lundi 5 mai 2014

[Une semaine en 1971] Devoir de Mémoire (16)

Cette semaine c'est mon anniversaire alors, chaque jour, je vous proposerai un album de mon année de naissance : 1971. Enjoie !

Gil Scott-Heron "Pieces of a Man" (1971)
ou "Révolution Poétique"


     L'information a des airs de secret bien gardé, il faudra la répéter jusqu'à ce qu'elle rentre : Gil Scott-Heron est un homme dont on mésestime l'importance artistique, dont on oublie trop souvent l'énorme influence et l'avant-gardisme stylistique.
 
     C'est encore plus évident à l'écoute de son tout premier album studio, Pieces of a Man, qui bénéficie d'un luxe instrumental et d'arrangements qui manquaient à sa première apparition discographique, le live A New Black Poet, Small Talk at 125th & Lenox, pour qu'on y vit autre chose qu'un "beat happening" black power. Important, certes, mais un peu "dry" et donc pas forcément la porte d'entrée la plus aisée dans l'univers de l'artiste (mais largement assez pour qu'on y revienne vite après, tenez-le vous pour dit).
     Toujours produit par Bob Thiele (un temps patron de la fameuse maison Impulse! et présentement de Flying Dutchman, sa propre structure qui accueille justement l'album), ce long-jeu se démarque plus que par son cadre "privé", l'adjonction de celui qui deviendra le partenaire essentiel des plus belles années de Gil, le pianiste et flûtiste Brian Jackson, déjà auteur de plus de la moitié des titres avec le Maître de Cérémonie. Comme on dit, ces deux-là se sont trouvés et c'est un compagnonnage plus que musical, étant entendu qu'un Scott-Heron capable de composer seul les quatre premiers titres du présent album n'a besoin de personne pour concocter une chanson de la mort, qui les unira jusqu'au début des années 80. Et qui commence fort parce qu'il n'y a quasiment que du classique dans cette brûlante galette de jazz/funk proto-hip-hop revendicatrice et révoltée. A commencer par l'iconique The Revolution Will Not Be Televised, premier rap de l'histoire de la Black Music ou pas loin, et chanson irrésistible qui plus est. La suite ne démentira pas cette tonitruante entrée en matière, d'un optimiste et paisible (une presque anomalie dans la carrière du tourmenté Scott-Heron) Save the Children, du bel hommage à deux grandes figures du jazz sur Lady Day and John Coltrane, d'un poignant et autobiographique Home Is Where the Hatred Is, d'un bondissant et upbeat When You Are Who You Are, d'un introspectif et gracieux Pieces of a Man, à un The Prisoner à l'imparable intensité dramatique, c'est un festin de tous les moments pour qui apprécie une musique mariant Jazz, Funk, Soul et Blues avec une classe et un naturel tout bonnement confondants , et une belle équipe de musiciens pour véhiculer tout ça.
 
     43 ans après sa sortie, Pieces of a Man demeure un album universellement acclamé... Par tous ceux qui le connaissent. Aussi vous enjoins-je à vitre rejoindre le troupeau, pour une fois que vous n'y serez pas qu'un mouton de Panurge. Recommandé ? Un peu plus que ça encore, essentiel !


1. The Revolution Will Not Be Televised 2:59
2. Save the Children 4:55
3. Lady Day and John Coltrane 3:10
4. Home Is Where the Hatred Is 3:15
5. When You Are Who You Are 3:01
6. I Think I'll Call It Morning 3:45
7. Pieces of a Man 4:22
8. A Sign of the Ages 4:05
9. Or Down You Fall 3:08
10. The Needle's Eye 4:01
11. The Prisoner 8:39


Gil Scott-Heron - guitar, piano, vocals
Johnny Pate - conductor
Brian Jackson - piano
Ron Carter - bass
Pretty Purdie - drums
Burt Jones - electric guitar
Hubert Laws - flute, saxophone

8 commentaires: