 10:14
2. Blowin' Free 5:51
3. Warrior 5:44
4. Throw Down the Sword 6:47
5. King Will Come 8:11
6. Phoenix 19:35
7. Blowin' Free 5:38
8. Throw Down The Sword 6:13

Martin Turner - bass guitar, vocals
Andy Powell - lead and rhythm guitar, vocals
Ted Turner - lead and rhythm guitar, vocals
Steve Upton - drums, percussion
&
John Tout - organ on "Throw Down The Sword"

WISHBONE ASH

TouT Nu eT TouT BLeuTé
Led Zeppelin "Houses of the Holy" (1973)
ou "Saint est le Baigneur"

Houses of the Holy est le premier album où Led Zeppelin se cherche sans tout à fait se trouver. Ça n'en fait pas un mauvais album pour autant, parce que ces gars-là, même quand ils tâtonnent, ont de l'or dans les doigts, juste un peu moins décisif que tout ce qui a précédé... Alors, certes, il y a encore de vrais classiques, et encore un vrai goût de la provocation (et pas seulement avec la pochette polémique de Storm Thorgerson) mais de, audiblement, de nouvelles ambitions. De fait, ce n'est plus cette formation fondatrice des quatre premiers albums, cette bête de hard rock sachant glisser vers la folk ou le blues sans jamais rien perdre de sa morgue, c'est une formation en réévaluation de ses possibles, une formation à l'ouverture.... Du coup, Houses of the Holy, le premier album avec un vrai titre d'ailleurs, est moins focus, plus explosé et passionnant exactement pour ça. Et si tout ne réussit pas (le funk de The Crunge est rigolo mais demeure accessoire), c'est tout de même d'une fort belle collection dont il s'agit. Une collection où les amateurs du groupe d'avant pourront se raccrocher à quelques titres (le dynamique The Song Remains the Same en introduction, les inspirés mid-tempo Over the Hills and Far Away, Dancing Days et The Ocean un peu plus loin et en conclusion de l'album) pour plus aisément attaquer la face exploratrice de la galette où avec la ballade psyché-folk The Rain Song (superbe !),  le reggae sauce Page/Plant D'yer Mak'er et le spatial et épique No Quarter (un peu comme si Led Zeppelin se prenait pour les Doors de The End essayant de faire du Pink Floyd), il y a du grain à moudre et de la qualité à tous les étages. Sur une moitié d'album qui ose, ça fait tout de même 75% de réussite, et quelle réussite ! Ultime remaster, dit-on, oblige, un petit cd de bonus vient rallonger la sauce de quelque outtakes ou versions de travail des morceaux de l'album qui, sans être exactement essentiels, ont l'avantage de permettre d'un peu mieux comprendre la cuisine interne du quatuor, pas si mal et pas inutile du tout. Bref, si Houses of the Holy n'est indéniablement pas le plus grand classique de Page, Plant, Jones et Bonham, c'est une excellente galette prouvant que le Led Zeppelin des quatre premiers albums, dont on ne vantera jamais assez les mérites, c'est entendu, pouvait encore évoluer et surprendre, ce que continuera d'ailleurs de prouver Physical Graffiti. Et tout ça nous fait ? Un classique, absolument !

Definitive Remaster
1. The Song Remains the Same 5:32
2. The Rain Song 7:39
3. Over the Hills and Far Away 4:50
4. The Crunge 3:17
5. Dancing Days 3:43
6. D'yer Mak'er 4:23
7. No Quarter 7:00
8. The Ocean 4:31

Bonus Disc
1. The Song Remains the Same (Guitar Overdub Reference Mix) 5:29
2. The Rain Song (Mix Minus Piano) 7:45
3. Over the Hills and Far Away (Guitar Mix Backing Track) 4:22
4. The Crunge (Rough Mix - Keys Up) 3:16
5. Dancing Days (Rough Mix with Vocal) 3:46
6. No Quarter (Rough Mix with JPJ Keyboard Overdubs - No Vocal) 7:03
7. The Ocean (Working Mix) 4:26

John Bonham – drums, backing vocals
John Paul Jones – bass guitar, keyboards, synthesiser bass, backing vocals
Jimmy Page – acoustic, electric and pedal steel guitars, theremin on "No Quarter", production
Robert Plant – lead vocals

