"What I want and what you give they're just two completely different things"
A l'opposé.
Les deux sont légendaires et de la même année, l'un est sombre, l'autre tout de blanc vêtu. Et au milieu, il y a du gris... Enjoie !
The Beatles "The Beatles" (1968)
ou "Blanc de blanc"
1968, les Beatles, après avoir été un phénomène de société et un phénomène musical n'ont plus rien à prouver au monde. Plus rien à se prouver ?
C'est moins sûr à l'écoute de ce double album fourre-tout où ils explorent, individuellement comme collectivement, tous leurs possibles et passent même parfois la mesure.
On sait que les sessions sont chaotiques avec Ringo qui quitte, revient, requitte, re-revient dans le groupe au gré de ses états d'âmes et décroche quand même deux chansons à lui, avec la présence de Yoko Ono, première petite amie à s'incruster dans les sessions du groupe ce qui ne va pas sans heurts, parce que chacune des deux têtes pensantes semble faire son petit album de son côté alors que cool Georgie ronge son frein et continue de se battre pour imposer quelques chansons... Bref, les Beatles, groupe qui ne fait plus de scène n'est presque plus un groupe du tout.
Dans de telles conditions, la catastrophe devrait être au rendez-vous, mais le groupe est si bouillonnant de créativité, de compétition aussi entre Lennon et McCartney qui semblent se tirer la bourre, que les deux fois quarante-cinq minutes sont un quasi sans faute. Et on en vient au dépassements de la mesure et donc, en premier lieu, à Ob-La-Di, Ob-La-Da, pop song supportable à (très) petites doses, horripilante sinon. Et puis il y a le cas Revolution 9, plus longue "chanson" des Beatles, en fait collage bruitiste et nonsensique dont on se serait volontiers passé. Il y a aussi quelques pistes accessoires, d'un Honey Pie seulement rigolo, d'un Bungalow Bill à l'énervant refrain, d'un Why Don't We Do It in the Road qui ressemble plus à une chute de studio qu'à autre chose, à un Long Long Long d'Harrison pas franchement affolant. Ca nous fait donc 6 chansons accessoires... En restent 24, toutes différentes, toutes d'une si franche qualité que les petites défaillances précitées ne sont qu'un détail de l'histoire.
Et quelle histoire, et que de merveilles ! Certes ces sessions furent longues (de mai à octobre 1968, entre le légendaire Abbey Road et le Trident qui le suit de près) et inclurent moult intervenants (desquels Eric Clapton, sur While My Guitar Gently Weeps, est le plus fameux), conséquence de l'éclatement du groupe en quasiment quatre unités séparées, mais le résultat est là, preuve implacable que la formule magique développée depuis Rubber Soul n'a pas été perdue dans l'ambiance fraiche qui règne alors. Vous voulez du rock qui rentre dedans ? Back in the U.S.S.R., Birthday, Yer Blues, et évidemment Helter Skelter sont là pour ça. De douces mélopées acoustiques ? Blackbird, I Will, Julia et Mother's Nature Son vous raviront. De la pop (rock) "qui cherche et trouve" sans jamais perdre de son incroyable efficacité mélodique ? Dear Prudence, Glass Onion, Happiness Is a Warm Gun, Sexy Sadie et Savoy Truffle c'est pas fait pour les chiens. De la pop baroque ? Martha My Dear et Piggies cochent la case. Ou simplement de bonnes chansons ? While My Guitar Gently Weeps, le crincrin brinquebalant Don't Pass Me By (première composition de Starr chez les Fab Four), Revolution 1 ou Goodnight font excellemment l'affaire.
Comme la mise en son et une bonne partie des arrangements (conjointement avec chaque auteur, capitaine de sa propre petite chaloupe tractée par le paquebot liverpuldien) est encore une fois confiée à l'irremplaçable George Martin (alias le 5ème Beatle), l'affaire garde une étonnante cohérence ne souffrant ni de son éclatement stylistique, ni des conditions de son enregistrement, et sonne merveilleusement, particulièrement en sa réédition mono sur la récente Box.
