Petit mois pour Master Zorn avec un seul et unique album (on s'était habitué à plus). Une bonne occasion pour revenir sur deux chapitres extrêmes de son imposante discographie histoire de rester en cohérence avec le trio sans compromis proposé en nouveauté. En gros, ça va faire mal mais c'est pour votre bien ! Enjoie !
iN youR FaCe
John Zorn "Simulacrum" (2015)
ou "Furieux !"
Pour son cinquième album de 2015, John Zorn convoque un nouveau trio et lâche les chiens dans une fusion jazz metal qu'on n'avait plus croisé dans ses créations depuis... Une éternité !
Ceci dit, on sent la maturation du compositeur et de l'arrangeur dans cette nouvelle phase, ce nouveau trio composé d'un organiste (John Medeski, un habitué de la maison), d'un guitariste (Matt Hollenberg, repéré chez Cleric mais aussi les black doomsters d'Höllenlärm), et d'un batteur (Kenny Grohowski de chez Secret Chiefs 3 mais aussi du quatuor Abraxas exécutant de deux albums composé par Zorn), bref, un furieux trio assemblé tout sauf au hasard pour la circonstance. Et la maturation donc, on y revient, parce qu'on est tout de même loin des exactions chaotiques d'un PainKiller ou d'un Naked City, loin aussi des turbulences gothiques de Moonchild. Loin mais dans l'esprit parce que, indéniablement, ce Zorn là a la rage et sait merveilleusement la communiquer. Présentement, évidemment, l'orgue hanté de Medeski tient le centre de la scène mais se voit bien secondé par les riffs lourds et tranchants d'Hollenbeck et l'abattage rythmique façon "tir de barrage, pas de prisonniers" de Grohowski. Concrètement, en 6 compositions et 43 trop courtes minute (on en redemande !), les trois s'amusent audiblement beaucoup à prendre nos tympans pour des tambours de foire, à concasser nos gonades menu menu avec une précision chirurgicale n'empêchant pas une ambiance de jam bienvenue. Pour ce faire ils ont, il faut dire, une partition suffisamment infusée de mélodie pour que le tout ne tourne pas simplement à l'exercice de style bruitiste mais plutôt au laminage systématique de feuilles complices de l'auditeur ravi d'un tel traitement.
Simulacrum ? Une excellente nouvelle chez un Zorn qui, dernièrement, semblait ne souhaiter enchainer qu'easy listening et avant-garde contemporaine (oui, sauf pour le quatuor Abraxas qui semble hélas avoir vécu). L'autre bonne c'est que le projet connaîtra une suite que, franchement, on est impatient de découvrir tant cet originel tour de force fonctionne au-delà des espérances.
Simulacrum ? Une excellente nouvelle chez un Zorn qui, dernièrement, semblait ne souhaiter enchainer qu'easy listening et avant-garde contemporaine (oui, sauf pour le quatuor Abraxas qui semble hélas avoir vécu). L'autre bonne c'est que le projet connaîtra une suite que, franchement, on est impatient de découvrir tant cet originel tour de force fonctionne au-delà des espérances.
1. The Illusionist 12:02
2. Marmarath 5:17
3. Snakes and Ladders 5:27
4. Alterities 2:49
5. Paradigm Shift 4:34
6. The Divine Comedy 12:54
John Medeski - organ
Matt Hollenberg - guitar
Kenny Grohowski - drums
John Zorn - composition, direction & production
SIMULACRUM (en studio) |
DouLeuR eT GRâCe
PainKiller "The Collected Works" (1997)
ou "Bill & John make some noise"
Quand John Zorn, Bill Laswell et Mick Harris (Extreme Noise Terror, Scorn) s'associent pour un nouveau projet où se mêlent dub et grindcore (l'étrange rencontre que voici !) ça donne PainKiller, un bien étrange et attirant animal.
Sur Collected Works vous ne retrouverez pas l'intégrale des enregistrements de la formation, mais une sélection des débuts du combo via leurs enregistrements de 1991 à 1994 soit leurs deux premiers EPs, Guts of a Virgin et Buried Secrets, le double album qui suivit, Execution Ground, et de savoureux bonus, Marianne titre orphelin sauvé des eaux et un live à Osaka uniquement disponible sur l'édition japonaise dudit double. Pas exhaustif donc mais indéniablement copieux.
