Des trios, encore des trios, toujours des trios dans ce troisième volume d'une série qui ira jusqu'où l'inspiration me portera. Présentement, avec un programme aussi large que possible sans tomber dans le hors-sujet, je vous propose une douzaine d'albums qui, je l'espère, répondront à vos attentes. Enjoie !
BLue iN GReeN
Taste "Taste" (1969)
ou "Great Taste!"
Avant de prendre son envol en solo, avant de refuser de rejoindre les Rolling Stones aussi, Rory Gallagher fait ses débuts dans un petit trio où, déjà, sa voix, sa guitare et son écriture font des merveilles.
Forcément, époque oblige, l'influence de Cream est évidente sur le premier album de Taste mais il y a Rory qui n'est ni Eric, ni Jack mais bel et bien son propre animal, ça fait la différence. Parce que le jeune Gallagher, la petite vingtaine au moment de l'enregistrement, a déjà une forte personnalité qui n'est heureusement pas soluble dans le style, ce rock hard épris de blues électrique typique de ces finissantes années 60.
Côté chansons, il y a moult motifs de satisfaction dans cette œuvre débutante, du costaud Blister on the Moon (proto-metal, c'est le mot), qui ouvre puissamment les débats, d'une excellente reprise de Leadbelly (Leavin' Blues) à la slide décisive, d'un bel intermède acoustique tout en finesse (Hail), d'un hard-rockant et rondement mené Born on the Wrong Side of Time aux relents celtiques évidents, ou de quelques blues électriques bien sentis (Sugar Mama, Dual Carriageway Pain, Same Old Town et, surtout, le jammy Catfish), autant de preuves que Rory même s'il n'est pas encore l'artiste qu'on apprendra à connaître et à aimer, a déjà toutes les cartes dans son (beau) jeu. Comme quoi, comme le dit l'adage, aux âmes bien nées la valeur n'attend pas le nombre des années. Surtout quand le bougre est tout de même bien soutenu par une section rythmique pas exactement éblouissante, mais solide comme le roc.
Sans doute pas aussi essentiel que les plus belles heures de Rory en solo (ses lives surtout, Live in Europe et l'Irish Tour de 1974 mais aussi Tattoo, Calling Card ou Deuce pour le studio), les débuts du chanteur/guitariste irlandais le plus passionnant qui soit valent leur pesant de sesterces, l'album est, par conséquent, recommandé, et pas qu'aux fans de l'homme à la Stratocaster râpée.
Côté chansons, il y a moult motifs de satisfaction dans cette œuvre débutante, du costaud Blister on the Moon (proto-metal, c'est le mot), qui ouvre puissamment les débats, d'une excellente reprise de Leadbelly (Leavin' Blues) à la slide décisive, d'un bel intermède acoustique tout en finesse (Hail), d'un hard-rockant et rondement mené Born on the Wrong Side of Time aux relents celtiques évidents, ou de quelques blues électriques bien sentis (Sugar Mama, Dual Carriageway Pain, Same Old Town et, surtout, le jammy Catfish), autant de preuves que Rory même s'il n'est pas encore l'artiste qu'on apprendra à connaître et à aimer, a déjà toutes les cartes dans son (beau) jeu. Comme quoi, comme le dit l'adage, aux âmes bien nées la valeur n'attend pas le nombre des années. Surtout quand le bougre est tout de même bien soutenu par une section rythmique pas exactement éblouissante, mais solide comme le roc.
Sans doute pas aussi essentiel que les plus belles heures de Rory en solo (ses lives surtout, Live in Europe et l'Irish Tour de 1974 mais aussi Tattoo, Calling Card ou Deuce pour le studio), les débuts du chanteur/guitariste irlandais le plus passionnant qui soit valent leur pesant de sesterces, l'album est, par conséquent, recommandé, et pas qu'aux fans de l'homme à la Stratocaster râpée.
1. Blister on the Moon 3:26
2. Leavin' Blues 4:15
3. Sugar Mama 7:14
4. Hail 2:35
5. Born on the Wrong Side of Time 4:00
6. Dual Carriageway Pain 3:13
7. Same Old Story 3:32
8. Catfish 8:04
9. I'm Moving On 2:29
Rory Gallagher - guitars, vocals, saxophone, harmonica
Richard "Charlie" McCracken - bass guitar
John Wilson - drums
TASTE |
La CLaSSe !
The Jam "All Mod Cons" (1978)
ou "à la Mod"
Les punks anglais les plus classieux ou un groupe faussement assimilé à une vague à laquelle il n'appartient fondamentalement pas ? Parce que The Jam, en vérité, n'est pas autre chose qu'une version modernisée d'une amalgamation des Who, Small Faces, Beatles, Kinks et Yardbirds, un groupe de rhythm'n'blues électrique dans la grande tradition britannique du genre... Mod, quoi !
Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter All Mod Cons, album de relance après un This Is the Modern World pas exactement raté mais manquant de la conviction et surtout de la qualité d'écriture de leur première salve, le classique In the City. Qu'y entend-on ? Un groupe jamais aussi "tight" que présentement (un vrai power trio !), des influences bien mieux digérées aussi qui permettent à un Paul Weller, ayant récemment souffert du syndrome de la page blanche, de redorer son blason en réussissant 11 chansons absolument inattaquables, une belle reprise des Kinks (initialement disponible sur Something Else) chantée par Bruce Foxton pour des raisons de tonalité, une appartenance britannique aussi indéniable que réussie, des commentaires sociaux absolument "spot on", bref, une vraie bête de compétition mais en aucun cas un album de punk rock. Les meilleurs moments de la galette ? Mais tous, enfin ! Mais encore un peu plus To Be Someone, la reprise des Kinks, English Rose, It's Too Bad, et une doublette finale (A Bomb in Wardour Street et Down in the Tube Station at Midnight) donnant des envies de plus... Parce que si l'album à un défaut, c'est de nous abandonner après seulement 38 petites minutes alors qu'on en voudrait encore.
All Mod Cons est aussi le lancement de la deuxième partie de la carrière du groupe, celle de la maturité qui débouchera sur deux albums aussi recommandables (Setting Sons et Sound Affects), une galette précieuse dont on ne devrait plus avoir à vanter les mérites parce que, clairement, si vous aimez le rock intelligent et racé, il vous la faut !
All Mod Cons est aussi le lancement de la deuxième partie de la carrière du groupe, celle de la maturité qui débouchera sur deux albums aussi recommandables (Setting Sons et Sound Affects), une galette précieuse dont on ne devrait plus avoir à vanter les mérites parce que, clairement, si vous aimez le rock intelligent et racé, il vous la faut !