LED ZEPPELIN

PoP oPéRa
10cc "The Original Soundtrack" (1975)
ou "10cc de bonheur"

Évidemment, il y a le tube, celui qui, en France tout au moins, occulte toute la carrière d'une des plus belles bêtes pop d'après les Beatles, ce I'm Not in Love d'ailleurs incompris par les francophones, un peu comme le Born in the USA du Boss, excellente chanson de non-amour recyclée en slow poisseux, mais sur The Original Soundtrack il y a aussi l'exceptionnel Une Nuit à Paris, suite "progopoppiste" à dégoûter Queen un an avant Bohemian Rhapsody, sans autant de succès, sans doute trop finaud, injustice. Et puis d'autres chansons qui font mouche, un Blackmail au groove d'enfer et à la mélodie itou, du hard rock d'opérette qui s'assume avec l'irrésistible The Second Sitting for the Last Supper, de la belle ballade épique à faire baver le Mercure de Mai (Brand New Day), une petite coolerie les cheveux au vent mais toujours la théâtralité du quatuor (Flying Junk), de la pop plus Broadway que Carnaby Street mais tellement bien troussée qu'on n'y résiste pas (Life Is a Minestrone), et une dernière folie kitsch qui nous fait glisser en gondole à Venise histoire de boucler la boucle d'un albim qui assume d'avoir envie de toucher à tout même ce qui est supposément de mauvais goût (The Film of My Love). Et encore un peu plus avec un délicieux bonus, une post-McCartneyserie ou pré-Partridgerie  d'exception (Channel Swimmer) et un second plus accéssoire, un peu sans direction (Good News) mais, bon, c'était une face B à l'époque et un bonus aujourd'hui, faut pas se plaindre... Bref, ce minuscule bémol mis à part, oui, vraiment, en 1975, 10cc a le truc, sort son plus bel opus et un des tous meilleurs albums pop des septantes. Épatant !

1. Une Nuit A Paris 8:40
Lol Creme – Vocals, Pianos, Vibes, Percussion
Eric Stewart – Vocals, Steel Guitar
Graham Gouldman – Vocals, Bass, Percussion
Kevin Godley – Vocals, Drums, Timpani, Percussion

2. I'm Not in Love 6:08
Eric Stewart – Lead Vocal, Electric Piano
Graham Gouldman – Guitar, Bass, Backup Vocals
Kevin Godley – Moog, Backup Vocals
Lol Creme – Piano, Backup Vocals

3. Blackmail 4:28
Lol Creme – Vocals, Organ
Kevin Godley – Vocals, Drums
Eric Stewart – Vocals, Guitar, Steel Guitar, Piano
Graham Gouldman – Vocals, Guitar, Bass

4. The Second Sitting for the Last Supper 4:25
Eric Stewart – Lead Vocals, Guitar, Organ, Piano, Electric Piano, Backup Vocals
Kevin Godley – Drums, Percussion, Backup Vocals
Lol Creme – Guitar, Percussion, Piano, Backup Vocals
Graham Gouldman – Guitar, Bass, Backup Vocals

5. Brand New Day 4:04
Kevin Godley – 1st Lead Vocal, Marimba, Bass Drum, Timpani, Cellos, Backup Vocals
Eric Stewart – 2nd Lead Vocal, Guitar, Backup Vocals
Lol Creme – Pianos, Gizmo, Violins, Moog, Backup Vocals
Graham Gouldman – Bass, Double Bass, Backup Vocals

6. Flying Junk 4:10
Eric Stewart – Lead Vocals, Lead Guitar, Electric Piano, Piano
Graham Gouldman – Bass, Acoustic Guitar, Six String Bass, Autoharp, Backup Vocals
Lol Creme – Acoustic Guitar, Piano, Autoharp, Backup Vocals
Kevin Godley – Drums, Percussion, Backup Vocals

7. Life Is a Minestrone 4:42
Lol Creme – Lead Vocal, Piano, Electric Piano, Percussion, Guitar, Backup Vocals
Kevin Godley – Drums, Timbali, Percussion, Backup Vocals
Eric Stewart – Guitar, Backup Vocals
Graham Gouldman – Bass, Guitar, Acoustic Guitar, Backup Vocals