Musicalement, les deux EPs originels peuvent être vus comme la suite logique de Naked City soit un relecture du grindcore, vous savez ce hardcore punk d'origine britannique poussé à l'extrême, à l'aulne d'un avant-gardisme typiquement new yorkais. La différence, présentement, est que là où Naked City additionnait jazz et musiques de films à son approche sans compromis, PainKiller substitue ces deux fragrances par un genre particulièrement cher à l'inénarrable Bill Laswell, le dub. C'est aussi l'occasion pour John Zorn de faire hurler son saxophone comme rarement et pour Mick Harris de réactiver les souvenirs de sa première formation, les angliches bruyants d'Extreme Noise Terror avec qui il cogna brièvement entre 1987 et 1988. Le résultat, plus tempéré sur Buried Secrets où un dub emprunt d'ambient, s'impose doucement mais sûrement. Si vous vous dites que tout ça doit notoirement faire bobo aux tympans vous n'aurez pas tort mais c'est, aussi, l'intérêt de la chose, pousser l'auditeur dans ses derniers retranchement en mettant juste ce qu'il faut de beauté pour ne pas le rebuter complètement et faire, ainsi, passer les courtes décharges soniques comme un salutaire exutoire. A noter la présence, sur les deux morceaux les plus longs, de G.G. Green et Justin Broadrick, alors actifs chez Godflesh, pour les pièces les plus audibles et étirées de l'ensemble, Buried Secrets et The Toll.
Execution Ground est une autre affaire ou, plutôt, la suite logique et hyper-développée d'une esthétique combinant la carpe et le lapin sans pour autant se perdre. Ici, si subsistent quelques tentations assaillantes, l'emphase est clairement mise sur un ambient dub largement improvisé lors des sessions. Autre notable différence, là où les travaux précédents de la formation présentaient de courtes saillies, Execution Ground, disque 1, propose 3 explorations autour du quart d'heure qui démontrent qu'on peut parfaitement unir des genres extrêmement distants sans perdre une once de cohérence, ou de grâce. Et c'est pire avec le second disque proposant des relectures ambient de deux des pièces de la première galette, Pashupatinath et Parish of Tama, pour une quarantaine de minutes de musique de chambre oppressante et rêveuse à la fois pas si éloignée de certes œuvres de Laswell, l'excellent Psychonavigation fomenté avec le teuton Pete Namlook par exemple, ou d'Harris, Lull (son projet le plus éthéré). Le résultat, la cumulation des deux albums et plus de 80 minutes, est un trip qui se vit plus qu'il ne de décrit et qu'on invite l'auditeur aventureux à partager sans la moindre crainte, parce que c'est bon ! Et comme si ça ne suffisait bien, le live à Osaka prolonge l'expérience avec une apte sélection dans la droite lignée des enregistrements studio et un final noisy et expérimental en diable où Zorn et l'invité Yamatsuka Eye (qu'on avait déjà croisé chez Naked City et chez les furieux de Boredoms) viennent finir, sans le concours rythmique des deux autres larrons, d'exploser les neurones et les tympans d'un public masochiste et heureux.
Evidemment tout ça, l'ensemble de ces Collected Works, rebutera les âmes sensibles qui ne sont, de toute manière, pas "visés" par pareilles exactions. Les autres, ceux qui aiment se frotter à de nouvelles expériences auditives hors du commun, peuvent plonger sans autre crainte que de se faire chahuter par une formation restée dans les annales.
