Où on évoque les double albums studio, les connus et ceux qui le sont moins. Premier chapitre d'une série qui promet... Enjoie !
Beau BouQueT
The Beatles "The Beatles (Mono Remaster)" (1968)ou "Blanc de Blanc"
1968, les Beatles, après avoir été un phénomène de société et un phénomène musical n'ont plus rien à prouver au monde. Plus rien à se prouver ?
C'est moins sûr à l'écoute de ce double album fourre-tout où ils explorent, individuellement comme collectivement, tous leurs possibles et passent même parfois la mesure.
On sait que les sessions sont chaotiques avec Ringo qui quitte, revient, requitte, re-revient dans le groupe au gré de ses états d'âmes et décroche quand même deux chansons à lui, avec la présence de Yoko Ono, première petite amie à s'incruster dans les sessions du groupe ce qui ne va pas sans heurts, parce que chacune des deux têtes pensantes semble faire son petit album de son côté alors que cool Georgie ronge son frein et continue de se battre pour imposer quelques chansons... Bref, les Beatles, groupe qui ne fait plus de scène n'est presque plus un groupe du tout.
Dans de telles conditions, la catastrophe devrait être au rendez-vous, mais le groupe est si bouillonnant de créativité, de compétition aussi entre Lennon et McCartney qui semblent se tirer la bourre, que les deux fois quarante-cinq minutes sont un quasi sans faute. Et on en vient au dépassements de la mesure et donc, en premier lieu, à Ob-La-Di, Ob-La-Da, pop song supportable à (très) petites doses, horripilante sinon. Et puis il y a le cas Revolution 9, plus longue "chanson" des Beatles, en fait collage bruitiste et nonsensique dont on se serait volontiers passé. Il y a aussi quelques pistes accessoires, d'un Honey Pie seulement rigolo, d'un Bungalow Bill à l'énervant refrain, d'un Why Don't We Do It in the Road qui ressemble plus à une chute de studio qu'à autre chose, à un Long Long Long d'Harrison pas franchement affolant. Ca nous fait donc 6 chansons accessoires... En restent 24, toutes différentes, toutes d'une si franche qualité que les petites défaillances précitées ne sont qu'un détail de l'histoire.
Et quelle histoire, et que de merveilles ! Certes ces sessions furent longues (de mai à octobre 1968, entre le légendaire Abbey Road et le Trident qui le suit de près) et inclurent moult intervenants (desquels Eric Clapton, sur While My Guitar Gently Weeps, est le plus fameux), conséquence de l'éclatement du groupe en quasiment quatre unités séparées, mais le résultat est là, preuve implacable que la formule magique développée depuis Rubber Soul n'a pas été perdue dans l'ambiance fraiche qui règne alors. Vous voulez du rock qui rentre dedans ? Back in the U.S.S.R., Birthday, Yer Blues, et évidemment Helter Skelter sont là pour ça. De douces mélopées acoustiques ? Blackbird, I Will, Julia et Mother's Nature Son vous raviront. De la pop (rock) "qui cherche et trouve" sans jamais perdre de son incroyable efficacité mélodique ? Dear Prudence, Glass Onion, Happiness Is a Warm Gun, Sexy Sadie et Savoy Truffle c'est pas fait pour les chiens. De la pop baroque ? Martha My Dear et Piggies cochent la case. Ou simplement de bonnes chansons ? While My Guitar Gently Weeps, le crincrin brinquebalant Don't Pass Me By (première composition de Starr chez les Fab Four), Revolution 1 ou Goodnight font excellemment l'affaire.
Comme la mise en son et une bonne partie des arrangements (conjointement avec chaque auteur, capitaine de sa propre petite chaloupe tractée par le paquebot liverpuldien) est encore une fois confiée à l'irremplaçable George Martin (alias le 5ème Beatle), l'affaire garde une étonnante cohérence ne souffrant ni de son éclatement stylistique, ni des conditions de son enregistrement, et sonne merveilleusement, particulièrement en sa réédition mono sur la récente Mono Box.
The Beatles, le Double Blanc, the White Album, qu'importe le nom qu'on choisisse de lui coller, est, à raison, une galette monumentale. Le premier double album studio de rock aussi, et le premier à être enregistré en 8 pistes (une révolution pour l'époque)... Une œuvre essentielle.
C'est moins sûr à l'écoute de ce double album fourre-tout où ils explorent, individuellement comme collectivement, tous leurs possibles et passent même parfois la mesure.
On sait que les sessions sont chaotiques avec Ringo qui quitte, revient, requitte, re-revient dans le groupe au gré de ses états d'âmes et décroche quand même deux chansons à lui, avec la présence de Yoko Ono, première petite amie à s'incruster dans les sessions du groupe ce qui ne va pas sans heurts, parce que chacune des deux têtes pensantes semble faire son petit album de son côté alors que cool Georgie ronge son frein et continue de se battre pour imposer quelques chansons... Bref, les Beatles, groupe qui ne fait plus de scène n'est presque plus un groupe du tout.
Dans de telles conditions, la catastrophe devrait être au rendez-vous, mais le groupe est si bouillonnant de créativité, de compétition aussi entre Lennon et McCartney qui semblent se tirer la bourre, que les deux fois quarante-cinq minutes sont un quasi sans faute. Et on en vient au dépassements de la mesure et donc, en premier lieu, à Ob-La-Di, Ob-La-Da, pop song supportable à (très) petites doses, horripilante sinon. Et puis il y a le cas Revolution 9, plus longue "chanson" des Beatles, en fait collage bruitiste et nonsensique dont on se serait volontiers passé. Il y a aussi quelques pistes accessoires, d'un Honey Pie seulement rigolo, d'un Bungalow Bill à l'énervant refrain, d'un Why Don't We Do It in the Road qui ressemble plus à une chute de studio qu'à autre chose, à un Long Long Long d'Harrison pas franchement affolant. Ca nous fait donc 6 chansons accessoires... En restent 24, toutes différentes, toutes d'une si franche qualité que les petites défaillances précitées ne sont qu'un détail de l'histoire.
Et quelle histoire, et que de merveilles ! Certes ces sessions furent longues (de mai à octobre 1968, entre le légendaire Abbey Road et le Trident qui le suit de près) et inclurent moult intervenants (desquels Eric Clapton, sur While My Guitar Gently Weeps, est le plus fameux), conséquence de l'éclatement du groupe en quasiment quatre unités séparées, mais le résultat est là, preuve implacable que la formule magique développée depuis Rubber Soul n'a pas été perdue dans l'ambiance fraiche qui règne alors. Vous voulez du rock qui rentre dedans ? Back in the U.S.S.R., Birthday, Yer Blues, et évidemment Helter Skelter sont là pour ça. De douces mélopées acoustiques ? Blackbird, I Will, Julia et Mother's Nature Son vous raviront. De la pop (rock) "qui cherche et trouve" sans jamais perdre de son incroyable efficacité mélodique ? Dear Prudence, Glass Onion, Happiness Is a Warm Gun, Sexy Sadie et Savoy Truffle c'est pas fait pour les chiens. De la pop baroque ? Martha My Dear et Piggies cochent la case. Ou simplement de bonnes chansons ? While My Guitar Gently Weeps, le crincrin brinquebalant Don't Pass Me By (première composition de Starr chez les Fab Four), Revolution 1 ou Goodnight font excellemment l'affaire.
Comme la mise en son et une bonne partie des arrangements (conjointement avec chaque auteur, capitaine de sa propre petite chaloupe tractée par le paquebot liverpuldien) est encore une fois confiée à l'irremplaçable George Martin (alias le 5ème Beatle), l'affaire garde une étonnante cohérence ne souffrant ni de son éclatement stylistique, ni des conditions de son enregistrement, et sonne merveilleusement, particulièrement en sa réédition mono sur la récente Mono Box.
The Beatles, le Double Blanc, the White Album, qu'importe le nom qu'on choisisse de lui coller, est, à raison, une galette monumentale. Le premier double album studio de rock aussi, et le premier à être enregistré en 8 pistes (une révolution pour l'époque)... Une œuvre essentielle.
CD 1
1. Back in the U.S.S.R. 2:43
2. Dear Prudence 3:56
3. Glass Onion 2:17
4. Ob-La-Di, Ob-La-Da 3:08
5. Wild Honey Pie 0:52
6. The Continuing Story of Bungalow Bill 3:14
7. While My Guitar Gently Weeps 4:45
8. Happiness Is a Warm Gun 2:43
9. Martha My Dear 2:28
10. I'm So Tired 2:03
11. Blackbird 2:18
12. Piggies 2:04
13. Rocky Raccoon 3:33
14. Don't Pass Me By 3:51
15. Why Don't We Do It in the Road? 1:41
16. I Will 1:46
17. Julia 2:54
CD 2
1. Birthday 2:42
2. Yer Blues 4:01
3. Mother Nature's Son 2:48
4. Everybody's Got Something to Hide Except Me and My Monkey 2:24
5. Sexy Sadie 3:15
6. Helter Skelter 4:29
7. Long, Long, Long 3:04
8. Revolution 1 4:15
9. Honey Pie 2:41
10. Savoy Truffle 2:54
11. Cry Baby Cry 3:02
12. Revolution 9 8:22
13. Good Night 3:13
The Beatles
John Lennon - lead, harmony and background vocals; acoustic, lead, bass and rhythm guitars; keyboards (electric and acoustic pianos, Hammond organ, harmonium and mellotron); extra drums and assorted percussion (tambourine, maracas, cymbals, thumping on the back of an acoustic guitar, handclaps and vocal percussion); harmonica, whistling and saxophone; tapes, tape loops and sound effects (electronic and home-made)
Paul McCartney - lead, harmony and background vocals; acoustic, lead, rhythm and bass guitars; keyboards (electric and acoustic pianos and Hammond organ); assorted percussion (timpani, tambourine, cowbell, hand shake bell, handclaps, foot taps and vocal percussion); drums (on "Back in the U.S.S.R.","Dear Prudence", "Wild Honey Pie", and "Martha My Dear"); recorder and flugelhorn; sound effects
George Harrison - lead, harmony and background vocals; acoustic, rhythm, bass and lead guitars; Hammond organ; extra drums and assorted percussion (tambourine, handclaps and vocal percussion) and sound effects
Ringo Starr - drums and assorted percussion (tambourine, bongos, cymbals, maracas and vocal percussion); electric piano and sleigh bell (on "Don't Pass Me By"), lead vocals (on "Don't Pass Me By" and "Good Night") and backing vocals ("The Continuing Story of Bungalow Bill")
Guest musicians
Eric Clapton - lead guitar on "While My Guitar Gently Weeps"
Mal Evans - backing vocals and handclaps on "Dear Prudence", handclaps on "Birthday", trumpet on "Helter Skelter""
Jack Fallon - violin on "Don't Pass Me By"
Grant Mansell - drums on "Martha My Dear"
Pattie Harrison - backing vocals on "Birthday"
Jackie Lomax - backing vocals and handclaps on "Dear Prudence"
Maureen Starkey - backing vocals on "The Continuing Story of Bungalow Bill"
Yoko Ono - backing vocals, brief lead vocals and handclaps on "The Continuing Story of Bungalow Bill", backing vocals on "Birthday", speech, tapes and sound effects on "Revolution 9"
Session musicians
Ted Barker - trombone on "Martha My Dear"
Leon Calvert - trumpet and flugelhorn on "Martha My Dear"
Henry Datyner, Eric Bowie, Norman Lederman, and Ronald Thomas - violin on "Glass Onion"
Bernard Miller, Dennis McConnell, Lou Soufier and Les Maddox - violin on "Martha My Dear"
Reginald Kilby - cello on "Glass Onion" and "Martha My Dear"
Eldon Fox - cello on "Glass Onion"
Frederick Alexander - cello on "Martha My Dear"
Harry Klein - saxophone on "Savoy Truffle" and "Honey Pie"
Dennis Walton, Ronald Chamberlain, Jim Chest, and Rex Morris - saxophone on "Honey Pie"
Raymond Newman and David Smith - clarinet on "Honey Pie"
Art Ellefson, Danny Moss, and Derek Collins - tenor sax on "Savoy Truffle"
Ronnie Ross and Bernard George - baritone sax on "Savoy Truffle"
Alf Reece - tuba on "Martha My Dear"
The Mike Sammes Singers - backing vocals on "Good Night"
Stanley Reynolds and Ronnie Hughes - trumpet on "Martha My Dear"
Tony Tunstall - French horn on "Martha My Dear"
John Underwood and Keith Cummings - viola on "Glass Onion"
Leo Birnbaum and Henry Myerscough - viola on "Martha My Dear"
THE BEATLES |
JaZZ PRoGReSS
Miles Davis "Bitches Brew (Deluxe Edition)" (1970)
ou "Magic Potion"
Pour Miles Davis, Bitches Brew est l'accomplissement d'une mue entamée deux petites années plus tôt avec Miles in the Sky, celle d'un homme qui, non content d'avoir déjà participé à l'accouchement du be-bop, d'être le principal géniteur du cool jazz et un de ceux du post-bop, ajoute une référence de plus à sa déjà impressionnante carte de visite avec l'invention d'un mix des possibles compatibles avec sa vision, le jazz rock ou jazz fusion. En gros vous avez affaire au jazzman du siècle en liberté, non plus entouré uniquement de musiciens servant son esthétique mais d'une équipe pluriethnique le poussant dans ses retranchements.
