jeudi 20 juin 2013

Grand Jeu 6ème Edition, 6ème Tour : La maturité n'attend pas le nombre des années

La maturité n'attend pas le nombre des années
Précoces ou tardifs, étoiles filantes ou confirmations, la musique a produit des petits génies à tous les âges.
 
Deux pour le prix d'un parce que je sais que certains rechignent au rock prog et que d'autres sont allergiques au jazz... En plus, entre la bête de conservatoire et l'autodidacte, nous avons deux parcours très différents. Bref, on met les petits plats dans les grands ! Enjoie ! 
 
Buddy Rich "This One's for Basie" (1956)
ou "Beat that drum, little white boy"

Forcément, pour devenir l'extraordinaire artiste percussif qu'on connait en Buddy Rich, il faut plus qu'une simple prédisposition naturelle, il faut travailler !

Ceci dit, avoir des parents, Bess et Robert, donnant dans la revue de Music-Hall, qui repèrent chez vous une tendance à taper sur tout ce qui se présente en rythmes cohérents, pas de doute, ça aide. Et quand, en plus, lesdits parents vous intronisent petit singe savant de leurs spectacles et vous y incluent dès vos 1 an... On peut dire que le pli est pris. Enfant de la balle un jour, enfant de la balle toujours.

De fait, Buddy ne lâchera plus ses baguettes devenant même leader de sa propre formation dès l'âge de 11 ans... Le Mozart des peaux, en somme, pourtant sans apprentissage théorique et technique en conservatoire ou avec un professeur... Rien de tout ça pour Buddy le self-made man du rythme et prodige de son propre droit.

Bien sûr, Buddy ayant alors 39 ans, on n'en est plus là quand sort en 1956 son album hommage au grand Count Basie, son dixième album en tant que leader/co-leader mine de rien. Sur This One's for Basie, exercice de West Coast Jazz de fort belle  qualité où, il faut le dire, Buddy est bien entouré entre autre par le saxo/flûtiste Buddy Collette et le pianiste Jimmy Rowles, c'est indéniablement à un grand professionnel auquel nous avons affaire.

Stylistiquement, qui dit West Coast Jazz dit swing & cool comme vous le savez sans doute et, pas de surprise, c'est exactement ce que nous propose ce tribute avec, évidemment vu l'identité du leader, suffisamment d'acrobaties rythmiques (de soli, quoi !) pour contenter les fans mais, surtout !, une conception non-élitiste et décontractée de la chose rendant accessible à tous ou presque (forcément, si le jazz vous donne des boutons, vous repasserez !) un jazz chaud et ensoleillé. Un album tout bête en somme, et supra efficace, où des compositions du Count, ou d'autres qui figuraient régulièrement au répertoire de son Big Band, sont jouées et respectueusement modernisées à l'aulne de cette nouvelle tendance Angelina par des zicos experts s'y amusant visiblement beaucoup et communicant sans peine leur plaisir de jouer tout court et de jouer ensembles surtout. Et ce ne sont pas les arrangements smooth & cool de Marty Paich (père de David Paich de Toto, bon sans sait finalement mentir) qui viendront noircir cet idyllique tableau.

This One's for Basie, album diablement bien troussé avec des performances de grande classe de chaque instrumentiste (Buddy en particulier), est en fait si réussi que même l'amateur de free jazz aura du mal à ne partager son swing communicatif et ses mélodies imparables... Du tout bon, vous dis-je !