1. All Mod Cons 1:20
2. To Be Someone (Didn't We Have a Nice Time) 2:32
3. Mr. Clean 3:29
4. David Watts 2:56
5. English Rose 2:51
6. In the Crowd 5:40
7. Billy Hunt 3:01
8. It's Too Bad 2:39
9. Fly 3:22
10. The Place I Love 2:54
11. 'A' Bomb in Wardour Street 2:37
12. Down in the Tube Station at Midnight 4:43
Paul Weller – vocals, lead guitar, bass guitar, backing vocals
Rick Buckler – drums, percussion
Bruce Foxton – vocals, bass guitar, rhythm guitar, backing vocals
THE JAM |
RoCK De GouTTièRe
Stray Cats "Stray Cats" (1981)
ou "Billy Come Back!"
Le doux anachronisme de jouer du rockabilly dans les naissantes années 80, une vraie énergie et un vrai talent (d'écriture comme d'interprétation), ce sont les Stray Cats et leur éponyme de 1981, le début de l'histoire...
Mais pas exactement le début de l'histoire d'un revival lancé quelques années plus tôt par l'intérêt britannique pour une musique typiquement américaine qui verra, par exemple, sa concrétisation dans les œuvres de jeunesse de Dave Edmunds (Rockpile l'album, Rockpile, le groupe) d'ailleurs producteur de la moitié du premier album de ces trois chats errants.
Et donc, bien mis en son par un spécialiste, armés de peu, une Gretsch, une contrebasse, un drumkit ô combien sommaire, mais de beaucoup de foi, les Stray Cats déboulent avec un premier opus qui fera date. Rien de bien compliqué, en fait, du rock'n'roll plein de fun et d'allant porté, évidemment, par la voix et la guitare d'un Brian Setzer taillé pour l'exercice, une moitié habitée par des reprise bien senties, l'autre par des compositions qui n'ont pas à rougir de leur glorieux voisinage, un petit coup de saxophone par un vrai pro (Gary Barnacle sur Wild Saxophone qui, la même année, jouera aussi avec Rick Wakeman, Kim Wilde, les Ruts, Simple Minds ou Level 42... Bonjour le grand écart !), et puis c'est tout, et c'est très bien comme ça, que la viande sur l'os, pas un pet' de gras, bluffant de simplicité et de conviction mais pas, pour autant, dénué de quelques délicates finesses instrumentales parce que ces trois-là savent y faire, Setzer en particulier dont on ne vantera jamais assez les capacités de soliste qui font souvent la différence ici.
Toute la carrière du trio ne sera pas du même tonneau que cette première salve héroïque qui demeure l'album le plus immédiatement recommandable (quoique Built for Speed 82, leur troisième opus, n'est pas loin derrière) d'une carrière en dents de scie dont le premier "run", jusqu'en 1984, reste le seul vraiment intéressant. Reste à dire que, si vous aimez le rock'n'roll des origines, ces Stray Cats ont la clé du paradis.
Et donc, bien mis en son par un spécialiste, armés de peu, une Gretsch, une contrebasse, un drumkit ô combien sommaire, mais de beaucoup de foi, les Stray Cats déboulent avec un premier opus qui fera date. Rien de bien compliqué, en fait, du rock'n'roll plein de fun et d'allant porté, évidemment, par la voix et la guitare d'un Brian Setzer taillé pour l'exercice, une moitié habitée par des reprise bien senties, l'autre par des compositions qui n'ont pas à rougir de leur glorieux voisinage, un petit coup de saxophone par un vrai pro (Gary Barnacle sur Wild Saxophone qui, la même année, jouera aussi avec Rick Wakeman, Kim Wilde, les Ruts, Simple Minds ou Level 42... Bonjour le grand écart !), et puis c'est tout, et c'est très bien comme ça, que la viande sur l'os, pas un pet' de gras, bluffant de simplicité et de conviction mais pas, pour autant, dénué de quelques délicates finesses instrumentales parce que ces trois-là savent y faire, Setzer en particulier dont on ne vantera jamais assez les capacités de soliste qui font souvent la différence ici.
Toute la carrière du trio ne sera pas du même tonneau que cette première salve héroïque qui demeure l'album le plus immédiatement recommandable (quoique Built for Speed 82, leur troisième opus, n'est pas loin derrière) d'une carrière en dents de scie dont le premier "run", jusqu'en 1984, reste le seul vraiment intéressant. Reste à dire que, si vous aimez le rock'n'roll des origines, ces Stray Cats ont la clé du paradis.
1. Runaway Boys 3:03
2. Fishnet Stockings 2:25
3. Ubangi Stomp 3:14
4. Jeanie, Jeanie, Jeanie 2:21
5. Storm The Embassy 4:08
6. Rock This Town 3:28
7. Rumble in Brighton 3:16
8. Stray Cat Strut 3:16
9. Crawl Up and Die 3:13
10. Double Talkin' Baby 3:05
11. My One Desire 2:57
12. Wild Saxaphone 3:01
Brian Setzer - guitar, vocals
Slim Jim Phantom - drums
Lee Rocker - bass
&
Gary Barnacle - saxophone
STRAY CATS |
BRiTS oN SPeeD
Raven "Nothing Exceeds Like Excess" (1988)
ou "The Original Gallagher Brothers"
Ils sont anglais, ils sont trois, ils aiment le rock qui va à 200 à l'heure, et arrache tout, construit sur des riffs péri-métalliques qui sont un bon carburant... Et non, ce n'est pas de Motörhead dont il s'agit mais bel et bien de Raven, le groupe des autres frères Gallagher (ceux-ci même qu'on ne doit pas confondre avec les deux têtes de c... au nom de boisson fruitée).
Comment-ça vous ne connaissez pas Raven ? Pourtant, depuis les débuts des années 80, les deux frangins et leur batteur d'élection du moment (y aura du mouvement avant l'arrivée de Joe Hasselvander), membres, et pas des moindres, de la New Wave of British Heavy Metal, ont imposé leur vision "toute nuancée" d'un rock'n'roll barbare et réjouissant ! Alors, oui, il y a bien eu, 3 petites années avant l'album qui nous intéresse, une tentative, une tentation de quelque chose de plus commercial (The Pack Is Back, un vrai flop mais pas un si mauvais album), c'est bien tout ce qu'on peut reprocher à une formation sinon restée fidèle à une approche testostéronée et sans concession de la chose hard'n'heavy. D'ailleurs, quand sort en 1988 Nothing Exceeds Like Excess, ils ont déjà rectifié le tir sur un "poétique et finaud" Life's a Bitch, écartant le faux-pas précité et ramenant leur power-trio dans un registre qui lui sied bien mieux, et rassuré ce faisant ceux qui pensaient les avoir perdu.