En l'occurrence, c'est du quasiment du même groupe que celui qui a commis le divinement réussi In a Silent Way (pas de côté proto-ambient dans la progression de Miles) que le trompettiste s'entoure puisqu'outre les retraits d'Herbie Hancock et de Tony Williams (le batteur remplacé, par Lenny White et Jack DeJohnette, le pianiste par Larry Young mais seulement sur deux pistes) et que quelques nouveaux noms ont été rajoutés à l'équipe (le clarinettiste Bennie Maupin, les percussionnistes Don Alias et Juma Santos, et même un second bassiste en la personne d'Harvey Brooks), c'est de la même ossature qu'il s'agit. Avec dont une équipe bien rodée, une farouche volonté de tout faire péter aussi, d'exposer son jazz à l'électricité d'un rock qui l'attire de plus en plus, Miles met tous les atouts de son côté et se lance dans les sessions les plus complexes de sa déjà longue carrière. Complexes déjà parce qu'en trois petites journées, du 19 au 21 août 1969, il fallut gérer ce furieux big band, réaliser les compositions qu'elles soient siennes (deux tiers) ou d'autres (le mastodonte Pharaoh's Dance de Zawinul et ses 20 minutes et le solaire Sanctuary de Shorter à seulement 11) dans un cadre où les bœufantes improvisations furent légion. Complexes parce qu'une fois les enregistrements captés, il fallut faire le montage, un collage de petits morceaux pris deci delà avec par exemple, fameux exemple !, un Pharoah's Dance comprenant 19 edits et même de pures montages de studio via des manipulations de bandes, un boulot énorme pour organiser de fous enregistrements en un tout le plus cohérent possible sans, évidemment, perdre la substantifique moelle, ce gracieux oubli de soi de musiciens en plein trip qui est une grande partie du sel de la galette. Le résultat ? Un double opus de bruit et de fureur, dangereusement beau, périlleusement exploratoire où ça joue, de dieu qu'est-ce que ça joue !, souvent de façon débridée, toujours avec âme et passion. Evidemment, il faut s'accrocher, se laisser emporter par ce trip (alors) hors du commun, suivre les instrumentistes dans leurs labyrinthiques déconstructions d'un jazz qui est toujours bel et bien présent mais dans une nouvelle forme où le chaos le conteste à l'harmonie, où l'auditeur est entraîne dans une sorte de grand-huit sonique dont on ne ressort jamais tout à fait indemne.
Bien-sûr, certains ne se priveront pas de faire remarquer qu'en ces finissantes 60s, en ces débutantes septantes, Miles n'était pas seul à explorer dans une direction qui faisait sens avec son époque, que Soft Machine, que Zappa ou Chicago, Blood Sweat & Tears et quelques autres, que même un Grateful Dead ou un Cream en était un peu là dans leur jammesques préoccupations scéniques, étaient même passés avant. Peut-être, mais Bitches Brew va tellement plus loin, est le premier du genre pas un grand du jazz aussi, qu'on lui accordera bien volontiers la primauté.
Album important, excellent opus aussi ne l'oublions pas, Bitches Brew a, 45 ans après sa sortie, pris les belles rides, l'inimitable patine d'un vrai grand classique que tout un chacun se doit de posséder, ce n'est pas plus compliqué que ça et ça fait, l'air de rien, de Miles Davis une figure encore plus imposante et qui n'a pas encore, bonheur !, fini de nous surprendre même s'il a indéniablement abattu la dernière carte majeure de son magistral jeu.
CD 1
1. Pharaoh's Dance 20:04
2. Bitches Brew 26:58
3. Spanish Key 17:31
4. John McLaughlin 4:22
CD 2
1. Miles Runs the Voodoo Down 14:01
2. Sanctuary 10:57
Bonus
3. Spanish Key (alternate take) 10:20
4. John McLaughlin (alternate take) 6:39
5. Miles Runs the Voodoo Down (single edit) 2:49
6. Spanish Key (single edit) 2:49
7. Great Expectations (single edit) 2:41
8. Little Blue Frog (single edit) 2:36
"Bitches Brew", "John McLaughlin", "Sanctuary"
Recorded Columbia Studio B, New York City August 19, 1969
Miles Davis – trumpet
Wayne Shorter – soprano saxophone
Bennie Maupin – bass clarinet
Joe Zawinul – electric piano – Left
Chick Corea – electric piano – Right
John McLaughlin – electric guitar
Dave Holland – bass
Harvey Brooks – electric bass
Lenny White – drum set – Left
Jack DeJohnette – drum set – Right
Don Alias – congas
Juma Santos – shaker, congas
"Miles Runs the Voodoo Down"
Recorded Columbia Studio B, New York City August 20, 1969
Miles Davis – trumpet
Wayne Shorter – soprano saxophone
Bennie Maupin – bass clarinet
Joe Zawinul – electric piano – Left
Chick Corea – electric piano – Right
John McLaughlin – electric guitar
Dave Holland – electric bass
Harvey Brooks – electric bass
Don Alias – drum set – Left
Jack DeJohnette – drum set – Right
Juma Santos – congas
"Spanish Key", "Pharaoh's Dance"
Recorded Columbia Studio B, New York City August 21, 1969
Miles Davis – trumpet
Wayne Shorter – soprano saxophone
Bennie Maupin – bass clarinet
Joe Zawinul – electric piano – Left
Larry Young – electric piano – Center
Chick Corea – electric piano – Right
John McLaughlin – electric guitar
Dave Holland – bass
Harvey Brooks – electric bass
Lenny White – drum set – Left
Jack DeJohnette – drum set – Right
Don Alias – congas
Juma Santos – shaker
MILES DAVIS |
DouBLe NoiR
Genesis "The Lamb Lies Down on Broadway (Definitive Remasters)" (1974)
ou "Operation: Lambcrime"
Aussi névrosé que The Wall, aussi ambitieux que Tales from Topographic Oceans ou Thick As a Brick, The Lamb Lies Down on Broadway est une œuvre essentielle. Et atypique en bien des points pour Genesis, et pas seulement parce qu'elle sera l'ultime contribution à plein temps d'un certain Peter Gabriel.
Et donc, c'est d'un concept album dont il s'agit, l'histoire schizophrène de Rael qui cherche John, qui pourrait bien être lui-même, dans les bas-fonds d'un New York imaginaire plus proche des délires "nus-festinés" d'un Burroughs que des cartes postales de Woody. Mais en vérité, à moins que vous ne soyez de ceux qui analysent ad nauseam l'œuvre, le concept n'a que peu d'importance outre qu'il influence la tonalité de ce qui restera l'opus le plus sombre du géant progressif, leur Double Noir.
Le plus noir ? C'est particulièrement évident sur certaines des plus belles pièces de ce tour de force. Sur le morceau titre d'ouverture et son pendant du second disque (The Light Dies Down on Broadway) où Gabriel délivre des performances écorchées vives qui magnifient des compositions par ailleurs fort inspirées. Sur In the Cage, évidemment, pièce épique également marquée par la performance à fleur de peau d'un chanteur poussant ses cordes vocales à la limite de la rupture. Sur un Back in NYC où on entend un Genesis oubliant l'art du compromis harmonique, nous rentrant frontalement dedans. Sur Carpet Crawlers, Anyway ou The Lamia où les douces mélodies ne sont qu'illusions, guet-apens cafardeux en plus de confirmer l'art consommé de Genesis à millimétrer ses savantes constructions sympho-progressives. Toutes d'excellentes compositions, ça va sans dire, où s'exprime avec classe un groupe de musiciens supérieurement doués.
Bien sûr, il y a quelques respirations, quelques salutaires bouffées d'oxygène dans l'étouffant tout. Un tout doux Cuckoo Cocoon où arpèges délicats et flûte gracile viennent nous caresser les tympans. Un presque pop Counting Out Time aux chœurs quasi-Bealtesiens et au solo de synthétiseur à la sonorité rigolote. Un The Chamber of 32 Doors, un des sommets de l'album ceci dit en passant, où Gabriel se fait presque soul sur une partition à la mélodie touchée par les dieux. Un Lilywhite Lilith où les chaeurs angéliques de Collins viennent merveilleusement contrebalancer la rudesse de Gabriel. Que des sommets, une fois encore, ça commence à faire une somme !
Le reste ne dépare pas vraiment, parce qu'il n'y a pas un moment de baisse d'inspiration sur tout l'album, même sur les quatre intermèdes instrumentaux : le mélodieux Hairless Heart, le possédé The Waiting Room où Steve Hackett, artisan principal de la chose, sort des sonorités d'un autre monde de son instrument, et les respectivement mystique et ambient Silent Sorrow in Empty Boats et Ravine servant la progression du concept, et la servant bien.
Oui, vraiment, The Lamb Lies Down on Broadway est une fête, celle d'un rock progressif qui sait tenir ses formats sans partir dans de longuettes épopées sans queues ni têtes. Preuve en sont quelques unes des plus courtes compositions (l'enchainement Fly on the Windshield, Broadway Melody of 74, par exemple, splendide exemple). Parce que si Genesis sait faire Supper's Ready, The Cinema Show, il sait aussi se faire concis sans ne rien perdre de sa faconde mélodique. Ce qui tient quasiment du miracle quand on sait les conditions chaotiques de la création de l'aeuvre (wikipédiez voir pour plus de détails).
Allez, pour minorer un peu cet idyllique tableau, on concèdera que l'album ne finit pas exactement sur ses meilleurs titres et que, sans être mauvaise pour autant, la doublette In the Rapids et it, ne clôt pas la performance sur le feu d'artifice final qu'on aurait pu attendre, mais le fait bien tout de même, parce que ces gens-là sont indéniablement très talentueux même quand ils sont un chouia moins inspirés.
Magnifiquement mis en son par le désormais coutumier John Burns, déjà auteur du mix du Genesis Live et producteur de l'immense Selling England by the pound, The Lamb Lies Down on Broadway reste, 40 ans après sa conception, joyeux anniversaire !, une pièce de référence, un grandissime double album concept justement porté au nues, titulaire "panthéonique" de son style, évidemment !, mais aussi de la musique rock en général et de la musique tout court. Indispensable, c'est le mot.
Et donc, c'est d'un concept album dont il s'agit, l'histoire schizophrène de Rael qui cherche John, qui pourrait bien être lui-même, dans les bas-fonds d'un New York imaginaire plus proche des délires "nus-festinés" d'un Burroughs que des cartes postales de Woody. Mais en vérité, à moins que vous ne soyez de ceux qui analysent ad nauseam l'œuvre, le concept n'a que peu d'importance outre qu'il influence la tonalité de ce qui restera l'opus le plus sombre du géant progressif, leur Double Noir.
Le plus noir ? C'est particulièrement évident sur certaines des plus belles pièces de ce tour de force. Sur le morceau titre d'ouverture et son pendant du second disque (The Light Dies Down on Broadway) où Gabriel délivre des performances écorchées vives qui magnifient des compositions par ailleurs fort inspirées. Sur In the Cage, évidemment, pièce épique également marquée par la performance à fleur de peau d'un chanteur poussant ses cordes vocales à la limite de la rupture. Sur un Back in NYC où on entend un Genesis oubliant l'art du compromis harmonique, nous rentrant frontalement dedans. Sur Carpet Crawlers, Anyway ou The Lamia où les douces mélodies ne sont qu'illusions, guet-apens cafardeux en plus de confirmer l'art consommé de Genesis à millimétrer ses savantes constructions sympho-progressives. Toutes d'excellentes compositions, ça va sans dire, où s'exprime avec classe un groupe de musiciens supérieurement doués.
Bien sûr, il y a quelques respirations, quelques salutaires bouffées d'oxygène dans l'étouffant tout. Un tout doux Cuckoo Cocoon où arpèges délicats et flûte gracile viennent nous caresser les tympans. Un presque pop Counting Out Time aux chœurs quasi-Bealtesiens et au solo de synthétiseur à la sonorité rigolote. Un The Chamber of 32 Doors, un des sommets de l'album ceci dit en passant, où Gabriel se fait presque soul sur une partition à la mélodie touchée par les dieux. Un Lilywhite Lilith où les chaeurs angéliques de Collins viennent merveilleusement contrebalancer la rudesse de Gabriel. Que des sommets, une fois encore, ça commence à faire une somme !
Le reste ne dépare pas vraiment, parce qu'il n'y a pas un moment de baisse d'inspiration sur tout l'album, même sur les quatre intermèdes instrumentaux : le mélodieux Hairless Heart, le possédé The Waiting Room où Steve Hackett, artisan principal de la chose, sort des sonorités d'un autre monde de son instrument, et les respectivement mystique et ambient Silent Sorrow in Empty Boats et Ravine servant la progression du concept, et la servant bien.
Oui, vraiment, The Lamb Lies Down on Broadway est une fête, celle d'un rock progressif qui sait tenir ses formats sans partir dans de longuettes épopées sans queues ni têtes. Preuve en sont quelques unes des plus courtes compositions (l'enchainement Fly on the Windshield, Broadway Melody of 74, par exemple, splendide exemple). Parce que si Genesis sait faire Supper's Ready, The Cinema Show, il sait aussi se faire concis sans ne rien perdre de sa faconde mélodique. Ce qui tient quasiment du miracle quand on sait les conditions chaotiques de la création de l'aeuvre (wikipédiez voir pour plus de détails).
Allez, pour minorer un peu cet idyllique tableau, on concèdera que l'album ne finit pas exactement sur ses meilleurs titres et que, sans être mauvaise pour autant, la doublette In the Rapids et it, ne clôt pas la performance sur le feu d'artifice final qu'on aurait pu attendre, mais le fait bien tout de même, parce que ces gens-là sont indéniablement très talentueux même quand ils sont un chouia moins inspirés.
Magnifiquement mis en son par le désormais coutumier John Burns, déjà auteur du mix du Genesis Live et producteur de l'immense Selling England by the pound, The Lamb Lies Down on Broadway reste, 40 ans après sa conception, joyeux anniversaire !, une pièce de référence, un grandissime double album concept justement porté au nues, titulaire "panthéonique" de son style, évidemment !, mais aussi de la musique rock en général et de la musique tout court. Indispensable, c'est le mot.
CD 1
1. The Lamb Lies Down on Broadway 4:52
2. Fly on a Windshield 2:47
3. Broadway Melody of 1974 1:58
4. Cuckoo Cocoon 2:14
5. In the Cage 8:15
6. The Grand Parade of Lifeless Packaging 2:45
7. Back in N.Y.C. 5:49
8. Hairless Heart 2:25
9. Counting Out Time 3:45
10. The Carpet Crawlers 5:16
11. The Chamber of 32 Doors 5:40
CD 2
1. Lilywhite Lilith 2:40
2. The Waiting Room 5:28
3. Anyway 3:18
4. Here Comes the Supernatural Anaesthetist 2:50
5. The Lamia 6:57
6. Silent Sorrow in Empty Boats 3:06
1. The Colony of Slippermen 8:14
a. The Arrival
b. A Visit to the Doktor
c. The Raven
2. Ravine 2:05
3. The Light Dies Down on Broadway 3:32
4. Riding the Scree 3:56
5. In the Rapids 2:24
6. it. 4:58
Tony Banks - Hammond T-102 organ, RMI 368x Electra piano, Mellotron M400, Elka Rhapsody synthesizer, ARP 2600 & Pro Soloist synthesizers, acoustic piano
Phil Collins - drums, percussion, vibraphone, backing vocals
Peter Gabriel - lead vocals, flute, oboe, tambourine, experiments with foreign sounds
Steve Hackett - electric guitar, classical acoustic guitar
Mike Rutherford - bass guitar, twelve-string guitar, bass pedals, fuzz bass
&
Brian Eno - enossification (treatments)
GENESIS |
PuNK iS DeaD
The Clash "London Calling (Remastered)" (1979)
ou "Entrez dans la Légende"
Que se passe-t-il lors que quatre punk originels décident d'élargir notablement le spectre de leur art sonique ? Ben, London Calling des Clash bien-sûr, un album justement entré dans la légende.
Or donc, The Clash, après deux brillantissimes albums de punk avéré, des plus séminaux que le genre connut ce qui n'est pas peu dire, se lancent dans l'ouverture (et pas seulement vers le reggae seconde mamelle naturelle du punk british) avec tout l'enthousiasme de leur juvénile énergie et tout le savoir-faire de musiciens déjà roués, et, tudiou !, le font-ils bien !
Dans les faits, comme le coup d'avant où ils avaient recruté le plus que producteur de Blue Öyster Cult, Sandy Pearlman, les londoniens surprennent en engageant Guy Stevens plus connu pour ses divers travaux, de metteur en son à manager, pour Procol Harum, Mott the Hoople, Free ou Spooky Tooth. Surprennent , vraiment ? Pas tant que ça si on se rappelle l'implication de Stevens dans une démo de début de carrière dès 1976. Pour conclure sur le sujet technique et Stevens en particulier, on mentionnera les louanges qui lui furent tressés par le quatuor qui ira jusqu'à dire que, sans Guy, l'album n'aurait pas été aussi populaire, ou réussi.
Musicalement, c'est un Clash en pleine cure de découverte de genres nord-américains anciens, nommément rockabilly, jazz et rhythm'n'blues qui met en pratique ses nouvelles marottes tout en continuant à développer son punk rock vers un classic rock qui lui va bien au teint en n'oubliant évidemment pas le reggae et le ska qui sont déjà dans les acquis de son répertoire. Le tout, dont toujours l'essentielle verve sociale et politique d'un Strummer ici magistralement confirmée par un talent de plume encore accru (c'est en forgeant, etc.), est un kaléidoscope sans faux-pas d'influences aussi évidentes que bien digérées et magnifiquement recrachées par un groupe qui, certes, a largement tempéré ses passés emportements électriques mais fait cependant toujours montre d'une énergie et d'un allant tout à fait communicatifs dans le détail duquel on ne rentrera pas pour laisser à ceux qui n'y aurait pas encore gouté le bénéfice de la divine surprise les autres sachant évidemment de quel festin il s'agit.
Double album à raison légendaire, chef d'œuvre ultime d'un punk rock en pleine évolution qui ne tardera pas à manquer de carburant ou à muer radicalement (chez Clash comme chez la plupart de leurs contemporains), London Calling est ce qu'il est convenu d'appeler un immanquable, un album que tout un chacun se doit de posséder quelque soit "la chapelle à laquelle il prie" tout simplement parce que, excellent de bout en bout, il constitue un haut-fait indéniable de la musique du XXème siècle.
Dans les faits, comme le coup d'avant où ils avaient recruté le plus que producteur de Blue Öyster Cult, Sandy Pearlman, les londoniens surprennent en engageant Guy Stevens plus connu pour ses divers travaux, de metteur en son à manager, pour Procol Harum, Mott the Hoople, Free ou Spooky Tooth. Surprennent , vraiment ? Pas tant que ça si on se rappelle l'implication de Stevens dans une démo de début de carrière dès 1976. Pour conclure sur le sujet technique et Stevens en particulier, on mentionnera les louanges qui lui furent tressés par le quatuor qui ira jusqu'à dire que, sans Guy, l'album n'aurait pas été aussi populaire, ou réussi.
Musicalement, c'est un Clash en pleine cure de découverte de genres nord-américains anciens, nommément rockabilly, jazz et rhythm'n'blues qui met en pratique ses nouvelles marottes tout en continuant à développer son punk rock vers un classic rock qui lui va bien au teint en n'oubliant évidemment pas le reggae et le ska qui sont déjà dans les acquis de son répertoire. Le tout, dont toujours l'essentielle verve sociale et politique d'un Strummer ici magistralement confirmée par un talent de plume encore accru (c'est en forgeant, etc.), est un kaléidoscope sans faux-pas d'influences aussi évidentes que bien digérées et magnifiquement recrachées par un groupe qui, certes, a largement tempéré ses passés emportements électriques mais fait cependant toujours montre d'une énergie et d'un allant tout à fait communicatifs dans le détail duquel on ne rentrera pas pour laisser à ceux qui n'y aurait pas encore gouté le bénéfice de la divine surprise les autres sachant évidemment de quel festin il s'agit.
Double album à raison légendaire, chef d'œuvre ultime d'un punk rock en pleine évolution qui ne tardera pas à manquer de carburant ou à muer radicalement (chez Clash comme chez la plupart de leurs contemporains), London Calling est ce qu'il est convenu d'appeler un immanquable, un album que tout un chacun se doit de posséder quelque soit "la chapelle à laquelle il prie" tout simplement parce que, excellent de bout en bout, il constitue un haut-fait indéniable de la musique du XXème siècle.
1. London Calling 3:19
2. Brand New Cadillac 2:09
3. Jimmy Jazz 3:52
4. Hateful 2:45
5. Rudie Can't Fail 3:26
6. Spanish Bombs 3:19
7. The Right Profile 3:56
8. Lost in the Supermarket 3:47
9. Clampdown 3:49
10. The Guns of Brixton 3:07
11. Wrong 'Em Boyo 3:10
12. Death or Glory 3:55
13. Koka Kola 1:46
14. The Card Cheat 3:51
15. Lover's Rock 4:01
16. Four Horsemen 2:56
17. I'm Not Down 3:00
18. Revolution Rock 5:37
19. Train in Vain 3:09
Joe Strummer – lead vocals, backing vocals, rhythm guitar, piano
Mick Jones – lead guitar, piano, harmonica, lead and backing vocals
Paul Simonon – bass guitar, backing vocals, lead vocals on "The Guns of Brixton"
Topper Headon – drums, percussion
&
Mickey Gallagher – organ
The Irish Horns – brass
THE CLASH |
ReLaX!
Frankie Goes to Hollywood "Welcome to the Pleasuredome (Deluxe Edition)" (1983)
ou "SynthOpera"
C'est à Erwin de Forces Parallèles que j'emprunte son excellente chronique d'un album à la fois de son temps, prospectif et nostalgique, le Welcome to the Pleasuredome de Frankie Goes to Hollywood, plus qu'un simple album de synth pop/dance pop :
"Nous voici face au plus bel ovni très identifié de la nouvelle vague. Incontournable, avant-gardiste, visionnaire, la sensation anglaise de l’année 1984 débarque comme il se doit de la ville des scarabées, des docks de Liverpool, cité de musique s’il en est. Quelques années de galère dans le tour club de la ville et le groupe se stabilise autour d’un line up forgé par la voix aisément identifiable de Holly Johnson. Bien entendu, la filiation homosexuelle notoire –Johnson et Rutherford sont gays - est un des éléments clés de leur succès… Non pas que tout le monde soit devenu gay du jour au lendemain, mais nous sommes en pleine éclosion des phénomènes de reconnaissance de cette frange de la population jusqu’alors mise au ban de la société, Rock Hudson vient de décéder du Sida –Holly est aujourd’hui porteur du VIH- , Freddy Mercury assume son rôle avec conviction, l’heure est au combat. Quoi de mieux que cet album à la bizzaroïde peinture Picassienne et une série de hits incomparables pour symboliser cette révolution. L’histoire est en marche !