1. Blue and Sentimental 4:49
2. Down for Double 4:10
3. Jump for Me 5:45
4. Blues for Basie 7:20
5. Jumpin' at the Woodside 6:26
6. Ain't It the Truth 3:01
7. Shorty George 5:14
8. 9:20 Special 4:34


Buddy Rich - drums
Pete Candoli - trumpet
Harry "Sweets" Edison, Conrad Gozzo, Frank Rosolino - trombone
Buddy Collette - flute, baritone saxophone, tenor saxophone
Bob Enevoldsen - tenor saxophone, valve trombone
Bob Cooper - tenor saxophone
Joe Mondragon - double bass
Bill Pitman - guitar
Jimmy Rowles - piano
Marty Paich - arranger



alternate take:
Rick Wakeman "The Six Wives of Henry VIII" (1973)
ou "Mozart in Kitsch"


On connait Rick Wakeman pour sa contribution à la période faste de Yes, ses sessions avec Black Sabbath (Sabbath Bloody Sabbath) ou David Bowie (Le mellotron de Space Oddity, c'est lui !), son Journey to the Center of the Earth et, bien évidemment, ce Six Wives of Henry VIII, premier vrai album d'une carrière qui verra les plus grandes extravagances instrumentales mais aussi la pompe et le mauvais goût les plus absolus.

Né en 1949, musicien accompli dès son plus jeune âge, c'est dès 12 ans qu'en parallèle avec une éducation de conservatoire classique, Rick Wakeman s'intéresse au développement d'alors nouveaux instruments : les synthétiseurs. A 20 ans, en 1969, alors qu'un avenir de concertiste lui faisait de l'œil, il fait définitivement le choix de la pop (rock et prog') music et commence à travailler comme session man pour (en vrac) David Bowie, T Rex, Cat Stevens, Elton John (pour ne citer que les plus connus) avant de rejoindre le groupe de folk progressive The Strawbs pour une pige d'un an et demi en profitant, au passage, pour enregistrer son premier album en tant que membre à part entière d'une formation avec Dragonfly. Engagé en remplacement d'un Tony Kaye n'adhérant pas à la nouvelle direction plus complexe et aventureuse de son groupe (ou n'ayant pas le niveau requis, selon à qui vous demandez), il rejoint Yes en 1971 avec le succès et la reconnaissance qu'on connait.

Sa carrière solo commence en 1973 par le présent album et un coup de bol cosmique à peine croyable : prévu pour une performance de lancement sur la BBC 2, il aurait du connaitre la concurrence d'un documentaire sur Andy Warhol prévu sur ITV et fébrilement attendu mais qui, pour des raisons de censure, fut banni d'antenne et remplacé par un re-run d'un programme quelconque. Se retrouvant ainsi sans réelle concurrence, la performance attire 10 millions (!) de téléspectateurs et lance par la même l'album et la carrière solitaire de Wakeman sous des auspices ô combien favorables.

Et ce n'est finalement que mérité étant donné la qualité de ce Six Wives of Henry VIII, brûlot de rock progressif virtuose de toute première bourre. Evidemment, les divers pianos, orgues et synthétiseurs utilisés par le Maestro sont à l'honneur, rien que de très logique considérant qu'il s'agit de l'album solo d'un claviériste connu pour son goût de l'exubérance instrumentale et un égo bien développé, ça n'empêche pas Wakeman de s'être bien entouré (n'oubliant pas ses amis de Yes quasiment tous invités si dans des rôles subalternes) et d'offrir quelques courtes interventions à ses comparses qui le méritent bien.

Quand à la performance compositionnelle et instrumentale du sieur Wakeman lui-même, elle est évidemment bombastique et autosuffisante mais, aussi, ce qui la sauve, mélodiquement accessible. Parce que Wakeman, outre savoir faire courir ses mains et agiter sa cape et sa longue et blonde chevelure lors d'impossibles soli, est aussi un compositeur de classe qui, sur un thème anglais jusqu'à la racine, exploite son background Yessien avec intelligence. Evidemment, album instrumental oblige, on est obligé de croire sur paroles les intentions du compositeur quand à la relation avec le thème supposé, ça n'en minore toutefois nullement le plaisir et, après tout, si vous voulez vous dire que ce sont les Six Meilleurs Spot de Surf ou les Six Plus Beaux Grand-Huit, grand bien vous en fasse !