Cette seconde salve de relance arrive donc sans qu'on ne doute un seul instant de son contenu, reste à juger de sa qualité. Et là, c'est un vrai "ouf" de soulagement parce que l'essai du précédent (vraiment bon sans être tout à fait exceptionnel) est plus que transformé sur ce qui demeure une des plus belles galettes de la formation, un machin lourd, rapide, agressif, porté par la voix de sirène d'alarme de John (également bassiste), les guitares en fusion de Mark (riffs efficaces, soli inspirés), et la batterie de Joe (à la Phil "Animal" Taylor, la double grosse caisse en sus). Et des compos qui font mouche, toutes !, en ne cherchant surtout pas à se compliquer la tâche ou à innover. Le tout servi par une production mettant parfaitement en valeur la belle, l'énorme énergie du combo.
Culte dans la scène, le vrai succès leur échappant systématiquement, inoxydables puisque toujours en activité (avec le même line-up depuis cet album, justement), Raven est une force à réévaluer, un groupe généralement seulement connu pour son grand classique (All for One) mais dont la majeure partie de la discographie en impose. De la seconde division ? Il en faut, et celle-ci a tout d'une grande. Laissez vous donc tenter par ces "Brits on speed" et plus particulièrement par leur cru 1988, vous ne le regretterez pas !
Comment-ça vous ne connaissez pas Raven ? Pourtant, depuis les débuts des années 80, les deux frangins et leur batteur d'élection du moment (y aura du mouvement avant l'arrivée de Joe Hasselvander), membres, et pas des moindres, de la New Wave of British Heavy Metal, ont imposé leur vision "toute nuancée" d'un rock'n'roll barbare et réjouissant ! Alors, oui, il y a bien eu, 3 petites années avant l'album qui nous intéresse, une tentative, une tentation de quelque chose de plus commercial (The Pack Is Back, un vrai flop mais pas un si mauvais album), c'est bien tout ce qu'on peut reprocher à une formation sinon restée fidèle à une approche testostéronée et sans concession de la chose hard'n'heavy. D'ailleurs, quand sort en 1988 Nothing Exceeds Like Excess, ils ont déjà rectifié le tir sur un "poétique et finaud" Life's a Bitch, écartant le faux-pas précité et ramenant leur power-trio dans un registre qui lui sied bien mieux, et rassuré ce faisant ceux qui pensaient les avoir perdu.
Cette seconde salve de relance arrive donc sans qu'on ne doute un seul instant de son contenu, reste à juger de sa qualité. Et là, c'est un vrai "ouf" de soulagement parce que l'essai du précédent (vraiment bon sans être tout à fait exceptionnel) est plus que transformé sur ce qui demeure une des plus belles galettes de la formation, un machin lourd, rapide, agressif, porté par la voix de sirène d'alarme de John (également bassiste), les guitares en fusion de Mark (riffs efficaces, soli inspirés), et la batterie de Joe (à la Phil "Animal" Taylor, la double grosse caisse en sus). Et des compos qui font mouche, toutes !, en ne cherchant surtout pas à se compliquer la tâche ou à innover. Le tout servi par une production mettant parfaitement en valeur la belle, l'énorme énergie du combo.
Culte dans la scène, le vrai succès leur échappant systématiquement, inoxydables puisque toujours en activité (avec le même line-up depuis cet album, justement), Raven est une force à réévaluer, un groupe généralement seulement connu pour son grand classique (All for One) mais dont la majeure partie de la discographie en impose. De la seconde division ? Il en faut, et celle-ci a tout d'une grande. Laissez vous donc tenter par ces "Brits on speed" et plus particulièrement par leur cru 1988, vous ne le regretterez pas !
1. Behemoth 1:05
2. Die for Allah 4:58
3. Gimme a Break 3:19
4. Into the Jaws of Death 6:08
5. In the Name of Our Lord 3:46
6. Stick It 3:10
7. Lay Down the Law 4:45
8. You Gotta Screw Loose 4:22
9. Thunderlord 4:30
10. The King 4:25
11. Hard as Nails 5:06
12. Kick Your Ass 3:18
Bonus
13."Lay Down the Law" (live) 4:46
John Gallagher - bass, vocals
Mark Gallagher - guitar, backing vocals
Joe Hasselvander - drums, backing vocals
RAVEN (25 ans plus tard) |
FuSioN à 3
Primus "Sailing the Seas of Cheese" (1991)
ou "Primal Craze"
Un vrai bon trio, avec une vraie folie et un vrai sens de l'humour, c'est, en peu de mots, une description apte des exactions du Primus de Les Claypool, une formation qui prend le metal fusion en vogue dans les années 90 et le transforme en objet musical souvent non identifié mais toujours distrayant, particulièrement sur leur troisième album, en comptant le live de 1989, Suck on This, Sailing the Seas of Cheese.
Il faut dire qu'en plus d'être une belle bande de joyeux lurons, les trois de Primus sont aussi d'excellents instrumentistes capables de tout et ne s'en privant guère. On se doit évidemment de citer un des tous meilleurs bassistes du genre, et même un des tous meilleurs bassistes tout court, ce monsieur Claypool, ami d'enfance de Kirk Hammett de Metallica, ayant auditionné pour ces derniers sans obtenir un poste qu'il ne voulait pas vraiment (James Hetfield le démettra comme "trop bon pour Metallica"), ayant travaillé comme charpentier avant d'enfin lancer sa propre aventure musicale, celle-là même dont il est question ici. Assisté d'un autre san-franciscain ayant fait ses armes dans le thrash metal, Larry Lalonde (connu pour ses exactions chez Possessed et Blind Illusion, ce dernier déjà avec Les), et le parfait batteur pour compléter la fine équipe (le polyvalent Tim "Herb" Alexander), ayant décroché un contrat chez une major (Interscope, alors dans le giron du groupe Time Warner), c'est un Claypool remonté comme une puce sous speed qui se lance à l'assaut du monde.
Et quel assaut ! Pour situer, en simplifiant évidemment, on dira que Primus c'est un peu comme si le Rush de la grand époque (70s et début des 80s) se décidait d'enregistrer un album "à la Zappa" soit une précision et expertise instrumentale de tous les instants par un authentique power trio au service de compositions foutraques et drolatiques. Bien-sûr, il faut remplacer la voix de Geddy Lee par l'organe nasillard de Les et gommer les tentations "big-bandantes" de Frank mais, en gros, c'est à ça que vous serez confrontés sur ces Mers de Fromage tout sauf habituelles. Côté chansons proprement dit, on soulignera l'excellence de Sgt. Baker, American Life, Is It Luck?, le "tube" Tommy the Cat, Those Damned Blue-Collar Tweekers et Fish On (Fisherman's Chronicles, Chapter II) qui, chacune avec sa petite fêlure, sa petite fantaisie, ses petits particularismes qui font de l'écoute de Primus une expérience absolument unique.
