samedi 6 février 2016

SynthPop V: Et après... (1995-2014)

Et voilà, c'est la que se conclut l'exploration de la chose synthpop avec une sélection forcément très incomplète de ce qui se passa après la période de gloire d'une musique à jamais accolée avec son époque, les années 80. Présentement, même ceux qui ne sont pas client du genre trouveront du grain à moudre, j'ai choisi large et varié. Enjoie !

ReViVaL
The Rentals "Return of the Rentals" (10/1995)
ou "Hier Aujourd'hui"

On commence le parcours actuel avec une version américaine indie-rockisée de la chose Synthpop présentée via un billet de Bruno Juffin (Les Inrocks) :
"Lassé de jouer dans l’ombre du meilleur rock américain ­ Beck, Spain, That Dog, Weezer ­, ce trio libéré enchante.
Trop souvent, ces entreprises empestent le réchauffé. Des seconds couteaux ­ en anglais, sidemen, “ceux qui restent sur le côté” ­ se piquent, parce qu’ils en ont gros sur la patate, de prouver qu’ils en ont aussi dans la carafe ou le pantalon et au bout des doigts. Vanités froissées et aigreurs indigestes font de médiocres conseillères : les bacs à soldes sont familiers des calamiteux caprices de bassistes bassinants, d’ânes bâtés batteurs. Exception inespérée : les Rentals, nouvelle aventure de Petra et Rachel Haden, imprévisibles cavaleuses, reines du zigzag tourneboulant. Deux toupies capables de flanquer une sévère dérouillée au punk-rock sur le Pink noise (Rock me Amadeus) de Beck, de se fondre dans la torpeur ténébreuse du World of blue de Spain, d’animer de leurs piailleries polissonnes les amusants sitcoms de That Dog et de s’acoquiner ici avec Matt Sharp, le bassiste de Weezer. En plaquant leurs habituels employés, les sœurs Haden (filles de Charlie et frangines du ténébreux leader de Spain) et Matt Sharp ont barboté leurs plus précieux trésors, l’ébriété féroce et la malice mordante d’In the garage ou Rockstar, vicieuses volées de bois vert infligées au pompiérisme rock. Ne pas se fier à l’allure savamment nigaude des Rentals. Epais lorgnons de laborantins myopes, raideur d’automates : leur ressemblance avec les regrettés cybernautes de Chapeau melon et bottes de cuir, méchants rétro-futuristes coutumiers des retours vengeurs, n’est pas fortuite. Comme eux, les chansons des Rentals sortent de l’antre d’un savant farfelu, surdoué maniaque des greffes hautement improbables. Derrière leurs dégaines de dadais coincés, les Rentals enchaînent les rengaines racoleuses à foison, le crêpage de chignon de synthés Moogs roturiers mugissants et d’aristocratiques violons voltigeant, les ébats de rythmes bubble-gum gaillardement écervelés et de voix de mijaurées d’une aguicheuse gaminerie, d’une mélancolie mutine. Suppliques surannées et sucrées (Sweetness and tenderness), mignon manifeste de sédition juvénile, Beach Boys synthétiques et pathétiques (ceux d’après la fêlure) pleurant d’impossibles amours estivales et refrains à peine entendus qu’aussitôt indélogeables (la parfaite pop pot de colle de Friends of P), The Return of the Rentals repeint de couleurs fondamentales trente ans de bluettes éplorées. C’est bête comme chou et chouette comme tout.
"
C'était vrai alors, ça l'est toujours aujourd'hui... Recommandé !

1. The Love I'm Searching For 3:36
2. Waiting 3:13
3. Friends of P. 3:32
4. Move On 4:21t
5. Please Let That Be You 3:34
6. My Summer Girl 3:13
7. Brilliant Boy 4:16
8. Naive 2:20
9. These Days 3:00
10. Sweetness and Tenderness 4:22

Matt Sharp - vocals, bass, moog, extra guitars
Cherielynn Westrich - female lead vocals
Patrick Wilson - drums
Petra Haden - viola, harmony vocals
Rod Cervera - main guitars
Tom Grimley - main moog synthesizers
&
Jim Richards - moog on "Please Let That Be You"
Rachel Haden - vocals on "Move On"

THE RENTALS

TRiPSyNTH
Broadcast "Work or Non Work" (06/1997)
ou "from Bristol, with Love"

Alors, Broadcast, est-il la relève du trip-hop ou une continuation de la synthpop (deux genres aussi britanniques que leurs origines) ? Les deux mon général a-t-on envie de dire...
Bref, pour faire aussi court que le petit machin (36 minutes tout de même, pas mal pour un gros EP), Broadcast, collectif de Bristol mené par James Cargill et la regrettée Trish Keenan (qui nous quitta il y a cinq ans déjà des suites d'une pneumonie consécutive d'une infection par le virus de la grippe porcine qui fit les ravages que l'on sait), semble avoir entrepris de faire sa version light et lumineuse des ténèbres trip-hop du grand aîné Portishead. Plus light et lumineux parce que telle est la voix de Trish mais aussi du fait d'arrangements empruntant souvent à la pop synthétique de la toute fin des années 70 (la meilleure vous dirons les puristes qui, c'est bien connu, n'aime rien tant que débiner les honnies 80s) qui, en mélangeant les ans parce que Broadcast précède, n'est pas non plus sans rappeler les moments les plus intimistes et poppisants de Goldfrapp ou la classe naturelle d'un Saint-Etienne.
Ces belles références (Goldfrapp et Portishead, Saint-Etienne, on rajouterait bien Kraftwerk, tiens) qui vous situent bien le monde dans lequel Broadcast opérait même si, évidemment, tout l'intérêt de Work or Non Work est en fait dans les détails, dans toutes les petites trouvailles sonores de claviers, de machines ou d'authentiques être humains qui font de ce mini-lp aujourd'hui pas facile à trouver un réel immanquable d'une époque où tout changeait et l'art se glissait dans les intérêts commerciaux. Précieux.

1. Accidentals 3:28
2. The Book Lovers 4:49
3. Message from Home 4:59
4. Phantom 3:31
5. We've Got Time 4:13
6. Living Room 3:26
7. According to No Plan 3:08
8. The World Backwards 4:00
9. Lights Out 4:32

BROADCAST

SyNTH MeTaL iN GoTHLaND
Paradise Lost "Host" (05/1999)
ou "Quand même les metalleux..."

Une vraie surprise que de retrouver des goth-metalleux ex-death/doom-metalleux en habits de presque clones de Depeche Mode, c'est pourtant bien ce que propose Host et dont va nous entretenir Chris (Thrashocore) :
"C’est la première (et probablement la seule) fois que je remplis la case « Style » d’une chronique avec ce genre d’inepties : « gothique electro new wave machin chose ». Et pourtant quand on se décide à chroniquer un album aussi compliqué et sujet à polémique que « Host », il faut savoir faire des sacrifices…Suivant un « One Second » qui avait amorcé un virage vers une musique encore plus sombre, encore plus mélancolique et moins ancré dans le métal qu’avant, « Host » est l’album qui causera le plus de tort aux Anglais.
Car ici, oubliez le Paradise Lost que vous avez connus autrefois : les guitares sont noyés sous des tonnes d’effets, les solos ont disparus, la batterie sonne comme une boite à rythmes et le chant braillard de Nick Holmes est depuis « One Second » un lointain souvenir… Beaucoup compareront (dans une optique négative) l’évolution flagrante du groupe à Depeche Mode
Dans la tradition des albums de PL, « Host » est avant tout une usine à tubes. Et dans la tradition des usines à tubes, il y a toujours du déchet. Ici on a pas à attendre trop longtemps, vu que c’est le premier titre « So Much is Lost » qui remplit cet office. Voilà un titre purement formatté pour les radios (je me souviens l’avoir entendu dans une grande surface en Allemagne lors de la sortie de l’album), qui n’a aucune accroche si ce n’est son refrain artificiellement…accrocheur, mais en creusant un peu c’est très pauvre. Nick Holmes lui même ne semble pas convaincu quand il le chante, c’est vous dire. Mettant en parallèle ce fameux titre et leur signature avec la major EMI, on saisit vite l’exigence de la maison de disque d’avoir un « single » parfait, la corvée est donc accomplie, passons à la suite…
Et c’est là que pour moi, fan de Paradise Lost et de cet album en particulier, je peux enfin crier au génie. « Host » dévoile une des facettes les plus sombres du groupes, le coté électro ajoutant à des compos déjà pas follichones un aspect déshumanisé et synthétique qui sublime l’ensemble. Certains titres sont de pures chefs d’œuvres, portés par une ambiance intimiste et feutrée qui sert tout à fait le propos du groupe : je pense notamment à « Nothing Sacred », « Harbour », « It’s Too Late », « Wreck » et « Host ». Ces 5 titres sont tout simplement sublimes, de par les émotions exprimés et de la façon touchante dont elles le sont (exprimés, ma phrase est tournée bizarrement je sais :p). Le meilleur exemple (et mon titre préféré) est sans conteste « It’s too Late » qui marque une progression absolument fabuleuse avec ses violons poignants sur l’introduction et le chant de Nick Holmes qui est rejoint petit à petit par un chant féminin absolument sublime pour exploser sur le dernier refrain… Les autres titres sont semblables dans le propos mais possèdent par ailleurs un espoir un peu plus évident, qui les classent pour moi à part des 5 perles précitées. Mais le coté tubesque dont je parlais précédemment est systématiquement présent, il me suffit d’entendre l’intro de n’importe quel titre pour avoir immédiatement le refrain en tête…
« Host » est un album qui s’apprivoise, et nécessite une ouverture d’esprit que très sincèrement je ne pensais pas posséder, amateur de bourrin que je suis. Et pourtant, lui laissant sa chance et ne l’écoutant sans trop de préjugés j’ai pu y déceler cette dose de talent et ces émotions si fortes dont il regorge, et j’espère que vous saurez en faire de même. Un album qui augmente encore mon estime pour ce groupe, qui a prendre un tournant risqué (et réussi artistiquement si ce n’est commercialement) à un moment décisif de sa carrière.
"
Présentement proposé dans son édition japonaise avec deux versions alternatives et un inédit pour encore prolonger l'excellente expérience. Enjoie !

1. So Much Is Lost 4:16
2. Nothing Sacred 4:02
3. In All Honesty 4:02
4. Harbour 4:23
5. Ordinary Days 3:29
6. It's Too Late 4:44
7. Permanent Solution 3:17
8. Behind the Grey 3:13
9. Wreck 4:41
10. Made the Same 3:34
11. Deep 4:00
12. Year of Summer 4:16
13. Host 5:12
Bonus
14. So Much Is Lost (Lost in Space Mix) 6:22
15. Languish 4:08
16. So Much Is Lost (String Version) 4:18

Nick Holmes - lead vocals and lyrics
Gregor Mackintosh - lead guitar on (1-11, 13-16), keyboards, programming, string arrangements on (1, 2, 4, 6, 10 & 13) and all music
Aaron Aedy - rhythm guitar, lead guitar on "Year of Summer"
Steve Edmondson - bass guitar
Lee Morris - drums & backing vocals
&
Audrey Riley
- strings arrangements & cello (1, 4 & 10)
Sally Herbert - string arrangements (2, 6 & 13)
Dinah Beamish - cello (2, 6 & 13)
Sue Dench - viola (1, 4 & 10)
Claire Orster - viola (2, 6 & 13)
Chris Tombling, Leo Payne - violin (1, 4 & 10)
Anne Stephenson, Gini Ball, Jocelyn Pook, Julia Singleton, Sally Herbert - violin (2, 6 & 13)

PARADISE LOST

FReNCH TouCH
Phoenix "United" (06/2000)
ou "Débuts fracassants"

Des petits gars de Versailles (comme Daft Punk, comme Air, etc.) qui font de la musique en toute décontraction, un premier album mélangeant avec goût et ludisme les univers ? La French Touch en version pop ? C'est Phoenix et son inaugural long-jeu, United.
L'affaire, quelque part entre les années 70 et leurs descendantes directes, commence par un court instrumental, School Rules, tout en guitare électrique baveuse du plus bel effet, continue par un Too Young qui rappelle des racines synthpop certes assumées mais, surtout, transcendées par de vrais musiciens ne se servant de synthétiseurs qu'en malin usage de complément. Suivent de délicieuses petites bulles toutes plus fraiches les unes que les autres avec, dans l'ordre, une jolie ballade planante idéale pour un câlinage en règle(Honeymoon), une belle pop gorgée d'un groove funky absolument irrésistible (If I Ever Feel Better), du garage rock plus vrai que nature (Party Time), encore un coup de remuage de hanches sur le très cool On Fire, un instrumental jazzy et orchestral du plus bel effet (Embuscade), un charmant Summer Days aux élans country bienvenus, et, sautant un cran, mais pas pour longtemps, une outro instrumentale so 80s, Definitive Breaks, qui clôt admirablement le bal. Mais, donc, ce n'est pas tout puisque nous n'avons pas encore évoqué le gros machin de l'album, ce Funky Squaredance de près de 10 minutes découpé en trois parties : de la country vocoderisé à faire vibrer votre Stetson, du funk cybernétique à faire chauffer le déambulateur de tata Suzanne, et, bonheur ultime, une troisième partie navigant entre électro, synthpop et hard rock (ce solo de guitare !) pour couronner une pleine et entière réussite.
Pleine et entière réussite qu'est, en fait, tout l'album de ces garçons bien sous tous rapports qui feront, et font toujours d'ailleurs, de fort belles choses mais jamais plus du niveau de cet United inaugural varié et pourtant cohérent, malin et ludique aussi... Essentiel, tout simplement et d'un retentissement mondial absolument mérité. Bravo Phoenix !
 
1. School's Rules 1:32
2. Too Young 3:19
3. Honeymoon 5:00
4. If I Ever Feel Better 4:26
5. Party Time 2:14
6. On Fire 2:49
7. Embuscade 3:57
8. Summer Days 3:15
9. Funky Squaredance 9:38
10. Definitive Breaks 1:40

Laurent Brancowitz
Christian Mazzalai
Deck d'Arcy
Thomas Mars Jr.
&
Rob – clavinet ("School's Rules", "Too Young", "If I Ever Feel Better", "Embuscade")
Cubain – percussion ("Too Young", "Honeymoon", "On Fire", "Embuscade")
Sandrine Longuet – harp ("Honeymoon")
Jean-Philippe Dary – clavinet ("On Fire")
Julia and Oliza – backing vocals ("On Fire")
Camille Baz Baz – Hammond organ ("On Fire")
Hugo Ferran – saxophone ("On Fire", "Embuscade", "Definitive Breaks"), string and horn arrangement ("Embuscade", "Summer Days")
Andrew Crocker – trumpet ("On Fire", "Embuscade")
Thomas Bangalter – Yamaha CS-60 synthesizer ("Embuscade")
Paddy Sherlock – trombone ("Embuscade")
P. Nadal – strings conductor ("Embuscade", "Summer Days")
 Marlon - drums ("Summer Days", "Funky Squaredance Part One")
Eddie Efira – pedal steel ("Summer Days", "Funky Squaredance Part One")
Bryce de la Menardière – Epinette ("Funky Squaredance Part One")
The Love Choral Society – screams ("Funky Squaredance Part Two")
Morgan – Hammond organ and Wurlitzer ("Funky Squaredance Part Two")
Pedro Winter – Rapman synthesizer ("Funky Squaredance Part Two")
Noe Efira – lead guitar ("Funky Squaredance Part Three")
The Arcysian Vocal Ensemble – vocals ("Funky Squaredance Part Three")
The Hector Berliz Choir – vocals ("Funky Squaredance Part Three")
Jean-Claude Soubeyrand – conductor ("Funky Squaredance Part Three)
Junior Carrera – guitar ("Definitive Breaks")

PHOENIX

iNDie-SyNTH 1
The Postal Service "Give Up" (02/2003)
ou "Such Great Heights, indeed"

Quand le chanteur et guitariste de Death Cab for Cutie et l'artiste électronique qu'on connait sour le nom de Dntel s'unissent pour composer un hommage informel à la synth-pop anglaises du début des années 80, ça donne The Postal Service et leur, pour le moment, unique album (qui le restera malheureusement probablement), le délicieux Give Up.
Présentement, c'est de l'édition Deluxe dont il s'agit, celle-là même qui sortit à l'occasion du dixième anniversaire d'un album qui avait marqué lors de son run originel. En toute logique, on retrouve sur le 1er Cd l'intégrale dudit album soit 10 morceaux synthpop revus et corrigés à l'aulne d'une écriture indie rock déjà développée par Benjamin Gibbard chez Death Cab for Cutie ici enluminée des trésors synthétiques d'un Jimmy Tamborello s'en donnant à cœur-joie à réinterpréter les trucs et astuces de New Order, Depeche Mode, Pet Shop Boys (etc.). Et c'est une splendeur sans la moindre faille pour qui est amateur du genre, une splendeur ou brillent particulièrement quelques chansons encore plus réussies que leurs voisines (c'est dire) que sont The District Sleeps Alone Tonight, le tube Such Great Heights et We Will Become Silhouettes.
Voilà, ça c'est pour l'album, que beaucoup connaissent déjà étant donné qu'il eut un joli succès culte. Mais le "gras" de l'édition, ce qui justifie qu'un groupe n'ayant sorti qu'un album orphelin se voit boosté dans la catégorie des grands à qui les éditions prestigieuses sont permises, se trouve sur un généreux second cd de 15 titres, rien que ça ! Qu'y trouve-t'on ? 4 inédits de belle tenue, 3 reprises assez surprenante et tout à fait réussies (écoutez donc celle d'Against All Odds de Phil Collins, ce n'était pas gagné sur le papier, c'est un triomphe dans les oreilles !), 5 remixes plutôt plus intéressants que la moyenne, 1 live et 2 reprises de deux des plus belles chansons de l'album, Such Great Heights et We Will Become Silhouettes par, respectivement, The Shins et Iron & Wine prouvant que ces compostions, en l'occurrence, tiennent le choc d'un shift d'arrangements assez radical sans perdre de leur qualité.
La collection est en fait l'intégrale du matériel de The Postal Service, ne manquent à cette généreuse sélection complémentaire que les remixes de la formation pour d'autres artistes, sans doute une question de droits qui n'empêche nullement de goûter au talent d'un duo, et de ses quelques guests, dont on aurait bien aimé entendre de nouvelles aventures comme ce fut, en fait, prévu. Las, entre les calendriers respectivement bien remplis des deux leaders et les essais infructueux quand la chance parvint à les réunir, Give Up restera solitaire, et référentiel donc, et recommandé surtout !

