vendredi 21 juin 2013

...Mais les vieux rockers ont la dent dure (anti-bonus)

Black Sabbath "13 - Deluxe Edition" (2013)
ou "Papy fait de la résistance"

Black Sabbath is back! Le vrai (enfin presque) avec Ozzy, Geezer et Tony (mais pas Bill Ward, c'est physique la batterie alors c'est le Rageux Machineur Brad Wilk qui prend le relais). A la prod', ça devient une habitude quand on revient aux sources (musicales comme commerciales, voir Metallica ou ZZ Top récemment), c'est Rick "jamais sans mes shades" Rubin dont on espère qu'il a fait plus que maugréer derrière la console en mangeant des chips cette fois (wink wink à Greg Fidelman, ingé-son qui porte bien son nom !).

Bon, trêve de mauvais esprit, Black Sabbath is back! crénonvindiou ! Et, vu les inquiétantes nouvelles concernant la santé de son inamovible compositeur/guitariste, Tony Iommi, seul membre du groupe à avoir honoré de sa présence toutes les formations, c'est un bonheur rare auquel on risque de ne va pas devoir trop s'habituer... Ca ressemblerait même à la dernière salve du vieux soldat, mais un vieux soldat encore furieusement vaillant ! Parce qu'il dépote bien ce 13 !

Bien évidemment, c'est de Black Sabbath (le style musical) dont il s'agit, soit ce qu'une jeune pousse appellerait volontiers du proto-doom/psychedelic heavy rock ou quelque chose du genre (vous connaissez les jeunes, toujours à vouloir faire leurs intéressants !). Plus prosaïquement c'est par l'alliance des riffs d'albâtre d'un rythmicien six-cordés expert, d'une basse lourde et dense et d'un marteleur à la fois heavy et tribal (qui amène un certain groove, donc) que s'opère la magie. Il n'y manque plus que l'organe si particulier d'un Osbourne peut-être trépané mais encore vocalement viable (sur des paroles exclusivement de Geezer, ceci se devait d'être précisé) et les mélodies qui vont bien avec pour que l'affaire soit dans le sac...Elle l'est !

Pour le coup, la vraie surprise de 13 c'est de ne pas en rencontrer la moindre, c'est de Black Sabbath pur jus dont il s'agit comme l'annonce clairement End of the Begining au riff si cousin de Black Sabbath, première composition du premier album de Black Sabbath, que le clin d'œil, loin d'être délicat, n'aura échappé à personne. Ca a, au moins, le mérite de marquer clairement les intentions éminemment revivalistes de la galette. Ceci dit, c'est une bonne compo, avec d'excellentes interventions d'Iommi soliste et une tonalité qu'on dirait stoner rock s'il ne s'agissait de Black Sabbath qui sont arrivés avant et sont même à (à minima co-)créditer de la paternité du genre... Faut pas déconner, quoi !

God Is Dead? confirme l'inclinaison 70s stoner doom dans une composition qui s'éloigne du format chanson puisque construite en plusieurs mouvements qui ne se répèteront pas. L'effet en est étrange et inhabituel mais si bien habité par les riffs et, surtout !, un Ozzy créateur d'ambiance de toute première bourre qu'on valide dès la première écoute. En vérité, dans le genre, on imagine pas d'autre formation maîtriser aussi bien l'exercice et réussir nous tenir en haleine pendant près de 9 minutes.

Ha oui, c'est une autre constance de l'album, les chansons y sont longues (3 autour des 5 minutes, les 5 restantes au-delà des 7) sans en donner pour autant l'impression... Parce que Black Sabbath ne cherche pas sciemment à  rallonger la sauce, défaut qu'on a pu régulièrement constater chez deux autres légendaires formations de heavy metal, Iron Maiden et Metallica nommément. Black Sabbath développe ses ambiances, laissent le naturel, le hasard avoir voix au chapitre et les porter là où ils doivent, comme ils doivent.

Mais revenons à nos moutons et au passage en revue des forces vives de l'opus. Loner y tient le rôle du Paranoid nouveau (ça groove, ça dépote, un peu moins violemment qu'à l'époque mais bien comme il faut). Zeitgeist celui du nouveau Planet Caravan soit de la belle ballade acoustique qui permet de respirer juste ce qu'il faut avant de replonger dans le magma brûlant du heavy metal. Zeigeist est très bon d'ailleurs, avec de jolies guitares acoustiques, quelques discrètes percussions et une mélodie typique d'Ozzy dans ce genre d'exercice. Impeccable.

