Du rouge, encore du rouge, toujours du rouge ! Voici une sélection d'albums, première partie, d'autres suivront, où le thème a au moins le mérite d'être clair ! Musicalement, par contre, ça va partir dans tous les sens et il y en aura donc pour tous les goûts. Alors, piochez, commentez... Enjoyez !
auX aNGeS !
John Zorn/Pat Metheny "Tap, Book of Angels vol. 20" (2013)
ou "Rencontre au Sommet"
Ca faisait des mois qu'on l'attendait, depuis que la rumeur que Pat Metheny interviendrait dans la série des Book of Angels (pour l'ultime volume disait-elle, vilaine !). Voilà, c'est fait, elle est là la rencontre au sommet d'un guitariste ô combien révéré et d'un compositeur toujours avide de nouvelles expériences, d'entendre sa musique triturée, réinterprétée par d'autres mains, d'autres cerveaux.
En l'occurrence, il n'y a pas pléthore, que ce soit pour la tracklist ou le line-up (6 et 2) mais les émotions sont bien au rendez-vous et la rencontre de deux univers à priori pas exactement compatibles porte magnifiquement ses fruits. Pas qu'on n'en attendait quoique ce soit d'autre, notez, quand deux géants se croisent, ça fait forcément quelques étincelles... Et si peu de musiciens interviennent ici, c'est tout bonnement parce que Metheny bouffe toute la place faisant montre, comme il l'a souvent fait sur ses récentes livraisons, de ses qualités de producteur/arrangeur/multi-instrumentiste. De fait, il n'a recours qu'au seul Antonio Sanchez, frappeur de peau de service, pour s'inviter sur les plates-bandes d'un Zorn ô combien consentant.
Musicalement, la surprise est, finalement, de ne jamais en rencontrer vraiment. Je m'explique... Si, en effet, le traitement que se voient infligées les compositions de John Zorn est unique (tout en étant multiple, j'y viens), il est totalement dans les valeurs et inclinaisons stylistiques de Metheny qui s'est, en la circonstance, totalement réapproprié les notes de son compositeur. En introduction, ça donne un Mastema au "klezmerisme" discret occulté qu'il est par la folie fusion à bruitages électroniques que commet Metheny... Et ça fonctionne du feu de Dieu (ou des Anges, c'est bienvenu pour la série !). Suit Albim qui, plus respectueux des canons du compositeur Zorn, est une charmante ballade nous emmenant presque jusqu'à Buenos Aires avec sa guitare acoustique, son discret bandonéon, son doux chaloupement et sa fin dramatique, parfait, et parfaitement maîtrisé, ça va sans dire ! Tharsis, piste 3, plus électrique et rapide n'est pas bien différent, comme si les deux thèmes qui le précédent se retrouvaient... Si l'empreinte Zorn y est impossible à rater, ça ne signifie pas que Metheny se soit laisser aller à la facilité, pièce à la fois rythmée et ambiante, elle bénéficie de son exceptionnelle qualité de guitariste en plus de ses capacités d'arrangeur/metteur en son, devenant "autre chose" au contact d'un imaginaire riche, "autre chose" de particulièrement prenant en son magnifique crescendo.
J'arrête là menu non sans préciser que la seconde moitié des titres propose d'au moins aussi fortes émotions, d'au moins aussi belles révélations musicales pour une satisfaction finale évidemment acquise.
Formellement, les petits plats ont été mis dans les grands et, grande première dans la série sans doute motivée par quelques obligations contractuelles, ce Tap bénéficie d'une double sortie, chez Nonesuch (label attitré de Metheny) et chez Tzadik (la maison de qui vous savez). C'est finalement, sauf pour Tzadik peut-être, une bonne nouvelle qui, espérons-le, permettra à un compositeur toujours trop méconnu de récolter quelques suiveurs fanatiques supplémentaires dans l'opération, Zorn le mérite, Metheny le lui offre... Elle est pas belle la vie ?
Reste que cette rencontre (un sommet au sommet !) donne extrêmement envie d'en entendre plus, que John Zorn fasse plus de nouvelles rencontrent qui élargiront encore le spectre d'une série et d'un monde pourtant déjà si riche parce que, si vous ne l'aviez pas compris, ce Tap, 20ème Book of Angels, c'est de l'or en barre... Tout simplement !
1. Mastema 7:20En l'occurrence, il n'y a pas pléthore, que ce soit pour la tracklist ou le line-up (6 et 2) mais les émotions sont bien au rendez-vous et la rencontre de deux univers à priori pas exactement compatibles porte magnifiquement ses fruits. Pas qu'on n'en attendait quoique ce soit d'autre, notez, quand deux géants se croisent, ça fait forcément quelques étincelles... Et si peu de musiciens interviennent ici, c'est tout bonnement parce que Metheny bouffe toute la place faisant montre, comme il l'a souvent fait sur ses récentes livraisons, de ses qualités de producteur/arrangeur/multi-instrumentiste. De fait, il n'a recours qu'au seul Antonio Sanchez, frappeur de peau de service, pour s'inviter sur les plates-bandes d'un Zorn ô combien consentant.
Musicalement, la surprise est, finalement, de ne jamais en rencontrer vraiment. Je m'explique... Si, en effet, le traitement que se voient infligées les compositions de John Zorn est unique (tout en étant multiple, j'y viens), il est totalement dans les valeurs et inclinaisons stylistiques de Metheny qui s'est, en la circonstance, totalement réapproprié les notes de son compositeur. En introduction, ça donne un Mastema au "klezmerisme" discret occulté qu'il est par la folie fusion à bruitages électroniques que commet Metheny... Et ça fonctionne du feu de Dieu (ou des Anges, c'est bienvenu pour la série !). Suit Albim qui, plus respectueux des canons du compositeur Zorn, est une charmante ballade nous emmenant presque jusqu'à Buenos Aires avec sa guitare acoustique, son discret bandonéon, son doux chaloupement et sa fin dramatique, parfait, et parfaitement maîtrisé, ça va sans dire ! Tharsis, piste 3, plus électrique et rapide n'est pas bien différent, comme si les deux thèmes qui le précédent se retrouvaient... Si l'empreinte Zorn y est impossible à rater, ça ne signifie pas que Metheny se soit laisser aller à la facilité, pièce à la fois rythmée et ambiante, elle bénéficie de son exceptionnelle qualité de guitariste en plus de ses capacités d'arrangeur/metteur en son, devenant "autre chose" au contact d'un imaginaire riche, "autre chose" de particulièrement prenant en son magnifique crescendo.
J'arrête là menu non sans préciser que la seconde moitié des titres propose d'au moins aussi fortes émotions, d'au moins aussi belles révélations musicales pour une satisfaction finale évidemment acquise.
Formellement, les petits plats ont été mis dans les grands et, grande première dans la série sans doute motivée par quelques obligations contractuelles, ce Tap bénéficie d'une double sortie, chez Nonesuch (label attitré de Metheny) et chez Tzadik (la maison de qui vous savez). C'est finalement, sauf pour Tzadik peut-être, une bonne nouvelle qui, espérons-le, permettra à un compositeur toujours trop méconnu de récolter quelques suiveurs fanatiques supplémentaires dans l'opération, Zorn le mérite, Metheny le lui offre... Elle est pas belle la vie ?
Reste que cette rencontre (un sommet au sommet !) donne extrêmement envie d'en entendre plus, que John Zorn fasse plus de nouvelles rencontrent qui élargiront encore le spectre d'une série et d'un monde pourtant déjà si riche parce que, si vous ne l'aviez pas compris, ce Tap, 20ème Book of Angels, c'est de l'or en barre... Tout simplement !
2. Albim 9:07
3. Tharsis 5:54
4. Sariel 11:09
5. Phanuel 10:55
6. Hurmiz 6:12
John Zorn: compositions
Pat Metheny: production, arrangements, electric & acoustic guitars, baritone guitar, sitar guitar,
tiples, bass, piano, keyboards, marimba, bells, bandoneon, percussion, electronics, flugelhorn
Antonio Sanchez: drums
PAT METHENY |
ReDVoLuTioN
King Crimson "Discipline" (1981)
ou "ProjeKCt new KC"
Quand, aux naissantes années 80, Fripp décida de réactiver son King Crimson, aucun de ceux qui avaient suivi les aventures de ce fondateur du rock dit progressif n'aurait pu anticiper la musique qui allait leur être proposée.
Complexe, technique, angulaire, glaçante même, ce qu'offrait alors le groupe n'avait plus grand-chose à voir avec ce avec quoi ils nous avaient abandonné sept ans plus tôt, l'extraordinaire Red. Fripp Aura-t-il été motivé par les nouveaux et radicaux développements venu frapper de plein fouet la scène musicale de la prude Albion, ou (plus vraisemblablement) ses travaux berlinois avec Eno et Bowie l'auront-ils amené à repenser sa conception de la musique du groupe, toujours est-il que - sans vraiment essayer de coller au « son du jour » - ce King Crimson évoque forcément l'explosion Post-Punk (on dit aussi New Wave) par le parti-pris sonique revendiqué.
