Cette semaine c'est mon anniversaire alors, chaque jour, je vous proposerai un album de mon année de naissance : 1971. Enjoie !
Soft Machine "Fourth" (1971)
ou "Trop allé 3"
Connaissez-vous le plus grand défaut de Fourth, quatrième album de jazzeux progressifs de Soft Machine ? C'est de suivre un Third légendaire, et rien plus que ça, j'vous jure ! Il faut dire que succéder à un des meilleurs albums de free jazz de tous les temps (hé oui !) tient de la mission impossible. Et pourtant, quel album, ce Fourth !
A tort, à mon avis, du fait de leur origine dans la Canterbury Scene, on assimile souvent la formation à l'explosion fusion/prog-fusion de la première moitié des années 70 où il voisineraient alors Mahavishnu Orchestra, Weather Report, Return to Forever et compagnie. Oui mais non, parce que les influences palpables, évidentes de Dean, Wyatt, Hopper et Ratledge tendent plus, nettement plus même !, vers John Coltrane, Ornette Coleman, Pharoah Sanders ou Albert Ayler soit une sorte de Who's Who du jazz 60s qui ose se jouer des structures et des mélodies dans ce que beaucoup considèrent encore comme un chaos nonsensique, les pauvres !
Or donc, sur ce Fourth, encore plus que sur Third où c'était pourtant déjà bien présent, Soft Machine apparaît comme un jazz band, quelque part entre hard bop et free avec un soupçon de fusion, c'est d'époque ! Sur l'album proprement dit, dans le canon des 7 premiers des divins angliches, on le situera comme celui de la plénitude, d'une formation enfin, semble-t' il, installée dans un panorama stablement confortable où chacun s'épanouit instrumentalement et où le tout (l'ensemble des performances sur le substrat compositionnel) satisfait pleinement sans, il est vrai, plus vraiment surprendre. L'album où la trajectoire musicale empruntée par ses protagonistes devait fatalement amener Soft Machine, très loin des douceurs psychédélico-progressives de leur tout premier opus donc, un sacré voyage !
Concrètement, album plus ramassé que son devancier, il propose des compositions plus courtes, plus structurées aussi qui ne manquent pourtant pas de la folie nécessaire à la réussite de pareille entreprise jazzistique. La face A, composée de 3 compositions indépendantes les unes des autres, vaut son pesant de cacahuètes en particulier pour un Teeth mordant (!) et mélodique, et un Fletcher's Blemish qui adorera vous vriller les neurones de ses exactions dignes des plus barjotants passage du Black Saint and the Sinner Lady de Mingus, diantre !, sans en avoir tout à fait la classe tout de même. La face B, décomposée en 4 pistes, propose la suite Virtually qui, malgré quelques petites longueurs, balade "agréablement" l'auditeur dans des paysages tour à tour orageux, accidentés, paradisiaques ou carrément zen (ce final !), une réussite signée Hugh Hopper, son compositeur.
Robert Wyatt, mécontent de la direction musicale prise par la formation, quittera bientôt le navire qui n'en coulera pas pour autant sortant encore quelques jolis albums avec un line-up en perpétuel mouvement. Ainsi, sur Fourth, se conclut l'aventure du "premier" Soft Machine, ou du moins, étant entendu que les changements de personnel n'ont pas attendu le nombre des années, la constitution référentielle des "canterburiens". Un final en beauté dont certains ont critiqué la captation sonore clinique, froide, défaut que je peine à entrevoir sur ce remaster de 2007. Recommandé, donc.
1. Teeth 9:15
2. Kings and Queens 5:02
3. Fletcher's Blemish 4:35
4. Virtually Part 1 5:16
5. Virtually Part 2 7:09
6. Virtually Part 3 4:33
7. Virtually Part 4 3:23
Hugh Hopper – bass guitar
Mike Ratledge – Lowrey organ, Hohner piano
Robert Wyatt – drums
Elton Dean – alto saxophone, saxello
&
Roy Babbington – double bass (1,3,4,6)
Mark Charig – cornet (2,3,4)
Nick Evans – trombone (1,2,4)
Jimmy Hastings – alto flute (6), bass clarinet (1,6)
Alan Skidmore – tenor saxophone (1,6)
La fin d'une ear, comme on dit dans le milieu.
RépondreSupprimerMais ne boudons pas notre plaisir et courons dans leur studio:
http://www.youtube.com/watch?v=P_DWKVB7riM
Que la salive vous inonde de bonheur.
Ho oui ! joli !
SupprimerLa fin, je ne sais pas, les 6 et 7 sont une évolution assez logique.
1 - bon anniversaire !!!
RépondreSupprimer2 - c est un peu le monde a l envers.... c est ton anniversaire et cest toi qui fais les cadeaux
3 - merci pour ce soft machine que je ne connais pas
1 - merci
Supprimer2 - Ce ne sont pas les hobbits qui offrent des cadeaux à leur anniversaire ? Je me vois bien en hobbit ! ^_^
3 - Enjoie, c'est du bon !
Oh que oui.
RépondreSupprimerBon anniv', d'une part...
D'autre part, ce Soft Machine, je l'ai beaucoup écouté, il a peut être été utile pour mon addiction au jazz, à y bien réfléchir...
Je n'y aime pas le jeu de Wyatt, affirmation subjective sacrilège à chaque fois que je la balance - car si j'aime le Wyatt artiste en tous sens confondus, j'avoue avoir adoré l'arrivée de Marshall et la prise d'orientation jazz qu'il a influé.
Le jeu de Wyatt dans les deux premiers Soft Machine mis en équilibre avec cette Canterbury School et un certain Nick Mason (pour ne citer que lui...) est réellement en phase et référent...
Mais là, la machine avance ailleurs, vers ce jazz dont tu cites avec pertinence les directions - Marshall sera le batteur équilibriste qui amènera vers ...
vers le pouvoir Jenkins en Bundles et Softs encore autres, ce jazz rock à l'anglaise, ce trip aux couleurs si particulières...
Soft Machine - comme un grand livre d'histoire...
Merci.
Franchement, Wyatt seulement batteur, quand on connaît la palette du bonhomme, c'est presque sacrilège... La déception sur son jeu vient peut-être de là, et sa défection prochaine sans le moindre doute. Et ça nous a donné, entre autre, Rock Bottom alors c'était utile, nécessaire.
SupprimerLa suite, 6 et 7, est encore très belle. J'avoue moins connaître le reste, à l'occasion je m'y pencherai sérieusement mais, de réputation, il y a à boire et à manger, comme on dit.
Enfin, merci pour l'anniv'. ^_^