The Beatles, le Double Blanc, the White Album, qu'importe le nom qu'on choisisse de lui coller, est, à raison, une galette reconnue comme monumentale et mondialement célébrée. C'est également le premier double album studio de rock, et le premier à être enregistré en 8 pistes (une révolution pour l'époque)... Une œuvre essentielle.
On sait que les sessions sont chaotiques avec Ringo qui quitte, revient, requitte, re-revient dans le groupe au gré de ses états d'âmes et décroche quand même deux chansons à lui, avec la présence de Yoko Ono, première petite amie à s'incruster dans les sessions du groupe ce qui ne va pas sans heurts, parce que chacune des deux têtes pensantes semble faire son petit album de son côté alors que cool Georgie ronge son frein et continue de se battre pour imposer quelques chansons... Bref, les Beatles, groupe qui ne fait plus de scène n'est presque plus un groupe du tout.
Dans de telles conditions, la catastrophe devrait être au rendez-vous, mais le groupe est si bouillonnant de créativité, de compétition aussi entre Lennon et McCartney qui semblent se tirer la bourre, que les deux fois quarante-cinq minutes sont un quasi sans faute. Et on en vient au dépassements de la mesure et donc, en premier lieu, à Ob-La-Di, Ob-La-Da, pop song supportable à (très) petites doses, horripilante sinon. Et puis il y a le cas Revolution 9, plus longue "chanson" des Beatles, en fait collage bruitiste et nonsensique dont on se serait volontiers passé. Il y a aussi quelques pistes accessoires, d'un Honey Pie seulement rigolo, d'un Bungalow Bill à l'énervant refrain, d'un Why Don't We Do It in the Road qui ressemble plus à une chute de studio qu'à autre chose, à un Long Long Long d'Harrison pas franchement affolant. Ca nous fait donc 6 chansons accessoires... En restent 24, toutes différentes, toutes d'une si franche qualité que les petites défaillances précitées ne sont qu'un détail de l'histoire.
Et quelle histoire, et que de merveilles ! Certes ces sessions furent longues (de mai à octobre 1968, entre le légendaire Abbey Road et le Trident qui le suit de près) et inclurent moult intervenants (desquels Eric Clapton, sur While My Guitar Gently Weeps, est le plus fameux), conséquence de l'éclatement du groupe en quasiment quatre unités séparées, mais le résultat est là, preuve implacable que la formule magique développée depuis Rubber Soul n'a pas été perdue dans l'ambiance fraiche qui règne alors. Vous voulez du rock qui rentre dedans ? Back in the U.S.S.R., Birthday, Yer Blues, et évidemment Helter Skelter sont là pour ça. De douces mélopées acoustiques ? Blackbird, I Will, Julia et Mother's Nature Son vous raviront. De la pop (rock) "qui cherche et trouve" sans jamais perdre de son incroyable efficacité mélodique ? Dear Prudence, Glass Onion, Happiness Is a Warm Gun, Sexy Sadie et Savoy Truffle c'est pas fait pour les chiens. De la pop baroque ? Martha My Dear et Piggies cochent la case. Ou simplement de bonnes chansons ? While My Guitar Gently Weeps, le crincrin brinquebalant Don't Pass Me By (première composition de Starr chez les Fab Four), Revolution 1 ou Goodnight font excellemment l'affaire.
Comme la mise en son et une bonne partie des arrangements (conjointement avec chaque auteur, capitaine de sa propre petite chaloupe tractée par le paquebot liverpuldien) est encore une fois confiée à l'irremplaçable George Martin (alias le 5ème Beatle), l'affaire garde une étonnante cohérence ne souffrant ni de son éclatement stylistique, ni des conditions de son enregistrement, et sonne merveilleusement, particulièrement en sa réédition mono sur la récente Box.
The Beatles, le Double Blanc, the White Album, qu'importe le nom qu'on choisisse de lui coller, est, à raison, une galette reconnue comme monumentale et mondialement célébrée. C'est également le premier double album studio de rock, et le premier à être enregistré en 8 pistes (une révolution pour l'époque)... Une œuvre essentielle.