Guts of a Virgin (1991)
1. Scud Attack 3:07
2. Deadly Obstacle Collage 0:21
3. Damage To The Mask 2:43
4. Guts of A Virgin 1:19
5. Handjob 0:10
6. Portent 4:00
7. Hostage 2:24
8. Lathe of God 0:56
9. Dr. Phibes 3:00
10. Purgatory of Fiery Vulvas 0:26
11. Warhead 1:12
12. Devil's Eye 4:37
Buried Secrets (1992)
13. Tortured Souls 1:52
14. One-Eyed Pessary 1:50
15. Trailmaker 0:03
16. Blackhole Dub 3:29
17. Buried Secrets 6:13
18. The Ladder 0:22
19. Executioner 2:48
20. Black Chamber 2:28
21. Skinned 0:54
22. The Toll 6:25
Bonus
23. Marianne 7:50
Execution Ground (1994)
CD 1
1. Parish of Tama (Ossuary Dub) 16:05
2. Morning of Balachaturdasi 14:45
3. Pashupatinath 13:47
CD 2
1. Pashupatinath (ambient) 20:00
2. Parish of Tama (ambient) 19:19
CD 3
Live in Osaka
1. Gandhamanda 12:58
2. Vaidurya 8:58
3. Satapitaka 11:15
4. Bodkyithangga 13:04
5. John Zorn & Eye encore 8:35
Black Bile 1:45
Yellow Bile 0:58
Blue Bile 2:40
Crimson Bile 1:46
Ivory Bile 1:26
John Zorn – alto saxophone, vocals
Bill Laswell – bass
Mick Harris – drums, vocals
&
Justin Broadrick – guitar, drum machine, vocals on "Buried Secrets" and "The Toll"
G.C. Green – bass on "Buried Secrets" and "The Toll"
Yamatsuka Eye – vocals on "Bodkyithangga", "Black Bile", "Yellow Bile", "Blue Bile", "Crimson Bile", "Ivory Bile"
PAINKILLER (le trio originel : Zorn, Laswell, Harris) |
FuSioN FuRieuSe
Electric Masada "Electric Masada at the Mountains of Madness" (2005)
ou "Klezmer aggression"
De bruit et de fureur ! Pas de doute, Electric Masada - l'installment électrique du quatuor originel - ne plaisante pas.
Sur ces deux concerts (Moscou et Ljubljana en 2004), la formation délivre une furieuse relecture des standards précédemment entendus dans la série de 10 cds dédiés à une interprétation mêlant jazz (parfois free) et klezmer que Mister Zorn avait confectionné peu après avoir redécouvert sa judaïté.
De fait, les mêmes éléments de base se retrouvent ici, additionnés d'une bonne dose de (punk) rock, de surf music et - même ! - de metal. Pas très surprenant pour ceux qui connaissent les albums de Naked City déjà confectionnés par le génial saxophoniste de la Downtown Scene de la Grosse Pomme mais - pour les autres - ce double live pourrait bien être une sorte de révélation. Car, Il faut le dire, la sauce prend au-delà de nos espérances les plus folles... Mais avec un line-up du tonnerre de Zeus - Ribot à la guitare, Saft aux claviers, Dunn à la basse, Baron ET Wollensen aux batteries, Baptista aux percussions, Ikue Mori au laptop et bien sûr Zorn à la direction et au sax alto - comment eût-il pu en être autrement ? Bien évidemment, comme c'est de John Zorn qu'il s'agit, on émettra l'avertissement de rigueur que cette musique n'est pas à mettre dans toutes les oreilles... Et puis non, c'est si bon qu'il FAUT l'écouter, le déguster, le disséquer en en soupesant le titre qui n'est pas tout à fait innocent... Certes cette musique se mérite, elle n'est pas fille de joie, mais quand elle aura relevé ses jupons, c'est la beauté des Anges qui vous sera offerte... Des Anges furieux, bien évidemment !
Recommandé ? Un peu plus que ça encore !