Etc. parce que la suite continue de décliner les cannons des travaux du Black Sabbath circa 1969/72. Pas idiot d'ailleurs de miser sur ses forces bien connues, de brosser l'auditeur dans le sens du poil en lui donnant exactement ce qu'on savait qu'il attendait... De là à y réussir, c'est une autre histoire. Présentement, aucun morceau ne déçoit vraiment. Allez, j'aime un tout petit peu moins Live Forever, c'est facilement contrebalancé par, au hasard, un  Damaged Soul bluesy et jammy du plus bel effet où Ozzy ressort même l'harmo et Iommi rappelle aux oublieux le grand soliste qu'il sait être... Lovely! Et puis, au final, 7 satisfactions sur 8, c'est déjà énorme !

Formellement, on regrettera juste (mais c'est vraiment pour pinailler !) la production un poil monolithique de Rubin dont la nuance n'est pas le fort, c'est acquis, y a qu'à entendre la pluie et la cloche de fin, re-clin d'œil appuyé pour ceux qui n'auraient pas compris, alors qu'ils arrivent au bout de l'album, que la boucle est bouclée. Sans gâcher un tableau quasi-idyllique, le travail accompli par Rick n'est définitivement pas le point fort d'un 13 sinon fort recommandable.

Evidemment, il y aura toujours quelques mauvais-chagrins pour pointer l'opportunisme commercial de l'entreprise, ceux-là n'y verront qu'une grossière approximation du légendaire trademark sound du combo... Laissons-les parler, Black Sabbath is back! et dans une si belle forme qu'on ne boude pas son plaisir et salue, comme il se doit, la splendide performance de trois papys finalement encore très verts... En souhaitant la voir bientôt renouvelée, on peut toujours rêver !

PS: Version deluxe, trois morceaux de plus ! Pas de blablas des résultats ! Trois compositions pour prolonger l'expérience. Les rejects de 13 ? Possible mais ce n'est pas si mal avec pour commencer, Methademic qui trompe son monde avec une petite intro acoustique avant de se muer en gros heavy lourd (et rapide pour du Black Sabbath). Suit Peace of Mind qu'on croirait, avec son riff détourné de Sabbra Cadabra, échappé des outtakes de Sabbath Bloody Sabbath, mineur mais efficace. Last but not least, Pariah, son riff et son groove de la mort n'apportent rien de plus qu'un piqûre de rappel de ce que savent faire ces grands anciens. Comme les autres titres de ce bonus disc, on est juste en deçà du niveau de 13 mais suffisamment proche pour ne pas regretter le (petit) investissement supplémentaire.

1. End of the Beginning 8:05
2. God Is Dead? 8:52
3. Loner 4:59
4. Zeitgeist 4:37
5. Age of Reason 7:01
6. Live Forever 4:46
7. Damaged Soul 7:51
8. Dear Father 7:20
bonus
9. Methademic 5:57
10. Peace of Mind 3:40
11. Pariah 5:34


Tony Iommi – guitar, acoustic guitar on "Zeitgeist" and "Methademic"
Ozzy Osbourne – vocals, harmonica
Geezer Butler – bass guitar
&
Brad Wilk – drums, percussion



Supplément (pour les afficionados de Hard'n'Heavy seulement !):
Pretty Maids "Motherland" (2013)
ou "Vieux viking au cœur vaillant"

J'ai toujours eu une tendresse particulière pour les danois de Pretty Maids, groupe mineur au demeurant mais capable de produire de belles galettes de metal mélodique comme leur doublette d'ouverture, Red Hot & Heavy (1984) et Future World (1987) ou, plus tard, l'impeccable Spooked (1997). Cette affection date en fait de 1987 quand je les vis (en tête d'affiche !) dans un Zénith parisien à moitié plein (ou vide pour le pessimiste) pour une prestation de qualité. C'était pour l'album Future World et le groupe était alors au sommet de sa gloire.

De l'eau à coulé sous les ponts depuis et ce qu'il reste du groupe, le guitariste Ken Hammer et le chanteur Ronnie Atkins deux seuls membres restants des débuts du groupe rejoint par trois "nouveaux" camarades de jeu "collectés" en ce nouveau millenium, sort en 2013 son 13ème album en trois décennies qui s'appelle Motherland et rivalise avec les plus belles heures du groupe, ce n'est pas rien.