Evidemment, comparé à tous les jeunes excités brandissant fièrement la bannière de cette nouvelle scène musicale (Wire, P.I.L., Magazine, Gang of Four, etc.), King Crimson pourrait apparaître comme un aimable dinosaure tentant de se relancer et quelques élans mélodiques aux remugles de patchouli et d'encens viendraient presque nous en convaincre. Mais il y a de vrais moments de colère froide sur cet album, de musique dangereuse et tendue contrôlée avec maestria par un quartet de virtuoses. Elephant Talk, Indiscipline ou Thela Hun Ginjeet (qui aurait tout à fait eu sa place sur le splendide Remain in Light de Talking Heads) sont, en l'espèce, trois séismes dont les répliques se font sentir jusque dans ce qu'il est désormais convenu d'appeler Math Rock (Battles, Don Caballero, etc.) soit une espèce de punk jazz progressif où l'extrême maîtrise technique est mise au service de bizarreries quasi-robotiques et définitivement paranoïdes. En résumé, King Crimson ne plaisante pas.
Forcément, Discipline, album sans compromis d'une formation retrouvant là un inespéré second (3ème ?) souffle, divisa. La fan-base de King Crimson se fragmenta mais un nouveau monde s'ouvrait à eux et deux albums allaient suivre reprenant peu ou prou la même formule que celle ici appliquée... Avec moins de réussite cependant. Car ici, on frôle la perfection et c'est encore plus évident sur le mix 2011 élaboré conjointement par Robert Fripp et Steven Wilson (Porcupine Tree). Un travail d'orfèvre (quoique relativement avare en outtakes) sur lequel on revient souvent, toujours admiratif devant tant d'audace et de talent.
Complexe, technique, angulaire, glaçante même, ce qu'offrait alors le groupe n'avait plus grand-chose à voir avec ce avec quoi ils nous avaient abandonné sept ans plus tôt, l'extraordinaire Red. Fripp Aura-t-il été motivé par les nouveaux et radicaux développements venu frapper de plein fouet la scène musicale de la prude Albion, ou (plus vraisemblablement) ses travaux berlinois avec Eno et Bowie l'auront-ils amené à repenser sa conception de la musique du groupe, toujours est-il que - sans vraiment essayer de coller au « son du jour » - ce King Crimson évoque forcément l'explosion Post-Punk (on dit aussi New Wave) par le parti-pris sonique revendiqué.
Evidemment, comparé à tous les jeunes excités brandissant fièrement la bannière de cette nouvelle scène musicale (Wire, P.I.L., Magazine, Gang of Four, etc.), King Crimson pourrait apparaître comme un aimable dinosaure tentant de se relancer et quelques élans mélodiques aux remugles de patchouli et d'encens viendraient presque nous en convaincre. Mais il y a de vrais moments de colère froide sur cet album, de musique dangereuse et tendue contrôlée avec maestria par un quartet de virtuoses. Elephant Talk, Indiscipline ou Thela Hun Ginjeet (qui aurait tout à fait eu sa place sur le splendide Remain in Light de Talking Heads) sont, en l'espèce, trois séismes dont les répliques se font sentir jusque dans ce qu'il est désormais convenu d'appeler Math Rock (Battles, Don Caballero, etc.) soit une espèce de punk jazz progressif où l'extrême maîtrise technique est mise au service de bizarreries quasi-robotiques et définitivement paranoïdes. En résumé, King Crimson ne plaisante pas.
Forcément, Discipline, album sans compromis d'une formation retrouvant là un inespéré second (3ème ?) souffle, divisa. La fan-base de King Crimson se fragmenta mais un nouveau monde s'ouvrait à eux et deux albums allaient suivre reprenant peu ou prou la même formule que celle ici appliquée... Avec moins de réussite cependant. Car ici, on frôle la perfection et c'est encore plus évident sur le mix 2011 élaboré conjointement par Robert Fripp et Steven Wilson (Porcupine Tree). Un travail d'orfèvre (quoique relativement avare en outtakes) sur lequel on revient souvent, toujours admiratif devant tant d'audace et de talent.
1. Elephant Talk 4:43
2. Frame by Frame 5:09
3. Matte Kudasai 3:47
4. Indiscipline 4:34
5. Thela Hun Ginjeet 6:25
6. The Sheltering Sky 8:22
7. Discipline 5:10
Bonus
8. A Selection of Adrian's Vocal Loops 0:18
9. A Selection of Adrian's Vocal Loops 0:33
10. The Sheltering Sky [Alternate Mix] 8:26
11. Thela Hun Ginjeet [Alternate Mix] 6:31
Adrian Belew: guitare, chant
Bill Bruford: batterie
Robert Fripp: guitare, dispositifs
Tony Levin: stick, basse, chœurs
KING CRIMSON |
BeL eNGiN
Motorpsycho "Let Them Eat Cake" (2000)
ou "Red Pastry"
S'il y a un groupe dont on ne parle pas assez, c'est des Norvégiens de Motorpsycho qui traînent pourtant leurs guêtres depuis une vingtaine d'années sortant régulièrement des pépites aussi riches que variées et ne récoltant qu'une quasi-indifférence générale... Cette chronique a donc le double but de réparer une grande injustice et de mettre en lumière l'album le plus concis et abordable (peut-être leur meilleur aussi) de ces furieux vikings.
En 2000, la bande n'en est plus à ses premiers faits d'armes et sort son 8ème album au titre finalement évocateur de Let Them Eat Cake (Laissons-les manger du gâteau). Album de rupture, on y retrouve un Motorpsycho tentant de faire drastiquement évoluer son son vers quelque chose de moins brutal que ce qu'ils avaient proposés précédemment. Ainsi des influences jazz et psychédéliques viennent-elles enrichir un son déjà bien touffu. Pour ce faire, de nombreux invités sont convoqués. Ce qui aurait pu n'être qu'une indigeste accumulation s'avère un précieux montage amoureusement millimétré par des musiciens/compositeurs/arrangeurs au sommet de leur art.
Le choix de ne pas trop rallonger la sauce (écueil dont le groupe était devenu un habitué avec de nombreux albums dépassant allègrement l'heure) est judicieux et a sans doute permis à cette fine équipe de ne point trop se disperser. Ainsi, avec 45 minutes au compteur, Let Them Eat Cake est un LP sans temps morts ni baisse de régime.
Louable initiative, Motorpsycho se permet même une presque-reprise du Hot Lanta des Allman Brothers avec un Whip That Ghost (sous-titré Song for a Bro pour les durs d'oreille) tout bonnement exceptionnel de dévotion et de talent. Comme les autres compositions - de l'imparable single baroque (The Other Fool) à la douce folk-poperie (Upstairs-Downstairs) en passant par l'irrésistible grooverie qu'est Walking with J. - ne sont pas en reste, on est obligé de constater que c'est bel et bien à une aeuvre d'exceptionnelle qualité à laquelle nous avons affaire. Une de ces rares galettes qu'on peut écouter en boucle avec un plaisir toujours égal.
Cet album, à vrai dire, je le conseille à toutes et à tous... c'est dire ! Hélas, ceux qui voudront mettre la main sur le petit rond de plastique devront s'armer de patience Let Them Eat Cake étant (depuis trop longtemps !) indisponible. Une honte quand on constate le nombre de back-catalogs de bas étage qu'on nous vent régulièrement comme LE machin à avoir. Ici, je vous le dis, vous serez récompensés !
Laissons-les manger du gâteau qu'ils disaient... J'en reprendrai bien une part, tiens !
En 2000, la bande n'en est plus à ses premiers faits d'armes et sort son 8ème album au titre finalement évocateur de Let Them Eat Cake (Laissons-les manger du gâteau). Album de rupture, on y retrouve un Motorpsycho tentant de faire drastiquement évoluer son son vers quelque chose de moins brutal que ce qu'ils avaient proposés précédemment. Ainsi des influences jazz et psychédéliques viennent-elles enrichir un son déjà bien touffu. Pour ce faire, de nombreux invités sont convoqués. Ce qui aurait pu n'être qu'une indigeste accumulation s'avère un précieux montage amoureusement millimétré par des musiciens/compositeurs/arrangeurs au sommet de leur art.
Le choix de ne pas trop rallonger la sauce (écueil dont le groupe était devenu un habitué avec de nombreux albums dépassant allègrement l'heure) est judicieux et a sans doute permis à cette fine équipe de ne point trop se disperser. Ainsi, avec 45 minutes au compteur, Let Them Eat Cake est un LP sans temps morts ni baisse de régime.