CD 1
1. Back in the U.S.S.R. 2:43
2. Dear Prudence 3:56
3. Glass Onion 2:17
4. Ob-La-Di, Ob-La-Da 3:08
5. Wild Honey Pie 0:52
6. The Continuing Story of Bungalow Bill 3:14
7. While My Guitar Gently Weeps 4:45
8. Happiness Is a Warm Gun 2:43
9. Martha My Dear 2:28
10. I'm So Tired 2:03
11. Blackbird 2:18
12. Piggies 2:04
13. Rocky Raccoon 3:33
14. Don't Pass Me By 3:51
15. Why Don't We Do It in the Road? 1:41
16. I Will 1:46
17. Julia 2:54
CD 2
1. Birthday 2:42
2. Yer Blues 4:01
3. Mother Nature's Son 2:48
4. Everybody's Got Something to Hide Except Me and My Monkey 2:24
5. Sexy Sadie 3:15
6. Helter Skelter 4:29
7. Long, Long, Long 3:04
8. Revolution 1 4:15
9. Honey Pie 2:41
10. Savoy Truffle 2:54
11. Cry Baby Cry 3:02
12. Revolution 9 8:22
13. Good Night 3:13
The Beatles
John Lennon – lead, harmony and background vocals; acoustic, lead, bass and rhythm guitars; keyboards (electric and acoustic pianos, Hammond organ, harmonium and mellotron); extra drums and assorted percussion (tambourine, maracas, cymbals, thumping on the back of an acoustic guitar, handclaps and vocal percussion); harmonica, whistling and saxophone; tapes, tape loops and sound effects (electronic and home-made)
Paul McCartney – lead, harmony and background vocals; acoustic, lead, rhythm and bass guitars; keyboards (electric and acoustic pianos and Hammond organ); assorted percussion (timpani, tambourine, cowbell, hand shake bell, handclaps, foot taps and vocal percussion); drums (on "Back in the U.S.S.R.","Dear Prudence", "Wild Honey Pie", and "Martha My Dear"); recorder and flugelhorn; sound effects
George Harrison – lead, harmony and background vocals; acoustic, rhythm, bass and lead guitars; Hammond organ; extra drums and assorted percussion (tambourine, handclaps and vocal percussion) and sound effects
Ringo Starr – drums and assorted percussion (tambourine, bongos, cymbals, maracas and vocal percussion); electric piano and sleigh bell (on "Don't Pass Me By"), lead vocals (on "Don't Pass Me By" and "Good Night") and backing vocals ("The Continuing Story of Bungalow Bill")
Guest musicians
Eric Clapton – lead guitar on "While My Guitar Gently Weeps"
Mal Evans – backing vocals and handclaps on "Dear Prudence", handclaps on "Birthday", trumpet on "Helter Skelter""
Jack Fallon – violin on "Don't Pass Me By"
Grant Mansell – drums on "Martha My Dear"
Pattie Harrison – backing vocals on "Birthday"
Jackie Lomax – backing vocals and handclaps on "Dear Prudence"
Maureen Starkey – backing vocals on "The Continuing Story of Bungalow Bill"
Yoko Ono – backing vocals, brief lead vocals and handclaps on "The Continuing Story of Bungalow Bill", backing vocals on "Birthday", speech, tapes and sound effects on "Revolution 9"
Session musicians
Ted Barker – trombone on "Martha My Dear"
Leon Calvert – trumpet and flugelhorn on "Martha My Dear"
Henry Datyner, Eric Bowie, Norman Lederman, and Ronald Thomas – violin on "Glass Onion"
Bernard Miller, Dennis McConnell, Lou Soufier and Les Maddox – violin on "Martha My Dear"
Reginald Kilby – cello on "Glass Onion" and "Martha My Dear"
Eldon Fox – cello on "Glass Onion"
Frederick Alexander – cello on "Martha My Dear"
Harry Klein – saxophone on "Savoy Truffle" and "Honey Pie"
Dennis Walton, Ronald Chamberlain, Jim Chest, and Rex Morris – saxophone on "Honey Pie"
Raymond Newman and David Smith – clarinet on "Honey Pie"
Art Ellefson, Danny Moss, and Derek Collins – tenor sax on "Savoy Truffle"
Ronnie Ross and Bernard George – baritone sax on "Savoy Truffle"
Alf Reece – tuba on "Martha My Dear"
The Mike Sammes Singers – backing vocals on "Good Night"
Stanley Reynolds and Ronnie Hughes – trumpet on "Martha My Dear"
Tony Tunstall – French horn on "Martha My Dear"
John Underwood and Keith Cummings – viola on "Glass Onion"
Leo Birnbaum and Henry Myerscough – viola on "Martha My Dear"
The Velvet Underground "White Light/White Heat (Deluxe Edition)" (1968)
ou "Noir c'est noir"
Au cas où on ne l'aurait pas compris avec leur premier album, White Light White Heat nous rappelle que le Velvet Underground n'est pas un groupe de rigolos. Mais là où l'album à la banane nous berçait encore doucement de quelques délicates mélopées, le présent brûlot, nous lamine de son radicalisme sans compromis.