CD 1 - Album
1. The District Sleeps Alone Tonight 4:43
2. Such Great Heights 4:26
3. Sleeping In 4:21
4. Nothing Better 3:46
5. Recycled Air 4:29
6. Clark Gable 4:54
7. We Will Become Silhouettes 5:00
8. This Place Is a Prison 4:12
9. Brand New Colony 4:12
10. Natural Anthem 5:07

CD 2 - Bonus
1. Turn Around 3:45
2. A Tattered Line of String 2:56
3. Be Still My Heart 3:03
4. There's Never Enough Time 3:32
5. Suddenly Everything Has Changed (The Flaming Lips cover) 3:26
6. Against All Odds (Take a Look at Me Now) (Phil Collins cover) 4:17
7. Grow Old With Me (John Lennon cover) 2:31
8. Such Great Heights (John Tejada Remix) 5:49
9. The District Sleeps Alone Tonight (DJ Downfall Persistent Beat Mix) 6:54
10. Be Still My Heart (Nobody Remix) 3:54
11. We Will Become Silhouettes (Matthew Dear's Not Scared Remix) 5:05
12. Nothing Better (Styrofoam Remix) 3:27
13. Recycled Air (Live on KEXP) 2:59
14. We Will Become Silhouettes (Performed by The Shins) 3:01
15. Such Great Heights (Performed by Iron & Wine) 4:16

Benjamin Gibbard - lead vocals, lyrics, guitars (1, 2, 3, 5, 9), additional keyboards (2, 7) , electric piano (8), drums (6, 8, 9)
Jimmy Tamborello - programming, accordion (8), additional keyboards (8), electric drums, production, glitching
&
Chris Walla - piano (4), production
Jenny Lewis - backing vocals (1, 3, 5, 6, 7, 9)
Jen Wood - backing vocals (2), vocals (4)
The Shins (14)
Iron & Wine (15)

THE POSTAL SERVICE

Ha! éMiLie!
Emilie Simon "Emilie Simon" (05/2003)
ou "Premier feux"

A tout seigneur tout honneur, c'est le billet d'époque de Christophe Conte (Les Inrocks), sans lequel je n'aurais peut-être jamais découvert la divine Emilie, que je vous propose :
"En l’entendant susurrer I Wanna Be Your Dog des Stooges, au creux d’un album qu’elle a par ailleurs entièrement composé, écrit et façonné, on en connaît qui iront aussitôt prendre leur carte de la SPA. S’il ne ressemble à aucun autre disque français déjà entendu, c’est parce que cet album ne sort d’aucune matrice préréglée en usine, et ne porte pas non plus de traces trop profondes d’une longue manipulation, par tous les bouts et par n’importe qui.
Entre les mains d’un producteur chargé de la rendre plus docile et aguicheuse, Emilie Simon aurait pu tomber à plat et apparaître, au final, pour tout ce qu’elle n’est pas : de l’electro-pop inoffensive, servie tiède par une autre de ces Lolitas post-gainsbouriennes. Dans ce piège-là, Emilie ne tombe pas, et pour s’en prémunir, elle a décidé de produire seule son album, d’en fabriquer en grande partie l’écorce musicale.
Toute la singularité de ce premier album est le produit d’ allers-retours permanents entre des domaines et des esthétiques qui au mieux s’ignorent, au pire s’affrontent. Il fallait, par exemple, faire preuve d’une sacrée trempe pour confier sa voix, à l’origine si douce et caressante, aux manipulations d’un ingénieur de l’Ircam, Cyrille Brissot, qui par endroits la détourne et la tiraille comme s’il s’agissait de transformer un fil de soie en fil barbelé.
Et, si l’album n’a rien de foncièrement expérimental, c’est au travers de microdétails embusqués que l’on mesure l’étendue de sa palette. Le ballet que mènent la harpe et les cordes sur le somptueux titre Lise, notamment, transcrivent son amour des écritures anciennes, même si la mécanique electro réoriente l’ensemble dans une perspective moderne. Idem avec Secret et ses sonorités graniteuses, Désert et son halo sablonneux, Il pleut et sa précipitation de petits cliquetis qui tient lieu de colonne vertébrale rythmique.
A ceux qui regarderont en direction de l’Islande et de son ambassadrice numéro un, Björk, on ne pourra franchement pas donner tort. Sur un plan plus large, ce premier album remarquablement maîtrisé apporte la preuve qu’en matière d’audace musicale le “plat pays” qui fut autrefois le nôtre est bel et bien devenu une passionnante terre d’aventures.
"
Björk ? Et Kate Bush monsieur Conte, t'en fais quoi de Kate ? Bon, on ne t'en veut pas parce que tu en parles bien.

1. Désert 3:03
2. Lise 3:55
3. Secret 3:57
4. Il Pleut 3:31
5. I Wanna Be Your Dog 2:42
6. To The Dancers In The Rain 2:42
7. Dernier Lit 3:06
8. Graines D’Étoiles (feat. Perry Blake) 3:00
9. Flowers 2:33
10. Vu D’Ici 3:48
11. Blue Light 3:06
12. Chanson De Toile 4:02

EMILIE SIMON

iNDie-SyNTH 2
Marbles "Expo" (03/2005)
ou "Belles billes"

Quand Robert Schneider ne fait pas les bonheurs des indie poppers néo-psychédéliques d'Apples in Stereo, il s'amuse comme un petit fou à singer la synthpop dont on n'a aucun doute qu'il raffolait en son jeune temps avec Marbles, side project commencé en 1993 et dont Expo, de 2005, est au jour d'aujourd'hui la dernière manifestation.
Une absence qu'on regrette tant le garçon s'y entend à détourner/adapter les sons que d'autres fomentèrent de la toute fin des 70s à la moitié des 80s (pour les vrais créateurs, ceux qui vinrent après étant souvent dérivatifs de leurs aînés). Outre quelques épisodiques guests venues pour pleinement réaliser la vision du sieur Schneider, c'est seul que Robert, aux synthétiseurs, à la guitare, à la basse, aux programmations, à la voix, n'en jetez plus, conçoit un opus court (25 minutes) dont on n'a pas de doute que Brian Eno (voir l'instru planant Jewel of India pour ceux qui douteraient) est la dominante figure tutélaire comme on l'entend dans une sélection de chansons accrocheuses et mélodiques navigant quelque part entre 1977 et 1981 avec leurs allures chics et tenues, dignes !, et les "restes" d'un "seventivisme" assumé via quelques guitares et ambiances devant beaucoup à une espèce de fantasme d'un Syd Barrett à la sauce Beatles.
Sans trop en faire, parce que ce n'est finalement que de la (bonne, précisons) chansonnette, certainement pas du niveau des quelques modèles précités donc si tout à fait digne héritier, Marbles propose un petit album absolument charmant qu'on conseillera aux amateurs de pop synthétique n'ayant pas perdu tout contact avec ce petit quelque chose de plus qui fait baver d'envie les rockers, bien joué.

