ou "Alain soit loué"
Si le Cantique des Cantiques (Chir ha-chirim en hébreux) a inspiré de nombreuses œuvres classiques, rares sont ceux qui, dans l'idiome pop, rock ou jazz, avaient osé s'attaquer à cette suite de poèmes bibliques référentielle et sensuelle, sans doute par révérence pour un texte quasi-intouchable mais aussi par différent culturel. Aussi quand Alain Bashung et sa nouvelle épouse, Chloé Mons, en créent leur propre version en 2002, les oreilles se tendent prêtes à capter un évènement rare. Prêtes aussi à tomber sur le râble d'un projet trop ambitieux ?
De son interprétation, lors des noces des deux tourtereaux, il ne resterait de traces que dans les souvenirs de quelques proches/privilégiés qui y assistèrent si quelques microphones n'avaient été judicieusement placés dans l'église Pas-de-Calaisienne hôtesse de l'évènement. Fort heureusement, parce que l'expérience du duo vocal, mise en musique par l'ex-Kat Onoma Rodolphe Burger qui les accompagne pour la circonstance sur une nouvelle traduction de l'écrivain Olivier Cadiot, mérite que l'on s'y penche avec une attention religieuse, et pas seulement parce que Bashung nous a depuis quitté.
Or, donc, ces deux (ou trois, ou quatre) ont osé. Grand bien leur en prit parce que ces 27 minutes coupent littéralement le souffle de l'auditeur pantois. Déjà parce que le texte en impose et qu'à défaut de comprendre le latin, l'hébreu ou l'araméen, on apprécie la version Cadiot à sa juste valeur. Ensuite parce que les voix d'Alain et de Chloé lui donne admirablement vie, ce qui permet, au passage, de se souvenir le conteur d'exception que fut M. Bashung. Enfin parce que la mise en musique de Rodolphe Burger offre l'écrin, minimaliste mais riche, intense et contrasté, qu'il lui fallait. Qui plus est, la captation est parfaite, organique et chaude comme il se doit, vibrante des murs de l'église d'Audighen.
Le profane et le sacré, une alliance particulièrement réussie ici. Qu'est-ce qu'on dit ? Bravo.
1. Cantique des Cantiques 26:58
(écoute en streaming)
Alain Bashung - voix, harmonica
Chloé Mons - voix
Rodolphe Burger - musique
Olivier Cadiot - traduction
Alain Bashung, Rodolphe Burger et Chloé Mons "La Ballade de Calamity Jane" (2006)
ou "to the West"
A partir des lettres que Calamity Jane écrivit à sa fille, c'est à un film sans image que nous invitent Chloé Mons, Rodolophe Burger et Alain Bashung, une triplette qui avait déjà réussi son Cantique des Cantiques et qui vise à nouveau en plein cœur sur cet album unique et trop méconnu.
Concrètement, l'album est double, d'un côté des chansons éthérées inspirées des écrits de Calamity Jane majoritairement chantées par Chloé (avec quelques interventions remarquées d'Alain), de l'autre des lectures d'extraits des fameuses lettres par Alain ambiancées de quelques notes d'harmonica, de quelques bruitages percussifs discrets et de quelques licks de guitare de Rodolphe Burger. A priori, on se dit que le cadencement 1/2 (une chanson souvent courte, une lecture généralement plus longue) risque d'être le talon d'Achille de l'exercice, il n'en est rien l’œuvre fonctionnant parfaitement telle quelle. On y a un grand plaisir de retrouver les dons de lecteur, de conteur même, d'Alain et pas de réserve sur la voix de Chloé sur des chansons cependant moins substantielles qu'on ne l'aurait souhaité. Le tout, puisque c'est un concept, une bande-son filmique sans image, s'imbrique sans paraitre artificiel et donne à l'auditeur de fort belles émotions lui permettant de découvrir des textes vrais d'un vieil ouest sauvage trop souvent fantasmé. Parce qu'il y a de la véracité ici, une authenticité bien loin de la vision hollywoodienne ou spaghetti de la chose.
Comme le dit le livret accompagnant l'album, "La Ballade de Calamity Jane est un film à regarder les yeux fermés", un voyage qu'on partage avec trois artistes à la créativité sans borne, un album chaudement recommandé.
1. Introduction 0:37
2. Saddle in the Wind 1:55
3. Lecture 2:20
4. I'll See Your Eyes Again 1:14
5. Lecture 7:38
6. Bill and Jane 1:48
7. Lecture 6:21
8. See You Later 1:21
9. Lecture 2:39
10. Sad and Free 1:54
11. Lecture 3:41
12. By the River 2:31
13. Lecture 2:26
14. Old and Queer 2:12
15. Lecture 1:01
16. To Bill 4:01
Alain Bashung - voix, harmonica
Chloé Mons - voix
Rodolphe Burger - guitare, voix
Marco De Oliveira - percussions
NB: les deux en un lien !