8. The Film of My Love 5:07
Graham Gouldman – Lead Vocals, Bass, Guitar, Mandolins
Eric Stewart – Guitar, Organs, Percussion, Backup Vocals
Lol Creme – Piano, Percussion, Mandolins, Backup Vocals
Kevin Godley – Bongos, Percussion, Backup Vocals

Bonus
9. Channel Swimmer 2:56
10. Good News 3:50

10CC

DiRTy auSSieS
AC/DC "Dirty Deeds Done Dirt Cheap" (1976)
ou "Assez d'essais"

Premier album quasi-identique (la tracklist est légèrement différente tout comme la pochette, conceptualisée par Storm Thorgerson dans la version pour tous) à l'international et dans leur Australie d'origine, Dirty Deeds Done Dirt Cheap est une étape de plus dans la conquête du monde par le plus improbable des combos d'affreux sales et méchants rockers, AC/DC avec son lead-guitariste en habit d'écolier, ridicule ! Mais la musique, man, la musique, ce machin qui vous pète à la tronche, vous fait irrésistiblement remuer du chef et battre de la semelle, ce son gras de blues bien pêchu, cette voix aussi, rauque, qui roule dans vos cages à miel pour le décrassage de rigueur... Fantastique ! Or, donc, après High Voltage et TNT en 1975, quelques mois seulement après la sortie de leur premier album international compilant leur deux galettes australiennes initiales, voici l'album qui enfonce le clou, prouve que ce quintet a des arguments à faire valoir et que sa formule, à priori limitée, peut produire moult trésors. Cela en fait-il le meilleur album du groupe ? Sans doute pas (voire l'inénarrable Highway to Hell pour ça) mais avec des classiques tels que le menaçant Dirty Deeds Done Dirt Cheap, le rigolard mais toutefois sévèrement burné Big Balls, le boogie nerveux mené tambours battants de Rocker, le déjà typique et définitivement efficace Problem Child, ou, pour ne plus citer que celui-ci et éviter l'énumération systématique, le gros blues de la mort qui tue Ride On sur lequel Bon étale tout l'immense feeling de sa voix rauque and roll... Bref, neuf titres pour un évident triomphe démontrant alors qu'AC/DC n'était pas qu'un épiphénomène mais bien une valeur avec qui il allait falloir compter, et tout ça fait un album classique mais vous le saviez sûrement déjà.

1. Dirty Deeds Done Dirt Cheap 3:52
2. Love at First Feel 3:12
3. Big Balls 2:38
4. Rocker 2:50
5. Problem Child 5:46
6. There's Gonna Be Some Rockin' 3:18
7. Ain't No Fun (Waiting Round to Be a Millionaire) 6:54
8. Ride On 5:53
9. Squealer 5:27

Bon Scott – lead vocals
Angus Young – lead guitar
Malcolm Young – rhythm guitar, backing vocals
Mark Evans – bass guitar
Phil Rudd – drums

AC/DC

CHaT Me Va
Al Stewart "Year of the Cat" (1976)
ou "Bonne Année"

Il a tellement été un classique de son temps, les 70s, tellement traîné dans les brocantes et les bacs des disquaires d'occasion (à l'époque du vinyl, souvenez-vous !) qu'on a fini par prendre le Year of the Cat d'Al Stewart pour argent comptant sans plus vraiment se le mettre dans l'oreille, sorte de passager familier de nos errances musicales lointaines il parait usé avant même qu'on ne le glisse, numérisé dans son petit format iridescent, dans le tiroir prévu à cet effet. Erreur. Erreur parce que le bel album que voici ! Il faut dire que dès l'emballage, la pochette conçue par Storm Thorgerson et la mise en son d'Alan Parsons (on nage en pleine galaxie floydienne !), les petits plats dans les grands, pour une musique classic (soft) rock où subsistent, forcément !, les racines folk du bonhomme, qui roule dans l'oreille de l'auditeur d'un joli et planant Lord Grenville, du rythmé On the Border, de l'ensoleillé Sand in Your Shoes, de la belle folk-rock un poil pop, un poil bluesy de Flying Sorcery au verbeux morceau éponyme final et sa pompe raisonnable (sans compter les trois bons bonus de ce remaster, donc, et en oubliant sciemment le reste d'une sélection où rien ne manque sa cible), on est totalement sous le charme... A condition d'apprécier le soft rock des septantes à son apogée, évidemment. Parce que c'est ça Year of the Cat, un album évidemment totalement maîtrisé par d'excellents musiciens, un luxe d'arrangement millimétrés bien-sûr, mais surtout un opus à la cool qui évoquera aux quinquas qui y étaient les vapeurs d'une jeunesse depuis longtemps évanouie.