Louable initiative, Motorpsycho se permet même une presque-reprise du Hot Lanta des Allman Brothers avec un Whip That Ghost (sous-titré Song for a Bro pour les durs d'oreille) tout bonnement exceptionnel de dévotion et de talent. Comme les autres compositions - de l'imparable single baroque (The Other Fool) à la douce folk-poperie (Upstairs-Downstairs) en passant par l'irrésistible grooverie qu'est Walking with J. - ne sont pas en reste, on est obligé de constater que c'est bel et bien à une aeuvre d'exceptionnelle qualité à laquelle nous avons affaire. Une de ces rares galettes qu'on peut écouter en boucle avec un plaisir toujours égal.
Cet album, à vrai dire, je le conseille à toutes et à tous... c'est dire ! Hélas, ceux qui voudront mettre la main sur le petit rond de plastique devront s'armer de patience Let Them Eat Cake étant (depuis trop longtemps !) indisponible. Une honte quand on constate le nombre de back-catalogs de bas étage qu'on nous vent régulièrement comme LE machin à avoir. Ici, je vous le dis, vous serez récompensés !
Laissons-les manger du gâteau qu'ils disaient... J'en reprendrai bien une part, tiens !
1. The Other Fool 5:40
2. Upstairs - Downstairs 5:12
3. Big Surprise 3:36
4. Walkin' with J. 3:59
5. Never Let You Out 2:46
6. Whip That Ghost (Song for a Bro) 6:30
7. Stained Glass 6:12
8. My Best Friend 4:21
9. 30/30 7:21
Bent Sæther: Vocals, bass, guitars, drums, percussion, rhodes piano, wood blocks, mini moog, piano, harmonium
Hans Magnus Ryan: Guitars, vocals, clavinette, double bass, violins, mandolin
Håkon Gebhardt: Drums, vocals, percussion, zither, guitars, piano
&
Helge Sten (Deathprod): drum machine
Baard Slagsvold: Piano, rhodes piano, back. vocals
Ole Henrik Moe (Ohm): Violins, gong
Kristin Karlsson, Kristin Skjølaas: violin
Einy Langmoen: viola
Kjersti Rydsaa: cello
Arne Frang: tenor saxophone
Jørgen Gjerde, Helge Sunde: trombone
Erlend Gjerde: trumpet
Tone Reichelt: waldhorn
Arve Henriksen: trumpet, mellophone
MOTORPSYCHO |
eLeCKRauT
Kraftwerk "The Man-Machine" (1978)
ou "Beauté glacée"
Sur Force Parallèles, il y a un toqué du nom de Monsieur N qui a fait une chronique pas croyable de The Man-Machine des fabelhaft Kraftwerk, aussi c'est bien volontiers que je luis cède la parole et vous invite à le suivre dans ses délires :
"Non, ceci n’est pas une chronique sur Isaac ASIMOV. Mais je vais quand même parler de lui.
Isaac ASIMOV est né en 1920. Il est à la science-fiction ce que TOLKIEN est à la fantasy : un pilier du genre (mort). Il est connu notamment grâce à ses deux cycles : le cycle de FONDATION et celui des ROBOTS. Dans ce dernier, il énonce les trois lois de la robotique, auxquelles doivent obligatoirement obéir les robots. Le terme « robot » est apparu la première fois, lui, en 1920, dans la pièce de théâtre « Rossum’s Universal Robots », signée par le Tchèque Karel CAPEK. Le premier titre du LP légendaire « THE MAN-MACHINE » dont la pertinence nous occupe, est « The Robots ». Ah ! On y vient !
Enregistré en 1978 dans le laboratoire de l’entité KRAFTERK, j’ai nommé le studio KLING KLANG, « THE MAN-MACHINE » sort trois ans après « RADIOACTIVITY » (qui est boudé, visage trop expérimental oblige) et un an après « TRANS-EUROPA EXPRESS » (accueilli avec chaleur), soit 58 ans après la création du terme « robot », 36 ans après les lois de la robotique d’ASIMOV, et cinq ans après la naissance de ma sœur (mais franchement, est-ce que ça vous regarde ???). « THE MAN-MACHINE » va connaître un retentissement justifié. Aujourd’hui encore, il est considéré comme l’Everest de la discographie du groupe. Sommet visuel, sommet musical, sommet conceptuel. Et je me permets d’insister sur ce dernier mot. D’ailleurs, je le réécris : conceptuel. Et pis même, comme je suis un véritable guedin, j’en fais mon paragraphe suivant.
L’essence même de KRAFTWERK est dans la mise en son de concepts, que ce soit l’autoroute (« AUTOBAHN »), la radio (« RADIOACTIVITY »), le train (« TRANS-EUROPA EXPRESS »), ou encore le vélo (« TOUR DE FRANCE 2003 »). Ces Allemands (et en particulier les deux hémisphères du cerveau, Ralf Hütter und Florian Schneider) sont passionnés par la technologie en général ; ils le sont plus particulièrement par l’interaction de l’homme avec la machine. Là où « THE MAN-MACHINE » constitue le concept ultime, c’est que la machine concernée est le matériel utilisé pour créer leur musique. Matériel, inutile de le préciser, à la pointe de la technologie de l’époque, KRAFTWERK étant un groupe ouvertement moderniste (ce n’est pas sale).
Mais je me trompe. J’ai utilisé l’expression « créer de la musique ». C’est inapproprié au cas. Un artiste crée. Ralf Hütter ne considère pas qu’il crée, non. « Nous ne sommes ni des artistes, ni des musiciens. Nous sommes des travailleurs ». Eh, dites, au fait, vous savez comment on dit « travailleur » en tchèque (oui oui, la langue de CAPEK) ? Robotnik... Ainsi, lorsque qu’à travers le vocoder se glissent les mots « We Are The Robots », c’est littéralement des membres eux-mêmes dont il est question. Le remplacement, sur scène, par quatre véritables automates lors du morceau « The Robots » ne permet d’ailleurs pas d’en douter.
A noter que KRAFTWERK ne se place absolument pas en critiques d’une société qui se voudrait pervertie par les machines et l’urbanisme. Bien au contraire, la machine est à l’homme ce que le ballon est à Olivier ATTON, c'est-à-dire un ami. Etre originaire d’une ville aussi industrialisée que DÜSSELDORF a peut-être favorisé ce genre d’idéologie. Plus qu’une simple aide pour notre vie quotidienne, le synthétiseur est véritablement le miroir de l’âme. Pour l’anecdote, les quatre amis appellent entre eux leurs synthétiseurs « les miroirs »... Grâce à sa simplicité d’approche, tout le monde peut apprivoiser le synthétiseur. De fait, l’homme n’entretient pas une relation vivant/non vivant, il est man-machine, en totale symbiose avec l’appareil. Quand je vous disais qu’il était question de concept...
Rien n’est laissé au hasard avec KRAFTWERK, et le choix du format vinyle s’avère indispensable, pas seulement parce que cela fait bien dans les soirées prétentieuses, mais aussi et surtout car l’enchaînement des titres a été pensé pour ce format (évidemment, vu la date de sortie...). La structure de l’album est en effet d’une symétrie toute teutonne : le premier titre de chaque face est à chaque fois le plus entraînant, le plus popisant, et donc le plus accessible (« The Model » et sa structure new wavienne). Le deuxième titre traite d’une installation moderne en ralentissant le tempo (le laboratoire de l’espace (« Spacelab ») et les néons éclairant la ville entière (« Neon Lights »)). La conclusion de chaque moitié évoque enfin le rapport homme/technologie, avec, c’est à noter, la probable référence au film de Fritz LANG, « METROPOLIS ».
S’attarder sur le tube « The Model » me permettra de rappeler que si la musique de KRAFTWERK est ici résolument froide, synthétique et répétitive, le groupe a toujours su diffuser dans les interstices de ses glaçons des mélodies vites entêtantes, et par là même ne pas rester cantonné au groupe à concept qu’il aurait pu choisir d’être. A mon sens, cela explique son succès, autant au sein de la répugnante populace ne s’intéressant pas plus que ça à la musique (et qui achetait donc seulement les 45t, c'est-à-dire les débuts de face des vinyls) qu’au sein de la fange d’artistes intellos en mal d’innovations (et qui supportait très bien les 33t, eux).
En bon conceptomane qu’il est, KRAFTWERK a aussi beaucoup travaillé son artwork. Lui aussi, il est tout dévoué à la migration des homards de l’Atlantique. La répétition du mot « machine » est probablement là pour évoquer le côté répétitif de la musique, mais aussi pour exprimer l’idée selon laquelle les hommes ne seraient que des articles de série issus d’un processus de création (oui oui, comme des robots). Cette idée d’universalité humaine est renforcée par la déclinaison du titre de l’album en trois langues : le russe, l’allemand, et le français. Le choix du russe ne peut être le seul fruit du hasard : il rappelle la slave origine du terme « robot » ainsi que la nationalité de toute une tripotée d’artistes futuristes parmi lesquels El Lissitzky, explicitement cité sur la pochette, et l’un des fers de lance du constructivisme, courant artistique résolument tourné vers l’avenir.