Out Nico et Andy Warhol, les ventes désastreuses de The Velvet Underground & Nico ont détérioré les rapports entre le groupe et leur mentor. Et puis après tout, White Light/White Heat, conçu à partir d'improvisations de tournée est leur album à eux, un animal dangereux, urgent comme les courtes sessions qui l'enfanteront : 2 jours !
Présentement, captés par Tom Wilson (qui a travaillé avec Sun Ra, les Animals d'Eric Burdon, Zappa et ses Mothers of Invention ou Bob Dylan), ils laissent libre cours à leurs pulsions électriques les plus ravageuses pour un résultat qui ne l'est pas moins. Parce qu'il faut d'abord dompter la bête pour ensuite vraiment l'apprécier. Parce que cette déconstruction de rock'n'roll post-moderne ne se livre pas facilement, plus beauté cachée que cover girl.
Pourtant, le morceau d'ouverture, qui donne son titre à l'album, ne paye pas de mine, petit rock'n'roll juste un peu "garageux" sur les bords mais finalement digne héritier d'un Jerry Lee Lewis ou d'un Chuck Berry. The Gift, errance improvisée et psychédélique, propose un Cale récitant un texte de Lou Reed sur une histoire d'amant destroy décidant de s'envoyer par la poste à sa bien aimée (Lou y es-tu ?), c'est aussi le début du grand largage d'amarres avec le commun de la pop musique et une exemplaire réussite d'avant-gardisme distrayant, bravo ! Au moins aussi étrange, Lady Godiva's Operation est une sorte de droning psyche pop post-apocalyptique avec Cale au chant et le groupe tournant sur le même thème ne s'autorisant que de rares variations, et c'est étrange et étrangement attirant même quand les voix se mélangent, la musique décline et la bizarrerie augment. Une drôle de chanson. Here She Comes Now c'est un peu la version garage, lo-fi du gentil Velvet Underground du premier album, sauf que le chant de Lou Reed, la souplesse instrumentale et l'ambiance beatnik électrique l'entraîne vers d'autres terres, et nous avec.
On sait que le groupe fut mécontent de I Heard Her Call My Name où il essayèrent, sans succès selon eux, de capturer l'énergie live du morceau. C'est pourtant un beau déluge électrique avec les badaboums primaires et énervés de Maureen Tucker et la voix et la guitare de Lou Reed en mode pas content, et ce ne sont pas les quelques chœurs qui viennent alléger l'ensemble... Une vraie furie ce titre ! Et puis vient le Gros Morceau, Sister Ray. 17 minutes captées live en studio en une seule et unique prise, qu'importent les maladresses et les fausses notes, un peu l'équivalent musical de l'écriture automatique chère à Kerouac, une folie ! Qui fonctionne parce qu'elle a la beauté de ces arts primitifs, parce qu'elle sait s'envoler en d'improbables crescendos, qui fonctionne aussi parce que le son du groupe y est si crument organique, y repousse, confond si radicalement les limites de la jam et du n'importe-quoi qu'on ne peut que fondre devant tant d'ingénuité et de cran. Marquant.
