vendredi 24 janvier 2014

Premier Tom

Tom Waits "Closing Time" (1973)
ou "Le début de l'Histoire"


Pour ceux qui ne connaissent de Tom Waits que la seconde période, post-Asylum records, de sa carrière, Closing Time paraitra bien sage, presque commune dans sa faconde jazzy bluesy folky mais...

Parce qu'il y a un mais, et de taille ! En l'occurrence la grâce de compositions à l'époque plus connues par d'autres que par Mr. Waits : Ol' 55 par les Eagles, Martha par Tim Buckley, etc.
Qu'on se le dise, dès 73, dès ce premier album sorti alors qu'il n'a pas encore 25 ans, Tom Waits s'impose comme un songwriter d'exception même si, musicalement, on est encore bien loin des bizarreries à venir.
Présentement, loin des canons stylistiques alors en vogue, Waits étale son amour pour une musique un peu surannée, plutôt nostalgique. Lui même le dit d'ailleurs, il ne se sent pas très en phase avec ce qui l'entoure, plus Nat King Cole que Grateful Dead, pour simplifier, il aime à pianoter de belles chansons souvent tristes où sa belle voix, possédant déjà cette fêlure si distinctive alors qu'il n'a que 25 ans !, fait merveille.
Mais l'album n'est pas si jazz que Tom l'aurait souhaité, la faute à un Jerry Yester essayant de le rapprocher des folkeux contemporains quand le piano jazz souhaité par le jeune homme est assez out. Ça s'entend sur l'album qui est, de fait, un compromis entre les désirs de l'artiste et ceux de son producteur. Ce qui n'enlève évidemment rien à des compositions de qualité telles que Ol' 55, I Hope That I Don't Fall in Love with You, Martha, Ice Cream Man, etc., parce que tout est bon ici ! Allez, si on veut vraiment pinailler on regrettera que seul Ice Cream Man accélère le tempo d'un album sinon constitué de belles ballades douces-amères. Que Tom confectionne si bien que, vraiment, c'est pour trouver quelque chose à redire à ce festin mélodique et compositionnel de tous les instants où, petite précision pas inutile, Waits est bien secondé, en particulier par le trompettiste Delbert Bennett.

Closing Time, c'est un autre Tom, encore un poil hésitant mais à la plume déjà très sûre. Un fort bel album aussi, toujours aussi frais et émouvant plus de 40 ans après sa sortie. En un mot comme en mille : un classique !


1. Ol' '55 3:58
2. I Hope That I Don't Fall in Love with You 3:54
3. Virginia Avenue 3:10
4. Old Shoes (& Picture Postcards) 3:40
5. Midnight Lullaby 3:26
6. Martha 4:30
7. Rosie 4:03
8. Lonely 3:12
9. Ice Cream Man 3:05
10. Little Trip to Heaven (On the Wings of Your Love) 3:38
11. Grapefruit Moon 4:50
12. Closing Time 4:20


Tom Waits – vocals, piano, celeste, guitar
Delbert Bennett – trumpet
Shep Cooke – guitar; backing vocals on "I Hope That I Don't Fall in Love with You" and "Old Shoes (& Picture Postcards)"
Peter Klimes – guitar
Bill Plummer – bass guitar
John Seiter – drums, backing vocals
&
Arni Egilsson – bass guitar on "Closing Time"
Jesse Ehrlich – cello
Tony Terran – trumpet on "Closing Time"

13 commentaires:

  1. J'aime beaucoup également les 2 Early Years qui datent de 71...

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    1. Les Early Years sont indispensables... aux fans !
      Franchement, c'est sympathique mais ça ne vaut pas les albums. Plus documentaire qu'autre chose, à mon avis.

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  2. L'époque où Tom Waits "essayait encore de chanter" (dixit Ph Garnier...).
    Hé, être repris par les Eagles c'est pas la classe ?..
    Quelle que soit la période on galère à essayer de classer le bonhomme mais je crois bien que quoi qu'il fasse Waits est un genre à lui tout seul.
    EWG

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    1. Inclassable parce qu'il est son propre animal, tu as bien raison.
      Indémodable parce qu'il n'a jamais été à la mode, c'est l'évidence.
      Tom est un cas à part, on ne le souhaiterait pas autrement.

      PS : repris par les Eagles ET Tim Buckley, c'est la classe en effet.

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    2. Tim Buckley c'est la classe mais sans les points de suspension ...

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    3. Ha, je vois que Monsieur Everett faisait dans l'ironie. Mais être repris par les Eagles du début des 70s, je maintiens, c'est la classe. Surtout quand on est un jeune auteur/compositeur/interprète totalement inconnu.

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    4. Et puis, tiens, je serais curieux de savoir ce que tu connais des Eagles pour avoir un jugement aussi péremptoire... Je parie sur New Kid in Town et Hotel California. :-p

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    5. T'en veux de la vraie ironie ?
      Tiens : "Turn up The Eagles, the neighbors are listening !" ça te dit quelque chose?
      Haha

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    6. "They stab it with their STEELY knives, but they just can't kill the beast"
      ^_^

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    7. Pas morte la bête non, mais vexée...
      J'adore !

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    8. Il semblerait que la ligne de texte de Steely Dan vienne d'une dispute entre Donald Fagen et sa petite amie qui adorait Eagles. Forcément, ces derniers ont voulu répondre, avec humour d'autant qu'ils partageaient le même manager et s'entendait plutôt très bien. Plus une blague potache qu'autre chose, donc. Tout va bien qui finit bien. :-)

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  3. Grand album, mon préféré avec Blue Valentine & Heart Attack and Vine pour sa 1ere periode.
    Ol' 55, Martha : juste sublimes !

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    1. Toutes sont sublimes !
      Un petit faible pour Ice Cream Man qui sort du lot parce que c'est le seul morceau rythmé.

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