1. Lord Grenville 5:00
2. On the Border 3:22
3. Midas Shadow 3:08
4. Sand in Your Shoes 3:02
5. If it Doesn't Come Naturally, Leave It 4:28
6. Flying Sorcery 4:20
7. Broadway Hotel 3:55
8. One Stage Before 4:39
9. Year of the Cat 6:40
Bonus
10. On the Border [live] 3:48
11. Belsize Blues 3:30
12. Story of the Songs 9:42

Al Stewart - vocals, guitar, keyboards
Peter White - guitar, keyboards
John Perry - background vocals
Tim Renwick - guitar
Andrew Powell - string arrangements
Bobby Bruce - violin
Marion Driscoll - percussion
Stuart Elliott - drums, percussion
George Ford - bass
Phil Kenzie - alto saxophone
Don Lobster - keyboards
David Pack - background vocals
Tony Rivers - background vocals
Graham Smith - harmonica
Peter Wood - keyboards

AL STEWART

SaBBATH PaS MieuX
Black Sabbath "Technical Ecstasy" (1976)
ou "Le Début de la Fin"

C'est à partir de là que ça ne va plus vraiment, à partir de là que le Black Sabbath avec Ozzy Osbourne n'est plus ce pétulant destrier tout de métal cuirassé mais une bande de mecs prématurément vieillissants, usés par les tournées et les abus dont la créativité souffre... Terriblement. Evidemment, comme ce sont des malins, ils cachent la misère avec quelques bonne chansons, las, trop peu pour que ce Technical Ecstasy fasse illusion au-delà de la maline pochette conçue par Storm Thorgerson. Il faut dire que les nombreux soucis juridiques (ils sont en guerre avec tout le monde, en gros), le désintérêt de trois des quatre membres laisse un Tony Iommi bien seul à la barre, trop seul sans doute. Et ce n'est pas l'exil floridien et un enregistrement énormément coûteux qui a du améliorer le moral d'un guitariste qui, déjà taciturne frise carrément la dépression voyant SON groupe se déliter sous ses yeux sans qu'il ne puisse y faire grand chose. Et du coup, ça ne fait pas de Technical Ecstasy un bon album. Ok, Back Street Kids en ouverture fait illusion mais ressemble vraiment beaucoup trop (en moins bien) à Children of the Grave pour qu'on s'en contente, et You Won't Change Me, machin presque gothique, est très réussi mais la suite.... Une ballade trop quelconque chantée par Bill Ward (en plus) ? Au suivant ! Gypsy et l'imbécile récitatif d'Ozzy sur une composition de toute manière fort peu inspirée ? Au suivant ! All Moving Part ou Black Sabbath au radar et dans le brouillard ? Au suivant ! Rock’n’roll Doctor en tentative péri-sudiste sans sève ? Au suivant ! Heureusement l'affaire finit (presque) en trombe avec une jolie ballade à la Changes (She's Gone, pas essentiel mais sympathique) et la toute meilleure composition de l'album (Dirty Women, du vrai Black Sabbath classique et inspiré comme on n'en attend plus alors et certainement pas si tard sur un album si décevant) mais c'est trop et trop peu pour ne pas considérer Technical Ecstasy comme ce qu'il est vraiment : la première sortie de piste d'un groupe qui jusqu'alors ne nous avait fait faux bon, symptôme, nous le savons désormais d'une séparation à venir mais ça, c'est une autre histoire...