Si les gars de Primus sortiront moult albums recommandables (Pork Soda, Tales from the Punchbowl ou The Brown Album), jamais ils ne retrouveront ce mélange de folie et de mélodie rendant le présent si immédiatement attachant et si durablement écoutable. Certes, parce que ce n'est pas tout à fait de la musique normale, la musique du trio en déstabilisera certains mais, si vous marchez dans la combine, ce n'est que du bonheur qui s'offre à vous !
Et quel assaut ! Pour situer, en simplifiant évidemment, on dira que Primus c'est un peu comme si le Rush de la grand époque (70s et début des 80s) se décidait d'enregistrer un album "à la Zappa" soit une précision et expertise instrumentale de tous les instants par un authentique power trio au service de compositions foutraques et drolatiques. Bien-sûr, il faut remplacer la voix de Geddy Lee par l'organe nasillard de Les et gommer les tentations "big-bandantes" de Frank mais, en gros, c'est à ça que vous serez confrontés sur ces Mers de Fromage tout sauf habituelles. Côté chansons proprement dit, on soulignera l'excellence de Sgt. Baker, American Life, Is It Luck?, le "tube" Tommy the Cat, Those Damned Blue-Collar Tweekers et Fish On (Fisherman's Chronicles, Chapter II) qui, chacune avec sa petite fêlure, sa petite fantaisie, ses petits particularismes qui font de l'écoute de Primus une expérience absolument unique.
Si les gars de Primus sortiront moult albums recommandables (Pork Soda, Tales from the Punchbowl ou The Brown Album), jamais ils ne retrouveront ce mélange de folie et de mélodie rendant le présent si immédiatement attachant et si durablement écoutable. Certes, parce que ce n'est pas tout à fait de la musique normale, la musique du trio en déstabilisera certains mais, si vous marchez dans la combine, ce n'est que du bonheur qui s'offre à vous !
1. Seas of Cheese 0:42
2. Here Come the Bastards 2:55
3. Sgt. Baker 4:16
4. American Life 4:32
5. Jerry Was a Race Car Driver 3:11
6. Eleven 4:19
7. Is It Luck? 3:27
8. Grandad's Little Ditty 0:37
9. Tommy the Cat 4:15
10. Sathington Waltz 1:42
11. Those Damned Blue-Collar Tweekers 5:20
12. Fish On (Fisherman's Chronicles, Chapter II) 7:45
13. Los Bastardos 2:39
Les Claypool – electric bass, string bass, six-string fretless bass, clarinet, vocals
Larry LaLonde – electric guitar, six-string banjo
Tim "Herb" Alexander – drums, water jug
PRIMUS |
PaS MoiSi !
Sugar "Copper Blue" (1992)
ou "Out of the Dü"
Hüsker Dü, qui n'a jamais eu le succès qu'il méritait, ayant plié les gaules, Bob Mould recrute deux nouveaux acolytes et se lance dans la phase 2 de son excellente carrière : Sugar.
Copper Blue est le premier album de la courte carrière du trio (2 albums, 1 EP et une compilation de raretés entre 92 et 95, c'est peu), le plus réussi aussi proposant une démonstration d'indie rock fin et racé comme on n'a pas souvent l'occasion d'en entendre. Dans les faits, écriture de Bob Mould oblige, nous ne sommes pas si éloignés des exactions d'Hüsker Dü soit un indie punk lardé de mélodies cristallines, porté par des textes intelligents et une interprétation jamais démonstrative, toujours extrêmement efficace. Bob, évidemment, y est l'attraction principale lui qui y chante tout (même les chœurs), y joue les guitares, les claviers et même quelques percussions, compose, arrange et coproduit même la galette avec Lou Giordano (Hüsker Dü, Mission of Burma, Pere Ubu, etc.) prouvant, s'il en était besoin, l'étendue de ses capacités artistiques. Bien sûr, sans bonnes chansons tout ceci serait vain mais, bonheur !, elles sont nombreuses sur ce vaillant opus du punk pop mid-tempo d'ouverture (The Act We Act), à un presque progressif Hoover Dam et ses entêtants claviers en passant par le single folky, If I Can't Change Your Mind, qui vous trottera longtemps en tête après son écoute. Ce ne sont, en fait, que quelques exemples d'une sélection où on cherche la faille sans jamais la trouver parce que, vraiment, tout y fonctionne au-delà des plus folles espérances des fans d'un Mould rarement aussi compositionnellement décisif qu'ici.
Et donc, en 10 chansons et 45 petites minutes, le second power trio d'un homme à la carrière ô combien recommandable (écoutez voir Workbook son excellent premier album solo largement acoustique sorti trois ans avant le présent pour vous en convaincre), réussit un vrai petit miracle d'album qui, plus de vingt ans après sa sortie, n'a toujours pas pris une ride. Du sucre avec un peu d'acide pour les oreilles ? Ne cherchez pas plus loin, Copper Blue est là !
Et donc, en 10 chansons et 45 petites minutes, le second power trio d'un homme à la carrière ô combien recommandable (écoutez voir Workbook son excellent premier album solo largement acoustique sorti trois ans avant le présent pour vous en convaincre), réussit un vrai petit miracle d'album qui, plus de vingt ans après sa sortie, n'a toujours pas pris une ride. Du sucre avec un peu d'acide pour les oreilles ? Ne cherchez pas plus loin, Copper Blue est là !
1. The Act We Act 5:10
2. A Good Idea 3:47
3. Changes 5:01
4. Helpless 3:05
5. Hoover Dam 5:27
6. The Slim 5:14
7. If I Can't Change Your Mind 3:18
8. Fortune Teller 4:27
9. Slick 4:59
10. Man on the Moon 4:32
Bob Mould - guitars, keyboards, percussion, vocals
David Barbe - bass
Malcolm Travis - drums, percussion
SUGAR |
PunKaTHon
The Presidents of the USA "The Presidents of the USA" (1995)
ou "Potache Punk Rock 'n' Roll"
Du punk pour rire, avec de la mélodie, de l'humour (un poil potache), de l'énergie et des instruments "différents" (basitar, guitbass, versions minimalistes de la basse et de la guitare, évidemment), c'est le programme du premier album éponyme des Presidents of the United States of America.