Car « Relax » déboule en cette fin d’année 1983 avec une vidéo résolument agressive articulée autour du monde gay et de ses excès. La première écoute de ce titre historique surprend toujours. Les interdictions fleurissent de partout –MTV !- mais n’empêchent nullement le titre de truster toutes les premières places des billboards, comme il se doit. Apocalyptique, une tranche d’agressivité que l’on n’aurait pas crû possible en jouant de la New Wave. Le single de cette année 84, assurément.
« Two tribes » prend alors le relais, avec la même débauche de basse surpuissante et ce penchant avéré pour l’agression dans la voix de Holly, superbe performer et désormais figure emblématique des mouvements gay. Là encore la vidéo fait mouche et dépeint les leaders russes et américains en train de s’étriper sur un pseudo ring. Le résultat est à la hauteur et prouve que les mecs ne sont pas que des marionnettes de carnaval, qu’ils ont des trucs « sérieux » à dire. Pas de doute c’est du classique.
Et pour en remettre une couche, voila que nos Frankies sortent un troisième single à l’opposé de ces deux bombes. Il s’agit de l’universel slow « The power of love ». D’une douceur étonnante, la vidéo dépeint les scènes de la nativité avec une certaine justesse… On s’attendait à plus de subversion… Finalement ce sont des mecs bien en plus ? En tout cas cette chanson immortelle complète le triptyque des numéros 1 du Billlboard que FGTH sera le seul à atteindre dans les eighties avec cette régularité de métronome.
Et ce n’est pas tout, nous pouvons citer l’antiguerrière « War », sa basse slapée et son rythme étudié pour les dancefloors. L’autoproclamée « Welcome to the pleasure dome »… Le slow « Ferry » ou Holly fait montre d’une belle technique vocale. La jazzy samba « San jose »… Ca part dans tous les sens, et la reprise pêchue de SPRINGSTEEN « Born to run » passe comme une lettre à la poste, on y notera d’ailleurs le superbe solo de basse. Il y a même avec « The ballad of 32 » un instrumental Bowiesque.
Sur la seule force de ses trois singles ainsi que des deux autres classiques que sont « War » et « Welcome to the pleasure dome », l’opus ne peut que prétendre à la note maximale. Rajoutons que les musicos ne sont pas des manchots –écoutez la basse omniprésente de Mark O’Toole -, que Holly est un leader de choix, et même si la présence du choriste - ?- Paul Rutherford est inexplicable, le groupe a une gueule terrible. Et c’est ainsi que nous voila avec un des plus grands disques de l’histoire de la musique populaire.
Doit figurer dans toute discothèque qui se respecte."
"Nous voici face au plus bel ovni très identifié de la nouvelle vague. Incontournable, avant-gardiste, visionnaire, la sensation anglaise de l’année 1984 débarque comme il se doit de la ville des scarabées, des docks de Liverpool, cité de musique s’il en est. Quelques années de galère dans le tour club de la ville et le groupe se stabilise autour d’un line up forgé par la voix aisément identifiable de Holly Johnson. Bien entendu, la filiation homosexuelle notoire –Johnson et Rutherford sont gays - est un des éléments clés de leur succès… Non pas que tout le monde soit devenu gay du jour au lendemain, mais nous sommes en pleine éclosion des phénomènes de reconnaissance de cette frange de la population jusqu’alors mise au ban de la société, Rock Hudson vient de décéder du Sida –Holly est aujourd’hui porteur du VIH- , Freddy Mercury assume son rôle avec conviction, l’heure est au combat. Quoi de mieux que cet album à la bizzaroïde peinture Picassienne et une série de hits incomparables pour symboliser cette révolution. L’histoire est en marche !
Car « Relax » déboule en cette fin d’année 1983 avec une vidéo résolument agressive articulée autour du monde gay et de ses excès. La première écoute de ce titre historique surprend toujours. Les interdictions fleurissent de partout –MTV !- mais n’empêchent nullement le titre de truster toutes les premières places des billboards, comme il se doit. Apocalyptique, une tranche d’agressivité que l’on n’aurait pas crû possible en jouant de la New Wave. Le single de cette année 84, assurément.
« Two tribes » prend alors le relais, avec la même débauche de basse surpuissante et ce penchant avéré pour l’agression dans la voix de Holly, superbe performer et désormais figure emblématique des mouvements gay. Là encore la vidéo fait mouche et dépeint les leaders russes et américains en train de s’étriper sur un pseudo ring. Le résultat est à la hauteur et prouve que les mecs ne sont pas que des marionnettes de carnaval, qu’ils ont des trucs « sérieux » à dire. Pas de doute c’est du classique.
Et pour en remettre une couche, voila que nos Frankies sortent un troisième single à l’opposé de ces deux bombes. Il s’agit de l’universel slow « The power of love ». D’une douceur étonnante, la vidéo dépeint les scènes de la nativité avec une certaine justesse… On s’attendait à plus de subversion… Finalement ce sont des mecs bien en plus ? En tout cas cette chanson immortelle complète le triptyque des numéros 1 du Billlboard que FGTH sera le seul à atteindre dans les eighties avec cette régularité de métronome.
Et ce n’est pas tout, nous pouvons citer l’antiguerrière « War », sa basse slapée et son rythme étudié pour les dancefloors. L’autoproclamée « Welcome to the pleasure dome »… Le slow « Ferry » ou Holly fait montre d’une belle technique vocale. La jazzy samba « San jose »… Ca part dans tous les sens, et la reprise pêchue de SPRINGSTEEN « Born to run » passe comme une lettre à la poste, on y notera d’ailleurs le superbe solo de basse. Il y a même avec « The ballad of 32 » un instrumental Bowiesque.
Sur la seule force de ses trois singles ainsi que des deux autres classiques que sont « War » et « Welcome to the pleasure dome », l’opus ne peut que prétendre à la note maximale. Rajoutons que les musicos ne sont pas des manchots –écoutez la basse omniprésente de Mark O’Toole -, que Holly est un leader de choix, et même si la présence du choriste - ?- Paul Rutherford est inexplicable, le groupe a une gueule terrible. Et c’est ainsi que nous voila avec un des plus grands disques de l’histoire de la musique populaire.
Doit figurer dans toute discothèque qui se respecte."
Et avec les bonus de la présente édition Deluxe, c'est encore plus vrai. Foncez !
CD 1 - Album
1. The World is My Oyster (Including Well, Snatch of Fury) 1:58
2. Welcome To The Pleasuredome 13:40
3. Relax (Come Fighting) 3:56
4. War (...and Hide) 6:13
5. Two Tribes 3:28
6. for the victims of ravishment 0:35
7. Ferry (Go) 1:49
8. Born To Run 3:59
9. San Jose (The Way) 3:10
10. Wish (The Lads Were Here) 2:48
11. including the Ballad Of 32 4:49
12. Krisco Kisses 2:58
13. Black Night White Light 4:09
14. The Only Star in Heaven 4:16
15. The Power Of Love 5:31
16. bang 1:09
CD 2 - Bonus
1. Relax (Greatest Bits) 16:59
2. One September Monday 4:49
3. The Power of Love (12 inch version) 9:30
4. Disneyland 3:07
5. Two Tribes (Between Rulers And Ruling) 4:10
6. War (Between Hidden And Hiding) 4:00
7. Welcome To The Pleasuredome (Cut Rough) 5:40
8. One February Friday 5:00
9. The Ballad of 32 (Mix 2) 11:03
10. Who Then Devised the Torment? 0:16
11. Relax (Greek Disco Mix) 6:18
12. Watusi Love Juicy 4:03
13. The Last Voice 1:14
Holly Johnson: lead vocals
Paul Rutherford: backing vocals
Brian Nash: guitar
Mark O'Toole: bass
Peter Gill: drums
&
J. J. Jeczalik: keyboards, programming, software
Andrew Richards: keyboards
Luís Jardim: percussion
Anne Dudley: keyboards, string arrangement on "The Power of Love"
Stephen Lipson: guitar
Steve Howe: acoustic guitar on "Welcome to the Pleasuredome"
Trevor Rabin: guitar, keyboards
Trevor Horn: backing vocals, bass
FRANKIE GOES TO HOLLYWOOD |
SGT. CiTRuS
XTC "Oranges and Lemons" (1989)
ou "Perpect Pop"
Trois ans après le décisif Skylarking, deux après le second intermède psychédélique des Dukes of Stratosphear, XTC, toujours en trio, toujours concentré sur ses travaux studio depuis leur retraite scénique, revient avec un album qui, dès sa pochette, explicite la tendance pop multicolore prise par la meilleure descendance des Beatles, ce n'est pas rien.
Commençons par évacuer la critique principale qui fut faite à l'album, oui, contrairement à Skylarking, ce n'est pas une œuvre d'une folle cohésion artistique, plus une collection de chansons mais, quelles chansons ! Parce qu'en cette fin des années 80, XTC, Andy Partridge, leur principal compositeur, en tête, semble directement téter le sein d'Euterpe, celui là même auquel les quatre garçons dans le vent précités mais aussi leurs directs concurrents américains, vous savez, les Garçons de Plage, biberonnèrent à leurs plus belles heures, oui, carrément !
En chansons, ça donne 15 adorables vignettes pop multicolores convoquant le meilleur et le plus malin d'un genre qui, s'il a fini par se mordre la queue, se présente dans sa plus entière plénitude. Et des favorites parce qu'il faut bien : Garden of Earthly Delights un brin psychédélique et orientalisant, The Mayor of Simpleton, simple et addictif, King for a Day, qu'on chante longtemps sous la douche, dans la rue après l'avoir dégusté (merci Colin Moulding dont c'est une des trois créations), Here Comes President Kill Again dont on apprécie le petit gimmick cuivré et l'intelligence textuelle, The Loving, hymne à l'amour post-hippie, le All You Need Is Love des finissantes années 80, Scrarecrow People, une chanson bio, tiens donc, Pink Thing, chanson pénienne et onaniste de référence au délicieux petit solo jazzy, Chalkhills and Children à l'élégiaque splendeur en rêveuse conclusion... Mais ce ne sont que quelques exemples parce que, honnêtement, même en cherchant vraiment vraiment bien, on ne trouve pas ici la moindre faille, la moindre chanson qui, prise individuellement, n'atteigne pas son but et qui, dans un ensemble "perfect pop", n'apporte pas sa petite pierre respective à ce majestueux mur du son si finement composé, arrangé et produit.
Oranges and Lemons ? Un triomphe pour XTC et pour la pop music, indispensable, tout simplement.
Commençons par évacuer la critique principale qui fut faite à l'album, oui, contrairement à Skylarking, ce n'est pas une œuvre d'une folle cohésion artistique, plus une collection de chansons mais, quelles chansons ! Parce qu'en cette fin des années 80, XTC, Andy Partridge, leur principal compositeur, en tête, semble directement téter le sein d'Euterpe, celui là même auquel les quatre garçons dans le vent précités mais aussi leurs directs concurrents américains, vous savez, les Garçons de Plage, biberonnèrent à leurs plus belles heures, oui, carrément !
En chansons, ça donne 15 adorables vignettes pop multicolores convoquant le meilleur et le plus malin d'un genre qui, s'il a fini par se mordre la queue, se présente dans sa plus entière plénitude. Et des favorites parce qu'il faut bien : Garden of Earthly Delights un brin psychédélique et orientalisant, The Mayor of Simpleton, simple et addictif, King for a Day, qu'on chante longtemps sous la douche, dans la rue après l'avoir dégusté (merci Colin Moulding dont c'est une des trois créations), Here Comes President Kill Again dont on apprécie le petit gimmick cuivré et l'intelligence textuelle, The Loving, hymne à l'amour post-hippie, le All You Need Is Love des finissantes années 80, Scrarecrow People, une chanson bio, tiens donc, Pink Thing, chanson pénienne et onaniste de référence au délicieux petit solo jazzy, Chalkhills and Children à l'élégiaque splendeur en rêveuse conclusion... Mais ce ne sont que quelques exemples parce que, honnêtement, même en cherchant vraiment vraiment bien, on ne trouve pas ici la moindre faille, la moindre chanson qui, prise individuellement, n'atteigne pas son but et qui, dans un ensemble "perfect pop", n'apporte pas sa petite pierre respective à ce majestueux mur du son si finement composé, arrangé et produit.