Et c'est fini. Et on en sort un peu rincé, parce que White Light/White Heat, ce n'est pas de l'easy listenning, mais définitivement content, certain d'avoir assisté à quelque chose d'unique, à une nouvelle définition, une nouvelle conception de la musique populaire pour jeunes gens de bon gout. Un quelque chose qui connaîtra des répliques, et des répliques (demandez voir au punks et à leurs descendants !), bref, important.
Deluxe Edition oblige, il y a du bonus à foison dans la présente édition, à commencer par deux outtakes des fameuses sessions, une version alternative de I Heard Her Call My Name et un inédit instrumental déjà croisé sur la compilation Another View (Guess I'm Falling in Love), toutes deux accessoires mais pas désagréable. On y retrouve aussi les extraits de deux sessions de février et mai 1968, les dernières de John Cale avec le VU, d'où ressortent Stéphanie Says et Temptation Inside Your Heart dans leurs mixes originaux et une early version vraiment inédite, la seule ici, de Beginning to See the Light de fort belle facture qui nous laisse songeur quand à ce que la suite de la carrière des new yorkais aurait pu donner avec leur ténébreux gallois.
Mais la fête n'est pas finie, loin de là, un live, enregistré le 30 avril 1967 au Gymnasium de New York, vient compléter la fête. Et quel live ! Déjà parce qu'il sonne diablement bien, mieux que tous les bootlegs et enregistrements plus ou moins officiels du Velvet Underground avec John Cale croisés de-ci de-là, ensuite parce que le groupe y délivre une prestation faite d'intensité et de talent à couper le souffle. C'est bien simple, à lui-seul, ce live justifie l'acquisition du coffret pourtant fort riche sinon avec, notamment, un texte fort intéressant narrant la genèse de l'œuvre.
White/Light White Heat était déjà un album dont, fondamentalement, aucun amateur de rock intelligent ne pouvait se passer, c'est encore plus vrai avec cette édition anniversaire totalement renversante.
Présentement, captés par Tom Wilson (qui a travaillé avec Sun Ra, les Animals d'Eric Burdon, Zappa et ses Mothers of Invention ou Bob Dylan), ils laissent libre cours à leurs pulsions électriques les plus ravageuses pour un résultat qui ne l'est pas moins. Parce qu'il faut d'abord dompter la bête pour ensuite vraiment l'apprécier. Parce que cette déconstruction de rock'n'roll post-moderne ne se livre pas facilement, plus beauté cachée que cover girl.
Pourtant, le morceau d'ouverture, qui donne son titre à l'album, ne paye pas de mine, petit rock'n'roll juste un peu "garageux" sur les bords mais finalement digne héritier d'un Jerry Lee Lewis ou d'un Chuck Berry. The Gift, errance improvisée et psychédélique, propose un Cale récitant un texte de Lou Reed sur une histoire d'amant destroy décidant de s'envoyer par la poste à sa bien aimée (Lou y es-tu ?), c'est aussi le début du grand largage d'amarres avec le commun de la pop musique et une exemplaire réussite d'avant-gardisme distrayant, bravo ! Au moins aussi étrange, Lady Godiva's Operation est une sorte de droning psyche pop post-apocalyptique avec Cale au chant et le groupe tournant sur le même thème ne s'autorisant que de rares variations, et c'est étrange et étrangement attirant même quand les voix se mélangent, la musique décline et la bizarrerie augment. Une drôle de chanson. Here She Comes Now c'est un peu la version garage, lo-fi du gentil Velvet Underground du premier album, sauf que le chant de Lou Reed, la souplesse instrumentale et l'ambiance beatnik électrique l'entraîne vers d'autres terres, et nous avec.
On sait que le groupe fut mécontent de I Heard Her Call My Name où il essayèrent, sans succès selon eux, de capturer l'énergie live du morceau. C'est pourtant un beau déluge électrique avec les badaboums primaires et énervés de Maureen Tucker et la voix et la guitare de Lou Reed en mode pas content, et ce ne sont pas les quelques chœurs qui viennent alléger l'ensemble... Une vraie furie ce titre ! Et puis vient le Gros Morceau, Sister Ray. 17 minutes captées live en studio en une seule et unique prise, qu'importent les maladresses et les fausses notes, un peu l'équivalent musical de l'écriture automatique chère à Kerouac, une folie ! Qui fonctionne parce qu'elle a la beauté de ces arts primitifs, parce qu'elle sait s'envoler en d'improbables crescendos, qui fonctionne aussi parce que le son du groupe y est si crument organique, y repousse, confond si radicalement les limites de la jam et du n'importe-quoi qu'on ne peut que fondre devant tant d'ingénuité et de cran. Marquant.