Vous le saisîtes à coup sûr, je considère « THE MAN-MACHINE » comme une véritable pièce d’art. Non je n’écrirai pas « chef d’œuvre » car le terme a été trop galvaudé, surtout chez les chroniqueurs de CD... Mais enfin, vous avez compris que le cœur y est, hein ?"
Voilà, ça c'est fait, il vous reste à l'écouter !
"Non, ceci n’est pas une chronique sur Isaac ASIMOV. Mais je vais quand même parler de lui.
Isaac ASIMOV est né en 1920. Il est à la science-fiction ce que TOLKIEN est à la fantasy : un pilier du genre (mort). Il est connu notamment grâce à ses deux cycles : le cycle de FONDATION et celui des ROBOTS. Dans ce dernier, il énonce les trois lois de la robotique, auxquelles doivent obligatoirement obéir les robots. Le terme « robot » est apparu la première fois, lui, en 1920, dans la pièce de théâtre « Rossum’s Universal Robots », signée par le Tchèque Karel CAPEK. Le premier titre du LP légendaire « THE MAN-MACHINE » dont la pertinence nous occupe, est « The Robots ». Ah ! On y vient !
Enregistré en 1978 dans le laboratoire de l’entité KRAFTERK, j’ai nommé le studio KLING KLANG, « THE MAN-MACHINE » sort trois ans après « RADIOACTIVITY » (qui est boudé, visage trop expérimental oblige) et un an après « TRANS-EUROPA EXPRESS » (accueilli avec chaleur), soit 58 ans après la création du terme « robot », 36 ans après les lois de la robotique d’ASIMOV, et cinq ans après la naissance de ma sœur (mais franchement, est-ce que ça vous regarde ???). « THE MAN-MACHINE » va connaître un retentissement justifié. Aujourd’hui encore, il est considéré comme l’Everest de la discographie du groupe. Sommet visuel, sommet musical, sommet conceptuel. Et je me permets d’insister sur ce dernier mot. D’ailleurs, je le réécris : conceptuel. Et pis même, comme je suis un véritable guedin, j’en fais mon paragraphe suivant.
L’essence même de KRAFTWERK est dans la mise en son de concepts, que ce soit l’autoroute (« AUTOBAHN »), la radio (« RADIOACTIVITY »), le train (« TRANS-EUROPA EXPRESS »), ou encore le vélo (« TOUR DE FRANCE 2003 »). Ces Allemands (et en particulier les deux hémisphères du cerveau, Ralf Hütter und Florian Schneider) sont passionnés par la technologie en général ; ils le sont plus particulièrement par l’interaction de l’homme avec la machine. Là où « THE MAN-MACHINE » constitue le concept ultime, c’est que la machine concernée est le matériel utilisé pour créer leur musique. Matériel, inutile de le préciser, à la pointe de la technologie de l’époque, KRAFTWERK étant un groupe ouvertement moderniste (ce n’est pas sale).
Mais je me trompe. J’ai utilisé l’expression « créer de la musique ». C’est inapproprié au cas. Un artiste crée. Ralf Hütter ne considère pas qu’il crée, non. « Nous ne sommes ni des artistes, ni des musiciens. Nous sommes des travailleurs ». Eh, dites, au fait, vous savez comment on dit « travailleur » en tchèque (oui oui, la langue de CAPEK) ? Robotnik... Ainsi, lorsque qu’à travers le vocoder se glissent les mots « We Are The Robots », c’est littéralement des membres eux-mêmes dont il est question. Le remplacement, sur scène, par quatre véritables automates lors du morceau « The Robots » ne permet d’ailleurs pas d’en douter.
A noter que KRAFTWERK ne se place absolument pas en critiques d’une société qui se voudrait pervertie par les machines et l’urbanisme. Bien au contraire, la machine est à l’homme ce que le ballon est à Olivier ATTON, c'est-à-dire un ami. Etre originaire d’une ville aussi industrialisée que DÜSSELDORF a peut-être favorisé ce genre d’idéologie. Plus qu’une simple aide pour notre vie quotidienne, le synthétiseur est véritablement le miroir de l’âme. Pour l’anecdote, les quatre amis appellent entre eux leurs synthétiseurs « les miroirs »... Grâce à sa simplicité d’approche, tout le monde peut apprivoiser le synthétiseur. De fait, l’homme n’entretient pas une relation vivant/non vivant, il est man-machine, en totale symbiose avec l’appareil. Quand je vous disais qu’il était question de concept...
Rien n’est laissé au hasard avec KRAFTWERK, et le choix du format vinyle s’avère indispensable, pas seulement parce que cela fait bien dans les soirées prétentieuses, mais aussi et surtout car l’enchaînement des titres a été pensé pour ce format (évidemment, vu la date de sortie...). La structure de l’album est en effet d’une symétrie toute teutonne : le premier titre de chaque face est à chaque fois le plus entraînant, le plus popisant, et donc le plus accessible (« The Model » et sa structure new wavienne). Le deuxième titre traite d’une installation moderne en ralentissant le tempo (le laboratoire de l’espace (« Spacelab ») et les néons éclairant la ville entière (« Neon Lights »)). La conclusion de chaque moitié évoque enfin le rapport homme/technologie, avec, c’est à noter, la probable référence au film de Fritz LANG, « METROPOLIS ».
S’attarder sur le tube « The Model » me permettra de rappeler que si la musique de KRAFTWERK est ici résolument froide, synthétique et répétitive, le groupe a toujours su diffuser dans les interstices de ses glaçons des mélodies vites entêtantes, et par là même ne pas rester cantonné au groupe à concept qu’il aurait pu choisir d’être. A mon sens, cela explique son succès, autant au sein de la répugnante populace ne s’intéressant pas plus que ça à la musique (et qui achetait donc seulement les 45t, c'est-à-dire les débuts de face des vinyls) qu’au sein de la fange d’artistes intellos en mal d’innovations (et qui supportait très bien les 33t, eux).
En bon conceptomane qu’il est, KRAFTWERK a aussi beaucoup travaillé son artwork. Lui aussi, il est tout dévoué à la migration des homards de l’Atlantique. La répétition du mot « machine » est probablement là pour évoquer le côté répétitif de la musique, mais aussi pour exprimer l’idée selon laquelle les hommes ne seraient que des articles de série issus d’un processus de création (oui oui, comme des robots). Cette idée d’universalité humaine est renforcée par la déclinaison du titre de l’album en trois langues : le russe, l’allemand, et le français. Le choix du russe ne peut être le seul fruit du hasard : il rappelle la slave origine du terme « robot » ainsi que la nationalité de toute une tripotée d’artistes futuristes parmi lesquels El Lissitzky, explicitement cité sur la pochette, et l’un des fers de lance du constructivisme, courant artistique résolument tourné vers l’avenir.
Vous le saisîtes à coup sûr, je considère « THE MAN-MACHINE » comme une véritable pièce d’art. Non je n’écrirai pas « chef d’œuvre » car le terme a été trop galvaudé, surtout chez les chroniqueurs de CD... Mais enfin, vous avez compris que le cœur y est, hein ?"
Voilà, ça c'est fait, il vous reste à l'écouter !
1. The Robots 6:11
2. Spacelab 5:51
3. Metropolis 5:59
4. The Model 3:38
5. Neon Lights 9:03
6. The Man-Machine 5:28
Ralf Hütter – album concept, artwork reconstruction (2009 remaster), cover, electronics, keyboards, Orchestron, production, Synthanorma Sequenzer, synthesiser, vocoder, voice
Florian Schneider – album concept, electronics, production, synthesiser, vocoder, Votrax
Karl Bartos – electronic drums
Wolfgang Flür – electronic drums
KRAFTWERK |
So 2
Peter Gabriel "Us" (1992)
ou "On ne change pas une équipe qui gagne..."
...Même si, des fois, on devrait.
Après So, Us, Peter Gabriel ne se sent toujours pas inspiré par les titres alambiqués (Up suivra en confirmation de la tendance) mais, surtout, avec Us, Peter Gabriel n'est pas disposé à changer la formule qui, six ans plus tôt, l'a vu s'imposer comme une énorme star mondiale.
Après So, Us, Peter Gabriel ne se sent toujours pas inspiré par les titres alambiqués (Up suivra en confirmation de la tendance) mais, surtout, avec Us, Peter Gabriel n'est pas disposé à changer la formule qui, six ans plus tôt, l'a vu s'imposer comme une énorme star mondiale.
Mais voilà, 1992 n'est plus 1986 et la pop aux atours world music qu'y avait fomenté l'Archange n'est ni aussi moderne, ni aussi désirable qu'elle l'était quelques années plus tôt. Evidemment, parce qu'on a affaire à un perfectionniste du genre à ne rien laisser fuiter des ses studios avant d'en être parfaitement satisfait, Us est tout sauf indigne ou raté, c'est juste que la surprise éventée et la formule réutilisée, l'effet en est nettement amoindri.
