Auteur-compositeur-interprète, arrangeur et multi-instrumentiste, ce grand amateur de free-jazz et admirateur de Frank Zappa émerge dans les années 1975 à 1980 grâce à des disques (Armes et cycles, 1978) et à des concerts au style inclassable, riches en ruptures de ton et de rythme, et à l'humour iconoclaste.
Trop original peut-être, il ne parvient pas à dépasser le statut d'artiste avant-gardiste. Les musiciens de Kapak sa formation des années 1970, Patrice Tison à la guitare électrique, Pascal Arroyo à la basse et François Bréant aux claviers, deviennent ensuite les musiciens de Bernard Lavilliers.
En 1975 il travaille aux arrangements des albums Mireille et Anticyclone de Dick Annegarn. Il s'éloigne petit à petit du système et se consacre à des spectacles et des albums riches en expérimentations, Sports et Percussions en 1994 ou Travaux Pratiques en 2008. (source, Les Rémouleurs)
Albert Marcoeur "Album à Colorier" (1976)
ou "de A à Z(appa)"
Depuis les débuts de sa carrière, Albert Marcoeur est un rigolo patenté et un expérimentateur tous azimuts... Il n'en fallait pas plus pour le voir labélisé "Frank Zappa français" ce qui, sans être totalement faux, est tout de même fort réducteur. Ce qu'à fort bien compris la chronique parue en 2003 sur l'excellent webzine Guts of Darkness :
"Pour son deuxième album, Albert Marcoeur officialise la constitution d'un réel groupe tout autour de lui, chose qui lui donne plus d'assurance et de poids, et qui se traduit par un départ en trombe tributaire de ce nouvel état de fait. Pour le reste, si les mélodies faussement décalées du genre de celles qui illuminaient des titres comme "Simone" ou "Appalderie" semblent avoir quitté le navire, exception faite peut-être malgré tout du superbe instrumental "Doctorine", son côté absurde demeure, lui, bien intact et transparaît plus qu'autrefois au travers de textes complètement allumés. C'est qu'"Album à Colorier" a, par bien des aspects, les contours d'un album de chansons française, c'est à dire, avant toutes choses, de chansons. Songez aux débuts de Jacques Higelin, les contrepetries tardives de Bashung en plus. Et quelque chose de Captain Beefheart aussi quand même, si, si ("Là-D'dans"). En arrière plan, la musique paraît s'être revêtie d'une certaine gravité ("Le Fugitif"), notamment par le jeu des instruments à vents au travers desquels toutes les émotions passent, du solennel au tragique, du dépressif au guilleret, quand elle n'est pas aussi imbibée d'une certaine tristesse ("Le Père Grimoire"). Toujours touchant de par son approche presqu'enfantine ("La Cueillette des Noix", "Elle était belle"), cette naïveté de bon aloi est un des aspects indéfectibles de son univers (la jolie conclusion de l'album qu'est la berceuse déguisée "Ouvre-toi"). En résumé, on dira qu'en deux ans de temps, Albert Marcoeur a déjà appris à canaliser cette inventivité débridée pour la mettre au service d'un format plus populaire, non pas dans l'optique de devenir plus consensuel mais bien pour justement se détourner des conventions. Court mais dense, tout comme son premier album et son troisième, "Armes & Cycles", "Album à Colorier" est uniquement disponible à la vente sur le site officiel d'Albert Marcoeur."
"Pour son deuxième album, Albert Marcoeur officialise la constitution d'un réel groupe tout autour de lui, chose qui lui donne plus d'assurance et de poids, et qui se traduit par un départ en trombe tributaire de ce nouvel état de fait. Pour le reste, si les mélodies faussement décalées du genre de celles qui illuminaient des titres comme "Simone" ou "Appalderie" semblent avoir quitté le navire, exception faite peut-être malgré tout du superbe instrumental "Doctorine", son côté absurde demeure, lui, bien intact et transparaît plus qu'autrefois au travers de textes complètement allumés. C'est qu'"Album à Colorier" a, par bien des aspects, les contours d'un album de chansons française, c'est à dire, avant toutes choses, de chansons. Songez aux débuts de Jacques Higelin, les contrepetries tardives de Bashung en plus. Et quelque chose de Captain Beefheart aussi quand même, si, si ("Là-D'dans"). En arrière plan, la musique paraît s'être revêtie d'une certaine gravité ("Le Fugitif"), notamment par le jeu des instruments à vents au travers desquels toutes les émotions passent, du solennel au tragique, du dépressif au guilleret, quand elle n'est pas aussi imbibée d'une certaine tristesse ("Le Père Grimoire"). Toujours touchant de par son approche presqu'enfantine ("La Cueillette des Noix", "Elle était belle"), cette naïveté de bon aloi est un des aspects indéfectibles de son univers (la jolie conclusion de l'album qu'est la berceuse déguisée "Ouvre-toi"). En résumé, on dira qu'en deux ans de temps, Albert Marcoeur a déjà appris à canaliser cette inventivité débridée pour la mettre au service d'un format plus populaire, non pas dans l'optique de devenir plus consensuel mais bien pour justement se détourner des conventions. Court mais dense, tout comme son premier album et son troisième, "Armes & Cycles", "Album à Colorier" est uniquement disponible à la vente sur le site officiel d'Albert Marcoeur."