Et bien, il va falloir écouter tout ça. Quel dommage que je dooive partir bosser, je m'en délectais d'avance.
RépondreSupprimerN'hésite pas à revenir après. En attendant, merci de ton passage. ^_^
SupprimerEt ba écoute, j'ai écoute que le Cantique des Cantiques, pour l'instant, et je ne le trouve pas difficile d'accès. J'adore. Mais c'était couru d'avance, ça me fait penser à l'Europe, le dernier morceau de Des Visages Des Figures de Noir Désir. Un morceau étiré sur une durée très longue, un homme et une femme qui se répondent, un instru minimaliste mais avec une vraie présence. J'adore.
SupprimerJe n'avais pas fait le parallèle avec L'Europe mais, pourquoi pas. Sauf qu'ici, amha, le texte fait la différence.
SupprimerAllez, Calamity Jane maintenant ! ^_^
Paradoxalement, j'ai préféré Cantiques. Attention, j'aime bien Calamity Jane, mais c'est un peu trop narratif pour que j'adhère à l'ensemble, je crois.
SupprimerDès qu'il y a ces passages très narratiques, ça marque une rupture, je remets les pieds sur terre. Et comme y en a pas mal... Dommage, parce qu'à part ça, ça m'emmène très loin.
Je comprends mais je ne suis pas d'accord préférant en fait les lectures aux chansons (qui ne sont pas mauvaises ceci dit).
SupprimerLe "Cantique des Cantiques" faut quand même se le fader ! C'est limite chiant. La "La Ballade..." est plus digeste mais entrecoupée de textes parlés que je trouve sans intérêt.
RépondreSupprimerBashung était un aventurier de la musique. On ne peut donc que saluer ses "expériences" mais ça reste des disques obscurs et d'approche assez difficile.
Pour initiés !
Pour amateurs d'Art je dirai.
SupprimerPersonnellement, je n'ai pas trouvé l'approche difficile mais, en général, je ne trouve pas grand chose d'approche difficile.
Merci quand même pour ton commentaire. ;-)
Le Cantique... Ou comment transfigurer un texte un peu austère en une oeuvre envoutante, évidemment ce ne sont pas les premiers venus qui s'y collent et ça s'entend.
RépondreSupprimerBravo pour ce choix et pour l'envie du coup d'écouter à nouveau Rodolphe Burger.
Pourquoi pas l'album Valley Session.... ( à retenir pour un prochain post peut-être ? ;-)
Amok
Zorn s'y est tenté aussi. Avec Lou Reed aux États Unis, avec Mathieu Amalric en France (vu à Paris, excellent) mais, oui, tu as raison, il faut un sacré estomac pour se coller à pareil monument.
SupprimerSinon, je connais peu Rodolphe Burger en solo ou dans ses autres projet, juste Meteor Show et No Sport. Si le cœur te dit de partager autre chose, je suis peneur.
Arffff.... je n'ai pas l'album Valley Session, j'en suis réduit à l'écouter sur Deezer, quelle misère ! Mais si un de nos bloggers favoris habitués des lieux peut faire mieux que moi et le mettre en open bar, ce sera un régal pour tout le monde, justement pour le morceau "C'est dans la vallée" et quelques autres.
SupprimerC'est vrai que Cadiot & Burger, c'est un plaisir rare...
Reste à espérer. Merci de ton retour.
Supprimerolivier Cadiot est grand; et le cantique est un texte magnifique, j'adore.
RépondreSupprimer- sinon il y a un album de Cadiot & Burger , on n'est pas des indiens, c'est dommage.
vivement recommandé .
C'est dans la vallée. :)
Marius
Voir le commentaire ci-dessus pour Burger/Cadiot.Si tu l'as, ça m'intéresse.
SupprimerContent que tu aimes. ^_^
Et je réponds aussi sur Chloé Mons dont je ne connais aucun album solo. Il faut dire qu'il n'ont quasiment pas été promus comme si une aura de veuve noire planait sur la dame. C'est sans doute dommage, il faudra que j'y remédie à l'occasion, si l'occasion se présente.
tu as écouter le dernier de Chloé,il est bien ?
RépondreSupprimerJ'ai les albums, mais je "prends" ta chronique, je prépare un truc débile consistant a "défendre" Daho quand mes amis - vénérant le Bashung - le place comme artiste sympa mais tellement sous Bashung...
RépondreSupprimerDaho un sous-Bashung ? Quelle drôle d'idée !
SupprimerBashung est bien un sous-Burger... A chacun ses hiérarchies.
SupprimerY a comme un problème de chronologie, là.
Supprimer10 ans c'est rien... Plus sérieusement, on peut préférer Daho ou Burger, ça n'enlève rien à Bashung.
SupprimerOn ne peut par retirer à Bashung, etc.
SupprimerDaho, à part deux ou trois chansons, m'a toujours indifféré.