Oranges and Lemons ? Un triomphe pour XTC et pour la pop music, indispensable, tout simplement.
1. Garden of Earthly Delights 5:02
2. The Mayor of Simpleton 3:58
3. King for a Day 3:35
4. Here Comes President Kill Again 3:33
5. The Loving 4:11
6. Poor Skeleton Steps Out 3:27
7. One of the Millions 4:42
8. Scarecrow People 4:12
9. Merely a Man 3:26
10. Cynical Days 3:17
11. Across This Antheap 4:49
12. Hold Me My Daddy 3:47
13. Pink Thing 3:48
14. Miniature Sun 3:49
15. Chalkhills and Children 4:59
Colin Moulding - vocals, bass
Andy Partridge - guitar, vocals
Dave Gregory - guitars, vocals, keyboards
&
Pat Mastelotto - drums
Mark Isham - horns
Paul Fox - keyboards
Franne Golde - backing vocals
XTC |
CiTRouiLLe MaGiQue
The Smashing Pumpkins 'Mellon Collie and the Infinite Sadness" (1995)
ou "Les Grandes Ambitions"
Pour succéder à l'album qui les avait vu s'imposer comme un nom qui compte de la scène rock indépendante étatsunienne, Siamese Dream, Billy Corgan et ses Citrouilles Ecrasées n'ont pas fait les choses à moitié. Un double album, plus de deux heures, 28 chansons, c'est le programme de Mellon Collie and the Infinite Sadness, leur seulement troisième opus, diable !
Alors, évidemment, on peut douter de la viabilité de l'exercice, craindre un remplissage excessif comme c'est souvent le cas des album fleuves (voir le Use Your Illusion de Guns N' Roses pour l'exemple), envisager telle création comme un réel indice d'une "prise de melon" d'un groupe en pleine ascension populaire. Que nenni ! Bon, on ira pas dire que tout est d'une égale et essentielle qualité simplement parce que si rien n'y déçoit, certains morceaux sont un peu plus réussis que d'autres. Pour l'exemple, on citera l'extraordinaire Tonight Tonight (encore meilleur avec l'intro orchestrale qui donne son titre à l'album), d'agressives saillies rondement menées (Jellybelly et Zero, pour ne citer qu'elles), de la pop de chambre de qualité supérieure (Cupid de Locke), de l'acoustique intime et émouvant (Stumbleine), du qui flirte avec le hard et le prog des 70s (1979) mais le fait tellement bien que même les détracteurs du genre auront du mal à nier la réussite, du colérique et gracieux à la fois (Bullet with Butterfly Wings) et même des explorations vers des rivages synthétiques et éthérés encore inexplorés par le quatuor (We Only Come Out at Night).
Forcément, avec un album si long, et si diversifié aussi, parce que les Smashing Pumpkins y touchent à tout du grunge à la folk en passant par la pop, le punk et même le heavy metal, l'écoute peut prendre des allures de marathon et que certains auditeurs risquent de se heurter au fameux mur (si tu cours, tu sais, sinon, mais google donc !) et de ne donc pas pouvoir continuer plus loin, ces pauvres bougres ne sauront probablement jamais ce qu'ils ont manqué quand ceux qui réussirent à dépasser quelques instants moins en accord avec leurs goûts se rendront compte qu'il y ici du bon jusqu'au bout.
Indéniablement un des albums les plus marquants des années 90, Mellon Collie and the Infinite Sadness a, qui plus est, merveilleusement bien vieilli. Il n'en faut pas plus pour chaudement recommander l'absolu sommet de la discographie de ces séminales Citrouilles, un album d'une richesse dépassant l'entendement.
Alors, évidemment, on peut douter de la viabilité de l'exercice, craindre un remplissage excessif comme c'est souvent le cas des album fleuves (voir le Use Your Illusion de Guns N' Roses pour l'exemple), envisager telle création comme un réel indice d'une "prise de melon" d'un groupe en pleine ascension populaire. Que nenni ! Bon, on ira pas dire que tout est d'une égale et essentielle qualité simplement parce que si rien n'y déçoit, certains morceaux sont un peu plus réussis que d'autres. Pour l'exemple, on citera l'extraordinaire Tonight Tonight (encore meilleur avec l'intro orchestrale qui donne son titre à l'album), d'agressives saillies rondement menées (Jellybelly et Zero, pour ne citer qu'elles), de la pop de chambre de qualité supérieure (Cupid de Locke), de l'acoustique intime et émouvant (Stumbleine), du qui flirte avec le hard et le prog des 70s (1979) mais le fait tellement bien que même les détracteurs du genre auront du mal à nier la réussite, du colérique et gracieux à la fois (Bullet with Butterfly Wings) et même des explorations vers des rivages synthétiques et éthérés encore inexplorés par le quatuor (We Only Come Out at Night).
Forcément, avec un album si long, et si diversifié aussi, parce que les Smashing Pumpkins y touchent à tout du grunge à la folk en passant par la pop, le punk et même le heavy metal, l'écoute peut prendre des allures de marathon et que certains auditeurs risquent de se heurter au fameux mur (si tu cours, tu sais, sinon, mais google donc !) et de ne donc pas pouvoir continuer plus loin, ces pauvres bougres ne sauront probablement jamais ce qu'ils ont manqué quand ceux qui réussirent à dépasser quelques instants moins en accord avec leurs goûts se rendront compte qu'il y ici du bon jusqu'au bout.
Indéniablement un des albums les plus marquants des années 90, Mellon Collie and the Infinite Sadness a, qui plus est, merveilleusement bien vieilli. Il n'en faut pas plus pour chaudement recommander l'absolu sommet de la discographie de ces séminales Citrouilles, un album d'une richesse dépassant l'entendement.
CD 1
1. Mellon Collie and the Infinite Sadness 2:52
2. Tonight, Tonight 4:14
3. Jellybelly 3:01
4. Zero 2:41
5. Here Is No Why 3:45
6. Bullet with Butterfly Wings 4:18
7. To Forgive 4:17
8. Fuck You (An Ode to No One) 4:51
9. Love 4:21
10. Cupid de Locke 2:50
11. Galapogos 4:47
12. Muzzle 3:44
13. Porcelina of the Vast Oceans 9:21
14. Take Me Down 2:52
CD 2
1. Where Boys Fear to Tread 4:22
2. Bodies 4:12
3. Thirty-Three 4:10
4. In the Arms of Sleep 4:12
5. 1979 4:25
6. Tales of a Scorched Earth 3:46
7. Thru the Eyes of Ruby 7:38
8. Stumbleine 2:54
9. X.Y.U. 7:07
10. We Only Come Out at Night 4:05
11. Beautiful 4:18
12. Lily (My One and Only) 3:31
13. By Starlight 4:48
14. Farewell and Goodnight 4:22
Jimmy Chamberlin – drums, vocals on "Farewell and Goodnight"
Billy Corgan – lead vocals, lead guitar, piano, mellotron, production, mixing, string arrangement on "Tonight, Tonight", art direction and design
James Iha – rhythm guitar; backing vocals, mixing, and additional production on "Take Me Down" and "Farewell and Goodnight"
D'arcy Wretzky – bass guitar, vocals on "Beautiful" and "Farewell and Goodnight"
&
Chicago Symphony Orchestra – orchestra in "Tonight, Tonight"
Greg Leisz – pedal and lap steel guitar on "Take Me Down"
THE SMASHING PUMPKINS |
CRoSSiNG oVeR
Nine Inch Nails "The Fragile" (1999)
ou "Trent à Table"
10 ans après les faits, Geoffroy de chez albumrock.net revient en détail sur le magnum opus de Trent Reznor, de double album de la confirmation pour son Nine Inch Nails 5 ans après le déjà très réussi Downward Spiral. Bref, la parole au chroniqueur :
"La sortie de The Downward Spiral fut beaucoup plus que le simple succès d‘un groupe de rock. Jamais personne n’avait réussi à créer avec un concept album une ambiance glauque si prenante et une atmosphère aussi étouffante que jouissive, amenant l’auditeur à s’identifier à la personnification de l’autodestruction et s‘y complaire sous une tension nerveuse permanente. Une phrase qui résume parfaitement le sentiment qui ressort de l’écoute de cet album est celle d’un journaliste dans une critique pour je ne sais plus quel magazine: "The Downward Spiral vous donnera inlassablement l’envie de vous frapper la tête contre un mur, ne serait-ce que pour encore plus apprécier le moment où vous arrêterez." Une blessure sale et poisseuse aussi physique que morale qui ancrera sa violence et son mal être dans les esprits occidentaux, lui conférant un succès colossal et un revers de la médaille à la hauteur de ce dernier. Durant les années suivantes, la pression est terrible. L’image noire de Nine Inch Nails colle à la peau de son créateur qui subit à la fois les critiques gratuites de ses détracteurs, les incompréhensions des médias vis-à-vis de son oeuvre et une adulation bien trop portée sur le fanatisme le transformant peu à peu en ce personnage fictif dessiné par la presse. Mêlée à un Self Destruct Tour éreintant à force d’excès, cette pression pousse Reznor dans ses retranchements et l’enferme dans un cycle de dépression chronique d’où ne ressortent au fil des années que quelques productions intéressantes mais décousues : remixes, bandes originales, vidéos, collaborations et singles.
Puis en mars 1998, le dénommé Prince de l’Indus s’enferme dans les tréfonds de son nouveau studio Nothing en Nouvelle Orléans, laissant à la presse le soin de spéculer sur sa future production et s’amuser sur sa figure de camé torturé en panne d’inspiration. Car si ces descriptions ont pu s’avérer vraies un certain temps, c’est un Trent Reznor hyper créatif qui se cache dans son studio avec Alan Moulder, vivant seulement pour le disque qu’il est en train de construire et qui se devra de rivaliser avec The Downward Spiral. Le dictateur fait appel à de nombreux musiciens et invités durant les différentes phases de composition comme Adrian Belew et Mike Garson ayant travaillé avec son mentor David Bowie, mais aussi le guitariste et chanteur de Helmet, Page Hammilton et les producteurs Bob Ezrin et Steve Albini. Reznor laisse une grande marge de manœuvre à ses interprètes et de ces sessions d’enregistrement sortiront cent dix sept morceaux prêts à être disséqués, taillés en pièces et répartis sur deux galettes, Left et Right. Le double album The Fragile sort dans les bacs le 21 septembre 1999.
Les quatre notes acoustiques de "Somewhat Damaged" ont de quoi dérouter. Mais quand une batterie ravageuse vient plomber cette montée en demi tons, l’oreille se tend, stimulée par la richesse progressive du premier titre de l’album. Au dessus des textures sonores se pose une voix désabusée et ces paroles explicites: "Flew too high and burnt the wings, lost my faith in everything…" Explosion. La rage prend le pouvoir et même les quatre accords d’une guitare maintenant saturée ne peuvent couvrir les cris d’un Trent Reznor possédé qui hurle sa colère, puis la contient, avant d’exulter une nouvelle fois, crescendo tendu jusqu’à un calme loin d’être apaisé suivant cette terrible interrogation en point d‘orgue: "Where the fuck where you ?". Ce calme laisse place à un déluge de cordes bruitistes dessinant un brouillard épais qu’une mélodie criarde parvient à percer, ouvrant un passage sobre soutenu par une basse minimaliste et un fond sonore servant de décor aux phrases lancinantes de Trent Reznor. "The Day The World Went Away" possède une structure plus qu’étrange pour un single. Dénué de la moindre percussion et d’un refrain accrocheur, il s’amuse à perdre l’auditeur, endormant sa méfiance pour mieux le surprendre au retour des guitares sales et de l’émergence de ces chœurs enfantins scandant leurs "na na na nah" qui s‘étirent en longueur et se taisent brusquement.