Essentiel, donc. Vous savez ce qu'il vous reste à faire !
1. Monsieur Lépousse 1:19
2. Le fugitif 3:16
3. Le nécessaire à chaussures 1:53
4. Le père Grimoire 3:31
5. Doctorine 2:57
6. Le jus d'abricot 2:31
7. La cueillette des noix 3:47
8. Elle était belle 3:34
9. Fermez la porte 1:29
10. Là-d'dans 4:28
11. Ouvre-toi 2:10
Albert Marcoeur - Clarinet, Sax, Piano, Drums, Vocals
Christian Leroux - Guitars
Pascal Arroyo - Bass
Claude Marcoeur - Drums, Sax
Gérard Nouvel - Flugelhorn, Trumpet, Melodion
Pierre Vermeire - Clarinet, Bass, Trombone, Guitar, Pipeau, Cornemuse
Gérard Marcoeur - Percussion, Drums, Balafon
Denis Brély - Bassoon, Pipeau
Francois Lasalle - Sax, Flute, Pipeau
Monique Lorillard, Francoise Noirot - Voices
Michel Cousin - Bandonéon
Francoise Ovide - Guitar
Francois Bréant - Piano
Marc Duconseille - Sax
Les enfants de Sébécourt - Choir
Albert Marcoeur "Armes et Cycles" (1979)
ou "Etrangeté Manufacturée"
Armes et Cycles ou la suite des aventures inattendues d'Albert Marcoeur, artisan de la chanson française d'avant-garde, arrive trois longue années après le très réussi Album à Colorier, une petite éternité pour, finalement, une formule assez similaire. Encore une fois, je cède la place au bienveillant chroniqueur de chez Guts of Darkness ayant eu la bonne idée d'écrite sur Albert :
"Sur "Armes & Cycles", dernier disque à paraître dans ces folles années soixante-dix avant un long silence, Albert Marcoeur n'en demeure pas moins toujours aussi accro du détail, et c'est précisément ici qu'il va trouver l'équilibre le plus adéquat et le plus convainquant entre l'exubérance de son premier essai et le lyrisme parfois quelque peu redondant du second. N'abandonnant pas pour autant le format chanson, les parties instrumentales sont toutefois nettement plus mises en valeurs ici, mention spéciale au guitariste François Ovide que l'on n'avait pas remarqué jusqu'ici et pour lequel Marcoeur taille des espaces propice à l'expression libre ("La Dame qui est Assise à Côté de Moi", "Histoire d'Offrir"). L'ensemble sonne plus que jamais rock et la compétence de son groupe dépassera de loin le cadre limitatif franco-français ; soutenu par Fred Frith (Henry Cow, Art Bears), et au bout du compte réclamé par Lars Hollmer que Denis Brély finira par rejoindre au sein de Von Zamla. La folie sous-jacente s'exprime plus que jamais à tous les niveaux, mais l'on perçoit très clairement une maturation de l'écriture et une recherche d'équilibre dans l'harmonie, ou la désharmonie, des instruments, comme sur le final de "Emploi du Temps" ou encore les indescriptibles "Linge Sale" et "Ampoule Grillée" d'où pleuvent des colliers de notes plus belles les unes que les autres, quelque part dans un croisement fantasmé entre Soft Machine et Gentle Giant. L'enchaînement quasi instantané entre tous les titres confère au disque une dynamique exaltante, elle-même boostée par un programme musical qui va s'abreuver à la source des musiques nouvelles pour se retrouver en symbiose totale avec elles, à la manière de "Son Sac" et ses motifs à répétition. Nous sommes en 1979 et Albert Marcoeur est effectivement bien en phase avec la scène d'avant-garde de l'époque, dite "Rock in Opposition", de Aksak Maboul à Art Bears, et ce sans jamais en avoir réellement fait partie. Un grand disque, mais aussi un grand bonhomme."