1. Back Street Kids 3:47
2. You Won't Change Me 6:42
3. It's Alright 4:04
4. Gypsy 5:14
5. All Moving Parts (Stand Still) 5:07
6. Rock 'n' Roll Doctor 3:30
7. She's Gone 4:58
8. Dirty Women 7:13

Ozzy Osbourne – lead vocals
Tony Iommi – guitar
Geezer Butler – bass guitar
Bill Ward – drums, lead vocals on "It's Alright"
&
Gerald "Jezz" Woodroffe – keyboards

BLACK SABBATH

25 commentaires:

  1. the Many Worlds of Storm Thorgerson (Vol. 1/3: 1971-1976)

    Edgar Broughton Band "Edgar Broughton Band" (1971)
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    Electric Light Orchestra "The Electric Light Orchestra" (1971)
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    Wishbone Ash "Argus" (1972)
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    Led Zeppelin "Houses of the Holy" (1973)
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    10cc "The Original Soundtrack" (1975)
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    AC/DC "Dirty Deeds Done Dirt Cheap" (1976)
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    Al Stewart "Year of the Cat" (1976)
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    Black Sabbath "Technical Ecstasy" (1976)
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  2. Si les images sont belles, certaines ne sont absolument pas raccord avec le contenu : AC/DC, Black Sabbath… deux magnifiques sabotages graphiques !!!
    Elles n'en restent pas moins "légendaires", tout comme celles de Led Zep et de Wishbone Ash.

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    1. Tu trouves qu'elles ne sont pas raccord ? Technical Ecstasy propose deux robots en rapports mécaniques (charnel en robotique) quand Dirt Deeds montre des professionnels "à louer"... Non, désolé, je ne suis pas d'accord avec toi, je trouve ça absolument raccord.

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    2. Avec Sabbath, on est dans le lourd, le méchant, le malsain, et on nous propose une pochette (aussi belle soit-elle) hyper clean, avec de jolies couleurs. J'adhère pas !
      Une pochette un peu cheap, un peu proprette (que j'aurais bien vue chez UFO) pour AC/DC qui fait dans le graisseux. Pas cool !

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    3. Je comprends mieux, tu n'aimes pas les décalés artistiques, moi si ! ^_^

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    4. Je suis un être basique !!!!! ;-P

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    5. Non, mais, franchement, tu ne vas pas me dire que tu préfères l'hideuse pochette australienne de Dirty Deeds ? 0_0
      Sinon, toi qui aimes le hard rock des 70s, tu as pensé quoi d'Edgar Broughton ?

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    6. Avec la pochette australienne, on sait immédiatement ce qui nous attend !
      Pas eu le temps d'écouter le sieur Broughton, mais vu les références citées, ça devrait le faire !

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    7. Si tu prends la pochette de Let There Be Rock, je suis d'accord, pour le Dirty Deeds australien c'est juste moche et ça ne donne pas envie. Enfin, les goûts et les couleurs, n'est-ce pas ? ;-)

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    8. Hey, Zornie, quand tu supprimes un commentaire, j'en reçois quand même une copie dans ma boîte mail. Alors le bébé tigre, il peut aller se rhabiller !!!!! ;-D
      J'ai pris le temps d'écouter Edgar Broughton. D'après la chronique (et la pochette !), je m'attendais à quelque chose de plus saignant. Malgré tout, c'est un chouette disque, hyper varié, avec quelques belles envolées guitaristiques et surtout un Getting Hard/What Is a Woman For ? de toute beauté.

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    9. J'avais fait une faute de frappe, je me disais que j'allais le remettre plus tard mais vu que tu l'as lu, ce n'est plus la peine.
      Content que tu ais trouvé ton bonheur chez l'Edgar ! ^_^

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  3. Marrant ton commentaire sur ELO. J'aime Mr Bluesky et depuis je cherche dans leur disco un autre équivalent. Ce qui m'avait amené à écouter précisément cet album (d'autant que Roy Wood m'intéresse et a écrit de très jolies choses en solo, avec Wizzard oou les Move). J'y trouve le son mais pas tout à fait la gràce du morceau (ou de ce qui me plait dans Roy Wood). Mais ce sera pour moi l'occasion de le réecouter.

    Whishbone Ash: je crois que tu l'as déjà proposé il y a quelques mois et que j'avais bien apprécié.