Avec "The Frail", Nine Inch Nails fait entrer l’auditeur dans le labyrinthe que constitue The Fragile. Chaque accord de piano est joué comme s’il était le dernier, laissant la tension s’accumuler pour mieux s’habituer au ciel lourd et écrasant de "The Wretched". Les nuages volent bas, se retiennent de tout lâcher dans des couplets introspectifs et fébriles où des échos d’artistes souillés murmurent à travers la voix de Reznor la triste et absurde condition à laquelle il ne peut échapper. "Now you know, this is what it feels like" se met il à hurler dans un refrain tordu et orageux, se crachant lui-même au visage pour ne pas avoir compris plus tôt. Deuxième single dévoilé au public, "We’re In This Together" est une longue plage de sept minutes au rythme sec et aux cordes grinçantes. Reznor y est habité, dévoilant un lien éternel à une personne que nul ne connait. Il s‘abandonne, se retient puis explose dans un refrain lancé à fond par une guitare et une basse surpuissante qui retombe sur une lente partie de piano et un fondu sonore introduisant le titre éponyme. Morceau posé entrecoupé de poussée d’adrénalines, "The Fragile" est également dédié à une personne que l’on devine féminine à qui Reznor répète inlassablement un "I won’t let you fall apart" intense, contre-pied du "I will let you down" de "Hurt". Le titre est gratifié d’un solo hypnotique reprenant la suite d’accords de "The Frail", nouveau lieu commun du dédale dans lequel cherche à nous perdre le leader de Nine Inch Nails.
Car s’il n’est pas un concept album comme The Downward Spiral, The Fragile agit de la même manière, nous forçant à tendre l’oreille pour repérer le moindre détail récurrent de l’esprit de Trent Reznor. "Just Like You Imagined" entame la partie plus atmosphérique du premier disque dans une débauche instrumentale voyant Mike Garson et Adrian Belew faire preuve de tout leur talent, créant ainsi un tableau sonore apocalyptique montrant la variété du travail accompli en studio. "Even Deeper" se traine en rampant le long de ses presque six minutes d’expérimentations et "Pilgrimage" transforme The Fragile en bande sonore de péplum glauque avec ses cuivres et sa marche martiale. "No You Don’t" ramène Nine Inch Nails à ses premiers amours avec un brûlot sévère au groove métallique qui s’achève dans un cauchemar de violence et de saturation pour ensuite mieux se donner corps et âme à l’expression de sa sensibilité. Composée durant son ermitage au bord de l’océan, "La Mer" fait partie de ce que Trent Reznor a écrit de plus beau et pur, un sentiment autiste de sérénité où les instruments coulent et s’entremêlent sous les harmonies cristallines. Il se met à nu, se cherche dans l’intime, regarde les flots jusqu’à ce que la tristesse l’emporte, et "The Great Below" emporte tout, même les larmes. Douleur chantée puis hurlée à fleur de peau, il plonge et laisse aller son être et sa voix, se perdant peu à peu dans les profondeurs abyssales au son d’une mélodie en apesanteur et de cette phrase: "I can still feel you even so far away"…
… Porté par les courants au fil des sonorités étouffées de "The Way Out Is Through", Reznor émerge dans toute sa puissance, vivant, victorieux et incantateur, prêt à renouer avec ses démons pour un deuxième disque salvateur . Percussions, clarinette et violoncelle se mêlent à un beat électro flirtant avec le disco et la ligne de basse de "La Mer". Décidément, le leader de Nine Inch Nails se plaît à semer ses indices, à les déformer pour en ressortir une émotion transformée, les lignes de chant s’entremêlant sur le final de "Into The Void" pour ne plus faire qu’une voix, scandant un "Try to save myself but myself keeps slipping away" qui transpire l’acceptation. Trent Reznor se voit retomber dans son rôle de paria, laissant de côté les climats oppressants qui ont fait les joies de Left pour mieux se concentrer sur sa rage avec des morceaux rythmés et fédérateurs comme "Where Is Everybody ?" et son chant à la limite du hip-hop. Même les pistes ambiantes n’ont plus cette moiteur de désespoir, en est témoin "The Mark Has Been Made", plage instrumentale aux relents de souffre et aux reliefs secs dont seuls quelques mots s’échappent : "I’m getting closer".
Mais ce rapprocher de la complétude n’est pas encore l’atteindre. Reznor le montre, comparant son esprit à un trou béant qui ne peut se remplir et n’a de cesse d’implorer la plénitude, imposant son insatiable volonté en arrière plan d’un "Please" aux couplets renfermés et aux refrains extravertis et évolutifs, preuve d’un apaisement certain. Seuls exutoires, la colère et le rejet, et "Starfuckers Inc." remplit son rôle, voyant Trent Reznor cracher sa haine sur les pourris du showbiz sous les assauts de riffs assassins et de paroles acerbes, poussant l’ironie jusqu’à interpeller directement ses cibles dans une ultime provocation : "You’re so vain, I bet you think this song is about you, don’t you ? don’t you ? don’t you ?…". Du Nine Inch Nails pure souche, violent et intense, représentant la facette la plus accessible d’un album qui ne livre pas si facilement ses subtilités. "Complication" est à la hauteur du mouvement directeur, guitares noueuses et rythme débridé lancés à un tempo sévère, une thérapie sans concession. Seul regard jeté en arrière dans ce chemin de croix, l’hommage de Reznor à la femme qui l’a élevé. Signant l’un de ses textes les plus touchants, les mélodies de "I’m Looking Forward To Joining You, Finally" ne sont pourtant pas angoissées ou torturées mais semblent anesthésiées par tant de mélancolie, comme à l’écoute de ces derniers mots : "I’ve done all I can do, Could I please come with you ? Sweet smell of sunshine, I remember sometimes."
Accords dissonants et voix brisée. Difficile de maintenir l’équilibre, toujours tiré vers le bas par le trou béant et insatiable. Suite du jeu de piste avec "The Big Come Down" où Trent Reznor aborde les mêmes thèmes sans être redondant, alternant couplets tordus, douloureux ("The closer I get, the worst it becomes") et refrains pop et réalistes ("There is no place I can go, There is no place I can hide") avant d’être submergé. "Underneath It All" ou le contraste entre instrumentation rapide et voix lente et désabusée de laquelle ressort cette phrase récurrente: "All I do, I can still feel you". Reznor abandonne, se laisse envahir. Arrivé à la fin du processus de création, le monde se calme, la tension baisse, tout retournera au silence mais pas sans une ultime transition. Instrumental de six minutes aux guitares anorexiques et à l’harmonie décousue, "Ripe (With Decay)" clôt The Fragile sur une touche à la fois chaotique et apaisante qui se perd dans son propre dédale et s’offre un léger regain d’intensité dans ses derniers instants avant de finalement s’éteindre.
Conclusion ? The Fragile est-il vraiment une finalité en soi ? Etant donné les six ans qu’il a fallu à Trent Reznor pour accoucher d’un With Teeth plus ou moins bien accepté malgré ses qualités indéniables, la guérison a dû prendre du temps, et ce double album n’en était que le déclencheur, destiné à effacer la peur. Un disque qui lorgne vers le concept album sans se définir ainsi, étant tout simplement le reflet de la pensée dégradée de son créateur, flirtant entre des ambiances, des sentiments et des atmosphères variés pour tout autant de sonorités. Complaintes introspectives, débauches instrumentales et brûlots haineux et ravageurs qui s’assemblent dans une œuvre authentique et nerveuse, parfois abstraite, parfois incroyablement limpide, mais trop largement incomprise, comme toutes ces œuvres qui souffrent de la perfection de leur prédécesseur et ne peuvent toucher que ceux qui en apprécient chaque défaut.
Les titres les plus accrocheurs vous resteront d’abord en tête, éclipsant les autres, mais une voix sournoise vous incitera à y retourner, et plonger petit à petit dans les abysses de Trent Reznor pour finir totalement immergé dans un océan de sensibilité. Il n y a pas de place ici pour un titre de chef d’œuvre ou une comparaison stupide avec un quelconque album, seulement le bonheur de vivre l’intimité d’un de ces êtres qui ont atteint un degré d’expression hors du commun à travers le langage de la musique et arrivent à vous faire ressentir leurs tourments les plus profonds et leur recherche continue de la paix intérieure. La beauté de l’empathie, touchant à l‘orgasmique. L’imperfection distillée au compte goutte. Terriblement humain. "
Et vous hésitez encore ? Mais courez donc !, c'est un festin !
"La sortie de The Downward Spiral fut beaucoup plus que le simple succès d‘un groupe de rock. Jamais personne n’avait réussi à créer avec un concept album une ambiance glauque si prenante et une atmosphère aussi étouffante que jouissive, amenant l’auditeur à s’identifier à la personnification de l’autodestruction et s‘y complaire sous une tension nerveuse permanente. Une phrase qui résume parfaitement le sentiment qui ressort de l’écoute de cet album est celle d’un journaliste dans une critique pour je ne sais plus quel magazine: "The Downward Spiral vous donnera inlassablement l’envie de vous frapper la tête contre un mur, ne serait-ce que pour encore plus apprécier le moment où vous arrêterez." Une blessure sale et poisseuse aussi physique que morale qui ancrera sa violence et son mal être dans les esprits occidentaux, lui conférant un succès colossal et un revers de la médaille à la hauteur de ce dernier. Durant les années suivantes, la pression est terrible. L’image noire de Nine Inch Nails colle à la peau de son créateur qui subit à la fois les critiques gratuites de ses détracteurs, les incompréhensions des médias vis-à-vis de son oeuvre et une adulation bien trop portée sur le fanatisme le transformant peu à peu en ce personnage fictif dessiné par la presse. Mêlée à un Self Destruct Tour éreintant à force d’excès, cette pression pousse Reznor dans ses retranchements et l’enferme dans un cycle de dépression chronique d’où ne ressortent au fil des années que quelques productions intéressantes mais décousues : remixes, bandes originales, vidéos, collaborations et singles.
Puis en mars 1998, le dénommé Prince de l’Indus s’enferme dans les tréfonds de son nouveau studio Nothing en Nouvelle Orléans, laissant à la presse le soin de spéculer sur sa future production et s’amuser sur sa figure de camé torturé en panne d’inspiration. Car si ces descriptions ont pu s’avérer vraies un certain temps, c’est un Trent Reznor hyper créatif qui se cache dans son studio avec Alan Moulder, vivant seulement pour le disque qu’il est en train de construire et qui se devra de rivaliser avec The Downward Spiral. Le dictateur fait appel à de nombreux musiciens et invités durant les différentes phases de composition comme Adrian Belew et Mike Garson ayant travaillé avec son mentor David Bowie, mais aussi le guitariste et chanteur de Helmet, Page Hammilton et les producteurs Bob Ezrin et Steve Albini. Reznor laisse une grande marge de manœuvre à ses interprètes et de ces sessions d’enregistrement sortiront cent dix sept morceaux prêts à être disséqués, taillés en pièces et répartis sur deux galettes, Left et Right. Le double album The Fragile sort dans les bacs le 21 septembre 1999.
Les quatre notes acoustiques de "Somewhat Damaged" ont de quoi dérouter. Mais quand une batterie ravageuse vient plomber cette montée en demi tons, l’oreille se tend, stimulée par la richesse progressive du premier titre de l’album. Au dessus des textures sonores se pose une voix désabusée et ces paroles explicites: "Flew too high and burnt the wings, lost my faith in everything…" Explosion. La rage prend le pouvoir et même les quatre accords d’une guitare maintenant saturée ne peuvent couvrir les cris d’un Trent Reznor possédé qui hurle sa colère, puis la contient, avant d’exulter une nouvelle fois, crescendo tendu jusqu’à un calme loin d’être apaisé suivant cette terrible interrogation en point d‘orgue: "Where the fuck where you ?". Ce calme laisse place à un déluge de cordes bruitistes dessinant un brouillard épais qu’une mélodie criarde parvient à percer, ouvrant un passage sobre soutenu par une basse minimaliste et un fond sonore servant de décor aux phrases lancinantes de Trent Reznor. "The Day The World Went Away" possède une structure plus qu’étrange pour un single. Dénué de la moindre percussion et d’un refrain accrocheur, il s’amuse à perdre l’auditeur, endormant sa méfiance pour mieux le surprendre au retour des guitares sales et de l’émergence de ces chœurs enfantins scandant leurs "na na na nah" qui s‘étirent en longueur et se taisent brusquement.
