ou "des Textes et du Son"
Quel album ! Quelle injustice aussi de ne pas le voir briller au firmament des œuvres françaises de référence entre un Histoire de Melody Nelson et un Mëkanïk Dëstruktïẁ Kömmandöh (choix d'albums pas tout à fait innocent).
Présentement, il s'agit du second album de la formation menée par le parolier et vocaliste Philippe Pigeard. Sorti un an après un premier album, Tanjah, prometteur mais encore inabouti, La Mémoire Insoluble voit tous les éléments déjà présents (prose Gainsbourgienne, tentations world music, rock progressives et (free) jazz) gagner en cohérence dans une fusion absolument irrésistible. Parce qu'on a ici affaire à d'excellentes chansons, à une diversité de ton et d'ambiance, à une maîtrise instrumentale frôlant la perfection. Quelques morceaux sont d'ailleurs exemplaires dans l'exercice : Chloé Des Lysses (featuring l'actrice de porno chic et intello du même nom) et sa sensualité particulière, Facel Vega et ses sorties de routes contrôlées, La Valse des Amants et sa langueur communicative... Ce ne sont que quelques exemples d'une sélection sans faux-pas, sans faux pli qui plus est parfaitement mise en son où tout est audible des cordes aux cuivres aux fracas rythmiques avec, peut-être, maladie bien française (nous sommes un peuple verbeux, définitivement !) un voix un poil surmixée, mais rien qui n'empêche de parfaitement jouir de cet album complexe, exigeant de l'auditeur un minimum d'attention et d'investissement, auditeur qui se verra récompensé au centuple de ses (petits) efforts.
Sans doute trop élitiste, trop libre, trop osé, La Mémoire Insoluble ne rencontrera pas vraiment son public et ne bénéficia que d'un succès culte. Aujourd'hui, depuis trop longtemps épuisée en édition physique (la frilosité d'une major, Mercury, préférant capitaliser sur des références sûres que de pérenniser des albums difficiles mais touchés par la grâce est à mettre en cause) mais trouvable en éditions dématérialisées (dommage, le livret y passe à l'as), La Mémoire Insoluble demeure le magnum opus de Tanger, un album rare, brillant de mille feux pas prêts de s'éteindre.
Immanquable, vous l'aurez compris.
1. Mouvement Deuxième (Les Putains Sacrées De Goaty) 5:38
2. Chloé Des Lysses 4:33
3. L'Explication 4:11
4. Facel Vega 6:45
5. Pièce Détachée 1:19
6. Man Story 5:10
7. L'Auréole 4:41
8. L'Imparfait 4:09
9. Mouvement Quatrieme (L'incosolence Partie 2) 4:20
10. Camille 3 3:15 EUR 1,29
11. Les Ailes De L'Augure 5:57
12. La Tectonique Des Corps 0:57
13. La Valse Des Amants 3:47
69. [sans titre] 3:06
Philippe Pigeard - voix
Christophe Van Huffel - guitare, orgue
Didier Perrin - guitare, basse
Tolga Arslan - batterie, percussions
Thomas Mouzard - sax alto, flûte, zurma, clarinette
Guillaume Méténier - Hammond, Rhodes, Wurlitzer
Dan Warburton - piano, orgue
Grégory Goetz - sax ténor, flûte
Chloé des Lysses - voix
Cuivres
Franck Debuytter - sax ténor
Patrick Mortier - trompette
Jan de Backer - trombone
Pietro Lacirignola - sax alto
Cordes
Sonia Slany - 1er violon
Jacqui Norry - 2ème violon
Jocelyn Pook - alto
Caroline Lavelle - violoncelle
Un album dont vous voudriez que les gens se souviennent ? N'hésitez pas à la partager, je me ferai un plaisir de le poster.
zornophage[at]gmail[dot]com
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Voilà un disque que je n'aurais certainement jamais écouté avant de lire ta chronique.
RépondreSupprimerJe dois bien avouer que la surprise est grande. Certes, ce n'est pas une œuvre qu'on s'enfile au goulot comme un picrate de supermarché. Il faut d'abord se laver un peu les neurones pour l'appréhender sereinement, l'esprit libre. Une fois cette opération effectuée, on peut s'embarquer pour le voyage… et ce n'est pas un voyage de tout repos : il y a des creux et des bosses, des accélérations massives et des passages pas sages ! Des instants de volupté et des colères divines.
Belle réussite et belle découverte.
Thanxxx Zornie
Tu as tout bon Keith ! Et bon gout aussi ! Bravo !
SupprimerGénial, je suis un frustré de Tanger depuis leur disparition .. j'écoute encore de temps en temps.. grand groupe, grand bonhomme, grandes pochettes....
RépondreSupprimerLeur dernier album m'ayant nettement moins remué, je ne partage pas ta frustration mais, tout de même, un beau gâchis que l'anonymat où fut coincé cette formation.
SupprimerTypiquement le disque qui ne me donne pas envie de base, et que je n'aurais sans doute jamais écouté, ou au mieux zappé vite fait, sans ton papier passionné qui a renversé la tendance (et notamment l'emploi de "prose gainsbourgienne"). Je repasse te dire ce que j'en ai pensé, après mes exams. Merci pour l'expérience donc ! :)
RépondreSupprimerJ'attends donc ton retour... Enjoie !
SupprimerJe connaissais pas du tout Tanger. J'aime bien la pochette, elle me fait penser au Boxer de The National pour le code couleur (Le Boxer étant évidemment postérieur). J'ai écouté (pour l'instant) que le Chloé des Lysses, que j'adore. De fait, je vais écouter le reste quand j'aurai le temps, mais cette intelligence impertinente à la fois ambitieuse et se tournant elle-même en dérision par moments, j'adore.
RépondreSupprimerJ'espère que le reste de l'album recevra également ton adhésion... Enjoie !
SupprimerRien à rajouter ! ^_^
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