    LED ZEP: assez d'accord avc toi sur toute la ligne.

    AC DC: j'ai longtemps été réfractaire (pour de mauvaises raisons). Rien que d'entendre les cloches de Hells Bells et je fuyais. Aujourd'hui les premeirs ACDC me paraissent vraiment jubilatoire. Mais il aura fallu attendre plus de 20 ans pour que je l'accepte.

    10CC: alors celui-la je vais l'écouter soigneusement.

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    1. 10cc, tu vas voir, c'est délicieusement outrancier... J'ai tenté au maximum d'éviter de comparer avec Queen mais, vraiment, il y a quelque chose (plus que quelque chose, d'ailleurs !). Sauf que, à mon humble avis, c'est 10cc qui gagne la partie avec Original Soundtrack !

      AC/DC, celui-ci est encore l'album d'un groupe pas tout à fait au point, du coup c'est encore plus émouvant parce que plus frais. Et rien que pour le grotesque mais indispensable Big Balls...

      ELO, Mr. Bluesky est unique dans leur discographie, j'avais cherché aussi, je n'ai pas trouvé outre une mélodie par là, un arrangement par ci, mais rien de tout à fait comparable, un peu comme Bohemian Rhapsody chez Queen qui reste aussi unique et décadent que Bluesky. Celui-ci, peut-être parce que qu'il est en gouvernance partagée (c'est ma thèse) est assez unique et suffisamment différent pour qu'on pense, parfois, avoir affaire à un autre groupe.

      Sinon, je te conseille aussi l'Edgar, et le Al Stewart... Si tu ne les connais pas encore, évidemment.

      Merci de ton passage ! ^_^

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  4. J'ai découvert Wishbone Ash avec cette pochette ultra chic qui m'a donné envie d'écouter...une vingtaine d'albums plus tard je ne l'ai toujours pas regretté...comme quoi une bonne pochette...Ph

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    1. Et comme quoi, n'en déplaise à Keith, le décalé artistique à du bon parce que, concernant Wishbone Ash, les pochettes d'avant ne donnaient pas tant envie. Bien vu Shadok !
      Y a une autre pochette d'eux, qui a d'ailleurs été plagiée par les metalleux teutons d'Accept, qui m'a toujours beaucoup amusé, celle de There's a Rub, pas un mauvais album, d'ailleurs.

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  5. Bonjour je découvre votre blog depuis quelques jours, ça m'a permis de découvrir l'homme à tête de choux de Bashung (rare) et de réécouter certaines choses un peu oubliés...et notamment le "year of the cat" et le premier "Elo" très réussi à mon sens.
    Merci pour tous ces souvenirs et longue route à vous.
    Musicpan

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    1. Merci. Et content d'avoir assouvi quelques élans nostalgiques. ^_^

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  6. Ah ouaih, génial.. je connaissais pas le créateur de ttes ces pochettes qui construisent du coup un parcours artistique.. et comme un autre lien, il ne s'agit que de super bons disques. Le Al Stewart est formidable, et à l'époque j'avais trouvé bizarre cette pochette...pas terrible, mais j'ai très vite changé d'avis.
    Sinon la polémique du Zep, comme avec Blind Faith..

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    1. Ha oui, les polémiques à la con des bien-pensants... Bref, Year of the Cat, c'est un bijou cet album. Ok, on est dans le Soft Rock mais quelle classe !
      Et les autres au fait ?
      Merci de ta visite ! :-)

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    2. Impec les autres, à part AC DC que j'ai négligé (eh surement à cause de la pochette d'ailleurs)..et 10CC complètement zappé, grosse lacune que tu viens de combler.
      Merci ;D

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    3. En effet, gros retard ! Il te reste donc à te rattraper sur un bel AC/DC (oui, même la pochette que j'aime beaucoup) et un exceptionnel 10cc... Enjoie !

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  7. Al Stewart, quelle belle découverte pour moi ! Merci. ..et 10cc, j'ai pas tout aimé mais c'est pas mal, à réécouter !

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    1. Ha, Al, content que ça te plaise ! Persévère pour 10cc, tu auras sans doute une bonne surprise.
      A+

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