Avec "The Frail", Nine Inch Nails fait entrer l’auditeur dans le labyrinthe que constitue The Fragile. Chaque accord de piano est joué comme s’il était le dernier, laissant la tension s’accumuler pour mieux s’habituer au ciel lourd et écrasant de "The Wretched". Les nuages volent bas, se retiennent de tout lâcher dans des couplets introspectifs et fébriles où des échos d’artistes souillés murmurent à travers la voix de Reznor la triste et absurde condition à laquelle il ne peut échapper. "Now you know, this is what it feels like" se met il à hurler dans un refrain tordu et orageux, se crachant lui-même au visage pour ne pas avoir compris plus tôt. Deuxième single dévoilé au public, "We’re In This Together" est une longue plage de sept minutes au rythme sec et aux cordes grinçantes. Reznor y est habité, dévoilant un lien éternel à une personne que nul ne connait. Il s‘abandonne, se retient puis explose dans un refrain lancé à fond par une guitare et une basse surpuissante qui retombe sur une lente partie de piano et un fondu sonore introduisant le titre éponyme. Morceau posé entrecoupé de poussée d’adrénalines, "The Fragile" est également dédié à une personne que l’on devine féminine à qui Reznor répète inlassablement un "I won’t let you fall apart" intense, contre-pied du "I will let you down" de "Hurt". Le titre est gratifié d’un solo hypnotique reprenant la suite d’accords de "The Frail", nouveau lieu commun du dédale dans lequel cherche à nous perdre le leader de Nine Inch Nails.
Car s’il n’est pas un concept album comme The Downward Spiral, The Fragile agit de la même manière, nous forçant à tendre l’oreille pour repérer le moindre détail récurrent de l’esprit de Trent Reznor. "Just Like You Imagined" entame la partie plus atmosphérique du premier disque dans une débauche instrumentale voyant Mike Garson et Adrian Belew faire preuve de tout leur talent, créant ainsi un tableau sonore apocalyptique montrant la variété du travail accompli en studio. "Even Deeper" se traine en rampant le long de ses presque six minutes d’expérimentations et "Pilgrimage" transforme The Fragile en bande sonore de péplum glauque avec ses cuivres et sa marche martiale. "No You Don’t" ramène Nine Inch Nails à ses premiers amours avec un brûlot sévère au groove métallique qui s’achève dans un cauchemar de violence et de saturation pour ensuite mieux se donner corps et âme à l’expression de sa sensibilité. Composée durant son ermitage au bord de l’océan, "La Mer" fait partie de ce que Trent Reznor a écrit de plus beau et pur, un sentiment autiste de sérénité où les instruments coulent et s’entremêlent sous les harmonies cristallines. Il se met à nu, se cherche dans l’intime, regarde les flots jusqu’à ce que la tristesse l’emporte, et "The Great Below" emporte tout, même les larmes. Douleur chantée puis hurlée à fleur de peau, il plonge et laisse aller son être et sa voix, se perdant peu à peu dans les profondeurs abyssales au son d’une mélodie en apesanteur et de cette phrase: "I can still feel you even so far away"…
… Porté par les courants au fil des sonorités étouffées de "The Way Out Is Through", Reznor émerge dans toute sa puissance, vivant, victorieux et incantateur, prêt à renouer avec ses démons pour un deuxième disque salvateur . Percussions, clarinette et violoncelle se mêlent à un beat électro flirtant avec le disco et la ligne de basse de "La Mer". Décidément, le leader de Nine Inch Nails se plaît à semer ses indices, à les déformer pour en ressortir une émotion transformée, les lignes de chant s’entremêlant sur le final de "Into The Void" pour ne plus faire qu’une voix, scandant un "Try to save myself but myself keeps slipping away" qui transpire l’acceptation. Trent Reznor se voit retomber dans son rôle de paria, laissant de côté les climats oppressants qui ont fait les joies de Left pour mieux se concentrer sur sa rage avec des morceaux rythmés et fédérateurs comme "Where Is Everybody ?" et son chant à la limite du hip-hop. Même les pistes ambiantes n’ont plus cette moiteur de désespoir, en est témoin "The Mark Has Been Made", plage instrumentale aux relents de souffre et aux reliefs secs dont seuls quelques mots s’échappent : "I’m getting closer".
Mais ce rapprocher de la complétude n’est pas encore l’atteindre. Reznor le montre, comparant son esprit à un trou béant qui ne peut se remplir et n’a de cesse d’implorer la plénitude, imposant son insatiable volonté en arrière plan d’un "Please" aux couplets renfermés et aux refrains extravertis et évolutifs, preuve d’un apaisement certain. Seuls exutoires, la colère et le rejet, et "Starfuckers Inc." remplit son rôle, voyant Trent Reznor cracher sa haine sur les pourris du showbiz sous les assauts de riffs assassins et de paroles acerbes, poussant l’ironie jusqu’à interpeller directement ses cibles dans une ultime provocation : "You’re so vain, I bet you think this song is about you, don’t you ? don’t you ? don’t you ?…". Du Nine Inch Nails pure souche, violent et intense, représentant la facette la plus accessible d’un album qui ne livre pas si facilement ses subtilités. "Complication" est à la hauteur du mouvement directeur, guitares noueuses et rythme débridé lancés à un tempo sévère, une thérapie sans concession. Seul regard jeté en arrière dans ce chemin de croix, l’hommage de Reznor à la femme qui l’a élevé. Signant l’un de ses textes les plus touchants, les mélodies de "I’m Looking Forward To Joining You, Finally" ne sont pourtant pas angoissées ou torturées mais semblent anesthésiées par tant de mélancolie, comme à l’écoute de ces derniers mots : "I’ve done all I can do, Could I please come with you ? Sweet smell of sunshine, I remember sometimes."
Accords dissonants et voix brisée. Difficile de maintenir l’équilibre, toujours tiré vers le bas par le trou béant et insatiable. Suite du jeu de piste avec "The Big Come Down" où Trent Reznor aborde les mêmes thèmes sans être redondant, alternant couplets tordus, douloureux ("The closer I get, the worst it becomes") et refrains pop et réalistes ("There is no place I can go, There is no place I can hide") avant d’être submergé. "Underneath It All" ou le contraste entre instrumentation rapide et voix lente et désabusée de laquelle ressort cette phrase récurrente: "All I do, I can still feel you". Reznor abandonne, se laisse envahir. Arrivé à la fin du processus de création, le monde se calme, la tension baisse, tout retournera au silence mais pas sans une ultime transition. Instrumental de six minutes aux guitares anorexiques et à l’harmonie décousue, "Ripe (With Decay)" clôt The Fragile sur une touche à la fois chaotique et apaisante qui se perd dans son propre dédale et s’offre un léger regain d’intensité dans ses derniers instants avant de finalement s’éteindre.
Conclusion ? The Fragile est-il vraiment une finalité en soi ? Etant donné les six ans qu’il a fallu à Trent Reznor pour accoucher d’un With Teeth plus ou moins bien accepté malgré ses qualités indéniables, la guérison a dû prendre du temps, et ce double album n’en était que le déclencheur, destiné à effacer la peur. Un disque qui lorgne vers le concept album sans se définir ainsi, étant tout simplement le reflet de la pensée dégradée de son créateur, flirtant entre des ambiances, des sentiments et des atmosphères variés pour tout autant de sonorités. Complaintes introspectives, débauches instrumentales et brûlots haineux et ravageurs qui s’assemblent dans une œuvre authentique et nerveuse, parfois abstraite, parfois incroyablement limpide, mais trop largement incomprise, comme toutes ces œuvres qui souffrent de la perfection de leur prédécesseur et ne peuvent toucher que ceux qui en apprécient chaque défaut.
Les titres les plus accrocheurs vous resteront d’abord en tête, éclipsant les autres, mais une voix sournoise vous incitera à y retourner, et plonger petit à petit dans les abysses de Trent Reznor pour finir totalement immergé dans un océan de sensibilité. Il n y a pas de place ici pour un titre de chef d’œuvre ou une comparaison stupide avec un quelconque album, seulement le bonheur de vivre l’intimité d’un de ces êtres qui ont atteint un degré d’expression hors du commun à travers le langage de la musique et arrivent à vous faire ressentir leurs tourments les plus profonds et leur recherche continue de la paix intérieure. La beauté de l’empathie, touchant à l‘orgasmique. L’imperfection distillée au compte goutte. Terriblement humain. "
Et vous hésitez encore ? Mais courez donc !, c'est un festin !
LEFT
1. Somewhat Damaged 4:31
2. The Day the World Went Away 4:33
3. The Frail 1:54
4. The Wretched 5:25
5. We're in This Together 7:16
6. The Fragile 4:35
7. Just Like You Imagined 3:49
8. Even Deeper 5:48
9. Pilgrimage 3:31
10. No, You Don't 3:35
11. La Mer 4:37
12. The Great Below 5:17
RIGHT
1. The Way Out Is Through 4:17
2. Into the Void 4:49
3. Where Is Everybody? 5:40
4. The Mark Has Been Made 5:15
5. Please 3:30
6. Starfuckers, Inc. 5:00
7. Complication 2:30
8. I'm Looking Forward to Joining You, Finally 4:13
9. The Big Come Down 4:12
10. Underneath It All 2:46
11. Ripe (With Decay) 6:34
(par ordre alphabétique)
Adrian Belew – guitars (7, 12, 15)
Heather Bennett – backing vocals (2)
Clinton Bradley – programming, technical assistant to Bob Ezrin
Buddha Boys Choir – choir, chorus, chant (9, 18)
Buddha Debutante Choir – backing vocals (2)
Di Coleman – backing vocals (8)
Charlie Clouser – programming, synthesizers, atmospheres
Melissa Daigle – backing vocals (2)
Paul DeCarli – programming
Jerome Dillon – drums (5)
Steve Duda – programming, choir, chorus (9, 18), percussion (9), violin (23)
Eric Edmonson – choir, chorus (18)
Mike Garson – piano (7, 13, 23)
Page Hamilton – guitar (10)
Tracy Hardin – backing vocals (8)
Keith Hillebrandt – programming, additional sound design, choir, chorus (9, 18)
Cherry Holly – trumpet (9)
Doug Idleman – choir, chorus (18)
Mason Kemmer – violin, donair supplier
Danny Lohner – drum programming, ambiance, synthesizers, guitar (1, 7, 8, 12, 15, 19)
Marcus London – choir, chorus (18)
Clint Mansell – choir, chorus (9, 18)
Denise Milfort – vocals (11)
Judy Miller – backing vocals (2)
Gary I. Neal – backing vocals (8)
Traci Nelson - backing vocals (8)
Matthew Nicholls – backing vocals
Christine Parrish – backing vocals (2)
Adam Persaud – choir, chorus (18)
Kim Prevost – vocals (14)
Trent Reznor – vocals, guitars, bass guitar, cello, piano, synthesizers, programming, producer
Elquine L. Rice – backing vocals (8)
Terry L. Rice – backing vocals (8)
Bill Rieflin – drums (11)
M. Gabriela Rivas – backing vocals (2)
Nick Scott – choir, chorus (18)
Rodney Sulton – backing vocals (8)
Stefani Taylor – backing vocals (8)
Nigel Wiesehan – choir, chorus (18)
Willie – cello (11)
Barbara Wilson – backing vocals (8)
Leslie Wilson – backing vocals (8)
Martha Wood – backing vocals (2)
Fae Young - backing vocals (2)
NINE INCH NAILS |
Le ReTouR
Van der Graaf Generator "Present" (2005)
ou "Le début de la fin, la fin du début"
C'est un peu le retour qu'on n'attendait plus avec, cette fois, le line-up classique d'une des formations ayant le plus magistralement contribué à l'épanouissement du rock progressif dans des territoires jusqu'alors inconnus et qui, présentement, réussit le petit miracle de ne pas être qu'un conglomérat de vieux bonhommes fermement branchés sur leur glorieux passé.
Et pourtant, c'est bel et bien de Van der Graaf Generator dont il s'agit. C'est évident dès un Every Bloody Emperor où, des emportements vocaux coutumiers d'Hammill, des saxophones hurlants de Jackson, de la souplesse et la polyvalence d'une plus que session rythmique (Banton est bassiste mais aussi organiste), d'une mélodie et d'un texte plus intelligents et mieux trouvés que la moyenne, on se dit qu'il ne pouvait s'agir de quelqu'un d'autre. Parce que ce Van der Graaf Generator-là, qui fera hélas long-feu avec la sécession d'un Jackson parvenant à se brouiller avec ses partenaires de toujours pour ce qui semble bien ne pas devoir se réparer, n'est pas de ces projets opportunistes n'ayant vu le jour que pour engraisser le compte en banque de ses membres, ça non, ce Van der Graaf Generator-là a des choses à dire à tel point qu'il lui faut un double album pour les exprimer.