En fait, on a souvent l'impression ici que Pretty Maids tente ici de nous refaire le coup de Future World. Et tout est là pour corroborer cette impression : alternance de compos heavy mid-tempo, power ballads et morceaux presque AOR aux refrains super-accrocheurs, riffs et soli qui ne cherchent pas midi à quatorze heure ni la réinvention de la roue, claviers omniprésents qu'on croiraient tout droit sortis des 80s et, bien sûr, emballage obligatoire, une production rutilante (voire un poil clinquante) qui colle parfaitement à ce genre d'exercice. A croire que nos danois ont senti le vent revivaliste souffler et tentent de s'immiscer dans la brèche... Mais ils le font bien avec une collection de compositions solides à défaut d'être exceptionnelles qui, chacune dans son domaine, remplissent parfaitement leur office. J'ai personnellement beaucoup apprécié le déboulé furieux de The Iceman, salutaire montée de sève sur un album qui n'en manque pas et que c'est très bien comme ça parce que nos Vikings font ça vraiment très bien (voir Hooligan ou Motherland, le titre, un peu plus loin).

Les amateurs du genre, nul doute !, en ressortiront avec des étoiles plein les yeux et d'immédiates envie d'encore qu'on ne leur contestera pas. En ce qui me concerne, j'y suis légèrement resté sur ma faim sans doute parce que mes goûts se sont depuis distanciés de ce genre de Heavy Metal, sans doute aussi parce que la recette revivaliste, pour rondement menée qu'elle soit par un groupe dont on niera nullement l'immense professionnalisme, parait un peu forcée pour être tout à fait honnête.

Allez, on va dire que je vois le mal partout et je concède volontiers ne connaître que trop mal le parcours récent du groupe pour en appréhender pleinement l'évolution... Et puis, en remisant son cerveau les 55 minutes que dure l'album, l'affaire passe comme un charme et on a même, pour les "vieux" comme moi, fugitivement un goût de madeleine proustienne parce que, définitivement !, pour Pretty Maids, Hier est Aujourd'hui et nous sommes aujourd'hui en 1987. Ca vous tente ?

1. Mother of All Lies 4:44
2. To Fool a Nation 4:33
3. Confession 1:40
4. The Iceman 3:56
5. Sad to See You Suffer 4:41
6. Hooligan 3:49
7. Infinity 3:56
8. Why So Serious 4:18
9. Motherland 3:35
10. I See Ghosts 3:38
11. Bullet for You 4:07
12. Who What Where When Why 4:03
13. Wasted 5:07


Ronnie Atkins - Vocals 
Ken Hammer - Guitars 
Shades - Bass 
Morten Sandager - Keyboards 
Allan Tschicaja - Drums 

4 commentaires:

  1. Bon, disons que pour l'instant je suis dans le trop mesdames jazz ou Soul my bros.
    Mais va savoir, imagine, je retombe sur ton texte et me vient l'envie enfin d'avoir un nouvel avis sur Blacky (et ses dessous à pois rouges) et que alors j'ai pas l'album que tu vantes...
    Imagine l'horreur.
    Donc je charge

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    1. Sage précaution ! ;-)
      Tu n'aimes pas Black Sabbath ? Si c'est le cas, ça risque d'être difficile d'aimer celui-ci, c'est du Black Sabbath archétypique.

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    2. Non non j'apprécie depuis peu grâce à un best of.
      Mais époque vinyle j'avais acheté SABOTAGE (d'où les dessous à pois rouges) et j'avais été pas mal déçu.
      Mais à l'poque je ne jurai que par Stooges, Who, Led Zep, Aerosmith, Blue Oyster cult, Dr Feelgood (+ laprog Yes sir)... Et les Blackie étaient ailleurs et je n'ai pas saisi leur "sons" à l'époque.

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    3. En plus, Sabotage, c'est le début de la fin pour le Sab' période Ozzy. Sûr que si tu avais attaqué avec Sabbath Bloody Sabbath ou Volume 4, la résultante aurait été toute autre ! Mais bon, si tu as eu Sabotage, ça veut dire que tu as eu l'extraordinaire instrumental (je pèse mes mots) Supertzar, rien que ça... !!!

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