1. Circuit 2:32
2. Out of Zone 3:46
3. When You Open 3:52
4. Magic 1:50
5. Jewel of India 2:53
6. Hello Sun 2:12
7. Expo 0:59
8. Cruel Sound 1:28
9. Blossoms 1:39
10. Move On 4:14

Robert Schneider – synthesizer, mellotron, organ, toy piano, piano, vocoder, bass synth, electric guitar, Fender bass guitar, horn arrangements, electronic effects, drum machine programming, engineering, lead and backing vocals
&
Hilarie Sidney – drums on "Circuit" and "Hello Sun"
Jim Lindsay – drums on "Cruel Sound" and "Move On"
Rick Benjamin – trombone on "Blossoms"
Merisa Bissinger – flute and alto saxophone on "Blossoms"
Derek Banach – trumpet on "Blossoms"
Hudson Berry – vibraphone on "Jewel of India"

MARBLES

KiNDa LouNGe
The Bird and the Bee "The Bird and the Bee" (01/2007)
ou "Ton corps change..."

Un petit (sous) titre humoristique pour un album plein de charme et de fraicheur ? Allez hop, c'est parti avec le billet de Saab (Paperblog.fr) qui va nous présenter tout ça :
"J'avoue ne pas foncièrement apprécier la pop en elle-même, mélangée à d'autres styles musicaux tels que le folk, le jazz, électro, etc. cela passe déjà mieux et pourtant j'ai craqué pour ce groupe The Bird and The Bee, d'ailleurs je vous en avais déjà touché un mot ici. Pour quelles raisons cet engouement pour ce groupe en particulier ? D'abord, pour la voix craquante et exquise de la chanteuse : Inara George. Mais que serait une voix sans de belles mélodies et une pointe d'imagination ? Pas grand chose, c'est heureusement Greg Kurstin (Beck, Lili Allen, etc.) qui est aux manettes de l'album (production, multi instrumentaliste) et qui assure l'écriture (acidulée, pleine de charme) de l'opus en compagnie de sa compagne musicale la douce et radieuse Inara.
Leur musique pop s'inspire de beaucoup de courants musicaux : on songe à la pop orchestrale de Bacharach et à la pop ensoleillée des Beach Boys ainsi qu'au tropicalisme brésilien et è la fusion lounge/jazz/easy lisening le tout agrémenté d'une touche de psychédélisme synthétique et même d'une pincée inattendue de hip pop. Depuis quelques mois, j'écoute souvent en boucle leur premier album Eponyme et je ne me lasse jamais de ce petit bijou qui doit certainement compter parmi les meilleurs albums pop de 2007. certes, l'album n'offre rien de foncièrement original mais la pop que le groupe propose sort des sentiers battus en ce que les ficelles ne sont pas trop grosses : même les morceaux que l'on peut qualifier de "up tempo" restent toujours dans une forme de légèreté, de poésie, de sensibilité et de subtilité que l'on retrouve trop rarement au sein la scène musical pop souvent pieds et poings liés par les vieillîtes commerciales des musiques de disques.
Si l'on passe l'album sous la loupe, nous ne pouvons nous empêcher de citer les deux morceaux qui tuent tout sur leur passage : Again and Again et Fucking Boyfriend, il est, en effet, difficile de faire plus addictif que ces deux pépites pop qui ont l'outrecuidance de survivre à des centaines d'écoute assidues. Trop Fort. Entre ces deux morceaux se cache le calme, subtil et discret The Birds and The Bees qui permet à Inara de montrer l'étendue de ses capacités vocales. Superbe. Je suis toujours subjugiée par I'm a Broken Heart, c'est plus fort que moi, je ne peux résister aux arrangements rétro et luxuriants, à la légère tension sensuelle de ce morceau beau comme un camion. De même le psychédélique et foisonnant La La La qui consitue également l'un de mes morceaux préférés. Un pur joyau.
La deuxième partie de l'album est plus calme et sombre : le sophistiqué et doucement mystérieux My Fair Lady ouvre le bal. L'influence de John Barry n'est pas loin, ce morceau est une pépite. Le synthétique I Hate Camera est vraiment pas mal, dommage que le refrain soit légèrement trop prévisible car le reste du morceau est excellent. Je vous parlé de hip hop et bien voici Because légèrement influencé par ce courant musical : le rythme indolent et le phrasé d'Inara font mouche. Preparedness est clairement plus introspectif que le reste de l'album : quelques percussions qui instaurent une ambiance nerveuse et les choeurs éthérés d'Inara font en sorte que ce morceau soit sombre et brûlant. Un bijou. La clôture se fait sur une note magistrale sous la forme du morceau nommé Spark : cette ballade vaporeuse et somptueuse sort des sentiers tracés précédemment par le groupe afin de nous démontrer qu'ils ne sont pas qu'un groupe pop, leurs possibilités sont illimitées.
Dansant, attendrissant, candide, subtil, sophistiqué et élégant, mené de main de maître par Greg Kurstin qui donne le meilleur de lui-même et surtout par Inara qui chante divinement bien. Un excellent album pop, l'un des meilleurs de 2007.
"
Bienvenus chez les oiseaux et les abeilles !