Ce état de fait, qu'on est obligé de constater même si l'on est fan du Monsieur, est évident dès un Come Back to Me d'ouverture où les obsessions world music, le pointillisme maniaque avec lequel chaque chanson est élaborée et une "façon" dans les arrangements et la mélodie cousine de celle d'In Your Eyes ou de Red Rain se font immédiatement jour. Ce que ne fait que confirmer la suite d'un album où, outre trois relativement énergiques saillies (Steam, qui doit beaucoup à Sledgehammer, Kiss That Frog, à la légèreté de ton et de thème voisine de Big Time, et Diggin in the Dirt pour son refrain accrocheur), c'est un Gabriel plutôt modéré et contemplatif qui s'offre à nous. Mais surtout un Peter Gabriel qui fait trop dans la redite, qui a aussi passé trop de temps en studio à rajouter couche sur couche, détail sur détail perdant ainsi toute fraicheur pour qu'on soit pleinement satisfait. Pour l'auditeur supra-attentif, évidemment, c'est une joie parce qu'il y a moult trouvailles et une épaisseur qui permet de décortiquer, écoute après écoute, le savant château de cartes bâti par l'ex-vocaliste de Genesis, pour celui qui veut juste de bonnes chansons, par contre... Parce que tout n'est pas parfait sur Us et que, du coup, le soin extrême porté à la mise en musique tient parfois plus de l'affectation que du génie (Only Us, Fourteen Black Paintings) voire carrément de la répétition de ce qui fut mieux accompli avant (Blood of Eden en duo avec Sinéad O'connor en successeur moyen d'un Don't Give Up avec Kate Bush ou Steam en Sledgehammer bis inférieur). Et puis, il faut l'avouer, l'album a quelques longueurs (Come Talk to Me, Blood of Eden, Steam, Only Us et Secret World auraient toutes gagné à être resserrées) qui ne servent à rien d'autre que de rendre parfois un peu ennuyeuse l'écoute d'une galette dont, comme déjà évoqué, l'atout surprise est d'emblée absent.
Allez, on est dur, parce qu'on se doit de ne pas est tendre quand on a affaire à une galette d'une sommité telle que Peter Gabriel, parce que, pour tous ses défauts et ses lourdeurs, Us reste très au-dessus de la moyenne des albums de son temps et une référence tout sauf honteuse dans le catalogue de son auteur (qui n'en a pas la moindre, de référence honteuse, d'ailleurs) et qu'on y rencontre ponctuellement, pas forcément là où on l'attendait, une grâce qui manque tellement à ses contemporains à visée commerciale équivalente (Washing of the Water, quel frisson !). Et puis il faut préciser que, d'une mise en son parfaite à des performances instrumentales aussi contenues que précieuses, c'est tout de même d'un excellent boulot dont il est question.
Oui mais, et c'est tout le problème des habitudes prises, Gabriel nous avait habitué à tellement mieux ! Du coup, ce que le très moindre succès rencontré par l'opus en comparaison de son prédécesseur ne fait que confirmer, on ne peut qu'être déçu par un album qui est seulement bon là où on attendait, là où on espérait, une explosion des sens et des sons comparable à ce que Gabriel avait su nous offrir depuis le lancement de sa carrière solitaire. Ce qui n'est donc pas le cas de Us qui, trop pensé et travaillé pour son propre bien, et ne possédant pas une collection de chansons tout à fait au niveau non plus, demeure un opus mineur dans la carrière d'un immense artiste.
Ce état de fait, qu'on est obligé de constater même si l'on est fan du Monsieur, est évident dès un Come Back to Me d'ouverture où les obsessions world music, le pointillisme maniaque avec lequel chaque chanson est élaborée et une "façon" dans les arrangements et la mélodie cousine de celle d'In Your Eyes ou de Red Rain se font immédiatement jour. Ce que ne fait que confirmer la suite d'un album où, outre trois relativement énergiques saillies (Steam, qui doit beaucoup à Sledgehammer, Kiss That Frog, à la légèreté de ton et de thème voisine de Big Time, et Diggin in the Dirt pour son refrain accrocheur), c'est un Gabriel plutôt modéré et contemplatif qui s'offre à nous. Mais surtout un Peter Gabriel qui fait trop dans la redite, qui a aussi passé trop de temps en studio à rajouter couche sur couche, détail sur détail perdant ainsi toute fraicheur pour qu'on soit pleinement satisfait. Pour l'auditeur supra-attentif, évidemment, c'est une joie parce qu'il y a moult trouvailles et une épaisseur qui permet de décortiquer, écoute après écoute, le savant château de cartes bâti par l'ex-vocaliste de Genesis, pour celui qui veut juste de bonnes chansons, par contre... Parce que tout n'est pas parfait sur Us et que, du coup, le soin extrême porté à la mise en musique tient parfois plus de l'affectation que du génie (Only Us, Fourteen Black Paintings) voire carrément de la répétition de ce qui fut mieux accompli avant (Blood of Eden en duo avec Sinéad O'connor en successeur moyen d'un Don't Give Up avec Kate Bush ou Steam en Sledgehammer bis inférieur). Et puis, il faut l'avouer, l'album a quelques longueurs (Come Talk to Me, Blood of Eden, Steam, Only Us et Secret World auraient toutes gagné à être resserrées) qui ne servent à rien d'autre que de rendre parfois un peu ennuyeuse l'écoute d'une galette dont, comme déjà évoqué, l'atout surprise est d'emblée absent.
Allez, on est dur, parce qu'on se doit de ne pas est tendre quand on a affaire à une galette d'une sommité telle que Peter Gabriel, parce que, pour tous ses défauts et ses lourdeurs, Us reste très au-dessus de la moyenne des albums de son temps et une référence tout sauf honteuse dans le catalogue de son auteur (qui n'en a pas la moindre, de référence honteuse, d'ailleurs) et qu'on y rencontre ponctuellement, pas forcément là où on l'attendait, une grâce qui manque tellement à ses contemporains à visée commerciale équivalente (Washing of the Water, quel frisson !). Et puis il faut préciser que, d'une mise en son parfaite à des performances instrumentales aussi contenues que précieuses, c'est tout de même d'un excellent boulot dont il est question.
Oui mais, et c'est tout le problème des habitudes prises, Gabriel nous avait habitué à tellement mieux ! Du coup, ce que le très moindre succès rencontré par l'opus en comparaison de son prédécesseur ne fait que confirmer, on ne peut qu'être déçu par un album qui est seulement bon là où on attendait, là où on espérait, une explosion des sens et des sons comparable à ce que Gabriel avait su nous offrir depuis le lancement de sa carrière solitaire. Ce qui n'est donc pas le cas de Us qui, trop pensé et travaillé pour son propre bien, et ne possédant pas une collection de chansons tout à fait au niveau non plus, demeure un opus mineur dans la carrière d'un immense artiste.
1. Come Talk to Me 7:06
2. Love to Be Loved 5:18
3. Blood of Eden 6:38
4. Steam 6:03
5. Only Us 6:30
6. Washing of the Water 3:52
7. Digging in the Dirt 5:18
8. Fourteen Black Paintings 4:38
9. Kiss That Frog 5:20
10. Secret World 7:03
Peter Gabriel – vocals, keyboards
Tony Levin – bass
David Rhodes – guitar
Manu Katché – drums
The Babacar Faye Drummers – sabar drums
Doudou N'Diaye Rose – drum loop
David Bottrill – programming, studio engineer
&
Chris Ormston – bagpipes on track 1
Daniel Lanois – shaker on track 1, guitar on tracks 1, 10, additional vocals on track 1, hi-hat on track 3, vocals on track 3, horn arrangements on track 4, dobro on tracks 8, 10
Richard Blair – additional verse keyboards on track 1, programming on tracks 4, 5, 7, 9, additional programming on tracks 2, 3
Levon Minassian – doudouk on tracks 1, 3, 8
Sinéad O'Connor – vocals on tracks 1, 3
Dmitri Pokrovsky Ensemble – vocals on track 1
Hassam Ramzy – tabla on track 2, surdu on track 7
Daryl Johnson – hand drum on track 2
William Orbit – programming on track 2, additional programming on track 5
Bill Dillon – guitar on tracks 2, 5
Mark Rivera – alto saxophone on tracks 4, 6
Brian Eno – additional keys on track 2
Shankar – violin on tracks 2, 3, 5, 8
Caroline Lavelle – cello on tracks 2, 6, 10, string arrangement on track 2
Will Malone – string arrangement on track 2, 6
Johnny Dollar – string arrangement on track 2, 6
Richard Evans – additional engineering on track 2, mix engineer on track 8, mandolin on track 8
Gus Isidore – bridge guitar on track 3
Richard Chappell – bridge section mix on track 3
Leo Nocentelli – guitar on tracks 4, 7
Tim Green – tenor saxophone on tracks 4, 6
Reggie Houston – baritone saxophone on tracks 4, 6
Renard Poché – trombone on tracks 4,6
Wayne Jackson – trumpet on track 4, cornet on track 6
Kudsi Erguner – ney flute on track 5, shaker on track 4
Ayub Ogada – vocals on track 5, 7
Malcolm Burn – horn arrangement on track 6, additional synth cello on track 10, additional production ideas on track 10
Mark Howard – horns recording on track 6
Babacar Faye – djembe on tracks 7, 8
Assane Thiam – tama on track 7, talking drum on track 8
Peter Hammill – vocals on track 7
Richard Macphail – vocals on track 7
John Paul Jones – surdu on 8, bass on 8, keyboards on 8
Adzido Pan African Dance Ensemble – additional percussion loop on 9
Manny Elias – Senegalese shakers on 9
Marilyn McFarlane – vocals on 9
PETER GABRIEL |
Le ReGioNaL De L'éTaPE (1)
Tue-Loup "Penya" (2002)
ou "Rock (Trop) Discret"
Du rock français mais pas seulement de nationalité, paysan presque vu les attaches provinciales et rurales des membres d'un groupe qui n'a jamais essayé d'être à la mode et est, du coup, indémodable, les Kat Onoma de l'ouest oserait-on, sauf qu'ils chantent en français et ont d'autres racines, mais un esprit d'indépendance et une noirceur générale comparable, c'est Tue-Loup, formation sarthoise et fière de l'être dans ses œuvres sur un quatrième opus, Penya, qui les trouve à leur meilleur.