Alors, forcément, la musique de ce power trio rigolo ne donne pas dans le raffinement mais, avec quelques excellents hooks mélodiques, une énergie qu'elle a à revendre et un allant tout à fait communicatif, les 38 minutes et 13 titres passent comme une lettre à la poste. Il faut dire, aussi, qu'arrivant sur les talons de la bande des dépressifs chroniques de la vague dite grunge, ce petit coup de légèreté drolatique faisait un bien fou. Et donc succès, d'abord par une paire de singles supra-efficaces (Lump et Peaches), ensuite par des prestations live n'engendrant pas non plus la mélancolie. Pas bien malin tout ça ? Ce n'était pas fait pour et même, au contraire, c'était exactement fait pour ne pas l'être dans la grande tradition d'un punk américain décontracté et farceur auparavant entendu chez Ween, les Dickies et même les Pixies (qui savaient ne pas se prendre trop au sérieux tout en faisant de l'excellente musique). On trouve même, histoire d'enfoncer le clou et de bien montrer d'où l'on vient, une reprise du Kick Out the Jams du MC5 et un invité de marque en la personne de Kim Thayil (Soundgarden) venu déposer un solo rageur sur la conclusion de l'album, Naked and Famous.
Bref, si vous aimez le rock'n'roll qui s'amuse de lui-même, sait faire parler la poudre mais aussi le poil à gratter, ces Présidents of the USA tout sauf protocolaires sont pour vous.
Bref, si vous aimez le rock'n'roll qui s'amuse de lui-même, sait faire parler la poudre mais aussi le poil à gratter, ces Présidents of the USA tout sauf protocolaires sont pour vous.
1. Kitty 3:23
2. Feather Pluckn 2:57
3. Lump 2:14
4. Stranger 3:04
5. Boll Weevil 3:16
6. Peaches 2:51
7. Dune Buggy 2:44
8. We Are Not Going to Make It 1:52
9. Kick Out the Jams 1:25
10. Body 4:11
11. Back Porch 2:59
12. Candy 3:16
13. Naked and Famous 3:42
Chris Ballew – lead vocals, basitar
Dave Dederer – guitbass, backing vocals
Jason Finn – drums
&
Kim Thayil – guitar on "Naked and Famous"
THE PRESIDENTS OF THE USA |
HeRoiC PoP
Manic Street Preachers "Everything Must Go" (1996)
ou "Un seul être vous manque..."
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Vraiment ? Parce qu'à écouter le premier album de Manic Street Preachers après la disparition de Richey Edwards ce n'est pas l'impression que l'on a.
Ceci dit, force est de constater que 5 des 12 titres de l'album proposent encore la collaboration textuelle du l'évanoui dans la nature sur un album qui, tout de même, marque une vraie rupture stylistique avec les précédentes œuvres des gallois. Fini les grosses guitares, la colère post-adolescente, un certain goût pour le nihilisme, c'est une version raffinée, "poppisée", des Manic Street Preachers qui est désormais offerte à un auditoire qui en redemande. Parce que l'album est le plus gros succès du trio par défaut, et leur plus belle réussite artistique à ce point de leur carrière. Forcément, les paroles étant cette fois-ci échues à Nicky Wire qui reprend les rennes de la collaboration qu'il avait avec Edwards, les thèmes de l'album sont plus détendus mais c'est dans les compositions que, vraiment, la transformation est totale. Là où l'alors quatuor ne se reposait que sur ses propres forces instrumentales, le trio invite de nombreux musiciens de studio à venir enrichir leur son pour un résultat qui flatte l'oreille sans pour autant tomber dans le racolage mélodique. Ca donne une collection de chansons accrocheuse où la voix passionnée, mais cette fois-ci mieux tenue, de James Dean Bradfield convient à merveille. Des exemples ? Le premier single issu de l'album déjà, A Design for Life, où cordes émouvantes et synthétiseurs viennent gracieusement habiller une mélodie entêtante culminant sur un refrain en explosion (modérée), un Kevin Carter qui groove comme jamais les MSP n'ont jusqu'alors groové, une chanson titre (Everything Must Go) puissante et mélodique une fois encore portée par des parties de cordes très réussies, un Australia qui fait parler la poudre juste ce qu'il faut sans pour autant perdre de vue la nouvelle inclinaison pop du groupe, ou un Interiors dédié au peintre abstrait Willem de Kooning tout en rock contrôlé et racé. Bien-sûr, ce ne sont que quelque exemples d'une galette où, fondamentalement, rien ne déçoit, et surtout pas ce cousinage avec une britpop alors triomphante dont les MSP font désormais partie de la crème.
Premier haut-fait d'une seconde partie de carrière qui en connaîtra d'autres (This Is My Truth Tell Me Yours ou le récent Futurology), Everything Must Go est une œuvre qu'on ne peut que recommander à tous ceux qui aiment le rock infusé de pop, d'émotions à fleur de peau et d'une parfaite maîtrise des arrangements. Bravo !
Premier haut-fait d'une seconde partie de carrière qui en connaîtra d'autres (This Is My Truth Tell Me Yours ou le récent Futurology), Everything Must Go est une œuvre qu'on ne peut que recommander à tous ceux qui aiment le rock infusé de pop, d'émotions à fleur de peau et d'une parfaite maîtrise des arrangements. Bravo !
1. Elvis Impersonator: Blackpool Pier 3:29
2. A Design for Life 4:16
3. Kevin Carter 3:24
4. Enola/Alone 4:07
5. Everything Must Go 3:41
6. Small Black Flowers That Grow in the Sky 3:02
7. The Girl Who Wanted to Be God 3:35
8. Removables 3:31
9. Australia 4:04
10. Interiors (Song for Willem de Kooning) 4:17
11. Further Away 3:38
12. No Surface All Feeling 4:14
Bonus
13. Black Garden 4:29
14. No One Knows It's Like to Be Me 3:06
James Dean Bradfield – lead vocals, lead and rhythm guitar and piano
Sean Moore – drums, percussion, trumpet and backing vocals
Nicky Wire – bass guitar and backing vocals
&
Richey Edwards – rhythm guitar on "No Surface All Feeling"
John Green – Hammond organ and keyboards
Martin Ditchum – percussion
Julie Aliss – harp
Gini Ball – violin
Sally Herbert – violin
Anne Stephenson – violin
Chris Pitsillides – viola
Clare Orsler – viola
MANIC STREET PREACHERS |
TouT Du RieN
Nada Surf "The Proximity Effect" (1998)
ou "Power Pop Surfing"
Après un premier album, produit par le Cars en chef Ric Ocasek, il faut le dire assez peu remarquable mais couronné de succès via un hit aussi inattendu que salvateur, Popular, les new-yorkais de Nada Surf remettent le couvert avec de nouvelles ambitions pour une réussite pleine et entière.
