mardi 11 mars 2014

Grand Jeu, 8ème Edition, 1er Tour et demi (aka Anti Bonus)

ANTITHEME:
"Back, back, and we're glad he's back, on track"
Un faux retour mais vrai retour en grâce

Il y a les retours qu'on n'attendait plus et ceux qu'on espérait ne jamais voir, il y a les retours après un long départ et ceux après un certain égarement artistique. Celui-ci nous a pris au dépourvu parce qu'on n'y croyait pas vraiment, the Man in Black is back!

Johnny Cash "American Recordings" (1994)
ou "The Man in Black Is Black"


     American Recordings, c'est plus Johnny Cash sauvé de la ringardise que des eaux parce que Cash, finalement, n'a jamais interrompu son activité, il a juste glissé... De Countryman pré-rock'n'roll (sa country est sèche alors, rythmée par sa guitare acoustique mais rentre-dedans) à ex-icône cherchant un second, troisième souffle dans des expédients peu glorieux, Cash n'est plus que l'ombre de lui-même. Et puis il rencontre Rick Rubin et tout change !
 
     L'idée de génie du producteur, parce qu'il en fallait une pour relancer la carrière du vieux auprès d'une jeune génération qui ne lui accordait pas la moindre attention, fut de dégraisser radicalement la bête, de miser sur l'ascèse du son, d'inclure de nouvelles plumes au catalogue de Cash aussi, et pas les pires (Tom Waits ! Glen Danzig, Tom Petty) en plus de nouvelles chansons et de recyclages du catalogue d'antan passé au même ripolin de dignité. C'est à ça que tient l'étonnant revival, à la redéfinition du son, un son à l'ancienne, sans affectation excessive, sans fioritures inutiles, de la viande et des os. Ce qui n'est, finalement, ni plus ni moins qu'un retour aux sources revu et corrigé à l'aulne des critères de production d'un XXème siècle finissant. Plus tard, suite au succès du Rusty Cage de Soundgarden par Cash, y sera ajouté le racolage générationnel que fut l'idée d'inclure des reprises de groupes contemporains, avec souvent d'excellents résultats (Hurt de Nine Inch Nails, Personal Jesus de Depeche Mode et One de U2 particulièrement). Mais pas ici donc, où c'est essentiellement le "New Cash Show" avec toute la gravité d'une voix un peu fêlée, c'est l'âge qui veut ça, mais n'en devient que plus émouvante, plus humaine dans une sélection qui sied justement très bien à ce vieillissement digne.

     American Recordings est une éblouissante réussite qui relança durablement la carrière d'un Johnny Cash ayant enfin retrouvé la flamme, et la foi d'une jeune génération désormais accro à l'organe magistral d'un grand monsieur. Un retour en grâce remarquable, tout simplement.


1. Delia's Gone 2:18
2. Let the Train Blow the Whistle 2:15
3. The Beast in Me 2:45
4. Drive On 2:23
5. Why Me Lord 2:20
6. Thirteen 2:29
7. Oh, Bury Me Not (Introduction: A Cowboy's Prayer) 3:52
8. Bird on a Wire 4:01
9. Tennessee Stud (live) 2:54
10. Down There by the Train 5:34
11. Redemption 3:03
12. Like a Soldier 2:50
13. The Man Who Couldn't Cry (live) 5:03

16 commentaires:

  1. Johnny Cash ne comprenait même pas ce que lui voulait cet étrange gros bonhomme barbu à la base. C'est son fils, fan de Metal qui a convaincu Cash de bosser avec. Et voilà le divin résultat. L'album guitare-voix, que Cash désépaissirait plus. Rubin est parti du principe que si les démos étaient meilleures que les versions arrangées, les démos seraient l'album. Plus tard ce que tu appelles du racolage générationnel c'est plutôt un jeu de ping-pong entre Cash et Rubin, "Tu proposes un titre et moi je propose un titre"...

    Toute la série American (bootleg compris) est dantesque...

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    1. "Tout la série American est dantesque"
      Tout à fait.

      Et merci de ton riche commentaire.

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    2. Il y a un passage sur Rick Rubin dans l'auto-bio... Assez intéressant et révélateur...

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    3. Je te crois sur parole. Les biographies et moi...

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  2. Ah je trouvais bizarre que tu n'aies posté qu'un seul album hier...;)
    Me voilà rassurée...pour ma part, j'ai découvert Mr Cash avec cet album (ben oui, j'étais cette "jeune génération")...qui, il est vrai, a pas mal marqué l'époque...

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    1. Je vais alterner le grand jeu avec mon anti-grand jeu et ses antithèmes. Chaque lendemain de tour, donc.
      Ca te convient ? ;-)

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  3. Je plussoie, excellente et intense série, difficile de dire quel serait mon préféré d'ailleurs, sans doute pas Unchained mais les autres, indifféremment, miam.

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    1. Tout pareil, avec une toute petite faiblesse pour ce volume inaugural cependant.

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  4. Americain recordings.. retour massif comme un vaisseau spatial, astéroïde ?? les pochettes, les chansons.. absolu.

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    1. Mais, dans l'absolu justement, c'est un faux retour, plutôt un retour en grâce.

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  5. Je ne peux qu'applaudir ! Je ne connais de Cash que les extrémités de carrière. Je crois que j'ai découvert, assez jeune et à peu près en même temps, "Walk The Line" et "Hurt".
    Et c'est Johnny Cash qui m'a guidé vers Nine Inch Nails. Marrant comme j'ai pris le chemin complètement inverse de tout un pan la jeunesse de l'époque.

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    1. Peu importe le chemin, l'essentiel c'est la destination. ;-)

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  6. Good Choix !!
    La rencontre entre "The man in black" et Rick Rubin reste l'exemple de collaboration parfaite, de retour en grâce aux plus hauts sommets ! St sauveur des âmes damnées du rock, tel Daniel Darc et Frédéric Lo pour son grand come back de 2004 avec le chef d'oeuvre "Crève coeur" !!!
    Toute la série des "American Recordings" est essentielle et indispensable....mais une petite préférence pour les volumes III et IV.
    A +

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    1. Oui, il fallait qu'un mec dise à Cash que les fioritures ne lui allaient ni à la voix ni au teint. Ce fut Rubin qu'on aimerait voir aussi précieux à chaque fois.

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