CD 1
1. Lilin 16:14
2. Metal Tov 5:35
3. Karaim 16:15
4. Hath-Arob 5:17
5. Abidan 8:09
6. Idalah-Abal 6:33
7. Kedem 15:41
8. Yatzar 6:05
CD 2
1. Tekufah 17:59
2. Hath-Arob 6:55
3. Abidan 9:59
4. Metal Tov 5:52
5. Karaim 15:15
6. Idalah-Abal 6:08
7. Kedem 14:47
CD 1 recorded in Moscow, 2004
CD 2 recorded in Ljubljana, 2004
John Zorn - alto saxophone
Marc Ribot - guitar
Jamie Saft - keyboards
Ikue Mori - electronics
Trevor Dunn - bass
Joey Baron - drums
Kenny Wollesen - drums
Cyro Baptista - percussion
ELECTRIC MASADA (John Zorn cache Marc Ribot) |
Zorn for Masochists (Zornophagie 2015, Volume 3)
RépondreSupprimerJohn Zorn "Simulacrum" (2015)
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PainKiller "Collected Works (1997)
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John Zorn/Electric Masada "At the Mountains of Madness" (2005)
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C'est vrai qu'il faut vraiment être maso pour écouter Zorn !!!!! ;-D
RépondreSupprimerEssaye Simulacrum, tu comprendras !
SupprimerMerci pour le tout frais Simulacrum! L'année du dragon c'était toi?
SupprimerAbsolument ! C'était moi.
SupprimerEt enjoie !
Yeah, Simulacrum ! Merci !
RépondreSupprimerMick Harris c'est pas plutôt le batteur de Napalm Death et non d'extreme noise terror ?
RépondreSupprimerStéphane
Il a été dans les deux.
SupprimerTHANKS. To have Simulacrum before its release expected date is just a great thing!
RépondreSupprimerA good way to sample it before buying it because, trust me, it's well worth your hard earned money!
SupprimerLe Electric Masada est un des tout meilleurs Zorn, toutes périodes confondues à mes yeux (enfin mes oreilles quoi) ! C'est vraiment un mélange de styles qui fonctionnent très bien.
RépondreSupprimerMa seule déception (surtout vu le prix conséquent du coffret) est que les deux CDs se composent, à très peu de choses près, exactement des mêmes morceaux avec des interprétations quasi-identiques...du coup, je n'écoute jamais le deuxième CD :(
C'est vrai qu'il y a redondance mais de petits détails qui font tout de même la différence. Et puis il y a Tekufah en début du second cd soit 18 minutes qui, à elles seules, justifient la présence du concert de Ljubljana.
SupprimerThanks a lot. Guess don't should wonder this, but, how you can get the albums so soon, buy??? Well, thanks again...
RépondreSupprimerSimulacrum is great!
A French online shop, Orkhestra, always has the albums in advance of the official Tzadik release date, that's why.
SupprimerSimulacrum is great, indeed.
Cool ! Un nouveau projet qui tabsse chez le père Zorn !
RépondreSupprimerC'est vrai que ces derniers temps, ce n'était pas la facette la plus productive de monsieur (hormis les derniers Moonchild Trio qui commencent à dater un peu et Abraxas)
J'ai hâte d'écouter ça !!!
Quand aux autres propositions, elles sont évidement plus que recommandées à ceux qui ne connaitraient pas encore.
En tant que Zornophile, je ne peux qu'appuyer lourdement : le Electric Masada est un des MEILLEURS ALBUMS DE ZORN et un des MEILLEURS ALBUMS LIVE DU MONDE toutes catégories confondues. Osez passer outre les 2 premières minutes de tabassage en règle et laissez-vous embarquer pour le grand voyage.
Beaucoup de violence et d'agressivité, mais aussi de magnifiques détours mélodiques et groovy (Abidan et surtout Karaim !) sublimés par le line-up 8 étoiles.
Pour moi c'est la balance parfaite entre le Zorn compositeur mélodique et le Zorn conducteur d'improvisation. Chef d'oeuvre et must-have absolu
Et franchement pour moi, si vous aimez pas Zorn, tentez celui-là quand même... Si je devais brûler ma Zornothèque et n'en garder qu'un, ça serait lui...
A la lecture de ton commentaire, un peu excessif sur le Electric Masada mais juste un peu, j'ai hâte de savoir ce que tu as pensé de Simulacrum. Alors, vite, reviens !
SupprimerMa curiosité se dirige d'emblée vers PainKiller, que je vais découvrir.
RépondreSupprimerJe charge aussi Electric Masada qui semble grandiose.
Merci pour le partage !
Et pas la nouveauté ? Allez, un petit effort, qui sera largement récompensé !
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