Nous sommes en 1998 quand sort The Proximity Effect, on n'attend pas grand chose d'un groupe qui passe, à raison jusque-là, pour un "one hit Wonder" comme il y eut tant. Oui, mais, sans doute boostés par leur récent succès, se voyant offert de plus aptes moyens pour l'enregistrement du successeur de High/Low, Matthew Cans, Ira Elliott et Daniel Lorca, bien dirigés par Fred Maher (ex-Massacre aux côtés de Fred Frith et Bill Laswell mais aussi coproducteur du New York de Lou Reed), ont un gros appétit. Et les capacités pour le sustenter comme le prouvent les 13 compositions qu'ils ont amoureusement concocté pour l'occasion. Au programme, ayant quasiment remisé les derniers reliefs de leurs inclinaisons punkoïdes et grungesques débutantes, de l'indie rock lorgnant vers la power pop qui n'a strictement rien d'original mais est suffisamment bien troussée pour qu'on ne trouve rien à y redire sauf à constater que, en effet, les trois de Nada Surf ne sont jamais aussi convaincants que dans ils remisent leur goût du riff plombé et de la trépidation rythmique pour adopter une ligne claire qui leur va bien au teint. Ainsi se rendra-t-on compte que l'effet d'un Hyperspace, d'un Amateur, d'un Bacardi ou d'un Slowdown, pourtant toutes de bonne chansons, est loin de celui ressenti sur les morceaux les plus tempérés tels que Troublemaker, 80 Windows, Bad Best Friend, The Voices, et surtout Robot, petite merveille pop de l'opus, validant ainsi l'impression que Nada Surf n'est jamais aussi bon que quand un relatif apaisement prend la formation.
Un grand album ce Proximity Effect ? Sans doute pas, mais un belle galette où les amateurs de power pop sauront trouver moult motifs à satisfaction, ce n'est déjà pas si mal.
Un grand album ce Proximity Effect ? Sans doute pas, mais un belle galette où les amateurs de power pop sauront trouver moult motifs à satisfaction, ce n'est déjà pas si mal.
1. Hyperspace 4:36
2. Amateur 4:01
3. Why Are You So Mean to Me? 4:01
4. Mother's Day 3:47
5. Troublemaker 4:21
6. 80 Windows 4:25
7. Bacardi 4:01
8. Bad Best Friend 4:10
9. Dispossession 2:53
10. The Voices 3:28
11. Firecracker 4:49
12. Slow Down 4:12
13. Robot 4:29
Bonus
14. Black and White 3:23
15. Spooky 3:50
Matthew Caws - vocals, guitars
Ira Elliott - drums, vocals
Daniel Lorca - bass, vocals
&
Carl Plaster - drum programming
Peter Lewy - cello
Chris Fudurich - Wurlitzer
NADA SURF |
NeW SaBBaTH
Grand Magus "Grand Magus" (2001)
ou "Doom on You!"
S'ils deviendront bientôt un groupe de heavy metal "normal", Grand Magus n'en sont pas encore là sur leur long-jeu originel, un éponyme qui doit beaucoup à Black Sabbath mais pas seulement.
Formé par l'alors vocaliste des excellents Spiritual Beggars, JB Christofferson, qui depuis se concentre sur ce seul projet, Grand Magus n'est pas tout à fait un groupe de Doom comme les autres, en tout cas pas sur ce premier album où des influences "hors-cadre" viennent régulièrement poindre et épicer la mixture Black-Sabbatho-compatible de flaveurs bienvenues héritées, en particulier, de formations telles que Soundgarden ou Alice in Chains.
Evidemment, à l'énoncé d'une pareille doublette grunge, les orthodoxes du genre feront grise mine, évoqueront l'absence de pureté de la mixture. Ils ont tort ! Et il y a 10 façons (12 sur la présente réédition) de le prouver, autant que d'excellentes chansons y figurant. Parce que la patte harmonique de Christofferson est bel et bien ce qui fait la différence ici, d'autant plus que c'est lui, JB, qui est en charge de deux composantes mélodiques du groupe (chant et guitare).
Alors, oui, il y a tout ce qui fait un bon album de Doom Metal sur ce Grand Magus originel, de gros riffs qui tuent, une vitesse jamais trop excessive servant la majesté des mélodies, un abattage rythmique de qualité forcémment, et même quelques notes de mellotron et quelques décrochages plus psyché-bluesy nous rappelant que, fondamentalement, ce genre appartient aux douces années 70, en un beau rejeton. Avec donc, en bonus, une faconde influencée par le meilleur du Grunge Metal, par la crème d'une scène qui mit Seattle au centre de la carte musicale, un bonus tout à fait compatible avec le style pratiqué, lui donnant un petit côté stoner pas désagréable du tout, addictif même.
Depuis, Grand Magus s'est largement normalisé, jusqu'à devenir une sorte de groupe de Heavy Metal où quelques restes d'un passé désormais révolu sont, parfois, remis en lumière. Plus tout à fait le groupe de ce délicieux premier cri, on le regrette parce que, boudiou !, qu'est-ce que c'était bon !
Formé par l'alors vocaliste des excellents Spiritual Beggars, JB Christofferson, qui depuis se concentre sur ce seul projet, Grand Magus n'est pas tout à fait un groupe de Doom comme les autres, en tout cas pas sur ce premier album où des influences "hors-cadre" viennent régulièrement poindre et épicer la mixture Black-Sabbatho-compatible de flaveurs bienvenues héritées, en particulier, de formations telles que Soundgarden ou Alice in Chains.
Evidemment, à l'énoncé d'une pareille doublette grunge, les orthodoxes du genre feront grise mine, évoqueront l'absence de pureté de la mixture. Ils ont tort ! Et il y a 10 façons (12 sur la présente réédition) de le prouver, autant que d'excellentes chansons y figurant. Parce que la patte harmonique de Christofferson est bel et bien ce qui fait la différence ici, d'autant plus que c'est lui, JB, qui est en charge de deux composantes mélodiques du groupe (chant et guitare).
Alors, oui, il y a tout ce qui fait un bon album de Doom Metal sur ce Grand Magus originel, de gros riffs qui tuent, une vitesse jamais trop excessive servant la majesté des mélodies, un abattage rythmique de qualité forcémment, et même quelques notes de mellotron et quelques décrochages plus psyché-bluesy nous rappelant que, fondamentalement, ce genre appartient aux douces années 70, en un beau rejeton. Avec donc, en bonus, une faconde influencée par le meilleur du Grunge Metal, par la crème d'une scène qui mit Seattle au centre de la carte musicale, un bonus tout à fait compatible avec le style pratiqué, lui donnant un petit côté stoner pas désagréable du tout, addictif même.
Depuis, Grand Magus s'est largement normalisé, jusqu'à devenir une sorte de groupe de Heavy Metal où quelques restes d'un passé désormais révolu sont, parfois, remis en lumière. Plus tout à fait le groupe de ce délicieux premier cri, on le regrette parce que, boudiou !, qu'est-ce que c'était bon !