"Sur "Armes & Cycles", dernier disque à paraître dans ces folles années soixante-dix avant un long silence, Albert Marcoeur n'en demeure pas moins toujours aussi accro du détail, et c'est précisément ici qu'il va trouver l'équilibre le plus adéquat et le plus convainquant entre l'exubérance de son premier essai et le lyrisme parfois quelque peu redondant du second. N'abandonnant pas pour autant le format chanson, les parties instrumentales sont toutefois nettement plus mises en valeurs ici, mention spéciale au guitariste François Ovide que l'on n'avait pas remarqué jusqu'ici et pour lequel Marcoeur taille des espaces propice à l'expression libre ("La Dame qui est Assise à Côté de Moi", "Histoire d'Offrir"). L'ensemble sonne plus que jamais rock et la compétence de son groupe dépassera de loin le cadre limitatif franco-français ; soutenu par Fred Frith (Henry Cow, Art Bears), et au bout du compte réclamé par Lars Hollmer que Denis Brély finira par rejoindre au sein de Von Zamla. La folie sous-jacente s'exprime plus que jamais à tous les niveaux, mais l'on perçoit très clairement une maturation de l'écriture et une recherche d'équilibre dans l'harmonie, ou la désharmonie, des instruments, comme sur le final de "Emploi du Temps" ou encore les indescriptibles "Linge Sale" et "Ampoule Grillée" d'où pleuvent des colliers de notes plus belles les unes que les autres, quelque part dans un croisement fantasmé entre Soft Machine et Gentle Giant. L'enchaînement quasi instantané entre tous les titres confère au disque une dynamique exaltante, elle-même boostée par un programme musical qui va s'abreuver à la source des musiques nouvelles pour se retrouver en symbiose totale avec elles, à la manière de "Son Sac" et ses motifs à répétition. Nous sommes en 1979 et Albert Marcoeur est effectivement bien en phase avec la scène d'avant-garde de l'époque, dite "Rock in Opposition", de Aksak Maboul à Art Bears, et ce sans jamais en avoir réellement fait partie. Un grand disque, mais aussi un grand bonhomme."
Essentiel itou, une écoute est très fortement recommandée, suivie de plein d'autres, évidemment !
1. Ici 2:36
2. Emploi du temps 3:25
3. La dame qui est assise à côté de moi 5:21
4. Linge sale 2:12
5. Histoire d'offrir 3:35
6. Ampoulle grillée 1:34
7. Réveil 1:24
8. Son sac 6:20
9. Micheline 3:30
10. Bonjour Monsieur Monsieur 4:35
Albert Marcoeur - Sax, Clarinet, Piano, Drums, Pipeau, Vocals
Pierre Vermeire - Sax, Clarinet, Cello, Guimbarde, Trombone, Saxhorn, Vocals
Denis Brély - Sax, Oboe, Bassoon, Vocals
Francois Ovide - Guitars, Piano, Vocals
Jaques Garret - Guitars, Bass, Cello, Harmonica, Vocals
Claude Marcoeur - Drums, Xylophone, Vocals
Gérard Marcoeur - Percussion, Pipeau, Gongs, Melodion, Xylophone, Accordeon, Piano, Vocals
Jaqueline Thibault - Organ
Albert Marcoeur. Bien vu les chroniques, j'ai toujours hésité, marrant que l'apparenté avec Zappa m'a plutôt servi de repoussoir... Je prends, pour l'écoute ce sera pour plus tard, j'ai d'autres retards ... tu connais.
RépondreSupprimerTu reviens quand tu veux quand tu auras écouté. Marcoeur, c'est un véritable alien, on aime ou on déteste. J'aime !
SupprimerVoila une idee qu elle est bonne. Albert Marcoeur - une discographie exemplaire !!!!
RépondreSupprimerMeci m'sieur
Je ne connais pas encore tout (je me fournis chez Label Frères) mais pour l'instant, oui, que du bon !
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerLes deux petits liens sont morts.
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