Le petit drame de l'album (et de Wakeman conséquemment) c'est qu'il demeure aujourd'hui la pièce la plus réussie de son répertoire, parce qu'à l'époque Rick avait su jusqu'où ne pas aller trop loin.


1. Catherine of Aragon 3:44
2. Anne of Cleves 7:53
3. Catherine Howard 6:35
4. Jane Seymour 4:46
5. Anne Boleyn 6:32
6. Catherine Parr 7:06


Rick Wakeman - Minimoog, Mellotrons, Frequency counter, Steinway 9' grand piano, Hammond C-3, electric piano, harpsichord, ARP synthesiser, Church organ

&

Catherine of Aragon:
Bill Bruford
- drums
Ray Cooper - Percussion
Mike Egan, Steve Howe - guitar
Chris Squire, Lee Hurdle - bass guitar
Judy Powell, Barry St. John, Liza Strike - vocals

Anne of Cleves:
Mike Egan
- guitar
Dave Winter - bass guitar
Frank Ricotti - percussion
Alan White - drums

Catherine Howard:
Dave Cousins
- electric banjo
Chas Cronk - bass guitar
Dave Lambert - guitar
Frank Ricotti - percussion
Barry de Souza - drums

Jane Seymour:
Alan White
- drums

Anne Boleyn:
Bill Bruford
- drums
Ray Cooper - percussion
Mike Egan - guitar
Lee Hurdle - bass guitar
Laura Lee, Sylvia McNeill, Liza Strike - vocals

Catherine Parr:
Mike Egan
- guitar
Frank Ricotti - percussion
Dave Winter - bass guitar
Alan White - drums

28 commentaires:

  1. Excellent!!
    J'adore le jazz en plus...

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    1. Et Rick, il sent le pâté ? ;-)

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    2. Ça va, ça va, j'y vais... ;)

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    3. Hé, te sens pas obligée, pour Wakeman, faut avoir de l'estomac ! ;-)

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    4. Reste à me le prouver en venant commenter après écoute ! :-P

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  2. Bien vu! Rick Wakeman, bien sûr!

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  3. Bon, Buddy.
    l'avant Cobham/Williams... Tiens les batteurs sont à l'honneur.
    Décidément (Sheller)...
    Bon, tu verras.
    Et le Buddy reste pour moi le symbole du parfait batteur de Big Band un axe essentiel de la grande formation.
    un axe dont j'ai parlé avec tant de batteurs et qui est une conscience obligatoire du "job" que de driver avec aisance / anticipation / virtuosité contrôlée un ensemble d'environ 20 à 25 furieux du suraigu (quatre pour les trompettistes...)

    Wakeman va faire débat , tu oses et c'est à mon goût tu imagines...
    Ses albums solo ne sont pas mes albums de chevet mais j'y ai puisé nombre de références à la fois d'appropriation de style romantique et baroque dans le rock et surtout leurs incursions dans le langage pianistique.
    Petit génie pour sur que ce cher Rick et, comme tout gamin lâché dans la nature, adulé et admiré, peu cadré il s'est laissé emporter par la gourmandise.
    Je le critique souvent, tellement plus simple...
    Je l'écoute forcément, tellement obligatoire...
    Il m'énerve parfois, il m'interpelle souvent, bref, il ne m'a jamais laissé indifférent.
    Toi aussi t'as osé la sphère Yes/Prog...
    Je ne peux que t'en féliciter.

    à+

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    1. Tu es vraiment surpris qu'on se suive ? Pas moi !

      Wakeman débat ? Bah, moqueries de certains au plus, le prog ne fait plus débat aujourd'hui (on est pas en 77 !), y a ceux qui aiment et ceux qui détestent.

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  4. Je passe vite fait sur le Wakeman. Même à la courte époque où j'ai écouté Yes, au lycée donc, de potes me vantaient ce disque et je n'ai jamais pu.

    Je dirige instinctivement ma souris vers ce Buddy Rich que je ne connais pas et qui me titille.