1. Gauntlet 3:46
2. Legion 3:46
3. Never Learned 4:48
4. Black Hound of Vengeance 5:00
5. Coat of Arms 3:34
6. Generator 5:32
7. Wheel of Time 5:15
8. Lodbrok 4:07
9. Black Hole 5:00
10. Mountain of Power 5:52
Bonus
11. Tale of the Unexpected 4:00
12. Grand Magus 3:43
Janne - vocals, guitars
Trisse - Drums, backing vocals
Fox - bass, backing vocals
&
Fred Estby - Mellotron
GRAND MAGUS |
SWeDe, CoCo !
Esbjörn Svensson Trio "Strange Place for Snow" (2002)
ou "The Power of Modern Jazz"
A priori, un trio jazz mené par un pianiste, secondé par une section rythmique composée d'une contrebasse et d'une batterie, il n'y a rien de plus classique. A priori...
Parce que l'Esbjörn Svensson Trio est un cas à part ou, plutôt, un des plus beaux exemples du développement de l'idiome loin de sa terre d'origine par une formation qui n'a pas froid aux oreilles et sait, par sa liberté de ton autant que sa maîtrise instrumentale, pousser une musique centenaire dans de nouveaux retranchements. Pourtant, il n'est pas question ici de free jazz ou d'improvisation avant-gardiste mais bien d'une continuation logique de ce qu'Errol Garner ou Thelonius Monk (à qui le trio dédia d'ailleurs un album, EST Plays Monk) développèrent en leur temps. Ceci dit, ce qui n'est pas surprenant pour un combo se définissant comme un groupe de pop jouant du jazz, Svensson et ses acolytes (les excellents Daniel Berglund et Magnus Öström) ont su moderniser la formule grâce à des influences, Radiohead par exemple, distantes des territoires habituellement habités par le jazz "classique". C'est le cas de leur sixième galette, ce Strange Place for Snow intégralement composé en trio où la mélodie n'a pas peur de se frotter à quelques effets électroniques bien sentis distillés avec parcimonie parce qu'il est toujours bon de savoir ne pas trop en faire. Mais c'est surtout sur la force des compositions, des nombreuses et lumineuses mélodies triturées par le trio que réside la magie de l'album (Strange Place for Snow, Bound for the Beauty of the South, Spunky Sprawl). Mais ces trois là s'y entendent aussi très bien pour construire de puissants crescendos comme sur un Behind the Yashmask ébouriffant de puissance et de grâce, ou pour jazzifier ce qui ressemble fort à une pièce qu'aurait pu composer Jean-Sébastien Bach (When God Created the Coffeebreak). Allant jusqu'à s'adonner à un de ces plaisirs plus souvent trouvés dans le rock que le jazz, la ghost track, ce machin planqué derrière un silence plus ou moins long à la fin d'un album, l'Esbjörn Svensson Trio enfonce, jusque au bout, le clou de sa savoureuse unicité sans perdre une once du swing si nécessaire à la réussite du genre. Exercice d'équilibriste entre tradition et modernité, Strange Place for Snow est une exemplaire réussite d'un modern jazz dont on n'a pas fini de se repaître.
La disparition d'Esbjörn Svensson, dans un bête accident de plongée à seulement 44 ans en 2008, fut une énorme perte pour le jazz mondial, restent quelques témoignages enregistrés de la qualité d'un instrumentiste, d'un compositeur, d'un homme et de la fine équipe qu'il sut réunir dont Strange Place for Snow est l'un des plus réussis, un des plus recommandés aussi.
1. The Message 5:16
2. Serenade For The Renegade 4:30
3. Strange Place For Snow 6:44
4. Behind The Yashmak 10:30
5. Bound For The Beauty Of The South 5:10
6. Years Of Yearning 5:44
7. When God Created The Coffeebreak 6:38
8. Spunky Sprawl 6:29
9. Carcrash (incl. ghost track) 18:01
Daniel Berglund – Double Bass
Magnus Öström – Percussion, Drums
Esbjörn Svensson – Keyboards, Piano
ESBJÖRN SVENSSON TRIO |
PuNK'S NoT DeaD yeT
Yeah Yeah Yeahs "Show Your Bones" (2006)
ou "Que d'Os !"
Trois ans ! Il aura fallu attendre trois ans pour que le successeur du premier album d'une des formations les plus prometteuses du 3ème millénaire naissant voit enfin le jour, une petite éternité qui ne va, hélas, pas sans son lot de (relatives) déceptions.
Ce n'est pas à dire que Show Your Bones soit un mauvais album, juste que l'effet de surprise d'un Fever to Tell particulièrement addictif s'est notablement amenuisée du fait d'une ressemblance trop criante, comme si les Yeah Yeah Yeahs avaient seulement tenté de reproduire l'exploit là où une progression stylistique aurait été souhaitable.
Ceci dit, Show Your Bones a de vraies qualités, c'est évident dès un très réussi morceau d'ouverture, Gold Lion, où la voix de la girl en chef, Karen O, évoque Siouxsie ou Debbie Harry sur une musique fun, fraiche et décontractée. Evidemment, il y a sur l'album quelques utiles montées de fièvre (Way Out, Fancy, Phenomena ou le crescendo final du délicat Turn Into, tous dotés de guitares tranchantes évoquant un post-punk qui n'est jamais bien loin), mais ce n'est jamais aux dépends de l'ambition de compositions et d'arrangements qu'on aime à décortiquer pour voir comment tout ça a été construit. Parce qu'il y a matière à réjouissance dans cet assemblage dance-punk artistique ne laissant jamais la mélodie lui échapper et sachant même modérer sa relative agression sur quelques sélections bien senties (Cheated Hearts, The Sweets) ou faire tressauter les popotins (Honeybear, Mysteries, ce dernier évoquant pêle-mêle les excellents Strokes et Sonic Youth) et même évoquer le minimalisme arty d'un Velvet Underground (Warrior) voire l'emballage indie d'un Pixies toujours de référence (Dudley). Alors, certes, tout ceci n'a rien de neuf pour les Yeah Yeah Yeahs mais est suffisamment bien troussé pour satisfaire les amateurs du genre comme les curieux de passage.
Le (power) trio a, depuis, confirmé tout le bien qu'on pensait déjà de lui, particulièrement sur un It's a Blitz de la maturité, Show Your Bones n'en est pas, pour autant moins recommandé lui qui sait, par sa large palette et son bel esprit mélodique, presque renouveler l'exploit originel de Fever to Tell, ce n'était pas gagné d'avance.