1. Again & Again 2:46
2. Birds and the Bees 3:51
3. Fucking Boyfriend 3:15
4. I'm a Broken Heart 4:31
5. La La La 3:19
6. My Fair Lady 3:36
7. I Hate Camera 3:05
8. Because 3:38
9. Preparedness 3:36
10. Spark 4:08

Greg Kurstin – engineer, instrumentation, mixing, producer
Inara George – vocals (all tracks); fuzz bass (1)
&
David Ralicke – horn (4)

THE BIRD AND THE BEE

MaNWeRK
Karl Bartos "Off the Record" (03/2013)
ou "Karl and his Kraft"

Bien que n'en étant pas un membre fondateur (il n'arriva dans la formation qu'en 75, pour leur déjà 5ème album), Karl Bartos est inséparable de sa partition au krauteux-electroniques de Kraftwerk. Pas étonnant, donc, que son deuxième album en solitaire (presqu'une décade après l'inaugural Communication de 2004) rappelle si fortement la fratrie robotique de Düsseldorf...
Encore moins quand on sait que la base des enregistrements d'Off the Record provient d'archives que le sieur Bartos accumula entre 1975 et 1993 et qu'il a, pour la circonstance, retravaillés de fond en comble. Rien que de très logique pour un musicien n'ayant jamais souhaité capitaliser sur la notoriété de son ancienne "maison" mais en étant, fondamentalement, indivisible.
Ici, Bartos fait tout, une habitude prise sur son précédent opus solitaire, une nécessité créatrice aussi, sûrement, pour un architecte sonore sachant exactement où il souhaite en venir et ne désirant pas, pour ce faire, s'encombrer de collaborateurs aux vues forcément, ne serait-ce que marginalement, différentes. De fait, peu importe que cette destination apparaisse si évidemment dérivative des travaux de ses anciens partenaires avec, en l'occurrence, l'emphase audiblement mise sur l'efficacité mélodique évidente dès un Atomium d'ouverture cousin du fameux Radio-Activity de qui vous savez.
La question, à partir de là, n'est pas de savoir si Off the Record fait avancer le schmilblick mais s'il fonctionne comme on est en droit de l'attendre. La réponse, présentement, est clairement positive et cette électro-pop aux nombreux hooks synthétiques, pas franchement prospective mais diablement efficace néanmoins, atteint son dérivatif but. Et ce n'est pas une pochette extrêmement référencée qui viendra nier cet état de fait.
Reste à savoir si, en 2013, cette musique trouvera son public ailleurs que chez quelques nostalgiques patentés. On peut légitimement en douter sans que ça n'enlève quoique ce soit à la réussite avérée du projet.

1. Atomium 3:16
2. Nachtfahrt 3:30
3. International Velvet 4:38
4. Without a Trace of Emotion 3:28
5. The Binary Code 1:42
6. Musica Ex Machina 5:16
7. The Tuning of the World 3:33
8. Instant Bayeruth 3:36
9. Vox Humana 2:56
10. Rhythmus 4:17
11. Silence 0:06
12. Hausmusik 3:30

KARL BARTOS

NeW WaVe
Chvrches "The Bones of What You Believe" (09/2013)
ou "Synth Toujours"

Le revival synthpop est là !, et c'est Yoann Kermet (butwehavemusic.com) qui vous en parle maintenant, tout de suite :
"En 2012, nous découvrions CHVRCHES via la sortie de deux singles très prometteurs, Lies et The Mother We Share. Le trio de Glasgow offrait au travers de ses deux titres un son électro synthpop porté par la voix adolescente de Lauren Mayberry et les compositions très années 80 de Iian Cook et Martin Doherty, aux influences qui penchent du côté de chez M83, Passion Pit voire Depeche Mode. Bénéficiant d’un buzz justifié et d’une notoriété quasi immédiate, le groupe était donc très attendu.
The Bones Of What You Believe est le premier album du groupe. Quatre des titres ont déjà bénéficié d’une sortie dans l’année qui a précédé l’album. On pourrait craindre le manque d’effet de surprises, pourtant on trouve de vraies surprises sur cet album, et le fait de retrouver des titres connus dans un contexte d’album leur donne une nouvelle saveur.
Difficile de mettre un titre de l’album de côté, face à tous ces tubes en puissance brillamment produits. Tether est certainement le titre le plus ambitieux et surprenant : riffs de guitare (on en retrouvera d’ailleurs quasiment plus) et tempo assez lent, avant de se laisser peu à peu totalement submerger par des synthés plus entrainants.
Sans prétention, CHVRCHES offre également beaucoup d’émotions. Derrière la froideur des sons électroniques s’impose la voix de Lauren Mayberry qui donne une humanité aux morceaux. Le choix de laisser l’initiative de deux morceaux à Martin Doherty donne également une dimension supplémentaire à l’album, et ces deux titres viennent se placer de façon très judicieuse dans la construction de l’album. La concordance et la résonance des voix féminines et masculines sont parfaitement maîtrisées tout au long de l’album, on notera le soin plus particulier apporté à Night Sky.
CHVRCHES s’impose aussi par l’écriture, pas si facile dans le créneau de la synthpop. Avec mélancolie, le groupe retrace les affres des relations amoureuses et les ruptures. Sur Recover, Lauren Mayberry évoque son désespoir vain à sauver une relation ayant déjà échoué « And you take what you need/ And you don’t need me ».
Venant rompre avec la lignée des groupes folk et rock de Glasgow, CHVRCHES offre une pop sans prétention, facile d’accès et quasi immédiate à apprécier. Ce premier essai est une belle confirmation du talent du groupe et est très prometteur quant à son avenir. Le groupe réussit en effet à transposer son univers sur un format long, là où beaucoup de groupes ne parviennent pas à captiver au delà de deux ou trois bons morceaux. The Bones Of What You Believe est une des très bonnes surprises de 2013, CHVRCHES vaut définitivement bien plus que la hype qui l’entoure.
"
Absolument réussi, absolument délicieux, absolument recommandé !

1. The Mother We Share 3:12
2. We Sink 3:34
3. Gun 3:53
4. Tether 4:46
5. Lies 3:41
6. Under the Tide 4:32
7. Recover 3:45
8. Night Sky 3:51
9. Science/Visions 3:58
10. Lungs 3:02
11. By the Throat 4:09
12. You Caught the Light 5:37
Bonus
13. Strong Hand 3:25
14. The Mother We Share (Errors RMX) 3:17

Iain Cook - Guitar, bass, keyboards, sampler
Martin Doherty - Keyboards, sampler, guitar, vocals
Lauren Mayberry - Vocals, Drums, Keyboards

CHVRCHES

SyNTH'N'SouL
Little Dragon "Nabuma Rubberband" (2014)
ou "Short-Snout"