Alors, évidemment, les amateurs de tagada-tsoin-tsoin et autres légèretés du genre pourront repasser, Tue-Loup fait dans le rock auteur qui n'a pas peur d'afficher sa dépression, dans la chanson électroacoustique à fleur de peau qui se souvient du potentiel poétique de la langue de Molière, aussi, dans une musique souvent atone et nullement putassière, enfin. Sauf qu'avec un line-up augmenté (l'arrivée de Christian d'Asfeld aux claviers est tout sauf un gadget, comme on l'entend dès l'intro jazzy de Toro), Tue-Loup commet son album le plus "plein", le plus musicalement achevé où, du coup, les fragiles compositions de Xavier Plumas et Thierry Plouze (l'indéboulonnable noyau dur de la formation) trouvent un écrin particulièrement bien pensé. Tout ça nous fait un album d'une rare cohérence (avec cependant ses plages alien, La Main Droite du Batteur d'Elvis et Aucun Signe slams nerveux enregistré avec Rom Liteau, également auteur des paroles) qui, s'il n'engendre pas la joie de vivre, c'est le moins que l'on puisse dire !, gagne à être découvert par plus de gens que les quelques centaines de chanceux en ayant fait l'acquisition jusqu'à présent.
Parce qu'on n'ira pas nier que le rock indépendant littéraire de Tue-Loup n'a pour l'instant pas eu l'occasion de toucher grand-monde, la faute à pas de chance, à une absolue volonté d'indépendance aussi qui ne va pas sans ses sacrifices commerciaux.... Penya, leur meilleur ?, sera une excellente ouverture vers le monde d'une formation vraiment trop discrète.
1. Toro 4:01Parce qu'on n'ira pas nier que le rock indépendant littéraire de Tue-Loup n'a pour l'instant pas eu l'occasion de toucher grand-monde, la faute à pas de chance, à une absolue volonté d'indépendance aussi qui ne va pas sans ses sacrifices commerciaux.... Penya, leur meilleur ?, sera une excellente ouverture vers le monde d'une formation vraiment trop discrète.
2. Celcius 4:29
3. Rest'là Maloya 4:49
4. La Main Droite Du Batteur d'Elvis 5:04
5. Aux Orties 5:34
6. Le Temps Long 4:51
7. Les Diamants 3:29
8. Barque 4:41
9. Buse 5:36
10. Aucun Signe 3:53
11. La Tremblante 3:45
12. Le Facteur Cheval 3:29
Xavier Plumas - chant, guitare acoustique
Thierry Plouze - guitare électrique
Romain Allanot - batterie
Eric Doboka - basse
Christian d’Asfeld - claviers
&
Babeth Contet - choeurs
Rom Liteau - voix
TUE-LOUP |
TRaNSiTioN
Van Halen "Diver Down" (1982)
ou "All fun and games"
Comme l'écrivait Hervé Picart dans le Best de juin 1982 (à chaud, avec toutes les spéculations erronées que ça peut entrainer), Diver Down ressemble à s'y méprendre à un joyeux foutoir, mais quel talent tout de même ! Vulgaires les Van Halen, mais quelle erreur ! Allez, je laisse la parole à l'ancien :
"Visiblement, ce "Diver Down" doit être le dernier album que Van Halen fera pour Warner Bros. C'est la seule explication possible à cet énorme coup de folie. Et comme le groupe nous avait confié, lors de sa dernière venue, ce qu'il était en guerre avec son label, tout cela semble, en effet, très plausible. Une drôle de mouche, fantaisiste et rigolarde, a donc dû piquer Van Halen quelque part, car ce cinquième album est aussi inattendu qu'insensé. On dirait que le groupe a voulu s'offrir un gros plaisir et qu'il a fait ici tout ce qu'il avait depuis longtemps envie de faire, et que des considérations de prestige, de business ou de réputation avaient dû retarder. Et quand on dit tout ce qu'il avait envie de se payer, c'est vraiment tout, des lubies aux gaudrioles. Ainsi, pour satisfaire sa vieille passion des Kinks, Van Halen s'offre, après "You Really Got Me", une version fumante de "Where Have All The Good Times Gone?". Au passage, il repasse à l'assaisonnement hard le légendaire "(Oh) Pretty Woman" de Roy Orbison, et c'est tout aussi régénérateur. Plus loin, et dans cet esprit funk qui anime Van Halen depuis ses débuts, ce vieil allumé de rhythm'n'blues qu'est David Lee Roth s'offre le "Dancing In The Street" de Martha And The Vandellas (Marvin Gaye).
Un feu d'artifices de standards magnifiés et ironiques encadrent donc toutes les faces de ce défoulement somptueux. Edward Van Halen n'a pas voulu se priver non plus, et il se paie quelques moments de bravoure instrumentale où il étale sa technique époumonant et son astuce au niveau de l'invention des sons. Si l'espagnolade de « Little Guitars » est un peu gratuite, le très planantissime « Cathedral » (oui, c'est de la guitare, ce son venu d'ailleurs) est assurément un grand moment.
Et ce n'est pas tout ! Sur fond de rythmique à balais, de guitare gratouillée, le groupe se lance également dans un morceau de jazz qui aurait dignement figuré sur le « jazz » de Ry Cooder, avec une clarinette roucoulante jouant à la palombe par là-dessus.
Oui, du jazz, et même du très vieux, qui sent le Mississipi à plein nez. Comme ils n'avaient décidément plus l'intention de s'arrêter sur le chemin de cette goguette musicale, ils s'aventurent ensuite dans un boogie huileux en tous points fidèle à ZZ Top, et voilà nos Californiens sonnant comme Sudistes en délire, et pour finir en beauté, ils reprennent a cappela ( et de façon pas très juste) la chanson de générique de fin du fameux feuilleton western, « Roy Rogers », ce cow-boy d'opérette, oui, c'est cela, le fameux « Happy Trails » déjà immortalisé par Quicksilver. Van Halen s'est bien amusé, mais ce qui aurait pu n'être qu'un gag à usage interne s'avère aussi réellement réjouissant pour l'auditeur. Voilà un disque franchement marrant, ce qui n'est pas si fréquent, et bougrement bien ficelé en plus. Bien sûr, ce ne sera pas la pièce d'Anthologie de V.H., mais quelle partie de rigolade que ce Muppet Show de surdoués."
Un feu d'artifices de standards magnifiés et ironiques encadrent donc toutes les faces de ce défoulement somptueux. Edward Van Halen n'a pas voulu se priver non plus, et il se paie quelques moments de bravoure instrumentale où il étale sa technique époumonant et son astuce au niveau de l'invention des sons. Si l'espagnolade de « Little Guitars » est un peu gratuite, le très planantissime « Cathedral » (oui, c'est de la guitare, ce son venu d'ailleurs) est assurément un grand moment.
Et ce n'est pas tout ! Sur fond de rythmique à balais, de guitare gratouillée, le groupe se lance également dans un morceau de jazz qui aurait dignement figuré sur le « jazz » de Ry Cooder, avec une clarinette roucoulante jouant à la palombe par là-dessus.
