lundi 12 mai 2014

Devoir de mémoire (17)

Ogre "Plague of the Planet" (2008)
ou "Gros appétit !"


     Célébrons la joie de retrouver l'un des plus précieux power-trios de ces 20 dernières années, si pas le plus connu, en nous intéressant à leur concept album de 2008 : Plague of the Planet.
 
     Parce qu'Ogre avait plié les gaulles en 2009, sur la lancée de leur plus belle œuvre, qui nous intéresse présentement. Evidemment, ils sont revenus depuis, et c'est une bonne nouvelle, mais on ne le savait pas à l'époque alors que le trio sortait de 10 années d'activité ininterrompue, un trio au line-up stable depuis sa formation d'ailleurs, c'est assez rare pour être signalé.
      Et donc, Plague of the Planet, méga-plage de 37 minutes et 16 secondes, contenant en fait 11 titres enchaînés les uns aux autres puisque c'est un concept, vous suivez ? Musicalement, nous sommes clairement ancrés dans les seventies hard rock et heavy metal, quelque part entre Black Sabbath, Deep Purple, et Rush. Rien que de très classique, en fait, s'il n'y avait les compositions et la maîtrise de trois protagonistes particulièrement inspirés.
     Pour le coup, même si certains crieront à l'hideur, on ne passera pas outre la pochette et son graphisme "à la Marvel" celui-ci étant partie intégrante du concept "science-fictionesque" fièrement développé par Ogre. D'ailleurs, originale dans le contexte de la scène auquel il appartient, l'artwork a au moins le mérite d'éviter les clichés du genre, ce n'est pas rien. Et puis ça en fait au moins un, de cliché évité, quand Ogre, sinon, sa vautre avec délectation dans les figures imposées du genre, n'en omettant aucune et c'est justement ça qui est bon, parce que c'est fait sans lourdeur, avec naturel, et que l'inspiration est là. Si on caricaturait l'œuvre, on dirait volontiers qu'on tient là l'ultime rejeton du culte 2112 de Rush, dans le thème c'est certain, dans le construction c'est évident, dans le son on doit y ajouter quelques excès électriques inconnus au proverbial trio canadien mais on n'en est pas très loin non plus. Concrètement, l'album s'écoute donc comme une longue pièce, où la voix de Ed Cunningham récite, feule, crie, explose, habite la composition quelque part entre Ozzy Osbourne et Dave Windorf (Monster Magnet), c'est un organe idéal pour ce genre de musique à la fois progressive et puissante, directe et rouée, où les riffs sont essentiels, fondamentaux de construction, ciment solidissime sur lesquels s'appuie les fioritures nécessaires au plaisir de l'auditeur. Et on est gâté de ce côté là, non seulement parce que Ross Markonich est un soliste plein d'instinct et de feeling mais aussi parce que le trio a particulièrement soigné ses arrangements ajoutant d'utiles synthétiseurs structurant, enrichissant la bouillant bouillon.

     Et comme tout ceci est impeccablement mis en son, que les influences pour audibles y sont bien assimilées donnant à Ogre sa propre identité, et son meilleur album au moment de sa sortie !, on obtient bêtement une merveille de revivalisme malin et réussi, un hard prog doomisant qui, à condition que les détracteurs naturels du genre passent outre leurs idées préconçues, peut aisément séduire hors de sa chapelle consacrée. Plague of the Planet ? Un de ces trésors cachés qu'on est toujours heureux de partager.


1. Plague of the Planet  37:16
I. Requiem
II. End-Days
III. Drive
IV. Queen Of Gasoline
V. A Call To Colossus
VI. Deus Ex Machina
VII. Colonizer Rex
VIII. Battle At Doom Capital
IX. Homo Sapiens Ferreus
X. G.F.R.
XI. Dawn Of The Proto-Man



Ed Cunningham - bass, vocals, synthesizer 
Will Broadbent - drums, synthesizer 
Ross Markonish - guitars, synthesizer

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