Alors, certes, certains critiqueront un premier disque argenté majoritairement chanté trop court (37 minutes et des poussières) quand sa suite instrumentale et jammesque s'épanouit plus largement (65 minutes tout de même !) mais, étant donné la qualité des six compositions "traditionnelles" du combo, parce qu'outre le précité et désormais classique Every Bloody Emperor, c'est à une collection quasi-parfaite où même la plage instrumentale offerte à un Jackson qui profite pleinement de l'opportunité pour en faire des caisses pour notre plus grand plaisir (Boleas Panic), on aurait mauvaise grâce à bouder son plaisir d'autant que les jams de la seconde galette, loin des expérimentations de studio parfois absconses d'un ALT, expriment admirablement le plaisir que prennent ces quatre misfits notoires à jouer ensemble et, logiquement, celui que nous prenons, auditeurs heureux et satisfaits, à en être les témoins privilégiés.
Tout ça nous fait ? Un album de retour absolument réussi, une double expérience passionnante et passionnée par la formation la plus radicalement hors-normes de la première vague progressive britannique qui, plus que d'avoir préservé le son qu'on attendait tous d'elle, ce qui est fait et bien fait par ailleurs, parvient encore à lui trouver de nouveaux débouchés, de nouvelles évolutions. Present ? Un immanquable, tout simplement.
Alors, certes, certains critiqueront un premier disque argenté majoritairement chanté trop court (37 minutes et des poussières) quand sa suite instrumentale et jammesque s'épanouit plus largement (65 minutes tout de même !) mais, étant donné la qualité des six compositions "traditionnelles" du combo, parce qu'outre le précité et désormais classique Every Bloody Emperor, c'est à une collection quasi-parfaite où même la plage instrumentale offerte à un Jackson qui profite pleinement de l'opportunité pour en faire des caisses pour notre plus grand plaisir (Boleas Panic), on aurait mauvaise grâce à bouder son plaisir d'autant que les jams de la seconde galette, loin des expérimentations de studio parfois absconses d'un ALT, expriment admirablement le plaisir que prennent ces quatre misfits notoires à jouer ensemble et, logiquement, celui que nous prenons, auditeurs heureux et satisfaits, à en être les témoins privilégiés.
Tout ça nous fait ? Un album de retour absolument réussi, une double expérience passionnante et passionnée par la formation la plus radicalement hors-normes de la première vague progressive britannique qui, plus que d'avoir préservé le son qu'on attendait tous d'elle, ce qui est fait et bien fait par ailleurs, parvient encore à lui trouver de nouveaux débouchés, de nouvelles évolutions. Present ? Un immanquable, tout simplement.
CD 1
1. Every Bloody Emperor 7:03
2. Boleas Panic 6:50
3. Nutter Alert 6:11
4. Abandon Ship! 5:07
5. In Babelsberg 5:30
6. On The Beach 6:48
CD 2
1. Vulcan Meld 7:19
2. Double Bass 6:34
3. Slo Moves 6:24
4. Architectural Hair 8:55
5. Spanner 5:03
6. Crux 5:50
7. Manuelle 7:51
8. 'Eavy Mate 3:51
9. Homage To Teo 4:45
10. The Price Of Admission 8:49
Peter Hammill – vocals, guitar, keyboards
David Jackson – saxophone, flute
Hugh Banton – organ, bass
Guy Evans – drums, percussion
VAN DER GRAAF GENERATOR |
Double Dose de Plaisir (Volume 1)
RépondreSupprimerThe Beatles "The Beatles" (1968)
1 - http://www48.zippyshare.com/v/qFCfJEjU/file.html
2 - http://www48.zippyshare.com/v/ZlVgVcb8/file.html
Miles Davis "Bitches Brew" (1970)
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Genesis "The Lamb Lies Down on Broadway" (1974)
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The Clash "London Calling" (1979)
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Frankie Goes to Hollywood "Welcome to the Pleasuredome" (1983)
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XTC "Oranges and Lemons" (1989)
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The Smashing Pumpkins 'Mellon Collie and the Infinite Sadness" (1995)
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Nine Inch Nails "The Fragile" (1999)
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Van der Graaf Generator "Present" (2005)
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C'est marrant, j'ai toujours associé Mellon Collie et The Fragile, deux albums que j'ai découverts et ultra-écouté à la même époque. Ravi de les voir par ici.
RépondreSupprimerIls le méritaient.
SupprimerA 2 exception près, je les connais tous.
RépondreSupprimerAh ce double blanc! L'album qui m'a fait aimé les Beatles. Je trouvais le son beaucoup moins daté que leurs autres albums. Et puis il y avait une telle variétés de style et surtout, Lennon y pond qulques classiques à l'écriture très moderne. D'ailleurs, c'est à cause de ce disque notamment que j'ai longtemps placé Lennon devant. Avec l'âge, j'ai redécouvert Paulo.
Bitcjes Brex: je crois que c'est ma première expérience avec Miles Davis; Pour ma part, je préfère In a Silent Way. Mais ce disque est effectivement un fabuleux brassage.
London Calling: j'ai pas connu les Clash vivant (à part Cut the Crap, mais étaient-ils encore "vivants"?). London Calling a indéniablement sa place dans les grands double. Mais si Sandinista n'avait été qu'un double, il l'écrasait allègrement.
FHTH: je l'ai toujours écouté en K7, je ne savais pas que c'était un double... Faudra que je le réecoute.
XTC: y a longtemps que je ne l'ai pas réecouté. Je sais qu'il y avait des chansons un peu étranges que j'aimais beaucoup. Et il contient effectivement l'une des dernières grandes chansons de Moulding (King for a Day).
Le Pumpkins: c'est presque un triple, non? Je suis principalement fan des ballades et du versant pop du groupe, c'est pourquoi j'aime bien également Adore. Mais c'est aussi l'album qui me les a fait réevalués (sans doute comme beacoup). Mais un indigeste.
NIN: pas trop fan. Pourtant, je lui dois indirectement mon album chouchou de Bowie (Outside). Et quand c'est Cash qui le chante, ça me fout des frissons et des larmes aux yux. Donc il doit y a avoir un truc que je ne vois pas. A dire vrai, je ne connais pas Fragile. Quand j'écoute NiN, j'ai un peu l'impression de voir toutes les ficelles, les intentions de Trent Reznor. Et je ne peux m’empêcher d'y trouver un peu artificialités.
Donc tu auras compris que les deux inconnus pour moi sont:
- le VDGG: que je mets tout de suite de côté.
- Ce Genesis: je n'ai jamais réussi à rentrer dedans. Le fait que ce soit également un double y a toujours contribué. Mais en fait, je crois que je suis prête pour m'y plonger. En fait, je crois qu'il a au contraire beaucoup de choses que je suis censé aimé. Je crois que c'est le chant de Peter GABRIEL qui me gênait (l'impresion qu'il en faisait trop). Mais comme j'ai compris avec toi que le Prog Rock est plus un esprit qu'un style (et que j'en aime depuis des années malgré moi à l'insu de mon plein gré), je n'ai plus de vraies raisons de ne pas l'écouter (et en plus ça fait quelques mois que je me disais que je devais le récupérer à cause de ton obstination à me nous faire découvrir la richesse de ce genre);
Hé bien parfait tout ça ! :-)
SupprimerJ'attends donc ton retour sur le Genesis et le VdGG mais prends ton temps, laisse les œuvres prendre naturellement place dans ton occiput.
Merci, encore une fois !, de ce long et bon commentaire qui m'a même fait sourire (à l'insu de mon plein gré)...
J'adore les double albums.. c'est une idée qui m'était venue avec Elton John ..bleu ou jaune .. mais, le temps me manque pour m'y attarder vraiment.. pourtant, l'opulence pertinente me parle beaucoup.. Genesis et le Lamb... Smashing.... Miles, Beatles.. je les adore séparément, c'est la première fois que je vais les sortir ensembles..
RépondreSupprimerComme la sélection est tout de même largement dans les sentiers battus, je pense que tu dois tout connaître ou presque.
SupprimerJ'adore aussi les double albums parce que c'est, ou du moins c'était à l'époque du vinyle, une vraie prise de risque et donc un exercice où l'on pouvait croiser le meilleur comme le pire. Evidemment, pour celui-ci comme les prochains volumes, je me concentre sur le meilleur.
Merci de ton passage, Charlu.
Malgré les évidences de la sélection, il y a toujours quelques albums que je ne connaissais pas. C'est ce qui me plait sur ce blog.
RépondreSupprimerPour XTC, je m'étais arrêté à "Black sea". Merci pour la séance de rattrapage sur ce bel album de pop finement ciselé, c'eût été dommage de passer à côté!
Le Frankie, à part les singles, je ne l'avais jamais écouté. C'est un album intéressant, mais je pense que mon intérêt vient plus de l'histoire de sa fabrication racontée dans l'excellent livre de Simon Reynolds ; "Rip it up and start again (Post-Punk 1978-1984)" publié en français aux non moins excellentes éditions Allia. Dans son dernier chapitre, il nous explique la création du label ZTT par le producteur Trevor Horn (l'auteur du tube "Video kills the radio stars") et de Paul Morley (ancien journaliste musical) et leur volonté de pénétrer le marché de la pop mainstream pour le subvertir de l'intérieur à la façon de Malcom MacLaren; en utilisant leurs artistes comme des outils. Ce qui ferait de ce "Welcome to the pleasure dome" le pendant synthpop du "Never mind the bollocks".
ZTT possédait un des 1er sampler de l'époque: le Fairlight CM1 Series II; une véritable usine à gaz hors de prix que seul J.J. Jeczalik savait utiliser. Anne Dudley et ce dernier ( qui jouent sur le disque de Frankie) faisaient partie de Art of Noise, autre signature du label, comme Propaganda et Grace Jones. Toute une époque.
Me reste à découvrir le NIN et le Van der Graaf.
Pour le reste je suis amoureux depuis longtemps, à l'exception de ce Genesis que j'ai découvert cet été via un ami qui connait bien mes goûts. Je ne saurai pas dire pourquoi, mais pour celles et ceux qui comme moi ont d'habitude du mal avec ce groupe, il y a dans ce double album une atmosphère qui fait la différence.
Je termine par une jolie histoire sur "Bitches Brew" et cette période charnière de Monsieur Davis, pour les petit(e)s camarades qui ne la connaitraient pas encore. En 1967, Miles rencontre une jeune femme, Betty, qui l'initie à l'électricité rock, psychédélique et funky de Jimi Hendrix et Sly Stone.
"Mademoiselle Mabry" sur l'album "Filles de Kilimandjaro" c'est elle! Sur la pochette aussi, bien que méconnaissable. Elle sera sa deuxième épouse pendant une année seulement car elle était selon les propres dires du maestro : "trop jeune et trop sauvage pour moi". La légende dit que Betty Davis aurait convaincu le sieur de changer le titre originel qui était "Witches brew". Quoiqu'il en soit, Miles Davis reconnaîtra son importante influence sur son tournant musical.
Tout ça pour vous dire que Betty Davis a par la suite enregistré, entre 1973 et 1975, trois bombes fulgurantes de Funk électrifié et hypersexué !!! Elle a changé la face de la Great Black Music et est tombée dans l'oubli du grand public, jusqu'aux belles rééditions du label Light in the Attic en ce début du XXIe siècle. Si vous ne connaissez pas encore, foncez et mouillez vos sous-vêtements (ça se trouve en bonne partie sur le Tube):
-"Betty Davis" 1973
-"They say I'm different" 1973/4
-"Nasty Gal" 1975
Salut Zornophage, merci pour ton blog. Prends soin de toi...et de nos oreilles ;-)
Oya Dante
Merci pour ce beau commentaire, Oya !
SupprimerJ'avais parlé de Mademoiselle Mabry via son premier album solo, funk qui rocke, une belle petite bombe.
J'espère que tu reviendras commenter sur tes autres découvertes, content que tu ais aimé cet excellent XTC.
A+