Last but not least, des suédois avec une chanteuse japonaise qui naviguent quelque part entre trip-hop, syntpop et soul alternative, c'est vachement bien, Nobuma Rubberband (ce titre !) est leur 4ème opus, le dernier en date, ils s'appellent Little Dragon et c'est Stéphane El Menshawi (Froggy's Delight) qui nous en parle :
"Il aura fallu près de quatre albums à Little Dragon pour finalement capter un grand nombre d'oreilles à travers le globe. Comprendre qu'avec le succès de Ritual Union sorti en 2011, le groupe mené par la voix de Yukimi Nagano avait fini par enregistrer un titre à des fins purement commerciales (une bande son pour une bière diffusée pendant le super bowl).
Trois années plus tard, de retour avec un nouvel album coincé sous le bras, le groupe se retrouve à un croisement ouvrant sur toute une collection de possibilités, s'étiolant depuis une éventuelle réédition fade des hits passés, à l'hypothètique sortie d'un opus trop obscur pour massivement remporter l'adhésion du public.
Nabuma Rubberband, nom barbare définissant ce quatrième né, est en réalité une jonction, un carrefour auquel sont rendus les quatre membres de Little Dragon. Passage charnière et obligé pour tout groupe ayant perduré une décennie durant et devant à un point donné se remettre en question.
De l'aveu même du groupe, cet album s'est construit dans une atmosphère d'adversité. Chaque membre s'étant formé une identité musicale solide durant les années passées, créer un album sur ses antagonismes relevait de la gageure. À l'écoute, le défi a été relevé avec une énergie nouvelle, à peine domptée par la dimension sensuelle du chant Yukimi Nagano. Ainsi, même sur le très bien nommé "Klapp Klapp", les grosses percussions ainsi que l'infatigable ligne de basse n'arrivent jamais à occulter l'organe de la chanteur d'origine japonaise.
Les synthés - marque de fabrique historique du groupe - sont toujours bien présents et se doublent bien plus volontiers d'harmonie vocales ("Underbart"), alors que des titres comme "Paris" établissent un parallèle avec la rythmique de l'opus précédant. "Killing Me" est quant à lui le point d'orgue statufiant sur l'équilibre diabolique sur lequel le groupe repose désormais : Yukimi occupe tout un pan de l'espace, sensualisant les mots "Killing Me" aussi banalement que les claviers et les basses annexent les oreilles.
Disque courageux, Nabuma Rubberband n'hésite pas à jouer les cartes de la redondance rythmique et minimaliste sur son titre éponyme ou à accentuer les traits exotiques de ses productions ("Let Go" et surtout "Pink Cloud"), s'affirmant comme un disque brillamment éclectique.
On repassera pour la panne d'inspiration, visiblement le collectif de Little Dragon a encore du carburant à brûler. Les dragons font donc bel et bien feu de tout bois.
"
Laissez-vous tenter, vous ne serez pas déçus !

1. Mirror 3:25
2. Klapp Klapp 3:37
3. Pretty Girls 3:43
4. Underbart 4:05
5. Cat Rider 4:33
6. Paris 3:24
7. Lurad 0:08
8. Nabuma Rubberband 3:15
9. Only One 4:06
10. Killing Me 3:44
11. Pink Cloud 4:46
12. Let Go 4:04

Yukimi Nagano – vocals, percussion
Fredrik Källgren Wallin – keyboards, bass guitar
Håkan Wirenstrand – keyboards
Erik Bodin – drums

LITTLE DRAGON

8 commentaires:

  1. SynthPop V: Et après... (1995-2013)

    The Rentals "Return of the Rentals" (10/1995)
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    Broadcast "Work or Non Work" (06/1997)
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    Paradise Lost "Host" (1999)
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    Phoenix "United" (06/2000)
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    The Postal Service "Give Up" (02/2003)
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    Emilie Simon "Emilie Simon" (05/2003)
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    Marbles "Expo" (03/2005)
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    The Bird and the Bee "The Bird and the Bee" (01/2007)
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    Karl Bartos "Off the Record" (03/2013)
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    Chvrches "The Bones of What You Believe" (09/2013)
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    Little Dragon "Nabuma Rubberband" (2014)
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  2. Je commence à faire défiler ta sélection, et je m dis: "c'est bon, je ne suis pas trop larguée!". Puis très vite, force est de constater que si...
    Donc je connais The Rentals, un album à la combustion lente, dont j'ai appris à apprécier sur la durée car au final pas très sexy de première abord, comme la pochette il est vrai (longtemps que je ne l'ai pas écouter celui-là, mais un vraiment bon album).

    Broadcast: je connaissais jsute de nom (ou 1 ou 2 titres). Je suis en train d'écouter. Plein de parfums familier et fort envoutant. C'est vrai qu'il y a un côte trip hop onirique comme aurait pu en faire 4AD si le label avait viré techno-pop...

    Phoenix: je n'ai jamais écouté un album en entier mais j'avais picoré dans leur disco au gré d'internet. Donc je vais pouvoir approfondir.

    Pour le reste, j'ai pris Postal Service et Emilie Simon (j'aurais cité également l'influence de Stina Nordestam...) et Chvrches (à chaque fois que je vois leur nom je pense à The Church...).

    Tu me demand&ais à quoi ressemblait Colin Newman. C'est l'un des leaders de Wire dont je propose deux compil' chez Jimmy. La première (celle des mid' 80's) pourra te donner quelques idées de son style solo en retirant les guitares et l'aspect expérimental, pour ne garder que le versant pop et doux, et plus intimiste. Pour la petite histoire, je crois qu'il s'est marié avec la chanteuse de Minimal Compact...

    Pour ta sélection, je m'imaginais retrouver Underworld ou Ellen Allien, ou les débuts de Metronimy ou les Hot Chips. Pour un volume 6? ^-^.

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    1. Que de bons choix alternatifs et deux d'entre eux des référénces rejetées de justesse : Underworld et Hot Chip (sans S ou alors en sachet). ;-)
      Tu as de belles pioches aussi sur lesquelles j'attends ton retour, si le cœur t'en dis.
      Et merci pour les deux compiles chopées chez Jimmy, tu fais mon éducation, j'aime !

      Merci de ton commentaire et bonnes écoutes !

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  3. Merci pour ces belles sélections "synth-pop" pleines de découvertes. Aujourd'hui je pioche 'The bird and the bee' et 'Broadcast', étant passé à côté de ces deux groupes dont les extraits proposés m'attirent bien.
    Comme dit Audrey, vol.6 or not vol.6 ?*
    En tout cas bravo !

    *Difficile de définir la pop des Papas Fritas, mais tiens si ça plaît comme à moi voilà leur 'Pop has freed us' !
    http://www113.zippyshare.com/v/co3mHX6r/file.html

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    1. Un volume 6 ? Il n'est pas prévu mais sait-on jamais...
      Et merci pour le lien !