Oui, du jazz, et même du très vieux, qui sent le Mississipi à plein nez. Comme ils n'avaient décidément plus l'intention de s'arrêter sur le chemin de cette goguette musicale, ils s'aventurent ensuite dans un boogie huileux en tous points fidèle à ZZ Top, et voilà nos Californiens sonnant comme Sudistes en délire, et pour finir en beauté, ils reprennent a cappela ( et de façon pas très juste) la chanson de générique de fin du fameux feuilleton western, « Roy Rogers », ce cow-boy d'opérette, oui, c'est cela, le fameux « Happy Trails » déjà immortalisé par Quicksilver. Van Halen s'est bien amusé, mais ce qui aurait pu n'être qu'un gag à usage interne s'avère aussi réellement réjouissant pour l'auditeur. Voilà un disque franchement marrant, ce qui n'est pas si fréquent, et bougrement bien ficelé en plus. Bien sûr, ce ne sera pas la pièce d'Anthologie de V.H., mais quelle partie de rigolade que ce Muppet Show de surdoués."
Si Van Halen n'a finalement jamais quitté Warner Bros, le vieux avait bien pressenti qu'il y avait du changement dans l'air (le départ de David Lee Roth pas si longtemps après couvait déjà). Ca ne donne pas un album d'une folle cohérence, donc, mais une sacrée galette pour les amateurs de montagnes russes et autres adorateurs de belles reprises.
1. Where Have All the Good Times Gone! 3:02
2. Hang 'Em High 3:28
3. Cathedral 1:20
4. Secrets 3:25
5. Intruder 1:39
6. (Oh) Pretty Woman 2:53
7. Dancing in the Street 3:43
8. Little Guitars (Intro) 0:42
9. Little Guitars 3:47
10. Big Bad Bill (Is Sweet William Now) 2:44
11. The Full Bug 3:18
12. Happy Trails 1:03
Eddie Van Halen - electric and acoustic guitars, backing vocals
David Lee Roth - lead vocals, synthesizer on 'Intruder', acoustic guitar & harmonica on 'The Full Bug'
Alex Van Halen - drums
Michael Anthony - bass guitar, backing vocals
&
Jan Van Halen - clarinet on "Big Bad Bill"
VAN HALEN |
eN VeiRS eT CoNTRe TouT
Laura Veirs "The Triumphs & Travails Of Orphan Mae" (2001)
ou "Storytelling Girl"
Deux ans après un premier opus éponyme peu remarque parce que peu remarquable, un autoproduit aujourd'hui indisponible où la petite chanteuse de l'Oregon s'accompagne d'une seule guitare acoustique, Laura Veirs revient avec une collection nettement plus substantielle et lance une carrière dont la qualité ne s'est toujours pas démentie.
Evidemment, c'est encore d'un album encore débutant, non dénué de quelques maladresses, d'influences encore un peu trop repérables (un peu de Sheryl Crow, un peu de Suzanne Vega, et Tom Waits qui traîne parfois pas loin...) et donc d'un style pas encore totalement affirmé mais, déjà, Mademoiselle Veirs affiche toutes les promesses d'un écriture fine et maline, d'une musique folk-rock suffisamment progressive (indie ?) et gracieuse pour qu'on oublie ces petits tracas forcément inhérents au développement d'une authentique auteure. Parce que c'est bien ce qu'on entend sur The Triumphs & Travails of Orphan Mae, d'un charmant Jailhouse Fire à la guillerette mélodie ornée de quelques entraînants sifflements, d'un John Henry Lives au folk bluesy réinventé à la sauce électro-organique, ou sur un Montague Road alliant progressive bluegrass et trip-hop sans perdre le sel ni de l'un, ni de l'autre !, comme autant de petits tours de force prouvant que si le reste de l'album est plus musicalement "conservateur" le germe a déjà pris et ne demande plus qu'à se développer... D'autant que le bon goût de ne pas vouloir à tout prix accrocher l'oreille est déjà là.
Or donc, The Triumphs & Travails of Orphan Mae est une première réussite annonciatrice de moult triomphe à venir, une excellente porte d'entrée chez une chanteuse, compositrice et instrumentiste perpétuant une certaine tradition au goût de son temps à elle. Recommandé !
Or donc, The Triumphs & Travails of Orphan Mae est une première réussite annonciatrice de moult triomphe à venir, une excellente porte d'entrée chez une chanteuse, compositrice et instrumentiste perpétuant une certaine tradition au goût de son temps à elle. Recommandé !
1. Jailhouse Fire 2:32
2. Up the River 3:22
3. John Henry Lives 4:07
4. Black-Eyed Susan 3:41
5. Orphan Mae 2:01
6. Blue Ink 4:41
7. Montague Road 3:57
8. Through December 4:15
9. Raven Marching Band 5:16
10. Movin' Along 4:56
Laura Veirs - vocals, banjo, guitars, bass, pump organ, wurlitzer
Tucker Martine - bass, beats, cymbals, drums, field recording, loops, noise, shaker, sound effects
Danny Barnes - banjo, guitar, steel guitar, sound effects
Eyvind Kang - casio, violin
Liz Guy - viola, whistle
Jon Hyde - pedal steel, pedal steel guitar
Pete Erickson - bass
Bengt Emil Johnson - drums
LAURA VEIRS |
PuNK HeaDS
Talking Heads "'77" (1977)
ou "Le Cri Primal"
C'est le début de l'histoire, les premiers soubresauts d'un bande de punk rockers new yorkais aspirant à plus, ce qui s'entend déjà, mais délivrant, présentement, leur assaut le plus direct, c'est celui-ci que va nous évoquer Oddie de chez XSilence.net :
"Nous sommes en l'an de grâce 1977. L'Angleterre est pleine révolution punk. Et pendant ce temps-là, à New-York, les Talking Heads sortent leur premier album. Qui sont ces gens ? Trois étudiants à la ‘Rhode Island School of Design' qui s'étaient réunis pour revisiter à leur façon la pop-music: David Byrne (chanteur-guitariste), Tina Weymouth (bassiste) et Chris Frantz (batteur). Trio que rejoignit ensuite Jerry Harrison, ex-claviériste des Modern Lovers.
"Nous sommes en l'an de grâce 1977. L'Angleterre est pleine révolution punk. Et pendant ce temps-là, à New-York, les Talking Heads sortent leur premier album. Qui sont ces gens ? Trois étudiants à la ‘Rhode Island School of Design' qui s'étaient réunis pour revisiter à leur façon la pop-music: David Byrne (chanteur-guitariste), Tina Weymouth (bassiste) et Chris Frantz (batteur). Trio que rejoignit ensuite Jerry Harrison, ex-claviériste des Modern Lovers.
Quel genre de musique nous proposent-ils ? Quelque chose de typiquement new-yorkais, dans la lignée du Velvet Underground et de Television: un rock tendu et acide, fortement imprégné de poésie urbaine. Avec des caractéristiques qui allaient rendre leur style aussi particulier qu'irrésistible. D'une part, le chant de David Byrne, tel celui d'un prédicateur borderline, avec son débit névrotique et saccadé. D'autre part, une rythmique inspirée du funk, mais très sèche et sans fioriture, du ‘math-funk' en quelque sorte. Pas de doute: nous voici donc en présence de quatre fortes têtes, décidées à concevoir un style original et décalé. En un mot, arty, comme on dit maintenant. Avec aussi un grand soin apporté à des textes qui renforcent cette dimension intellectuelle.
Les chansons de cet album nous plongent dans les émotions et les sensations ressenties par différentes personnes, qui pourraient être celles que nous croisons chaque jour dans la rue ou le métro. Elles nous révèlent leurs différentes personnalités: les amoureux de "Uh-Oh, Love Comes To Town" et "The Book I Read", le rêveur généreux de "New Feeling", les ambitieux de "Don't Worry About The Government" et "Pulled Up", le stressé de "No Compassion", ou encore le dangereux psychopathe de "Psycho Killer". En somme, la galerie de personnages dont est composée la comédie humaine qui se joue dans n'importe quelle grande ville. Ce sont des chansons qui font beaucoup de bien, car elles ne manquent jamais de légèreté et d'optimisme. A l'image de "Tentative Decisions" qui évoque les troubles et les questionnements liés à l'adolescence, avec une batterie qui joue ironiquement les tambours-majors pour annoncer une innocente ‘guerre des sexes' (‘Oh the boys want to talk, would like to talk about those problems / And the girls say they're concerned... concerned with decisiveness'). Elles nous parlent de nos petits soucis quotidiens et nous aident à les dédramatiser. Elles sont à écouter, de préférence, confortablement allongé sur un divan."