Et c'est fini. Et on en sort un peu rincé, parce que White Light/White Heat, ce n'est pas de l'easy listenning, mais définitivement content, certain d'avoir assisté à quelque chose d'unique, à une nouvelle définition, une nouvelle conception de la musique populaire pour jeunes gens de bon gout. Un quelque chose qui connaîtra des répliques, et des répliques (demandez voir au punks et à leurs descendants !), bref, important.
Deluxe Edition oblige, il y a du bonus à foison dans la présente édition, à commencer par deux outtakes des fameuses sessions, une version alternative de I Heard Her Call My Name et un inédit instrumental déjà croisé sur la compilation Another View (Guess I'm Falling in Love), toutes deux accessoires mais pas désagréable. On y retrouve aussi les extraits de deux sessions de février et mai 1968, les dernières de John Cale avec le VU, d'où ressortent Stéphanie Says et Temptation Inside Your Heart dans leurs mixes originaux et une early version vraiment inédite, la seule ici, de Beginning to See the Light de fort belle facture qui nous laisse songeur quand à ce que la suite de la carrière des new yorkais aurait pu donner avec leur ténébreux gallois.
Mais la fête n'est pas finie, loin de là, un live, enregistré le 30 avril 1967 au Gymnasium de New York, vient compléter la fête. Et quel live ! Déjà parce qu'il sonne diablement bien, mieux que tous les bootlegs et enregistrements plus ou moins officiels du Velvet Underground avec John Cale croisés de-ci de-là, ensuite parce que le groupe y délivre une prestation faite d'intensité et de talent à couper le souffle. C'est bien simple, à lui-seul, ce live justifie l'acquisition du coffret pourtant fort riche sinon avec, notamment, un texte fort intéressant narrant la genèse de l'œuvre.
White/Light White Heat était déjà un album dont, fondamentalement, aucun amateur de rock intelligent ne pouvait se passer, c'est encore plus vrai avec cette édition anniversaire totalement renversante.
CD 1: Stereo + Bonus
Stereo Version
1. White Light/White Heat 2:48
2. The Gift 8:20
3. Lady Godiva's Operation 4:57
4. Here She Comes Now 2:05
5. I Heard Her Call My Name 4:38
6. Sister Ray 17:32
Bonus
7. I Heard Her Call My Name (Alternate Take) 4:39
8. Guess I'm Falling In Love (Instrumental Version) 3:34
9. Temptation Inside Your Heart (Original Mix) 2:33
10. Stephanie Says (Original Mix) 2:50
11. Hey Mr. Rain (Version One) 4:40
12. Hey Mr. Rain (Version Two) 5:24
13. Beginning To See The Light (Previously Unreleased Early Version) 3:39
CD 2: Live
Live At The Gymnasium, New York City, April 30, 1967
1. Booker T. 6:46
2. I'm Not A Young Man Anymore 6:17
3. Guess I'm Falling In Love 4:10
4. I'm Waiting For My Man 5:28
5. Run Run Run 6:58
6. Sister Ray 19:03
7. The Gift 10:25
John Cale – vocals, electric viola, organ, bass guitar, medical sound effects on "Lady Godiva's Operation"
Sterling Morrison – vocals, guitar, bass guitar, medical sound effects on "Lady Godiva's Operation"
Lou Reed – vocals, guitar, piano
Maureen Tucker – drums, percussion
The Beatles "The Beatles (Mono)" (1968)
RépondreSupprimerCd 1
http://www29.zippyshare.com/v/78066456/file.html
Cd 2
http://www37.zippyshare.com/v/98988444/file.html
The Velvet Underground "White Light/White Heat" (1968)
Cd 1
http://www27.zippyshare.com/v/28455462/file.html
Cd 2
http://www22.zippyshare.com/v/67148970/file.html
Le noir et le blanc. Le bien et le mal. Le Yin et la Yang. L'alpha et l'oméga. Le paradis et l'enfer. Le sel et le poivre.