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  4. Je profite de ce dernier wagon pour commenter ce voyage en plusieurs étapes dans la pop synthétique des années 80. Je trouve que tu as fait une sélection très cohérente et bien représentative de cette période (même si ça manque de frenchies ^^).

    - Les précurseurs sont ceux que je connais le mieux (et que j'apprécie le plus), à l'exception de l'album des Buggles. J'ai donc découvert un disque de pop très bien ficelé, mais on sent le savoir-faire du producteur un peu trop malin pour être vraiment touchant. Certaines compos m'ont fait penser au disque de The Korgis sorti la même année.

    - 80-82 :
    On entre dans la zone ou je connais surtout les singles à l'exception de Japan qui, pour moi, plane bien au-dessus (en bon fan de Bowie, je suis d'accord avec toi); mais ce groupe est-il vraiment pop? Classe, ça c'est sûr!
    Ensuite je retiens le très bon album de Soft Cell, sexy et touchant par ses réussites et aussi ses quelques maladresses, mais ça a très bien vieilli. Viens Visage et son élégance androgyne et distante, puis Human League qui sait insuffler un peu de noirceur post punk dans sa brillance synthétique. Le parfait inconnu de la liste c'est Thomas Dolby et c'est une bonne surprise bien fun (surtout après OMD).

    - 82-84:
    L'étape où je me suis fait violence pour écouter certains disques jusqu'au bout (ABC, Alphaville, même Talk Talk dont j'aime tellement la suite, comme beaucoup de gens).
    Ici je retiens seulement Eurythmics et Yazoo avec leurs chants de sirène bien plus envoûtant que n'importe quelle superproduction clinquante et calibrées pour les charts des yuppies "duranesque". Avec le recul je trouve que le contraste entre la chaleur d'une belle voix soul et la froideur des sons numériques à la palette assez limitée de cette époque fonctionne encore bien (une formule de base pour le trip hop et le R'n'B actuel ?)

    à suivre

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  5. - 84-89 :
    De la diversité et de la sortie définitive de la new wave. Là encore ce n'est pas ma tasse de thé, à croire que je n'aime pas la synth-pop. Cette fois je suis pourtant tout à fait contemporain de cette période, c'est-à-dire celle où je commence à m'acheter des LP et des K7. Mais à part le Pet Shop Boys, ce n'était pas les albums que j'achetais. Découvertes plus ou moins rétroactives donc, à une époque où le prêt et la copie était une interaction physique.
    Je découvre l'album de Bronsky Beat, avec ses apports en instruments acoustiques bienvenus. J'aime bcp les morceaux jusqu'à la 7ème piste.
    Le Frankie, à l'époque les singles étaient terribles, mais je trouvais et je trouve encore plus que l'album s'essouffle rapidement. Il ne s'est d'ailleurs pas si bien vendu que ça (je parle bien de l'album) et la reprise de Springsteen a été mal perçu par une majorité du public américain. L'association entre la culture gay et le Boss était vraiment trop sacrilège pour lui.

    Je ne connaissais pas cette version pop de Cabaret Voltaire, ça m'a fait penser à ce qu'on a appelé l'Electro Body dans laquelle on trouvait D.A.F ou Front 242. Pas mauvais mais je préfère leur tendance indus/expérimentale.
    Nik Kershaw, je connaissais le single sans connaître son nom, mais les 2 autres morceaux en sélection ne m'ont absolument pas convaincu. L'autre inconnu c'est China Crisis où cette fois j'ai écouté l'album en entier, mais finalement seuls les morceaux en exemples s'en tirent correctement à mes oreilles gavées de synth-pop.
    Sigue Sigue Spoutnik est une sympathique esbroufe où les jingles publicitaires entre les morceaux sont ce qu'il y a de plus intéressant. C'est peut-être le dernier album concept pour subvertir la pop mainstream à la manière d'un Malcom McLaren (avec Bow Wow Wow) ou de Trevor Horn.
    Dans le genre electro rock, l'excellent duo français Kas Product est bien meilleur et surtout absolument sincère (certes plus ancien). Il aurait très largement mérité sa place dans cette série. Pour les curieux du genre qui lisent tous les commentaires, je vous invite à découvrir les albums "Try Out" et "By Pass", très facilement écoutables sur le Tube.
    Si je dis que j'ai toujours préféré Joy Division à New Order, j'ai tout dit, non? ^^. Mais c'est une présence obligée pour le thème.
    Finalement ce sont les 2 grands de la pop mainstream, Tears For Fear et Pet Shop Boys qui tiennent encore le haut du pavé.

    Voilà, j'ai réussi à venir à bout de ces années 80 synthétiques (avec l'enthousiasme et l'ennui inhérent à un long voyage). Je suis en retard avec ce billet mais je peux au moins dire que je suis très fan de Broadcast.

    Je vais toutefois terminer mon commentaire en évoquant un album de 1984 qui me semble essentiel à cette histoire. (Who's afraid of) Art Of Noise, sorti sur le label ZTT de Trevor Horn et Paul Morley. Si Frankie Goes to Hollywood était une machine de guerre à singles de pop synthétique pour faire chier les groupes de pop rock mainstream de l'époque, le projet Art of Noise avec ses membres anonymes était le versant technologique et avant-gardiste du label, et sa 1ère sortie.
    Les compositions d'Art of Noise sont systématiquement construites avec l'un des tout premier sampler numérique de l'époque : le Fairchild CMI serie II. Avec cette usine à gaz ultra lourde et coûteuse, à la qualité d'échantillonnage médiocre (2 secondes maximum en 8 bit), A o N et Horn créent une esthétique du collage et des rythmes saccadés qui influenceront grandement le breakbeat du hip hop. Contrairement à Frankie et à la synth-pop en général, ils ont connu un grand succès aux Etats-Unis. Et je vous laisse imaginer l'importance de l'utilisation du sampler dans les musiques actuelles...

    Voilà c'est dit.

    Merci à toi le Zornophage pour ton gros travail d'historien synth-popiste.

    A+

    Oya Dante

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    Réponses
    1. Et merci à toi pour ce très détaillé retour sur la série !

      Je retiens ta recommandation pour Art of Noise (je dois avoir une compile mais c'est tout) et Kas Product (dont j'ai bien dû entendre quelque chose à un moment ou un autre).

      Merci de ce long commentaire Oya !^_^

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