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    1. Je savais que le prog ne plairait pas à tout le monde... Mais j'avais trop envie de raconter la petite histoire de l'album... ^_^

      Enjoie le Buddy !

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  5. Ouh la toutes les découvertes aujourd'hui.. thème aventureux.. vais avoir du taff à tout écouter.

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    1. Tu arrives à tout écouter ? O_O
      J'avoue que, pour ce que je ne connais pas, je me contente d'extraits. ^_^

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  6. Dans le désordre, Wakeman j'ai celui ci forcément et aussi "White rock" et le truc pasPoss que j'aime éncore, si si certains titres "No Earthly Connection"
    un exemple?
    01.Rick Wakeman - No Earthly Connection - The Maker
    http://www37.zippyshare.com/v/54137582/file.html

    Donc je ne vais pas insister sur mon goût aussi pour la prog, Wakeman c'est du gâchis en terme de compo car il a un certains talents égarés souvent (parfois?) dans des méandres d'arrangements étonnants.
    Ma question est Quand tu évoques le "Voyage au centre de la Terre" cela vaut comme ref historique ou davantage?
    Et donc le West Coast au service du swing. Un vrai plaisir de travailler à ce rythme, je tape sur le clavier mais au rythme du buddy et du Count...
    GRAN
    DIOSE

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    1. Wakeman a fait le pire et le meilleur, le pire souvent destiné à une carrière solo confinant à l'onanisme, le meilleur avec Yes quand ils ne se lançaient pas dans des morceaux d'une face où il se perdaient et nous perdaient avec. Ton morceau là, on dirait du Disney, c'est rigolo.

      Pour info, Voyage est du même genre de calibre que Six Wives, écoutable si un peu too much par moments

      Sur le Buddy, rien à rajouter... Ce n'est pas un album très connu mais, tudiou, quelle tuerie !

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    2. Bon alors sur ma liste le WakeMan
      Pour le Walt Disney, je n'y aurait pas pensé, je vais devoir me le réécouter, quoique, Walt? Période Mickey Minnie? Ou plutôt ... plus récent...

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    3. 70s/80s... Pas encore Ce Rêve Bleu mais pas loin.

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    4. Moraz a lui aussi fait quelques bons (très bons même) albums... Je les ai qque part.
      Et, en particulier les Moraz/Bruford, absolument indispensables où Bill rend hommages sur références à son maître max Roach...

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    5. C'est marrant que tu rapproches Moraz de Wakeman. Bon, évidemment, c'est lui qui l'a remplacé dans Yes (pour mon album préféré, ceci dit en passant) mais je trouve leurs styles vraiment différents. Moraz me parait plus au service de la musique quand Wakeman se sert de la musique pour se mettre en valeur (en solo en tout cas), l'un est musicien, l'autre performer...
      Tu vois ce que je veux dire ?

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    6. tout à fait d'accord avec toi sur ce point.
      musicien/performer...
      l'éternel dilemme...

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    7. Et puis il y a ceux qui parviennent à être les deux mais ils sont rares : Hendrix, Coltrane, Hackett (si !), des qui parviennent à nous épater par leur technique et la démonstration d'icelle sans jamais perdre de vue l'intérêt supérieur de la Musique.

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  7. Hello.
    Ben oui Rick il sent le pâté, enfin façon de parler vu que le pâté ça peut parfois être digeste.
    Pour ton pote Buddy par contre je te fais confiance...
    EWG

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    1. Ce ne serait pas toi qui n'aime ni le jazz ni le prog (ou bien est-ce AWNM?)... Bref, le Wakeman, je savais qu'il déplairait (mais j'm'en fous, c'est un bon album de prog). Le Buddy, tu peux y aller, c'est du soleil.

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  8. Le Buddy Rich est sublime et ton post lui rend un bel hommage. Le Wakeman, je l'ai eu dans ma folle jeunesse, mais pas écouté depuis des lustres...

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    1. Si tu l'écoutes tu risques de rire, si tu ne fais pas une crise d'urticaire... ;-)

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