Les chansons de cet album nous plongent dans les émotions et les sensations ressenties par différentes personnes, qui pourraient être celles que nous croisons chaque jour dans la rue ou le métro. Elles nous révèlent leurs différentes personnalités: les amoureux de "Uh-Oh, Love Comes To Town" et "The Book I Read", le rêveur généreux de "New Feeling", les ambitieux de "Don't Worry About The Government" et "Pulled Up", le stressé de "No Compassion", ou encore le dangereux psychopathe de "Psycho Killer". En somme, la galerie de personnages dont est composée la comédie humaine qui se joue dans n'importe quelle grande ville. Ce sont des chansons qui font beaucoup de bien, car elles ne manquent jamais de légèreté et d'optimisme. A l'image de "Tentative Decisions" qui évoque les troubles et les questionnements liés à l'adolescence, avec une batterie qui joue ironiquement les tambours-majors pour annoncer une innocente ‘guerre des sexes' (‘Oh the boys want to talk, would like to talk about those problems / And the girls say they're concerned... concerned with decisiveness'). Elles nous parlent de nos petits soucis quotidiens et nous aident à les dédramatiser. Elles sont à écouter, de préférence, confortablement allongé sur un divan."
Et comme tout ça nous fait un authentique classique, vous savez ce qu'il vous reste à faire...
1. Uh-Oh, Love Comes to Town 2:48
2. New Feeling 3:09
3. Tentative Decisions 3:04
4. Happy Day 3:55
5. Who Is It? 1:41
6. No Compassion 4:47
7. The Book I Read 4:06
8. Don't Worry About the Government 3:00
9. First Week/Last Week…Carefree 3:19
10. Psycho Killer 4:19
11. Pulled Up 4:29
Bonus
12. Love → Building on Fire 3:00
13. I Wish You Wouldn't Say That 2:39
14. Psycho Killer (Acoustic version) 4:20
15. I Feel It in My Heart 3:15
16. Sugar on My Tongue 2:36
David Byrne – guitar, vocals
Chris Frantz – drums
Jerry Harrison – guitar, keyboards, backing vocals
Tina Weymouth – bass guitar
&
Arthur Russell - cello (14)
TALKING HEADS |
Le ReGioNaL De L'éTaPE (2)
Richard Galliano & I Solisti dell'Orchestra della Toscana "Passatori" (1998)
ou "C'est du bon, Léon !"
Un album orchestral où Richard Galliano bandonéoniste, accordéoniste d'exception mêle ses compositions à celle de l'excellent et regretté Astor Piazzolla ? C'est Passatori où le virtuose est accompagné des cordes d'I Solisti dell'Orchestra della Toscana et du pianiste Stefano Bollani, une petite merveille de sensibilité entre jazz, tango et musique classique.
Et on pourrait s'arrêter là parce que, fondamentalement, tout est dit ! Mais il n'est pas inutile de souligner la qualité des mélodies, celles d'Astor, évidemment, mais celles de Richard aussi. De pointer une performance instrumentale d'exception d'un homme capable de tout, de joie, de peine, de recueillement, d'expansivité qui est, présentement, magnifiquement entouré par des cordes ô combien "texturantes" et le piano d'un jazzeux italien aussi polyvalent que lui, je parle évidemment de Richard Galliano et de Stefano Bollani. On remarquera aussi la captation parfaite permettant de jouir de chaque instant de cette authentique réussite, exercice d'équilibriste gracieux et "emportant".
Voilà, il vous reste à vous ruer sur la galette aussi rare que réjouissante d'un Galliano au sommet de sa forme dans une œuvre qui plus est accessible à un large public tant elle est exempte de quelque prise de tête intello-prout-prout que ce soit. Très chaudement recommandé.
1. Opale concerto: premier mouvement 6:30Voilà, il vous reste à vous ruer sur la galette aussi rare que réjouissante d'un Galliano au sommet de sa forme dans une œuvre qui plus est accessible à un large public tant elle est exempte de quelque prise de tête intello-prout-prout que ce soit. Très chaudement recommandé.
2. Opale concerto: deuxième mouvement - moderato malinconico - nobile ed espressivo 4:46
3. Opale concerto: troisième mouvement 6:54
4. Oblivion 3:33
5. San Peyre 4:42
6. La valse à Margaux 3:39
7. Melodicelli 4:26
8. Habanerando 5:30
9. Concerto pour bandoneon: premier mouvement 7:02
10. Concerto pour bandoneon: deuxième mouvement 6:33
11. Concerto pour bandoneon: troisième mouvement 6:33
Richard Galliano - accordéon, bandonéon
Stefano Bollani - piano
Cinzia Conte - harpe
Gianpetro Zampella - contrebasse
Morgan M. Tortelli, Jonathan Faralli - percussions
Andrea Tacchi, Francesco di Cuonzo, Chiara Foletto - premier violon
Paolo Gaiani, Susanna Pasquariello, Alessandro Giani - second violon
Ricardo Masi, Pierpaolo Ricci - alto
Giovanni Bacchielli, Christine Dechaux - violoncelle
RICHARD GALLIANO |
A Study in Scarlet (Vol. 1)
RépondreSupprimerJohn Zorn/Pat Metheny "Tap, Book of Angels vol. 20" (2013)
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King Crimson "Discipline" (1981)
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Motorpsycho "Let Them Eat Cake" (2000)
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Kraftwerk "Man Machine" (1978)
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Peter Gabriel "Us" (1992)
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Tue-Loup "Penya" (2002)
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Van Halen "Diver Down" (1982)
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Laura Veirs "The Triumphs and Travails Of Orphan Mae" (2001)
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Talking Heads "'77" (1977)
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Richard Galliano & I Solisti dell'Orchestra della Toscana "Passatori" (1998)
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Retour en fanfare ! Et bien sûr ça commence avec du Zorn !!!!!
RépondreSupprimerHeureusement, il y a Van Halen ! ;-)
Pourquoi "heureusement il y a Van Halen", et le reste alors, c'est du lisier de porc breton ?
SupprimerMais merci quand même, hein ! ;-)
Retour avec le rouge, couleur chaude de l'automne.
RépondreSupprimerHeureusement il y a Tue Loup
Jean-Paul
Pourquoi "heureusement il y a Tue Loup", et le reste alors, c'est du lisier de porc breton ?
SupprimerMais merci quand même, hein ! ;-)
Le "Heureusement" était juste pour notre ami Keith...
SupprimerJean-Paul
J'avais compris mais au même modèle de commentaire, j'ai décidé de faire la même réponse. ^_^
SupprimerRien à voir, juste au cas où tu ne serais pas au courant:
RépondreSupprimerhttp://exystence.net/blog/2015/10/10/forro-in-the-dark-forro-zinho-forro-in-the-dark-plays-zorn-2015/
Ca a été vu ici chez moi :
Supprimerhttp://mangemesdix.blogspot.com/2015/07/zorn-in-brazil-more-zornophagie-2015.html
Mais une piqûre de rappel pour ceux qui passeraient par là n'est pas inutile. Merci.
Le Tue-Loup est très très bon.
RépondreSupprimerBelle découverte, grâce à toi, du Motorpsycho. Ta recommandation m'a fait sauter le pas (je crois que le nom du groupe me freinait), et je ne le regrette pas. Merci.
Oui, le nom de Motorpsycho est trompeur, révélateur des débuts chahuteurs du groupe aussi.
SupprimerJe confirme pour le Tue-Loup.
Merci de ton passage, El Norton.
Superbe sélection (même si je n'aime pas tout, mais on s'en fout!) avec un coup de cœur particulier pour le Galliano.
RépondreSupprimerJ'ai aussi un gros coup de cœur pour le Galliano, un digne héritier de l'immense Piazzolla !
RépondreSupprimerIl y a les couleurs de pochette et les couleurs qu'on "voit" en écoutant la musique. J'ignore si c'est le cas pour vous. Pour moi, le rouge a u_ne dimension bien à part, avec des disques pas forcément liée à la pochette. Pourtant, la couleur de la pochette est souvent rouge. Et les disques "rouges" pour moi seraient: "Fun House" des Stooges, Suicide: le premier, "Pornography" des Cure '(D'ailleurs Robert Smith disait du temps de Faith qu'il songeait à écrire une disque "rouge" comme si le concept était à part) et "Loveless" de My Bloody Valentine. Soit quasiment un par décennie (javoue ne plus être à la page depuis 15/20 ans).
RépondreSupprimerIl y aurait bien aussi entendu le Red de King Crimson (mais la pochette ne l'est pas). Voilà pour moi ce que ce que je vois en musique rouge.
Je n'ai jamais écouté Tue Loup, pourtant j'en entend parlé depuis leur premier album. Donc vu l'accueil... Et le Galliano correspondrait bien à mon humeur du moment.
Une bonne idée, les albums qu'on assimile à une couleur, je me la mets de côté pour construire un bel arc-en-ciel.
SupprimerJ'aime ta sélection de rouges aussi même si, pour moi, Pornography est gris bleuté, ne me demande pas pourquoi.
Tu me diras ce que le Galliano et le Tue-Loup t'ont fait, au passage, ça fait plaisir de voir le concert de louanges reçu par les régionaux de l'étape.
Merci de ton passage.