Le (power) trio a, depuis, confirmé tout le bien qu'on pensait déjà de lui, particulièrement sur un It's a Blitz de la maturité, Show Your Bones n'en est pas, pour autant moins recommandé lui qui sait, par sa large palette et son bel esprit mélodique, presque renouveler l'exploit originel de Fever to Tell, ce n'était pas gagné d'avance.
1. Gold Lion 3:07
2. Way Out 2:51
3. Fancy 4:24
4. Phenomena 4:10
5. Honeybear 2:25
6. Cheated Hearts 3:58
7. Dudley 3:41
8. Mysteries 2:35
9. The Sweets 3:55
10. Warrior 3:40
11. Turn Into 4:05
Brian Chase – drums, percussion, guitar, Vater sticks, Zildjian cymbals
Karen O – lead vocals, omnichord, piano (all tracks); mixing (tracks 4, 10, 11)
Nick Zinner – guitar, mixing, keyboards
&
Money Mark – keyboards (tracks 3, 4), MPC sampler (track 10)
Brooke Gillespie, Squeak E. Clean, Alan "Ringo" Labiner – handclap chorus
YEAH YEAH YEAHS |
Power Trios! (Volume 3)
RépondreSupprimerTaste "Taste" (1969)
- http://www19.zippyshare.com/v/IV7rS9Dt/file.html
The Jam "All Mod Cons" (1978)
- http://www19.zippyshare.com/v/LhwriAnc/file.html
Stray Cats "Stray Cats" (1981)
- http://www19.zippyshare.com/v/DlAyOvq4/file.html
Raven "Nothing Exceeds Like Excess" (1988)
- http://www19.zippyshare.com/v/S3xwC1jH/file.html
Primus "Sailing the Seas of Cheese" (1991)
- http://www19.zippyshare.com/v/UfYwE6Ta/file.html
Sugar "Copper Blue" (1992)
- http://www19.zippyshare.com/v/jo0ZQigc/file.html
The Presidents of the USA "The Presidents of the USA" (1995)
- http://www19.zippyshare.com/v/Grb5uzvD/file.html
Manic Street Preachers "Everything Must Go" (1996)
- http://www19.zippyshare.com/v/YNYTSqbA/file.html
Nada Surf "The Proximity Effect" (1998)
- http://www19.zippyshare.com/v/oqXs3gxR/file.html
Grand Magus "Grand Magus" (2001)
- http://www19.zippyshare.com/v/Y6eJMH6z/file.html
Esbjörn Svensson Trio "Strange Place for Snow" (2002)
- http://www19.zippyshare.com/v/kAj0LOCR/file.html
Yeah Yeah Yeahs "Show Your Bones" (2006)
- http://www19.zippyshare.com/v/efclpapO/file.html
Je suis un tout grand (et nouveau) fan de Rory Gallagher (encore un Gallagher !), mais je n'ai rien de Taste --> je prends ! Merci !
RépondreSupprimerVincent
C'est du bon, enjoie !
SupprimerLe premier album des Stray Cats reste un album bien étrange et loin d'être aussi purement rock'n'roll que tu le dis. C'est n peu comme si d'autres influences s'y font sentir qui disparaitront totalement des disques suivants. Difficile de définir ce que serait ces autres influences mais j'y entends quelque chose de beaucoup moins joyeux presque new wave à la limite du punk. Beaucoup y ont vu le premier disque de psychobilly alors que les meteors existaient déjà un an auparavant. Il faut dire qu'à l'époque nous n'avions ni wikipédia ni spotify.
RépondreSupprimerComme je l'ai dit à Audrey en dessous, je n'entends pas cette unicité du premier Stray Cats même si, en effet, ça reste le must de leur discographie.
SupprimerMerci de ton passage, Sb.
Ce caractère étrange, pour moi essentiellement de la fraicheur, est aussi dû au talent de producteur de Dave Edmunds aux manettes. Je suis aussi d'accord, les Stray Cats n'ont plus jamais atteint ce niveau d'excellence et il faut aussi dire que l'effet de surprise du renouveau du Rockabilly moderne était éventé. musicyoucan
SupprimerVoilà, de la fraicheur, c'est exactement ça, une approche encore ingénue sous le patronage d'un Edmunds présentement essentiel.
SupprimerUne belle sélection que voilà qui me donne envie de piocher dans plein de trucs.
RépondreSupprimerUn grand merci pour le SUGAR que j'avais perdu et qui, de mon souvenir, était réjouissant (à quand Beaster encore plus brûlant?).
Les Manics, j'ai jamais trop accroché, mais je me dis depuis pas mal d'années qu'il faut que je leur relaisse une chance.
Pour les Stray Cats, en fait, je n'ai jamais retrouvé d'intérêt pour le groupe à part ce LP, sans doute comme le dit Sb, parce qu'il n'y a justement pas que du Rock'n roll.
Mais ce qui est fou, c'est que quand on voit tous ces disques, j'ai du mal à me dire que c'était l'oeuvre de trio. Et c'est vraiment tout l'intérêt de ta sélection (en plus de nous faire découvrir des styles si variés).
Et pour la rentrée, une étude approfondie sur les Duos historiques? :)
Mais pioche donc, pioche donc, c'est fait pour ça !
SupprimerLe Sugar est une immense réussite, j'ai moins aimé Beaster plus violent, moins lumineux mais, à l'occasion...
MSP, tu me diras.
Stray Cats, ils ont un "edge", sans doute mais, pour moi, ça reste essentiellement revivaliste, et très réussi, leur plus réussi d'ailleurs.
Pour les duos, il faut voir si on parle de vrais duos, genre White Stripes, ou de groupes menés par un duo mais, en effet, c'est une idée.
Merci de ton passage, de ton commentaire et des futurs retours qui, je n'en doute pas, viendront.
J'aimais bien la colère de Beaster. Quelque chose de très Zen Arcade à son meilleur, pour ma part.
SupprimerJ'étais persudé que Sugar avait fait un 3eme album.
Pour les duos, je pensais à des trucs comme les Sparks, Suicide, Soft Cell, David et Johnnatan... Heu non, pas eux!
https://en.wikipedia.org/wiki/File_Under:_Easy_Listening
SupprimerTu parles de celui-ci ?
Beaster n'est pas un album, un gros ep éventuellement, un mini album comme on disait alors.
Je vais réfléchir aux duos, tiens !
et toujours pas un des trios les plus célèbres au monde : je veux parler des texans de ZZ TOP. Je pense que ça ne peut être qu'une regrettable omission qu'il va falloir dare dare réparer par un PART 4. Dans cette optique, je propose Tejas , Deguello ou Tres Hombres, au choix....
RépondreSupprimerLe but du jeu étant de mélanger formations de référence et autres moins connues, tout ce que je peux te dire est : Patience ! ;-)
SupprimerPS : tu as le bon dans tes trois ! ^_^