RépondreSupprimerWhite Light/White Heat vs Ob-La-Di, Ob-La-Da
Échec et mat !!!!!
Et White Light/White Heat vs. Helter Skelter ?
SupprimerEh oh.. c'est moi qui met du Paulo & co :D
RépondreSupprimerMonsieur a l'exclusivité ? Je ne savais pas, pardon.
SupprimerBon, d'accord, on se ligue.. on sera pas trop de 2 pour lutter contre les surfeurs... :D
SupprimerTon billet est top .. et c'est pour toutes ces raisons catastrophiques que le White album est si grand.. (?).. la dissolution, le séisme, les tangentes sont palpables ici.
Quand je pense qu'Alex voulait retirer "Obladi..."..
On ne retire rien, on garde tout, même ce qui est moins recommandable fait partie de l'histoire de l'album le plus chaotiquement conçu des Beatles et peut-être le plus passionnant du coup !
SupprimerEt les élans de grâce, les éclairs de génie sont assez nombreux pour le coller au panthéon des albums immenses.
en tant que bouffeurs de disques, c'est pas interdit que ça soit ma bible ;D
SupprimerLes Beatles sont incontournables dans mes gouts musicaux, de Help! à Let It Be (même si moins Let It Be), je garde tout.
SupprimerChoisir un meilleur entre Rubber Soul, Sgt. Pepper, le Double Blanc et Abbey Road m'est absolument impossible.
Par contre, je peux te dire que mon Macca préféré, et je pense que ça va te surprendre, est Chaos and Creation in the Background, un album récent mais pour moi déjà un classique.
SupprimerAh, le Velvet. Joli choix, pas facile de faire un contre-thème opérant là-dessus.
RépondreSupprimerIl yavait de mutilples choix, en fait, mais j'avais envie de parler de ces deux albums. ^_^
SupprimerHé hé (presque) pile-poil ce que j'avais dit à EWG. White vs Black. Mais bêtement j'avais parlé de Back in black.
RépondreSupprimerBêtement parce qu'oublier White Light/White Heat, c'est la faut de gout, quoi ! ;-)
SupprimerC'est dingue ce qu'elles se ressemblent ces pochettes !
RépondreSupprimerTu sais quoi ? Au départ je voulais choisir un second Beatles pour l'opposé, ça n'aurait plus été noir et blanc mais sobriété et excès avec toujours le double blanc et, en opposé, Sgt. Pepper.
SupprimerDeux albums-clés.
RépondreSupprimerBien vu, deux pôles de la musique pop paraissant opposés, mais finalement complémentaires. Bien plus que la rengaine idiote Beatles vs Stones, si on cherche les 2 groupes les plus importants de l'histoire de la pop, on parlera probablement Beatles & Velvet.
Revolution9 vs Sister Ray. Et pourquoi pas Revolution9 + Sister Ray, tu as raison. Deux groupes importants (dans les plus mais pas les seuls).
SupprimerIl pourrait plus mal tomber, en effet.
RépondreSupprimerMerci Jimmy.
Ha ce Velvet que j'ai en vinyle sans jamais avoir su l’apprécier à la hauteur de ta description. Il fait parti des disques qui marquent mon territoire d'écoute, avec par exemple "Wozzeck", des chefs d'oeuvre reconnus aussi comme jalons dans l'histoire de la musique, et moi je les regarde tel la poule devant un couteau.
RépondreSupprimerIl me manque quelque chose ou bien au contraire il y a dans le Velvet un ingrédient qui me repousse.
Des fois, il suffit d'un déclic. Des fois, il ne vient jamais. C'est le lot de tout amateur de musique.
SupprimerReste les Beatles et là je sais que tu peux mais partages-tu mon avis ?
La vérité? Je n'ai JAMAIS écouté un album studio des Beatles, j'omets volontairement les compilations.
SupprimerEt je ne sais pas pourquoi. d'ailleurs je n'en ai aucun en vinyle, ça non plus je ne sais pas pourquoi.